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– MISE EN PLACE DES SEDIMENTS

1. Les mécanismes de transport

1.1 – Le transport particulaire : Approche dynamique du transport

De la compétence du fluide dépend la charge ou capacité de l’agent de transport (quantité de


matière solide par litre) ou encore son débit solide, c’est – à – dire la quantité de matière
solide transportée par unité de temps. La vitesse du courant et la taille des particules
constituent les paramètres fondamentaux qui conditionnent la mise en mouvement et le
transport des particules sédimentaires.

Un fluide en déplacement transporte les particules en exerçant sur elles une certaine force. Ce
transport particulaire a lieu tant que la concentration moyenne des particules dans le flot est
relativement faible. Lorsque la concentration des particules devient plus importante, le
transport particulaire fait place à un transport en masse : particules et fluide se déplacent
ensemble sous le contrôle de la gravite et forment un matériau a plusieurs phases (solide,
liquide et gazeuse) qui constitue l’écoulement.

1.1.1 Les écoulements de fluide


Un écoulement peut être caractérisé par un certain nombre de paramètres lies a :
 Des vitesses (V=dx/dt)
 Des accélérations (γ=dV/dt)
 La quantité de matériaux transporté (décharge=charge=débit). Ce dernier paramètre se
mesure en kg/s pour les sédiments (débit solide) et en m3/s pour les fluides (débit
liquide).

Ces paramètres permettent de différencier les écoulements stationnaire et uniforme


ES : écoulement qui n’évolue pas avec le temps
EU : écoulement a vitesse constante quelque soit l’endroit où on l’observe

Les écoulements naturels dans leur grande majorité ne sont ni stationnaires ni uniformes.

L’énergie développée par un cours d’eau, c’est-a-dire sa potentialité d’érosion est donnée par
un nombre sans dimension, le nombre de Froude (Fr) :

Fr = ν*√ (gh)

ν = vitesse g = gravite h = épaisseur de l’écoulement

Si Fr=1, l’énergie de l’écoulement est minimum ; l’écoulement est dit CRITIQUE


Si Fr<1, l’écoulement est SUBCRITIQUE (tranquille)
Si Fr>1, l’écoulement est SUPERCRITIQUE

La dynamique de l’écoulement permet de distinguer les écoulements laminaires et les


écoulements turbulents.
EL ou COURANTS LAMINAIRES présentent des lignes de courant parallèles et distinctes
les unes des autres. Il n’y a pas de transfert d’énergie entre les différentes couches
ET ou COURANTS TURBULENTS ont des lignes de courant complexes, se recoupant et
formant des tourbillons qui se surimposent au mouvement général, déjà irrégulier. La masse
du fluide se déplace dans tous les sens (haut, bas, lateral0. La vitesse de l’écoulement n’est
pas influencée par les turbulences mais ces dernières maintiennent les particules en
suspension de façon plus ou moins durable.
On passe du régime laminaire au régime turbulent lorsque le nombre de REYNOLDS (Re)
atteint une valeur critique. Le nombre de Reynolds exprime le rapport existant entre les
forces d’inertie et la viscosité dynamique μ (résistance de friction interne qui s’oppose au
flot).

En laboratoire, dans un tube de rayon l, un fluide de densité ρ, de vitesse moyenne Vm


présente un nombre de Reynolds égal à :

Re = ρ*l*Vm/μ

1.1.2 La notion de couche limite

A l’interface d’un écoulement régulier, ce dernier exerce une force sur celui-ci, lequel en
retour, lui oppose une force qui retarde le flot. Le fluide perd ainsi une bonne partie de son
énergie cinétique. Cette zone dans laquelle le fluide perd la majeure partie de son énergie
cinétique est appelée COUCHE LIMITE.
D’un point de vue sédimentologique, la couche limite est la zone du maximum d’échanges
entre les grains de l’interface et ceux en suspension temporaire. C’est à la fois une zone de
transport et de dépôt.

1.1.3 Transport et Sédimentation des particules (la Loi de Stockes)

La probabilité d’entrainement d’une particule est fonction de sa taille et de l’énergie du


fluide. La force du fluide peut se décomposer en une force de soulèvement (opposée à la
gravite) et une force de traction. Le mode de transport (traction, saltation, suspension) dépend
des caractéristiques de l’écoulement.
Lorsque la compétence du courant diminue, les particules en suspension sédimentent dans un
environnement calme. La vitesse de sédimentation Vs ou vitesse limite de chute d’une
particule, de taille <0,1 mm, en suspension, répond a la loi de Stockes. Pour le cas de
particules sphériques, dans un écoulement laminaire, la formule de la loi de Stockes peut être
simplifiée :

Vs = [1/18 D*g (ρs – ρl)]/γ

Vs = vitesse cm/s D = diamètre particule g = pesanteur

ρs = densité particule ρl = densité fluide γ = viscosité eau


Cette loi permet de calculer des vitesses de sédimentation en laboratoire et de modéliser le
comportement des particules dans l’océan. Divers dispositifs expérimentaux permettant de
faire varier la vitesse du courant et/ou la dimension des particules ont permis à HJULSTROM
d’établir un diagramme délimitant trois domaines : Sédimentation – Transport - Erosion

1.2 – Le transport des solutés


1.2.1 Apports solubles / Apports particulaires

Les fleuves constituent les principaux agents de transport des produits de l’altération. Une
part importante de ces produits, constituants des futures roches sédimentaires est véhiculée
vers l’océan sous forme dissoute. La concentration totale en substance dissoute exprime la
composition chimique des eaux douces (TDS = Total Dissolved Solid) superficielles et
souterraines. Pour la majorité des fleuves, les TDS sont compris entre 33 et 880 mg/l.
On admet que les apports sous forme soluble sont nettement inférieurs à ceux véhiculés sous
forme particulaire. On définit pour les matières en suspension une concentration totale TSS
(Total Suspended Solid) qui varie selon les estimations entre 9,3 et 32,5 109 tonnes /an.
Le rapport TSS/TDS fluctue selon les auteurs de 3,5 à 4,3.

1.2.2 Eau de mer et Eau de fleuve

La concentration en sel est beaucoup plus importante dans l’eau de mer que dans les eaux des
fleuves. La plus faible concentration en sel se retrouve dans les eaux de pluie. La balance
ionique des eaux de rivière (principalement carbonatée et siliceuse) est très différentes de
celle des eaux marines (essentiellement chlorurée et sodique). On définit un TEMPS DE
RESIDENCE (en années) pour les éléments dissous comme étant la masse totale d’un
élément dissous dans l’océan que divise le taux annuel d’apport (ou de sortie). Ce facteur est
important puisqu’il traduit le temps pendant lequel un élément reste en solution dans l’océan
avant d’être entraine dans les sédiments. Ainsi, on constate qu’il y a une relation assez claire
entre le temps de résidence d’un élément et sa teneur dans l’eau de mer.

1.3 – Le transport en masse

Les particules peuvent être transportées en masse. Le mouvement revêt, dans ce cas,
plusieurs aspects en fonction de la pente, de la compétence du courant et du type de liaison
existant entre les grains, leur matrice et le fluide. On distingue principalement quatre (4)
types de flots gravitaires

1.3.1 Flots de grains (grain flow)


Les flots de grains sont des masses denses à support essentiellement intergranulaire : le
support aqueux peu abondant voire absent ne diminue en rien les forces de frottement. La
mise en mouvement dans ce type de flots intervient sur des pentes supérieures à l’angle de
stabilité du matériau.

1.3.2 Flots de débris (debris flow)


Un mélange de particules de granulométries variées, avec un support matriciel constitué
d’une phase silto – argileuse et d’une phase aqueuse caractérise les flots de débris.
L’écoulement de telles masses peut se faire sur des pentes moyennes, sur d’assez longues
distances sans qu’interviennent des phénomènes notables de classement ou de tri.

1.3.3 Flots liquéfiés ou fluidifiées (fluidizied flow)

Les grains sont alors portés par l’eau qui leur sert de liant. On a alors un liquide homogène
dans lequel les frottements interparticulaires sont faibles. Le déplacement de telles masses
peut intervenir sur de très faibles pentes. On a là les flots liquéfiés.

1.3.4 Flots turbides

Lorsque les particules sont en suspension dans un liquide à écoulement turbulent, on obtient
des flots turbides. Ce type de flots se présente sous forme de masse liquide, dense, affectée
par des phénomènes de tris horizontaux et verticaux suivant la vitesse du courant,
l’importance de la masse concernée et son éventail granulométrique.

2. Les mécanismes généraux de la sédimentation

Lorsque la compétence du courant n’est plus suffisante pour entraîner les particules, celles –
ci tombent sur le fond et s’accumulent. La sédimentation peut se faire suivant plusieurs
mécanismes, souvent liés aux mécanismes de transport. On distingue principalement les
mécanismes par décantation, les glissements gravitaires et les dépôts par courants de densité
et de gravité.

 La décantation est une chute lente des particules vers le fond, sans transport horizontal
ou oblique brutal. Les dépôts par décantation sont fréquents partout où les actions
hydrodynamiques sont faibles ou nulles : lacs, petits fonds marins abrités (lagunes, deltas,
baies protégées) et surtout les grands fonds océaniques.
 Les glissements gravitaires correspondent à un dépôt en masse par gravité. On parle
également de resédimentation. Ils s’observent dans tous les milieux, émergés comme
immergés et interviennent suivant plusieurs mécanismes de transport : éboulement,
glissements rotationnels en loupes, coulées boueuses. Ils sont cependant plus fréquents en
milieu sous aquatique où ils interviennent par slumping.
 Les dépôts par courants de densité et de gravité caractérisent la sédimentation des
particules transportées en masses par l’un des mécanismes déjà signalés plus haut. Les
courants peuvent être forts ou faibles. Les courants de fortes densités et vitesses
constituent des courants de turbidité, plus denses que l’eau non chargée environnante.
Leurs dépôts sont caractérisés par une organisation à la fois verticale et horizontale et par
des actions de tri, décrivant une succession ordonnée de lithofaciès. Une telle séquence
sédimentaire est appelée séquence de Bouma ou turbidite. Les courants de faibles
densités et vitesses accumulent des dépôts constitués de lamines parallèles,
millimétriques à centimétriques appelées laminites.
3. Quelques types particuliers de dépôts

 Les deltas

Les fleuves déposent à leur embouchure leur charge solide. Lorsqu’une rivière édifie un delta
d’une certaine ampleur, il y a de plus en plus de chances qu’elle puisse trouver, en changeant
de trajet, un chemin plus court pour aller à la mer. La durée de vie d’un delta simple est donc
assez limitée. Un delta simple ne saurait ainsi dépasser 200 km de largeur à sa partie
frontale. Les pentes au niveau des différentes parties du dépôt (pentes frontale, sommitale,
basale) sont extrêmement faibles. La signification pétrologique de ces formes tient au fait
qu’elles montrent que la chute de vitesse à une embouchure est un phénomène assez
tranquille.
Indépendamment des aspects physiques, l’effet chimique de l’eau de mer sur une suspension
argileuse dans l’eau douce d’un fleuve mérite d’être signalé. Une partie importante du
matériel transporté par un fleuve présente des dimensions colloïdales (0,001 à 0,1 micron) et,
lorsqu’il ne flocule pas ce matériel se dépose à une vitesse très lente. Cependant, les
particules chargées comme les ions sodium, qui sont présentes dans l’eau de mer en plus
grande abondance, provoquent l’agglutination des colloïdes et leur précipitation plus
rapide. Si, cet effet n’existait pas, les deltas seraient encore plus minces et plus larges qu’ils
ne sont. C’est la combinaison de la floculation et de la chute de vitesse qui fait des deltas
marins les puissantes accumulations qu’ils représentent.

 Les plages
Les dépôts littoraux présentent des caractéristiques pétrologiques particulières dus au
martelage incessant du déferlement de la houle (ressac). Ces dépôts sont situés dans la zone
littorale et au – dessous, à une distance qui dépend de la nature de la côte et de la houle qui
l’affecte. Le ressac trie les dépôts résiduels de la plage (classement) et constitue aussi un
puissant agent d’usure ; ce qui fait que les plages comportent quelques unes des particules
les plus arrondies de la nature.

4. Organisation des sédiments (figures et structures sédimentaires)

On peut dégager les caractères essentiels de la sédimentation en étudiant les strates


successives d’une formation. Ces caractères ont trait principalement à l’organisation verticale
et à l’organisation horizontale des couches.

4.1 – La stratification
C’est un terme général employé a la fois pour désigner les processus contrôlant le dépôt des
sédiments en strates et pour caractériser l’organisation spatiale de ces strates. Une strate
correspond donc à une unité de sédimentation déposée sous des conditions physiques
relativement stables.

4.1.1 – Couches massives

Terme utilise pour décrire des sédiments qui paraissent relativement homogènes et dans
lesquels on n’a pas pu mettre en évidence des structures internes.

4.1.2 – Imbrications d’éléments


Il s’agit d’une orientation préférentielle des éléments de la strate. Dans le cas de galets ou de
graviers, leur disposition montre un angle par rapport au substratum et une orientation
préférentielle.

4.2 – L’organisation des sédiments

L’organisation verticale des formations sédimentaires permet de définir des strates et de


préciser leurs limites. Ces limites sont des surfaces plus ou moins bien marquées appelées
surfaces de stratification. Une strate est ainsi limitée par une surface basale (mur) et par une
surface sommitale (toit). Ces surfaces sont déterminées par les conditions de la sédimentation
et résultent soit d’une variation progressive (modification qualitative) de la sédimentation soit
de l’interruption de celle – ci. Autrement dit, ce sont des surfaces de stratification avec
continuité de sédimentation ou alors des surfaces de discontinuité sédimentaire.

Au cours du transport et/ou du dépôt des sédiments, les conditions hydrodynamiques sont à
l’origine de figures sédimentaires ou de constructions sédimentaires (structures
sédimentaires) particulières qui, fossilisées, permettent de caractériser le
paleoenvironnement.

Les figures sédimentaires sont des sculptures variées moulées à la surface des strates et qui
sont des marques variées d’évènements survenus lors du transport et/ou du dépôt.
Les structures sédimentaires sont des constructions édifiées par un écoulement. En général,
les courants unidirectionnels édifient des structures dissymétriques, alors que les courants
alternatifs (vagues) génèrent des structures symétriques.
Les structures sédimentaires mises en place par les courants se présentent sous forme de
rides, de dunes et de stratifications entrecroisées. Ces structures se caractérisent par un certain
nombre de paramètres, notamment :

1. Leur longueur d’onde L


2. Leur hauteur H
3. Leur asymétrie L1/L2

Elles présentent différentes formes en fonction de la granulométrie du sédiment, de l’énergie


de l’écoulement (définie par le nombre de Froude) et de la vitesse de l’écoulement. On
distingue ainsi :

1. - Des structures à litage horizontal qui peuvent apparaitre dans deux (2) conditions
hydrodynamiques

 Des conditions d’écoulement trop faibles pour mettre en mouvement les


particules qui sédimentent alors par décantation
 Des conditions d’écoulement entrainant un déplacement des particules par
roulement, saltation et traction. Dans ce cas, les structures litées planes sont la
marque d’un passage a un écoulement supérieur (Fr>1 écoulement
supercritique ou rapide).

2. - des structures ondulées formant des rides ou des dunes


 Les rides de courants sont de petites structures qui se développent dans des sables
moyens a fins (diamètre <0,6 mm) sous l’action de courants compris entre 25 et 60
cm/s. Elles s’observent dans des environnements aussi bien marins que continentaux
 Les dunes sont des mégarides qui se développent dans des sables plutôt grossiers
(diamètre : 0,2 a 2 mm) sous l’action de courants de vitesses comprises entre 30 et 50
cm/s.
Rides de courant et mégarides sont caractéristiques d’un écoulement subcritique ou tranquille
 Les antidunes sont des ondulations stationnaires des dépôts, en phase avec celles du
courant ondulatoire qui les génère. On les observe dans des environnements soumis à
d’intenses courants comme par exemple les chenaux de vidanges des courants de
marée.
 Les structures en chutes et pools sont caractéristiques des chenaux. Elles illustrent des
écoulements de très fortes énergies qui provoquent une succession irrégulière et
discontinue de zones de transport, d’érosion et de dépôt.

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