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Introduction à la sociologie

Licence 1 Economie, gestion

Pascal Ughetto
pascal.ughetto@univ-eiffel.fr
Bureau C222
Plan du cours
Introduction générale
Chapitre 1. Sciences sociales et sociologie
Chapitre 2. Sociologie de l’individu contemporain
Chapitre 3. Sociologie des organisations
Chapitre 4. Sociologie du travail 1 : Organisation du travail et technologies
Chapitre 5. Sociologie du travail 2 : questions de managers et apports du
regard sociologique
Plan du cours
Introduction générale
Chapitre 1. Sciences sociales et sociologie
Chapitre 2. Sociologie de l’individu contemporain
Chapitre 3. Sociologie des organisations
Chapitre 4. Sociologie du travail 1 : Organisation du travail et technologies
Chapitre 5. Sociologie du travail 2 : questions de managers et apports du
regard sociologique
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Référence bibliographique :
Nisbet R., La tradition sociologique, trad. fr., Paris, PUF, coll. Quadrige.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Sciences Sciences « exactes »,
Sciences sociales
humaines sciences « dures »

Anthropologie Psychologie
Sociologie
… Physique
Histoire
Chimie
Economie Biologie

Sc. politique Philosophie Mathématiques

Lettres

Humanités
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Psychosociologie
Sciences Sciences « exactes »,
Sciences sociales
humaines sciences « dures »

Anthropologie Psychologie
Sociologie
… Physique
Histoire
Chimie
Economie Biologie

Sc. politique Philosophie Mathématiques

Lettres

Humanités
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Psychosociologie
Sciences Sciences « exactes »,
Sciences sociales
humaines sciences « dures »

Anthropologie Psychologie
Sociologie
… Physique
Histoire
Chimie
Economie Biologie

Sc. politique Philosophie Mathématiques

Sciences de
Lettres
gestion

Humanités
Comptabilité
etc…
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Les sciences sociales se forment initialement pour répondre à la question de la
« modernité » : comment une société peut-elle tenir si elle n’est pas instituée
d’en haut, mais procède d’en bas et se trouve constamment reconstituée par les
individus ?

« Une société d’individus est-elle possible ? » : une


question qui resurgit constamment : « l’individualisme ne
menace-t-il pas notre société ? »
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
L’histoire des sciences sociales renvoie aux réponses successives de :
- la philosophie politique : la société est l’objet d’un contrat entre les individus;
elle est la reconduction tacite et régulière de ce contrat ;
- l’économie : la société est, en fait, un marché ; s’il est laissé libre, il accorde
entre eux les intérêts individuels ;
- la sociologie : une société de purs individus n’est pas concevable ; la société
tient parce qu’elle est plus que la somme des individus.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
1. Trois réponses successives à la question de la modernité, trois disciplines
2. La rationalité économique, postulat contesté
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
1.1. Les philosophies politiques du contrat social
1.2. L’économie politique et le marché
1.3. La sociologie et l’ethnologie
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Les théories du contrat social, qui se développent du XVIe au XVIIIe siècle,
s’emploient à penser l’ordre social comme étant institué et reconduit par un
contrat social. Avec elles, se construit l’idée – qui inspire encore les
représentations dans les sociétés « occidentales » – qu’un contrat entre les
citoyens est au fondement de la vie sociale dans les sociétés modernes.
Les théories du contrat social répondent à la volonté de comprendre comment
une société peut tenir, non en étant instituée « d’en haut » (par une autorité,
une tradition ou une divinité), mais en vertu de la reconduction permanente du
contrat qui lie ses membres, contrat dans le cadre duquel ils délèguent
librement à un gouvernement le pouvoir les contraignant.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Thomas Hobbes, Léviathan, 1650.
Dans l’« état de nature » (situation fictive précédant la société), les individus
sont en conflit (« guerre de tous contre tous »). La constitution de la société
consiste alors à établir un contrat par lequel chacun se démet de l’usage privé
de la force pour la confier à un État, un Souverain. Chaque individu transfère à
un seul d’entre eux le droit de les gouverner, avec pour obligation qu’il
défende la paix.

Contexte :
En Grande-Bretagne, dans un
climat de guerre civile
(Angleterre / Ecosse), la
première révolution, de 1642 à
1651, aboutissant à l’exécution
du roi Charles Ier et à
l’instauration d’une république
(Commonwealth).
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Thomas Hobbes, Léviathan, 1650.
John Locke, Deux traités du gouvernement civil, 1690.
Dans l’état de nature, les individus sont libres et égaux, propriétaires. Mais les
individus peuvent porter atteinte à la propriété des autres. La société est alors
créée pour assurer à chacun des citoyens une sécurité sur son bien, non pas,
comme chez Hobbes, par un pacte transférant définitivement le gouvernement
à un maître absolu mais par une relation de confiance ne donnant le pouvoir au
monarque qu’en dépôt. Le gouvernement ne conserve le pouvoir que dans la
mesure où est maintenue la relation de confiance avec le peuple.

Contexte :
La révolution de 1688, qui
chasse du pouvoir Jacques II
d’Angleterre.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Thomas Hobbes, Léviathan, 1650.
John Locke, Deux traités du gouvernement civil, 1690.
Jean-Jacques Rousseau, Le contrat social, 1761.
Dans l’état naturel, les individus vivent en harmonie avec la nature sans être
dans la dépendance de leurs semblables : les hommes vivent dispersés, chacun
en commerce avec la nature plus qu’avec les autres. L’homme se caractérise,
dans cet état, par une bonté naturelle : il n’est pas porté à nuire à son prochain.
L’institution de la propriété met fin à cet état de nature harmonieux.
Il n’est pas possible de revenir à cet état idéal. Il s’agit, au contraire, de
progresser vers une société politique où les hommes sont tous des citoyens
ayant droit à se faire entendre dans la formation de la Volonté générale,
Volonté qui sera différente de leur propre volonté individuelle mais dans
laquelle ils se reconnaîtront parce qu’il y aura eu délibération.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
1.1. Les philosophies politiques du contrat social
1.2. L’économie politique et le marché
1.3. La sociologie et l’ethnologie
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
La question de la modernité se prolonge dans les débats internes à la
philosophie morale écossaise du XVIIIe siècle, qui la formule cependant d’une
façon qui lui est spécifique : une société peut-elle tenir en laissant les individus
poursuivre leur intérêt égoïste, sans contrôle de la société ?
Une contribution marquante est celle de Mandeville (La Fable des abeilles,
1714) : non sans provocation, il défend une théorie en vertu de laquelle le luxe
des riches donne du travail aux pauvres.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Adam Smith, La richesse des nations, 1776.
La richesse n’est pas un vice si elle se traduit par un comportement d’épargne
et non de dilapidation dans des consommations dispendieuses et ostentatoires.
L’accumulation sous forme d’un capital destiné à se reproduire, à s’élargir et à
financer l’investissement offre des emplois aux travailleurs. Il suffit alors de
laisser faire le « marché » pour que les capitalistes investissent au mieux leur
capital sans que l’Etat n’ait à intervenir pour aider à la croissance de
l’économie. C’est le marché qui assure la cohabitation à la fois spontanée et
harmonieuse des individus aux intérêts contradictoires.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Le marché :

Prix

Quantité
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Le marché :

Prix
Demande

Quantité
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Le marché :

Prix
Offre

Quantité
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Le marché :

Prix
Offre

Demande

Quantité
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Le marché :

Prix
Offre

Demande

Quantité
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
En résumé, dans la théorie économique proposée par Smith :
La société se représente sous la forme d’un marché.
Les individus se rencontrent pour échanger et fondent ainsi leurs relations
sociales sur leur penchant à l’échange. A l’origine, on a affaire à une société de
troc, puis les individus introduisent la monnaie pour faciliter leurs échanges.
Le marché est la rencontre d’individus rationnels, défendant leur intérêt sans
altruisme et réagissant aux variations des prix (et non aux valeurs ou à des
normes morales) (homo oeconomicus). Grâce au marché, un ordre social
émerge spontanément, sur la seule base des conduites des individus
poursuivant naturellement leur intérêt, et cet ordre social est profitable à tous
(harmonieux).
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
Rapidement interviendra une contestation de cette représentation à l’intérieur
même de la discipline économique. Plusieurs auteurs et courants l’incarnent :
Marx, l’institutionnalisme, etc.
> Marx, en tant qu’économiste, cherche à montrer que le marché n’est pas
autorégulateur mais que les économies capitalistes sont régulièrement
marquées par des crises économiques, notamment des crises de surproduction.
Celles-ci apportent la preuve que le marché, à lui seul, ne parvient pas à
trouver constamment une position d’équilibre.
> Par la suite, d’autres auteurs, en économie, insisteront aussi sur la possibilité
que des crises se développent et ne se résorbent pas spontanément (Keynes),
ou sur le fait que l’innovation surgit régulièrement et provoque des
déséquilibres (Schumpeter).
> D’autres encore (courants institutionnalistes) tentent de montrer qu’il n’est
pas possible d’imaginer des économies qui fonctionneraient sur la seule base
des comportements économiques « purs » ou « naturels », mais que les
institutions, notamment les institutions publiques et l’Etat, sont
indispensables.
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
1.1. Les philosophies politiques du contrat social
1.2. L’économie politique et le marché
1.3. La sociologie et l’ethnologie
Chapitre 1
Sciences sociales et sociologie
L’émergence progressive de la sociologie au XIXe siècle est favorisée par un
double contexte :
> La révolution française, qui a mis en cause la société d’ancien régime et son
organisation autour des trois ordres ;
> La révolution industrielle, porteuse de nouvelles classes sociales et de
conflits entre ces classes.
Toutes deux favorisent l’interrogation voire l’inquiétude des contemporains
sur la stabilité de sociétés reposant sur les principes issus de ces révolutions,
les risques de conflits (notamment les conflits entre classes sociales) et la
contestation des institutions par les individus.

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