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Essai
En vous appuyant sur vos enseignements du semestre et vos lectures, vous
expliquerez quel éclairage l’extrait suivant vous paraît apporter à la notion de
patrimoine culturel.
La seule utilité des œuvres originales anciennes n’est cependant pas de servir de
modèles aux artefacts touristiques. (…) Leur fonction principale n’est pas
l’enrichissement matériel du pays, mais l’éducation du citoyen, et celle de l’artiste
dont elles doivent « féconder le génie », même si l’une n’empêche pas l’autre. (…) Le
culte populaire du patrimoine exprime avant tout (…) le besoin qu’a le citoyen moyen
de faire reconnaître son droit de transmettre à ses descendants les valeurs auxquelles il
tient.
1
https://www.cnrtl.fr/definition/patrimoine
2
Idem.
3
https://www.cnrtl.fr/definition/culturel
4
Idem.
monuments, paysages, documents d'archives, livres, œuvres d'art et artefacts, et des
éléments immatériels, tels que le folklore, les traditions, langues et connaissances et
le patrimoine naturel comme les paysages d'importance culturelle et ou biodiversité.
Ce terme est sans cesse actualisé dans son utilisation quotidienne, et Maryvonne de
Saint Pulgent, dans son ouvrage édité en 1999, Le Gouvernement de la culture,
indique que le patrimoine culturel matériel ancien, en d’autres termes, les « œuvres
originales anciennes », a principalement deux fonctions, à destination des artistes
d’une part, afin qu’ils puissent en tirer de l’inspiration pour leur propre art, et à
destination des citoyens afin, d’une part, de les éduquer culturellement, à l’instar des
artistes, mais également de cultiver leur « besoin » de transmission « à ses
descendants », un besoin que ressentirait le « citoyen moyen », celui donc, de
« transmettre […] les valeurs auxquelles il tient ».
Cette citation de de Saint Pulgent nous apporte certainement une vision nouvelle sur
le sens et notre compréhension de « patrimoine culturel ». Néanmoins, ce qui nous
marque le plus fortement avec ces propos, c’est la certaine ironie utilisée par cette
plume, qui prend des allures de condescendance. Cette impression repose
principalement sur l’utilisation de l’adjectif qualificatif « moyen », associé à
« citoyen » et l’expression « patrimoine populaire » qui, ces dernières années, a pris
une teinte péjorative. Toutefois, ce groupe nominal peut à la fois sous-entendre un
jugement de valeur, dans le sens de citoyens qui ont peu de capital culturel, ou bien
le terme « moyen », dans le sens « dans la moyenne », c’est-à-dire, objectivement,
qui se situe dans la moyenne, prenant en compte autant les citoyens qui possèdent
un grand capital que ceux qui n’en sont pas dotés. Si l’on se tient à la seconde
compréhension, la dernière phrase de l’extrait, l’autrice indique que, l’un des points
communs de tous citoyens français, est le « culte » porté au patrimoine. Seulement,
une certaine ambiguïté subsiste : s’agit-il du patrimoine culturel français, commun à
tous les citoyens, ou bien parle-t-elle du patrimoine individuel que chacun peut léguer
à ses descendants ?
Dans tous les cas, si la première partie de cette citation nous semble juste, dans la
mesure où, pour nous, le patrimoine culturel d’un Etat et parlons de ce que nous
connaissons, le patrimoine culturel français n’est pas une vitrine afin d’attirer les
touristes et être une vitrine des œuvres anciennes, françaises, offertes par d’autres
nations ou obtenues par d’autres moyens plus ou moins acceptables, mais un moyen
d’éduquer principalement sa population5, d’apporter des connaissances sur l’histoire
du pays, même ses côtés les plus obscures. A l’instar des courants littéraires qui ont
évolués et changés en réaction aux précédents, les artistes dans leur
pluridisciplinarité, construisent leurs œuvres en s’appuyant sur ce qui a déjà été
réalisé. Si le fait que de nombreux espaces d’art soient des établissements publics et
qui donc proposent l’art à tous et toutes, montre que l’Etat français a toujours
considéré l’accès à la culture pour tous les publics, sans discrimination, comme
primordial, nous ne sommes néanmoins pas totalement en accord avec la dernière
partie de la citation de Maryvonne de Saint Pulgent. Le terme de « culte » est trop
fort, et derechef, ce style nous sommes trop ironique, d’autant plus venant d’une
personne ayant travaillé au ministère de la culture. Il est naturel de vouloir – ou
d’avoir « besoin » de – transmettre des valeurs à ses descendants, d’autant plus
lorsque l’art permet d’éclairer l’histoire et de rappeler ce qui, par le passé, s’est déjà
réalisé, et donc éviter de réitérer les anciennes erreurs.
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Même si, nous le regrettons, nous avons bien remarqué que, ces dernières années, notamment
entre 2020 et 2021 voire 2022, la culture n’était pas considérée comme essentielle à la population
française par celles et ceux qui nous gouvernent.