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FINKIELKRAUT et MEIRIEU

Une série d'articles dans les journaux, des diatribes dans les groupes de discussion
m'ont donné envie d'essayer de comprendre où se situaient les différences de
position entre ces deux personnages devenus des symboles de "représentations" de
l'école et de l'enseignement.
Plus exactement j'ai eu envie de poser des hypothèses concernant deux pôles qui
pourraient être symbolisés par ces deux personnes.

Pour cela, j'ai réfléchi à partir de six articles parus dans le


journal "Le Monde":
-Trois qui définiraient, le pôle F
1°) "La révolution cuculturelle à l'école" par Alain Finkielkraut, paru le 19/05/2000, noté (f)
2°) "Langues anciennes: on nous a trompés" par Jacqueline de Romilly et Jean-Pierre Vernant, paru le 31/03/2000, noté
(r)
3°) "Claude Allègre, énième pompier pyromane" par Beaud(O.), Coq(G.), Cordoba(P.), Descombes(V.), Fichant(M.),
Gauchet(M.), Habib(C.), Humphries(R.), Portier(P.), Prud'homme(R.), Raynaud(P.), Thibaud(P.), Thivel(A.), Urbas(J.),
Walliser(B.), paru le 24/03/2000, noté (cf). (Collectif f)

-Trois pour définir le pôle M


1°) "Une odieuse chasse au pédagogue" par Philippe Meirieu, paru le 12/05/2000, noté (m)
2°) "Éducation, la mauvaise foi de la contre-réforme" par Tzvetan Todorov, paru le 31/03/2000, noté (t)
3°) "Contre l'immobilisme et le corporatisme" (120 signatures dont Dupon-Lahitte(G.), Janet(C.), Charpack(G.),
Dausset(J.), de Gennes(P.G.), Lehn(J.M.), Cornec(J.), Gros(F.), Molinié(G.), Morin(E.), Touraine(A.), Vaysse(G.), paru
le 31/03/2000, noté (cm)

Il n'est pas question ici, de chercher à synthétiser des pensées, ou des oeuvres. Bien des éléments
seront laissés certainement de côté .
Il s'agit d'essayer de dépasser les "injures", les "reproches" ... en proposant des hypothèses d'analyse
de deux pôles de représentations sur l'école et l'enseignement, dans le but de provoquer la réflexion
à partir des articles cités ci-dessus.

Trois hypothèses :
* Les pôles se différencient par leurs représentations du fonctionnement des "personnes"
* Les pôles se différencient, également, par une importance plus ou moins grande accordée aux
liens paradigmatiques ou syntagmatiques (ou liens dans le temps et liens dans l'espace)
* Les pôles se différencient, encore, par une dynamique inverse dans le mouvement (idéal-réalité)

(La mise en gras de certains mots est de moi)


Les représentations des "personnes"

Dans le Pôle M,
«la culture et la raison, à elles seules,

L'objectif de l'école pour le Pôle F ne délivrent pas de la barbarie. Voilà


: qui est devenu une triste
c'est la «formation des esprits»(r), banalité!»(m).
ceci se fait par "l'instruction" qui»est la condition de Et puisque la culture n'est pas
l'indépendance de jugement qu'une société démocratique incompatible avec l'expression
attend de ses membres»(cf); personnelle: «Qui a jamais dit que la
On pense que «l'abandon progressif de la glose culture interdisait l'expression
(poussiéreuse) et du commentaire (académique) pour les personnelle?»(m), il est bon de
exercices d'imagination débouche sur le triomphe sans favoriser l"épanouissement" des
partage de la doxa»(f). jeunes car un des objectifs de l'école
On accuse le Pôle M de penser que «l'instruction serait une est de former «des citoyens autonomes
"fiction" injuste et inefficace, la vraie modernité consisterait (donc pourvus d'esprit critique) et des
à renoncer à cette fiction. Le bonheur est dans êtres humains épanouis»(t).
"l'adaptation". Le plaisir a sa place à l'école: «Les
Le renoncement, tel est le ressort des réformes, enrobé dans élèves qui arrivent aujourd'hui au
la démagogie de l'innovation" pédagogique" et de collège, voire au lycée, n'ont pas tous
l'égalitarisme»(cf). la passion de la lecture, loin de là. Il
On proteste contre «l'abandon des fins de l'école, au profit faut les inciter à prendre l'habitude de
d'un improbable mélange d'hédonisme (chacun doit lire et les aider à se rendre compte que
s'épanouir tout seul, sans subir l'autorité éducative) « et la lecture peut être non seulement un
contre «le modernisme incontinent (par exemple: exercice imposé, mais aussi un
l'enseignement par discipline est dépassé, vive plaisir. Ce mot choque nos
l'interdisciplinarité»(cf). professeurs de vertu, qui s'imaginent
On rappelle encore que l'avant-dernier Ministre «nageait aussitôt qu'on cherche à introduire à
dans le sens du courant :"Il y a dans l'enseignement une l'école quelque expérience sexuelle
tendance archaïque que l'on peut résumer ainsi: ils n'ont interdite»(t).
qu'à m'écouter, c'est moi qui sais. Sauf que c'est fini, les La construction de la Loi «qui
jeunes (et même les très jeunes) n'en veulent plus. Ce qu'ils s'impose de manière transcendante et
veulent, c'est interréagir."«(f). au nom de l'universalité de l'humain,
Enfin, on fait confiance aux enseignants qui «s'obstinent aux groupes affinitaires, aux clans et
envers et contre tout à maintenir l'école dans sa mission tribus de toutes sortes»(m) (dans le
première de transmission des connaissances et de pôle F on parlera plutôt de l'Autorité
formation de l'intelligence.»(cf) du Maître), est aussi importante que le
«pouvoir unificateur de l'art en deçà
et au delà de toutes différences qui
séparent les hommes»(m).
Je poserai ici comme hypothèse que les différences entre les positionnements
proviennent en grande partie des différences entre les représentations
du fonctionnement des personnes.

-Dans le Pôle F, la personne est conçue comme un ensemble de fonctions (perception, émotion,
motivation, volonté, imagination, intelligence...) qui peuvent être considérées indépendamment les
unes des l'autres. Il en résulte qu'on peut donner à l'école pour seul objectif de "former
l'intelligence" pour "instruire" les élèves par "la transmission des connaissances", des disciplines
que possède le Maître. D'où l'importance des exercices de gnose, de dissertation... pour la
rencontre des intelligences du maître et des élèves.

-Dans le Pôle M, la personne est conçue comme un ensemble de fonctions ou de polarités en


interaction continuelle. L'émotion intervient sur la mémoire, la mémoire et les émotions
interviennent sur l'intelligence, etc... Il n'est plus question de s'occuper d'un aspect, mais de
s'intéresser à l'ensemble de la personne de l'élève. Ce n'est plus une "rencontre d'intelligences" qui
a lieu en classe, mais une "rencontre de personnes" avec tout ce que cela implique. C'est l'élève
qui "construit ses connaissances" dans cette rencontre avec la personne de l'enseignant. Dans
l'enseignement des disciplines, on sera sensible à leur interaction (Interdisciplinarité; Travaux
personnels encadrés).

Ceci n'est pas sans conséquences sur la façon dont on conçoit le "métier d'enseignant".
Les différences s'observent dans l'attention portée:

soit à la professionnalisation
soit aux disciplines
car elle seule permet de former à un
car elles seules comptent
métier
pour la formation de l'intelligence
tourné vers le jeune dans son ensemble.
Dans le Pôle F on dira par exemple : Dans le Pôle M ce sera : « Plus que jamais,
« Attaques contre les professeurs, suppressions l'école doit aujourd'hui engager un effort
massives d'heures de cours au lycée, important pour préparer les jeunes à être des
"professionnalisation" du CAPES qui consiste à citoyens accomplis dans un monde en perpétuelle
caporaliser les professeurs des lycées et collèges évolution...Cela ne pourra pas se faire sans des
et à les priver de l'enseignement universitaire évolutions profondes des pratiques
indispensable à une véritable formation: les d'enseignement et des modes d'organisation du
réformes Allègre se poursuivent »(cf). système scolaire »(cm).
« Pour les partisans de l'innovation, les
professeurs trop attachés à leur discipline et à
leur bibliothèque, sont simultanément coupables
d'archaïsme, d'égoïsme et d'élitisme. Ils avaient
choisi un vieux métier humaniste, on les
enjoint désormais d'exercer un nouveau métier
humanitaire »(f).

Il est bien évident que ces différences de représentations ont aussi des incidences sur
la conception des modes de recrutement des enseignants en I.U.F.M.!
LES LIENS
Les deux pôles reconnaissent l'importance de l'établissement de liens pour la formation des
jeunes, mais ils mettent l'accent sur des types de liens différents:

- Pour le pôle F les liens privilégiés sont sur un axe paradigmatique (ou axe
du temps), ils sont de l'ordre de l'enracinement (se former en prenant racine). Ils
sont encore de l'ordre d'une recherche généalogique. S'enrichir de tout ce que le
monde a accumulé de connaissances et de valeurs au travers des siècles. La valeur
privilégiée est ici "la reconnaissance et la sauvegarde de l'héritages des ancêtres".
C'est pourquoi dans ce pôle on défendra:
- les langues anciennes, grec et latin: « La politique aujourd'hui conduite et que nous dénonçons
consiste à effacer lentement, avec patience et détermination, les langues anciennes de nos
programmes » (r);
-et tout ce que nous a apporté la tradition: la littérature: « Et quand une pétition dénonce
l'effacement de la littérature "comme un coup de chiffon sur un tableau noir", le parti de la réforme
s'étonne de voir des intellectuels éminents ajouter foi à des rumeurs »(f)
-la dissertation : « Vous vous inquiétez pour la dissertation, on vous répond qu'il n'a jamais été
question de supprimer cet exercice »(f)
-la culture en général {à l'opposé de" la cuculture"(f)} « Jaurès ne voyait pas "en vertu de quel
préjugé nous refuserions aux enfants du peuple une culture équivalente à celle que reçoivent les
enfants de la bourgeoisie". Marie-Danielle Pierrelée ne voit pas en vertu de quel préjugé nous le
leur donnerions. »(f).
Il nous faut donc préserver ce qui vient du passé:
-les horaires: Finkielkraut accuse de vouloir « réduire à 15 heures hebdomadaires la part des cours
obligatoires pour les collèges »(f),
-les disciplines telles qu'elles existent dans la mesure où ce dernier accuse l'autre position de
vouloir « desserrer l'étau de la culture scolaire sur l'enseignement en combattant les "lobbies
disciplinaires", en renversant la tendance des concours de recrutement "à favoriser les grosses
têtes, les érudits, les passionnés d'une discipline au détriment des pédagogues" et en tablant sur le
multimédia. Bienvenue dans la vie.com. »(f)
La réforme devient alors un concept chargé de sens « On prend, de nos jours un risque considérable
à se présenter comme l'adversaire d'une réforme quelle qu'elle soit. Dans le monde affairé et fébrile
du mouvement pour le mouvement, réforme est le mot le plus convoité du vocabulaire
politique. Le concept d'action est tout entier occupé par la réforme, comme si, pour préserver, il
suffisait de laisser faire, comme si sauvegarder une institution, un paysage, un principe ou une
relation avec les morts, ce n'était pas agir »(f).
Relation avec les morts, relation avec le passé, enracinement; tout cela s'oppose à réformer. Du
reste réformer est le véritable conservatisme : « L'orientation de la réforme est-elle bonne? Peut
importe, la question ne sera pas posée, "réformer" est devenu un verbe intransitif. Voilà le vrai
conservatisme. »(cf)

Dans le pôle M, au contraire, la réforme est indispensable : « Il faut éviter l'immobilisme,


péril grave qui menace aujourd'hui l'école publique. Il faut soutenir les réformes »(cm).
La culture n'est plus le seul lien important : « Comment parvenir ici à une culture commune? Les
tenants de la contre-réforme ont trouvé la recette: il suffit que les "jeunes immigrés" apprennent le
grec et le latin pour qu'ils "ouvrent les yeux sur l'unité de cette culture méditerranéenne qui est à la
fois la leur et la nôtre"; il suffit qu'ils accèdent aux oeuvres classiques: c'est "la seule manière de les
arracher aux ghettos". Si l'on comprend bien, les jeunes issus de l'immigration maghrébine (et que
deviennent les autres?) doivent apprendre à lire Aristote et Augustin dans le texte pour accéder à
leurs racines et ne plus se révolter. On croit rêver. Cette solution n'est peut être pas à écarter, après
tout; mais pourquoi faut-il que ce soit la seule ? »(t).

On voit déjà ici une inflexion: on passe d'une "culture racine" à la


recherche d'une "culture commune".
En effet dans le pôle M les liens recherchés sont sur un autre axe, un
axe syntagmatique ou axe de l'espace.
Ils sont à chercher, prioritairment, avec les autres qui nous entourent,
avec notre époque. La valeur privilégiée est ici "la solidarité".

Solidarité qui ne peut être comprise dans le pôle F:»Il s'agit de substituer des moniteurs aux
professeurs, et de punir ces derniers de s'accrocher aux "vieilles lunes" du savoir et de la culture, en
leur faisant supporter le poids d'une mesure de solidarité nationale qu'il eût été plus juste, à ce titre,
de financer par l'impôt»(cf)
Différence encore plus perceptible dans: «La réforme ne parle pas la langue sordide de l'intérêt: elle
parle le langage du coeur. Elle fait le procès de l'intellectualisme au nom de la fraternité»(f).
On retrouve l'opposition intelligence/solidarité.
Dans le pôleM un objectif important de l'école est, entre autres, d'apprendre à communiquer
avec les autres ; un des buts du français est donc :»d'abord, d'apprendre aux élèves à s'exprimer
clairement, oralement et par écrit, à être capables de bien comprendre ce qu'ils lisent ou
entendent»(t).
De même l'objectif de l'école est de "former à l'exercice de la démocratie"(m) , «préparer les
jeunes à être citoyens accomplis dans un monde en perpétuelle évolution.»(cm).
Ces différences ont aussi des incidences sur la façon dont est ressentie l'hétérogénéité":
Pour le pôle F»Les gardes rouges de la cuculture ne désarment pas pour autant. Ils redoublent de
colère et ils incriminent le sabotage des professeurs ou les manoeuvres inciviques des parents
bourgeois pour soustraire leur progéniture aux bienfaits de l'hétérogénéité»(f).
Au contraire, pour le pôle M, l'hétérogénéité n'est-elle pas la condition d'une solidarité et d'une
connaissance de l'autre "différent"?
Hétérogénéité, citoyenneté: liens avec les autres; mais aussi liens avec son temps dans l'espace
actuel du monde: «un effort important en faveur d'Internet et des nouvelles technologies de l'école
à l'Université»(cm) doit être fait.

Liens racines ou liens solidarités? Peut-on séparer les deux?

Il me semble qu'il n'y a pas de culture commune possible si chacun ne s'enracine


pas dans la connaissance la plus profonde de ses racines qu'il pourra confronter.

Mais c'est cette culture commune qui est importante à construire justement.
La dynamique
L'éducation des jeunes est une confrontation
d'une réalité avec un devenir idéal désiré pour
ces jeunes.
-Les uns partent de cet idéal -Les autres partent de la réalité
pour chercher à y amener les des jeunes pour chercher à les
jeunes. amener à cet idéal.
La dynamique est différente.

Pour le pôle F,
c'est l'idéal qui est important,
et tout ce qui pourra paraître l'amoindrir ne sera pas accepté:

« De sorte, on s'acharne à rendre inintelligible et impraticable l'idéal qui définit l'institution


scolaire, alors que notre devoir civique et politique est de repenser et de reformuler cet idéal, de
l'inscrire dans des conditions sociales et anthropologiques certes nouvelles, mais ni plus ni moins
défavorables à l'éducation en démocratie »(cf).

Le mot "adaptation"définit alors le lieu de la différence des dynamiques. On le voit dans le


reproche fait par Finkielkraut à la F.C.P.E. « Le jeune, lit-on dans leurs brochures, doit être acteur
de son éducation, de sa formation, de son projet personnel, de son propre changement, de sa
propre construction de savoirs: "l'accent doit être mis dès sa naissance sur ses potentialités, sur
ses capacités propres, sur son initiative...Centré sur l'enfant et non sur les disciplines enseignées,
c'est à l'école de s'adapter à l'élève et non l'inverse." Nous ne sommes pas fous. Nous sommes
même en droit de dire qu'il n'est pas de précédent dans l'histoire européenne à la haine des maîtres
et à la détestation de l'école manifestée aujourd'hui par l'institution scolaire elle-même et par les
forces soi-disant vives de la société »(f).

Si partir de l'élève c'est haïr le maître et détester l'école, on comprend que la diminution
des horaires, l'allégement des programmes soient ressentis comme une diminution de cet
idéal vers lequel il faut amener les élèves. Mais est-ce vraiment cela?

Pour le pôle M,
il semble que l'accent soit mis sur l'élève
et donc, prioritairment, sur la prise en compte de ce qu'il est.

« Des corporatistes étroits ont empêché la loi de 1989 qui place l'élève au centre du système
éducatif et qui fait des parents des partenaires à part entière de l'école, de s'appliquer
pleinement »(cm).

Faudrait-il alors s'adapter, avec tout ce que ce terme renferme de renoncement?


« Il ne s'agit du reste pas de s'adapter mais de prendre en considération: à quoi sert de fermer les
yeux devant la réalité des faits? L'école ne doit pas renoncer à son idéal, mais elle a tout intérêt à
connaître exactement la distance qui l'en sépare »(t).
« Ignorer la diversité des élèves repartis dans les classes d'enseignement général, technologique et
professionnel, faire comme si l'on avait en face de soi un seul type d'élève idéal, prêt à recevoir la
parole du maître, est certes facile sur le papier. Mais dans les salles de classe on est bien obligé de
partir des élèves réels, d'une extrême diversité »(t).

Il se crée alors un double mouvement dû à une double dissymétrie : « La parole de l'éducateur est
première. Son antériorité n'est pas seulement chronologique, elle est aussi ontologique: il porte et
présente le monde à ceux qui arrivent. Mais la parole de l'éducateur n'est pas "dernière": en effet,
son projet est bien de susciter une autre parole dont le texte ne soit pas écrit à l'avance. Il n'y a pas
d'équivalence" entre l'éducateur et l'éduqué, mais bien une double dissymétrie: dissymétrie de
l'enseignement qui place l'éducateur en amont et au dessus de l'éduqué; dissymétrie de
l'apprentissage qui place l'éduqué en position de s'approprier, de prolonger et de démentir ce qui
lui a été enseigné. C'est cette seconde dissymétrie qui permet à l'éducation de n'être pas seulement
reproduction »(m).

Dans ce pôle "l'élève est au centre du système" et "l'aide individualisée" représente une
avancée importante.

Il semble que l'on puisse,


peut être en simplifiant outrageusement ces deux pôles,
dire qu'ils représentent la tension normale entre un idéal et la réalité.

Pour le pôle F: Pour le pôle M:


- idéal de l'intelligence comme fonction - complexité de la réalité de la personne
supérieure de l'être humain, le distinguant des humaine, à la fois dans son fonctionnement
animaux; interne et dans sa diversité externe.
- idéal de la culture, somme de tout ce que - complexité de la réalité des liens entre des êtres
l'humanité (nos ancêtres auxquels nous sommes différents, entre des cultures différentes, entre les
redevables) a pu construire tout au long des êtres et les progrès techniques si rapides.
siècles. - complexité des stratégies d'enseignement, de
- idéal de la transmission intergénérationnelle la recherche d'efficacité pour donner ses chances à
du maître à l'élève. tous dans un idéal d'égalité.
Et ne pourrait-on rajouter:
- idéal d'un petit groupe (l'élite) chargé de
montrer la voie et de garder cet héritage et dont la
formation est fondamentale: d'où l'importance des
Grands Lycées Parisiens, des Grandes Écoles et
de l'Agrégation. chargés de former cette élite
idéale.
Qu'il s'agisse de représentations de la personne, de liens, de dynamique,
l'important n'est-il pas la prise en compte de l'interaction entre ces deux pôles
et d'éviter "l'exclusion" de l'un par l'injure, ou le discrédit jeté sur l'autre?

Et pour conclure cette phrase de Nathalie Guibert (Le Monde du 13/06/2000)

« Ni retour en arrière, ni fuite en avant, ni invectives: une réflexion collective pour que
la société regarde son école en face ».

Ou encore celle d'Antoine PROST (Le Monde du 22/6/2000):

« Il peut y avoir dans l'enseignement des dérives qu'il faut combattre; mais pas avant
d'avoir reconnu et mesuré l'ampleur des difficultés. Or elles tiennent aux élèves. Non
qu'ils soient moins vifs ou moins intelligents; ce n'est pas une question de niveau mais de
comportement. Beaucoup d'entre eux ne se comportent plus comme des élèves; on ne
sait plus comment les faire travailler et, sans travail, quelque chose d'essentiel se défait,
qui est grave pour la société toute entière. Cette situation radicalement nouvelle n'appelle
pas des diatribes, mais un travail d'analyse et d'explication qu'il n'y a pas plusieurs
façons d'entreprendre; la méthode est la même que pour tout travail universitaire. »

....et par cet éditorial, j'ai souhaité participer à cette réflexion collective.

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