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Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/lectures/1245
ISSN : 2116-5289
Éditeur
Centre Max Weber
Référence électronique
Camille Sutter, « Jean-François Bert, Introduction à Michel Foucault », Lectures [En ligne], Les comptes
rendus, 2011, mis en ligne le 18 janvier 2011, consulté le 03 mai 2019. URL : http://
journals.openedition.org/lectures/1245
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Jean-François Bert, Introduction à Michel Foucault 1
1 Selon Jean-François Bert1, la pensée de Michel Foucault (1926-1984) n'est pas une
« « oeuvre » qui possède une unité essentielle que ses commentateurs auraient pour tâche
de dévoiler ». Elle est plutôt une « philosophie du déplacement », dont les « réflexions ne
se veulent ni systématiques, ni même absolument cohérentes »(p. 98). Après une
biographie thématisée, J.-F. Bert expose en trois volets les principales applications de la
pensée foucaldienne dans les sciences humaines, avant de conclure par son actualité.
2 Le premier chapitre de l'ouvrage est une présentation d'un « Foucault en mouvement »,
intéressante parce qu'elle problématise d'emblée la singularité du personnage. Dès les
premières années de sa formation supérieure - un cursus classique : khâgne, puis École
Normale Supérieure en philosophie -, Foucault s'intéresse à la psychologie, qui l'amène
d'emblée à penser la distinction entre normal et pathologique. Au cours de sa carrière,
Foucault revendique une affiliation à la philosophie du concept (celle d'un Bachelard ou
d'un Canguilhem) par opposition à la philosophie du sujet, de l'expérience. Son
appartenance au structuralisme est ambiguë : s'il semble en nourrir sa réflexion par une
pensée de la marge, des ruptures inhérentes aux temporalités et une opposition à la
philosophie essentialiste, il s'en démarque aussi, en prônant un rapport de « distance et
de redoublement »2 à cette pensée. Il propose en effet dans Les Mots et les Choses (1966) une
« archéologie du structuralisme » menée avec les méthodes structuralistes. Enfin, J-F.
Bert souligne que l'oeuvre de Foucault est inséparable de son engagement, notamment au
sein du Groupe d'information sur les prisons et à travers une réflexion plus large sur le
statut des intellectuels.
3 Un premier volet de l'usage de Foucault dans les sciences humaines est la réflexion qu'il
mène sur les normes et les institutions disciplinaires. Sa pensée est à contre-courant des
approches classiques : plutôt que de déduire des normes les institutions, il s'intéresse à
des institutions particulières, à leur manière de définir les « sujets exclus de notre
rationalité »(p.27), puis à la généralisation de ces normes spécifiques. Dans sa thèse, Folie
et déraison, Histoire de la Folie à l'âge classique, soutenue en 1961, Foucault analyse le rapport
NOTES
1. Sociologue à l'Institut Interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain, animateur du
Centre Michel Foucault
2. Foucault 167 n°47
3. Voir E. Zola, « Medecine as an institution of social control », Sociological Review, 1972 et G.
Jorland Une Société à soigner, Gallimard, 2010
4. M. Foucault, Il faut défendre la société, cours au Collège de France (1975 - 1976), Gallimard/Seuil,
1997, p. 18
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Thèmes : Anthropologie, Sociologie