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Chapitre 7 : Polarimétrie

1. Lumière polarisée
• En optique ondulatoire, la lumière est vue comme une onde électromagnétique transversale composée d’un
champ électrique 𝐸⃗ et d’un champ magnétique 𝐵
⃗ perpendiculaires entre eux (𝐸⃗ ⊥ 𝐵
⃗ ), et les deux vibrent

⃗ tel que (𝐸⃗ , 𝐵


(oscillent) perpendiculairement à la direction de propagation 𝑢 ⃗ ,𝑢
⃗ ) forment un trièdre

⃗ = 𝑢⃗∧𝐸.
orthogonal direct : 𝐵 𝑐

• Les détecteurs artificiel et naturel (l’œil d’un être humain) sont sensibles au champ électrique 𝐸⃗ , donc, c’est
𝐸⃗ qui sera concerné pour l’étude du phénomène de polarisation.
• Le plan de vibration est formé de 𝐸⃗ et la direction de propagation 𝑢
⃗ . Il s’appelle également plan de
polarisation. La direction de vibration de 𝐸⃗ s’appelle direction de polarisation.

• Le vecteur du champ électrique 𝐸⃗ de la lumière naturelle tourne aléatoirement dans toutes


les directions perpendiculaires à la direction de propagation (change sa direction
aléatoirement au cours du temps) : On dit que c’est une lumière non polarisée.

• Quand le champ électrique 𝐸⃗ garde une orientation constante suivant la direction de polarisation
au cours du temps, on dit que 𝐸⃗ est polarisée rectilignement.

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2. Types de polarisation
⃗ et se propageant suivant la direction
Soit une onde monochromatique plane et transversale de vecteur d’onde 𝑘
de l’axe z positif dans un repère orthonormé (O, x, y, z) avec une vitesse angulaire 𝜔. Le vecteur champ
électrique 𝐸⃗ résultant suivant z est nul, et les deux autres composantes 𝐸⃗𝑥 et 𝐸⃗𝑦 de 𝐸⃗ vibrent suivant les deux
axes orthogonaux (x et y). L’équation du plan d’onde s’écrit donc comme suit :
𝐸𝑥 (𝑧, 𝑡) = 𝐴𝑥 𝑐𝑜𝑠(𝑘𝑧 − 𝜔𝑡 + 𝜑𝑥 )
𝐸⃗ = {𝐸𝑦 (𝑧, 𝑡) = 𝐴𝑦 𝑐𝑜𝑠(𝑘𝑧 − 𝜔𝑡 + 𝜑𝑦 )
𝐸𝑧 (𝑧, 𝑡) = 0
𝐴𝑥 et 𝐴𝑦 sont respectivement les amplitudes indépendantes du temps de 𝐸𝑥 et 𝐸𝑦 .

La relation mathématique entre 𝐸𝑥 et 𝐸𝑦 s’écrit :

2
𝐸𝑥 2 𝐸𝑦 𝐸𝑥 𝐸𝑦
( ) +( ) −2( ) 𝑐𝑜𝑠𝜑 = 𝑠𝑖𝑛𝜑 2
𝐴𝑥 𝐴𝑦 𝐴𝑥 𝐴𝑦

C’est une équation d’une ellipse, avec : 𝜑 = 𝜑𝑥 − 𝜑𝑦 représente le déphasage entre 𝐸𝑥 et 𝐸𝑦 .

L’ellipse est définie par l’angle 𝜃 , les amplitudes 𝐴𝑥 et 𝐴𝑦 , et l’ellipticité ε.

L’angle 𝜃 est définie par l’équation :

𝐴𝑥 𝐴𝑦
𝑡𝑎𝑛(2𝜃) = 2 ( 2 ) 𝑐𝑜𝑠𝜑
𝐴𝑥 + 𝐴𝑦 2

L’ellipticité 𝜀 est définie par l’équation :

𝐴𝑦 𝑏 𝐴𝑥 𝐴𝑦
𝑠𝑖𝑛2𝜀 = = =2 ( 2 ) 𝑠𝑖𝑛𝜑
𝐴𝑥 𝑎 𝐴𝑥 + 𝐴𝑦 2

Selon les valeurs de 𝜑, il est possible de déduire tous les états de polarisation de la lumière :

• La polarisation est rectiligne si : 𝜑 = 0 ou 𝜑 = 𝜋 :


𝜋 3𝜋
• La polarisation est circulaire gauche si : 𝜑 = , et circulaire droite si : 𝜑 =
2 2

• La polarisation est elliptique gauche si : 0 < 𝜑 < 𝜋 , et elliptique droite si : 𝜋 < 𝜑 < 2𝜋

(2)
• Remarques :
- Polarisation rectiligne ➔ la direction du champ électrique est fixe au cours du temps, mais l’amplitude du
champ électrique est variable.
- Polarisation circulaire ➔ la direction d’oscillation est variable, mais l’amplitude de l’oscillation est
constante.
- Polarisation elliptique ➔ la direction et l’amplitude sont variables : l’oscillation du champ visuel varient
continuellement, et la pointe du vecteur champ électrique balaie une ellipse.
• Superposition des polarisations :
Deux polarisations rectilignes perpendiculaires entre eux peuvent se combiner pour donner une polarisation
circulaire. Inversement : deux polarisations circulaires (une gauche et l’autre droite) peuvent se comminer
pour donner une polarisation rectiligne.

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3. Obtention de lumière polarisée

En général, la lumière polarisée s’obtient par : réflexion, réfraction ou absorption.

a) Polarisation par réflexion


La lumière polarisée rectilignement peut être obtenue par réflexion en envoyant la lumière naturelle sur un
verre (ou de l’eau) d’indice n en incidence particulier dite incidence de Brewster (notée 𝑖𝐵 ).
Si l’angle entre le faisceau réfléchi et le faisceau réfracté est 90° => le faisceau réfléchi est polarisé
rectilignement dans la direction perpendiculaire au plan d’incidence.
𝜋
𝑛1 𝑠𝑖𝑛(𝑖𝐵 ) = 𝑛2 𝑠𝑖𝑛(𝑟) = 𝑛2 𝑠𝑖𝑛 ( − 𝑖𝐵 ) = 𝑛2 𝑐𝑜𝑠(𝑖𝐵 )
2
𝑛
=> 𝑡𝑎𝑛(𝑖𝐵 ) = 𝑛2
1

On pose : 𝑛1 = 1 et 𝑛2 = 𝑛
=> 𝑡𝑎𝑛(𝑖𝐵 ) = 𝑛 => 𝒊𝑩 = 𝒂𝒓𝒄𝒕𝒂𝒏(𝒏)
Pour le système : air / verre => 𝑖𝐵 ≈ 56°
Pour le système : air / eau => 𝑖𝐵 ≈ 52°

b) Polarisation par réfraction simple

Dans ce cas la polarisation de la lumière réfractée est partielle.

c) Polarisation par double réfraction

Les systèmes optiques utilisés pour trouver une lumière polarisée par double réfraction sont des cristaux
biréfringents, c'est-à-dire, ceux qui donnent deux faisceaux réfractés (donc deux indices de réfraction
différents) pour un seul faisceau incident. On distingue deux types de systèmes optiques :

(i) Les prismes biréfringents tel que le prisme de Nicol fabriqué du Spath d’Islande (un cristal naturel de la
calcite CaCO3).
(ii) Les lames biréfringentes (ou les feuilles polaroïds) : ce sont des systèmes optiques fabriqués des
polymères artificiels constitués de petits cristaux orientés de la même façon.

Quand un faisceau incident est dirigé vers la face d’entrée du système considéré, on obtient deux rayons
réfractés. Il suffit donc de les séparer pour trouver une lumière polarisée. En fonction de la polarisation, on
distingue deux types de cristaux :

- Cristaux uniaxes : dans ce cas un des rayons réfractés suit les lois de Snell-Descartes et s’appelle rayon
ordinaire (no). Au cours de la réfraction, ce rayon sera réfléchi totalement ou absorbé (phénomène de
dichroïsme) à l’intérieur du cristal. L’autre rayon ne suit pas les lois de Snell-Descartes et s’appelle rayon
extraordinaire (ne). Celui-ci, émerge du système parallèlement à la direction du rayon incident.
- Cristaux biaxes : dans ce cas les deux rayons réfractés sont classés extraordinaires.

(4)
• Le prisme de Nicol (polariseur)

Est un prisme formé d’un cristal de spath d’Islande (la calcite naturelle CaCO3) taillé à un angle de 68° et
coupé selon la diagonale. Les deux parties du cristal sont ensuite collées par une substance s’appelle baume
du Canada d’indice N = 1,55. La calcite est un matériau biréfringent et possède deux indices de réfraction :
ne = 1,486 et no = 1,658 (ne < no).

Quand le Nicol est exposé à un faisceau de lumière non polarisée, il se produit à la première face d’entrée
deux faisceaux réfractés ordinaire et extraordinaire : le faisceau ordinaire est fortement déviée vers la base
du prisme et le faisceau extraordinaire est très peu dévié.

A la face de sortie du premier prisme (cristal-baume), le rayon ordinaire qui suit les lois de Snell-Descartes
subit donc une réflexion totale et se dévier hors du cristal. Au contraire, le rayon extraordinaire subit une autre
réfraction et traverse la seconde partie du cristal afin d’émerger du système avec la même direction que l’onde
incidente, et est polarisée rectilignement dans le plan d’incidence.

• Lames biréfringentes

Une lame biréfringente est un matériau anisotrope caractérisé par deux directions de propagation orthogonales
(ou deux indices de réfraction différents). Alors, la lumière se propage avec des vitesses 𝑉𝑥 et 𝑉𝑦 associées
respectivement aux indices des réfractions 𝑛𝑥 et 𝑛𝑦 suivant les directions ox et oy (s’appelle aussi les lignes
neutres).

Pour une lame d’épaisseur e, la différence de marche entre les deux faisceaux réfractés est : 𝛿 = 𝑒(𝑛𝑦 − 𝑛𝑥 )

2𝜋 2𝜋
Et la différence de phase est : 𝜑 = 𝜆0
𝛿 = 𝜆0
(𝑛𝑦 − 𝑛𝑥 )𝑒

Si : 𝑛𝑦 < 𝑛𝑥 => 𝑉𝑥 > 𝑉𝑦 => l’axe ox est l’axe rapide, et oy est l’axe lente.

(5)
Les lignes neutres (les directions ox et oy) de la lame biréfringente sont les seules directions suivant lesquelles
une vibration rectiligne puisse traverser une lame biréfringente sans modification, c'est à dire en restant
polarisée rectilignement.

2𝜋
Si on pose : 𝑛𝑦 = 𝑛𝑜 et 𝑛𝑥 = 𝑛𝑒 , la différence de phase devient : 𝜑 = (𝑛𝑜 − 𝑛𝑒 )𝑒
𝜆0

Remarques :

Propagation dans le vide : 𝜆0 = 𝑐. 𝑇 ;

𝜆 1
Propagation dans un milieu différent que le vide : 𝜆 = v. 𝑇 => 𝜆 = 𝑛 => 𝜆0 = 𝑛. 𝜆
0

Action des lames sur une lumière polarisée : en général on peut démontrer que la polarisation observée en
sortie de lame est elliptique. Donc, il est possible d’utiliser des lames pour la production de lumière polarisée
elliptiquement.

d) Dichroïsme

Le dichroïsme est le moyen le plus simple pour produire une lumière polarisée (linéaire, circulaire ou
elliptique) par absorption. La majorité des cristaux solides sont anisotropes (la propriété physique dépend de
la direction cristallographique) et absorbent donc les rayons ordinaires et extraordinaires dans des proportions
différentes. Après avoir traversé une certaine épaisseur de la substance par les deux rayons, l’un de ces rayons
est entièrement absorbé ; la lumière émergente est alors polarisée : ce phénomène est appelé dichroïsme.

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Dichroïsme circulaire : certaines espèces chimiques (les molécules chirales qui sont optiquement actives)
absorbent différemment la lumière polarisée circulairement vers la droite ou vers la gauche. Cette absorption
préférentielle donne lieu au dichroïsme circulaire.
Donc, après traversé d’un échantillon chiral par deux lumières polarisées circulairement (une gauche et l’autre
droite), les deux ondes à la sortie se combinent et donnent lieu à une lumière polarisée elliptiquement. Le
dichroïsme circulaire est très utilisé pour caractériser la structure interne des protéines (ADN, ARN, …).

4. Polarimétrie
La polarimétrie est une technique de caractérisation basée sur la mesure de la déviation du plan de polarisation
d'une lumière polarisée traversant une solution composée de molécules actives optiquement.
Le polarimètre de Laurent : est un dispositif optique qui sert à mesurer le pouvoir rotatoire d’une substance
caractérisée par une activité optique. Il est composé principalement d’une source lumineuse (lampe à vapeur
de sodium), un polariseur et un analyseur (prisme de Nicol).

4.1. Polariseur et analyseur

Polariseur : c’est tout dispositif optique (exemple un polaroïd) capable de transformer une lumière naturelle
(non polarisée) en une lumière polarisée.
En pratique, un polariseur transforme la lumière naturelle en lumière polarisée rectilignement.
Analyseur : dispositif identique au polariseur qui sert à analyser la polarisation obtenue. Il se place souvent à
la fin du montage optique.

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4.2. Loi de Malus

Le phénomène de polarisation de la lumière a été découverte en 1808 par Malus (physicien français). Malus
a démontré que :

Si un polariseur est placé devant une lumière non polarisée d’intensité I0, l’intensité lumineuse qui traverse le
polariseur est réduite de 50%. C.-à-d :

I’ = I0/2

Si on place un 2ème polariseur (joue le rôle d’un analyseur) d’axe de polarisation qui fait un angle 𝜃 avec le 1er
polariseur, l’intensité lumineuse transmise après l’analyseur est donnée par la loi de Malus :

𝐼 = 𝐼′ 𝑐𝑜𝑠 2 (𝜃)

Si : 𝜃 = 0 => les axes de polarisation du polariseur et de l’analyseur sont parallèles

=> la lumière transmise est maximale (I = 100%).

Si : 𝜃 = 90° => les axes de polarisation du polariseur et de l’analyseur sont perpendiculaires

=> pas de lumière transmise (I = 0%).

4.3. Loi de Biot (polarisation rotatoire)

Le pouvoir rotatoire (ou activité optique) représente la capacité de certaines espèces chimiques à faire tourner
le plan de polarisation d’une lumière polarisée rectilignement. On dit que ces substances chimiques sont
optiquement actives.

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La loi de Biot pour une solution (le solvant doit être inactif optiquement) s’écrit sous la forme suivante :

𝛼 = [𝛼0 ]𝜃𝜆 . 𝐿. 𝐶

Où 𝛼 est le pouvoir rotatoire (ou angle de rotation observé) en degrés (°).

Si : 𝛼 > 0 => la lumière polarisée est déviée vers la droite pour un observateur regardant la source lumineuse
(sens des aiguilles d’une montre), la substance est dite dextrogyre (+).

Si : 𝛼 < 0 => l’espèce chimique est dite lévogyre (-).

L : la longueur de la cuve en dm ;

C : concentration massique de la solution en g/cm3 ;

[𝛼0 ]𝜃𝜆 : représente le pouvoir rotatoire spécifique de la solution. Il est mesuré à la température  et à la
longueur d'onde λ de la source lumineuse.

L’unité de [𝛼0 ]𝜃𝜆 est : °.dm-1.g-1.cm3

Les valeurs de [𝛼0 ]𝜃𝜆 sont données dans les tables de la littérature scientifique pour  = 20° et la raie D de
sodium (λ = 589,3 nm).

Exemples de pouvoir rotatoire spécifique :

Saccharose: [𝛼0 ]20 -1 -1 3


𝐷 = + 66.45 °.dm .g . cm ;

Fructose: [𝛼0 ]20 -1 -1


𝐷 = -92,4 °.dm .g .cm
3

Lorsqu’une solution d’épaisseur L est composée de plusieurs espèces chimiques optiquement actives, la
rotation totale α du plan de polarisation de la lumière est égale à la somme algébrique des rotations dues à
chaque substance :

𝑛 𝑛

𝛼 = ∑ 𝛼𝑖 = 𝐿 ∑[𝛼0 ]𝑖 𝐶𝑖
𝑖=1 𝑖=1

Comme le pouvoir rotatoire est fonction de la concentration, il est possible donc par mesure de pouvoir
rotatoire des solutions optiquement actives à l’aide d’un polarimètre de Laurent : doser une solution, identifier
des solutés, ou suivre les cinétiques des réactions.

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