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LES PASSIONS

Sujet 1: Hegel disait que « Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans
passion ».

Qu’en pensez-vous?

Au cours de sa vie, l’homme éprouve plusieurs sortes de sentiments dont celui


de la passion. Cette dernière alimente la volonté et réconforte la raison. C’est pour
cette raison que certains penseurs romantiques comme Hegel, pensent que la
passion permet de réaliser des grandes œuvres pour le bien être de l’humanité. Mais
si la passion a des avantages comme le prétend Hegel, ne peut-elle pas aussi avoir
des inconvénients ?

Après avoir montré le côté positif de la passion, nous allons prouver qu’elle a aussi
de côté négatif.

D’abord, la passion est en général un sentiment positif selon les romantiques


qui la considèrent comme ce qui donne du prix à l’existence et permet à l’homme de
réaliser des vastes desseins C’est dans ce sens que Jean Jacques Rousseau écrit
dans la Nouvelle Héloïse (1761) que: « Il n’y a que les âmes de feu qui sachent
combattre et vaincre, tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leurs
ouvrages. La froide raison n’a jamais rien fait d’illustre … ».
Ensuite, le passionné est un homme obstiné qui ne se décourage jamais.
Malgré les obstacles et les échecs, le passionné trouve toujours la volonté de
persévérer à poursuivre ses objectifs. On peut dire qu’elle alimente la volonté et
réconforte la raison. C’est pourquoi Stendhal définit la passion comme « L’effort
qu’un homme qui a mis son bonheur dans telle chose est capable de faire pour y
parvenir ».

Enfin, c’est la passion qui donne à l’existence humaine toute sa valeur et sa


signification car un homme dépourvu de passion est indifférent à tout ce qui
l’entoure. Cela signifie que sans passion, on accorde d’importance à rien et par
conséquent, on perd le goût de vivre. C’est à juste titre que Vauvenargues
déclare: « Un homme sans passion est un roi sans sujets ». Dans le même ordre
d’idée, René Descartes pense que ce sont les hommes passionnés qui profitent le
mieux de la vie car disait-il « Les hommes que les passions peuvent le plus
émouvoir sont capables de goûter le plus de douceur en cette vie ».

Cependant, même si la passion a des avantages, elle peut aussi avoir des
inconvénients. En effet, l’esprit du passionné est focalisé sur un seul objet. Ce qui
provoque une double conséquence qui consiste à valoriser excessivement son objet
de passion et à dévaloriser tout ce qui ne l’est pas. C’est pourquoi, la passion
provoque chez le passionné un certain déséquilibre qui fait que le passionné projette

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sur son objet de passion des qualités exceptionnelles (illusoires) que les autres
hommes ne voient pas. Par exemple, une femme médiocre peut paraître comme la
plus belle du monde pour celui qui en est passionnément amoureux. C’est pour
cette raison qu’Emmanuel Kant affirme que toutes les passions sont « Sans
exceptions mauvaises ».

En outre, la passion est une perversion de la raison car le passionné raisonne


comme un fou parce qu’il conclut avant même de commencer à raisonner. Cela
signifie qu’il raisonne beaucoup mais à faux. Par exemple, une femme jalouse pense
que son mari la trompe dès qu’il sort de la maison et à son retour, elle cherche à
trouver des indices qui prouvent qu’il la trompe effectivement. De ce fait, nous
pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la passion est un sentiment nocif
dans la mesure où elle s’attaque à ce qu’il y a de plus important chez l’homme à
savoir la raison. C’est pourquoi Emmanuel Kant dit: « La passion est une maladie de
l’âme ».

Enfin, la passion est la seule maladie dont le malade ne veut pas guérir et crée
même au contraire toutes les conditions pouvant lui permettre de s’enfoncer
davantage dans la maladie. De ce fait, la passion n’est ni un simple sentiment, ni
« une émotion prolongée » comme le pense Ribot, elle est plutôt un sentiment
devenu tyrannique, exclusif et obsessionnel. Car une seule chose compte aux yeux
du passionné. Par exemple, le joueur continue à jouer malgré sa ruine prochaine;
l’alcoolique se détruit inexorablement la santé nonobstant les avertissements de
son médecin. La passion provoque donc un déséquilibre qui consiste à développer
de manière excessive un sentiment en méprisant les autres.

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons affirmer sans risque de nous


tromper que la passion en tant que le propre de l’homme (selon Emmanuel Kant), est
à la fois bonne et mauvaise. La passion peut donc avoir à la fois des avantages et
des inconvénients. Mais nous pensons qu’elle est plus mauvaise que bonne parce
qu’elle corrompt la raison que de s’associer à elle (à la raison) pour réaliser des
vastes desseins.

Sujet 2: Commentaire Philosophique

Dégagez l’intérêt philosophique de texte à partir de son étude ordonnée

Les passions ne sont toujours pas des désirs d’hommes à hommes et non pas
d’hommes à choses: pour un champ fertile, pour une vache prolifique, on peut avoir
une inclination, qui, à vrai dire donc, est recherche du profit: mais on ne peut avoir
pour eux d’affection (celle-ci consiste en une tendance à former de communauté
avec d’autres), encore moins de passion (…..).

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Chez les simples
animaux, la tendance la plus violente (par exemple la tendance sexuelle) ne prend
pas le nom de passion: c’est qu’ils ne possèdent pas la raison qui seule fonde le
concept de liberté et qui s’oppose à ma passion: c’est donc chez l’homme seul
qu’elle surgit. Il est vrai qu’on dit des hommes qu’ils aiment certaines choses
passionnément (la boisson, le jeu) ou qu’ils haïssent passionnément (l’alcool). Mais
ces différentes répulsions, on ne les appelle pas pour autant passion. Car ce ne sont
qu’autant d’instincts différents.

Emmanuel Kant

Le texte que nous avons à commenter porte une pensée de Kant héritière de
la tradition classique qui définit l’homme par la raison et rejette en quelque sorte tout ce qui
vient troubler l’âme. Précisément Kant y réfléchi sur les passions qui intègrent l’affectivité
humaine en soulevant la problématique de la relation qui existe entre passions et raison.
Kant stigmatise toutes les théories qui opposent la passion à la raison et affirme qu’il n’y a
pas de passion sans conscience. C’est en cela que les passions sont selon Kant
exclusivement constitutives de l’être humain.

Le texte tel qu’il est soumis à notre réflexion comporte 3parties:

-La première partie est : «Les passions………encore moins de passion ». Dans ce


passage Kant tente de montrer que les passions entant que dispositions affectives
sont des caractéristiques propres à la personne humaine. Elles sont aussi par
ailleurs des forces qui orientent les hommes vers leurs semblables pour fonder une
vie d’ensemble. C’est pourquoi Kant dit que les animaux doivent être exclut de
l’univers passionnel. Si l’homme développe une certaine sensibilité (appelée ici
inclination par Kant) pour les choses et les animaux c’est pour profit et assurer une
satisfaction. La passion est donc un sentiment qui est source d’altruisme et de
sociabilité. -La
deuxième partie est: «Chez les animaux……..c’est donc chez l’homme seul qu’elle
surgit » dans cette partie Kant justifie le fait que les animaux ne possèdent pas de
passion. L’argument force (principal) consiste à montrer que les passions sont
intimement liées à l’exercice de la raison et que les animaux sont dépourvu. Ce qu’on
remarque par contre chez les animaux ce sont des réactions instinctives qui ne
tiennent guère à une capacité de réflexion ou de projection relativement au
mouvement de la conscience qui implique un acte de liberté et de volonté. Les
animaux étant déterminer par les lois biologiques agissent selon une nature figée et
immuable. -
Troisième partie «Il est vrai qu’on……..qu’autant d’instincts différents » dans celle
partie Kant prend soin de distinguer les passions de tout ce qu’il appelle répulsion
tels que les désirs, les émotions, les pulsions de conservation (besoins). Ce qui

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caractérise les passions selon Kant ce qu’elles sont toujours portée sur des objets
extérieurs au sujet qui se constitue comme source de cristallisation de son esprit. Si
le désir est un manque en soit qu’on ne peut jamais le satisfaire parce qu’il se
transfert d’un objet à un autre et si l’émotion se veut impétueuse et passagère la
passion quant à elle porte la marque de l’imagination qui vise à instaurer l’unité du
moi.

S’inspirant de la tradition philosophique occidentale Kant affirme sa


méfiance à l’égard des passions dont il n’hésite pas à faire le procès. Cette attitude
Kantienne s’explique par des raisons liées à l’instauration d’une morale de la vie qui
passe nécessairement par une analyse rigoureuse des passions. Dans l’élaboration
de son raisonnement, Kant parle du principe selon lequel les passions sont des
caractéristiques essentiellement humaines. En réalité si les passions sont jugées
néfastes et dangereuses ce qu’elles comportent en elles-mêmes une part de raison ;
elles sont toujours associées à la raison. Ainsi en définissant la passion comme un
dérèglement dont il faut se guérir parce qu’elle provoque de la souffrance physique et
morale, Kant ébranle tout l’édifice Cartésien qui repose sur l’idée selon laquelle les
passions dans leur globalité sont bonnes. Pour Kant les passions sont porteuses de
grands préjudices pour la liberté et l’exercice de la raison car écrit-il : «être soumis
aux émotions et aux passions est toujours une maladie de l’âme parce que toute
deux excluent la maitrise de la raison». Dans l’esprit de Kant la passion corrompt
l’intelligence qu’elle utilise. Il ne s’agit pas à ce niveau d’opposer aveuglement et sans
discernement la raison à la passion ou inversement. Au contraire, montrer que la
passion est en elle-même une ruse de la raison c’est-à-dire un autre mode par lequel
la raison se détourne de ses fins rationnelles. Si Kant condamne les passions c’est
parce qu’elles assujettissent la personne humaine et provoquent chez l’homme la
déroute de toute ses dispositions sentimentales et intellectuelles.
Cependant cette conception que Kant nous offre des passions ne fait pas l’unanimité
au saint de la pensée philosophique. Pour des auteurs comme Hegel, Ferdinand
Alquier les passions ont une dimension positive parce qu’elles peuvent déterminer
les hommes à agir dans le sens du progrès et à persévérer dans leur être. Hegel se
fait le champion de ceux qui font l’apologie des passions. Il considère comme à la
base de toutes actions salvatrice voire glorieuse. C’est ce que pense Hegel quand il
soutient que «Rien de grand ne n’est accompli au monde sans passion». Pour Hegel
les passions apparaissent comme les moteurs de toute dynamique humaine, elles
mobilisent toute l’énergie de l’homme et déterminent les actions nécessaires à
l’accomplissement des grands desseins historique. On comprend alors que dans
l’esprit Hégélien les passions ne sont pas à considérer comme des choses nocives
qui viennent troubler l’âme ou comme signe de servitude et de dépossession de soi.
Au contraire les passions mettent les hommes au-dessus de la médiocrité
intellectuelle. Hegel disait alors dans la Raison de l’Histoire que: «ce que la volonté
est à l’intelligence c’est ce que la passion est à la vie active». Dans le même ordre

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d’idée nous pouvons évoquer le jugement de Rousseau quand celui si définit les
passions comme les supports essentiels à l’émulation intellectuelle. Les passions
sont des facteurs galvanisant dans l’acquisition du savoir (la passion de lecture, de la
recherche) il y a lieu de reconnaitre alors que la raison elle-même a besoin d’être
soutenue par un élan passionnel pour qu’elle parvient à assurer les grandes
réalisations pour lesquelles elle se déploie.

Le texte dont nous venons d’analyser porte une réflexion de Kant sur
les passions et les implications qu’elles recèlent dans leur jonction avec la raison.
C’est parce qu’il y a un lien entre passion et raison que les passions contiennent des
effets de la conscience. Seul les hommes ont des passions qui dans leur usage
peuvent être bénéfique ou néfaste. Les passions pour qu’elles soient utiles elles
doivent être raisonnées.

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