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Les sociétés civiles de droit commun

Les sociétés civiles représentent 50 % du nombre total des sociétés. Elles ont vocation à gérer
un patrimoine, accueillent une fortune immobilière et se trouvent essentiellement dans les
secteurs agricole et libéral. Une société civile n’accomplit pas d’actes de commerce mais une
activité civile. La société civile de droit commun est exploitée sous plusieurs formes (SCI,
SCP et SCM). Toutes partagent une souplesse d’organisation, un fort intuitu personae et une
responsabilité indéfinie et conjointe des associés.

Près de 140 000 sociétés civiles ont été immatriculées chaque année et 80 000 ont été radiées,
soit un différentiel de 60 000 sociétés civiles actives (Infogreffe, 2021).

Les règles de fonctionnement sont prévues par le code civil (Article 1845 à 1870-1). Et ses
litiges relèvent des juridictions civiles (tribunal judiciaire).

La société civile de droit commun (SC)

A. La constitution de la société

1. Les conditions de fond

Principe.
Les sociétés civiles de droit commun sont constituées comme toutes les autres sociétés.
Quelques points méritent notre attention.

Objet social.
L’objet d’une société civile doit être civil. Sont civiles les activités agricoles, immobilières
(ex : achat de terrains en vue de leur revente après construction ; location), libérales (activité
vétérinaire, une activité comptable).

Associés
Ils doivent être au moins deux, personnes physiques ou morales. La loi ne fixe aucun
maximum. En ce qui concerne la capacité d’un mineur ou d’un majeur protégé à devenir
associé, il convient d’appliquer les règles relatives aux associés de SARL. La capacité
commerciale n'est pas exigée puisque la société n'accomplit pas d'actes de commerce.
Depuis la loi du 28 mars 2011, article 1857 du code civil, les associés de la société civile sont
responsables indéfiniment et conjointement des dettes de la société. Mais subsidiairement,
c'est à dire qu'à l'égard des tiers, les associés répondent indéfiniment des dates sociales à
proportion de leur part dans le capital à la date de l'exigibilité ou au jour de la cessation de
paiement.

Ainsi, l'associé est tenu des dettes sociales :

De manière indéfinie, c'est à dire en fonction de la dette sociale, mais à proportion de sa part
en capital social.

Exemple : Si un associé détient 70% du capital social et l'autre 30%, le créancier ne pourra
demander à celui qui détient 70% de rembourser plus que 70% de la dette.
De manière conjointe, le créancier va s'adresser à tous les associés.
De manière subsidiaire, c'est à dire que le créancier poursuit en priorité la société, puis
seulement les associés (Article 1858 du code civil).

A noter : Selon l'article 1857 alinéa 2 du code civil, l'associé qui n'a fait qu'un apport en
industrie est tenu comme l’associé qui détient la part la plus faible.

Capital social.
Aucun minimum n’est fixé par le législateur. Le capital est composé des apports des associés,
en numéraire et en nature. La loi n’a prévu aucune règle en matière de libération des apports,
s’en remettant aux statuts et aux associés.
Ces derniers peuvent faire des apports en industrie mais ils ne concourent pas à la formation
du capital social.
Les associés peuvent introduire une clause de variabilité du capital. En contrepartie des
apports, les associés, reçoivent des PS de valeur égale). Ces titres ne peuvent pas être offerts
au public.

2. Les conditions de forme

Statuts.
Ils sont établis par écrit et obéissent aux mêmes règles que celles relatives aux sociétés
commerciales.
S’ils sont établis par acte sous signature privée, une copie certifiée conforme doit être remise
à chaque associé.

Publicité.
Les SC obéissent aux mêmes règles que les sociétés commerciales. En conclusion, à compter
de l'immatriculation, la société civile obtient la personnalité juridique.

Le Fonctionnement
1. Les dirigeants

Statut.

La société civile est gérée par une ou plusieurs personnes, physiques ou morales, associées ou
tiers. Les gérants sont nommés :
• soit par les statuts
• soit par un acte distinct (acte sous signature privée ou acte notarié, annexé aux statuts et
signé par tous les associés)
• soit par une décision des associés.
Dans cette dernière hypothèse, le gérant est nommé par des associés représentant plus de la
moitié des PS.

Dans le silence des statuts, et sauf s’il en a été décidé autrement par les associés, il est nommé
pour la durée de vie de la société.
La révocation du gérant par les associés.
Le gérant est révocable par une décision des associés représentant plus de la moitié des PS.
Cette règle n’est pas d’ordre public et les associés peuvent convenir d’une autre règle. En
principe, la révocation doit être décidée sur justes motifs. Ici également la règle est supplétive.
Il est donc possible d’écarter toute indemnisation du gérant même si elle est prononcée sans
justes motifs.
Par décision judiciaire.
À la demande de tout associé, le gérant est révocable sur motifs légitimes par décision du
juge.

Conséquences de la révocation.
Sauf clause contraire, la révocation du gérant n’entraîne pas la dissolution de la société.

Pouvoirs.
Il existe une similitude entre le gérant de la SC et le gérant de la SNC

Pouvoirs du gérant

Responsabilité civile.
Selon le droit commun, chaque gérant est responsable individuellement envers la société et les
tiers des infractions aux lois et règlements, des violations des statuts et des fautes de gestion.

2 types d’action sont possibles :

• l’action individuelle
• l’action sociale.

Responsabilité pénale.
Il n’existe pas de dispositifs spécifiques aux infractions commises par le gérant. De longue
date, la jurisprudence a admis que celui-ci pouvait être condamné sur la base du droit
commun (ex : abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, recel)
Actions contre le gérant

Les Associés

Droits politiques.
Conformément au droit commun, les associés ont le droit d’être informés. Au moins une fois
par an, ils peuvent obtenir communication des documents sociaux, poser par écrit des
questions auxquelles il est répondu par la même voie, dans le délai d’un mois.
Toujours selon la même périodicité, les gérants doivent rendre compte de leur gestion dans un
rapport écrit.
Le droit à l’information permet aux associés une participation à la vie collective. En
principe, chaque associé dispose d’un droit de vote. Mais les statuts peuvent prévoir que le
nombre de parts détenues est proportionnel aux droits de vote. Les décisions qui excèdent les
pouvoirs des gérants sont prises collectivement : en principe, à l’unanimité. Pour éviter tout
blocage, il est possible d’écarter cette règle.
Les décisions collectives sont normalement prises en assemblée. D’autres modes sont
envisageables si les statuts le permettent : consultation écrite et acte signé par tous les
associés.

Un associé a le droit de demeurer associé et de se retirer, partiellement ou totalement.

Droits financiers.
Les associés ont des droits financiers. Parmi ceux-ci ils ont un droit aux bénéfices. Il est
proportionnel à la fraction de capital détenue. Une clause statutaire peut prévoir une autre
distribution. Toutefois, une stipulation qui écarterait un associé totalement du profit serait
réputée non écrite.
Droit de cession des parts sociales.
La société civile est marquée par l’intuitu personae. Aussi les parts sociales ne peuvent-elles
être cédées qu’avec l’accord de tous les associés. Cette règle n’est pas d’ordre public. La
liberté statutaire permet :

• de soumettre l’agrément à une simple majorité


• d’autoriser le gérant à donner cet agrément
• de soustraire les cessions intrafamiliales à l’agrément.
En revanche, la cession des parts sociales à des tiers étrangers est soumise à agrément

Obligations.
Les associés contribuent aux pertes proportionnellement à leurs apports. Une clause statutaire
peut prévoir une autre répartition. Toutefois, une stipulation qui écarterait totalement un
associé des pertes serait réputée non écrite. Les associés ont une obligation indéfinie et
conjointe aux dettes. Elle s’exerce après que les créanciers ont poursuivi préalablement et
vainement la personne morale. Un créancier ne peut réclamer le paiement d’une dette à
l’associé d’une société civile que s’il a préalablement et vainement poursuivi la personne
morale.

Le droit de retrait des associés de la société civile


Contrairement aux associés d'une société commerciale, les associés d'une société civile
peuvent exercer leur droit de retrait. Cela signifie qu'ils peuvent se retirer de la société de
manière totale ou partielle après autorisation des autres associés, accordés à l'unanimité ou
bien après autorisation judiciaire pour juste motif, le retrait permet d'obtenir le
remboursement de la valeur de ces droits sociaux et a pour effet la réduction du capital social
de manière promotionnelle au parts retirées.
Les événements de la vie sociale
1. La nomination du CAC

Elle n'est pas obligatoire. Elle le devient cependant, quand la société civile franchit 2 des 3
seuils suivants :
4 000 000 E du total du bilan
8 000 000 E de chiffre d'affaires HT
Effectifs de 50 salariés au cours de l'exercice social

Quand la société n'a pas franchi 2 de ces seuils, la nomination est par conséquent facultative.
Enfin, la nomination peut être le résultat d'une décision des associés ou de justice à la
demande de tout associé.

2. La transmission des parts de la société en cas de décès

Transmission à une personne physique.


En cas de décès d’un associé, la loi offre de nombreuses possibilités pour que l’activité
sociale perdure. Dans le silence des statuts, la société n’est, en principe, pas dissoute : elle
continue son activité sociale avec les héritiers et légataires de la personne décédée. Cette règle
n’est pas d’ordre public. En conséquence les statuts peuvent prévoir la dissolution ou la
continuation avec les seuls associés survivants, avec le conjoint survivant ou encore avec
toute personne qui y serait désignée ou qui figurerait au testament de la personne décédée. La
transmission peut s’accompagner de l’éviction de certains associés potentiels (ex : les
héritiers) et de l’arrivée d’autres associés. Les premiers ont droit au remboursement de leurs
parts. Les seconds répondent des dettes sociales dans les mêmes proportions que tous les
autres associés.

Transmission à une personne morale.


Dans cette hypothèse, la personne morale devient associée avec l’agrément des autres
associés. Il est possible d’écarter cette règle par des dispositions statutaires.

La transformation de la société civile


L’article 1844-3 du Code civil précise que la transformation régulière en une société d’une
autre forme n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle.

La disparition de la société civile


Les formalités sont les mêmes que pour toute société. (Article 1844-7 du code civil).
Il existe cependant également des causes spécifiques :
Absence du gérant depuis plus de 1 an
Révocation du gérant si cette cause est prévue par les statuts
Décès d'un associé si cette cause est prévue par les statuts
Incapacité, redressement, liquidation d'un associé si cette cause est prévue par les statuts.

Les conséquences de la disparition

La dissolution de la société civile entraîne les mêmes formalités que celles prévues pour une
société commerciale ainsi que sa liquidation.
C'est à dire un inventaire du passif et de l'actif pour un liquidateur, le recouvrement des
créances sociales et la réalisation de l'actif, la répartition de l'éventuel Boni de liquidation
entre les associés après règlement des dettes sociales.

(Voir tableau page 241)

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