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LE CONTROLE DE LA PRODUCTION :
LA METHODE DES COUTS PREETABLIS
Les méthodes précédemment étudiées, qu’elles permettent de déterminer des coûts complets,
des coûts partiels ou des coûts indépendants du niveau d'activité, ont pour caractéristique
d'être mises en œuvre a posteriori. Bien que présentant des avantages certains, elles ne sont
pas exemptes de critiques :
Pour y remédier, une méthode propose un calcul des coûts a priori. C'est la méthode des coûts
préétablis. Après avoir observé les fondements techniques dans une première section, l’on
s’attellera dans une deuxième à l’analyse des écarts.
Chapitre I : Les Fondements de la méthode
La méthode des coûts préétablis permet de chiffrer des mouvements prévus en quantité et en
valeur et de les comparer aux mouvements réels en vue de faire apparaître distinctement les
écarts qui en résultent.
Les fondements reposent ainsi sur deux piliers : les objectifs poursuivis et la détermination
des prévisions.
1°) Un contrôle des coûts par l'analyse des écarts entre prévisions et réalisations
L'analyse des écarts résultant de la comparaison entre prévisions et réalisations est un outil
efficace de gestion. En effet les écarts sont des clignotants. En dessous d'un certain seuil, ils
peuvent être négligés, mais au-delà, ils doivent déclencher des actions correctives.
La nature de l'écart facilite grandement la prise de décision pour une action corrective. Les
écarts sur éléments de coût doivent donc être décomposés en autant de sous écarts que la
précision est nécessaire.
Parmi les principales causes d'écart on peut citer :
La méthode des coûts préétablis constitue ainsi un véritable instrument de mise sous tension
de l’appareil de production car la responsabilité de chacun est engagée dans une opération
donnée.
Section II- La détermination des prévisions
Simple dans son principe, l’application de cette méthode est généralement complexe car elle
nécessite une analyse poussée des conditions de production.
Le chiffrage des mouvements découle d’une analyse technique et économique des conditions
de production. Les coûts ainsi déterminés présentent un caractère normatif. On les appelle des
« standards ».
Un coût préétabli n’est pas toujours un coût standard. Il est tout simplement une somme de
charges relatives à une activité donnée faisant l’objet d’une pré-évaluation.
Puisque la finalité première de la méthode est de contrôler les coûts, la définition des
prévisions doit nécessairement reposer sur une analyse technique et économique des
conditions de production afin qu’elles soient des références.
Le standard est établi en estimant nuls ou presque les déchets, les pannes de machines, les
temps de repos des travailleurs, etc. Il est souvent une moyenne car tous les ouvriers n’ont pas
le même rythme de travail et du fait de la fatigue, les cadences d’activités sont moins fortes en
fin de journée. Il est donc très courant que les charges réellement supportées soient
supérieures aux standards, mais il résulte toujours de ce procédé une incitation à mieux faire
pour atteindre les objectifs fixés.
Pour calculer les coûts standards, on se livre aux analyses habituelles en distinguant les
charges directes des charges indirectes d’une part, les charges variables des charges fixes
d’autre part.
Le calcul des charges directes entrant dans les coûts standards ne pose pas de difficultés
majeures, mais s’agissant des charges indirectes, il n’en est pas de même. Leur traitement
nécessite la constitution de centres d’analyse à partir desquels on prévoit sous forme de
budget le montant des frais attendus pour chaque centre. Ce montant est appelé «budget
standard de base».
Les coûts d’unités d’œuvre déterminés à cette occasion sont calculés sur la base d’un niveau
d’activité normal de chaque centre.
Le calcul des standards se fait en trois étapes :
C°) Le calcul du standard de charge résulte ainsi, pour chaque élément de coût, du produit
du standard technique et du standard économique.
De façon schématique, le coût préétabli peut être décomposé de la façon suivante :
Ces informations peuvent être rassemblées dans un document appelé fiche de coût de
production unitaire préétabli dressée comme suit :
Eléments Q CU M
Matières premières q c cq
MOD h t th
Charge indirectes n u nu
Coût de production 1 CP
Chapitre II : Mise en œuvre technique de la méthode
1°) La comparaison entre données préétablies et données réelles
De façon périodique une comparaison entre les données préétablies et les données réelles de
la production de la période est effectuée. Les données réelles sont constatées et les données
préétablies calculées à partir de la fiche de coût de production unitaire préétabli.
Ainsi pour chaque élément de charge, un écart est calculé par la différence entre le coût
préétabli et le coût réel.
La référence étant le coût préétabli, un écart de coût positif se traduit par un coût réel inférieur
au coût préétabli. On dit alors qu’il est favorable. A l’inverse, on dit qu’il est défavorable.
Il arrive souvent que la production de la période comprenne des encours initiaux et des
encours finals. Ces encours sont alors exprimés en équivalents-terminés de façon à
homogénéiser la production de la période.
Pour ce faire, on multiplie d’abord les quantités d’encours par leurs niveaux d’avancement
exprimé en pourcentage puis, pour chaque élément de charge, la production réelle est
déterminée par la formule suivante :
Corrigé
Fiche de coût de production unitaire préétabli
Eléments Quantités Coûts Montants
unitaires
Matières Premières 1 000 / 500 = 2 kg 120 240
Main-d’œuvre directe 500 h / 500 = 1 h 300 300
Charges indirectes 500 UO / 500 = 1 UO 350 350
N.B. : Les questions (2) et (3) seront traitées dans le deuxième paragraphe.
2°) Le contrôle a priori par l’analyse des écarts entre prévisions et réalisations
L’analyse des écarts doit permettre de déterminer et d’évaluer les différents facteurs qui ont
fait dévier le coût réel du coût préétabli. Le suivi des écarts permet ainsi de mettre en œuvre
des actions correctives.
Puisqu’un coût global est une somme de coûts élémentaires, un écart de coût global résultera
de la somme des écarts de coûts élémentaires. Ces écarts de coûts élémentaires peuvent être
regroupés en deux catégories : les écarts sur charges directes et les écarts sur charges
indirectes.
Une charge directe, qu’elle soit réelle ou préétablie, est toujours le produit d’une quantité et
d’un prix unitaire.
On peut donc poser : coût standard = Qs x Ps
et coût réel = Qr x Pr
= Ps (Qs - Qr ) + Qr (Ps-Pr)
(Qs – Qr) Ps correspond au sous écart sur quantité, c’est-à-dire à l’effet de la différence de
quantité sur l’écart de matières ou de main-d’œuvre ;
(Ps –Pr) Qr correspond au sous sur prix c’est-à-dire à l’effet de la différence de prix sur l’écart
de matières ou de main-d’œuvre.
A noter qu’en ce qui concerne la main-d’œuvre, les quantités correspondent aux temps et les
prix aux taux horaires.
En reprenant l’exemple précédent l’analyse des écarts sur charges directes se fait ainsi :
Quant au sous-écart sur prix, l’entreprise ne peut que prendre acte de l’augmentation du prix,
celui-ci étant une donnée exogène et, au besoin (lorsque la hausse s’avère durable), ajuster les
prévisions à venir.
Concernant la main-d'œuvre directe, l'écart global de -11.200 procède d'un sous-écart
favorable de 1.500 sur le temps de travail et d'un sous-écart défavorable sur le taux horaire de
12.700.
L’analyse de l’écart sur temps fait constater que les ouvriers devraient consacrer 480 heures à
la production réelle, mais ils n’en ont fait que 475. Il y a donc un gain de temps de 5 heures,
ce qui suppose que les ouvriers sont motivés ou qu’ils sont qualifiés.
Mais pour ce qui est de l’écart sur taux, on peut considérer que l'entreprise a dû augmenter les
salaires pour motiver le personnel ou alors, céder à une pression de ce dernier. Dans tous les
cas, elle doit gérer plus efficacement ses ressources humaines car la politique d’ensemble
n’est pas satisfaisante.
Ce budget, qui est défini en considération de l'activité normale de chaque centre et d'une
production normale P, permet de calculer le coût de l'unité d'œuvre préétabli (CUOP) comme
suit :
Lorsque les frais indirects réels (FR) sont déterminés, l'écart global sur charges indirectes se
calcule comme suit :
EG = BSI - FR
Cet écart global, contrairement aux écarts sur charges directes, est décomposé en trois sous-
écarts correspondant à des caractéristiques particulières de la gestion : le rendement ou la
productivité, l'activité et le budget.
Il est égal au coût préétabli de la différence entre l'activité qu'on aurait réalisée pour la
production réelle si les prévisions étaient respectées et l'activité réellement constatée.
Ainsi on a :
- le coût en fonction de la production = BSI
BSB * AR
- le coût en fonction de l'activité = BSE = = CUOP*AR
AN
D’où Ecart / productivité = BSI - BSE
BSE = Budget Standard Equivalent.
b°) L'écart sur activité
En calculant le BSE on a fait varier les frais fixes qui sont compris dans le BSB en fonction de
l'activité ; or ils doivent rester constants. Il faut donc opérer une correction. L'amplitude de
l'erreur est égale à la différence entre l'activité réelle et l'activité normale. Cette amplitude
multipliée par la partie fixe du coût de l'unité d'œuvre préétabli donne l'écart sur activité.
Ecart / activité = CUOPF (AR - AN).
On peut aussi corriger le budget standard équivalent en maintenant constants les frais fixes.
On obtient ainsi le budget standard flexible (BSF)
En reprenant l’exemple précédent, l’analyse des écarts sur charges indirectes se fait comme
suit :
L’activité réelle étant inférieure à l’activité normale, on peut dire qu’il y a sous-activité.
L’écart désigne alors un mali de sous-activité ou coût de chômage.
Conclusion
L'analyse des écarts ne saurait constituer une fin en soi. Le contrôleur de gestion doit, en
rapport avec les services de production, expliquer l'origine de ces écarts et prendre des
mesures correctives.
Certains écarts peu importants ne doivent pas donner lieu à des corrections. Si toutefois ils
sont fréquemment observés d'une période à une autre le contrôleur de gestion devra
réorganiser les procédures de production ou, tout simplement, revoir la détermination même
des standards.