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« LE PROTOTYPE UNIQUE » - Remarques préliminaires (par


Titus Burckhardt)
Publié le 18/10/2013 à 04:41
Par Religio Perennis
Titus Burckhardt et Frithjof Schuon.

[Revue Etudes Traditionnelles N°224-225, Août-Septembre 1938]

Le cheikh Ahmed ben Muçtafâ ben ‘Allîwa, également appelé le “Cheikh al-‘Allawî”,
et qui mourut, à Mostaghanem, le 11 juillet 1934, n’est pas un inconnu pour la plu‐
part des lecteurs des Etudes Traditionnelles, grâce à un article nécrologique, paru
la même année dans le numéro d’août-septembre de cette Revue.

Successeur du cheikh Bûzîdî qui appartenait à la chaîne initiatique Derqâ‐


wiyah-Shâdhiliyah, il établit une nouvelle branche initiatique qui porte son nom.
La sainteté du maître ‘Allawî fit affluer vers lui des disciples, venus de presque
tous les pays de l’Islam, et sa parole eut une portée considérable tant par de
magistrales attaques contre le modernisme que par l’audace fulgurante de
traités et poèmes soufiques qui provoquèrent l’admiration et la reconnais‐
sance des uns et l’indignation des autres. La lecture des vers suivants, extraits
de son Dîwân, permettra d’imaginer les diverses réactions auxquelles les écrit
du Maître donnèrent naissance :

O toi qui ne comprend pas mes paroles, pourquoi me calomnies-tu?


Tu es vide de sens spirituel, ignorant de la Réalité Divine (Ulûhiyah).
Si tu connais mon état, tu reconnaîtrais ma dignité,
tu me verrais parmi les “hommes”(1), comme le soleil au-dessus du désert.
Mon Seigneur m’a donné ce que j’ai demandé,
Il m’a largement donné sa faveur.
Il m’a guidé ; ensuite, m’acceptant,
Il m’a donné une investiture.
Il m’a désaltéré dans une coupe précieuse, plus précieuse que l’Alchimie (2).
Il m’a élevé à un siège très haut, plus haut que les Pléiades.
Si tu veux t’approcher de moi, ô saint homme, demande-moi l’état de
Seigneurerie (Rubûbiyah).
Cherche-moi au-dessus des hauteurs, peut-être trouveras-tu ma trace.
Je suis d’une espèce sublime, précieuse, une chose mystérieuse, sans pareille.
Je suis un trésor rempli,
toute chose est latente en moi

(1) Ceux qui ont atteint l’état de virilité spirituelle (rajûliyah).


(2) C’est-à-dire que le moyen de faire de l’or.

Parmi les européens reçus par le cheikh ‘Alawî, certains lui parlèrent de la phi‐
losophie de Bergson. Et ayant remarqué que le Maître prenait, en ces occa‐
sions, divers énoncés bergsoniens comme point de départ pour le développe‐
ment de considérations métaphysiques, les visiteurs estimèrent que ce “mys‐
tique” musulman n’était pas très éloigné des vues de l’auteur européen. Malen‐
tendu en quelque sorte classique; en effet, quant on cite à un oriental d’élite
des fragments d’une philosophie quelconque, il est aussitôt porté à voir là, non
pas un “système clos” de raisonnement, mais simplement des allusions rela‐
tives à une vérité transcendante; comblant alors les lacunes qu’il croit devoir
attribuer uniquement à l’exposé maladroit de son interlocuteur, il transpose im‐
médiatement les conceptions philosophiques sur un plan supérieur et entière‐
ment étranger aux intentions de leur auteur. De tels malentendus se pro‐
duisent d’autant plus facilement que l’interlocuteur européen, traduisant des
conceptions modernes et occidentales dans une langue orientale — qui est
toujours incomparablement moins étroitement déterminée qu’une langue
d’Occident — fait, dès le départ, de fausses assimilations.

Toutefois, ce qu’il est impossible d’attribuer à de simples malentendus ou à


des confusions linguistiques, ce sont les résultats négatifs des entretiens du
Cheikh avec les prêtres catholiques. “Admettez, dit le Maître, une interprétation
métaphysique des dogmes de la Trinité et de la Filiation Divine, et il n’y aura
plus aucun obstacle à ce que les deux religions, chrétienne et musulmane, se
réconcilient et combattent ensemble la dégénérescence moderniste”. Il eut
pour réponse; “Vous demandez que le catholicisme se sui­cide”. Faut-il en
conclure, simplement, que le cheikh ‘Allawî n’avait pas pu se faire entendre des
représentants qualifiés de l’Eglise? Quoi qu’il en soit, ses efforts répétés res‐
tèrent sans écho.

Nous allons soumettre maintenant au lecteur, une traduction de la première


partie d’un des traités métaphysiques du Cheikh Ahmed ben Muçtafâ ben ‘Al‐
lîwa. Pour en faciliter la bonne compréhension, deux desseins la précéderont:
l’un représente le bismillah (“au nom d’Allah”), formule par laquelle débute le
Qorân, l’autre les deux premières lettres de l’alphabète arabe: Alif et Bâ.
‫بسم‬ ‫اب‬
‫اهلل‬
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Frithjof Schuon - " Râhima-hu 'Llah " (sur le Cheikh al-Alawi)

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Revue Études Traditionnelles avr.-mai-juin 1984] Ami personnel de Frithjof Schuon,


Titus Burckhardt, né à Florence en 1908 et mort à Lausanne en 1984, compte parmi
les grands " ésotéristes " ...

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#Titus Burckhardt #Ahmad al-Alawi

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