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Bourse de sécurité familiale : Mystère autour des critères d’éligibilité

Les orientations stratégiques de la Délégation générale à la protection sociale et à la


solidarité nationale étant révélées hier à Dakar, rien n’indique, cependant, de façon
précise, les critères d’éligibilité pour être bénéficiaire de la bourse de sécurité familiale
de 100 mille francs par an pour les 50 mille ménages ciblés en 2013.

Quel «ménage vulnérable» pour prétendre à la bourse de sécurité familiale de


100 mille Fcfa par an dans le cadre de l’initiative Caisse autonome de protection
sociale universelle (Capsu) qui comprend la couverture maladie universelle et le
programme national de bourses de sécurité familiale ? La question est restée
entière hier au terme de la journée de partage sur les orientations stratégiques de
la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn)
en charge de mener cette politique sociale de la présidence de Macky Sall. Les
critères d’éligibilité constituent une équation à mille inconnues, en ce sens que
rien n’a, pour le moment, été défini de façon claire. «Il y a des critères qui seront
clairement définis. Il y a ceux qui ne travaillent pas, les familles qui n’ont pas du
tout de revenus ou qui ont un revenu bien défini. Tous ces critères seront
déclinés après des phases d’études qui vont être lancées dans les prochaines
semaines», déclare le Délégué général à la protection sociale et à la solidarité
nationale, Mansour Faye. Il reconnait que le gros du travail va résider dans la
mise en place d’une base de données des personnes vulnérables cibles dans la
mesure où elle doit être unifiée et cohérente. D’où l’intérêt, selon lui, des
prochaines rencontres devant permettre d’unifier les programmes sectoriels qui
existent un peu partout.

Les critères seront donc déclinés au fur et à mesure que le programme avance,
signale Mansour Faye qui n’admet pas qu’on donne une connotation politique
audit programme. «Le programme ne peut pas être politisé, puisqu’il est destiné
à toutes les couches vulnérables de la société sénégalaise. Ce sont des
techniciens qui seront sur le terrain pour évaluer, mener des enquêtes et recenser
les ayants droit», précise Mansour Faye. La mise en œuvre du programme
national de bourses de sécurité familiale est prévue à partir de juillet 2013. Ce
sont 50 mille familles considérées comme vulnérables qui sont ciblées dans la
phase pilote et qui devront recevoir chacune le montant de 100 mille francs pour
toute l’année. La généralisation dudit programme devra prendre effet à partir de
2014 pour un objectif de 250 mille ménages. L’Etat a doté la Capsu de dix
milliards de francs. Toujours est-il que l’accompagnement des partenaires
techniques et financiers est vivement souhaité par la Dgpssn. «Les bourses
représentent six milliards Fcfa et les quatre milliards Fcfa pourront être
consacrés à la Couverture maladie universelle compte non tenu de l’apport des
partenaires techniques et financiers», détaille M. Faye.

Certains observateurs pour qui les expériences des plans Goana, Reva restent un
mauvais souvenir dans leur exécution comme réponse à la demande prégnante
d’emplois des jeunes sous le président Abdoulaye Wade, craignent le même
scénario sous le régime de Macky Sall, emmené au pouvoir par une large
coalition de partis politiques. Mais, martèle Mansour Faye, «il est vraiment tant
que s’organise la demande sociale au Sénégal au seul bénéfice des Sénégalais en
général et de l’intérêt supérieur des groupes vulnérables en particulier». Le
Délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale de rappeler
d’une manière générale que 80 % des Sénégalais n’ont pas accès à la Couverture
maladie universelle. Que, dans les zones rurales, personne n’a quasiment accès
au soin, le système n’étant pas organisé. Ce qui entraîne, selon lui Mansour
Faye, les difficultés de prise en charge, d’accès aux services sanitaires de base.
Les exigences des partenaires techniques et financiers

S’il y a une partie prenante de ce programme de développement social qui tient à


la redistribution des ressources basée sur l’équité et la justice sociale, ce sont
bien les partenaires techniques et financiers (Ptf). Parmi eux, l’Unicef qui espère
que la mise en œuvre de l’initiative permettra une meilleure assistance des
couches les plus vulnérables. Nul besoin pour sa représentante au Sénégal, Mme
Giovanna Barberis, de souligner la pertinence et la nécessité de promouvoir à
l’intérieur de la politique nationale de protection sociale, un programme de
transferts sociaux monétaires mieux ciblés sur les couches les plus vulnérables
et les plus pauvres de la population et plus spécifiquement sur les jeunes enfants.
Le résultat des analyses publiées au cours des dernières années le confirme,
selon elle. Une manière, pour Mme Barberis, d’insister sur la finalité du
«programme national de bourses de sécurité familiale qui devra en être la
traduction opérationnelle». Ainsi, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale
de la santé (Oms) à l’instar du partenaire Unicef s’engagent à accompagner la
Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn)
«pour assurer que le Programme national de bourses de sécurité familiale et
l’initiative de couverture universelle de base soient inclusifs et équitables afin de
combler les disparités et les injustices sociales qui subsistent».

PROTECTION SOCIALE NATIONALE : Pourquoi la pauvreté est têtue


au Sénégal

Malgré une baisse, entre 2005 et 2011, de l’incidence de la pauvreté qui est
passée de 48,3 % à 46,7 %, selon un rapport Esp II de juillet 2011 - ajouter à
cela, la pauvreté qui a légèrement reculé en milieu rural passant de 70 % en
2007 à 69,3 % en 2011- le tableau de la protection sociale demeure très peu
reluisant. Eléments d’explications : l’économie générale et les ménages
sénégalais sont restés vulnérables, durant cette même période, aux chocs
internes et externes qui nuisent de façon importante au bien-être et à la
croissance économique inclusive. Il s’y ajoute, selon le Délégué général à la
protection sociale et à la solidarité nationale, Mansour Faye, d’autres contraintes
telles que la dispersion institutionnelle et le manque de plateforme technique et
cohérente d’extension des services sociaux qui désarticulent tous les efforts de
l’Etat pour soutenir les plus démunis. L’absence d’un système de ciblage
cohérent et unifié explique que chaque structure d’intervention aborde la
question de la pauvreté et de la vulnérabilité en fonction de son mandat. D’autre
part, la multiplicité des difficultés à régler les dépenses prioritaires ainsi que le
peu de mécanismes de suivi/évaluation influent négativement sur l’impact des
résultats escomptés auprès des populations bénéficiaires. D’une manière
générale, poursuit-il, les programmes actuels de protection sociale ont une
efficacité restreinte comme le système d’assurance sociale qui a une couverture
limitée ne concernant que 20 % des Sénégalais.

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