Doctrine et pratique économique qui consiste en l'adoption par un gouvernement de politiques
destinées à ériger des barrières tarifaires et/ou non tarifaires pour protéger les biens produits au pays contre la concurrence étrangère. Cette doctrine trouve son ancrage dans les principes mercantilistes du XVe-XVIIIe siècles. Pour les tenants du protectionnisme, il est nécessaire que l'État intervienne afin de protéger l'économie nationale face à la concurrence étrangère, en subventionnant les exportations et en limitant les importations. En ce sens, pour eux, et contrairement aux tenants du libre-échange qui vantent l'idée des gains mutuels, le commerce international est un jeu à somme nulle : le gain d'un pays est réalisé nécessairement au détriment d'un autre pays (ou d'autres pays). Le protectionnisme peut être associé à un nationalisme économique.
Friedrich List (1789-1846) a été l'un des grands théoriciens du protectionnisme. La
justification alors amenée est que, pendant leur phase de démarrage, les industries doivent être protégées le temps qu'elles deviennent aguerries pour affronter la compétition étrangère. D'autres arguments comme le principe du « learning by doing », de la sécurité nationale ou encore de la concurrence déloyale, ont aussi été proposés au fil du temps pour justifier le recours au protectionnisme.
Si le libre-échangisme a dominé à partir de 1850, le protectionnisme a repris de la vigueur aux
lendemains de la Grande Crise économique des années 1930.
La période de grande prospérité s'ouvrant en 1945 va donner un nouvel élan au mouvement de
libéralisation des échanges, obligeant un recul du protectionnisme. Sous l'égide des États- Unis, les pays vont lancer, dans le cadre du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), des cycles (rounds) de négociations multilatérales dont l'aboutissement sera en 1994 la signature des accords de Marrakech et la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.
Dans le contexte de la mondialisation, la montée en flèche du libre-échange a provoqué une
levée de boucliers dans certains États, stimulant des vagues de protectionnisme, notamment de la part des groupes altermondialistes. Les cas recensés de protectionnisme, surtout tarifaire, sont contestés, puisque cette approche s'oppose aux normes établies par l'OMC dont la plupart des pays sont membres. La plus connue de ces normes est celle de « la clause de la nation la plus favorisée » (NPF). Elle stipule que, du moment que l'on accorde un privilège quelconque à un pays membre, on doit l'étendre à l'ensemble des pays membres. Les autres principales normes sont le traitement national, l'anti-dumping et les marchés publics. Malgré certaines exceptions, les partis à droite de l'échiquier politique sont généralement favorables au libre-échange. Les partis davantage liés aux organisations syndicales et ouvrières affichent fréquemment une attitude plus protectionniste. Il en va de même des représentants patronaux des secteurs économiques touchés durement par la concurrence étrangère. Aux États-Unis, par exemple, le Parti démocrate est plus protectionniste que le Parti républicain.
Généralement, le protectionnisme est souvent en croissance lorsque le chômage augmente; en
vue de protéger les emplois, les gouvernements, qui subissent eux-mêmes les pressions de l'opinion publique, auront tendance à adopter des mesures protectionnistes, ou à augmenter la portée, la durée ou la force de celles déjà existantes.