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MINISTERE DE LA DEFENSE NATIONALE REPUBLIQUE DE GUINEE

ETAT MAJOR GENERAL DES ARMEES Travail- Justice- Solidarité


ETAT MAJOR DE L’ARMEE DE TERRE

INSTRUCTION CIVIQUE
ET MORALE (I.C.M)

Edition 2023

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INTRODUCTION
Qu’est- ce que l’éthique ? C’est une science de la morale qui propose ce qu’il convient de
faire, comme il est bon de se conduire. Elle indique en quelque sorte une manière d’être et se
place au niveau des idées, des comportements.
L’éthique est guidée par quatre sentiments :
 L’honneur ;
 La patrie ;
 La foi ;
 L’humanisme.
Elle s’appuie sur la traditionnelle vertu guerrière et différentes formes d’abnégation dont l’une
dépasse toutes les autres : la disponibilité.

I-L’HONNEUR
Le sentiment d’honneur est un sentiment de dignité morale qui permet de surmonter les
faiblesses humaines et d’aller jusqu’au sacrifice de sa vie pour défendre son idéal. Ne pas
renier son serment de fidélité au pays, même devant la mort. Cela peut paraitre désuet en
notre société, et pourtant c’est la réalité morale de toute armée digne de ce nom ; depuis
toujours d’ailleurs, avec une constance qui ne les régit, ni les civilisations non démenties, de
nombreux exemples l’illustrent.
L’honneur exige l’accomplissement du devoir dans le respect des règles qui assurent la
cohésion de la société militaire :
 La discipline ;
 La hiérarchie ;
 Le règlement.
L’honneur ne permet pas que l’on transige ; c’est pour le soldat un commandement permanent
et impératif.
L’honneur du soldat est attaché à la grandeur de sa mission. La défense de la patrie, aucun
intérêt personnel ne doit l’en détourner. L’armée ne sert aucune partie, aucune personnalité.
Son devoir, sa vocation est absolue : servir la Guinée.
“L’honneur, c’est la conscience, mais la conscience exaltée”

II-LA PATRIE
La patrie c’est d’abord un patrimoine territorial ; elle forme une liaison constante et intime
entre le citoyen et les multiples ensembles territoriaux dans lequel il vit :
 Commune ;
 Province ;
 Pays ;
 La foi.
La patrie c’est ensuite un ensemble humaine ou se fondent harmonieusement les institutions et
l’homme, les modes de vie et les sentiments identiques. La conscience d’appartenir à un

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ensemble devient assentiment et fierté. De sorte que le patriotisme pourrait se définir comme
le sens de la communauté de destin entre les hommes et leur pays.
Ce qui exprime la patrie guinéenne, c’est une âme commune forgée par un long passé de
gloire, d’espérance, d’échecs et de victoire d’où découle une certaine conception de l’honneur
et du monde. La Guinée fournit dans l’épreuve la pleine mesure de son élan et de sa force.
Audace, bravoure, générosité, fierté, autant de traits de la Guinée qui lui assure sa renommée.
La patrie guinéenne se caractérise par des symboles et des gestes collectifs :
 Le drapeau ;
 L’hymne nationale, signe de vie et de ralliement évoquant tout à la fois les sacrifices
passés, la fierté d’appartenir à une communauté vivante et le rayonnement de la
Guinée ;
 Certains hauts lieux symbolisent la résistance opposée à ce qui portait atteinte au
patrimoine : Kamsar, Fria, le Mont Simandou, etc... ;
 Les saluts aux couleurs, la cérémonie aux morts, le pèlerinage aux hauts lieux, les
fêtes nationales sont aussi un hommage à la patrie.
Le patriotisme n’est pas un nationalisme dogmatique, il n’y a nul mépris, nul haine à l’égard
des autres peuples. Mais simplement le souhait que sa patrie soit belle, prospère et respectée,
la volonté qu’elle ne subisse aucune tentative de désagrégation entre l’ordre et la paix. La
patrie est le sentiment de solidarité de ce qu’on a défendu dans le passé et de ce qu’on devra
défendre dans l’avenir.
III-LA FOI
Cela signifie conviction, l’amour, croire à la grandeur de la Guinée et aussi à la solidarité de
son armée.
Sans foi en ce que l’on fait, toute action est vaine ; le vieux proverbe dit que « la foi soulève
les montagnes ». La foi est la première condition de la vie, donc de l’action. La foi va
également de pair avec l’espérance. On dit souvent dans le milieu militaire « qu’il faut y
croire », être convaincu de la valeur de sa mission, de la nécessité de ses taches pour pouvoir
vaincre autrui. Mais cette conviction va de paire avec l’amour de son prochain, l’attention
permanente apportée à ses personnels.
MALRAUX a écrit dans ’’la condition humaine’’ « on n’agit pas sur les hommes par la
connaissance, mais par la contrainte, la confiance ou l’amour. Rien ne sert d’être savant si
l’on ne sait pas communiquer sa foi, si on ne sait pas insuffler sa conviction, si l’on ne sait pas
transmettre son amour, l’action a besoin de foi, la foi est une anticipation de l’évidence. »

IV-L’HUMANISME
L’humanisme repose sur le respect de l’homme et vise à son épanouissement. Ce mot résume
la civilisation occidentale en accordant à la personne une privilégiée dans l’univers. Cette
conception de l’homme est liée au développement des notions de liberté, d’égalité et de
solidarité.
Grâce aux progrès des idées et des mœurs, l’homme n’a cessé d’approfondir ces idéaux que
sont : le beau, le bien, le vrai.
Le sens moral de l’homme, c'est-à-dire le sens du bien et du mal, lui donne sur le plan de
l’action, la capacité de supporter une souffrance physique ou morale, ou même de s’y

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soumettre volontairement, dans un but qui se situe au-delà de l’intérêt personnel. C’est là un
des traits les plus nobles de la personnalité humaine qui est capable de dominer l’instinct, et le
plus profondément enraciné dans tout être vivant, l’instinct de conservation, pour faire
triompher une cause que sa raison ou sa foi lui imposent de défendre.
Valeur premier, l’homme reste la fin suprême de toutes activités, même lorsque la situation
impose le sacrifice des biens et des corps.
« Etre civilisé, ce ne pas consentir à l’anéantissement de toutes les valeurs spirituelles que
comporte la dignité d’être un homme. »

La civilisation
Etre civilisé ce ne pas consentir à l’anéantissement de toutes les valeurs spirituelles que
comporte la dignité d’être un homme.
Les vertus de la civilisation sont :
 La conscience professionnelle et l’amour du travail bien fait ;
 Le sens de responsabilité ;
 Le courage et la tolérance ;
 Le sens de la solidarité ;
 l’esprit d’équipe et la camaraderie.
Ces vertus ne sont pas l’apanage des seuls guerriers, mais elles sont absolument nécessaires
dans le métier des armées.
L’éthique militaire définit en quelques sortes l’âme de l’armée.
Nul ne peut prévaloir d’être soldat s’il n’adhère à cette éthique, s’il ne croit en cette valeur.

V-VERTU ET DISPONIBILITE
La suite de ce cours d’éducation civique n’a retenu que quelques vertus :
 la conscience professionnelle et l’amour du travail bienfait
 le sens des responsabilités
 le courage et la tolérance
 le sens de la solidarité, l’esprit d’équipe et la camaraderie.
Ces vertus ne sont l’apanage des seuls guerriers, mais elles sont absolument nécessaires dans
le métier des armées.
A ces vertus s’ajoute une forme d’abnégation prioritaire, la disponibilité, la disponibilité du
temps de paix qui oblige à donner la priorité au métier, avant les loisirs et même avant la
famille, la disponibilité du temps de guerre, mise au service entier et unique de la vie des
soldats.
La disponibilité est donc à mettre au niveau de service de l’individu. La qualité maitresse du
chef doit être sa faculté de compréhension de l’être humain, la possibilité de connaitre ses
réactions et de les tester, le pouvoir de le faire se dépasser presque malgré lui. C’est cette
compréhension humaine qui permet au chef d’être exigeant et aux soldats d’être prêts à tous
les efforts, à tous les sacrifices. Mais en échange ceux-ci demanderont encore plus de
compréhension, de soutien moral. Ainsi se ferme la boucle. La disponibilité est au service de
l’homme, par ce qu’elle devient en devient en quelque sorte le prix en échange des sacrifices

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consentis, en échange en quelque sorte du droit de vie et de mort que possède le chef, cette
disponibilité exige d’être total et, comme allant de soi.
L’éthique militaire définit en quelque sorte l’âme de l’armée. Nul ne peut se prévaloir d’être
soldat s’il n’adhère à cette éthique, s’il ne croit en ses valeurs.

VI-L’ART DE COMMANDER
Introduction
Le commandement est un art ; ne commande pas qui veut. Il faut d’abord que le métier
plaise : c’est la vocation, mieux qu’un sentiment, un élan qui pousse un être à choisir le métier
des armes, un certain orgueil de se consacrer à la défense du pays, un désintéressement aussi
du pouvoir et de l’argent. Il faut ensuite avoir une forte responsabilité, avec cette qualité
première d’avoir du caractère. Il faut enfin avoir une autorité naturelle.
1-LA VOCATION
Ce que nous faisons de grand se fait d’abord en nous, presque à notre insu, par cette force
intérieure qui semble répondre à un appel mystérieux : tel est le sens, pour les peuples,
comme pour les hommes du mot vocation, vocatif, appelé. Il ne dépend pas de nous d’être
appelés, mais il dépend de nous de répondre à l’appel.
Autant de pensées qui reconnaissent implicitement ou explicitement la place qu’occupe dans
la vie du chef militaire la vocation.
Qu’est-ce que la vocation ?
Etymologiquement : appel d’un genre de vie satisfaisante aux désirs profonds de l’être et
correspondant à ses aptitudes.
La vocation est l’affirmation d’une liberté, d’un affranchissement des satisfactions médiocres.
La vocation est essentiellement subjective. Il n’y a pas de vocation sans un certain niveau
d’état d’âme. Il doit y avoir équilibre entre la part du cœur et celle de la réflexion « une
méthode au service d’une passion. »
Composante de la vocation militaire et du chef
a) Dans l’ordre technique
Le métier militaire doit plaire et correspondre à une aptitude minimale dont le développement
ultérieur est affaire de travail et d’expérience.
Il faut que l’homme se sente le gout et le sens de commandement, qu’il subisse l’attraction de
la discipline, qu’il soit rebelle aux longues implantations, qu’il se résigne à vivre en marge de
la fortune brillante autant dans le domaine de réussites sociales que dans celles des richesses.
Une vocation confirmée doit être tenue pour préambule nécessaire à toute carrière militaire.
b) Dans l’ordre social
Il n’est pas possible d’être un chef militaire sans avoir un parti pris pour l’éducation avec tout
ce que ce mot comporte :
 Souci de l’homme ;
 De ses besoins ;
 De ses goûts et de ses revendications supérieures ;
 Des aspirations collectives.
c) Dans l’ordre personnel

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On ne peut concevoir de chef militaire sans l’idée d’une volonté de combattre. Les hommes
eux-mêmes émettent le besoin d’intégrer maitrise à une discipline collective pour ne pas
affaiblir. Le signe avec lequel on reconnait un chef militaire, c’est la vocation de la règle.

2-LA PERSONNALITE
La personnalité n’est pas une donnée mais une conquête, donc les fruits de nos efforts, c’est
ce qui est en nous et nous permet de donner dans la vie les échos de notre personne intérieure.
Une personnalité se forge, encore faut-il qu’il y ait quelque chose au départ. Ce quelque
chose c’est le caractère. Et le caractère, c’est la volonté à laquelle s’ajoute l’intelligence.
Que serait en effet la volonté sans l’intelligence ? Pour vouloir utilement il faut bien savoir où
l’on va, le savoir intelligemment.
Un homme est toujours peu de chose, lorsqu’il n’est que lui-même.
Il devient grand s’il est un serviteur absolu, c'est-à-dire lorsqu’il est décidé en silence, à tout
sacrifier s’il le faut pour ce qu’il a estimé être le meilleur. Ce choix de l’obéissance a une
règle pour atteindre la liberté et la maitrise entière de soi-même, ce choix est le maintien.

3- L’AUTORITE
La discipline nécessite deux vertus : l’obéissance et l’autorité.
On admet aisément que l’obéissance exige abnégation et esprit d’initiative pour réaliser de
son mieux non seulement l’ordre mais la pensée du chef. On comprend donc que celui qui
commande d’une part engage sa responsabilité et laisse une marge d’initiative à l’exécutant,
et d’autre part c’est de créer l’adhésion à la volonté de vaincre. On constate que le jeune
guinéen est généralement prêt à accomplir plus que ce qui lui est demandé et de tempérament
combatif et opiniâtre. Qualité propre au tempérament du peuple guinéen.
Il existe deux conceptions de l’autorité :
 L’autorité fonctionnelle, qui donne pouvoir sur les autres, rappelle des relations
archaïques ;
 L’autorité participative qui accroît l’efficacité par dérogation de responsabilité puis
vérifier que les contrats ont étés remplis.
L’autorité exige un certain nombre d’aptitude qui ne sont pas l’apanage de tout individu : la
volonté, la confiance en soi, la maturité émotionnelle, la maturité de jugement, la sociabilité,
et l’amour du prochain.
Quel que soit l’angle sous lequel on examine le métier militaire, la vocation apparait comme
un point de force.
L’armée est un instrument de force, aucun facteur de faiblesse ne peut être admis. La guerre
présente des exigences si dures qu’il lui faut être elle-même forte et seule la discipline le
permet. La discipline est le fruit de l’autorité.

LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE
Conscience, du latin « consciente » ce mot a le sens de connaissance et a pris par la suite
celui de sentiment de devoir.
La conscience professionnelle c’est donc d’abord la connaissance exacte qu’on a de son
métier, le sentiment absolu du devoir qui s’attache à son accomplissement irréprochable.

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C’est bien connaitre sa tache ou sa mission et la pratique avec gout et sureté sans ménager son
effort et sa pensée.
La conscience professionnelle, c’est donc l’accomplissement de son métier, des directives et
des données de la conscience morale.
Elle requiert en permanence l’effort et le travail, car de même que sur le plan moral, l’homme
n’est jamais achevé, il peut toujours se perfectionner dans la connaissance et l’exercice de sa
profession. C’est le souci de cette perfection qui a fait de tout temps de grands artisans, les
savants, les grands chefs et plus simplement les hommes.
La conscience professionnelle n’est pas séparable de la valeur dont elle ne constitue qu’un
aspect. Elle est faite de petites victoires répétées sur soi-même, sur sa paresse et sur son
égoïsme. Elle se cultive et s’entretient.
Cette conscience professionnelle trouve sa récompense dans la création car, tant sur le plan
des réalisations matérielles que dans le domaine de la conduite des hommes, « toute création
si modeste soit-elle ennoblit son créateur à la mesure de l’amour, de la pureté qu’il a mise
dans l’accomplissement de son œuvre. » (DUNOYER DE SEGONGAC).
L’amour du travail bien fait
Le travail bien fait apporte en outre à l’homme le sentiment du devoir accompli et contribue à
lui faire prendre conscience de la notion de bien commun. Un travail de l’équipe s’appuiera
de plus sur la sympathie humaine et la fierté de l’œuvre de tous. Faire preuve de conscience
professionnelle, c’est en règle générale, d’abord s’enquérir de l’utilité et de la dignité de sa
tâche, mais si toutes les professions méritent l’estime et le respect parce-que toutes
aboutissent à la création d’une valeur et au progrès de l’homme, que faut-il penser de la
mission du chef militaire ?
C’est bien un sentiment de grandeur qui doit l’envahir malgré et à cause des difficultés de
toutes sortes qui l’entourent. De cette grandeur il est le dépositaire et gardien, et ce n’est pas
trop de sa volonté, de son courage et de son caractère qu’il le faudra pour tenir un tel rôle.
Mettre en permanence de telle vertus au service de sa tâche, c’est donner son plein sens à la
conscience professionnelle.
Sans celle-ci, le chef ne serait plus rein. Il serait le titulaire d’un rôle qu’il ne remplirait pas, le
détenteur d’une mission qu’il n’accomplirait pas ou qu’il accomplirait mal.
« La plus grande des immoralités, disait NAPOLEON, c’est de faire un métier qu’on ne sait
pas. »
« Une des profondes vérités de la vie future, vérifie qui aide à vivre, qui fait vivre, c’est
l’amour de son métier. » (ROBLES).

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