Abdellatif

Miraoui
Ministre de
l'Enseignement
supérieur, de
la Recherche
scientifique
et de l'Innovation

Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la

Recherche scientifique et de l’Innovation, se décrit comme un
pur produit de l’ascenseur social marocain. Issu d’une famille
très modeste, ce natif de Fkih Bensaleh a effectué ses études
secondaires à Casablanca. Une fois son baccalauréat en poche,
il s’est envolé pour la France, pour y poursuivre ses études
supérieures. Une étape qui n’a pas été des plus faciles, car il lui
fallait en même temps subvenir aux besoins de sa famille. En
dépit de cette lourde responsabilité, il s’est accroché, déterminé
à achever son parcours universitaire. Après avoir affûté ses armes
au sein de plusieurs établissements et d’une grande agence
internationale en France, il a été président de l’Université Cadi
Ayyad pendant deux mandats. Son expertise lui a valu le privilège
d’être désigné en tant qu’expert au sein du Conseil supérieur
de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique,
et comme membre de la Commission du Nouveau modèle de
développement.

Réalisé par
Maryem Ouazzani, Sanae Raqui
et Moulay Ahmed Belghiti
10
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023
Pas de limite à l’aide destinée
aux étudiants sinistrés
Intervenant dans le
cadre de l’Invité des
ÉCO, le ministre de
l’Enseignement supérieur,
de la Recherche scientifique
et de l’Innovation a tenu à
affirmer tout son soutien
et sa compassion aux
Marocains, en particulier
pour les étudiants touchés
par le séisme d’Al Haouz.
Il s’est dit prêt à les
accompagner et les aider
sans aucune limite.
Comme tout Marocain, Abdella-
tif Miraoui a été touché dans sa
chair en vivant le tremblement
de terre d’Al Haouz, survenu le 8
septembre dernier. «Nous nous
rendons compte dans de telles
SÉISME D’AL HAOUZ
circonstances que le malheur
n’arrive pas qu’aux autres», se dé-
Abdellatif Miraoui sole d’emblée le ministre de l’En-
Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique
et de l’Innovation seignement supérieur, qui a passé
cette journée du vendredi à l’Uni-
«Il est prévu de créer des instituts nationaux sur versité Cadi Ayyad pour superviser
les grandes thématiques prioritaires du pays telles les préparatifs de la rentrée uni-
que la ressource hydrique. Dans ce sens, d’ici la fin de versitaire, un établissement qu’il
l’année prochaine, nous allons mettre en place l'Ins- connait bien, pour en avoir présidé
titut de recherche sur l'intelligence artificielle et les data sciences aux destinées huit années durant.
ainsi que pour les biotechnologies. L’institut sur la géophysique, la Intervenant dans le cadre de L’In-
géologie et les risques naturels va suivre à terme». vité des ÉCO, Miraoui affirme
avoir vécu de près ce séisme. La
nuit a été longue au sein de l’Ins-
titut national de géophysique, qui
«La nouvelle dynamique portée par le Pacte ESRI 2023-2030 permet, effectue les mesures sismiques et
en effet, la réhabilitation de la mission sociétale de l’université, donne toutes sortes d’indications
comme courroie de transmission des valeurs et levier de consolida- sur les tremblements de terre.
tion du lien social et du vivre-ensemble, en préparant des généra- Cet établissement, qui relève du
tions de jeunes fiers de leur identité marocaine, riche et plurielle, et
fortement engagés en faveur des priorités de développement de leur CNRST, dépend effectivement
pays. Cette dynamique transformatrice de l’écosystème de l’ESRI du ministère de l’Enseignement
contribuera certainement à propulser la qualité du capital humain supérieur, de la Recherche scien-
de notre pays qui, faut-il le rappeler, est une source intarissable de tifique et de l’Innovation. S’il re-
création de richesse matérielle et immatérielle». connaît volontiers que la soirée
du vendredi était particulièrement
triste, le ministre s’est dit agréa-

blement surpris, même s’il estime
que l’on pouvait s’y attendre, par
la légendaire «Tamaghrabit» des
Marocains. «Cet élan de solidarité
a été exceptionnel», constate le
ministre qui ajoute avoir été ras-
suré puisque les «choses ont été
prises en main de manière ferme
et sereine au plus haut niveau,
sous les hautes directives de SM
le Roi Mohammed VI, que Dieu
l’assiste». Le ministre s’est, en
effet, dit attristé par le nombre
de morts et par les difficultés fa-
miliales qui ont découlé de cette
catastrophe. Ceci dit, il a été ravi
de voir la jeunesse, en particulier
dans le milieu universitaire, se
mobiliser de façon aussi massive
et extraordinaire. «En me rendant
dans les universités, j’ai pu voir ce
que les jeunes étudiantes et étu-
diants ont pu faire. Je me suis dit :
‘‘voilà pourquoi cette réforme
tant attendue trouve tout son
sens’’», confie Miraoui. Le mi-
nistère voudrait ainsi mettre en
exergue toutes les valeurs liées à
l’empathie, au vivre-ensemble et
à la résilience. «Sa Majesté le Roi,
que Dieu l’assiste, insiste énormé-
ment sur le vivre-ensemble, la ca-
pacitation de la jeunesse et le dé-
veloppement du capital humain»,
rappelle le ministre qui soutient
que le plus gros du travail reste à
venir, qu’il faudra, une fois passée
cette étape du deuil, aborder une
étape encore plus cruciale, celle
de la Reconstruction. Il pense dur
comme fer qu’il y a de véritables
opportunités à saisir, jugeant que
nous allons sortir «plus forts» de
cette catastrophe. Au sein du mi-
nistère de l’Enseignement supé-
rieur, de la Recherche scientifique
et de l’innovation, et en vue de
parer à l’urgence post-séisme, une
réunion a été tenue deux jours
après le tremblement de terre.
Elle a réuni tous les présidents des
universités ainsi que l’ensemble
des responsables du ministère
afin de concevoir un plan d’action
adapté. «Parmi les priorités, la
rentrée universitaire, les concours
de recrutement, des concours
pour les masters et pour les autres
filières qu’il fallait absolument as-
surer sachant que nous avions des
jeunes dont nous n’avions aucune
information», relate le ministre.
Il a donc fallu faire une identifi-
cation qui a permis de prendre
connaissance du fait que les deux
universités les plus touchées
étaient celles d’Ibn Zohr (Agadir)
et de Cadi Ayyad (Marrakech).
«Nous avons ainsi demandé aux
équipes d’être présentes. Chose
qu’elles ont fait avec brio et je
tiens à les en remercier», se féli-
11
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023
cite Miraoui. Il rappelle à ce titre
que les jeunes qui ont été touchés
de près ou de loin par le séisme
ont été accompagnés par le mi-
nistère, prioritairement pour la
question du logement. Même
chose pour les bourses. «Nous
avons demandé à ce qu’ils soient
également prioritaires pour en
bénéficier», annonce le ministre.
Son département a pu établir
une connaissance précise de l’ori-
gine des étudiants sinistrés. Pour
rappel, ils sont près de 45.000
étudiants inscrits à l’université
Ibn Zohr et 17.000 à celle de Cadi
Ayyad. En tout cas, Miraoui assure
qu’il n’y a pas de limite pour aider
les étudiants sinistrés et essayer
de les accompagner en leur of-
frant l’appui psychologique et lo-
gistique nécessaire, et en faisant
preuve d’un grande flexibilité ad-
ministrative.
12
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023

LE PACTE ESRI 2030 EST EN MARCHE

Le détail d’une réforme pédagogique

profonde lancée dès cette rentrée
Universitaire 2023-2024
 13
Les Inspirations Éco - Vendredi 13 octobre 2023
14
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023
Les premiers changements
dans l’écosystème de
l’enseignement supérieur
commencent déjà à
être mis en place. Pour
comprendre les tenants
et les aboutissants du
nouveau Pacte ESRI
2030, le ministre de
l’Enseignement supérieur,
de la recherche scientifique
et de l’innovation, Abdellatif
Miraoui, décortique ce
nouveau mécanisme
instauré ainsi que la
stratégie de gouvernance
mise en place.
Beaucoup de réformes sont
attendues cette année dans le
milieu universitaire. Pouvez-vous
nous donner un aperçu des princi-
paux changements ?
Pour résumer, je pourrais dire que nous
avons opté pour une réforme globale
allant de la première année de faculté
jusqu’au doctorat. Une mutation en
ligne avec les priorités du programme
gouvernemental et qui se nourrit des
recommandations du Nouveau mo-
dèle de développement. Toutefois,
un enjeu de taille s’impose, qui est
celui d’arriver à ce que les jeunes qui
intègrent le système puissent bénéfi-
cier d’un parcours qui procurent aussi
bien les compétences disciplinaires
que cette capacité à développer un es-
prit, si j’ose dire, «bien organisé» ou, ce
qu’on peut dire en arabe, «Tamkine».
En d’autres termes, être habilité à
confronter les contraintes et les sou-
bresauts technologiques ou encore so-
cio-économiques. L’enjeu est de former
des individus qui ont cette capacitation
de pouvoir se développer et s’adapter
aux enjeux auxquels ils font face. Car
aujourd’hui, il faut se l’avouer, nous
avons deux grandes faiblesses. Il s’agit
du déficit sur le plan linguistique qui re-
présente une véritable fracture auprès
de la jeunesse de par le milieu social. La
seconde réside dans les compétences
transversales, appelées communé-
ment soft-skills, que l’on n’apprend pas
dans un amphithéâtre. Néanmoins, la
vie dans le campus universitaire peut
fortement y remédier. Ainsi, ce sont
les deux actions majeures sur les-
quelles nous avons bâti le concept que
nous sommes en train de développer.
Œuvrer pour la capacitation de cette
jeunesse, renforcer son attachement
à l’identité nationale et l’imprégner des
valeurs de la citoyenneté responsable
et agissante s’avèrent aujourd’hui des
impératifs de taille pour gagner la ba-
taille de la compétitivité.
ABDELLATIF MIRAOUI
Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche
scientifique et de l'Innovation
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
“Nous voulons des têtes
bien faites, pas
forcément bien pleines”
Comment envisagez-vous
l’université marocaine de
demain ?
Je l’imagine comme beaucoup d’uni-
versités internationales. Le standard
international aujourd’hui converge
vers une université qui permet cette
capacitation des individus ainsi qu’un
apprentissage tout au long de la vie.
Nous voulons des têtes bien faites et
pas forcément bien pleines, car les
paradigmes changent et certains de-
viennent complètement obsolètes.
Il suffit d’observer les changements
qui s’opèrent avec l’évolution de l’in-
telligence artificielle. L’ère est à l’inte-
raction même au niveau des modes
d’enseignement. C’est pour cela que,
depuis le début de mon mandat, je
mise sur la vie dans les campus uni-
versitaires. Une expérience qui s’avère
prometteuse sur tous les plans. Le
changement devrait s’opérer de ma-
nière progressive, à commencer par
le primaire et le secondaire. D’ailleurs,
un travail en étroite collaboration est
mené avec le département de l’Édu-
cation Nationale. A ce propos, je cite
les efforts fournis pour améliorer le ni-
veau linguistique. En somme, l’univer-
sité ne suivra plus le modèle classique
de jadis. Comme je l’ai mentionné
précédemment, elle restera ouverte
tout au long de la vie car il est impor-
tant d’intégrer cet aspect à l’instar des
grandes universités internationales.
La nouvelle dynamique portée par
le Pacte ESRI 2023-2030 permet, en
effet, la réhabilitation de la mission
sociétale de l’université, comme cour-
roie de transmission des valeurs et
levier de consolidation du lien social
et du vivre-ensemble, en préparant
des générations de jeunes fiers de leur
«Œuvrer pour la capacitation de cette
jeunesse, renforcer son attachement à
l’identité nationale et l’imprégner des
valeurs de la citoyenneté responsable
et agissante s’avèrent aujourd’hui
des impératifs de taille pour gagner la
bataille de la compétitivité».
identité marocaine, riche et plurielle,
et fortement engagés en faveur des
priorités de développement de leur
pays. En somme, cette dynamique
transformatrice de l’écosystème de
l’ESRI contribuera certainement à pro-
pulser la qualité du capital humain de
notre pays qui, faut-il le rappeler, est
la source intarissable de création de
richesse matérielle et immatérielle.
Quid de la problématique de la
surcharge dans les universités ?
Aujourd’hui, il y a une démocratisation
de l’enseignement supérieur, comme
c’est le cas de plusieurs pays dans le
continent africain. Pour ma part, je qua-
lifie cette surcharge d’attractivité, ce qui
reste valorisant pour notre pays. Sauf
que le taux d’encadrement est moins
important si l’on se compare à des pays
comme la Turquie, l’Espagne ou en-
core le Portugal. Actuellement, l’on ne
peut plus enseigner de la même ma-
nière qu’auparavant et la digitalisation
contribue massivement à introduire de
nouvelles méthodologies. Je pense qu’il
faudra développer cette pédagogie hy-
bride pour réduire cette pression de 30 à
40% si les efforts consentis se mettent
en place de façon efficiente, notam-
ment à travers la nouvelle architecture
pédagogique, laquelle permet d’initier
ce processus d’autonomie. L’important
est d’inculquer aux jeunes la nécessité
de fournir un travail personnel, notam-
ment pour renforcer le niveau linguis-
tique. Nous avons entamé ce processus
par la mise en place de deux modules,
à savoir le Digital skills et les langues.
Mais, dès cette rentrée, les autres cours
disciplinaires seront scénarisés pour
adhérer à cette logique. Pour y parve-
nir, pour la première fois dans l’histoire
de l’université marocaine, les équipes
ont été renforcées par 2.400 postes à
la rentrée 2022-2023, et j’espère que la
tendance se poursuivra en 2023-2024.
Vous mettez beaucoup l’accent
sur les langues. Le français
sera-t-il remplacé par l’anglais ?
Ce débat perd son intérêt lorsqu’il est
politisé. Aujourd’hui, plus les jeunes
sont polyglottes, plus ils s’insèrent
professionnellement et s’immunisent
contre le chômage. Il faut noter aussi
que notre pays occupe une place im-
portante sur le continent , notamment
en Afrique de l’Ouest. Des relations
privilégiées qui ont été élargies grâce à
l’implication du Maroc dans l’anglais.
Mais, il n’est pas question d’enlever des
langues, bien au contraire, il faut en
rajouter davantage pour se mettre au
diapason. C’est un faux débat de dire
qu’une langue sera remplacée par une
autre. Certes, dans cette réforme, on
exige un certain niveau pour l’anglais et

le français, mais pour ceux qui l’ont déjà,
une plateforme en cours en développe-
ment sera mise à disposition, laquelle
comprend 18 langues afin de favoriser
les jeunes à les parler. Cette plateforme
permettra d’obtenir une certification.
J’irais plus loin dans la réflexion, admet-
tons que la langue française soit sup-
primée, avons-nous les ressources hu-
maines adéquates et l’environnement
approprié pour adopter l’anglais. Qu’en
est-il également des relations avec
d’autres pays sur le plan commercial et
politique, surtout que le Maroc se posi-
tionne actuellement comme étant un
hub africain. Par ailleurs, si l’anglais a été
renforcé, c’est pour répondre à une de-
mande grandissante. Je cite l’exemple
de la Faculté de Ain Chock qui intègre
dans son enceinte une business school
dont 1.500 candidats prétendent à
une licence enseignée intégralement
en anglais. C’est aussi une démarche
que nous essayons de développer. Je
rappelle que l’année dernière, 18 forma-
tions de master ont été prodiguées en
anglais, alors qu’avant il n’y avait que Al
Akhawayn. Néanmoins, j’insiste sur le
fait que les jeunes soient multilingues
car le Maroc reste un carrefour de par
sa position géographique et géopoli-
tique, laquelle nécessite son ouverture
sur les langues. A cet effet, nous avons
introduit des formations en anglais, en
chinois, et des licences en italien.
La refonte des différentes
filières demeure problématique.
Comment l’écosystème pourra y
contribuer ?
La vraie difficulté aujourd’hui réside au
niveau des établissements à accès ou-
vert. A titre indicatif, nous comptons
aujourd’hui 1,3 million d’étudiants qui
sont inscrits dans les établissements
à accès ouvert, soit 85%. Les 15% res-
tants sont admis dans les établisse-
ments à accès régulé. Politiquement,
nous pouvons augmenter ce taux avec
un renforcement des moyens, mais on
aura raté le véritable capital humain.
Actuellement, nous capitalisons sur
ces 85% dont le taux d’échec dépasse
50%, d’où la révision du contenu pé-
dagogique, devenu caduc et aussi à
travers l’introduction des langues et
des compétences transversales pour
que l’université devienne plus attrac-
tive. C’était d’ailleurs l’objet des assises
régionales. L’objectif est de permettre à
ces jeunes qui n’ont pas pu accéder aux
autres formations de bénéficier d’une
formation de qualité.
À ce sujet, ne pensez-vous pas
qu’il soit temps de rompre avec
ce système élitiste et ouvrir l’accès
aux établissements régulés aux
plus méritants ?
Il est évident qu’une frustration se
manifeste chez certains bacheliers
qui n’arrivent pas à accéder à ces éta-
blissements, mais, dans ce contexte, il
15
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023
faut signaler qu’il y a toujours moyen fique. Pour la renforcer, il est prévu de ner les moyens à la recherche pour
de se rattraper. C’est ainsi pourquoi créer des instituts nationaux sur les qu’elle puisse fonctionner à bon es-
nous œuvrons à redonner à l’univer- grandes thématiques prioritaires du cient, il est prévu de compter 1.000
sité ses lettres de noblesse et à créer pays telles que la ressource hydrique. doctorants de nouvelles générations
une émulsion. A cet effet, nous avons Dans ce sens, d’ici la fin de l’année par an. Ces doctorants doivent passer
créé des Centres d’Excellence qui prochaine, nous allons mettre en au moins un an dans un pays étranger
peuvent accueillir des étudiants avec place l’Institut de recherche en intel- pour de nouveau profiter de cet élan.
un niveau bac+2. Nous avons choisi ligence artificielle et en data Les sciences humaines et sociales ne
de placer les facultés au cœur du sciences ainsi que pour les biotech- sont pas en reste. Les doctorants dans
développement universitaire. Et l’en- nologies. L’institut de la géophysique, le domaine sont également de la par-
gouement est au rendez-vous. A titre la géologie et les risques naturels va tie, car le Maroc compte un déficit de
d’exemple, au début de cette rentrée suivre à terme. compétences dans le domaine. In fine,
universitaire, nous avons reçu plus de Pour redon- pour l’année 2023-2024, il est question
66.000 candidats aux Cycles d’excel- de réviser l’intégralité de la loi 01-00
lence pour 18.000 places ouvertes. qui régit l’enseignement supérieur
Actuellement, les facultés comptent afin de tenir compte de toute la gou-
à leur actif 66 centres d’excellence à vernance de l’université. La révision
l’échelle nationale. J’ajouterais que, concerne aussi le cahier des normes
cette année, le focus a été mis sur pédagogiques pour le doctorat.
les établissements à accès ouvert et
le programme de la licence. Et, dès Retrouvez l’intégralité
de l’interview en vidéo
le mois de novembre, nous nous at- prochainement sur Leseco.ma
telons à la préparation de la rentrée
prochaine, notamment en entamant
la réforme des masters, des écoles
d’ingénieur et des établissements à
accès régulé afin de les mettre aussi
au goût du jour.
Quels sont les objectifs de ce
plan d’accélération de la
transformation de l’écosystème
de l’enseignement supérieur,
et comment sera-t-il financé ?
Il va de soi que les transforma-
tions suscitées par le Pacte ESRI
2030 requièrent pour leur dé-
ploiement réussi des investisse-
ments conséquents à la hauteur
de l’ambition projetée. Etant un
programme figurant au rang
des priorités, comme il ressort
de la note de cadrage du Chef
du gouvernement concer-
nant la Loi de finances 2024,
le Pacte ESRI 2030 bénéficie
d’un soutien particulier, à
en juger par le relèvement
des dotations d’investisse-
ment dédiées au ministère
pour couvrir les besoins en
infrastructures et en équi-
pements des établissements
universitaires et des labora-
toires de recherche y relevant.
Il en est de même pour les dé-
penses de fonctionnement,
notamment à travers le renfor-
cement des programmes de re-
crutement des enseignants cher-
cheurs et des cadres administratifs
et techniques. Au titre du budget
2023, nous avons mobilisé plus de
2.300 nouveaux postes budgétaires,
dont 1.590 postes pour l’amélioration
de l’encadrement pédagogique et ad-
ministratif. Il faudra opérer des chan-
gements… Les changements à opérer
sont stupéfiants. A titre d’exemple,
pour la première fois, l’université
marocaine permet une mobilité na-
tionale des étudiants. S’ajoute à cela
l’organisation de la recherche scienti-
16
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023

Voici comment le Maroc, à travers le PACTE ESRI 2030,

anticipe l’enjeu de l’adaptation du Capital Humain
au développement technologique
 17
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023

TAMAYOUZ CENTERS

Un nouveau concept orienté vers l’excellence et qui créé

déjà le buzz dès cette rentrée 2023-2024
18
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023

RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET INNOVATION

Les ingrédients d’une réforme

réussie
Le ministère de De surcroît, cette carrière doit re-
l’Enseignement supérieur, fléter un engagement envers les
de la Recherche scientifique étudiants, l’adoption d’innovations
pédagogiques, le coaching et men-
et de l’Innovation, torat des jeunes.
amorce dès cette année
une réforme profonde POUR UNE RECHERCHE
de l’écosystème de la SCIENTIFIQUE AUX
recherche scientifique et STANDARDS INTERNATIO-
de l’innovation. L’objectif NAUX ET ALIGNÉE SUR LES
PRIORITÉS NATIONALES
est d’être au diapason «Nous vivons une période dy-
de la croissance du pays. namique, caractérisée par des
L’université devient avancées significatives dans des
incontournable et joue donc domaines tels que l’intelligence
un rôle central. artificielle, l’hydrogène, le dessale-
ment de l’eau de mer et les éner-
gies renouvelables», relève Abdel-
latif Miraoui. Dans ce contexte,
le renouvellement de l’université
devient crucial, car la recherche
scientifique joue un rôle central
dans le progrès du pays. Pour ce qui
est de la promotion de la recherche
scientifique et de l’innovation et
leur alignement sur les priorités de
développement de notre pays, des
actions concrètes seront déployées
dès cette année, ajoute le ministre,
notamment :
- Le lancement du programme
de formation de 1.000 docto-
rants-moniteurs de nouvelle gé-
nération, recrutés parmi les meil-
leurs talents, fortement dédiés à la
recherche scientifique et impliqués
dans l’encadrement pédagogique,
en contrepartie d’une rétribution
de 7.000 dirhams mensuelle net.
- Le démarrage de trois instituts
thématiques de recherche, en l’oc-
currence l’ITR eau, l’ITR biotech-
nologies et l’ITR intelligence arti-
ficielle, en vue de fédérer l’effort
national de recherche dans ces
domaines vitaux et d’optimiser les
ressources et les moyens qui y sont
dédiés.
- La création de trois nouvelles
cités d’innovation, contri-
buant ainsi à mieux valoriser les

La promotion de la recherche
scientifique et de l’innovation re-
présente un pilier fondamental du
PACTE ESRI-2030. L’alignement de
ces domaines sur les priorités de
développement du pays revêt une
grande importance pour l’instance
gouvernementale. Pour le ministre
Abdellatif Miraoui, la carrière d’un
enseignant-chercheur doit impé-
rativement intégrer la dimension
de la recherche scientifique, que ce
soit à travers des publications, des
brevets ou des collaborations avec
les secteurs socio-économiques.
LE MODÈLE MAROCAIN, UN AXE FONDAMENTAL
Un aspect essentiel auquel le Pacte ESRI-2030 accorde une grande importance est la notion du «modèle
marocain et du vivre-ensemble». Actuellement, toutes les filières de licence proposent des modules en
mode hybride, élaborés par des experts qui ont conçu des programmes abordant le patrimoine historique
du Maroc, ou encore son patrimoine culinaire, musical et culturel. «Ces éléments sont essentiels et les
jeunes Marocains doivent les partager, car ils constituent une source de fierté», estime le ministre. Cette
approche offre l’opportunité de développer de manière cohérente et accessible l’identité marocaine tout
au long du cursus de Licence. Une approche qui sera étendue au Master, l’objectif étant que les étudiants
puissent partager une compréhension approfondie de ce qu’ils sont en tant que Marocains et Africains.
Selon Abdellatif Miraoui, les sciences humaines ont un rôle déterminant à jouer «en apportant une sta-
bilité personnelle et en renforçant notre fierté dans ce que nous sommes». En fin de compte, les leaders
de demain seront ceux qui développent ces compétences en sciences humaines et sociales.

résultats de la recherche scien-
tifique, à accélérer le trans-
fert des technologies au profit
de l’entreprise et à renforcer,
in fine, la comp étitivité et
l’a t t r a c t i v i t é d e l’é c o n o m i e
nationale.
La valorisation de la recherche
scientifique et de l’innovation ap-
parait, également, à travers l’adop-
tion de nouveaux statuts des ensei-
gnants-chercheurs, plus attractifs
pour les talents, y compris la Dias-
pora marocaine et les experts du
secteur privé. Dans ce sens, le mi-
nistre souligne l’effort fourni par le
gouvernement dans ce sens, avec
le doublement du budget consa-
cré à la Recherche (600 millions
de dirhams) et l’adoption de plu-
«Nous vivons une période
dynamique, caractérisée par
des avancées significatives
dans des domaines tels que
l’intelligence artificielle,
l’hydrogène, le dessalement
de l’eau de mer et les
énergies renouvelables.»
sieurs mesures incitatives dans
le cadre de la nouvelle Charte de
l’investissement pour rehausser
la contribution du secteur privé
en matière de R&D. Pour sa part,
le PACTE ESRI-2030 promeut la
participation des chercheurs ma-
rocains dans les programmes in-
ternationaux de recherche, et vise
à augmenter la visibilité des uni-
versités nationales dans le giron de
la Recherche scientifique interna-
tionale.
ENCOURAGER LA COLLABO-
RATION ENTRE LES ÉTABLISSE-
MENTS D'ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR, LES ORGANISMES
DE RECHERCHE ET LES
ACTEURS DE L'INDUSTRIE
L’incitation des acteurs de l’éco-
système de l’ESRI à renforcer leur
partenariat avec le monde so-
cio-économique en général est un
choix volontariste et délibéré du
PACTE ESRI-2030. Cette collabo-
ration apparait à plusieurs niveaux.
D’abord, à travers l’implication des
opérateurs économiques dans la
co-construction des filières de for-
mation pour aligner ces dernières
sur les besoins réels de certains
secteurs clés de l’économie natio-
nale, ce qui contribue à favoriser
une plus grande visibilité quant à
l’employabilité des lauréats.
19
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023
nal, centrés sur les besoins des ter-
ritoires (études approfondies sur les
spécificités régionales et sur la valo-
risation de leurs atouts compétitifs
et de leur potentiel d’attractivité).
Enfin, le rapprochement entre
l’écosystème de l’ESRI et le milieu
socioéconomique est enrichi par le
lancement de programmes d’im-
mersion des doctorants en milieu
professionnel (thèses de doctorats
en entreprise), permettant ainsi de
promouvoir la recherche-action et
de mettre ses résultats au service
du développement économique de
notre pays.
CÔTÉ INNOVATION :
BOOSTER LA PART DU
NUMÉRIQUE DANS LE PIB
Le ministre rappelle également
l’importance centrale du numé-
rique, qui est l’un des paris d’avenir
du Maroc, tout comme l’énergie
verte. L’objectif est de faire passer
la part du secteur numérique à 5%
du PIB d’ici 2035, contre environ
1% actuellement. Face aux enjeux
actuels et futurs liés à l’émergence
des technologies numériques, le
PACTE ESRI-2030 accorde une
priorité à la formation dans les mé-
tiers du digital. Cela se concrétise
par le biais de filières spécifiques et
de formations certifiantes dispen-
sées dans le cadre des centres Code
212. Ces derniers sont des espaces
de Peer-learning gratuits, desti-
nés aux étudiants des Universités,
et visant à leur offrir la possibilité
d’acquérir une double compétence
dans le Digital. L’objectif est ambi-
tieux : il consiste à former 100.000
jeunes certifiés dans diverses dis-
ciplines d’ici 2026. Selon Miraoui,
cet objectif, bien qu’ambitieux,
est réaliste. Il répond aux besoins
actuels du marché et au potentiel
de développement futur de notre
C’est d’ailleurs dans ce cadre que triels porteurs (ingénieurs, techni- économie. En octobre 2023, Code
s’inscrit, à titre d’illustration, la ciens supérieurs, cadres intermé- 212 est inauguré à Agadir, et sera
convention MESRI-MCI-GIMAS- diaires), à horizon 2025. suivi rapidement par celui de Kéni-
AMICA-CGEM visant à appuyer En outre, la collaboration englobe tra. D’autres ouvriront leurs portes
la compétitivité des secteurs de aussi les programmes conjoints d’ici la fin de l’année et le début de
l’aéronautique et de l’automobile, impliquant les laboratoires de re- l’année prochaine afin d’accroître
à travers la formation de 100.000 cherche universitaires et les acteurs le nombre de jeunes compétents
lauréats dans ces créneaux indus- de l’écosystème économique régio- en programmation et en coding.
LEADERSHE POUR RENFORCER L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ
Le programme LeaderShe représente une vaste initiative dont l’objectif principal est de renforcer les com-
pétences entrepreneuriales et créatives des jeunes étudiantes ainsi que des femmes cadres et respon-
sables au sein du ministère. À ce jour, ce dernier a organisé trois éditions des conférences «Leadership
Talks» qui ont été animées par des experts de haut niveau. Ces événements ont bénéficié d’une parti-
cipation importante et continue de membres actifs au sein de l’écosystème de l’ESRI. En parallèle, il a
été également procédé au lancement d’un programme de formation en leadership féminin destiné aux
cadres et responsables femmes du ministère. Cette formation certifiante s’étend sur trois mois, avec des
sessions de formation de quatre jours par mois.
20
Les Inspirations ÉCO - Vendredi 13 octobre 2023

Abdellatif Miraoui a répondu avec brio à la moindre interrogations des journalistes des Inspirations ÉCO.
Aucun sujet n’a été éludé.

Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur en visite, guidée, de la rédaction du journal Les Inspirations ÉCO. «J’imagine l’université marocaine comme beaucoup d’universités internationales.
(de g. à dr.: Moulay Ahmed Belghiti, rédacteur en chef du journal, El Mehdi Allabouch, VP du groupe Horizon Press Le standard international aujourd’hui converge vers une université qui permet
en charge du développement et du commercial, le ministre et Hicham Bennani, VP du groupe en charge de l’éditorial). cette capacitation des individus ainsi qu’un apprentissage tout au long de la vie.»