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Université Catholique de Madagascar

Faculté des Sciences Sociales


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Foi – Responsabilité - Excellence
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NY ANDRY MALALA
Mandaniaina Mendrika Joshua
DSP000003191 L3 Droit Public

LE DROIT ADMINISTRATIF
DES BIENS

Université Catholique de Madagascar


Fides et Lux

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Sommaire
Première partie : Le domaine de l’administration (propriété de la personne publique) ....................3
Introduction : ..................................................................................................................................................................3
Chapitre premier : Le domaine public ..................................................................................................................5
Sous chapitre premier : La notion de domaine public ..............................................................................5
Sous-chapitre II : Le régime juridique du domaine public ................................................................... 12
Chapitre II : Le domaine privé .............................................................................................................................. 22
Section première : La composition du domaine privé ........................................................................... 22
Section 2 : Le régime juridique du domaine privé ................................................................................... 24
Partie II : Les travaux publics ..................................................................................................................................... 27
Chapitre premier : La notion de travaux publics .......................................................................................... 27
Section première : La définition de travaux publics au sens strict du terme ............................... 27
Section 2 : Définition de l’ouvrage public .................................................................................................... 28
Chapitre II : Les modes de réalisation des travaux publics ...................................................................... 29
Section première : Présentation des marchés de travaux publics .................................................... 30
Section 2 : La formation des travaux publics ............................................................................................. 32
Section 3 : Dans l’exécution des marchés de travaux publics ............................................................. 33
Section 4 : La fin des marchés publics .......................................................................................................... 40

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Première partie : Le domaine de l’administration (propriété
de la personne publique)
Introduction :
L’Administration dispose d’un certain nombre de moyens qui lui permet d’accomplir, de réaliser
ses tâches. Elle a des moyens humains, des moyens matériels et des moyens financiers. En
termes simples, l’Administration possède un patrimoine qui est constitué de biens mobiliers et
immobiliers au sens civil du terme (actif + passif). Il peut aussi s’agir de biens immatériels. Ces
biens en question peuvent faire l’objet d’une exploitation, source de revenu pour
l’administration. Le patrimoine de la personnalité publique est alors composé de domaine qui
peut être divisé en deux grandes catégories :

 Le domaine public de la personne publique (mobilier et immobilier)


 Le domaine privé de la personne publique (mobilier et immobilier)

De ce fait, chaque collectivité publique a son domaine propre à elle, la commune a son domaine,
la région en a aussi et ainsi de suite.

Origines de la distinction entre domaine privé et domaine public :

Cette distinction est héritée du droit français et est consacrée par la législation malgache. Elle
découle d’une construction progressive qui s’est inspirée du domaine de la couronne/domaine
de la royauté (qui date de l’ancien régime). Après la chute de l’ancien régime, les idées du
domaine de la couronne sont reprises pour former le domaine de la nation. En ce temps, la
notion de domaine public n’était pas détaillée dans le code civil. D’un côté, la doctrine va donner
du contenu à cette notion. D’un autre côté, un juriste français du nom de Victor Proudhon va
théoriser la distinction entre le domaine public et le domaine privé en s’inspirant des idées
tombées des notions de domaine de la couronne et de domaine de la nation.

Qu’est-ce que le domaine de la couronne :

Le domaine de la couronne était une propriété extraordinaire. En effet, le domaine de la


couronne appartenait certes au roi, mais seulement parce que ce dernier était souverain. En
d’autres termes, les biens qui étaient inscrits au nom de la couronne appartenait { celui qui
régnait et que une fois le règne de celui-ci eut terminé, le domaine de la couronne revenait à
celui qui allait succéder au dernier souverain. De ce fait, les biens qui appartenaient à la
couronne étaient protégés contre la dilapidation par le roi. De cette notion de domaine de la
couronne découla la notion de domaine de la nation. Cette dernière reprit les concepts de base
du domaine de la couronne.

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Motivation de cette distinction entre domaine privé et domaine public :

Au XIXème siècle, la nécessité d’accorder une protection spéciale à certains biens surgit pour
empêcher que ces biens en question ne soient dilapider. Cependant, il ne s’agissait pas de tous
les biens appartenant { l’administration qui nécessitaient une protection spéciale. La distinction
entre domaine privé et domaine public nait de la volonté de soumettre certains biens de la
personnalité publique à un régime particulier, exorbitant du droit commun car certains bien
avaient besoin d’être rendu inaliénable.

En cas de litige, le domaine public est régi par le régime du droit public tandis que le domaine
privé est assujetti au régime de droit privé. En cas de litige, le domaine public relève de la
juridiction administrative et le domaine privé relève de la juridiction civile.

Les critiques sur la distinction entre « domaine public » et « domaine privé » :

Certains auteurs pensent que cette distinction est ordinaire, voire simpliste dans la mesure où
entre les biens appartenant au domaine public et les biens appartenant au domaine privé il
n’existent de réelles différences de nature. De ce fait, pour ces auteurs, cela ne justifie pas
l’existence de deux régimes juridiques très tranchés. Selon d’autres auteurs, il est nécessaire
d’avoir une dose de droit public plus ou moins forte. Un auteur en particulier, Léon Duguit, a
proposé l’idée « d’échelle de domanialité », une sorte de graduation pour une catégorie de
biens.

Les sources du droit domanial :

On peut alors citer deux sources majeures de ce droit :

1. La jurisprudence française : le droit malgache va reprendre le contenu des textes


de la jurisprudence française pour essayer d’établir ce droit
2. Il existe deux textes de référence fondamentales qui sont, d’un côté la Loi n°2008-
013 du 23 Juillet 2008 sur les domaines publics, de l’autre côté, la Loi n°2008-014
du 23 Juillet 2008 relative aux domaines privés.

Il existe un historique pour les deux textes de référence. Le texte qui a précédé la Loi n°2008-
013 du 23 Juillet 2008 sur les domaines publics est l’Ordonnance 60-099 du 21 Septembre
sur le domaine public. Ce texte datant de l’indépendance reprenait les idées des textes français.
Cette ordonnance se basait sur le contenu d’un décret datant de l’époque colonial en 1926. Ce
décret reprenait les idées de la jurisprudence de l’époque et de la doctrine en ces temps. La loi
2008-013 constitue en quelque sorte un toilettage de l’ordonnance de 1960 dans la mesure où

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cette loi s’inspire encore et toujours du même décret de 1926 ayant inspiré l’ordonnance 60-
099. Cette reprise des idées datant de 1926 met en exergue l’existence de problèmes de fonds
mais aussi et surtout de problèmes de temporalité parce que cela sous-entend en quelque sorte
que le droit malgache sur le domaine public est resté figé dans le passé où les doctrines, les idées
sociales et les réalités étaient autres. La loi 2008-014 quant à elle est précédée de la loi n°60-
004 du 15 Février 1960 relative au domaine privé. Contrairement à la loi 2008-013, la loi
2008-014 sur les domaines privés est assez novatrice sur certains biens du domaine privé,
notamment les terres qui font partie du domaine privé. Cette loi a apporté certains décalages par
rapport au droit français.

Ces deux lois de 2008 ont fait l’objet de décrets d’application :

o Loi n°2008-013 du 23 Juillet 2008 sur les domaines public => Décret 2008-1141 du 1er
Décembre 2008 ;
o Loi n°2008-014 du 23 Juillet 2008 sur les domaines privés => Décret 2010-233 du 20
Avril 2010.

Chapitre premier : Le domaine public


Il est { noter que quand l’on parle de « domaine public », on évoquera obligatoirement
une partie du patrimoine d’une personne publique. Une personne privée ne peut être
propriétaire de domaine public car cette dernière est liée à la personne publique.

Sous chapitre premier : La notion de domaine public


Il s’agit d’une partie du patrimoine d’une personne publique. C’est, en quelque sorte, un
ensemble de bien qui appartient à la personne publique. La question qui se pose est de savoir
comment va se faire la répartition entre « domaine public » et « domaine privé ».

Section première : Les critères d’appartenance au domaine public


Paragraphe premier : Les critères du droit public en droit français
A) Le débat doctrinal

Ce débat est sur la question de savoir, de connaitre sur quel critère d’appartenance on mettrait
un bien appartenant à une personne publique dans le domaine public.

Dans un premier temps, la doctrine a mis en avant la théorie du domaine public par nature. Il
s’agit d’une conception qui a prévalu tout au long du XIXème siècle jusqu’au début du XXème
siècle. Cette théorie pose qu’il existerait des biens qui doivent naturellement entrer dans le
domaine public, des biens qui appartiendraient au domaine public par nature. Ces biens
appartenant naturellement au domaine public sont des biens insusceptibles d’appartenir à la

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propriété privée et sont affectés à l’usage public. Les critères de cette conception possèdent
deux limites dans la mesure où d’un côté, pour le premier critère, si les textes disposent
expressément qu’un bien appartient au domaine privé alors qu’il répond aux critères de biens
appartenant au domaine public, alors le premier critère ne sert { rien. D’un autre côté,
l’affectation { l’usage de tous est un élément important certes, mais il s’agit d’un élément assez
restrictif car il y a des biens qui ne sont pas affectés à l’usage de tous mais qui ont quand même
besoin de protection particulière (ex : voies ferrées).

Dans un second temps, la doctrine a cessé de se référer { la nature du bien mais s’est référée {
l’affectation du bien. Cette tendance veut que les biens affectés { l’usage de tous intègrent le
domaine public.

B) La jurisprudence

La jurisprudence française s’est alignée { la seconde tendance doctrinale qui prend en


considération l’affection du bien déterminé. Deux critères d’appartenance au domaine public
vont être retenu par la jurisprudence, ce sont :

a) Le critère de l’affectation { l’usage de tous

L’usage de tous désigne ici l’utilisation directe du bien par le public, sans intermédiaire. L’arrêt
Marécar du 28 Juin 1935 va expliciter ce critère. Lorsqu’un bien est affecté { l’usage de tous, il
appartient d’office au domaine public (ex : les routes, les parcs). Une question se pose,
l’affectation { l’usage de tous doit être le fruit d’un acte juridique ou est-ce qu’elle peut être issue
d’une simple situation de fait ? La jurisprudence française a donné une réponse. Celle-ci dit que
pour qu’un bien soit affecter { l’usage public, il faut que l’affectation ait été décidée par la
personne publique. En d’autres termes, la simple situation de fait n’est pas suffisante. L’arrêt
commune de Neuves-Maisons du Conseil d’Etat du 2 Novembre 2015 pose qu’on ne peut pas se
contenter de situation de fait.

b) Le critère de l’affectation { un service public

La jurisprudence consacre ce critère { travers l’arrêt société Le Béton du 19 Octobre 1956. Les
biens affectés { un service public pourront faire partie du domaine public sous réserve d’une
condition : il faut qu’il y ait emménagement spécial pour adapter le bien au but du service
public concerné. Il est le cas, par exemple, du terrassement de terrain pour poser les containers
du port.

Paragraphe II : Les critères du domaine public en droit malgache


La loi 2008-013 va donner une définition générale du domaine public. Elle va également
énumérer des biens pouvant faire partie du domaine public.
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A) La définition générale du domaine public

Il faut revenir aux dispositions de l’article premier de la loi 2008-013 : « Le domaine public
immobilier de l’Etat et des CTD comprend l’ensemble des biens immeubles qui, soit par leur
nature, soit par suite de la destination qu’ils ont reçu de l’autorité, servent à l’usage, à la
jouissance ou à la protection de tous et qui ne peuvent devenir, en demeurant ce qu’ils sont,
propriété privée ».

Première remarque : l’article premier parle du domaine public immobilier alors que le titre
concerne le domaine public. Cependant, le deuxième article évoque bien domaine public tantôt
mobilier, tantôt immobilier.

Deuxième remarque : il existe une ambiguïté au niveau de la définition car la loi 2008-013
reprend l’ordonnance de 60. Ce dernier quant { lui reprend le décret datant de 1926. Le mot
« destination » a été utilisé à la place du mot « affectation ». Chambre Administrative du 18
Février 1967, Arrêt Monseigneur Rolland.

Troisième remarque : l’article premier de la loi 2008-013 évoque qu’il est impossible pour un
bien immeuble du domaine public d’appartenir { la propriété privée. Il n’y a pas allusion aux
biens affectés à un service public dans cette loi. En effet, contrairement au droit français, en droit
malgache les biens affectés au service public font partie du domaine privé. Cela est dû au fait que
la législation malgache sur la domanialité est restée figée en 1926. Cependant, un arrêt malgache
de 1987, l’arrêt « fikambanan’ny tompon-trano cité analamahitsy » a laissé penser que la
jurisprudence malgache allait s’acheminer vers le deuxième critère. Dans cet arrêt, la Chambre
Administrative dit : « considérant que les terrains n’ont reçu aucune affectation au service
public et donc leur condition juridique relève du droit commun », cela signifie que si les terrains
avaient reçu une affectation à un service public, les terrains auraient été régis par le régime de
droit public.

B) Enumération légale des biens appartenant au domaine public

La loi 2008-013 évoque les biens qui appartiennent au domaine public. Ces énumérations sont
disposées dans l’article 3 de la même loi. Cet article divise en trois les biens faisant partie du
domaine public.

a) Le domaine public naturel

Il s’agit des biens existants en dehors de toute intervention humaine. Il est par exemple le cas de
la mer territoriale.

b) Le domaine public artificiel

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Ce sont les biens créés par les hommes où on trouve des biens meubles et immeubles. Par
exemple les voies ferrées, les lignes de tramway…

c) Le domaine public réglementaire

Ce sont les biens qui, en vertu d’un texte quelconque, auront été classés comme appartenant au
domaine public.

Remarques : 1) Cette énumération de la loi 2008-013 des biens appartenant au domaine public
n’est pas une liste limitative. 2) Dans les cas où il y a un problème quant { l’appartenance d’un
bien au domaine public, il appartiendra à la juridiction administrative de déterminer si tel ou
tel bien fait partie du domaine public.

Section 2 : La formation du domaine public


Terminologie :

 Acquisition : 1) est une opération qui va contribuer à la constitution du domaine public ;


2) expression utilisée pour désigner un acte juridique, ou un fait matériel quelconque par
lequel un bien va entrer dans le patrimoine (le domaine, public ou privé) de la personne
publique ;
 Incorporation : 1) est aussi une opération qui va contribuer à la constitution du domaine
public ; 2) expression utilisée lorsqu’un bien va entrer dans le domaine public de la
personne publique ;
 Affectation du bien : désigne la détermination d’une utilité particulière { un bien ;
 Classement d’un bien : un acte de la personne publique donnant le caractère de domaine
public à un bien.

Remarque : Les notions d’acquisition et d’incorporation peuvent se réaliser de deux manières :


soit successivement, l’une après l’autre ; soit simultanément, en un seul cas.

Exemples : premier cas = achat d’un marché par la personne publique qui fera plus tard objet
d’incorporation quand ce dernier sera affecté { la fonction d’utilité publique. Deuxième cas = un
fleuve change de trajectoire et empiète alors sur la propriété privée de quelqu’un.

I- La formation du domaine public naturel

Le domaine public naturel est le résultat de la nature. En d’autres termes, la formation du


domaine public naturel est le résultat d’un fait de la nature. Il n’a pas besoin d’un acte juridique
spécial ou administratif. C’est dans le cadre du domaine public naturel que peuvent se confondre
les notions d’acquisition et d’incorporation. L’entrée et la sortie du bien dans le domaine public
naturel se fait par la nature.

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II- La formation du domaine public artificiel

Il y a deux conditions à la formation du domaine public artificiel :

1) La possession ou l’acquisition du bien par la personne publique


2) Ce bien doit faire l’objet d’un aménagement en vue de rendre propre le bien {
la fonction qu’il doit remplir

Il ne nécessite pas un acte de classement, il suffit juste que les deux conditions d’appartenance
soient remplies. En principe, il n’a pas besoin de décision formelle de classement pour faire
entrer un bien dans le domaine public artificiel. Cependant, il existe une exception et cette
exception concerne surtout les biens meubles. En ce qui concerne ces derniers, il faut qu’il y ait
une décision formelle de classement pour qu’il entre dans le domaine public artificiel.

Quand un bien est incorporé au domaine public, la règle pour l’en faire sortir est alors une
décision formelle de déclassement. Cette décision formelle de déclassement est exigée même si
le bien a changé d’affectation et qu’{ la limite il n’est plus affecté { l’usage de tous (Arrêt
Monseigneur Rolland).

Un bien qui est toujours affecté { l’usage de tous ne pourra pas être déclassé par une décision
formelle. Cette règle connait une atténuation car dans certains cas bien précis, l’acte de
déclassement peut être un acte implicite (lorsqu’il s’agit d’une voie publique). Ex : lorsque le
tracé d’une voie est modifié et que l’ancien tracé est abandonné, alors la partie abandonnée va
être implicitement désaffecté, implicitement déclassé et va être affecté au domaine privé. On
pourrait demander le déclassement d’un bien si ce dernier est déj{ désaffecté.

Section 3 : La délimitation du domaine public


Il concernera surtout le domaine public immobilier. La délimitation se fera surtout entre les
dépendances du domaine public par rapport aux propriétés privées limitrophes. Le système de
délimitation entre propriété privée et domaine public va s’opérer dans le cadre d’une procédure
administrative, une décision administrative. La délimitation du domaine n’est pas obligatoire.
En d’autres termes, la personne publique délimitera son domaine que lorsque cela est
nécessaire. Un riverain peut demander { l’administration de délimiter ses biens du domaine
public. Dans le cas d’un refus, le riverain peut recourir au RPEP. La délimitation du domaine
public peut être attributif de propriété en faveur de l’administration dans certaines hypothèses.

Paragraphe premier : La délimitation du domaine public naturel


Certains textes prévoient des limites théoriques. Il en est ainsi par exemple de la mer qui est
limitée par le code maritime. Pour les fleuves, la limite théorique est la limite des eaux la plus
haute en hiver.

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Pour déterminer avec précision le domaine public naturel, il faut une procédure administrative
qui commence toujours par une décision qui autorise cette délimitation. Ensuite, cette
délimitation va être opérée par une commission administrative qui va aller sur terrain pour
constater les résultats des phénomènes naturels. Mais avant cette constatation par la
commission administrative, il y aura une publicité au niveau local. Après, la commission va
établir un plan de délimitation. Ce plan sera porté { la connaissance du public afin qu’il puisse
faire des observations. Ce plan est un acte déclaratif. Cependant, il reste susceptible de RPEP
(ex : irrégularité de la délimitation constatée par un particulier : dépasse les limites naturelles)
qui aura comme sanction l’annulation, cela relève donc de la juridiction administrative. En
addition { l’annulation, le particulier peut demander des indemnités s’il estime qu’il a fait l’objet
d’une délimitation irrégulière (vole de propriété en raison d’une délimitation irrégulière).
L’existence du RPEP permet alors de protéger les particuliers contre les actions irrégulières de
l’administration.

Paragraphe 2 : La délimitation du domaine public artificiel


La délimitation du domaine public artificiel va surtout se faire par la procédure de
l’alignement. Cette procédure concerne surtout la délimitation de la voirie terrestre (ex : routes,
chemins de fer …). Cet alignement est la limite déterminée par l’administration pour séparer la
voie publique des propriétés riveraines.

1) Le déroulement de la procédure

Elle se déroule en deux étapes :

a) Etablissement de l’alignement général (Plan Général d’Alignement PGA)

Il s’agit d’une délimitation d’ensemble, un alignement général établissant un plan général des
tracés des voies publiques dans une zone donnée. C’est un tracé général et impersonnel (ex :
photographie des voies qui se trouvent dans un quartier). C’est une commission administrative
qui va intervenir, mener des enquêtes sur terrain et permettra aux riverains d’apporter des
observations dans l’établissement de ce plan général d’alignement. L’homologation du PGA va se
faire par décret.

b) L’alignement individuel

Il consistera simplement d’indiquer { chaque propriétaire riverain la ligne séparative de la voie


publique et de sa propriété en application du PGA. L’alignement individuel se fait généralement
par voie d’arrêté. Ce plan individuel est très important car un riverain de la voie publique ne
peut pas construire sur un édifice quelconque sans avoir eu la délivrance de l’alignement

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individuel. Cet alignement est un acte administratif unilatéral et ne peut donc pas être refusé
par l’administration.

Remarques :

 Un PGA et un alignement individuel n’est jamais définitif, l’administration peut


toujours changer les limites des voies publiques ;
 Un alignement individuel n’est valable que pour une durée déterminée.
2) Les effets de l’alignement

Lors de l’établissement du PGA, la personne publique peut décider de ne rien changer.


Cependant, l’administration a une prérogative importante car lors de l’alignement, la personne
publique peut modifier les limites de la voie publique, soit en allant dans le sens d’un
rétrécissement, soit elle peut aller dans le sens d’un élargissement.

a) Le rétrécissement de la voie publique

Il va y avoir un déplacement d’une portion du domaine public vers le domaine privé. La portion
située entre la nouvelle limite et l’ancienne sera déclassé, désincorporée. Si la personne
publique décide de vendre la portion de terrain déclassé, alors le propriétaire riverain dispose
d’un droit de préférence par rapport { d’autres acquéreurs.

b) L’élargissement de la voie publique

Deux cas peuvent se présenter :

D’un côté, on est en présence d’un terrain nu (terrain non bâti). Dans ce premier cas, la partie
de terrain touchée par l’élargissement de la voie va être incorporée de plein droit à la voie
publique. En contrepartie, le propriétaire du terrain aura droit à une indemnisation.

D’un autre côté, quand l’alignement empiète sur un terrain bâti ou clôturé. Dans ce deuxième
cas, il n’y a pas d’incorporation de plein droit. L’administration peut adopter deux attitudes :

 Soit l’administration veut occuper immédiatement le terrain bâti. Dans ce cas-là,


l’administration est obligée de recourir { la procédure normale d’expropriation pour
cause d’utilité publique. C’est une cession forcée au profit de l’Etat et elle est
réglementée.
 Soit l’administration attend. En d’autres termes elle ne souhaite pas réaliser
immédiatement le transfert de propriété. Le propriétaire riverain garde alors
l’intégralité de sa propriété. L’alignement qui a été fait va avoir pour effet le brevet de
terrain bâti/clôturé de ce que l’on appelle la servitude de reculement. Cette servitude
est une charge qui pèse sur le terrain et qui a pour objet d’interdire au propriétaire de
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faire de nouvelle construction ou de faire des travaux confortatifs sur la partie du terrain
engagée dans le nouvel alignement. Au moment du transfert de propriété,
l’administration n’aura { payer qu’{ titre d’indemnité que la valeur de l’immeuble au
moment où le nouvel alignement a été réalisé. Dans le cas où l’immeuble est démoli pour
cause de vétusté, alors l’administration prend possession du terrain en payant une
indemnité qui couvrira uniquement la valeur du sol (retour { l’hypothèse d’un terrain
nu).

Remarques :

 Dans le cadre de la procédure de délimitation du domaine public, l’administration


pourra s’attribuer une partie voire l’intégralité d’une propriété riveraine. Cependant,
la procédure d’alignement n’est pas une procédure d’expropriation même si
l’expropriation est l’un des effets de l’alignement.
 La procédure d’alignement ne sert et ne peut pas servir { déplacer ou modifier l’axe
des voies publiques, elle n’a que pour objet de rectifier la largeur de la voie publique.

Sous-chapitre II : Le régime juridique du domaine public


Le domaine public est soumis { un régime de droit public, c’est-à-dire un régime comportant des
règles exorbitantes du droit commun.

Section première : La propriété et la gestion du domaine public


Sous-section première : La propriété du domaine public
Qui peuvent avoir un domaine public ?

I) Les personnes titulaires d’un domaine public

Seules les personnes publiques peuvent avoir un domaine public. L’appartenance d’un bien
faisant partie du domaine public est totale. C’est-à-dire que soit le bien appartient au domaine
public de la personne publique, soit le bien ne lui appartient pas.

II) Les personnes publiques détentrices d’un domaine public


1) L’Etat et les CTD

L’Etat et les Collectivités Territoriales Décentralisées peuvent être détenteurs de dépendance


relevant du domaine public. Les CTD sont les communes, les régions et les provinces.

a) L’Etat

Le domaine public de l’Etat va surtout comprendre tout ce qui est du domaine public naturel.

b) Les CTD

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Il s’agira surtout du domaine public artificiel. Ces dépendances du domaine public seront
aménagées par les CTD.

2) Les établissements publics

La loi 2008-013 n’évoque pas les EP comme détenteurs de dépendances relevant du domaine
public. En droit français, le CE a considéré pendant longtemps que les EP ne pouvaient pas être
propriétaire d’un domaine public. Cette jurisprudence a évolué vers la possibilité pour les EP
d’avoir un domaine public, et cela a été consacré d’une manière très claire par un arrêt du 21
Mars 1984, Arrêt Mansuy. Malgré le fait que les EP ne puissent être détenteurs de dépendances
du domaine public, les CTD propriétaires de domaine public peuvent toujours confier leur
gestion à un EP.

III) La nature juridique de la domanialité publique

Une question se pose, est-ce que la domanialité publique est un droit de propriété ? Pour
répondre à cette question, certaines thèses étaient contres cette idée de propriété, tandis que
d’autres thèses sont tout { fait d’accord sur cette idée de propriété.

D’abord, des auteurs ont soutenu qu’il ne pouvait avoir de propriété de la personne publique sur
son domaine public tout simplement car les composants de base du droit de propriété qui sont
l’usus, le fructus et l’abusus n’existent pas dans la domanialité publique. Il n’y a pas d’usus car la
personne publique n’use pas du bien mais c’est le peuple qui l’utilise. Pas de fructus car le
domaine public n’a pas de fruits. Pas d’abusus car le domaine public est inaliénable. Pour les
tenants de cette thèse, le droit dont seraient titulaire les personnes publiques sur le domaine
public serait seulement un droit de garde, un droit d’intendance.

Ensuite, pour les tenants de la thèse de l’existence d’un droit de propriété, il existerait un usus au
moins en ce qui concerne certains biens du domaine public. Un fructus peut aussi exister dans la
mesure où les biens du domaine public peuvent procurer des fruits, générer des revenus au
propriétaire de la dépendance du domaine public (ex : location des trottoirs aux taxiphones, les
parkings…). Quant { l’abusus, il est vrai que le domaine public est inaliénable mais cela serait
exactement la preuve de la propriété de la personne publique car l’inaliénabilité n’aurait aucun
sens si la personne n’est pas propriétaire.

Actuellement, la doctrine admet très largement que c’est un droit de propriété qui lie la
personne publique à son domaine public, mais il s’agirait d’un droit de propriété qui diffère de la
propriété en matière civile. En effet, la personne publique va gérer son domaine comme
n’importe quel propriétaire, à la différence que la personne publique ne gèrera pas son domaine
public dans le but de servir ses intérêts personnels mais plutôt pour servir l’intérêt général. La

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tendance aujourd’hui est de considérer qu’il s’agit bien d’un droit de propriété, mais d’un droit
de propriété public qui diffère du droit de propriété privé, Arrêt Département des langues,
CE du 23 Mai 2007.

Sous-section II : La gestion du domaine public


En principe, la gestion du domaine public est assurée par la personne publique propriétaire par
le biais de ses organes. Le domaine public de l’Etat est géré par l’Etat en fonction des spécialités
de chaque département ministériel. Mais il y a au sein de l’Etat un département ministériel
appelé le service des domaines (patrimoine de l’Etat). Ce service va avoir un rôle { jouer dans
la gestion du domaine public en ce qui concerne certains aspects de sa conservation, de son
déclassement car ce service va se charger de vendre certaines portions du domaine public
déclassées. La situation du domaine public n’est pas obligatoirement figée. C’est-à-dire qu’il peut
y avoir des changements dans les dépendances du domaine public, l’Etat va transférer la
propriété d’un bien qui lui appartient à une CTD, ou encore une CTD qui transfert sa propriété à
l’Etat. Il peut aussi y avoir des transferts de gestion. Il peut avoir également des changements
d’affectation (changement de l’utilité du bien). Ces changements sont appelés mutation
domaniale (de manière unilatérale ou dans le cadre contractuel).

Section 2 : L’utilisation du domaine public


Il existe plusieurs classifications de l’utilisation du domaine public :

1) Utilisation de tous VS utilisation par un service public

Les règles diffèrent selon que ça soit le peuple qui l’utilise ou un service public

2) Utilisation normale VS utilisation anormale

Elle est normale quand elle est conforme { l’affectation du bien. Au contraire, elle est anormale
quand il y a une utilisation qui ne serait pas conforme à la destination du bien, mais qui reste
compatible avec cette affectation. Cela ne sous-entend pas forcément une utilisation illicite ou
irrégulière.

3) Utilisation collective du domaine public VS utilisation privative du domaine public

Elle ne comporte que les dépendances du domaine public affectés { l’usage de tous.

Paragraphe premier : L’utilisation collective du domaine public


A- Les principes

Il y a une utilisation collective du domaine public quand il y a une utilisation par une pluralité
de personnes non individualisée (utilisation anonyme). Il s’agit surtout d’une utilisation par
tous les administrés. L’utilisation collective coïncide avec l’utilisation normale, conforme { la

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destination du bien. Cette utilisation est régie par trois principes : le principe de la liberté
d’utilisation, le principe de l’égalité, et le principe de la gratuité de l’utilisation.
I- Le principe de la liberté d’utilisation

Ce principe signifie que l’utilisation de la dépendance publique est affectée { tous, c’est-à-dire
qu’elle n’est soumise à aucune autorisation. Ce principe signifie également que l’utilisation ne
peut être interdite ou limitée. Cependant, il existe une grande exception à ce principe : la liberté
d’utilisation peut être limitée pour des raisons d’ordre public. De ce fait, il existe toute une
panoplie de réglementation qui va s’exercer sur le domaine public pour des raisons d’ordre
public. Autre cette exception, certains utilisateurs doivent bénéficier d’une autorisation au
préalable avant de pouvoir utiliser cette voie publique (ex : les auto-écoles).

II- Le principe d’égalité d’utilisation

Il s’agit d’un principe général du droit reconnu par la jurisprudence. Cela signifie qu’il n’y a
aucune discrimination à faire entre les différents utilisateurs, toutes les personnes peuvent
utiliser le domaine public. Il y a de plus en plus d’exceptions adoptées par les autorités
administratives { ce principe d’égalité. Ce principe est nuancé car l’égalité ne peut pas se réduire
{ l’idée d’uniformité. Ce principe va être assoupli à cause des discriminations entre les différents
utilisateurs.

III- Le principe de gratuité de l’utilisation

La doctrine admet l’existence de ce principe de gratuité en ce qui concerne le domaine public {


l’usage de tous. Même s’il n’y a pas de jurisprudence qui consacre ce principe, on peut déduire de
la jurisprudence ce principe de gratuité dans la mesure où on trouve une jurisprudence qui
soumet l’établissement d’une redevance pour l’utilisation du domaine public { l’adoption du
texte. Ce principe est lié à la définition même du domaine public. L’utilisation collective du
domaine public, dans la mesure où il s’agit d’une utilisation normale conforme { la destination
du bien, doit en principe être gratuite. Cependant, ce principe de gratuité va également connaitre
des assouplissements comme dans le cas des stationnements. Cette somme qu’on est appelé {
payer pour l’utilisation d’une dépendance du domaine public ramène { se demander sur la
nature de ce paiement. La jurisprudence française a décidé qu’il s’agissait de redevances non-
fiscales.

B- Exception à ces trois principes

Il peut y avoir atteinte à ces trois principes pour des motifs économiques. Le CE français, par
l’Arrêt Société des autobus antibois du 29 Janvier 1932, et le CA malgache par l’Arrêt
RAZANAMISAVOKO du 16 Mai 1968 admettent cette atteinte. Dans ce dernier arrêt, le litige

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portait sur un arrêté par lequel le droit de pêche sur un lac avait été concédé à une personne
privée moyennant payement. Le principe est que le droit de pêche est libre sur les eaux sur les
eaux du domaine public (naturel) alors qu’on a concédé { des personnes privées ce droit de
pêche empêchant par la même occasion les personnes lambdas de pêcher dans le lac, cela
constitue une atteinte aux principes. Cependant, cette concession constituait une source de
revenu pour la commune concernée qui avait besoin d’argent. Pour la CA, les eaux du lac
pouvaient être concédées aux particuliers, ce qui mettait fin au principe de liberté d’utilisation.

Paragraphe 2 : Utilisation privative du domaine public


Le domaine public, qui est en principe affecté { l’usage de tous peut faire l’objet d’utilisation
privative. Une dépendance du domaine public peut être utilisé à titre individuel par des
personnes à qui on a accordé un droit particulier d’utiliser une portion du domaine public. La
loi autorise expressément ce type d’utilisation privative sauf en ce qui concerne la zone d’épart
géométrique et l’emprise des voies publiques. Généralement, on peut dire que l’utilisation
privative correspond en pratique à une utilisation anormale de la dépendance. C’est-à-dire que
l’utilisation privative n’est pas conforme { la destination initiale du bien mais qui reste
cependant compatible avec cette destination. Cependant, il y a des cas où l’utilisation privative
correspond à une utilisation normale (ex : les cimetières).

Cette utilisation du domaine public par un particulier peut avoir plusieurs formes :

 Soit il s’agit d’une occupation physique d’une partie du domaine public. Cette occupation
peut se faire avec (panneaux publicitaires) ou sans emprise dans le sol (taxiphones).
 Soit une exploitation d’une portion de ce domaine public qui consiste en un droit
d’extraire des matériaux (ex : extraction de sable dans le lit des cours d’eau).

Quel que soit la forme d’utilisation privative du domaine public, cette utilisation est soumise à
un régime qui est caractérisé par trois idées essentielles :

1) Les utilisations privatives ne sont pas libres :

Elles nécessitent obligatoirement une autorisation, que ce soit une utilisation normale ou
anormale. Ce principe ne comporte quasiment aucune exception. Cette autorisation peut revêtir
deux formes :

a) Soit il s’agit d’un acte unilatéral : qui concerne les petites utilisations privatives sans
grande envergure. Elle regroupe deux catégories :
 La permission de voirie : c’est une autorisation d’occupation qui porte sur
les voies publiques (30 ans renouvelable).

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 Une autorisation spéciale qui consistera à donner des droits spécifiques sur
une dépendance du domaine public.
b) Soit une utilisation privative dans un cadre conventionnaire appelée alors contrat
de concession qui est un contrat administratif (ex : contrat de concession de
plage/port).
2) Les utilisations privatives ne sont pas gratuites :

L’utilisation privative va se faire moyennant une redevance { payer en argent mais pas en
nature. Il y a périodicité de payement sauf pour les concessions funéraires qui sont payables en
une seule fois. Il s’agit d’une redevance non fiscale.

3) Les utilisations privatives sont précaires et révocables :

L’utilisation privative du domaine public est précaire en ce sens qu’elle peut être révoquée par
l’administration { tout moment, même si elle a été convenue pour trente ans. C’est pour ça que
très souvent on parle d’autorisation temporaire.

N.B : 1/L’autorisation peut être révoquée { titre de sanction lorsque l’utilisateur n’a pas
respecter les obligations qui lui ont été imposées. 2/Les autorisations accordées par la personne
publique peuvent être révoquées ou tout simplement non renouvelées pour cause d’intérêt
général. 3/L’utilisateur privatif conventionnel du domaine public est plus avantagé que celui qui
a une autorisation unilatérale car il y a le fait du prince qui ouvre droit à indemnisation. Celui
qui n’a qu’une autorisation unilatérale aura du mal à se faire indemniser en vertu de la
prérogative de la puissance publique. Concernant le renouvellement des autorisations, il n’y a
pas d’obligation pour l’administration de renouveler car l’utilisation privative n’est pas un droit
dont est titulaire le particulier.

Section 3 : Le voisinage du domaine public


La continuité d’une propriété privée avec le domaine public va conduire { des relations de
voisinage. Il va y avoir des rapports entre la propriété privée avec le domaine public. Des
principes vont régir le voisinage avec le domaine public. Ce régime va alors revêtir une
importance pratique, un régime différent du régime de voisinage du droit civil. Deux points
importants sont à noter :

 Les charges qui pèsent sur le domaine public, c’est-à-dire les servitudes et autres ;
 Les charges qui pèsent sur les propriétés privées voisines et qui bénéficient au domaine
public de la personne publique.

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Paragraphe premier : Les charges pesants sur le domaine public
Ces charges sont soit légales, c’est-à-dire prévues par les textes, soit elles relèvent du domaine
civil. Dans le droit civil, il existe un certain nombre de charges de voisinage entre deux fonds
privés, c’est la cession de mitoyenneté. Cette cession de mitoyenneté ne fonctionne pas sur le
domaine public car il est impossible de demander à la personne publique la copropriété d’un
mur qui est une dépendance du domaine public.

L’inverse n’est pas vrai, c’est-à-dire que l’administration peut exiger de son riverain une cession
de mitoyenneté. Ce mur mitoyen construit par le riverain peut être approprié par la personne
publique, dans ce cas il ne s’agit pas de copropriété car le domaine public est intégral.

Toutes les servitudes du droit privé ne sont pas applicables aux domaines publics. Il est le cas
par exemple des servitudes conventionnelles que l’on ne peut pas constituer sur le domaine
public comme la servitude conventionnelle de passage. Cependant, les servitudes
conventionnelles qui ont été mises en place sur un fond, avant que ce fond ne soit incorporé au
domaine public, peuvent survivre { l’incorporation dans la mesure où la servitude en question
soit compatible avec l’affectation de la dépendance. La servitude se transforme alors en charge
de nature administrative.

Dans la plupart des cas, ces charges de nature administrative pesant sur le domaine public et qui
profitent aux propriétés riveraines concernent les voies publiques. Elles portent alors le nom de
aisances de voirie.

On peut citer parmi les aisances de voirie le droit d’accès, le droit de vue et le droit
d’écoulement des eaux.

a. Le droit d’accès : Ce droit permet l’utilisation de la voirie publique pour accéder à la


propriété qui est riveraine de la voie publique. Il s’agit notamment du droit d’ouvrir les
portes sur la voie publique.
b. Le droit de vue : Il s’agit du droit qui permet de disposer d’ouverture sur la voie
publique et sans restriction du droit civil.
c. Le droit d’écoulement des eaux : Ce droit va permettre aux riverains d’écouler les eaux
ménagères dans les canalisations publiques.

Les aisances de voiries ne sont pas des droits réels au sens civil du terme mais ce sont des
charges administratives. D’autres charges de nature administrative existent mais qui concernent
alors l’ensemble des administrés. Il est le cas par exemple de tout ce qui peut être servitude de
passage sur les lignes des cours d’eau, sur les rivages de la mer.

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Paragraphe 2 : Les charges de voisinage qui profitent au domaine public
Un certain nombre de charges profitant au domaine public va être imposé aux riverains
limitrophes du domaine public. On peut distinguer d’une part les charges de droit civil, et d’une
autre part, les charges spéciales de nature administrative.

D’abord, les propriétés privées sont soumises aux charges de droit civil et c’est le domaine public
qui va bénéficier de ces charges qui vont peser sur les propriétés voisines. Il n’y a pas de
réciprocité. Par exemple, la personne publique peut obliger son voisin à une cession de
mitoyenneté, alors que l’inverse est impossible.

Ensuite, des charges spéciales de nature administrative vont également peser sur les propriétés
riveraines et qui vont aussi profiter au domaine public. Ces charges sont nombreuses et vont
être instituées par différents textes de loi car la loi de 2008 autorise de brevet les propriétés
riveraines de servitude d’utilité publique. Si on classifie les servitudes administratives qui
grèvent les fonds privés, on peut trouver 3 sortes de servitudes :

1- Les servitudes qui impliquent une obligation de s’abstenir. (Ex : code de l’urbanisme)
 La servitude de marchepied : elle grève les propriétés riveraines des cours d’eau et
des lacs et qui interdit de clôturer les propriétés riveraines { moins d’une certaine
distance.
 La servitude de fouille : elle implique de ne pas procéder à des fouilles à une certaine
distance des voies publiques.
2- Les servitudes qui impliquent une obligation de supporter certaines contraintes.
 La servitude de rejet des fossés : il s’agit d’une contrainte qui oblige les riverains
d’une voie publique { recevoir sur leur propriété le curage des fossés de la voie
publique. Cette servitude s’applique surtout aux terrains nus, non-bâtis.
 La servitude d’utilité générale.
3- Les servitudes qui impliquent une obligation de faire.
 La servitude de visibilité : il s’agit d’une servitude qui oblige les riverains des voies
publiques à détruire des murs, clôtures ou des arbres & plantations qui pourraient
gêner la visibilité des voies publiques.
 La servitude d’essartement : c’est une servitude qui oblige les propriétaires de
forêts privées à débroussailler tous les bois en bord des voies publiques.

Ces servitudes vont permettre de protéger le domaine public. Si les riverains ne respectent pas
leurs obligations, ils seraient en infraction car il s’agirait de menace pour le domaine public.

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Section 4 : La protection du domaine public
Paragraphe premier : L’inaliénabilité du domaine public
I) Le principe

Cette règle est indissociable de la domanialité. Ce principe d’inaliénabilité est quelque part
dérivé du concept de domaine de la couronne. C’est un principe qui a valeur législative. Ce
principe veut dire que le domaine public n’est pas cessible, et ne peut être vendu. Toute
aliénation d’une dépendance de domaine public vers une personne privée serait nulle, et cette
nullité est d’ordre public et sera d’office soulevée par le juge.

La règle de l’inaliénabilité se justifie par la nécessité de protéger l’affectation du bien qui est
l’usage de tous. De ce fait, il s’agit d’un principe qui a une portée relative car il protège
l’affectation du bien. Donc l’inaliénabilité est justifiée tant que dure l’affectation { l’usage de tous.
Dès lors que le bien ait été désaffecté, l’inaliénabilité ne se justifie plus.

II) Conséquences du principe

En premier lieu, ce principe signifie que les alinéations de quel que soit leurs formes sont
interdites. Donc sont interdits les échanges, les prescriptions ou encore les ventes.

Le domaine public est imprescriptible : Un particulier ne peut pas occuper une dépendance du
domaine public sous prétexte qu’il a habité sur depuis longtemps. Cette imprescriptibilité
signifie également que l’action en revendication de ce bien est imprescriptible.

S’il y a eu aliénation, il doit y avoir restitution de la dépendance. S’il s’agit d’un bien meuble du
domaine public, la règle en droit civil « en fait de meuble possession vaut titre » ne s’applique
pas.

Ce principe interdit également la constitution de droit réel civil au profit des particuliers sur
le domaine public. En d’autres termes, il n’y a pas d’usufruit ou autre du genre sur le domaine
public.

 Tant qu’une dépendance appartient au domaine public, il est QUASIMENT impossible pour
un particulier de se l’approprier et aucune exception ne peut être faite { cette règle.

Paragraphe 2 : La police de la conservation du domaine public


Il s’agira surtout d’une protection de nature pénale du domaine public. Une police spéciale de
l’administration va avoir pour objet de protéger le domaine public contre les dégradations et/ou
les empiétements qui pourraient venir des particuliers. En cas d’infraction, il va y avoir des
sanctions pénales qui vont être assorties aux règlements de police qui vont être édictées.

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D’une manière générale, la police de la conservation est l’ensemble des mesures qui ont pour
objet la protection de l’intégrité physique du domaine public. Il s’agit d’une police spéciale
spécifique au domaine public. Le domaine public va alors être soumis à une double police :

 D’abord la police administrative générale : elle s’exerce sur le domaine public car ses
compétences sont larges ;
 Ensuite la police de la conservation du domaine public qui est une police spéciale car
elle ne concerne que le domaine public.

De ce fait, la distinction entre ces deux polices se trouvent surtout au niveau du but. Mais en plus
de cette distinction de but, il existe également une différence de régime notamment sur la
sanction. La sanction du non-respect des mesures de police de la conservation va être
sanctionné par un régime pénal particulier qui est un régime de contravention qui relèvera de
la juridiction administrative. Constituent donc des contraventions tout emménagement, dépôt
de matériaux, construction mais également les fouilles et entreprises quelconques de nature à
détériorer une portion ou la totalité du domaine public ou encore entraver sa libre utilisation.
Les contraventions peuvent soit être des actes volontaires ou involontaires, la bonne foi ne fait
pas disparaitre l’infraction. Ces infractions vont être punies d’amendes en plus d’une
condamnation à remettre en état les lieux.

 Tout cela relève de la juridiction administrative.

Des infractions vont concerner la voirie publique. Pour les infractions qui concernent
particulièrement les voies publiques, la compétence relèvera de la juridiction judiciaire. Il s’agit
d’une exception { la compétence de la juridiction administrative. Cette exception existe car il y a
eu cette volonté de constituer un bloc de compétence sur les infractions sur la voie publique, on
les appelle contravention de voirie. Les attaques contre les dépendances du domaine public
artificiel sont susceptibles d’être sanctionnées par la voie juridictionnelle. Ce qui implique un
certain nombre de contrainte et un certain nombre de délai.

Il existe une forme de contravention qui concerne le domaine public et que l’on peut faire cesser
sans passer par les voies juridictionnelles, il s’agit en fait des contraventions qui consistent en
une occupation du domaine public sans titre.

Paragraphe 3 : La protection du domaine public contre les occupants sans titre


Il s’agit d’une situation se présentant fréquemment et qui constitue une contravention.
L’occupation sans titre va concerner les personnes qui vont s’installer sur une dépendance du
domaine public sans avoir obtenu un titre pour cela. Ceux qui ne disposent pas de titre sont
communément appelés « squatteurs ».

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On va également considérer comme personnes sans titre les personnes qui, à un moment ont eu
un titre, mais qui sont devenus irréguliers. Cette irrégularité peut se présenter soit par la
péremption du titre, soit par incompétence sur la délégation du titre.

Dans ces cas, on peut obtenir expulsion des occupants. Cette expulsion par l’administration peut
se faire sans passer par la voie juridictionnelle. On parle alors de procédure d’exécution
d’office. Cette procédure a été instituée par l’Ordonnance n° 83-030 relative à la protection et
à la sauvegarde du domaine public mais également du domaine privé. Cette procédure va
permettre { l’administration de prendre des décisions d’expulsion exécutoire et remise en état
des lieux.

En la forme, il peut s’agir simplement d’un arrêté qui est un acte administratif exécutoire
d’office. Cette décision doit contenir un certain nombre d’éléments :

1) Les faits dommageables ;


2) L’ordre d’expulsion de l’auteur des faits et des occupants ;
3) Le rétablissement des lieux dans leur état antérieur ;
4) La fixation d’un délai : ce délai doit être au moins d’un mois { partir de la date de
notification de la décision.

 Si les occupants sans titre ne se sont pas exécutés dans le délai imparti, alors à ce moment-là,
l’expulsion et la remise en l’état des lieux sera opérée par la collectivité concernée qui pourra
recourir aux forces de l’ordre public. Le squatteur ne pourra prétendre à une indemnité
quelconque.

L’administration doit également préserver ce domaine public, c’est-à-dire qu’elle a l’obligation


d’entretenir son domaine public. En cas de dommages causés aux administrés, la responsabilité
de l’administration peut être engagée.

Chapitre II : Le domaine privé


La loi 2008-014 du 23 Juillet 2008 va régir le domaine privé des personnes publiques. Les
règles applicables vont être celles de la propriété privée d’une manière générale.

Section première : La composition du domaine privé


Une définition du domaine privé va être donné par la loi 2008-014.

Paragraphe premier : Définition


Selon les dispositions de l’article premier de la loi 2008-014 : « le domaine privé immobilier et
mobilier des personnes publiques comprend tous les biens et droits qui sont susceptibles de
propriété privée en raison de leur nature ou de la destination qui leur est donnée. ». La possibilité

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d’une appropriation privée n’est pas un élément de la consistance même au domaine privé.
L’appropriation privée est la conséquence de l’appartenance au domaine privé de la personne
publique.

Il est plus simple de définir le domaine privé de manière négative : un bien de l’administration
qui ne fait pas partie du domaine public fait partie du domaine privé. Autrement dit, font
partie du domaine privé les biens qui ne figurent pas dans la liste donnée par l’article 3 de la loi
2008-013 sur le domaine public, et les biens qui ne répondent pas aux critères généraux du
domaine public qui est l’affectation { l’usage de tous.

D’un point de vue quantitatif, le domaine privé, et singulièrement le domaine privé de l’Etat est
beaucoup plus consistant que son domaine public.

Paragraphe 2 : La constitution du domaine privé


A- Il faut se reporter à la loi 2008-014 en ses articles et suivant. Le domaine privé d’une
personne publique va se constituer selon les modalités de droit commun. Les personnes
publiques peuvent acquérir des biens comme n’importe quel particulier en utilisant des
modalités de droit privé. Même si on applique les règles de droit privé, il peut exister
des règles particulières { respecter dans l’acquisition d’un bien qui va entrer dans le
domaine privé car l’achat d’un bien va impliquer l’immatriculation de deniers publics ou
le marché public.
B- Il existe cependant des modes d’acquisition de biens exorbitants du droit commun qui
vont permettre de constituer le domaine privé.
1) Le droit de souveraineté : Ce droit va permettre { l’Etat de devenir propriétaire
immédiatement ou par prescription plus ou moins courte ou longue en sa qualité
de souverain. Une liste de biens appartenant { l’Etat en vertu du droit de
souveraineté va être établie par la loi 2008-014 en son article 43.
2) Les modes de cessions forcées : La personne publique peut se procurer un certain
nombre de biens par la contrainte, en obligeant les particuliers à céder leurs biens.
On appelle cette procédure la procédure d’expropriation pour cause d’utilité
publique. Elle va servir pour constituer le domaine public mais également le
domaine privé. En effet, l’utilité publique ne se résume pas { l’usage de tous, elle a un
sens plus large qui est l’intérêt général.
C- Le domaine privé peut également se constituer simplement par le déclassement d’une
portion du domaine public. Il s’agit d’une procédure automatique, sauf en ce qui
concerne le domaine public naturel.

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Section 2 : Le régime juridique du domaine privé
Paragraphe premier : Le principe de l’application d’un régime de droit privé
Ce principe d’applicabilité du droit privé en matière de domaine privé a été posé par la loi et la
jurisprudence. De ce fait, les biens du domaine privé, sauf exceptions et règles spéciales sont
soumis à la législation du droit commun. Par exemple, la délimitation du domaine privé va se
résumer au régime civiliste du bornage, la protection pénale des dépendances du domaine privé
va relever du droit pénal commun.

Il peut exister des règles dérogatoires s’appliquant au domaine privé qui sont justifiées par la
spécificité de l’activité administrative. Dans certains cas, la gestion du domaine privé peut
visée { des buts d’intérêt général. Il est le cas par exemple de l’aliénation de certaines
dépendances du domaine privé qui vont obéir à certaines règles particulières. Les dettes de
l’administration qui sont apparues { l’occasion de la gestion du domaine privé vont s’éteindre
selon la règle de la déchéance quadriennale.

La procédure de l’exécution d’office va permettre { l’administration de faire cesser une


application illégale de son domaine.

Les contentieux du domaine privé vont relever en principe de la juridiction judiciaire (non
administrative) et la loi 2008-014 le dit en son article 30 : « tout litige soulevé, relatif à
l’acquisition, à l’exercice ou à l’extinction d’un droit réel portant sur le domaine privé, relève
de la compétence exclusive du tribunal civil ».

Exemples :

 Arrêt SOMA du 16 Janvier 1965, CA. Dans cet affaire, l’acte en cause était un arrêté d’un
préfet. Cet arrêté a concerné le partage d’un terrain dépendance du domaine privé. La
juridiction administrative s’est déclarée incompétente.
 Arrêt Rakotoarimanana du 02 Décembre 1972, CA. Cet arrêt concerne une délibération
d’un Conseil Municipal. La CA se déclare incompétente sur cet arrêté.

Les actes d’administration qui touchent son domaine privé sont considérés comme des actes de
gestion privée et ne sont donc pas susceptibles de la juridiction administrative, sauf si l’acte en
question est considéré comme un acte détachable du domaine privé (Théorie des actes
détachables) ce qui reviendrait à la compétence du juge administratif.

La juridiction administrative peut retrouver sa compétence sur le domaine privé dans plusieurs
cas :

1) Dans le cas des actes détachables (gestion du domaine privé) ;

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2) Lorsqu’il s’agit de recours qui concernent des actes réglementaires relatifs au
domaine privé (actes à portée générale) ;
3) Lorsque le litige porte sur un dommage de travaux publics même s’ils ont eu lieu sur
une dépendance du domaine privé ;
4) Le cas des logements administratifs.

L’aspect de domaine privé n’a pas d’importance, c’est un acte qui fait grief donc un acte
administratif et relève alors de la juridiction administrative.

**Incomplet**

Paragraphe II : De la gestion du domaine privé


Les biens du domaine privé sont gérés par les Collectivités qui sont propriétaires, et les biens
sont gérés comme des biens appartenant à un propriétaire normal. C’est-à-dire que la personne
publique propriétaire gère son domaine comme bon lui semble (utiliser, ne pas utiliser, faire
louer, affecter { un service public …).

Il faut alors distinguer d’une part le domaine privé affecté du domaine privé non-affecté :

 Le domaine privé affecté : Font partie de cette catégorie tous les biens mobiliers et
immobiliers du domaine privé, mais qui sont mis à la disposition des services publics.
Exemple : Les bâtiments administratifs. L’affectation va se faire par voie d’arrêté
ministériel. Les dépendances de domaine privé affectés sont soumises à la règle de
l’indisponibilité qui veut que le bien affecté soit indisponible tant que dure l’affectation.
Pour disposer du bien, il faut désaffecter le bien.
 Le domaine privé non-affecté : Il s’agit des biens, mobiliers et immobiliers non affecté
{ un service public. L’administration propriétaire peut en faire ce qu’il veut, notamment
l’aliéner si le propriétaire le veut. La règle de l’indisponibilité constitue l’exception { ce
principe.

Concernant l’aliénation du domaine privé mentionnée plus tôt, l’aliénation doit se faire à titre
onéreux. En principe, il ne peut exister d’aliénation { titre gratuit car c’est interdit sauf
dispositions particulières de la loi. Par exemple : l’article 28 de la loi 2008-014 qui dispose que :
« L’Etat peut, dans la mesure des terrains disponibles et jusqu’à concurrence de dix
hectares, faire bénéficier de cession gratuite de terrains ruraux à usage agricole aux
catégories de personnes ci-après non encore propriétaires de terrains agricoles :

1- Les paysans agriculteurs et/ou éleveurs ;


2- Les fonctionnaires militaires ou civils ayant accompli 20 ans de service effectif ;
3- Les anciens élèves des établissements et de centre de formation en agriculture. »

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Paragraphe III : Accession à la propriété des terrains domaniaux
Il y a plusieurs modalités :

A Madagascar il existe des terrains qui ne peuvent faire l’objet d’appropriation privée. Il est le
cas des îles et îlots situés dans le lit des rivières, tout ce qui est zone réservées.

A COMPLETER

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Partie II : Les travaux publics
La théorie des travaux publics est une question très importante en Droit Administratif car il
s’agit de l’une des premières constructions du Droit Administratif. Ces travaux vont porter un
régime particulier qui vont concerner le mode d’exécution des travaux, la passation du contrat,
le régime des responsabilités. Les travaux publics constituent un élément essentiel pour le
développement des infrastructures d’un pays. Ces premiers impliquent des investissements de
grande envergure, de deniers publics très important.

Chapitre premier : La notion de travaux publics


Au sens du Droit Administratif des biens, l’expression travaux publics peut recouvrir deux
choses :

- Soit elle est utilisée pour désigner une opération matérielle (construction, nettoyage …) ;
- Soit pour désigner un bien, un ouvrage issu d’une opération matérielle que l’on peut
qualifier de travaux publics.

Section première : La définition de travaux publics au sens strict du terme


Elle est d’origine purement jurisprudentiel, la définition a été dégagée par la jurisprudence
française puis reprise par celle de Madagascar. On peut en tirer deux définitions :

Paragraphe premier : Une définition traditionnelle


Elle a été donnée par l’arrêt du CE, 10 Juin 1921, arrêt Commune de Monségur : « les
travaux exécutés dans une église pour le compte d’une personne publique dans un but
d’utilité générale conservent le caractère de travaux publics, et les dommages provenant du
défaut d’entretien des églises rentrent ainsi dans la compétence de la juridiction
administrative parce que se rattachant à l’exécution ou à l’inexécution d’un travail public ».
Cette jurisprudence va être reprise par la jurisprudence malgache à travers un arrêt du CA, 18
Juin 1966, Arrêt Société Immobilière de Madagascar (SIM) : « les travaux qui sont
entrepris ayant un caractère immobilier et ayant été accomplis pour le compte d’une
Collectivité Publique dans un but d’intérêt général ont donc un caractère de travaux
publics ».

Trois éléments peuvent être tirés :

A) Le caractère immobilier des travaux publics : Il faut qu’il y ait des travaux.
L’expression « travaux » doit être entendu dans un sens très large. Il peut s’agir
d’opération de construction mais aussi de destruction, ou encore d’entretien. Il faut
que ça soit nécessairement matériel et sur un bien immeuble.

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B) Travaux exécutés pour le compte d’une personne publique : Il faut que la personne
publique fasse faire les travaux et que le bénéficiaire soit la personne publique.
C) La satisfaction générale : L’ensemble de la collectivité tirera profit du travail. La notion
« d’intérêt général » dépasse le cadre du service public ici. Autrement dit, il peut y avoir
travaux publics hors cadre de service public.

Remarque : A un moment, l’on pensait que seuls les travaux sur les immeubles du domaines
publics étaient appelés travaux publics. Ceci n’est pas vrai, il faudra dissocier la notion de
travaux publics et la notion de domaine public.

Paragraphe 2 : Extension de la définition traditionnelle


Un arrêt du tribunal des conflits offre une approche alternative notamment { travers l’Arrêt
EFFIMIEF du 28 Mars 1955. Cet arrêt veut qu’il y ait travaux publics même en cas de travaux
accomplis par une personne publique dans le cadre d’une mission de service public qui
bénéficie à un particulier. Dans ce cas, c’est la personne publique qui réalise les travaux.

La CA, Arrêt Dame Voahangy Yvonne du 03 Juin 1972 va reprendre l’arrêt susmentionné. Cet
arrêt malgache concernait la démolition d’une maison appartenant { un particulier dans le but
de préserver la sécurité publique, c’est la commune qui s’est chargée de la démolition. La CA dit
que : « lorsque la commune procède à la démolition d’un immeuble dans l’intérêt de la
sécurité publique, elle accompli une mission de service public et les travaux effectués ont le
caractère de travaux publics ».

Il y a alors travaux publics { partir du moment où il y a présence d’une personne publique,
qu’elle exécute les travaux en question, ou qu’elle fasse exécuter les travaux par une personne
privée.

Section 2 : Définition de l’ouvrage public


Il est difficile de donner une définition { l’ouvrage public car il n’y a pas de définition légale. La
jurisprudence elle aussi n’est pas très claire par rapport { la définition de l’ouvrage public. On
peut se référer { d’autres notions pour obtenir une définition de l’ouvrage public :

A) Un ouvrage à caractère immobilier : Il s’agit d’un caractère partagé par les travaux
publics et les ouvrages publics. L’expression « ouvrage » implique nécessairement le
travail de l’homme. Les biens meubles ne peuvent être considérés comme des ouvrages
publics qu’importe l’envergure de ce meuble.

La difficulté qui peut apparaitre est lorsqu’on se trouve en présence d’un immeuble qui
comporte à la fois des éléments meubles et des éléments immeubles. Dans ce cas, la
jurisprudence a tendance { faire prédominer l’élément immeuble, { qualifier l’ensemble
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d’ouvrage public. C’est une solution adaptée pour les aéroports, les installations portuaires et les
bacs (transport maritime). CA 6 Mai 1965, Arrêt To Meng Mathon. Cet arrêt du CA a considéré
qu’un bac est un ouvrage public car c’est un élément qui fait partie de la voirie. Avant cet arrêt,
on considérait le bac comme un bien meuble. On parle alors de bien immeuble par destination.

B) Le rapport entre ouvrage et travaux publics : Comme mentionné plus tôt, le point
commun entre ces deux notions est le caractère immobilier. Les travaux qui portent sur
un ouvrage public constituent des travaux publics. Cependant l’inverse n’est pas
forcément vrai, tout ouvrage public n’est pas issu de travaux publics. Il est le cas par
exemple de l’acquisition de route privée par une personne publique. Il est à noter que les
travaux publics ne concernent pas nécessairement les ouvrages publics.
C) Ouvrage public et domaine public : Un ouvrage public n’appartient pas
obligatoirement au domaine public. D’une manière générale, un ouvrage public est une
dépendance du domaine public artificiel. Par contre ne peuvent pas être considérés
comme ouvrages publics les dépendances du domaine public naturel. Cependant il peut y
avoir des travaux publics sur le domaine public naturel. Le domaine public est beaucoup
plus large que la notion d’ouvrage public car seules certaines dépendances du domaine
public sont considérées comme ouvrage public. Mais quelque part, sous un autre angle,
la notion d’ouvrage public dépasse la notion de domaine public car il peut exister des
ouvrages publics mais qui ne font pas partie du domaine public (cas des immeubles du
domaine privé affectés comme les bâtiments administratifs).

Chapitre II : Les modes de réalisation des travaux publics


Plusieurs modalités d’exécution des travaux publics peuvent se présenter. Ils peuvent alors être
exécutés soit en dehors de la voie contractuelle, soit exécutés en régie. C’est un travail
exécuté par la personne publique elle-même, cela signifie qu’elle va utiliser son propre
personnel, ses propres moyens matériels et financiers. L’exécution en régie est assez fréquente
dans la pratique surtout pour les petits travaux d’entretien comme le balayage des rues.

Remarque : L’exécution en régie n’est pas { confondre avec la mise en régie qui est une sanction
affligée { un cocontractant de l’administration n’ayant pas respecté ses obligations.

En dehors de l’exécution en régie, les travaux publics peuvent être exécuter par des
collaborateurs bénévoles de l’administration, comme des associations qui demandent des
autorisations par exemple.

Il peut alors y avoir l’exécution dans le cadre contractuel qui a plusieurs modalités :

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- La concession de travaux publics : Il s’agit ici du cas où la personne privée qui va être
chargée de réaliser des travaux publics ne va pas recevoir un prix de la part de
l’administration, mais en contrepartie des travaux effectués, la personne privée aura
l’exploitation de l’ouvrage. Généralement, la concession de travaux publics est assortie
de la concession de service public (ex : les autoroutes).
- L’offre de concours : Il s’agit d’une modalité consistant en une contribution volontaire
d’une personne privée pour réaliser des travaux publics. La personne va alors offrir sa
collaboration { l’administration pour exécuter des travaux. La procédure de l’offre de
concours se déroule en deux temps :
o Premièrement, il y aura une offre unilatérale de concours qui sera faite par
l’administration appelée alors « offrant ». Tant qu’il n’y a pas eu acceptation de
l’offre de la part d’une personne privée, l’offrant pourra toujours retirer son offre.
o Ensuite, cette deuxième étape est une conséquence de la première, c’est-à-dire
qu’après acceptation de l’offre, il y aura la formation d’un contrat d’offre de
concours.

Remarque : L’offre de concours est d’un, un contrat administratif ; de deux, un contrat


unilatéral, c’est-à-dire que seule la personne privée se trouve engager envers l’administration,
l’acceptation du contrat par la personne ne va pas lier l’administration. Cependant, rien
n’empêche des clauses qui lieraient l’administration.

- Les travaux publics peuvent également s’exécutés dans le cadre des marchés publics.

Section première : Présentation des marchés de travaux publics


On peut distinguer 4 catégories de marchés publics :

- Le marché de fournitures : ayant comme objet l’achat, la location ou la vente de


matériels ;
- Le marché de services : concernant la prestation de service faite par une personne
privée ;
- Le marché de prestation intellectuelles : n’est pas physiquement quantifiable ;
- Le marché de travaux : c’est dans cette sous-catégorie que pourront se réaliser les
travaux publics.
I- Définition

Les marchés de travaux publics sont des contrats administratifs conclus à titre onéreux entre
une personne publique et une autre personne dans le but de la réalisation de travaux publics.

Deux éléments essentiels sont à retenir pour la qualification d’un marché public :

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1) L’objet du contrat : la jurisprudence s’est montrée assez souple en ce qui concerne le
rattachement du contrat à des travaux publics. Il doit juste avoir un lien direct avec le
contrat de marché public.
2) Au moins une personne publique comme partie au contrat : un contrat entre deux
personnes privées ne peut être considéré comme contrat de travaux publics même s’il
porte sur des travaux publics (ex : contrat de sous-traitance).

En ce sens, l’administration ne peut pas passer de contrat de droit privé ; les marchés de travaux
publics sont TOUJOURS des contrats administratifs même s’ils ne contiennent pas de clause
exorbitante de droit commun. La jurisprudence a posé très clairement que les marchés de
travaux publics ont une nature administrative (CA, 18 Novembre 1967, Arrêt Ralainarivo).

II- Sources

Un premier texte va définir le régime des travaux publics, la loi n° 2016-055 du 25 Janvier 2017
portant Code des Marchés Publics. Cette loi s’applique aux marchés publics en général, les
marchés de travaux y compris. Un ancien texte qui aura été appliqué pendant une dizaine
d’année, le décret n° 61-065 de 1961, va surtout s’occuper du mode de passation des marchés
publics en utilisant la procédure d’adjudication qui est une procédure mettant en concurrence
les entreprises pour obtenir le moindre coût. Celui qui présentait le prix le plus bas se voyait
automatiquement attribuer le marché.

Le choix de l’administration va s’élargir pour plus d’efficacité. En effet, en 1970, il y a eu une


réforme abandonnant la procédure d’adjudication, et le décret de 1961 est remplacé par le
décret n° 70-089. La procédure de l’appel d’offre est alors introduite par ce décret. Cette
procédure consistera { mettre en concurrence les entreprises pour permettre { l’administration
de choisir la proposition la plus avantageuse étant entendu que la proposition la plus
avantageuse n’est pas forcément la moins chère.

Un texte de 2004, la loi 2004-009 portant Code des Marchés Publics, va également constituer
une réforme importante car il va permettre un état d’esprit intermédiaire entre celui de 1961 et
1970. Le code de 2004 précise alors qu’il y a obligation de choisir l’offre la moins chère, mais
d’autres critères évalués en terme monétaire seront également pris en compte.

Le texte en vigueur actuel, celui de 2017, va revenir { l’esprit de 1970 dans le sens
où l’entreprise qui sera choisie sera celle qui fera une offre économiquement avantageuse pour
l’administration.

III- Régime

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Le régime va être défini dans ce qu’on appelle le cahier des charges. Ce document désigne
l’ensemble des documents qui vont déterminer les conditions d’exécution des marchés publics.

L’expression cahier des charges est un terme qui recouvre 3 types de documents :

1) Les cahiers de clauses administratives générales (CCAG) : ils vont déterminer les
dispositions administratives applicables à tous les marchés de même nature. Cela signifie
qu’il va avoir un CCAG pour les marchés de fournitures, pour les marchés de services
et pour les marchés de travaux.
2) Les cahiers de prescription commune (CPC) : ils déterminent les dispositions
techniques applicables au marché d’une même catégorie. C’est-à-dire qu’il y aura un CPC
propre à chaque marché.
3) Les cahiers prescriptions spéciales (CPS) : ils définissent les conditions particulières à
chaque marché, chaque contrat.

On admet d’une manière très large que les cahiers des charges ont une nature contractuelle.

Section 2 : La formation des travaux publics


Deux procédés sont à notifier :

 La procédure de l’appel d’offre (procédure de principe) ;


 La procédure de gré à gré (exception).

Remarque : Quand il s’agit de marché qui comporte un financement externe, il peut arriver que
l’on applique la procédure du bailleur mais pas la procédure prévue par la loi.

I- La procédure d’appel d’offre

Cette procédure consiste à mettre en concurrence toutes les entreprises qui sont intéressées et
l’offre économiquement avantageuse est choisie. Plusieurs étapes sont { respecter pour cette
procédure :

a) Etape de l’appel { la concurrence : on déclenche la compétition entre les entreprises


intéressées par les travaux. Le lancement de cet appel ne lie pas l’administration, elle est
libre de ne pas donner suite. Il faut faire la distinction entre appel d’offre ouvert
(principe) et restreint (exception). Il est dit ouvert à partir du moment où il y a
publication d’appel public { la concurrence dans le JO et les divers médias. Il est dit
restreint quand seul un nombre d’entreprises limités préalablement consulté par
l’administration sont en concurrence.
b) Etape de soumission des offres : il s’agit de la proposition technique et financière faite
par les entreprises. Les offres faites doivent être présentées de manière à garantir leur

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confidentialité, c’est-à-dire dans des enveloppes scellées à la cire. Il est à noter que les
offres doivent être remises au temps et au lieu fixé dans l’appel d’offre et dans le CPS.
c) Etape de l’ouverture des offres scellées, évaluation et classement des offres : cette
étape se fera le jour même de la date limite des remises des offres. Les articles 46 et
suivant de la loi 2016-055 évoquent cette évaluation des offres qui est faite par la
commission d’appel d’offres.
d) Etape d’attribution du marché : selon les articles 52 et suivant, c’est l’administration
contractante qui va faire le choix de l’entrepreneur sur la base de l’évaluation précitée.
Une préférence pourra être accordée éventuellement à une entreprise nationale.
II- La procédure de gré à gré

Cette procédure est également prévue par la loi. Il s’agit d’un mode exceptionnel. Cette
procédure n’est pratiquement pas réglementée. Mais des principes doivent quand même être
respectés. Plusieurs autorités vont intervenir dans cette procédure :

 L’autorité contractante : l’administration qui décide de réaliser des travaux ;


 La personne responsable des marchés publics (PRMP) ;
 Celui qui procède { l’évaluation des offres classé au même titre que le PRMP ;
 Des autorités de contrôle prévus par la loi n° 2016-056.

Section 3 : Dans l’exécution des marchés de travaux publics


En principe, l’entreprise va commencer les travaux { partir de la date de notification du marché.
Trois aspects sont à voir :

1- Les obligations de l’entrepreneur ;


2- Les pouvoirs de l’administration ;
3- Les droits de l’entrepreneur.

Paragraphe premier : Les obligations de l’entrepreneur


L’entrepreneur de travaux publics va, en premier lieu, être soumis aux obligations générales
communes { tous cocontractants de l’administration : obligation de respecter les clauses du
contrat, en l’occurrence de respecter les délais imposés. Le marché définit le délai d’exécution.
Parmi ces obligations, on peut mentionner l’obligation d’exécution personnelle.

Remarque : Malgré l’obligation d’exécution personnelle des travaux, l’entrepreneur titulaire


peut sous-traiter les travaux, à la condition que le tiers soit agréé par l’administration.
L’entreprise titulaire reste cependant totalement responsable de l’exécution des travaux.

En plus des obligations générales communes { tous cocontractants de l’administration,


l’entrepreneur va être également soumis à des obligations particulières qui pèsent sur
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l’entrepreneur et qui vont être détaillées dans le contrat lui-même mais surtout dans le Cahier
des Clauses Administratives Générales (CCAG) aux marchés publics :

 Obligation de présence sur le chantier ou d’avoir un représentant agréé par


l’administration ;
 Obligation d’élire domicile { proximité du chantier pour faciliter les échanges
entre l’administration et l’entreprise ;
 Obligation d’afficher un certain nombre d’informations sur le chantier : les
différents panneaux notamment ;
 Obligation de mettre en place des dispositifs de signalisation ;
 Obligation de prendre toutes les mesures de sécurité et d’hygiène, d’ordre pour
éviter les accidents ;
 Obligation qui concernera l’origine et la qualité des matériaux utilisés sur le
chantier : utilisation des matériaux fabriqués ou acquis/achetés selon les règles de
l’art ;
 Obligation d’exécuter les ordres de service qui lui sont donnés par
l’administration.

D’autres obligations sont prévues par le CCAG.

Paragraphe 2 : Les pouvoirs de l’administration


En matière de travaux publics, l’administration détient la qualité de maitre d’ouvrage. Il s’agit
de la personne morale pour laquelle l’ouvrage va être réalisé. Il revient alors au maitre
d’ouvrage de déterminer la localisation des travaux et leurs natures. Il est { noter qu’une
autorité publique (?) peut intervenir pour le compte du maitre d’ouvrage.

Remarque : Différence entre maitre d’ouvrage et maitre d’œuvre. Comme mentionné plutôt, le
maitre d’ouvrage est la personne morale pour laquelle l’ouvrage a été réalisé. Le maitre d’œuvre
quant à lui est celui qui va assumer la responsabilité de la conception des travaux, c’est-à-dire
que c’est celui qui va réaliser les études techniques aka l’avant-projet. En d’autres termes il fait
la conception technique concernant les attentes du maitre d’ouvrage.

Les pouvoirs de l’administration va se présenter sous trois formes principales :

 Le pouvoir de surveillance, de direction et de contrôle ;


 Le pouvoir de modification unilatéral ;
 Le pouvoir de sanction.
I- Le pouvoir de surveillance, de direction et de contrôle

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L’administration détient un véritable pouvoir de prescrire la modalité d’exécution des travaux {
l’entrepreneur. Elle a également la possibilité de refuser le personnel de l’entreprise qui va
travailler sur le chantier. L’administration surveille également les travaux.

La surveillance, la direction et le contrôle va se faire par le biais d’un ordre de service. Il s’agit
d’un ordre délivré par les agents de l’administration { l’entrepreneur et qui concerne les
modalités d’exécution des marchés. Il doit être écrit, daté et signé par l’agent chargé de
l’exécution des travaux. L’entrepreneur est obligé d’exécuter des ordres de service qui lui sont
donnés, même si { la limite les ordres qu’il reçoit lui apparaissent aberrants voire dénués de
sens.

L’entrepreneur peut faire des réclamations, des réserves dans un délai de 15 jours pour un
ordre qui lui paraît illégal. L’entrepreneur a l’obligation de vérifier le contenu des ordres
donnés, et doit signaler les erreurs, les contradictions que peuvent contenir un ordre de service.
Si l’entrepreneur ne fait pas mention de ces erreurs, il va en supporter les conséquences.

L’existence de ce pouvoir ne libère pas cependant l’entrepreneur de sa responsabilité vis-à-vis


de l’administration et des tiers. Par contre ce pouvoir de direction peut quand même limiter les
conséquences de la responsabilité de l’entrepreneur.

II- Le pouvoir de modification unilatérale

Ce pouvoir permet { l’administration d’imposer des changements en cours d’exécution du


contrat. Ces changements se feront par biais d’ordre de service. Ce pouvoir est cependant limité :

1. Les modifications ne doivent pas porter directement sur des conditions financières
du marché : autrement dit, l’administration ne peut modifier que les modalités
techniques d’exécution du marché. Ces modifications techniques peuvent cependant
entrainer des répercussions financières.
2. Les modifications ne doivent pas entrainer un bouleversement de l’économie
générale du contrat : s’il y a bouleversement de l’économie générale du contrat, il
faudra un avenant (modification des clauses d’un contrat). Si l’économie générale du
contrat est bouleversée, l’entrepreneur peut refuser et résilier le contrat. Cette
interdiction de bouleversement se traduit par deux situations :
a. Les ouvrages nouveaux : L’administration n’a pas le droit d’imposer
unilatéralement l’exécution d’un ouvrage nouveau. Est considéré comme
ouvrage nouveau l’ouvrage nouveau l’ouvrage qui est entièrement étranger {
ce qui a été prévu dans le contrat initial. Est considéré comme ouvrage
nouveau également le même ouvrage prévu dans le contrat mais qui serait
exécuté dans des conditions entièrement nouvelles. Les travaux
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supplémentaires ne sont pas considérés comme ouvrages nouveaux dans le
sens où les travaux supplémentaires viennent parachever l’ouvrage nouveau.
b. La quantité de modifications : L’administration peut imposer unilatéralement
des modifications, que ça soit dans le but d’augmenter ou de diminuer les
travaux, mais ces modifications ne peuvent dépasser la limite de 20%. Tant
que les modifications ne dépassent pas ce pourcentage, l’administration peut
imposer des changements unilatéraux. L’administration peut également
imposer des changements unilatéraux en ce qui concerne l’importance de
diverses natures d’ouvrage, mais en ne dépassant par la limite de 35%.

Remarque : L’administration peut décider de mettre fin au marché fin au marché avant même
que les travaux soient terminés sans qu’il y ait faute de l’entrepreneur pour des raisons
d’intérêt général. Cette résiliation va ouvrir voie d’indemnité { l’entrepreneur.

III- Le pouvoir de sanction

L’administration peut imposer un certain nombre de chose sans le consentement des


cocontractants et sans passer par le juge, on parle alors du privilège du préalable. Dans le cadre
des marchés de travaux publics, même si ce privilège n’est pas mentionné dans le contrat,
l’administration dispose d’un pouvoir de sanction. Il y a alors des sanctions pécuniaires.

1) On peut citer parmi ces sanctions pécuniaires les pénalités de retard qui vont
sanctionner les retards en ce qui concerne les délais d’exécution. Ces pénalités ne
peuvent dépasser 5% du montant initial du marché. Avant l’application de ces pénalités,
il faut mettre le cocontractant défaillant en demeure.
2) La mise en régie peut également être une sanction { l’encontre du cocontractant
défaillant. Il consiste ici { remplacer l’entrepreneur défaillant et cela au frais et risque de
ce dernier. Cette sanction est prononcée par l’administration après une mise en demeure
et elle peut concerner une partie ou totalité des travaux. A noter que la mise en régie
n’est pas une résiliation de contrat. L’entrepreneur fautif reste titulaire du contrat mais il
y aura intervention d’un tiers aux frais du défaillant. Il s’agit d’une sanction provisoire et
non définitive et va donc se terminer soit par la reprise des travaux par
l’entrepreneur titulaire, soit par la résiliation du contrat.
3) La résiliation au tort de l’entrepreneur constitue une dernière forme de sanction.
L’administration peut résilier { titre de sanction le marché de l’entrepreneur dans la
mesure où ce dernier ne s’est pas conformé aux dispositions du contrat sauf pour
l’entrepreneur de pouvoir se prévaloir d’une force majeure. Avant la résiliation, une
mise en demeure est toujours requise. Cette résiliation a un double degré de sévérité :

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a. La résiliation pure et simple : il consistera en une simple résiliation du contrat ;
b. La résiliation à la folle enchère : va se faire aux frais et risques de
l’entrepreneur défaillant. C’est-à-dire que l’entrepreneur défaillant va supporter
les frais supplémentaires qu’impliquent la recherche d’un nouvel entrepreneur.
Ce n’est pas l’entrepreneur qui va payer le nouvel entrepreneur.

Les sanctions sont des décisions administratives et sont donc soumises au contrôle du juge.
Autrement dit l’entrepreneur peut toujours saisir le juge administratif s’il estime que la sanction
est disproportionnée pour faire annuler la sanction.

Paragraphe 3 : Les droits de l’entrepreneur


Ces droits consisteront surtout au :

- Droit au prix ;
- Droit à plusieurs indemnités ;
- Droit de demander la résiliation du marché.
I- Le droit au prix

Ce droit est l’application de la règle du service fait. Il s’agit du droit d’être payé pour les travaux
exécutés. Le marché initial peut contenir une clause de révision des prix. Il y a alors des
opérations préalables au paiement. Ce sont des opérations qui vont déterminer très exactement
le prix { payer { l’entrepreneur.

Cela se justifie par la diversité des évènements qui vont affecter le contrat initial et de ce fait,
affecter le prix des prestations. On peut citer parmi ces opérations préalables :

1- La constatation des travaux

Elle se fait dans le cas de la procédure d’attachement. Il s’agit de l’inscription dans des
documents établis périodiquement de l’état des travaux au fur et { mesure de leur exécution. On
parle alors de carnet d’attachement. Ces attachements sont établis par l’administration qui
surveille les travaux mais pour qu’ils aient une force probante, ils sont soumis { l’acceptation de
l’entrepreneur.

2- Les décomptes

Ils vont consister { déterminer la situation financière de l’entrepreneur au regard des travaux
qui ont été exécutés, il s’agit plus simplement de faire les comptes. Il peut y avoir plusieurs types
de décompte :

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 Des décomptes mensuels (décompte provisoire) = on établit ce décompte tous les
mois pour permettre de déterminer les sommes d’argent qui vont être payées {
l’entrepreneur { titre d’acompte ;
 Le décompte général = il va tenir compte de tous les acomptes et avances faits ;
 Le décompte final = il se fait après achèvement des travaux.
3- La phase de règlement

En vertu du principe du service fait, les travaux effectués ne sont payés qu’après la réalisation
intégrale desdits travaux. Cependant, il y a un assouplissement { cette règle car on admet qu’il
puisse y avoir un préfinancement de l’entrepreneur pour qu’il n’ait pas { attendre l’achèvement
des travaux. Deux formes peuvent se présenter :

1- Les avances : Ce sont des versements d’une somme d’argent accordée {


l’entrepreneur avant le commencement des travaux. Elles vont surtout permettre {
l’entrepreneur d’exécuter les préparations pour pouvoir démarrer les travaux.
2- Les acomptes : Ce sont des versements effectués en faveur de l’entrepreneur après
qu’il y ait eu commencement des travaux. Chaque phase d’exécution des travaux va
donner droit au paiement d’acomptes.

Remarque : Ces paiements ne porte pas atteinte à la règle du service fait. Ils sont considérés
comme des préfinancements, comme des dettes de l’entrepreneur vis-à-vis de l’administration.
Ces avances et acomptes vont donc être soustraites du prix final de l’exécution des travaux.

II- Le droit à plusieurs indemnités

L’entrepreneur pourra prétendre { un certain nombre d’indemnités spécifiques aux travaux


publics en plus des indemnités relatives aux contrats administratifs en général.

1- Les indemnités relatives aux contrats administratifs en général


- Le fait du prince : il s’agit d’une indemnité au titre de la responsabilité contractuelle de
l’administration. Ce droit à indemnité va également être ouvert si l’administration
contractante prend des mesures qui n’a pas pour objet directement le marché mais qui,
indirectement, va quand même affecte le marché en question. Alors la théorie du fait du
prince joue { la condition qu’il s’agisse d’une mesure { portée individuelle.
- La théorie de l’imprévision : il s’agit d’un aléa économique, un évènement imprévisible
et indépendant de la volonté des parties, irrésistible, anormal et qui a entrainé une
augmentation massive des charges du cocontractant de l’administration, mais que le
cocontractant en question peut toujours exécuter ses prestations. Dans ce cas, il y a
augmentation des charges au frais de l’administration.

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2- Les indemnités spécifiques aux marchés de travaux publics
- L’indemnisation pour les travaux exécutés spontanément par l’entrepreneur :
L’entrepreneur ne doit exécuter que les travaux demandés soit dans le marché initial soit
par ordre de service. Si l’entrepreneur exécute de sa propre initiative plus de travaux
que ce qu’on lui a demandé, tant pis pour lui. Cependant une double exception existe :
o Le cas des travaux nécessaires : L’entrepreneur pourra obtenir indemnisation
pour les travaux spontanés nécessaires. On dit qu’il y a travaux nécessaires
quand il s’agit de travaux n’ayant pas figurés dans le contrat initial ou par ordre
de service mais qui se révèlent nécessaires pour assurer la bonne exécution des
travaux commandés.
o Le cas des travaux utiles : Cette théorie concerne les travaux spontanés faits
par l’entrepreneur, mais qui ont procuré { l’administration une plus-value, c’est-
à-dire que les travaux en question profitent { l’administration.
- L’indemnisation quand il y a des sujétions imprévues : Cette théorie est dégagée par
la jurisprudence mais inscrit dans le CCAG. Si au cours de l’exécution des travaux
l’entrepreneur rencontre des obstacles techniques imprévisibles et qui sont
exceptionnels et que cet obstacle technique rend plus couteuse l’exécution du marché,
alors l’entrepreneur doit être intégralement indemnisé pour l’augmentation de charge
qui a impliqué cet obstacle technique.
III- Le droit de demander la résiliation du marché

L’entrepreneur peut demander résiliation du marché dans les circonstances prévues par le
CCAG. L’entrepreneur de Travaux Publics qui estiment être dans l’impossibilité d’exécuter le
marché suite à une force majeure ou alors s’il estime qu’il ne peut pas exécuter le marché du
fait de l’administration qui ne respecte pas ses obligations, alors l’entrepreneur peut demander
la résiliation du marché mais l’obtention de la résiliation n’est pas de plein droit.

L’entrepreneur peut cependant demander résiliation du marché et en obtenir le droit quand :

1. L’administration n’a pas donné l’ordre de commencé les travaux dans les délais prévus
par le contrat ;
2. Il y a eu augmentation ou diminution de la masse des travaux ou de la nature de certains
ouvrages imposée unilatéralement (bouleversement de l’économie générale du marché).

Il y a également possibilité de demander la résiliation lorsque l’administration a reporté


l’exécution des travaux pour une période de plus de 3 mois ou sans avoir précisé la durée
de cet ajournement. Il peut aussi avoir résiliation quand il y a des variations des conditions
économiques qui ont excédé 30% du marché initial.

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L’entrepreneur ne résilie pas le contrat par sa propre autorité mais il demande la résiliation
auprès de l’administration. Jusqu’{ ce que la résiliation lui soit notifiée, l’entrepreneur doit
continuer l’exécution des travaux.

Section 4 : La fin des marchés publics


Il y a normalement fin de marché public quand il y a exécution des travaux prévus dans le
contrat. Il peut exister cependant une fin anticipée, la résiliation. Il peut exister une résiliation
dite de plein droit comme le cas de la dissolution de la société, ou décès de l’entrepreneur. Il y a
également résiliation de plein droit lorsque l’entreprise titulaire a subi une sanction qui est
celle de l’exclusion de toute participation aux marchés publics.

Quand un marché prend fin, que ce soit normalement ou par résiliation, il y aura la réception
des travaux.

Paragraphe premier : La réception des travaux


Il s’agit de l’opération qui intervient en fin de contrat et qui va consister { constater les travaux
exécutés en volume et en qualité. Ce ne sont pas des attachements, cette réception se déroule en
deux étapes :

1. La réception provisoire (peut être précédée de la réception technique) : Il s’agit du


contrôle de ce qui a été fait et de la conformité par rapport aux obligations de
l’entrepreneur. Elle intervient immédiatement à l’achèvement des travaux ou arrêt
définitif des travaux par résiliation. Il s’agit d’une procédure contradictoire,
l’administration procède { la réception de l’ouvrage mais l’entrepreneur doit être
également invité pour assister au contrôle. Cette opération va donner lieu à
l’établissement d’un PV.
Cette réception peut être assortie des réserves parce qu’il pourrait avoir quelques
prestations non recevables, quelques détails qui n’affectent pas pour autant l’utilisation
de l’ouvrage. La réception provisoire va ouvrir un délai de garantie de 1 an. Ce délai va
permettre de vérifier la qualité des travaux parce qu’il peut y avoir des malfaçons.
Pendant ce délai de garantie, l’entrepreneur va être tenu de ce que l’on appelle
obligation de parfaire achèvement. Ça veut dire que durant ce délai, l’entrepreneur va
devoir entretenir l’ouvrage et remédier { toutes les réserves faites.
Pendant cette période, le maitre d’ouvrage peut toujours émettre des ordres de service
tandis que l’entrepreneur va être responsables de l’ouvrage, s’il y a dommages causés {
des tiers du fait d’un défaut de l’ouvrage durant ce délai de garantie, l’entrepreneur
engage également sa responsabilité.

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2. La réception définitive : Elle va directement intervenir { l’expiration du délai de
garantie de 1 an. Cette étape va servir à solder définitivement le prix du marché et
rembourser la retenue de garantie qui avait été effectuée. Lorsque cette procédure
intervient, le maitre d’ouvrage va assumer toutes les conséquences que ça implique,
notamment l’entretien ou la responsabilité s’il y a des dommages dus { l’ouvrage.
A la réception définitive, le maitre d’ouvrage ne pourra plus rechercher les malfaçons de
l’ouvrage. Mais il va demeurer pour l’entrepreneur ce que l’on appelle la responsabilité
décennale de l’entrepreneur.

Paragraphe 2 : La responsabilité décennale de l’entrepreneur


L’entrepreneur de travaux publics est responsable des vices de construction pendant une
durée de 10 ans. Cette responsabilité ne concerne pas les malfaçons, des imperfections
apparents qui ne sont pas nécessairement graves.

Un vice de construction est un vice caché que l’on ne pouvait pas voir au moment de la réception
provisoire. Un vice de construction est, par définition, un vice particulièrement grave surtout
lorsqu’il est de nature { empêcher l’utilisation correcte de l’ouvrage ou encore lorsqu’il est de
nature { compromettre la solidité de l’ouvrage.

Ce délai de 10 ans est à la fois un délai d’épreuve mais également un délai d’action car c’est
pendant ces 10 ans que va être engagée l’action en responsabilité de l’entrepreneur.

Cette responsabilité décennale de l’entrepreneur est une responsabilité pour faute de


l’entrepreneur. Mais c’est également une responsabilité contractuelle, c’est-à-dire que
l’entrepreneur engage sa responsabilité vis-à-vis de l’administration.

Chapitre III : La responsabilité

La non-réalisation des travaux publics peut également causer des dommages. Il y a dommage
de travaux publics quand il existe un lien de causalité entre le dommage subi et le fait
générateur.

Lorsque la victime est un usager, alors le régime de la responsabilité est un régime de


responsabilité pour faute de l’administration. Dans ce cas, la faute de l’administration est
présumée, elle rapporte les preuves qu’elle a bien entretenu l’ouvrage.

Si la victime est un tiers par rapport { l’ouvrage, on applique la responsabilité sans faute.
Cependant il faut quand même établir le lien de cause { effet. L’administration ne peut se délier
de la responsabilité sous prétexte qu’elle n’a commise aucune faute.

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Des causes d’exonération de la responsabilité de l’administration existe cependant, comme la
force majeure.

Il est { noter que le préjudice subi s’agisse d’un préjudice certain et anormal.

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