Le législateur OHADA a organisé deux sociétés commerciales caractérisées par la responsabilité illimitée des associés au passif social : chaque associé peut répondre seul de toute la dette que la société a envers les tiers, sans qu’il n’y ait besoin de poursuivre chacun proportionnellement à sa participation au capital social. Il en est ainsi dans la société en nom collectif (SNC) et la société en commandite simple (SCS). §1. Société en Nom Collectif La société en nom collectif est celle dans laquelle tous les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales (AUSCGIE, article 270). 98 Le caractère solidaire de la responsabilité au passif social signifie que le créancier que la société ne parvient pas à désintéresser peut, à son seul choix, poursuivre l’un quelconque des associés sur le patrimoine propre de ce dernier. Le caractère indéfini de cette responsabilité veut dire que l’associé poursuivi peut l’être pour la totalité de la dette sociale sans égard à la hauteur de sa participation au capital social. Un associé minoritaire peut ainsi être condamné à tout payer, mais il pourra ensuite se retourner contre ses coassociés pour exiger de chacun d’eux une contribution à la dette sociale proportionnelle aux apports respectifs des uns et des autres. La société en nom collectif est désignée par une dénomination sociale (utilisée autrefois pour la SNC, la notion de « raison sociale » est désormais écartée), à laquelle peut être incorporé le nom d’un ou plusieurs associés, et qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots « société en nom collectif » ou du sigle « SNC ». Le capital social est divisé en parts sociales de même valeur nominale. A. Organisation et fonctionnement de la société en nom collectif 1. Gérance La gérance est organisée par les statuts de la société en conformité avec les dispositions de l’Acte uniforme. Les statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants, associés ou non, personnes physiques ou morales, ou en prévoir la désignation par un acte ultérieur. D’une manière générale et pratique, lors de la constitution de la société, la désignation s’opère dans les statuts ; durant la vie sociale, elle résulte des décisions de la collectivité des associés. Si une personne morale est gérante, ses dirigeants sont soumis aux mêmes conditions et obligations et encourent les mêmes responsabilités civiles et pénales que s’ils étaient gérants en leur nom propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale qu’ils dirigent. A défaut d’organisation de la gérance par les statuts, tous les associés sont réputés être gérants. Si les statuts de la société ne déterminent pas les pouvoirs du gérant, ce dernier a, dans les rapports entre associés, le pouvoir d’accomplir tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans l’objet social. La société peut aussi être engagée à l’égard des tiers de bonne foi pour ses actes situés en dehors des limites de l’objet social. 99 La rémunération des gérants est fixée par les associés, à la majorité en nombre et en capital des associés. Si tous les associés sont gérants, ou si un gérant associé est désigné par les statuts, la révocation de l’un d’eux ne peut être faite qu’à l’unanimité des autres associés. Cette révocation entraine la dissolution de la société, à moins que sa continuation ne soit prévue dans les statuts ou que les autres associés ne la décident à l’unanimité. 2. Décisions collectives et assemblée générale annuelle Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants sont prises à l’unanimité des associés. Toutefois, les statuts peuvent prévoir que certaines décisions seront prises à une majorité qu’ils fixent. Les délibérations violant ce principe sont nulles. Les décisions collectives sont prises en assemblée ou par consultation écrite, si la réunion d’une assemblée n’est pas demandée par l’un des associés. Les actes ou délibérations faits en violation de la loi sont nuls. L’assemblée générale annuelle se tient chaque année, dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice. Il y est soumis à l’approbation des associés, le rapport de gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse établis par les gérants. L’assemblée générale annuelle ne peut valablement se tenir que si elle réunit une majorité d’associés représentant la moitié du capital social au moins. 3. Contrôle des associés Bien que la société soit gérée par un ou plusieurs gérants, le législateur OHADA a reconnu aux associés non gérants, le droit de contrôler la gestion de la société. Les associés non gérants ont, en effet, le droit de consulter, au siège social, deux fois par an, tous les documents et pièces comptables ainsi que les procès-verbaux des délibérations et des décisions collectives. Ils ont le droit d’en prendre copie à leurs frais. 4. Dissolution et liquidation de la société La société en nom collectif peut prendre fin par dissolution en cas de décès d’un associé. Toutefois, les statuts peuvent prévoir que la société continuera, soit entre les associés survivants, soit entre les associés survivants et les héritiers ou successeurs de l’associé décédé. La société peut également prendre fin lorsqu’une décision de liquidation des biens, de faillite ou des mesures d’incapacité ou d’in100 terdiction d’exercer une activité commerciale est prononcée à l’égard d’un associé, à moins que les statuts de la société ne prévoient la continuation, ou que les autres associés ne le décident à l’unanimité. §2. Société en commandite simple A. Définition et particularisme Les dispositions relatives aux sociétés en nom collectif sont applicables aux sociétés en commandite simple, sous réserve de quelques règles particulières. La société en commandite simple est celle dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales, dénommés « associés commandités », avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports, dénommés « associés commanditaires » ou « associés en commandite », et dont le capital est divisé en parts sociales. Comme on peut le constater, la société en commandite simple comprend deux catégories d’associés : les « associés commandités » dont la situation juridique est identique à celle des associés d’une SNC (ils ont la qualité de commerçant et doivent remplir les conditions y relatives) et associés dénommés « associés commanditaires » (dont la situation juridique se rapproche quelque peu de celle des associés de la SARL). La société en commandite simple est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie, en caractères lisibles, des mots « société en commandite simple » ou du sigle « S.C.S ». Le nom d’un associé commanditaire ne peut en aucun cas être incorporé à la dénomination sociale, à défaut de quoi ce dernier répond indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Par contre, le nom des associés commandités peut figurer dans la dénomination sociale. B. Organisation et fonctionnement de la société en commandite simple 1. Gérance La société en commandite simple est gérée par tous les associés commandités, sauf clause contraire des statuts qui peuvent désigner un ou plusieurs gérants, parmi les associés commandités, ou en prévoir la désignation par un acte ultérieur, dans les mêmes conditions et avec les mêmes pouvoirs que dans une société en nom collectif. 101 L’associé ou les associés commanditaires ne peuvent faire aucun acte de gestion externe, même en vertu d’une procuration. En cas de contravention à cette prohibition, l’associé ou les associés commanditaires sont obligés indéfiniment et solidairement avec les associés commandités pour les dettes et engagements de la société qui dérivent des actes de gestion qu’ils ont faits. 2. Décisions collectives et assemblée générale annuelle Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants sont prises par la collectivité des associés. Les statuts fixent les modalités de consultation, en assemblée ou par consultation écrite, ainsi que les règles de quorum et de majorité. Les délibérations prises en violation des clauses statutaires sont nulles. L’assemblée générale annuelle se tient chaque année, dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice social. Il y est soumis à l’approbation des associés, le rapport de gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse établis par les gérants. L’assemblée générale annuelle ne peut valablement se tenir que si elle réunit une majorité d’associés représentant la moitié du capital social. Toute délibération prise en violation de cette règle est nulle. 3. Contrôle des associés Les associés commanditaires et les associés commandités non gérants ont le droit, deux fois par an, d’obtenir communication des livres et des documents sociaux et de poser, par écrit, des questions sur la gestion sociale, auxquelles il doit être répondu également par écrit. 4. Dissolution et liquidation de la société La société continue malgré le décès d’un associé commanditaire. S’il est stipulé qu’en cas de décès de l’un des associés commandités, la société continue avec ses héritiers, ceux-ci deviennent associés commanditaires lorsqu’ils sont mineurs non émancipés (car un associé commandité doit remplir les conditions requises pour être commerçant, ce qui n’est pas possible pour un mineur non émancipé). Si l’associé décédé était seul associé commandité et si ses héritiers sont encore mineurs non émancipés, il doit être procédé à son remplacement par un nouvel associé commandité. Autrement, il faudra procéder, dans un délai d’un an (à compter du décès), à la transformation de la société en une autre forme de société. A défaut, la société sera dissoute de plein droit à l’expiration du délai d’un an. __