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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Master 1 Physique et Applications

INSTABILITES THERMOHYDRODYNAMIQUES

Les instabilités sont des phénomènes extrêmement communs en physique. Ces


dernières expliquent des processus aussi variés et complexes que la formation des nuages, la
radioactivité ou encore le son de certains instruments de musique. De manière générale, une
instabilité est définie pour un milieu donné. On parlera d’équilibre lorsque le système se
trouve dans un état qui n’évolue pas au cours du temps (état stationnaire).
Les instabilités hydrodynamiques qui se manifestent dans la pratique mettent en cause
des écoulements et des mécanismes très divers. Les développements récents de la recherche
fondamentale dans ce domaine sont d’autre part très étendus.

Rappel : Les équations de Navier- Stokes et de l’énergie


Considérons un fluide de masse volumique , de viscosité dynamique , de
conductivité en écoulement dans un domaine .
Equation de continuité
⃗⃗ ( ⃗⃗ )

⃗ (⃗⃗ )

Si le fluide est supposé incompressible, on a


⃗⃗ (⃗⃗ )
et le champ des vitesses est dit solénoïdal.

Equations du mouvement
Tenseur des contraintes ̿
⃗⃗
⃗ ⃗ ̿

⃗⃗
⃗ ⃗⃗ ⃗⃗ { (⃗ ⃗⃗ ) } ⃗ ( ⃗ ⃗⃗ ) ⃗⃗

Equation de l’énergie
( ) ⃗ [⃗⃗ ( )] ⃗⃗ ( ⃗⃗ ) ⃗ (⃗⃗ )

( ) ⃗ ( ⃗ ) ⃗⃗ (⃗⃗ )
avec

(⃗ ⃗⃗ ) (⃗ ⃗⃗ ) (⃗⃗⃗ ⃗⃗ )
qui représente le taux avec lequel l’énergie est dissipée irréversiblement par effet visqueux
dans chaque élément de volume fluide.
Les équations de continuité, du mouvement et de l’énergie doivent être complétées par une
équation d’état. Pour les écoulements fluides qui nous intéressent ici, nous prenons l’équation
suivante
[ ( )]
avec la masse volumique du fluide calculée à la température.

Le problème de la stabilité en Mécanique des Fluides


Les écoulements types qui nous intéressent le plus dans la suite seront les écoulements
parallèles limités par une ou deux parois planes ou par une interface. En Mécanique des
Fluides, l’état d’équilibre de référence est, par définition, l’état où les lignes de courant sont
stationnaires et varient peu spatialement. On parle alors d’écoulement laminaire (notons
néanmoins que le fluide peut être en mouvement dans cet état d’équilibre). Par analogie avec
la mécanique, l’écoulement sera alors instable si on peut trouver une perturbation telle qu’il
ne retourne pas dans l’état laminaire. Notons qu’il peut néanmoins se trouver un nouvel état
d’équilibre, instationnaire et plus ou moins complexe.
Définition
Il y a instabilité lorsqu’un ensemble apparemment unique des conditions aux limites et
des conditions initiales peut engendrer des écoulements d’aspect et de caractéristiques
nettement différents. Tout se passe alors comme si les équations du mouvement comportaient
des solutions multiples correspondant toutes à des états possibles. Le passage d’une forme
possible d’écoulement à l’autre est en général assez brusque et prend souvent l’aspect d’une
discontinuité spatiale ou temporelle. Cette notion de discontinuité peut également s’entendre
en ce sens que les causes minimes peuvent engendrer des effets disproportionnés manifestant
la transition d’un état d’écoulement à l’autre. Dans certains cas, des fluctuations entretenues
peuvent s’établir, provoquées par des transitions répétées entre les états extrêmes possibles. Il
peut d’ailleurs exister des instabilités en forme d’oscillations entretenues même dans des cas
où il n’existe apparemment qu’un seul état stable. On ne peut cependant là encore parler de
régimes multiples : d’une part le régime stable, d’autre part le ou les régimes oscillants
possibles ; les processus qui fournissent l’énergie nécessaires à l’entretien des fluctuations
ont d’ailleurs souvent le caractère d’oscillations de relaxation liées à l’existence de doubles
régimes.
Dans tous les cas, l’instabilité se définit par rapport à un régime stable de référence,
permanant ou non, selon les conditions aux limites et initiales, et qui serait le régime à la fois
unique et continu que l’on pourrait prévoir à partir précisément de ces conditions. L’instabilité
se manifesterait non seulement par la multiplicité des régimes, par l’existence de
discontinuités ou d’oscillations entretenues, mais aussi par le caractère inattendu et même
parfois partiellement imprévisible des phénomènes.
Cet aspect, éminemment subjectif des instabilités globales en Mécanique des Fluides
est la source d’un trait commun des chercheurs :
- Connaître et décrire de façon aussi complète que possible l’apparente anarchie des
phénomènes instables :
- Déterminer les conditions limites au- delà desquelles apparaissent les instabilités :
- En découvrir les causes profondes :
- Mettre au point des procédés qui reculent les limites d’apparition de l’instabilité,
ou qui réduisent l’intensité de ses effets
Généralités sur la théorie de la stabilité

Lorsqu’un phénomène est gouverné par un système d’équations dépendant des


variables d’espace ⃗ et du temps , on dit qu’une solution stationnaire de ces équations est
obtenue lorsqu’elle ne dépend pas explicitement du temps . Malheureusement ces solutions
stationnaires sont quasi- impossibles à obtenir dans la pratique.

Principe général d’analyse mathématique et différents types de stabilité.


On considère une fonction vectorielle ⃗ ( ⃗ ) définie dans un domaine
[ [ , à valeurs dans , solution de l’équation
(⃗ ⃗ ) ( )
avec un opérateur est à valeurs dans .

Parmi les solutions de ( ) notons ( ⃗ ) celle indépendante du temps .
L’étude de la stabilité de ⃗ ( ⃗ ) repose sur la définition de perturbations autour de cet état
⃗ ( ⃗ ) ⃗ ( ⃗ ) ⃗ ( ⃗ ) et la détermination de leur évolution.
Posons ‖⃗ ( ⃗ )‖ une distance dans l’espace des états destinée à mesurer l’amplitude des
perturbations.
1. La notion la plus générale est alors celle de la stabilité au sens de Lyapunov
exprimant que les perturbations restent sous contrôle. Formellement, ceci
s’exprime par :

} ( )
‖⃗ ( ⃗ )‖ ‖⃗ ( ⃗ )‖

2. On dit que ⃗ ( ⃗ ) est asymptotiquement stable si toute perturbation instationnaire


⃗ ( ⃗ ) de cette solution tend vers ⃗ lorsque tend vers . On a
‖⃗ ( ⃗ )‖ ( )

3. Une autre façon de caractériser le fait que les solutions ⃗ ( ⃗ ) et ⃗ ( ⃗ ) sont


voisines est d’étudier le comportement de la grandeur [⃗ ( ⃗ )] définie par

[⃗ ( ⃗ )] ∫ ‖⃗ ( ⃗ )‖ ( )

Si l’on arrive à montrer que [⃗ ( ⃗ )] reste suffisamment petit , on peut alors


conclure que la solution ⃗ ( ⃗ ) est stable en moyenne aux perturbations.
Si en plus
[⃗ ( ⃗ )] ( )
alors on dira que ⃗ ( ⃗ ) est universellement stable.
Précisons qu’une condition suffisante pour la stabilité en moyenne est donnée par
[⃗ ( ⃗ )]
Quelques références

Pierre- Antoine Blois « Introduction à la Mécanique Théorique des Fluides » Edition


Ellipses, 2000.
S. Chandrasekhar « Hydrodynamic and Hydromaghetic Stability » Oxford University Press,
1961
François Charru « Instabilités Hydrodynamiques » Savoirs Actuels EDP Sciences/ CNRS
Editions, 2007
Antoine Craya « Rapport général. In: Les instabilités en hydraulique et en mécanique des
fluides. Compte rendu des huitièmes journées de l'hydraulique »; Lille, 8-10 juin 1964. Tome
1, 1965; https://www.persee.fr/doc/jhydr_0000-0001_1965_act_8_1_3664.

Philip G. Drazin « Introduction to Hydrodynamics Stability », Cambridge University Press,


2002
A. El Jai et E. Zerrik, « Stabilité des Systèmes Dynamiques » Académie Royale Hassan II,
2013
L. D. Landau and E. M. Lifshitz « Fluid Mechanics » Pergamon Press, 1987
R. K. Zeytounian « Mécanique des Fluides Fondamentale » Springer- Verlag Berlin
Heidelberg, 1991.

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