Vous êtes sur la page 1sur 18

TECHNIQUE D’OBSERVATION ET DE

QUESTIONNAIRE

Méthodologie de l’observation
Généralement, les sciences sociales (Sociologie, économie, psychologie, anthropologie,
communication) sont des sciences d’observation de la vie sociale. Lorsque les chercheurs de
ces disciplines s’intéressent à des objets contemporains, ils ont la possibilité d’aller voir les
acteurs en situation et de saisir les pratiques sociales en temps réel (Arborio, 2007). La
sociologie a mobilisée dès le début les techniques d’observation en s’inspirant du modèle des
journalistes, mais, en s’institutionnalisant, elle s’en est détournée pour préférer des formes
d’investigation plus conformes aux modèles des sciences de la nature et de la psychologie.

L’observation peut être définie comme « un regard porté sur une situation sans que celle-ci
soit modifiée » (Ghiglione & Matalon, 1991, p. 11) 1. En sociologie c’est surtout est une
technique de recueil de données afférentes à la situation par le visuel. L’observation peut être
directe, indirecte, participante et nécessiter plusieurs techniques et outils. L’objectif final de
l’observation est de trouver une signification sociologique aux données recueillies, de les
classer et de mesurer leur degré de généralité (Peretz, 2004).

1.1 Que faut-il (peut-on) observer ?

L’observation peut porter sur : • Les gestes, les postures, les déplacements (activité effectrice,
motrice) • Les mimiques, des indices émotionnels (agitation, tremblements, bâillements,
pleurs…) • Les enchaînements réels des tâches • Les directions du regard (prise d’info)
(activité perceptive) • Les verbalisations (communications, échanges) • La performance (les
résultats ou les traces de l’activité : les erreurs, la production…)

1Ghiglione Rodolphe et Matalon Benjamin, Les enquêtes sociologiques : théories et


pratique, Paris, A. Colin, coll. « Collection U. Série Sociologie », 1991, 301 p.

1.2 Les techniques d’observations

L’observation directe Elle consiste à constater directement par la vue les faits, les
comportements d’un individu ou d’un groupe, les situations, l’évènement, le phénomène
social. L’observation directe peut être libre ou planifiée. Elle est libre, lorsque le chercheur
observe le fait social tel que ce dernier se présente à lui ; elle est planifiée quand le chercheur
crée lui-même les situations pour vérifier ou expérimenter (observation clinique).
L’observation directe peut être définie selon quatre critères : l’environnement de
l’observation (naturel ou en laboratoire), la spontanéité du phénomène (provoquée ou non), le
matériel utilisé et le type de relation entre observateur et observé.

L’observation indirecte Cette technique implique l’usage d’outils intermédiaires pour


récolter de données (Norimatsu & Pigem, 2008). On peut par exemple, enregistrer les
comportements des individus ou des groupes par le moyen d’une caméra. On peut aussi
recourir à des auto-observations par les individus (les agendas des opérations de poste, les
budgets-temps…). L’observation participante Bogdan et Taylor (1975) définissent comme
suit l'observation participante : "une recherche caractérisée par une période d'interactions
sociales intenses entre le chercheur et les sujets, dans le milieu de ces derniers. Au cours de
cette période des données sont systématiquement collectées (...)" Sur les plans théoriques et
pratiques, l’observation participante été fortement marquée par l’Ecole de Chicago avec
William Thomas et Robert Park et qui mettaient beaucoup en avant l’approche qualitative et
ethnographique dans leurs recherches. Dans le cadre d’une observation participante, le
chercheur s’intègre dans le groupe observé, participe dans les activités et partagent leurs
expériences. Par cette technique, le chercheur peut créer une relation étroite entre lui et les
acteurs observés afin d’avoir des échanges et des interactions spontanés et approfondis
(Noramitsu). Deux niveaux de participation sont alors possibles.

La participation périphérique ou partielle. Le chercheur est dans le groupe ou


l’environnement d’étude mais ne participe pas activement. Il a un rôle plus ou moins passif
parce que la situation ne lui laisse pas l’opportunité d’agir. Ex : cérémonies sacrées, actes de
violences ou de délinquance. La participation active. Le chercheur participe au groupe en
exerçant les mêmes activités, en jouant le même rôle que le groupe observé. Dans ce cas, il se
comporte comme un membre à part entière puisqu’il partage les mêmes objectifs et les
mêmes sensations que le groupe ou la communauté. Toutefois, l’observation participante met
le chercheur dans une double position (observateur-observé) parfois difficile à cerner ou à
gérer. De plus, cette technique demande beaucoup de temps et parfois de ressources.
La participation complète. Elle se subdivise elle-même en deux sous-catégories: -- une
participation complète par opportunité où le chercheur met à profit l' "opportunité" qui lui est
donnée par son statut déjà acquis dans la situation. Le chercheur, ici, est d'abord membre de
la situation.

-- une participation complète par conversion. C’est le cas ou le chercheur change de statut
pour adopter celui du groupe. Cela suppose l'immersion totale par laquelle on devient
membre à part entière. Cette notion de "participation complète" met ensemble deux types de
chercheurs tout à fait hétérogènes:

- l'observateur participant interne (OPI.) : des chercheurs qui sont déjà, de par leur statut,
dans la situation qu'ils étudient (qui travaillent en institution en tant qu'enseignants dans un
établissement ou "dans la rue en tant que travailleurs sociaux) et qui, de praticiens,
deviennent chercheurs;

- l'observateur participant externe (OPE.) : des ethnologues professionnels, ou en voie de


professionnalisation (préparant une thèse) qui eux poussent à l'extrême la participation,
jusqu'à une participation-fusion par "conversion". Mais ces derniers viennent du dehors, alors
que les enseignants et les travailleurs sociaux (entre autres) qui deviennent chercheurs sont
déjà dans la situation.

1.3 Les instruments d’observation


La grille d’observation : L’observation est une technique qui nécessite d’outils pratiques
capables de faciliter le recueil de données. L’un des instruments le plus utilisé est la grille
d’observation. C’est une sorte de tableau qui dresse la liste de ce qu’il faut observer et les
éléments qui y sont associés. Exemple : on peut observer les comportements, les réactions, le
langage, le vestimentaire, les stratégies, les techniques, ….Cet outil permet à l’observateur de
savoir quoi observer et coder l’observation. « L’élaboration d’une grille d’observation est une
opération délicate puisqu’elle aboutit à la saisie de l’objet sous une certaine forme »
(réduction, filtrage, codage). (Pedinielli & Fernandez, 2011)2 Les grilles d’observation offre
des possibilités de quantification, de comparaison et facilite l’examen de la fidélité et validité
de l’observation. L’élaboration d’une grille d’observation est une opération délicate
puisqu’elle aboutit à la saisie de l’objet sous une certaine forme (réduction, filtrage, codage)
(Pedinielli & Fernandez, 2011). Le cahier de terrain Par ailleurs, étant donné que
l’observation suppose de retenir un grand nombre d’informations (organisation de l’espace,
décompte de personnes, trajectoires dans l’espace, extraits de conversation, etc.), la prise de
note sur place est utile pour pallier les limites de la mémoire. L’observation : la mise en
œuvre L’observation nécessite plusieurs ressources : • un ou plusieurs observateurs • un objet
ou un sujet (individus ou groupes) • un terrain • du temps • une ou plusieurs grilles • des
consignes aux observateurs • du matériel d’enregistrement (si nécessaire)

1.4 Comment préparer les observations ?

Identifier les objectifs de l’observation

Prendre connaissance du terrain (documents, interviews…) o Définir le plan général


d’observation (qui observer ? quand ?…) o Définir les grilles : comportements à observer et
caractéristiques à repérer (fréquence, délai, durée, enchaînements…).

1.5 Comment procéder aux observations ?

Dans le cas d’une observation directe il est important de:  Etre sur place et s’adapter au
milieu (se faire accepter, climat de confiance, relations naturelles…)  Observer le
déroulement ordinaire du travail.  Interférer le moins possible (pas de prise de position, pas
d’encouragement, ne pas répondre aux demandes d’aide…)  Poser des questions à caractère
informatif (questions spontanées liées aux circonstances).  Ne pas interrompre les personnes
à tout moment.  Récolter, recueillir de manière la plus objective possible (enregistrer) les
données.  Ne pas interpréter tout de suite.

En somme, le chercheur en sciences humaines et sociales peut utiliser l’observation pour


recueillir des données pour son étude. Toutefois, il faut beaucoup de précautions pour obtenir
de données de qualité parce que l’environnement est assez instable et la position du chercheur
peut constituer un biais important qui affecte facilement la qualité des enquêtes. Car, «
observer c’est savoir être par rapport aux exigences du terrain choisi. C’est également savoir
être en fonction du cadre déontologique et moral fixé. Mais observer, c’est aussi savoir
s’observer en train d’observer » (Dargere, 2002, p. 52).

Conclusion Pour conclure, les méthodes qualitatives sont très intéressantes à utiliser
lorsqu’on souhaite comprendre en profondeur un fait social. On peut utiliser la revue
documentaire, l’entretien ou l’observation pour recueillir des données de qualité. Toutefois, «
le travail qualitatif ne saurait suffire à une analyse approfondie de certains objets. Il conduit
généralement le chercheur à donner une importance particulière aux dysfonctionnements
sociaux alors que l’approche quantitative relativise au contraire certains comportements
atypiques ». (Dietrich, Loison, & Roupnel, 2010, p. 219). De plus, en plus, les chercheurs en
sciences sociales choisissent d’utiliser les deux méthodes (qualitative et quantitative) ou de
les combiner. L’avantage d’une telle articulation méthodologique est qu’elle permet de
diversifier l’approche mais aussi d’expliquer de façon plus ou moins globale le phénomène
étudié par le biais de triangulation (converger ou corroborer des résultats provenant des deux
méthodes), de travail de complémentarité (mettre en valeur ou clarifier les résultats d’une des
méthodes avec les résultats de l’autre) et de développement (affiner et pousser l’analyse
effectuée dans une des méthodes grâce aux résultats apportés par l’autre méthode) (Greene,
Caracelli, & Graham, 1989). Car certains questionnements trouvent des réponses grâce à
l’approche compréhensive tandis que d’autres nécessitent l’approche quantitative et
statistique (Dietrich, Loison, & Roupnel, 2010). Ainsi, en combinant les deux méthodes, nous
espérons mieux expliquer la protection sociale au Sénégal.

Méthodologie du questionnaire
La méthodologie quantitative fait principalement appel au questionnaire pour recueillir les
données lors des enquêtes sociodémographiques. En fait, le questionnaire est l’un des
meilleurs outils pour collecter des informations auprès d’un échantillon de grande ou
moyenne taille. Sa finalité est de recueillir des données factuelles ou subjectives qui
permettront une explication objective par le moyen des statistiques, d’un fait social. Avec le
questionnaire on peut mesurer les caractéristiques (situations, comportements, opinions, ou
attitudes) dans une population donnée mais en sciences humaines et sociales, elles visent
surtout à analyser les relations entre ces caractéristiques (Parizot, 2010, p. 93). Dans ce
chapitre, il est question de la méthodologie du questionnaire. Après avoir défini le
questionnaire et montrer les règles et conditions de sa construction en premier lieu, nous
allons nous intéresser à la structure et le contenu du questionnaire dans un second temps et
terminer avec les modes d’administration et les principaux biais liés à cet instrument
indispensable en techniques d’enquête quantitative.

2.1 Définition et objectifs d’un questionnaire

Qu’est-ce qu’un questionnaire ?


C’est un ensemble de questions écrites portant sur un sujet particulier et obéissant à des
règles précises de préparation, de construction et de passation. Par définition, c’est « un
instrument rigoureusement standardisée à la fois dans le texte des questions et dans leur ordre
» (Ghiglione & Matalon, 1991, p. 98). Autrement dit, les questions doivent être bien
formulées et s’enchaîner de manière structurée et cohérente. Le questionnaire aide à la
collecte méthodique d’informations dans le cadre d’une enquête, de façon directe par
l’intermédiaire d’un enquêteur ou indirecte à travers un document (en papier) ou un lien
internet reçus. L’outil vise à obtenir avant tout des informations sur un sujet ou un fait social
mais, il est aussi utilisé pour vérifier (valider ou infirmer) des hypothèses.

Enfin, le questionnaire permet d’obtenir des renseignements quantitatifs ou qualitatifs, précis


et exploitables, souvent présentés sous forme de tableaux ou graphiques. Il existe une grande
variété de questionnaires que l'on classe selon le but visé : d'opinion, d'intérêt, de
connaissance, de motivation, etc.

Les objectifs d’un questionnaire : Lorsque le chercheur a recours au questionnaire, il


vise plusieurs objectifs. Parmi les plus poursuivis, Rodolphe Ghiglione3 distingue les
objectifs suivants :

- L’estimation : il s’agit d’une collecte de données, d’une énumération de ces données.


C’est la démarche la plus élémentaire dans le questionnaire. On ne cherche pas à comprendre
les données, on cherche à les mettre à plat. L’estimation peut porter sur des grandeurs
absolues (données primaires), comme les données socioéconomiques : niveau d’études,
niveau professionnel. Il s’agit de faire un bilan, de donner un état de fait.

- La description : il s’agit de retirer des informations qui décrivent les phénomènes


subjectifs qui sous-tendent les phénomènes objectifs et d’expliquer ainsi les phénomènes
objectifs, comme les motivations, les représentations, les opinions et attentes qui orientent
nos choix rationnels (nos comportements objectifs). On aborde ici le système de
représentations de l’enquêté.

- La vérification d’une hypothèse : il s’agit ici d’une démarche déductive, le


questionnaire devient un outil pour confirmer ou infirmer une hypothèse. Cette approche
n’est possible que si l’on a une connaissance suffisante des problèmes à étudier. Le
questionnaire est construit en fonction des hypothèses qui donnent un axe, une direction pour
élaborer le questionnaire. On est à l’opposé du questionnaire pour poser juste des questions.
2.2 Règles de base pour l’élaboration d’un questionnaire
Le questionnaire est un outil de recueil de l’information. Il est construit en dernier lieu après
la problématique, les hypothèses et la méthodologie. La construction du questionnaire
suppose aussi une connaissance préalable du terrain (population étudiée, domaine de
recherche).

Pour construire un questionnaire, il est important de : Distinguer les catégories d’information


recherchées : faits, connaissances, opinions, attitudes ou comportements, convictions,
motivations, . . . • Veiller à la pertinence et à l’ utilité des questions • Motiver et faciliter la
tâche de l’enquêteur avant de simplifier celle du chargé d’études • Respecter le souci
*d’objectivité (neutralité) • Tenir compte du mode d’administration du questionnaire • Penser
aux étapes ultérieures : dépouillement, codification, saisie, vérifications, traitements,

2.3 Les conditions de construction d’un questionnaire


Il existe quelques consignes à respecter pour construire un bon questionnaire. En effet, le
chercheur doit prendre considérer :

 Une question ne doit contenir qu’une et une seule idée.

 Elle doit être simple (utiliser des mots simples du langage courant parlé).

 Elle doit être claire et précise (choisir des mots qui ont une seule signification et qui ne
peuvent être mal interprétés par l’enquêté).

 Elle doit être courte et directe

 Elle doit être lue (ou entendue) facilement.

 Elle ne doit pas suggérer une réponse particulière.

 Elle ne doit pas comporter d’éléments d’émotivité.

 Les questions ne doivent pas - dans la mesure du possible - contribuer `a la production de


canon-réponses (manque d’exhaustivité, questions délicates, . . .).

2.4 Le contenu et la structuration d’un questionnaire

L’en-tête : ou la définition de l’objet et l’objectif de l’enquête Un questionnaire comporte


toujours un objet (le problème étudié), un objectif (l’hypothèse à vérifier) et la population
cible (défini selon l’objectif, l’importance, les ressources et la durée) Ex: Enquête auprès des
étudiants d’un établissement: elle vise à vérifier si les étudiants préfèrent rester chez eux pour
faire des cours à distances et, si oui jusqu’à quel niveau ?

Le corps du questionnaire Il existe plusieurs types de questions selon les modalités


de réponses. Les questions peuvent être fermées ou ouvertes et peuvent porter sur des faits ou
des opinions 2.4.2.1 Les questions fermées : Une question fermée est une question d’un
questionnaire pour laquelle la personne interrogée se voit proposer un choix parmi des
réponses préétablies. Les questions fermées collectent des faits précis qui permettent
d’obtenir aisément des réponses. De plus, elles sont faciles à dépouiller et les résultats sont
directement quantifiables. Toutefois les questions fermées sont souvent jugées restrictives. En
outre, les questions fermées nécessitent une connaissance préalable du sujet ou de l’objet
d’étude permettant de proposer les réponses adéquates, au risque de retrouver un grand
nombre de réponses sous le choix « autres ». De façon générale, on distingue :  des
questions fermées uniques (une seule réponse est possible) ou questions dichotomiques Ex:
Possédez-vous un ordinateur ? □ Oui □ Non  des questions fermées à choix multiple (on
peut choisir ou proposer une ou plusieurs réponses : Ex : pays visités : Gambie, Maroc,
France, Chine, Etats-Unis

Remarque Une succession de questions fermées va progressivement,… fermer le dialogue.


L’interlocuteur va ressentir la désagréable impression de vivre/subir un interrogatoire. En
revanche, les questions fermées sont utiles pour valider un accord et sont même conseillées
lorsque votre interlocuteur est bavard.

2.4.2.2 Les questions ouvertes : Les questions ouvertes sont souvent


formulées de façon à donner à l’enquêté la liberté de donner largement son opinion. Elles
commencent par un adverbe (pourquoi, combien, comment, quand) ou un adjectif/pronom
interrogatif (quel, quoi, qui) d’où le sigle QQOQCP (Quoi, Qui, Quand Où, Combien voire
comment, Pourquoi).

En fait, « Quand on emploi une question ouverte, on formule une interrogation sans présenter
une liste de réponses » (Fenneteau, 2015, p. 65). Ces types de questions facilitent réellement
le recueil d’opinions et de suggestions sans grande contrainte c’est-à-dire obliger l’enquêté de
choisir sur des réponses préétablies. La personne interrogée peut dire « ce qu’elle veut » sur
le sujet, aucune suggestion ne lui est faite. En outre, les questions ouvertes permettent
d’obtenir des réponses personnalisées et souvent très riches. Cependant, il est très difficile de
les traiter (sauf pour les questions ouvertes numériques) car il faut procéder à une analyse de
contenu, à des regroupements et des reformulations qui risquent de diminuer la qualité des
données. Par ailleurs, les questions ouvertes sont de deux catégories : les questions ouvertes
de faits et les questions ouvertes d’opinions. Les premières concernent des faits précis tandis
que les secondes portent sur les avis personnels, les jugements : Les questions de faits sont
des éléments objectifs, observables et facilement identifiables. Exemple questions sur l'âge,
le sexe, l'adresse, la profession, l'ancienneté, le salaire, le nombre d'enfants... Par contre les
questions d’opinions sont des éléments subjectifs de l’enquêté. Exemple : les goûts, les
préférences, la pensée, l’envie…

En somme, les questions qu’elles soient ouvertes ou fermées, qu’elles portent sur des
opinions ou des faits présentent des avantages et des inconvénients aussi bien pour
l’enquêteur que pour la personne enquêtée.

Tableau : avantages et inconvénients des types de questions Types de questions Utilisation


Avantages Inconvénients Ouvertes  Analyse exploratoire  Analyse qualitative 
Formulation ”naturelle” d’un problème  Offre la possibilité d’exprimer tous les aspects du
sujet  Permet d’obtenir des données numériques précises Pour l’enquêté :  Latitude dans le
choix et la formulation des réponses  Possibilité de diversité et de nuance

Pour l’enquêteur :  Latitude dans la formulation de la question  Utile quand on ne connait


pas le champ des réponses possibles ou qu’il est très vaste Pour l’enquêté :  Risque de
mauvaise compréhension des questions  Possibilité de ne pas répondre complètement 
Travail exigeant Pour l’enquêteur :  Travail plus important de saisie des réponses : Plus
grande difficulté de codage, analyse et interprétation Fermées

 Analyse quantitative  Confirmation d’idées  Obtention d’accord Pour l’enquêté :  Facile


`a répondre, souvent rapide  Plus anonyme Pour l’enquêteur  Facilité de dépouillement, de
codage et d’analyse  Moins couteux  Réponses plus consistantes  Peuvent servir de
questions filtres  Risque de trop simplifier un problème.  Peut susciter une réponse non
naturelle.  Peut engendrer une réponse en l’absence de connaissance ou d’opinion.  Peut
engendrer une réponse valorisante.  Les modalités proposées peuvent amener des non-
réponses
2.5 Le pré-test du questionnaire
Le test du questionnaire est une phase très importante voire indispensable dans le processus
d’enquête par questionnaire. Le pré-test doit permettre les vérifications suivantes :

 Termes compréhensibles, sans équivoque


 Ordre logique des questions
 Eventuels oublis ou incohérences
 Textes et consignes compréhensibles
 Questionnaire conforme à l’objectif recherché
 Temps réel ou approximatif de passation du questionnaire

Par ailleurs, le pré-test nécessite d’être réalisé dans des conditions similaires à celles dans
lesquelles le questionnaire final sera renseigné : même environnement, contexte, mode
d’administration et enquêtés similaires. Il doit porter sur des individus ayant les mêmes
caractéristiques que la population cible. Enfin, l’échantillon du pré-test dépend de l’ampleur
de l’enquête. D’une manière générale, on considère qu’environ 1 à 10% de l’effectif global
est une proportion acceptable pour un échantillon moyen. En somme, après l’élaboration du
questionnaire, il est primordial de procéder à un pré-test de cet instrument de collecte de
données. Cet exercice permet de valider la structure et le contenu du questionnaire dans un
contexte similaire à l’enquête réelle. Toutefois, il est important de garder à l’esprit que le pré-
test n’a « en rien la prétention ni l’espoir de saisir quelque aspect des objectifs de l’enquête, il
ne peut apporter aucun « résultat » sur ces objectifs. Il est centré sur l’évaluation des
instruments comme tels » (Mucchielli, 1993, p. 45).

L’enquête quantitative ou enquête par questionnaire


Les enquêtes quantitatives ou enquêtes par questionnaire sont très répandues de nos jours,
elles sont sollicitées par divers organismes et acteurs qui en font un instrument de prise de
décision. Elles reposent sur le principe de la standardisation essentielle pour assurer la
comparabilité des réponses entre enquêtés. « Les réponses similaires données par des
enquêtées différents sont considérées, lors de l’analyse comme équivalentes. Il convient dès
lors de poser précisément les mêmes questions à l’ensemble des personnes interrogées mais
aussi d’homogénéiser les conditions de passation» (Parizot, 2010, p. 94). Enquêter par
questionnaire n’est pas une chose facile. Le travail nécessite des codes, des stratégies, de la
rigueur et de l’aisance. Bref, c’est tout un art que le chercheur doit déployer pour administrer
correctement son questionnaire et recueillir de données de qualité. Avant tout, « un
questionnaire doit apparaitre comme un échange verbal, aussi naturel que possible. Les
questions doivent s’enchainer l’une à l’autre sans redites et sans coq-à-l’âne » (Ghiglione &
Matalon, 1991, p. 99). Ensuite, il faut mettre l’enquêté en confiance en lui garantissant
l’anonymat des réponses et de son identité si nécessaire. En outre, dans le cas d’une enquête
par quota, il faut s’assurer dès le début que la personne qu’on a en face épouse les critères
définis au moment de l’échantillonnage. Aussi, les premières questions sont très importantes.
Ce sont elles qui indiquent aux enquêtés le style général du questionnaire, le genre de réponse
attendu, le sujet abordé, etc. Le chercheur veillera à regrouper toutes les questions qui
portent sur une même thématique pour éviter les répétitions. Il faut assurer aussi une certaine
cohérence dans le contenu des questions et dans la succession des thèmes. Enfin, la durée
acceptable d’une enquête par questionnaire dépend beaucoup de l’intérêt que le sujet porte au
thème et à la manière dont il est abordé et aussi des conditions de passation.

3.1 De l’enquête quantitative ou par questionnaire


Il existe deux façons de recueillir les données par questionnaire : l’administration directe par
enquêteur et l’administration indirecte ou auto-administration L’enquête directe Elle consiste
à remplir le questionnaire en présence de l’enquêté. 3.1.1.1 L’enquête face à face Il consiste
pour l’administrateur (enquêteur) de passer au domicile de la personne à enquêter, ou de son
lieu de travail ou encore dans un endroit public afin de lui poser des questions ou de lui faire
remplir le questionnaire par lui-même. La présence de l’enquêteur dans une technique de
face-à-face autorise une grande interaction avec l’enquêté mais aussi permet à l’enquêteur
d’observer l’enquêté et l’environnement de l’enquête. Toutefois, la présence de l’enquêteur
est parfois source de biais (par exemple le sexe peut influencer l’enquête). Aujourd’hui les
supports informatisés (ordinateurs, tablettes, téléphones,…) remplace de plus en plus le
support papier. C’est la méthode CAPI (Computer Assisted Personnal Interview) ou TAPI
(Technology Assisted Personnal Interview) qui offre une plus grande interactivité et facilite
la saisie et le traitement rapide des réponses. Là aussi, la présence des outils informatisés
n’est pas sans incidence sur le déroulement de l’enquête. Il faut toujours s’interroger si les
représentations (sociales, économiques, financières et culturelles) qu’en ont les enquêtés
risquent ou non de perturber la relation d’enquête (Parizot, 2010, p. 96). 3.1.1.2 L’enquête
par le téléphone (mobile, fixe ou voip) Enquêter par téléphone permet de bénéficier de
l’intervention d’un enquêteur tout en réduisant les couts de passation. C’est la technique
utilisée dans le cas où les personnes à enquêter sont dispersées ou sont dans un endroit
inaccessible. Elle est fréquemment utilisée par les centres d’appel pour les télé-sondages ou
télé-enquêtes. L’avantage de l’enquête par téléphone est qu’il permet de saisir directement les
réponses sur ordinateur (c’est la méthode CATI qui signifie Computer, Assisted, Telephone
Interview), réduisant ainsi les coûts et les risques d’erreurs. L’inconvénient est le risque élevé
lié aux non réponses et l’abandon. De plus, il y a une incertitude en ce qui concerne
l’influence des réponses de la personne enquêtée par des tiers. Enfin, il faut s’assurer de la
qualité du son et de la stabilité du réseau pour une enquête téléphonique de qualité.

Par ailleurs, le questionnaire doit être court et les questions simples avec des items assez
réduits. Auto enquête ou enquête indirecte Cette technique consiste envoyer le questionnaire
à l’enquêté qui répond sans la présence de l’enquêteur. Le questionnaire est auto administré.
Cette technique réduit les biais liés à la présence de l’enquêteur. Sur des sujets sensibles, elle
présente l’avantage d’être moins indiscrète. Toutefois, elle suppose que les enquêtés sachent
écrire, lire et comprendre les questions et les consignes. 3.1.2.1 L’enquête par la poste Il
s’agit d’envoyer le questionnaire par la poste pour que la personne remplisse et renvoi le
questionnaire. La difficulté est souvent de connaître l’adresse physique de la personne et
d’avoir un service postal de qualité. Le questionnaire peut se perdre aussi ou bien la personne
peut négliger la réponse dans les délais. Par ailleurs, cette démarche peut être couteuse car, il
faut payer les timbres d’envoi et de renvoi.

3.1.2.2 L’enquête par moyen électronique


Il existe plusieurs grands types d’enquêtes par voie électronique, qui se différencient en
fonction du support qui abrite le questionnaire. La première technique consiste à envoyer un
courrier électronique avec en pièce jointe le questionnaire, à la personne à enquêter qui
renvoi le questionnaire après avoir répondu (méthode du « questionnaire attaché ». La
deuxième technique donne la possibilité au chercheur peut créer une page (formulaire
électronique) qu’il soumet à des individus pour réponse « méthode du système web intégré .
A ce niveau, le chercheur peut utiliser une page internet personnelle à travers un site internet
ou recourir à des plateformes comme Google doc, SurveyMonkey, lime Survey… Enfin avec
la troisième technique, le chercheur par le moyen de logiciels comme Sphinx, génère un lien
internet qu’il envoie à la population cible qui répond et à la fin, le questionnaire rempli est
automatiquement renvoyé au chercheur.
Le chercheur peut utiliser une base de données (mails) ou solliciter les individus sur les
réseaux sociaux comme Facebook, Whatsapp, Twitter pour une participation à des enquêtes
par questionnaire. L’enquête par mail est une technique moderne et peu couteuse mais il faut
que la personne enquêtée possède une connexion internet. En somme, qu’il s’agisse de
questionnaires papiers envoyés par la poste ou déposés (à domicile ou au travail) ou d’un
questionnaire en ligne, l’une des principales limites à l’administration indirecte est le faible
taux de réponse qu’obtiennent les enquêtes auto administrées (Parizot, 2010, p. 98). Il faudra
donc, accompagner le questionnaire d’une lettre de recommandation ou lettre de présentation
pour rassurer l’enquêté et le motiver à participer à l’enquête en répondant au questionnaire.

En conclusion, selon la technique choisie, la récolte des données peut avoir un certain impact
sur le questionnaire, l’échantillonnage, la qualité de l’interview et le coût. D’un coté, au
niveau du questionnaire et de l’échantillon, le recueil par la technique de face-à-face
(administration directe) à domicile est très adapté pour les questions longues, la possibilité
d’utiliser du matériel audiovisuel, pour le contrôle de l’échantillon et l’optimisation du taux
des réponses. Par ailleurs, le domicile est aussi très adaptée pour approfondir les discussions,
aborder les sujets sensibles vérifier la compréhension des questions et la qualité des
réponses. Ce lieu permet donc d’apporter une plus-value en termes de qualité pour l’enquête.
Enfin, les enquêtes par face-à-face à domicile sont peu onéreuses, demandent peu de temps
pour la réalisation et sont souvent faciles plus ou moins faciles à organiser. De l’autre côté,
les enquêtes qui utilisent les techniques comme le courrier, le téléphone ou le courriel (email)
suggèrent des questionnaires de dimension moyenne ou courte, des couts qui peuvent être
assez conséquents, un temps de réalisation plus ou moins long et des taux de non réponse
parfois élevés. De plus, on ne peut pas contrôler facilement le processus des réponses,
l’échantillon et la qualité des réponses. Par contre, c’est un bon moyen d’assurer l’anonymat
et de réduire l’effet des bisais liés à la présence physique de l’enquêteur.

Tableau : synthèse des avantages et inconvénients des techniques d’enquête par questionnaire

Méthode Avantages ---- Inconvénients

Face-à-face
 Rassure l’interviewé et accroît le taux de réponse  Adapté aux questionnaires longs et à
des questions un peu complexes  Possibilité de faire préciser des réponses ambigües ou
d’expliciter des questions qui ne sont pas claires  Facilite les questionnaires à tiroir (si
réponse X allez à la partie Y)  Interactif (utilisation possible de visuels, d’objets…

 Coût élevé  Délai de mise en œuvre important  Les questions sont habituellement fermées
ou préformées en raison de difficulté d’enregistrer la réponse à des questions ouvertes

Courrier

 réduit les effectifs nécessaires et les coûts  anonymat des réponses plus important qu’en
face-à-face  plus grande flexibilité (l’interviewé répond quand il a le temps)  permet de
transmettre le questionnaire à la personne compétente pour y répondre (si étude auprès des
entreprises)  adapté à des questions complexes (important en B to B)

 Le coût de l’étude est relatif au taux de réponse  On a du mal à garantir l’identité de la


personne qui répond au questionnaire  Toutes les questions peuvent être lues avant qu’on y
réponde  Pas d’explication possible supplémentaire en cours de route  Des questionnaires
longs et décourageants

Internet

 Coût bas (automatisation)  Très grande rapidité de collecte  Très grande facilité de
traitement (information numérisée)  Adapté aux questionnaires à « tiroirs » (si réponse X
aller à la partie Y) et quand l’ordre des réponses est important  Possibilité de soumettre des
images, sons, vidéos  Le répondant peut répondre quand il a du temps libre

 Risque de confusion entre une étude en ligne et un spam  Plus grande facilité qu’en face-à-
face d’interrompre l’étude  La rigidité des règles préétablies de déroulement du
questionnaire et le manque d’assistance individuelle nécessitent un questionnaire bien conçu
 Manque d’anonymat des réponses  Problème de représentativité de l’échantillon pour
certaines études

Téléphone
 Moins cher que l’interview face-à-face  Large couverture géographique  Rapidité de
réalisation  Meilleur contrôle de l’enquête (les enquêteurs étant dans le même lieu)
 Taux de refus assez élevé, car les répondants pensent que l’étude est en fait de la vente par
téléphone déguisée  Difficulté à joindre la personne à interroger (filtre au bureau et
disponibilité au moment de l’appel…)  Risque d’interruption de l’interview  Nécessité d’un
questionnaire court avec des questions simples  Problème de représentativité des abonnés
téléphoniques au numéro accessible

3.2 Les principaux biais pendant l’enquête quantitative


Lors du recueil des données par questionnaires plusieurs erreurs ou biais peuvent affecter la
qualité des informations voire l’enquête. Les biais les plus fréquentes sont : Les biais liés à la
structure du questionnaire 3.2.1.1 Effet de longueur du questionnaire et des questions Pour ce
qui concerne ce biais, les experts distinguent un effet du à la longueur de chaque question et
un autre dû à la longueur globale du questionnaire (Mucchielli, 1993, p. 43)

La question longue, compliquée, exigeant de la réflexion, nécessitant de l’attention parce


qu’il faut remplir des cases ou ne pas se tromper de colonne, provoque une tendance à «
démissionner ». Le questionnaire trop long produit, à un certain moment, le même effet. On a
pu montrer expérimentalement que, dans le questionnaire envoyé par poste, l’augmentation
de longueur augmente automatiquement le pourcentage de non réponses

3.2.1.2 L’effet d’ordre

C’est un biais lors d’une enquête ou sur un formulaire qui se traduit par le fait que les
résultats d’une question sont influencés par l’ordre des propositions présentes dans une liste
ou par l’ordre dans lequel des éléments sont présentés à l’évaluation. Lorsque les individus
enquêtés ont à choisir parmi une liste de choix de réponse, ils préfèrent souvent le premier, le
choix central ou le dernier choix. Pour pallier ce biais, il est conseillé d’effectuer une rotation
des pré-réponses c’est-àdire, présenter à la première question les modalités dans un ordre
précis et à la deuxième question, changer d’ordre, etc. Une autre technique consiste à tirer
aléatoirement l’ordre des pré-réponses dans la base des réponses à proposées.

Les biais liés aux réponses des enquêtés

3.2.2.1 Biais vers le oui Aussi dénommé effet de consentement ou attraction de la réponse
positive, le biais vers le oui suggère que les répondants ont tendance à être positifs, pour faire
plaisir à l'enquêteur, pour éviter d'avoir à se justifier d'une réponse négative. Plusieurs
raisons permettent d’expliquer l’apparition de ce type de biais dans une enquête par
questionnaire : souci de politesse, de sympathie, pour faire plaisir, éviter de justifier une
réponse négative, évité de paraitre non intégré,…

3.2.2.2 Biais de conformisme social : Le conformisme, selon le psychosociologue Roger


Mucchielli, est l’attitude sociale qui consiste à se soumettre aux opinions, règles, normes,
modèles qui représentent la mentalité collective ou le système des valeurs du groupe auquel
on a adhéré, et à les faire siens. Dans un sondage, le biais de conformisme traduit chez
l’enquêté un idéal social et moral, le désir de se conformer à la norme sociale. Il donne des
réponses conformes aux normes sociales, des réponses attendues.

3.2.2.3 Biais vers l'estime de soi Les enquêtés choisissent plutôt les réponses valorisantes ou
celles qui semblent attendues socialement. Par exemple : sous-estimer sa consommation de
tabac, d'alcool, de télévision, surestimer son activité physique, sa consommation de fruits et
légumes, ses connaissances culturelles, ses performances,...)

3.2.2.4 Effet de halo (ou effet de contamination ou de contagion) Lorsqu'une personne a


répondu d'une certaine manière à une première question, elle aura tendance à répondre de la
même manière aux questions suivantes sans faire appel à la réflexion: c’est l’effet de halo ou
effet de contamination.

L’effet de halo, découvert par le psychologue Edward L. Thorndike, est un biais cognitif ou
affectif du jugement conduisant à la contamination d’une première évaluation (réponse) sur
les autres points que l’on va évaluer ultérieurement dans le même questionnaire. Cet effet,
résulte d’un souci de cohérence ou d’engagement de la part de l’enquêté. Exemple : Une
personne qui a répondu qu'elle était croyante pratiquante à une première question, aura
tendance à dire à une autre question proche qu'elle prie tous les jours, même si cela n'est pas
vrai. Selon Roger Muchielli, l’effet de contagion peut se faire de deux manières (Mucchielli,
1993, p. 43):  Par irradiation du sentiment (des questions qui ont provoqué des réponses
d’irritation, par exemple, influencent les questions suivantes dans la mesure où l’irritation
persiste).  Par organisation logique de la pensée. La personne ayant répondu d’une certaine
façon à une question se trouve entrainé par la déduction, et évite une réponse non cohérente.
Les biais introduits par la relation enquêteur-enquêté On distingue principalement trois biais
à ce niveau selon Roger Muchielli

3.2.3.1 Augmentation de la méfiance à priori. L’enquêteur apparaît précisément comme «


enquêteur » avec tout ce que ce mot comporte d’inquiétude chez les gens, toujours prompts à
craindre une inquisition et un jugement... toujours résolus à défendre ce qu’ils appellent leur
vie personnelle ou privée, sans rien comprendre aux objectifs psychosociaux. 3.2.3.2
Réactions à la personne même de l’enquêteur.

Le sexe, l’âge, le physique, l’appartenance sociale, l’appartenance culturelle (ces deux


dernières étant intuitivement évaluées par le client) interviennent dans la situation. Le lieu où
se fait l’interview joue aussi un grand rôle. 3.2.3.3 Risques de suggestion et d’induction des
réponses.

Les réactions de défense et de prestige vont sans doute se multiplier, mais c’est le risque de
suggestion et d’induction qui est le plus grave. Tout se passe comme si l’individu interrogé
cherchait activement (et inconsciemment) quelle est l’opinion de l’enquêteur, ou ce qu’il
attend (ou ce qu’il veut qu’on lui dise). Il y a ainsi un effort vigilant et quasianimal pour
déchiffrer le sens des questions sur une toute autre grille de décodage. Le répondant fait
inévitablement des hypothèses sur les hypothèses de l’enquête, et ce genre de souci augmente
en proportion de la méfiance et du degré de conformisme ou du degré d’anticonformisme.
Sans compter la suggestion directe de la réponse ou des « explications » que l’enquêteur
risque d’être amené à donner, il y a une suggestion qui peut même se passer de mots
(mimique, ton, attitude globale, regards, esquisse de gestes, etc.).

Bibliographie

Alami, S., Desjeux, D., & Garabuau-Moussaoui, I. (2009). les méthodes qualitatives. Paris:
PUF. Dargere, C. (2002). Observation incognito en sociologie: Notions théoriques, démarche
réflexive, approche pratique et exemples concrets. Paris: L’Harmattan. Paugam, Serge,
L'enquête sociologique (pp. 207-222). Paris : PUF. Ghiglione, R., & Matalon, B. (1991). Les
enquêtes sociologiques : théories et pratique. Paris: A. Colin, coll. « Collection U. Série
Sociologie ». Mauger, G. (1991). Enquêter en milieu populaire. Genèses(6), 125-143.
Mendras, H., & Oberti, M. (2000). le sociologue et son terrain: trente recherches exemplaires.
Paris: Armand Collin. Mucchielli, A. (1996). Dictionnaire des méthodes qualitatives en
sciences humaines et sociales. Paris: Armand Collin. Norimatsu, M., & Pigem, N. (2008).
Les techniques d’observation en sciences humaines. Paris: Armand Colin. Pedinielli, J.-L., &
Fernandez, M. (2011). L'observation clinique et l'étude de cas. Paris: Armand Colin.
Fenneteau, H. (2015). Enquête et questionnaire (éd. 3). Paris: Dunod. Ghiglione, R., &
Matalon, B. (1991). Les enquêtes sociologiques : théories et pratique. Paris: A. Colin, coll. «
Collection U. Série Sociologie ». Mucchielli, R. (1993). Le questionnaire dans l'enquête
psycho-sociale: connaissance du problème, applications pratiques. ISSY-LES-
MOULINEAUX CEDEX: Esf Editeur. Parizot, I. (2010). L'enquête par questionnaire. Dans
S. Paugam, L'enquête sociologique (pp. 93-113). Paris: PUF. Wahnich, S. (2006, Novembre).
Enquêtes quantitatives et qualitatives, observation ethnographique: Trois méthodes
d'approche des publics. (B. d. France, Éd.) Consulté le Avril 11, 2016, sur Bibliothèques de
France: http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf2006

Vous aimerez peut-être aussi