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Le positivisme d’Auguste Comte

Le positivisme d’Auguste Comte part des limites de l’esprit humain. Cette


doctrine du XIXe siècle décrite dans le Cours de philosophie positive considère en
effet que l’homme n’est pas capable d’atteindre l’essence de la réalité, c’est
pourquoi seules l’analyse factuelle et l’expérience scientifique permettent de
décrire les phénomènes et de fonder ainsi la connaissance. Rejetant la
métaphysique et l’absolu, le positivisme se rapproche du scientisme qui correspond
à une foi religieuse dans le progrès scientifique et son apport pour l’humanité.

L’empirisme de Hume
Le positivisme résulte tout d’abord de la loi des trois états. Selon Auguste
Comte, l’esprit humain aurait progressé en passant successivement par trois stades.
Il aurait évolué, en premier lieu, à l’état théologique, caractéristique du Moyen-Âge
et de l’Ancien Régime. Dans cet état, la réflexion est focalisée sur la recherche de
l’essence de l’univers et les bouleversements sociaux et politiques sont expliquées
comme l’effet de l’action divine. L’esprit humain serait ensuite passé à l’état
métaphysique, caractéristique de l’esprit des Lumières et des encyclopédistes, où
s’épanouissent les croyances en des entités ou des abstractions (le contrat social de
Rousseau, par exemple). Il parvient enfin à l’état positif, ou scientifique,
caractéristique du positivisme, à partir duquel il renonce à trouver l’essence du réel
pour se borner à rechercher les seules lois de la nature. « L’explication des faits,
décrit Auguste Comte, réduite alors à ses termes réels, n’est plus désormais que la
liaison établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux
dont les progrès de la science tendent de plus en plus à diminuer le nombre »

Le positivisme d’Auguste Comte, une religion de la


science ?
Le positivisme propose une vision globale de la science. Selon cette doctrine,
les sciences ont vocation à rechercher des lois entre les phénomènes, conçues comme des
relations invariables de succession et de similitude, et à ignorer la nature intime et les causes
des réalités ou essences. « La science réelle, affirme Auguste Comte, envisagée du point de
vue le plus élevé, n’a d’autre but général que d’établir ou de fortifier sans cesse l’ordre
intellectuel qui est la base de tout autre ordre » (Cours de philosophie positive). Le
philosophe dénombre plus précisément six sciences fondamentales : les mathématiques
étudient la quantité, la réalité la plus simple ; l’astronomie étudie la force exprimée par
l’attraction des masses ; la physique étudie la qualité des forces (chaleur, lumière, etc.) ; la
chimie étudie les différentes matières ; la biologie étudie l’organisation de la matière ; et la
sociologie, qui couronne l’édifice des sciences, a pour objet la société qui relie ensemble les
êtres vivants par un lien indépendant de leur organisme. Cette hiérarchie des six sciences
forme aussi un ordre historique (les mathématiques sont apparues dès l’Antiquité) et
pédagogique (mieux vaut commencer par elles).
Le positivisme accouche de la religion de l’Humanité. Il a en effet une finalité
sociale : exprimer la solidarité sociale pour fournir à la société l’ordre nécessaire à son
bonheur. « Le positivisme se compose essentiellement, écrit Auguste Comte, d’une
philosophie et d’une politique, qui sont nécessairement inséparables, comme constituant
l’une la base et l’autre le but d’un même système universel, où l’intelligence et la sociabilité
se trouvent intimement combinées » (Discours sur l’ensemble du positivisme). Or, la
société ne peut être consolidée qu’en unissant la supériorité intellectuelle du savant et
l’aptitude sociale du théologien, afin de satisfaire à la fois les besoins intellectuels et les
besoins moraux. C’est la notion d’Humanité, remplaçant le concept fictif de Dieu, qui rend
possible cette consolidation en montrant à chaque individu qu’il n’existe que par le passé, car
il doit aux morts sa vie matérielle, intellectuelle et morale (« L’humanité se compose plus de
morts que de vivants », écrit Auguste Comte). Cette nouvelle religion doit être encore plus
puissante que le christianisme pour rallier les volontés individuelles, imagine le fondateur du
positivisme.

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