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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
INSTITUT NATIONAL DES ARTS
« INA »

PRINCIPES D’ANIMATION CULTURELLE


(1ère PARTIE)
(Notes de cours destinées aux étudiants de premier graduat)

C.T. Roland MUMBALA MUNUNGU

Année académique : 2020-2021


1

PLAN DU COURS

0. INTRODUCTION

1ère Partie : CONNAISSANCES GENERALES SUR L'ANIMATION CULTURELLE


ET SUR L'ANIMATEUR CULTUREL

Chapitre 1 : L'ANIMATION CULTURELLE


1.1. Fondements historiques
1.2. Définitions du concept animation
1.2.1. Les définitions au sens large
1.2.2. Les définitions au sens restreint
1.3. Finalités et objectifs de l'animation culturelle
1.4. Caractéristiques de l'animation culturelle

Chapitre 2 : L'ANIMATEUR CULTUREL


2.1 La définition de l'animateur culturel
2.2. Le champ d'action et les tâches d'un animateur culturel
2.3. Les qualités d'un bon animateur culturel

2ème Partie : LES PRINCIPES, LES METHODES ET LES TECHNIQUES


D'ANIMATION

Chapitre 1 : LES PRINCIPES D'ANIMATION


1.1. Les principes d'animation socioculturelle
1.1. Les principes de médiation culturelle

Chapitre 2 : LES METHODES D'ANIMATION


2.1. La classification
2.2. Les avantages et les désavantages
2.3. Le choix d'une bonne méthode

Chapitre 3 : LES TECHNIQUES D'ANIMATION


3.1 La technique de discussion en groupes restreints
3.2. La technique de jeu de rôle
3.3. La technique Voir - Juger – Agir
3.4. Quelques autres techniques d'animation participative
2

0. INTRODUCTION

L'animation culturelle est une discipline relativement récente qui, de plus


en plus, cherche à s'imposer dans l'organisation des individus et des communautés,
pour une réalisation et un épanouissement garantis. Toute société ou tout groupe
d'individus aspirant au mieux - être, se doit de maîtriser les facteurs exogènes et
endogènes du développement : les uns provenant de la confrontation avec l'extérieur
et la nécessité de s'organiser, et les autres de la confrontation entre le vécu et le
désir d'aller au - delà de la simple satisfaction des besoins essentiels.
Pour cela, il se dégage la nécessité pour les individus, d'une prise de
conscience et d'une participation à l'action collective grâce à l'organisation des
ressources et des potentialités des communautés en partant de la prise en compte
des aspirations, des systèmes de représentation et des valeurs positives qui
engendrent les attitudes actives des personnes pour une transformation et une
évolution heureuse.
L'animation culturelle (artistique, socioculturelle et ludique) qui se
caractérise par une diversité au niveau des publics, des domaines d'activités, de
structures, etc., se veut une réponse appropriée pour cette participation sociale à
l'action culturelle et sociale. C'est un travail qui appartient au champ de travail
social et qui est marqué par la volonté d'une transformation sociale.
Ainsi donc, ce cours, destiné aux étudiants qui prennent les premiers
contacts avec l'animation, ambitionne de leur fournir des connaissances sur les
diverses facettes de leur futur métier. A la fin de ce cours, l'étudiant de première
année de Graduat en Animation culturelle sera capable de :
- Formuler une définition de l'animation culturelle et de l'animateur
Culturel ;
- Situer les champs d'action et les fonctions d'un animateur culturel
- Maîtriser les méthodes et les techniques en vigueur dans le domaine de
l'animation.
3

Ière PARTIE : CONNAISSANCES GENERALES SUR L'ANIMATION


CULTURELLE ET SUR L'ANIMATEUR CULTUREL

Chapitre I. L'ANIMATION CULTURELLE

I.1. Fondements historiques


On ne peut pas comprendre l'animation professionnelle si l'on ignore
l'histoire de l'éducation populaire et si l'on ne tient pas compte de certains éléments
de l'action sociale et de l'action culturelle.1
C'est au cours des années soixante que les échanges interactifs et les
négociations entre les divers courants de l'éducation populaire et les services de
l'Etat ont donné naissance au concept d'animation.
En effet, pendant longtemps, les éducateurs qui ont animé l'éducation
populaire étaient des bénévoles, souvent instituteurs de métier. Ils agissaient par
conviction et par idéalisme. Puis l'éducation populaire a évolué et sont apparus à leur
côté ou à leur place des professionnels exerçant à plein temps dans des Associations
ou des collectivités locales : les animateurs.
C'est dans la décennie1920 que le mot d'animateur a été employé les
premières fois, pour nommer le metteur en scène au théâtre, puis le réalisateur au
cinéma, tous deux ayant vocation à mettre en scène des textes écrits par d'autres,
en faisant en sorte que les acteurs se les approprient. 2 Etaient également appelés
animateurs les auteurs des dessins animés, des films d'animations.3
En 1947, la notion d'animateur culturel apparait en France dans les textes
officiels sur la Centralisation culturelle et va prendre son essor entre 1956 et 1963,
avec la naissance des animateurs socioculturels, appelés à contrecarrer
l'affaiblissement des liens sociaux. En effet, il s'agit d'une période de rupture,
marquée par une "crise éducative". Les grandes institutions que sont la Religion,
l'Ecole et la Famille sont mises à mal et ne vont plus remplir leur rôle d'intégration
comme auparavant.4
Des lieux spécifiques (que l'on appellera équipements socioculturels et
sportifs) sont consacrés à l'encadrement de la jeunesse et vont nécessiter la
présence constante de responsables. Les employés en entreprise, enseignants à
l'école et les animateurs bénévoles exerçant leur fonction le soir, le week-end ou

1
J-P. AUGUSTIN et JC GILLET, L'animation professionnelle. Histoire, acteurs et enjeux, L'Harmattan, Paris, 2000,
p. 14
2
JM. MIGNON, Une histoire de l'Education populaire, La Découverte, Paris, 2007.
3
A. REY, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, Paris, 2006.
4
J. DUMOND, Identité professionnelle et animation socioculturelle: A la recherche d'un équilibre entre
vocation, intégration et projet, Mémoire/Master2, UFR, Tours, 2009-2010
4

pendant les congés en supplément d'un autre métier ne sont plus suffisants. Cette
conjoncture attire de nouveaux animateurs qui ne sont plus issus de la lignée des
éducateurs populaires ; ce sont des animateurs professionnels.

I.2. Définition du concept animation


Qu'est-ce que l'animation culturelle ? Que signifie le verbe animer ?
Une réponse précise à ces questions s'impose comme préalable à la bonne poursuite
du cours.
De prime à bord, nous devons dire qu'il n'y a pas d'unanimité dans les
réponses réservées aux précédentes préoccupations. Les spécialistes (chercheurs et
animateurs eux-mêmes) y répondent différemment. Ils ne sont pas encore parvenus
à réunir en une seule formule satisfaisante l'immense richesse de l'animation et son
omniprésence dans les nombreux secteurs de la vie sociale.
Quoi qu'il en soit, l'ensemble des essais des définitions proposées peuvent
être regroupées en grandes catégories à savoir les définitions au sens étymologique
(large) et celles au sens strict (élaborées).

I.2.1. Les définitions au sens étymologique ou large


L'origine latine du mot « animation » indique que l'animation vient du mot
latin « animatio » dérivé de « anima ». Alors, l'animation signifie action de donner
une âme ; soit encore de « animus », ainsi l'animation veut dire action de donner
l'esprit, le souffle. A l'infinitif le verbe latin « animare » veut dire donner la vie5.
Cette notion, selon certains auteurs, révèle que Dieu est la source du «
principe animateur », puisqu'il donne la vie aux hommes « animés » du souffle de
l'Eternel. Animer correspond donc à l'idée et l'acte de création, de mouvement, de
vie et l'attribut (animé) serait le résultat d'un don.
Deux dimensions de l'animation se dégagent de cette démarche. Elles sont
d'une importance déterminante. On doit le noter. Elles permettent de bien saisir le
sens large de l'animation.
En effet, quand elle tire son origine de « anima », une âme, l'animation' se
veut une action qui insuffle le principe de vie et de sensibilité.
Elle est en quelque sorte une action « énergisante » ou, comme on dit, une espèce
de pile électrique qui fournit l'énergie nécessaire sans laquelle on s'installe dans une

5
Lire à ce sujet
- Maccio Ch. : Animer et participer à la vie de groupe, Ed. Chronique sociale, Paris, 1997, p. 23
- Gillet J.C : Animation et animateur, l’Harmattan, Paris, 1995, p. 26 - 27
5

léthargie, un immobilisme6.
Si, par contre, on la prend du point de vue de « animus », l'esprit, le
courage, le souffle, l'animation insuffle alors le principe de vie morale et
intellectuelle. Elle est une impulsion qui met en mouvement, qui pousse à agir.
Comme on peut le voir, ce double aspect du concept animation sous-tend
l'idée de l'action (activité). Ainsi, l'animation est avant tout une action (comprise
dans le sens du mouvement). Son agent, c'est l'animateur appelé à - devenir acteur
social (celui-ci est une personne qui non seulement bouge, mais fait bouger les
gens).
En définitive, l'animation veut dire « une action d'insuffler de l'âme ou de
la vie dans un groupe ». Par voie de conséquence, « animer » c'est mettre la vie,
l'âme ; donner l'impulsion à un groupe, à une entreprise, un village, un quartier, une
cité, etc.
Certains auteurs se sont bases sur le sens étymologique (large) pour
définir l'animation. Il s'agit notamment de B. Leurquin, G. Defour et G. Pirsoul:
 Selon B. Leurquin, « animer un village, un quartier, un groupe de jeunes ou
d'adultes, c'est d'abord donner une âme à tous ces hommes, ces femmes, ces
adolescents », c'est les révéler à eux-mêmes, en faire des individus conscients
de leurs possibilités, de leurs richesses et de leurs moyens 7».
 G. Defour abonde dans le même sens et dit: « animer veut dire donner la vie:
l'animateur tire le groupe de son sommeil, secoue sa léthargie, éveille par
l'intérieur sa vitalité latente, sans s'imposer, mais grâce à lui le groupe se
découvre Animer, poursuit-il encore, veut dire « donner une âme; l'animateur
aide à découvrir le sens des problèmes du groupe, fait goûter la saveur de la
vie, la grandeur, le but profond, l'idéal qu'elle propose; avec lui on voit le sens
des choses, le groupe devient plus réellement humain, plus affermi dans ses
vraies valeurs »8.
 Godefroy Pirsoul, quant à lui, pense que : « animer un groupe c'est donner une
âme, donner un esprit ..., une vie, une raison de vivre, une joie de vivre ensemble.
Animer c'est aider le groupe à cheminer, éveiller le groupe ».9
Donner une âme, donner la vie, donner un -esprit, révéler, éveiller, aider
le groupe, tels sont les mots clés qui reviennent comme un refrain dans ces
définitions. Ils nous rappellent l'origine latine du mot animation. Toutefois, il y a lieu
de souligner que le travail de l'animateur consiste à être au service du groupe, l'aider

6
Herves D. Les rôles de l’animateur et de l’animatrice de théâtre, 2ème éd. Revue et augmentée, Sherbrokes,
Québec, 1986, p.6
7
Leurquin B, Le livre de l’animateur, Afroque d’aujourd’hui, Afrique de demain, Paris, 1970, p.3
8
Defour G, Animateur. Cours de cadres des jeunes, éd. Bandari, Bukabu, 1976, p. 7 -8
9
Pirsoul G, Animation spirituelle de groupes, éd. Saint Paul Afrique, Kinshasa, 1978
6

à bien fonctionner, à bien définir et préciser ses objectifs. Il aide le groupe à se


procurer les moyens qu'exige le bon déroulement des activités. Cette aide peut
revêtir plusieurs formes. Elle peut consister à établir une liaison avec d'autres
groupes ou personnes ressources c.à.d. celles détenant une grande expérience
pouvant profiter aux membres. Mais elle peut également être l'effort que chacun doit
faire pour s'impliquer résolument dans l'œuvre commune.
Pour parvenir à jouer correctement son rôle, l'animateur choisit de ne
pas s'imposer. Il ne doit pas croire qu'il est le seul à détenir la vérité et que ses
propres opinions et idées sont les seules valables ; par conséquent, les autres
doivent y adhérer. Au contraire, l'animateur devra créer un climat de confiance et
de vérité, une bonne ambiance d'accueil et un bon esprit de groupe. Tel est le
comportement que le groupe attend de lui. Il constitue un principe important
d'animation.

I.2.2. Les définitions au sens strict


D'autres chercheurs ont tenté de définir l'animation d'une manière plus
élaborée, plus scientifique. Ils se sont appuyés sur le sens restreint du terme. Pour
eux, l'animation est une action d'insuffler un changement dans la vie des gens au
travers de leurs groupes et collectivités.
Changer n'est pas un luxe pour l'individu. Il est au contraire une
impérieuse nécessité étant donné que l'homme fait partie intégrante de notre
société caractérisée par un incessant mouvement de changement. Dans le monde
en effet, tout bouge, tout vibre et se transforme. Ce mouvement est nécessaire. Il
est générateur de progrès social, de développement.
La notion de changement est déterminante en animation culturelle comme
on peut s'en rendre compte. Sa nature ainsi que les outils employés pour l'effectuer
sont à la base de l'existence d'un vaste champ professionnel et d'une multitude de
modèles d'animation culturelle.
Dans ce contexte, l'animation est la capacité à communiquer la vie qui
repère dans cette notion une idéologie de type participatif, une pédagogie. La
diversité, la fluidité, la mobilité des champs d'intervention de l'animation selon
l'évolution des forces entre les acteurs permettent de comprendre les contradictions
et les nuances entre les divers types d'animation à savoir : l'animation « culturelle »,
l'animation « socioculturelle », l'animation « socioéducative », l'animation «scolaire
», l'animation «sociale culturelle ». Parmi ces formes, deux seulement nous
concernent le plus :

1. L'animation « culturelle » qui s'opère dans le domaine de la culture. Pour cela,


7

quatre sens s'adaptent au mot culture :


- Un sens artistique : le champ des arts et des lettres ;
- Un sens humaniste : le modèle permettant d'accéder à l'essence de l'être
humain ;
- Un sens social et civique : l'accès à la citoyenneté ;
- Un sens anthropologique et sociologique : modes de vie, de pensée et
d'action, pratiques sociales et culturelles

Dans la pratique, l'animation « culturelle » se dilue autour de trois


modèles d'animation : socio-culturelle (intéressée par l'approche des publics),
artistique (intéressée par la diffusion des objets et produits culturels), ludique
(proche des questions de loisirs). Toutes ces appellations sont non contrôlées; ce qui
fait l'unité de tous, c'est l'Animation10.
Comme on le voit, le but de l'animation culturelle est de pousser les
individus à modifier leurs attitudes de désaffection envers la culture et leur insuffler
un comportement favorable à la consommation culturelle. Précisons que celle-ci se
manifeste par une effective participation aux activités culturelles. Pour ce faire
l'animateur doit diffuser les œuvres (produits) culturelles' et faciliter le contact entre
elles et le public. Son rôle est alors comparable à celui d'un médiateur cherchant la
valorisation de la créativité et de l'expression des individus et des groupes. Mais la
diffusion ne se fait pas n'importe comment et n'importe où. Elle doit avoir lieu dans
les cadres appropriés nommés' équipements culturels spécialisés et être faite au
moyen des manifestations culturelles de grande envergure. L'animateur devient ainsi
« gestionnaire et entrepreneur » de la culture.

2. L'animation sociale par contre vise à amener les groupes sociaux


particulièrement les plus dépendants à se prendre en charge. L'animateur
les pousse à mieux communiquer, à décider ou à agir dans un élan de
solidarité communautaire impliquant la participation individuelle de chaque
citoyen. Ce champ n'est pas le seul à intéresser l'animation sociale. Elle se
développe également dans le domaine médicosocial, la prévention et la
formation.

Il convient de noter que dans tous ces secteurs opèrent bien d'autres
professionnels du travail social. L'animateur y est certes à l'aise, mais aussi en
concurrence avec eux.

10
Gillet J.C, Op. CIt, p.25
8

Inutile de revenir sur l'existence d'une gamme très variée de types


d'animation (scolaire, socio-éducative, …). C'est une évidence que personne ne met
en doute. On reconnait au contraire que le concept animation continue de pénétrer
plusieurs autres secteurs de la société11.
En considérant les 4 sens du concept culture évoqués ci - haut, nous
pensons que la forme socioculturelle semble bien recouvrer toutes les autres formes
de l'animation. En effet, le socioculturel serait le résultat d'une évolution intervenue
dans la conception du concept culture. Celle-ci n'est plus élitiste en ne se réduisant
qu'aux seuls arts, la nouvelle vision plus anthropologique' et sociologique identifie la
culture à une meilleure maîtrise de la société, par les individus eux-mêmes pour leur
émancipation collective.
Trois définitions élaborées seront étudiées ici pour illustrer ce qui vient
d'être dit. Il s'agit de la proposition de M. SiMONOT, celle de Henry THERY et
Garrigou LAGRANGE ainsi que celle de J-P IMHOF.

Pour M. Simonot, « l'animation socio -culturelle est un secteur de la vie


sociale dont les agents se donnent pour objectif une certaine transformation des
attitudes et des rapports interindividuels et collectifs, par une médiation directe
sur les individus, leurs attitudes, leurs relations interindividuelles et sociales. Cette
action s'exerce en général par médiation d'activités diverses à l'aide d'une
pédagogie faisant appel aux méthodes non directive? ou actives ,»12.
Cette définition fournit plusieurs indications qui donnent un éclairage
supplémentaire sur la connaissance du concept animation.
La première indication est que l'animation se pratique au moyen d'une
diversité d'activités. Ce qui suppose que celles-ci peuvent être soit culturelles, soit
sociales, soit encore d'une autre nature.
La deuxième indication concerne l'objectif et les variables sur lesquelles
elle agit. L'animation vise donc la transformation, la modification, c'est-à-dire le
changement de l’individu. Ce dernier porte suries attitudes et les, relations tant
interindividuelles que sociales.
Enfin, cette définition renseigne sur les méthodes d'animation (qui feront
l'objet de la deuxième partie de ce cours)
La deuxième définition est celle que nous proposent H. Thery et Garrigou
Lagrange que « l'animation représente l'ensemble des démarches qui doivent faciliter
aux individus et aux groupes l'accès à une vie plus active et plus créatrice, en
maîtrisant mieux les évolutions, en communiquant mieux avec autrui, en parti pant

11
Gillet J.C., Animation et Animateurs, le sens de l’action, éd. L’Harmattan, Paris 2003 p. 25
12
Simonot M., Les animateurs socioculturels¸PUF, Paris, 1984
9

mieux à la vie des ensembles dont ils font partie tout en développant leur
personnalité propre et en acquérant une plus grande autonomie »13.
Comme dans la précédente définition, ici aussi l'animation est constituée
d'un ensemble d'activités qui conduisent les gens à être plus actifs et plus imaginatifs
et à s'associer aux autres de manière à inventer ensemble des nouveaux modes de
vie mieux adaptées aux changements de notre société .. L'implication à cette quête
commune d'une nouvelle identité ne se fait pas au détriment de la personnalité.
L'animation veille à ce que chacun garde sa personnalité propre et devienne de plus
en plus autonome.
La troisième définition est celle de Jean Pierre IMHOF qui soutient que "
l'animation paraît(...) comme une réponse spécifique à des besoins nouveaux nés
des transformations de la vie collective, d'amélioration des communications sociales
et d'introduction au changement, elle a donc une fonction d'adaptation aux nouvelles
formes de vie sociale."14
Outre ces trois définitions, il existe une grande abondance d'essais de
définitions dont la substance se résument en ceci: « l'animation est donc un
ensemble d'opérations entreprises par une personne ou un groupe de personnes en
vue d'ajuster ou de changer le comportement humain ou son environnement dans
un cadre éducatif et culturel selon les objectifs bien déterminés»15.

Ci-dessous les traits caractéristiques ou les trois piliers de l’animation :


l'existence des groupes ; l'importance' de la communication ; le recours aux
pédagogies actives
a) L'existence des groupes comme cible à laquelle l'animation est destinée figure
au centre des préoccupations de la quasi-totalité des auteurs. Dans les
définitions précitées, cette cible porte plusieurs noms ; les uns l'ont appelée
milieu, village, quartier. Les autres ont préféré la nommer collectivité,
communauté. Il s'agit en fait d'une même réalité qui désigne en définitive des
individus vivant ensemble. Ainsi donc, l'animation est par essence une action
groupale. Le groupe est son champ privilégié d'action.
b) L'importance de la communication sociale, de dialogue. Ceci ne veut pas dire
que l'animation est la même chose que la communication sociale. Les
précédentes explications sur ce concept n'autorisent aucune confusion là-
dessus. L'animation ne se réduit pas à la communication. Elle n'est pas égale
à la communication.

13
Therry H et Garrigou L. Cités par Girard A. in Développement culturel, Expérience et politique, Unesco, Paris,
1972
14
IMHOF JP, cité par MIGNON, Le métier d'animateur, La Découverte, Paris, 2005, p. 10
15
Barhkomerwa G., Principes d’animation et d’organisation des manifestations culturelles, L’Harmattan RDC,
Kinshasa, 2010
10

Cependant, l'animation admet que la communication est indispensable à tout


regroupement des êtres humains. C'est elle qui cimente la vie de groupe ;
sans elle, on ne pas raisonnablement parler d'une existence commune. Par
conséquent, il faut la promouvoir, ce qui veut dire l'établir si elle est
inexistante ; ou tout simplement améliorer sa bonne circulation au cas où
celle-ci est mauvaise. On favorise de la sorte la participation et l'engagement
de chaque membre du groupe à la réalisation des objectifs communs. Telle
est la ferme conviction de l'animation culturelle qui estime que la
communication est au groupe ce que le sang est au corps humain.
c) Le recours à des pédagogies actives ; la plus usuelle a comme nom « la
méthode non directive ». Cette pédagogie a l'avantage de favoriser
l'autonomie des individus ainsi que leur maturité. Ces méthodes actives
prônent la coresponsabilité et une active participation de tous à ce qui est
entrepris ensemble - la préoccupation majeure de l'animation consiste à
susciter les initiatives, entraîner les gens à s'impliquer et augmenter leur
engagement à la vie du groupe. Cet apprentissage est rendu facile par le
recours aux pédagogies dites actives. Mais il faut reconnaître que l'animation
culturelle fait également usage d'autres méthodes.

En conclusion, il sied de noter que «l'animation implique trois processus


conjoints: un processus de dévoilement: créer des conditions pour que tout
groupe ou tout individu se révèle à lui-même : un processus de mise en relation
des groupes d'hommes entre eux, ou avec des œuvres ou des créateurs, ou avec
les centres de décision, soit par la concertation soit par le conflit; un processus de
créativité : par l'interrogation des individus et des groupes avec leur
environnement, expression, initiative et responsabilité »

I.3. Les finalités et objectifs de l'animation culturelle


Dans le domaine spécifique de la culture, considérée comme produit à
promouvoir et à développer, le changement se caractérise par une réelle intégration
de la culture dans le vécu quotidien. Celui qui avait une attitude de désaffection
envers la culture change et en fait l'objet de sa préoccupation journalière au même
titre que son alimentation. Cela se remarque dans l'adoption d'un nouveau
comportement caractérisé par une effective consommation des produits culturels.
C'est le cas. Notamment de l'assistance régulière en tant que spectateur à des
manifestations culturelles ou évènements culturels tels qu'exposition d'œuvres d'art,
représentations théâtrales, concerts de musique, conférences, festivals, etc.
Par rapport à la culture, le changement est aussi fait d'initiative et de
création, par exemple devenir acteur dans une troupe de théâtre, jouer comme
musicien dans un orchestre ou chanter dans un groupe vocal.
11

L'objectif poursuivi est d'élargir le public de la culture ; atteindre ceux qui


n'en manifestent aucun intérêt. Cela revient, comme l'ont dit certains, à transformer
d'une manière presque alchimique le non public en public virtuel, le public virtuel en
public réel, le public réel en public fidèle »16.
De cette manière on peut briser progressivement l'idée forte ancienne
selon laquelle la culture est un loisir réservé à l'élite et aux privilégiés. Pour ce faire,
il faut diffuser les produits culturels auprès des larges publics avec une attention
particulière à ceux qui sont culturellement défavorisés. Tout ceci en vue de susciter,
d'éveiller et de développer la curiosité, le goût et l'initiative auxquels il vient d'être
fait allusion tout à l'heure. Ceci revient aussi à dire que l'animation culturelle devra se
préoccuper de soutenir la création, la production, la diffusion et la consommation des
produits culturels à travers la " promotion des initiatives et des industries culturelles.
S'agissant du domaine social, le changement est assumé et vient de
l'intérieur. Il n'est pas imposé. Pour son mieux-être et en vue d'un meilleur
accroissement de la qualité de son existence, l'homme accepte de son plein gré de
changer, de se transformer.

Les paramètres concernés sont notamment les attitudes, les


comportements et les pratiques de l'individu ainsi que ses rapports et relations avec
les autres, C. Maccio fournit de très claires explications sur les attitudes et les
comportements.
Selon lui « l'attitude correspond à nos relations intérieures » alors que le
comportement en est « l'aspect apparent »17.
L'essentiel pour l'animation est que dans un groupe les attitudes des
membres doivent être positives, même les relations entre eux doivent non seulement
exister mais en plus il convient qu’elles soient bonnes. Au cas où ces facteurs sont
inexistants ou mauvais, le changement consiste à les améliorer ou les établir.
Toutefois, le changement peut se traduire aussi par l’adoption d’un style de vie plus
centré sur le groupe pour l’épanouissement de chacun et de tout le monde.

Autres propositions des finalités et objectifs faites par les auteurs


Nombreuses autres personnes, chercheurs et animateurs assignent à
l'animation socioculturelle certaines finalités et objectifs. Nous allons voir en guise
d'illustration, les propositions de deux spécialistes : E. Limbos et J. Leveugle.
Pour le premier auteur, l'animateur poursuit les objectifs suivants 18:

16
Besnard P. L’animation socioculturelle, PUF, Paris, 1980, p.14
17
Maccio, Animer et participer à la vie de groupe, éd. Chronique sociale, Paris, 1997 p.24
18
Limbos E., L’animation des groupes de culture et de loisirs, éd. ESF, Paris, 1984, p.8
12

- Permettre à chaque individu à se découvrir, à participer à la vie du groupe et


de la société en proposant des changements, des améliorations, un mieux-
être, un accroissement permanent de la qualité de vie,
- Favoriser l'adhésion à des objectifs librement élaborés d'après les besoins, les
aspirations et les problèmes vécus par chaque membre et par son groupe
social ;
- Vivre en relation avec d'autres personnes dans l'acceptation et le respect de
chacun, de ses valeurs, de ses croyances, de son milieu ;
- Donner l'occasion à chacun de se « dilater », de se situer, de se libérer en
vivant le plus totalement possible en conformité avec son cadre de référence.

La finalité de l'animation, conclut-il, consiste sans doute à rendre les


personnes et les groupes autonomes, mais interdépendants, et à leur faire découvrir
les moyens d'établir avec d'autres groupes des relations favorables à leur
épanouissement et à leur compréhension mutuelle
Une fois de plus, l'auteur mentionne les notions fondamentales de
changement, d'implication à l'œuvre commune, des rapports sociaux et d'autonomie.
Quant à Jean Leveugle, l'animation s'assigne deux objectifs sociaux
majeurs qui permettent de déterminer ses finalités. Ces objectifs sont les suivants :
- Rendre à l'individu et aux petits groupes le goût et la possibilité de
développer leurs relations avec leur milieu, de s'associer avec leurs
semblables pour résoudre ensemble des problèmes communs.
- Leur rendre en même temps le goût et la possibilité de l'initiative et de la
création.

Ici encore il est question de relation et d'engagement en plus de l'esprit


d'initiative que l'animation doit provoquer chez les gens.
L'auteur enchaîne pour terminer en disant qu’eu égard à ces objectifs, les
finalités de l'animation sont ceux qui suivent :
- Au point de vue des individus pris isolement : l'animation vise à leur faire
prendre conscience de ce qu'ils sont et de ce qu'est leur environnement en
vue de leur faire décide ce qu'ils veulent devenir et faire. Pour cela chaque
individu doit être amené à découvrir en lui-même ce qui constitue à la fois
son originalité et son aspiration profonde. Ainsi donc, il pourra en toute
connaissance de cause choisir l'axe selon lequel il entend se développer.
- Au point de vue des groupes animés : l'animation est au service des
groupes. Elle doit les aider à prendre conscience de leur personnalité en tant
13

que tel et de leur vocation. L'attitude de chaque membre à l'égard du groupe


doit être la participation à la vie et au progrès du groupe. Elle ne doit jamais
être la soumission passive au plus grand nombre ou à l'animateur lui-même
ou à tout autre membre influent du groupe.

En définitive, c'est l'homme intégral considéré comme moyen et fin


fondamentale du développement qui est l'objet suprême de toute action d'animation
socioculturelle. Ainsi, il doit être impliqué au processus de développement comme
facteur et moteur essentiel. Pour y arriver, la condition sine qua non reste une
double action presque chirurgicale de « destruction constructive »19. Détruire en lui
les forces négatives, obstacles et résistances à la participation et en même temps
stimuler ou encourager les potentialités constructives qui s'endorment en lui.

I.4. Les caractéristiques de l'animation culturelle


Plusieurs critères permettent de distinguer toute action d'animation
culturelle, qu'elle soit artistique, socioculturelle ou ludique. Parmi ceux-ci, trois
méritent d'être mis en exergue20.

1. Activité pour un but


L'animation est un ensemble d'activités autrement appelés démarches.
Leur nature n'est pas déterminée. C'est au travers des activités qu'elle prend forme
et se matérialise. Cependant, il sied de noter que l'animation culturelle ne se réduit
pas aux activités en tant que telles. Ces dernières sont des instruments au moyen
desquels l'animation réalise ses objectifs et finalités. L'illustration peut être fournie
par le cas d'une exposition des photos sur le SIDA. Cette action est un prétexte pour
sensibiliser le public sur cette maladie dans le but d'influencer son comportement.

2. Coresponsabilité
L'animation est une coresponsabilité. Elle implique l'association et la
coopération entre l'animateur et les membres. L'animateur n'agit pas seul. Il travaille
en équipe, il associe les autres au travail qui se fait, ceux-ci participent non
seulement à l'exécution, mais aussi au processus de prise de décisions, c'est du reste
ce que veut l'homme actuel, même les jeunes aspirent à cela, ils n'acceptent plus
qu'on décide à leur lieu et place, ils désirent être responsables et cogérer avec
l'animateur. Cette voie est la mieux indiquée pour parvenir à l'autonomie souhaitée.

19
Schumpeter J., « Capitalisme, socialisme et démocratie » in informations et documents, Avril 1977, n°374,
p.122
20
Dumazedier J et Ripper A, Loisir et Culture, éd. Du seuil, Paris, 1966, p. 50 – 53
14

Plus les gens prennent part active à ce qui se réalise, plus ils apprennent et
acquièrent l'expérience et l'aptitude à se prendre en charge.

Ce principe de coresponsabilité se fonde sur les exigences ci-


Après :
- Instaurer dans le groupe un bon climat favorable au débat d'idées, à l'écoute,
à la discussion et à l’échange ;
- Procéder de manière démocratique quand il s'agit de prendre des décisions
acceptables par tous et satisfaisantes à tout le monde ;
- Distribuer les tâches et les responsabilités de façon à occuper la totalité des
membres et éviter leur concentration sur les mêmes personnes ;
- Se comporter en adulte devant les inévitables problèmes et frustrations qui
surgissent au sein du groupe. Une bonne dose dans la maîtrise des
techniques d'animation permet de bien les gérer et aider le groupe à
cheminer harmonieusement.

3. Satisfaction des besoins du groupe


Une véritable animation se fonde sur les besoins ressentis par le groupe.
On comprend tout de suite que ce point est capital étant donné que l'animation est
une pratique dont les bienfaits ont comme destinataire final l'homme, heureux
bénéficiaire
Les besoins à satisfaire par l'animation culturelle peuvent être de plusieurs
natures :
a) Suivant le critère de la conscience, on parle des besoins conscients et
inconscients.
- Les besoins conscients sont apparents et ressentis. Très souvent, ces
problèmes ne sont pas exprimés pour des raisons diverses (ignorances,
résignation). L'animation se fait alors l'obligation de faciliter leur expression,
elle doit aider la population à les formuler clairement et surtout à y trouver de
solutions appropriées pour son propre bien-être
- Les besoins inconscients par contre existent à l'état confus dans la population.
Ils sont indistincts dans les communautés sans que les membres s'en rendent
compte, sans qu'ils en prennent conscience lucidement. Et pourtant, ils sont
là, ils existent bel et bien en nous, mais nous ne parvenons pas à en
distinguer leurs divers contours. Ici aussi le rôle de l'animation demeure le
même. Il lui revient de faire révéler ces besoins inconscients, les faire surgir
afin de leur pleine satisfaction.
15

b) Une autre façon de classifier les besoins consiste à recourir à leur nature. Sur
cette base et à l'instar de J. Dumazedier et A.Rippert, quatre sortes de besoins
ci-après sont à noter: besoins esthétiques, intellectuels, sociaux et pratiques. Il
s'agit des besoins que les individus manifestent dans leur vie culturelle et
pendant leur temps l21ibre.

b)1 Les besoins esthétiques


Ils sont relatifs au beau c'est-à-dire à l'art. Un nombre croissant des
populations s'intéressent de nos jours aux valeurs esthétiques, au plaisir du beau. Ils
veulent s'initier à l'univers imaginaire fait d'images et d'émotions. Ils satisfont à ces
besoins soit par une consommation passive des œuvres d'art, soit encore en prenant
part active à une création artistique

b)2. Les besoins intellectuels


A la différence des premiers besoins cités caractérisés par les aspects
fictifs et imaginaires, les besoins intellectuels sont du domaine du rationnel. Par ces
besoins l'homme cherche à découvrir les faits réels et les relations du monde
extérieur et intérieur
Les activités d'animation telles que l'éducation permanente,
l'autoformation, des études volontaires visent à satisfaire ces besoins

b)3. Les besoins sociaux


L'homme est par essence un être social. Il hait de vivre isolé: Son besoin
ardent est d'être en relation avec les autres personnes ou groupes sociaux. En
Afrique particulièrement, la vie est communautaire

Malheureusement la structuration des villes modernes tendance à


favoriser l'individualisme, elle accorde peu de place aux opportunités d'établir des
relations sociales. Aussi des occasions doivent-elles être données à l'homme
d'étancher sa soif de rencontrer les autres et de vivre avec eux.

21
Dumazedier J., Vers une civilisation du loisir, éd. Du Seuil, Paris, 1962
16

b)4. Les besoins pratiques


On les appelle aussi besoins manuels. Leur satisfaction se réalise au
moyen des activités manuelles pratiquées en vue d'un plaisir. On s'y adonne pour
dépenser des énergies ; ce qui procure une détente physique. Le bricolage, le
jardinage sont par exemple des activités qui remplissent cette mission.
La culture, selon la vision moderne, reconnaît aux travaux manuels une
valeur culturelle. Ils sont par ailleurs considérés comme moyen d’éducation générale.
17

Chapitre II. L'ANIMATEUR CULTUREL

II.1. Définition de l'animateur culturel

Plusieurs définitions ont été proposées par les spécialistes sur l'animateur.
Elles sont loin de faire l'unanimité compte tenu de la diversité des types d'animateurs
existants
Parmi celles-ci, nous citons quelques-unes qui illustrent cette diversité :
- « Les animateurs sont des agents spécialisés dont le rôle est de promouvoir et
d'assurer l'animation socio-éducative. Ils ont donc pour fonction de faire
naître" et de développer des" activités éducatives et culturelles (civiques,
économiques, artistiques, sportives) facilitant un développement culturel
global »22.
- « L'animateur socioculturel est homme carrefour où se retrouvent et se
télescopent tous les besoins, les désirs et les rêves des hommes de la
société"23.
- « L'animateur culturel n'est pas un organisateur d'activités culturelles. S'il est
un médiateur entre les œuvres d'art et le public, c'est pour faciliter le contact
de l'intérieur ... L'animateur culturel n'est pas un fabricant de public, ni un
spécialiste, ni un professeur, mais" un «découvreur des secrets des autres..»24

Nous estimons satisfaisante la définition synthèse que propose l'INA.


Quoique perfectible, cette définition a l'avantage de prendre en compte les réalités
locales actuelles.
A l'INA, l'animateur culturel est défini comme « un agent de
développement culturel dont le rôle principal au sein de la société est de favoriser
l'organisation des individus et des groupes, et la réalisation par eux-mêmes des
activités visant à satisfaire leurs besoins culturels, pour la promotion et
l'épanouissement de chacun et de toute la communauté ».
Cette définition donne la description d'un animateur et ce qu'il doit faire
ainsi que la finalité de son action.
L'animateur culturel se veut être un agent de développement culturel. Il
milite en faveur de la promotion de la culture étant entendu qu'entre elle et
l'économie, existent des rapports féconds de complémentarité. Les échecs politiques
de développement mises au point notamment dans les pays du sud, et basés

22
Lire : Besnard P. L’Animation socioculturelle, Collection que sais-je ? PUF, Paris, 1980, p. 68
23
Levet-Gautrat M., « Les usages de rôle des animateurs socioculturels » in cahier de l’animation, n°3, 1973
24
Moulinier P., Cité par Besnard P., Op. Cit, p. 69-70
18

exclusivement sur la seule dimension économique ont démontré à suffisance qu'un


développement véritable doit aussi intégrer la culture.
Ceci est essentiel à signaler - ça traduit en réalité la complexité de la
mission d'un animateur culturel, laquelle mission se complique davantage lorsqu’elle
s'opère dans une culture africaine en complète désarticulation. Dans ce contexte il
peut être permis de penser que la mission d'un animateur culturel africain est
particulière, elle est aussi bien culturelle que socio-économique. Elle consiste à
restituer à la culture africaine sa véritable et authentique identité d'une part, faire de
cette culture un moteur de développement socioéconomique d'autre part. ce qui a
fait dire à Allioune Sene que « l'Afrique a besoin d'accroître sa production vivrière, de
réaliser son' unité politique; bref, l'Afrique a besoin d'animateurs culturels pour
combattre la culture de la pauvreté25.
C'est pourquoi, conclut-il, l'animateur culturel doit quitter le domaine des
manifestations culturelles superficielles pour devenir un agent de développement
économique et social et viser l'épanouissement et la promotion de chacun et de toute
la communauté. Il ne peut donc pas se satisfaire de mener une action isolée. Il doit
savoir que le développement social et économique ne peut créer un développement
intégral de tout homme et inversement un développement culturel sans base
matérielle n'est qu’utopie et pur verbalisme.
Mais ce n'est pas lui qui réalise le développement. Ou s'il le fait, il n’est
pas seul à l’œuvre. Car selon la définition le rôle principal d’animateur au sein de la
communauté est de deux ordres. D'abord favoriser l'organisation des individus et des
groupes, cela signifie créer des structures d'action qui mettent les personnes en
mesure de fournir le meilleur d'elles-mêmes, de s'exprimer pleinement en vue des
meilleurs résultats ; enfin pousser les gens à entreprendre eux-mêmes des activités,
à prendre en main leur propre destinée et ne pas attendre que les mannes tombent
du ciel. Ce n'est pas facile, il faut avouer et pourtant c'est bien cela le défi à relever
Au bout de compte la finalité du travail de l'animateur est la promotion et
l'épanouissement de l'homme et de tous ceux avec qui il partage la vie.
Comme on le voit, l'animateur culturel apparaît essentiellement comme un
agent de relations assurant des activités spécialisées et des recherches.
Coordonnateur et gestionnaire et occasionnellement formateur.
R. TORRAILLE soutient que « l'animateur doit faire progresser les
groupes, les collectivités et les individus à la fois au niveau des relations sociales et à
celui de développement culturel 26»

25
Alioune Sene, in L’animateur culturel et le développement intégré, Séminaire pour les animateurs culturels,
organisé par l’ICA à Dakar du 10-15 déc. 1975, p. 94
26
Torraille R. Cité par Limbos E. L’animation des groupes de culture et des loisirs, les éd. Paris,, 1984, p.10
19

Au niveau social, l'animateur facilite des relations sociales entre sujets de


statuts différents ainsi que celles hors hiérarchie ; il suscite et stimule les échanges ;
il assouplit les contacts, les multiplie et les structure si nécessaire.
Au plan de développement culturel l'animateur lutte pour une vision
globale de la culture en se fondant sur la démocratie culturelle : il encourage l’accès
de tous (du grand nombre) à la consommation de la culture et la créativité populaire
en général et celles des couches sociales les plus défavorisées en particulier.

II.2. Le champ d'action et les tâches d'un animateur culturel


II.2.1. Le champ d'action
L'animation culturelle, sous ses trois modèles (artistique, socio culturel,
ludique), est présente dans plusieurs domaines de la vie sociale, même si certains
semblent être plus privilégiés que d'autres.
Néanmoins, parmi les principaux secteurs où il est le plus opérationnel on
retient notamment les groupes, les institutions et les équipements sociaux et
culturels

• Du groupe
Au groupe nous avons donné la même signification que celle largement
commentée ultérieurement. Une catégorie spéciale de ces groupes semble être
devenue l'un des grands traits caractéristiques de la société actuelle. II s'agit en
l'occurrence des groupes restreints : Ils sont très nombreux partout, ils se font et se
défont devant nos yeux, nous ne pouvons donc pas l'ignorer. Des associations et des
mouvements des jeunes et des adultes, des clubs et des cercles culturels des loisirs,
etc. sont une réalité vivante de notre temps. Ils constituent un champ d'action de
prédilection pour un animateur culturel.

• Des institutions et des équipements socioculturels


En plus des groupes, on assiste à la création de nouvelles institutions et
des équipements socioculturels en vue de répondre aux nouveaux défis de la
modernité. Il s'agit par exemple des foyers sociaux, des centres culturels, des
maisons des jeunes et de la culture, des maisons de radio et de télévision, des
centres récréa-touristiques, etc. ils sont des lieux privilégiés où peut œuvrer un
animateur culturel.
Au sein de ces institutions et équipements, l'animateur remplit des
fonctions orthopédiques, recréologique et des loisirs. La fonction orthopédique est
celle qui consiste à combler certaines carences d'ordre éducatif ou culturel. L'homme
20

est habité par le désir pressant de savoir et de savoir davantage. II souhaite


également consommer la culture. L'animateur utilise les équipements existants pour
organiser des activités destinées à répondre à ces besoins de la population.
En outre, les conditions actuelles de vie et de travail ont dégagé beaucoup
de temps libre, source aujourd'hui d'une nouvelle démarche de consommation. Ce
temps libre conduit l'animateur à intégrer dans son travail une fonction recréologique
et des loisirs. C'est généralement à ces cadres (institutions et équipements) qu'il
recourt pour offrir aux masses les loisirs dont elles ont besoin.

II.2.2. Les tâches


Elles sont aussi nombreuses que variées. Elles varient selon le terrain
(groupes ou institutions) où l'animateur opère. Ces tâches sont soit dirigeantes ou
administratives, soit techniques.

1. Dans les groupes


En ce qui concerne les groupes les tâches d'un animateur varient en
fonction du type (nature) du groupe où il intervient

 Dans un groupe à vocation culturelle


L'animateur a la charge de permettre une activité plus intense et plus
cohérente, c'est-à-dire organiser rationnellement l'activité. Cela revient à dire en
d'autres termes l'adapter aux besoins ressentis par les membres de sorte que les
activités leur soient effectivement utiles.
II est alors question de favoriser les activités culturelles qu i mettent les
membres et les groupes en état de contribuer au développement de leur collectivité
en ayant-toujours présent à l'esprit les nécessaires rapports entre les valeurs
culturelles et les valeurs socioéconomiques.
 Dans un groupe social par contre, la tâche de l'animateur se conçoit
autrement. Ici il doit aider les membres à mieux résoudre les problèmes de la
vie auxquels ils sont confrontés chaque jour. Il accomplit cette tâche par un
triple processus conjoint de dévoilement, de mise en relation et de créativité
 Dans un groupe éducatif, la tâche de l'animateur est de favoriser les
activités plus enrichissantes culturellement et plus humanisantes; c'est un rôle
palliatif aux défaillances constatées dans le secteur éducatif. On observe en
effet que l'enseignement s'est trop professionnalisé, il n'accorde pas de place
à sa mission culturelle. En plus les conditions actuelles ne permettent pas à
tout le monde d'y accéder. L'action de l'animateur tend à porter quelques
21

corrections dans le sens orthopédique évoqué dans les lignes qui précèdent.
L'action en question revêt maintes formes allant de l'éducation civique ou
économique à l'éducation artistique ou sportive
L'objectif à atteindre est double.27
- Favoriser la possession par le public des grands langages d'expression
sensible (artistique) et d'analyse rationnelle (économique, scientifique et
technique) ;
- Permettre à chacun à partir des événements quotidiens (vie des quartiers, des
rues, des loisirs etc.) d'être plus responsable de son destin, de mieux maîtriser le
changement social, d'être créateur de nouveaux modes de rapports.

2. Dans les institutions socioculturelles


Les équipements et institutions à vocation culturelle représentent le
deuxième domaine de prédilection pour un animateur culturel. Pour leur bon
fonctionnement ces structures ont besoin comme partout ailleurs, d'une main
experte. Les animateurs culturels (notamment ceux formés à l'INA) sont des
spécialistes formés à cet effet. Les tâches sont d'aider ces institutions à atteindre
leurs objectifs. Elles s'exercent de deux manières distinctes : soit globalement, soit
d'une façon technique.
La tâche est globale lorsque l'animateur assure l'administration de
l'ensemble de la structure. Il gère son personnel administratif et d'animation. Le
marketing de l'institution entre aussi dans ses attributions en ce sens qu'il lui
appartient de la faire connaître au public utilisateur et auprès des opérateurs
culturels partenaires.
Outre son intervention de type global, l'animateur peut avoir en charge
une tâche spécifique. En ce cas, il est responsable d'un secteur précis d’animation ;
par exemple l'animation cinématographique dans un centre culturel où il est prévu
non seulement des projections des films, mais aussi des cinéforums et beaucoup
d'autres actions autour du film.
Précisons qu'un animateur global peut également combiner la coordination
avec une fonction technique. Tout dépend de ses disponibilités et de son aptitude à
réussir ce cumul des responsabilités.

N.B: Voici quelques aspects particuliers de ses tâches dans le contexte strictement
de l’Afrique :

27
Limbos E, Op. Cit, p. 47
22

1er aspect :
On souhaite que l'animateur culturel africain aide à l'élaboration d'une politique
culturelle nationale. Bon nombre des pays africains en sont dépourvus. Cela a un
impact sur le développement culturel du continent.
On attend que l'animateur favorise la définition des besoins culturels des
populations, qu'il les amène à être plus actives et entreprenantes, qu'elles aient des
initiatives créatrices dignes de leur virtualité culturelle de manière à réaliser elles-
mêmes les développements de leur propre société.

2ème aspect :
Il revient à l'animateur culturel africain de militer en faveur de la protection de ses
richesses culturelles. Il ne peut bien le faire que dans la mesure où il les connait.
Implicitement, cela revient à dire qu’il doit les recenser et le développer ; pousser les
peuples africains à s'éprouver en tant que consciences créatrices, sources
authentiques de valeurs de civilisation

3ème aspect :
L'action d'un animateur culturel africain doit épanouir l'homme africain, l'aider à
devenir créateur de sa propre culture ; pour cela on doit lui donner la possibilité de
dialoguer et d'être agent moteur principal de la transformation de son avenir.

4ème aspect :
En définitive l'animateur culturel africain a l'obligation de faire comprendre aux
populations africaines l'approche de la culture qui consiste à changer l'individu afin
d'accroître la qualité de sa vie dans le sens de la plénitude des valeurs intellectuelles
et morales. Ces populations devraient donc être sensibilisées et motivées.

II.2.3. Les qualités d'un bon animateur

Le métier d'animateur est très exigeant. Il l'oblige à posséder un grand


nombre des qualités. Certaines personnes naissent avec quelques-unes de ces
qualités.
23

Quoiqu'il en soit, les qualités ci-après sont requises pour un Animateur 28:

- Une grande créativité, l'animateur est un homme imaginatif, quelqu'un qui sait
imaginer des solutions originales visant à stimuler et inciter les autres à
l'initiative, à la participation responsable des groupes au processus de
développement ;
- Une disponibilité et une suffisante ouverture d'esprit, sans cela comment peut-
il alors au milieu et s'adapter à l'évolution des groupes ? L'esprit de
disponibilité est nécessaire pour mieux être au service de ce milieu dont il est
souvent l'agent catalyseur. Cette disponibilité concerne non seulement l'esprit
mais aussi le corps, c'est-à-dire la santé mentale et physique de l'animateur ;
- Une grande maturité, un sens de l'équilibre, non seulement pour appréhender
avec lucidité l'essentiel des problèmes et les situations des populations, mais
aussi pour avoir une piste directe sur les évènements, pour penser les
problèmes en profondeur et dégager la synthèse des aspirations des groupes,
l'animateur travaille sur une matière très sensible. Il lui faut avoir une mesure
en toute chose, rester réaliste devant les inévitables enthousiasmes parfois
démesurés engendrés par son dynamisme ;
- Une réelle capacité de dialoguer, d'échanger idées et opinions avec les autres.
Ce n'est pas toujours évident, l'animateur fera preuve de compétence dans la
maîtrise des méthodes et techniques de sa profession. Sur le terrain, on se
rend bien compte de l'importance indéniable de cette disposition, le dialogue
et échange sont les outils indispensables auxquels il aura régulièrement
recours ; sans maîtrise de leur conduite, il lui sera difficile de réussir sa
mission.

G. Pirsoul complète la liste en ajoutant les qualités suivantes :


- Etre ouvert aux relations : avoir le sens des contacts, des rencontres, des
échanges. Un animateur ne peut être satisfait de vivre seul ou de travailler
seul. Il est au contraire à la recherche des relations avec les autres, il les
rencontre, il partage avec eux les idées et opinions convaincues que de ce
genre de débat jaillit toujours la lumière ;
- Etre respectueux de toute personne, de toute l'idée proposée, être accueillant
et à l'écoute dans un esprit constructif, le respect de l’interlocuteur est une
règle d'or pour un animateur culturel, il se traduit en pratique par l'accueil et
l'écoute sans exclusive de toute personne ;
- Etre confiant dans le groupe, être persuadé que le groupe a ses richesses,

28
Alouine Sene , In l’Animateur culturel et le développement intégré, séminaire pour les animateurs culturels,
organisé par l’ICA à Dakar du 10 au 15 décembre 1975, p. 2 5
24

qu'il est capable de participer, de proposer des initiatives, d'assumer les


responsabilités. Il va de soi que sans cela il ne peut ·pas être possible
d'envisager une quelconque collaboration devant aboutir à une autonomie du
groupe. ;
- Etre dynamique et dynamisant, c'est-à-dire rayonner, susciter, communiquer
la joie de vivre vraiment en esprit communautaire ;
- Etre lucide et ferme, lucide sur la marche du groupe sur les activités et leurs
valeurs ; ferme quand on est au service du groupe, c'est-à-dire voir et vouloir
uniquement le vrai bien du groupe. La communauté veut comprendre quelque
chose mais elle tâtonne parce que non convaincue de ce qu'il convient de
faire. L'animateur élucide avec les membres la marche et les activités de sorte
qu'ils puissent opérer un choix judicieux sur ce qui est bon pour eux. Dès que
la décision est prise, il faut rester ferme pour ne pas s’en détourner ni y
introduire des éléments qui n’ont pas été examinés ensemble.

En conclusion, il convient de noter que les qualités les plus importantes


pour un animateur culturel. Ce sont avant tout son dynamisme contagieux et sa
capacité à entrainer les autres à l'action. L'animateur est un homme actif, toujours
prêt à se mettre en mouvement. Cela ne suffit pas, il doit pousser les autres à faire
de même, ceux avec qui il entre en relation deviennent comme lui des hommes et
des femmes d'action. En plus le dynamisme de l'animateur sous-entend sa capacité à
convaincre les autres à prendre part à ce qu'il entreprend.
25

IIème PARTIE

LES PRINCIPES, LES METHODES ET LES TECHNIQUES D’ANIMATION

Chapitre I : LES PRINCIPES D'ANIMATION


I.1. Les principes d'animation socioculturelle
Il existe, dans les activités d'animation des groupes, plusieurs principes
auxquels les intervenants sont astreints pour atteindre leurs objectifs.

1) Le principe ou loi de graduation


Veut que l'on procède du simple au complexe en termes d'information faisant
l'objet de la communication. Selon ce principe, il y a lieu de veiller à la loi de la
progression. Tout ne s’apprend pas d'un coup.

2) Le principe de la progression
Ce principe enseigne que toute séance de communication ou d'entretien est un
processus évolutif qui procède par étapes complémentaires d'informations ou de
sujet de discussion. Pendant la préparation, il faut veiller à bien classer les
informations à échanger dans un ordre séquentiel chronologique.

3) Le principe de participation
Il s'agit de cette règle d'or qui exige que lors d'un entretien, d'une rencontre,
d'une discussion ou d'un échange en groupe, il n'y ait pas d'acteurs d'un côté et de
spectateurs de l'autre, mais que toute séance d'entretien soit un véritable lieu ou
cadre du donner et du recevoir. Que tout le monde se sente acteurs d'idées
partagées et de résultats obtenus.

4) Le principe de responsabilisation
Pour réussir une activité d'animation, il faudra tenir pour responsable chaque
participant quant aux informations à échanger et quant à la réalisation du
changement social souhaité (sa forme, son ampleur, son orientation etc.).

5) Le principe de distanciation ou de neutralité


26

Pour réaliser le principe de responsabilisation, l'animateur ou l'animatrice devra


faire montre d'une attitude de franche neutralité ou de distanciation vis-à-vis des
sujets abordés ce, tant dans son expression que dans ses attitudes.
Il s'agit de donner la preuve que l'on a pas de partie pris, que l'on ne prêche
pas pour son propre chapelle mais que l'on parle des faits objectifs qui concernent ou
peut concerner tout être humain.

6) Le caractère factuel des sujets à aborder


Ce principe veut que tout s'appuie sur des faits palpables et qu'on évite des
théories ou des spéculations si l'on veut persuader et pousser son auditoire à l'action.

7) Le principe d'immersion
Il faudrait toujours s'identifier au groupe ou à l'individu avec lequel on veut
communiquer, partager un message. Apprendre à faire le grec-grecis, c'est-à-dire le
berger parmi les moutons. Celui qui se confond de façon didactique au groupe, qui
sait accepter d'avoir parfois tort.
Ce principe veut que l'animateur ou l’animatrice se conforme aux
caractéristiques profondes du groupe et qu'il se réfère aux modèles acceptés par
celui-ci. Il conseille de reconnaitre les règles du groupe ainsi que ses valeurs et de
les exhumer au cours du processus de communauté pour le changement de
comportement.

8) Le principe de confiance mutuelle préalable


Le présent principe exige de l'animateur ou de l’animatrice d'établir la relation
de confiance entre lui et le groupe notamment par la maitrise et la remémoration des
noms des participants.
Pour y arriver, il y a lieu que l'animateur ou l’animatrice se fasse d'abord
accepté soi-même par le groupe avant de faire accepter le message.

9) Le principe de motivation
Pour faire participer les membres du groupe ou pour obtenir leur adhésion au
message et les faire agir, il faut les motiver. Ceci implique que l'animateur ou
l'animatrice se garde de verser dans la critique, dans la condamnation dans la
déstabilisation du groupe ou encore dans des jérémiades, dans des plaintes qui sont
généralement génératrices de découragement et donc de l'inertie d'un groupe.
27

Il faut plutôt commencer par des éloges en évitant les controverses. La règle
d’or de ce principe c’est de susciter l’intérêt du groupe sur le message, le sujet à
aborder.

10) Le principe de valorisation


Selon ce principe, tout agent de changement doit apprendre à considérer son
interlocuteur et lui reconnaitre une certaine valeur, une importance et une place de
choix dans la relation de communication à établir.
Ce principe nous conseille de respecter scrupuleusement notre interlocuteur
soit-il un groupe ou un individu. Il faut reconnaitre et respecter ses besoins, ses
intérêts et ses valeurs. Il faut faire sentir aux autres leur importance dans l'ouvrage
commun à réaliser.
Le respect de leurs opinions est un élément déterminant dans la valorisation du
groupe.

11) Le principe de l'unité dans la diversité


L'unanimité est rarement sinon jamais une force de changement social.
Au contraire, c'est la conjugaison des efforts des uns et des autres qui, à des
degrés différents, fait la force qui change l'ordre des choses. C'est le choc des idées
qui génère généralement le changement qualitatif et significatif recherché par le
groupe.
Selon ce principe, l'animateur ou l’animatrice invitera les membres du groupe
en face à rechercher des synergies possibles, des convergences possibles dans leur
diversité. Il s'agira de voir ce qui est en l'autre susceptible de nous compléter ou de
nous renforcer dans nos imperfections personnelles. Voilà qui fait la force
transformatrice d'un groupe.

I.2 Les principes de médiation culturelle

1. Le principe du respect des droits de l'homme


La médiation culturelle s’inscrit dans une histoire, celle des droits de l’Homme, de la
citoyenneté et de la diversité culturelle, dans une visée humaniste. Elle fonde son
éthique sur l’ensemble des valeurs et principes fondamentaux qui en découlent. Elle
considère les structures ou projets culturels comme des outils de développement
social, culturel, personnel et collectif, intellectuel et sensible. Elle favorise leur accès
et leur appropriation par tous, sans discrimination. Elle intègre pleinement les
28

principes de diversité culturelle et de diversité des cultures et interroge en


permanence les questions de légitimité culturelle et les notions de cultures d’élites/
cultures populaires, savoirs populaires/savoirs savants, savoirs d’action/savoirs
théoriques, démocratie culturelle/démocratisation.

2. Le principe d'adaptation au contexte


L'animation culturelle vue sous l'angle de la médiation culturelle doit s'inscrire dans
un contexte déterminé par :
1. Les territoires d’action et leurs spécificités sociologiques, historiques, sociales,
culturelles, géographiques, politiques, économiques, …
2. Les modes de légitimation et de régulation des actions engagées : politiques
culturelles et sociales, corps professionnels, idéologies, …
3. Le type de structure concerné et son organisation. Ainsi, les missions de
service public s’inscrivent dans le cadre :
 Législatif et réglementaire de la fonction publique ;
 De la collectivité territoriale concernée et/ou du ministère de tutelle ;
 Du règlement intérieur de l’établissement ;
 De l’organisation et du management mis en place au sein de
l’établissement.
4. Les contraintes et les objectifs des acteurs impliqués : praticiens, chercheurs,
professionnels, partenaires, etc.

3. Le principe d'investissement du temps


Pour bien réussir une action de médiation, il convient d'investir le temps en tant que
ressource non renouvelable. On doit pour cela prendre en compte la diversité des
temporalités auxquelles elle renvoie et qui constituent sa raison d’être :
 Le temps nécessaire à l’établissement d’une confiance mutuelle avec les
populations ;
 La maturation nécessaire pour concevoir et mener recherches et actions de
qualité ;
 Le temps de l’expérience singulière des personnes, et la conjugaison des
rythmes : ceux des différents âges, groupes humains ou générations ;
 La possibilité et la nécessité de développer des partenariats dans la durée ;
 Le temps de la capitalisation des expériences et des liens professionnels.
Enfin, elle s’appuie sur la temporalité propre à l’objet culturel exploré.

4. Le principe de l’addition des compétences culturelles


29

L'animateur médiateur doit accueillir la compétence culturelle de chacun. La


reconnaissance de la compétence culturelle de toutes les personnes dans leur
diversité constitue le point de départ de tout acte de médiation. La personne y est
considérée et prise en compte dans sa totalité, tant dans sa singularité que dans son
inscription sociale, culturelle, historique. Il faut garder à l’esprit que les personnes
agissent librement dans ce processus. La médiation vise l’épanouissement de l’être
individuel et social, le vivre ensemble, dans une perspective humaniste.

5. Le principe de la composition par le truchement de l'objet


Dans un processus d'animation/ médiation, l’objet est considéré comme un moyen
pour une rencontre avec ce qui est autre, avec les autres et avec soi.
Matériel ou immatériel, il ouvre à une production inépuisable de sens et porte en lui
les traces d’une histoire des hommes : ceux qui l’ont produit, utilisé, transformé,
transmis, oublié, collecté, conservé, présenté, jusqu’à ceux qui le perçoivent et
l’interprètent aujourd’hui. L’acte de médiation favorise l’actualisation de l’objet au
présent.

6. Le principe de la dynamique transversale


La médiation/animation doit constituer une approche à intégrer dans tout projet
culturel d'intérêt communautaire.

7. Le principe de valorisation des compétences


Le travail de médiation et sa coordination sont confiés à des professionnels
spécifiques, dont les statuts et les compétences sont reconnus et valorisés. Ces
personnels travaillent en synergie avec l’ensemble des professionnels de la structure
et s’entourent des compétences de ceux qui peuvent apporter leur concours à la
qualité des actions (experts, spécialistes, auteurs, artistes, chercheurs…). Ils sont les
référents du projet culturel en matière de public. À ce titre, ils contribuent à assurer
une relation durable entre l’institution et son territoire.
30

Chapitre II : LES METHODES D’ANIMATION

Dans leurs essais de définition, nombreux auteurs étudiés dans la


première partie reviennent de diverses manières sur les méthodes qu’emploient les
animateurs culturels dans la pratique de leur métier – il s’agit des méthodes non
directives et participatives (Simonot Michel).

II.1 La classification des méthodes


Les chercheurs les classent généralement en trois catégories distinctes
suivantes : la méthode autocratique, la méthode démocratique et la méthode laisser-
faire29.

II.1.1 La méthode autoritaire (autocratique)


La méthode autoritaire est dite autocratique, dictatoriale ou directive.

a) La description : cette méthode :


- Impose au groupe les objectifs et le contenu ainsi que les procédures à suivre
en décidant lui-même aussi bien l’activité que la manière de faire ;
- Constitue les réunions dont il dicte les objectifs ; les idées et les conclusions.

b) Sa finalité
Se faire obéir est sa principale préoccupation. Pour cela, il cherche à rallier
le groupe à son point de vue considéré par lui comme le seul capable de résoudre les
problèmes du groupe.

c) La communication dictatoriale
Elle est descendante en ce sens qu’elle part de l’animateur (élément
central) vers les membres sans laisser la possibilité à ces dernières de discuter et
d’obtenir des renseignements supplémentaires. Schématiquement on peut la
présenter de la manière suivante30.

29
Lire : Boivert et Al, Uris Auren et Limbos E, Leurs travaux ont servi, pour une bonne part à la réduction des
présentes notes
30
AUREN URIS, Apprendre à diriger, éd. Nouveaux horizons, Paris, 1966, p. 36
31

Animateur

Membre Membre Membre Membre

II.1.2 La méthode démocratique


Elle aussi appelée méthode coopérative, semi-directive et participative.
Elle exige de l’animateur d’être centrée sur le groupe et de faire totale confiance aux
membres de façon à leur permettre de progresser et de réaliser les objectifs
communs qu’ils poursuivent.

a) La description
L’animateur comprend :
- Fait participer les membres tant à la recherche de solution aux problèmes du
groupe qu’à la prise des décisions conséquentes ;
- Créer des conditions qui donnent possibilité à chacun de se choisir librement ses
coéquipiers en cas de la réalisation d’une activité commune ;
- Favorise la discussion par les membres de la politique commune à suivre ;
- Fait des commentaires objectifs et constructifs quand le groupe débat sur un
sujet.

b) Les variantes de la méthode démocratique


Il existe deux variantes de cette méthode à savoir la variante coopérative
et la variante élucidatrice.

b.1 Variante coopérative


Elle exige que l’animateur parle avec le groupe et s’y comporte comme
tout autre membre. Les membres participent non seulement à la gestion de la vie
d’ensemble mais aussi à la prise des décisions. Il propose et donne des avis sans les
imposer. Ainsi les membres gèrent en commun et acceptent l’autorité de l’animateur.

b.2 Variante élucidatrice


Elle constitue à faire voir plus clair aux membres certains aspects confus
des problèmes pour favoriser l’analyse et l’examen objectif et réaliste des divers
éléments de la situation. Ainsi, on a une bonne prise des décisions. Les membres
deviennent plus mûrs et plus aptes à comprendre les autres et les situations.
32

c) La communication démocratique
Son diagramme peut être fait comme suit :

Membre

Membre Animatrice Membre

Membre

Sa forme circulaire montre que la communication est faite entre les


membres qui sont en contact avec l’animateur. Ce dernier entretien des rapports
étroits de nature variée avec chacun d’eux. Ainsi naît le nécessaire choc d’où jaillira
la lumière.
Signalons aussi que l’animateur démocratique peut être non directif sur le
fond c’est-à-dire sur le contenu même des échanges au cas où le groupe est engagé
dans un processus de prise des décisions le concernant, ou encore rester direct sur la
forme ; alors le groupe prend totalement en main le contenu de l’activité tandis que
l’animateur n’intervient que sur les procédures à suivre.
C’est pourquoi, l’animateur est qualifié de semi-directif car il est autoritaire
soit sur le fond et permissif sur la forme, soit encore l’inverse.

II.1.3 La méthode laisse-faire


Certains chercheurs la nomment aussi méthode non directive, débonnaire
ou encore laisser aller.

a) Description
Le laisser-faire se caractérise par la non-intervention de l’animateur dans
la prise de décisions du groupe. Il ne commande le groupe ni au plan du contenu de
la tâche ni à celui des objectifs et méthodes à utiliser. Le fonctionnement est laissé
totalement aux seuls membres obligés de faire ce qu’ils peuvent faire pour résoudre
leurs propres problèmes.
C’est en réalité le laisser-faire pur qui vient d’être décrit. On le compare
parfois à la non directivité à cause du groupe, la méthode non directive se concrétise
comme suit : Les activités du groupe sont entièrement conduites par les membres
33

eux-mêmes. Ils décident ce qu’il faut faire et comment il doit se faire. C’est
également à eux qu’appartient la tâche d’évaluer et d’apprécier leur action.
Comme on le voir, l’animateur non directif ne peut pas être autoritaire.
Sauf sur demande expresse des membres l’animateur peut intervenir soit pour
expliquer soit encore pour répondre aux questions posées, soit encore pour clarifier
certains points obscurs de la situation.
En lisant attentivement ce qui précède, il y a lieu de déduire que la non
directivité est idéal difficile à atteindre. Son application n’est pas aisée à réaliser sur
le terrain. La réalité concrète démontre que l’animateur intervient à trois niveaux
différents : au niveau des communications au sein du groupe, au niveau de la
régulation de la vie du groupe et au niveau des procédures – il ainsi un travail
méthodique en profondeur qualifié de triple centration31.

b.1 La centration sur les communications


Les communications jouent un rôle capital dans la vie de tout groupe
social, car la viabilité du groupe est fonction de sa capacité à communiquer.
Il est nécessaire de structurer la communication au sein d’n groupe qui
veut atteindre de bons résultats. Cette structuration a l’avantage d’éviter des
éléments perturbateurs tels que la subjectivité, les préjugés et l’intelligibilité de
certains messages.
Ainsi, eu égard à ces facteurs, l’intervention de l’animateur est plus que
nécessaire pour bien communiquer. Son rôle consiste à se centrer sur les
communications en amenant les participants à faire une juste distinction entre le
contenu et la subjectivité qui l’entoure. De même il combat les sentiments et
interventions qui véhiculent des préjugés nuisibles au bon déroulement de l’action
entreprise.
En même temps, il décèle les messages qui sont confus et s’attèle à
élucider leurs significations et sens et à focaliser l’attention des récepteurs sur ce qui
paraît important et essentiel. Pour cela, il utilise la reformulation et le
questionnement.

b.2 La régulation de la vie du groupe


A ce niveau, l’action de l’animateur intéresse les membres du groupe. Il
cherche à promouvoir l’épanouissement de chaque participant et de mettre au
service de l’ensemble de la communauté la totalité des potentialités existantes en

31
LOBOT M., L’animation non directive des groupes, éd. Payot, Paris, 1974, p. 195
34

son sein de façon à aboutir en fin de compte à l’épanouissement de tous ses


composants.
Quatre opérations suivantes concernent fondamentalement la régulation
de la vie du groupe :
- Stimuler les capacités et talents individuels qui se manifestent ; ainsi chacun
prend conscience de ses propres vitalités et s’alarme d’un désir ardent de les
exprimer et en même temps il découvre les vitalités des autres. Alors naît et se
développe une profitable dynamique à mettre au service de la communauté.
- S’abstenir d’émettre des jugements de valeur sur les autres c’est-à-dire ceux qui
concernent la qualité des choses et des êtres en les situant dans un cadre
étroit ;
- Amener tout le monde à s’impliquer à ce qui est entrepris, en plus chacun doit
être conduit à s’expliquer sur l’action commune ;
- Favoriser l’attitude de l’écoute et de compréhension de l’autre. C’est une tâche
ardue pour l’animateur. Les gens n’ont pas l’habitude de suivre ce que disent les
autres. Quand leur tour arrive, ils sont étonnés qu’ils ne soient pas suivis. Il faut
donc que chacun y fasse attention en donnant confiance et dynamisme au
groupe en se faisant prendre conscience à chaque membre du groupe et par le
groupe tout entier.

b.3 La centration sur les procédures


Dans leur vie de chaque jour, les groupes réalisent généralement des
activités. Les membres décident d’effectuer quelque chose ensemble. Dans ce cas ils
sont centrés sur une tâche. Leur cheminement comporte globalement deux étapes.
Chaque membre cherche d’abord à trouver son compte dans l’activité.
Chacun veut savoir si ses attentes sont satisfaites, c’est pourquoi il procède à la
comparaison de ses besoins aux finalités du groupe. Ce travail de réajustement
aboutit finalement à ce que chacun individuellement et tous les membres ensemble
interdisent les objectifs communs. C’est une étape importante car le résultat final est
l’augmentation de leur efficacité et rendement dans l’activité envisagée.
Ainsi, l’accent est mis sur la démarche à utiliser. L’animateur centre alors
son intervention sur la démarche du groupe en ce qui concerne les procédures. Dès
lors il a le statut d’un expert. Il propose – sans imposer – des choses à faire ou à ne
pas faire ; il donne ses conseils ; il fait des actions.
Au cours d’une réunion (séance de travail) destinée à cet effet, il
accomplit ce travail en posant des questions, en suscitant des problèmes, en
montrant des choix possibles. Ainsi les membres discutent et prennent des bonnes
décisions sur leur activité.
35

II.2 les avantages et les désavantages

II.2.1 La méthode autocratique


 Les avantages
- Le déroulement rapide de prise des décisions et des rencontres ;
- La sécurité éprouvée par l’animateur et les membres ;
- Le rendement des participants plus ou moins satisfaisant.

 Les désavantages
- Le développement de l’état de dépendance pour (soumission)/Contre (révolte)
entraînant plusieurs conséquences ;
- L’apparition d’une certaine agressivité dans le cheminement du groupe ;
- Son emploi prolongé cause l’individualisme et la compétition chez les membres.

II.2.2 La méthode démocratique


 Les avantages
- La motivation du groupe
- La participation accrue des membres
- Le développement de la maturité du groupe.

 Les désavantages
- Rend le temps de discussion et négociation plus long
- Devient inefficace en cas d’urgence
- Favorise le développement possible des tensions en cas de la non implication de
certains membres.

II.2.3 La méthode laisser-faire


 Les avantages
- Le laisser-faire peut à court terme convenir pour un échange structuré en
engendrant des débats intéressants entre les participants.

 Les désavantages
- Elle entraîne l’agressivité, le désordre et une anarchie dans le groupe où règne
la loi du plus fort. Alors certains membres demeurent passifs ;
- Elle décourage et exaspère les membres
- Ou bien les membres réussissent à s’organiser sous la conduite d’un leader
spontané, alors ils se liguent contre l’animateur ou bien ils échouent à cause des
36

désaccords entre eux. Ainsi, ils sont tentés de tut laisser tomber. En tout cas les
membres deviennent agressifs envers l’animateur ;
- Elle donne un mauvais rendement lorsqu’elle dure ;
- Les clans finissent par apparaître au sein du groupe.

II.3 Le choix d’une bonne méthode


Quelle est la bonne méthode parmi les trois étudiées ? la question semble
logique quand on sait que certains sociologues et psychologues se sont déjà
prononcés en faveur de la méthode démocratique estimée meilleure à leurs yeux. Ce
qui n’est pas tout à fait correct car il n’y a pas d’incompatibilité entre les trois
méthodes.
Utilisée judicieusement, chacune d’elles peut produire de bons résultats.
Tout dépend des conditions et des personnes à animer. Le commandement sera
efficace à certains moments alors que tout autre procédé aboutira à un échec.
Parfois aussi c’est le laisser-aller ou la méthode démocratique qui seront
préférables. C’est pour cette raison que l’art d’animer est très exigeant. Il
recommande d’être toujours éveillé afin de savoir quand il faut être laisser faire,
démocratique ou autocratique.
Quelques facteurs peuvent aider à opérer un choix judicieux de la
méthode. Parmi plusieurs existants, nous nous penchons particulièrement aux quatre
personnes que propose AUREN AURES : l’individu, le groupe, les circonstances et la
personnalité de l’animateur.

a) L’individu
En fonction de sa personnalité, chaque membre du groupe a une
référence plus ou moins marquée d’une méthode parmi celles qui nous préoccupent
pour le moment. L’animateur en tiendra compte en plus d’autres caractéristiques des
membres telles que l’âge, le sexe, l’expérience.
 Age : Les gens d’âge mûr apprécient le laisser-faire, alors que les jeunes
travaillent bien sous commandement ;
 Sexe : les femmes veulent être dirigées, avec la méthode autocratique on
obtient de bons résultats ;
 Expérience : les gens expérimentés et formés seront bien animés avec le laisser
faire et la méthode démocratique
 Personnalité de l’individu : en prenant en considération ce critère (personnalité),
l’animateur emploiera la méthode
- Autoritaire pour animer des individus hostiles. Le commandement canalise
l’hostilité et oriente l’énergie vers les choses constructives. Cette méthode
37

convient aussi aux individus dépendants des autres, ils ont besoin d’être
dirigés.
- Démocratique quand il a affaire à des personnes coopératives aimant
évoluer en équipe. Ce sont des gens de bonne volonté qui ne tolèrent pas
une autorité extrême.
- Laisser-faire avec les membres individualistes, isolationnistes sociaux,
appelés en d’autres termes de s’introvertis. S’ils sont livrés à eux-mêmes,
ces genres de personnes travaillent souvent bien.

b) Le groupe
Le groupe a sa personnalité faite de son attitude et de son comportement.
Les membres adhérents en sont influencés. Comme individu le groupe peut aussi
être hostile, paresseux ou enthousiaste selon qu’il coopère ou non avec l’animateur.
Toute la question est de savoir dans quelle mesure il coopère ou encore que lui
manque-t-il pour le faire ? De la réponse à cette question dépend le choix d’une
bonne méthode.
Pour cela l’animateur tiendra compte de deux séries d’éléments suivants :
- La compréhension, l’esprit d’équipe ; l’entrainement ;
- Les méthodes appropriées à même de remédier aux faiblesses constatées tout
en fournissant au groupe des éléments manquants.

c) Circonstance
- Les conditions de fonctionnement du groupe quand elles changent, elles
requièrent le commandement ;
- L’urgence comme en cas d’incendie, de crise et de situation exceptionnelle,
l’autorité est la seule bonne voie.
- Les tensions internes et incidentes quand ils surviennent, il faut changer la
méthode.

d) La personnalité de l’animateur
Elle joue un rôle dans le choix d’une bonne méthode étant donné qu’elle
prédestine l’animateur à opter pour telle méthode plutôt que telle autre. Chacun de
nous a un penchant naturel pour une certaine méthode, cependant il faut se
dépasser et privilégier d’autres facteurs : l’exemple de ceux qui précèdent.
38

Chapitre III : LES TECHNIQUES D’ANIMATION

Une méthode s’applique sur terrain au moyen de techniques. Point n’est


besoin de le répéter avec insistance car c’est une évidence que nus ne peut rien.
Il existe plusieurs techniques d’animation qu’il sera fastidieux d’étudier
d’une manière exhaustive. Seules les plus usuelles vont être concernées. Il y en trois
qui seront analysées à titre indicatif ; il s’agit de la technique de discussion en
groupes restreins, du jeu de rôle et de la technique voir – juger – agir.

III.1 La technique de discussion en groupes restreints


III.1.1 Ce qu’elle est
C’est une technique de face à face. Elle s’applique dans une réunion de 5
à 20 personnes déterminées d’échanger idées d’opinions. Leur but peut être de
s’informer, trouver solution à un problème ou encore prendre une décision.
Ces réunions de face à face diffèrent de celles dites à « bâtons rompus »
où plusieurs participants se livrent au bavardage oiseaux dans le seul souci de
s’exprimer.

III.1.2 Fiche technique de la séance


1) Placement des membres
On installe les participants soit en cercle soit en carré ; l’essentiel étant
que chacun puisse voir tous les autres.

2) Conduite de séance
Elle est assurée par un animateur assisté de trois autres personnes : un
secrétaire, un observateur et un conseiller. Chacun d’eaux a en charge un rôle
déterminé.
39

a) L’animateur
Son rôle est triple : clarifier, organiser et rendre plus facile aux membres
l’expression de leurs émotions. H. DEPUIS en donne des explications fortes
pertinentes. Nous les lui emprunterons en les modifiants pour une bonne adaptation
à nos préoccupations32.

1) Clarifier
En vue d’assurer une bonne compréhension de tous et le lien entre les
interlocuteurs, l’animateur clarifie les termes mal définis, des propos ambigus, des
informations incomplètes etc. Il procède de la manière suivante :
- Il définit les termes utilisés en vue de s’assurer de l’exacte compréhension du
sens des mots. Les questions à poser sont de ce genre : « pourrais-tu expliquer
ce mot-là ? je ne le comprends pas, est-ce que tout le monde a bien compris ce
qu’il a voulu dire pour ce mot-là ?
- Il reformule les intervenants pour vérifier cette compréhension. La formule
habituelle est celle-ci « si j’ai bien compris ce que tu as voulu dire… » et il
reprend dans ses propres mots l’intervention de son interlocuteur. La
reformulation. Cet exemple est à éviter : « Si j’ai bien compris ce que tu as c’est
que…, mais moi je pense que … pour une telle raison et telle autre ... »
- Il résume et fait des synthèses. Un résumé est un abrégé de ce qui a été dit. Il
reprend une longue intervention ou une série des brèves interventions sur le
même sujet ; par contre l’animateur fait une synthèse, quand il rassemble tous
les éléments importants qui ont été abordés sur le sujet pour en faire un tout
cohérent ; faire une synthèse s’acquiert par une longue et patiente pratique, car
l’opération n’est pas facile. Cependant, une synthèse est utile si après une
longue discussion sur un même sujet les membres ne semblent plus se
retrouver. Elle est aussi utile quand on passe d’un sujet (ou activité) à un (e)
autre. Elle est aussi utile au début d’une période de discussion pour reprendre
les éléments des réunions antérieures ;
- Il explicite les propos trop concis ou quand ils n’expriment pas toute la pensée
de l’intervenant. L’exemple « veux-tu dire …, parce que tu viens d’annoncer que
le SIDA est une invention des Blancs ? Toutefois il faut connaître que
l’explication est délicate à employer car elle s’apparente parfois à un procès
d’intention surtout quand elle est faite pour provoquer un affrontement.

Disons pour conclure que l’animateur se partage souvent les précédentes


opérations avec les membres.

32
DUPUIS H., Les rôles de l’animatrice de théâtre, 2ème éd., Sherbrooke, Québec, 1986, p. 25-35
40

2) Organiser
L’animateur aide le groupe à se donner des procédures concernant la prise
de parole, la participation et l’organisation du temps. Celles où constituent les
conditions nécessaires à son bon fonctionnement.
Pour ce faire, il effectue une série d’opérations ci-après :
- Il donne la parole à ceux qui la sollicitent ; quand elle lui revient, il peut la
reprendre pour expliquer, répliquer, donner son opinion ou se justifier tout en
restant attentif pour ne pas léser les membres ou devenir hyper participant ;
- Il suscite ou refrène la participation. Dans le premier cas, l’animateur peut
donner la parole même à ceux qui ne l’ont pas demandée afin d’obtenir l’opinion
de chacun. Certaines personnes ont besoin de ce coup de pouce pour se lancer
dans le bain. Refréner la parole par contre, consiste à la refuser à ceux qui la
sollicitent peut - être parce qu’ils ont suffisamment parlé sur le sujet. Il doit le
faire amicalement pour ne pas frustrer les participants.
- Il sensibilise au temps compte tenu de la disponibilité des membres et des
locaux. Il signale le début et la fin aussi bien de la réunion (ou activité) que de
chacune de ses conséquences, il fait remarquer les inconvénients des retards et
des absences, il fait remarquer les inconvénients des retards et des absences
aux renions (ou activités).

3) Faire rendre plus facile l’expression des émotions


Les émotions none exprimées deviennent parfois des obstacles pour la vie
du groupe. L’animateur intervient pour lever les obstacles d’ordre émotif.
- Il fait extérioriser les émotions retenues et comprimées qui empêchent le bon
fonctionnement du groupe. Par exemple le cas d’un membre qui, ne pouvant
pas support le comportement d’un autre membre, ne sait plus fonctionner
comme il le faut, ou encore le cas d’un groupe qui n’accepte pas l’attitude de
l’animateur mais ose pas le dire. La question type suivante permet de faire
extérioriser les émotions : Qu’est-ce qui ne va pas là ?
- Il focalise l’attention du groupe sur un problème diffus. Le contraire c’est la
diversion qui est une façon d’empêcher les participants de s’aventurer sur des
terrains ou l’émergence de certains sentiments et où le traitement de certaines
relations interpersonnelles entraînerait de discussions sans aucun rapport avec
la cible commune.
- L’animateur garde toujours présente à l’esprit la règle selon laquelle il doit y
avoir des rapports entre les émotions et la cible commune ultime.
41

Ainsi donc, l’animateur enlève tout ce qu’il y avait d’émotif dans


l’intervention précédente afin de la rendre plus objective.

b) Le secrétaire
Il a la charge de noter les principaux points discutés et les questions y
relatives ainsi que les décisions prises en indiquant dans quel pourcentage elles l’ont
été. Il mentionne en même temps les avis valables de la minorité.
Il établit le compte rendu qui reprend question, intervenants, opinions
exprimées et conclusions ; parfois c’est plutôt le procès-verbal qu’il rédige en ne
notant que les décisions prises.

c) Observateur
Comme le suggère son nom, cette personne observe le film des
discussions et en fait le rapport au bureau. Il s’agit par exemple de repérer ces
sous-groupes qui se forment. Pour cela, il lui est recommandé de s’intéresser à
(aux) :
- Réseaux : qui surgissent entre eux qui ont tendance à se coller à certains
membres plutôt qu’aux autres, il sniffât de noter pour chaque membre la
personne que l’on regarder en parlant ;
- Conditionnement ou dépendance : c’est-à-dire le fait d’enchainer après les
mêmes personnes, cela est facile à remarquer en observant « qui parle après
lui » ;
- Position spéciale, géographique : des membres dans le cercle ou carré, signe de
la propension à se retourner fréquemment à côté des mêmes personnes, désir
sans doute de se sentir proche d’elles parce qu’attiré par elles ou iniquement
pour une certaine sécurité. Le rapport de ces constats fait généralement
modifier les comportements.

L’observateur examine les procédures employées. Il les décrit au groupe


au fur et à mesure de leur application. Cette observation concerne « le comment
fonctionne les groupes et non pas ce qu’il fait ».

d) Le conseiller
Son rôle est de :
- Aider le groupe avec ses opinions, faits été expériences ;
- Résumer à l’attention du groupe les phases et résultats de la discussion et lui
suggérer ce qui peut pousser le débat plus avant.
42

III.2 La technique de jeu de rôle ou sociodrame


III.2.1 Ce qu’elle est
En réalité, c’est une forme forte ancienne de communication qui consiste
en « une représentation dramatique d’un problème ou d’une situation dans le cadre
général des rapports humains ». Elle est très efficace dans la motivation les et les
communications avec lui.
Pour l’essentiel le jeu de rôle se présente de la façon suivante : une ou
plusieurs personnes jouent la scène en partant d’une situation hypothétique et en
menant le jeu de la manière dont elles imaginent que la situation doit évoluer. Il s’en
dégage maintes données intéressantes qui captivent l’attention non seulement des
acteurs mais surtout des observateurs et du groupe. Les acteurs sont généralement
les membres du groupe.
On peut la préparer minutieusement comme elle peut aussi être
improvisée à partir d’une situation ou d’un problème quelconque qui surgit dans le
groupe.

III.2.2 Fiche technique de la séance


1. Placement des membres
a) Groupe important
43

La disposition aussi des acteurs que des membres varie en fonction de la


taille du groupe c’est-à-dire le nombre des membres présents.

2) Conduite de la séance
Elle comprend deux parties bien distinctes : la scène et la réunion. Durant
chacune d’elles le groupe, le metteur en scène et l’animateur remplissent ces
tâches :

a) Le groupe
- Décide de l’usage du jeu de rôle et du choix des acteurs ;
- Analyse le problème pour sa meilleure adaptation au jeu, et au même moment il
arrête le travail de l’auditoire pendant et après la scène ;
44

- A l’intérieur de ce problème par exemple SIDA, il définit la situation particulière


(ex. phénomène « chic choc chèque), à présenter dans le jeu. C’est aussi le
groupe qui détermine les rôles à interprétera.

b) Le metteur en scène
- Entame le débat par exemple en donnant d’abord la parole aux acteurs qui
trouvent là l’occasion d’expliquer leur jeu anticiper sur les inévitables attaques
des participants ;
- Enchaine, et comme dans le cas précédent, il clarifie, organise et rend plus
facile l’expression des émotions. Nous ne reviendrons pas sur ces choses.
Largement expliquées par le passé.

III.3 la technique voir – juger – agir


III.3.1 Ce qu’elle est
C’est une technique des réunions-discussions conduites par un animateur
au moyen d’un médium. Elles se déroulent en 3 étapes :

VOIR :
Cette étape consiste à faire l’étude du médium (film, dessin, photo, affiche …) dans
le but de découvrir ensemble le message qu’il véhicule à travers ses personnages ou
d’autres éléments formels.

JUGER
A partir des éléments découverts, les auditeurs doivent apprécier la pertinence ou la
portée du message : réfléchir et interpréter les significations des attitudes et
comportements des personnages. Il s’agit d’amener les participants à prendre
position par rapport au message par le médium.

AGIR
Le message et le problème étant maintenant connus, il est question à présent de
tirer les conséquences qui s’imposent et surtout adéquate que nécessite le problème
soulevé.

III.3.2 Le déroulement de la séance


45

La réunion est conduite par un animateur. Son travail est de poser des
questions de manière à pousser les auditeurs à adopter une attitude d’analyse et de
réflexion en suivant le schéma que nous venons de décrire.
D’abord l’animateur pose des questions qui favorisent la découverte par
les membres de chaque élément principal du médium. Il doit faire parler les
auditeurs, les mettre en mouvement et leur permettre de s’exprimer.
Ensuite et toujours par un jeu de questions l’animateur fait résumer les
participants des renseignements ainsi recueillis. Il les réfléchir sur ce qu’ils ont vu de
façon que chacun découvre à la fois le sens et la signification de chaque élément.
Les auditeurs doivent trouver aussi bien le problème que les idées émises.

Enfin et par le même procédé des questions aux participants, l’animateur


les amène à tirer eux-mêmes les conséquences de leur propre raisonnement puis à
prendre eux-mêmes une décision d’agir, c’est-à-dire à être en pratique ce qu’ils ont
vu et surtout solutionner le problème découvert.
NB :
- En plus de ces 3 techniques étudiées, il existe plusieurs autres techniques
d’animation à savoir : l’exposé magistral, le brainstorming, la mise en situation,
etc.
- Toutes les techniques d’animation peuvent être combinées selon les
circonstances dans la recherche de l’efficience et de l’efficacité.

III.3. Quelques autres techniques d'animation participative

Techniques Mode d'emploi


1- Le tour de table On pose une question ou un problème simple et chaque
participant à tour de rôle donne son avis ou sa réponse.
La durée peut être très différente d’un groupe à l’autre. Faire
des essais pour voir si le groupe s’exprime longuement ou au
contraire très succinctement sur le sujet.
2- La discussion en 3 ou 4 « spécialistes » (étudiants ayant travaillé le sujet) font
panel face à un groupe et exposent un sujet choisi à l’avance,
scientifique ou non.
Ils exposent brièvement une synthèse et répondent en
alternance aux questions de la salle.
Cela s’apparente à une soutenance orale et la plupart des
sujets scientifiques
46

Peuvent être discutés en panel.


On peut également prendre des sujets d’organisation, de
gestion du temps,
De méthodes de travail, de qualités d’un oral, etc.
3- Le brainstorming Est essentiellement créatif. Son objectif est de faire produire
des idées nouvelles et originales. En effet un groupe est
souvent plus productif que l’addition de ses membres isolés.
Il faut : un animateur, 8 à 15 participants et 2 à 3
observateurs.
 Le problème à poser doit être simple (c’est‐à‐dire ne pas
se subdiviser en plusieurs questions qui pourraient
chacune faire l’objet d’un exercice). L’animateur le
présente brièvement, de manière claire et en apportant
toutes les précisions souhaitables pour que ce soit bien
compris.
 Ensuite il laisse la parole au groupe pendant 20 à 45
minutes selon les principes suivants :
 Chacun peut prendre la parole et soumettre
n’importe quelle idée, même la plus saugrenue ;
 Chacun s’efforce de communiquer toutes les idées
qui lui viennent sans sélection ;
 Aucune ne critique ou discussion sur les idées n’est
autorisée : on émet ses propres idées et on écoute
celles des autres, c’est tout ;
 L’animateur se contente de donner la parole à tous,
dans l’ordre ou on la lui demande, sans réagir aux
idées émises. Il reformule les idées confuses ou mal
comprises ; fait des synthèses partielles, des
regroupements convergents ; il relance l’émission des
idées, encourage chacun à parler et recentre le
groupe sur le problème ;
 Les observateurs notent toutes les idées émises sans
sélection (ce peut être l’animateur qui note au
tableau ou sur un paper board).
Dans un 2ème temps, par groupes de 3 à 6 personnes les
participants reprennent toutes les idées notées par les
observateurs, les classent-en 4 à 5 catégories et
47

éventuellement sélectionnent celles qui leur paraissent Les plus


intéressantes à retenir pour les appliquer.
Chaque petit groupe expose son classement à l’ensemble du
groupe et propose les idées qui lui paraissent les meilleures.
À la fin, l’animateur essaie de faire une synthèse et de
concrétiser quelques
Solutions pour l’avenir.
4- L’étude de cas Un cas est une situation concrète problématique. C’est l’exposé
d’une Situation observée dans la vie quotidienne ou
professionnelle et qui réclame une résolution ou une décision.
Il peut être relaté par un document ou tiré de l’expérience du
groupe lui--‐même (pourquoi tel exercice devant être traité en
15 mn a demandé 45 mn ; pourquoi tel travail, préparé depuis
longtemps n’a pas abouti, n’a pas donné satisfaction, pourquoi
on ne comprend pas en maths…). Le cas est soumis à chaque
participant qui l’étudie.

Ensuite, en groupe de 3 à 6 personnes, il s’agira :


 De préciser les différents aspects du problème ;
 De proposer des solutions ;
 D’examiner et de confronter les diverses solutions ;
 D’en retenir une et de la formuler clairement.

Ensuite chaque groupe expose une synthèse à l’ensemble du


groupe et on essaie de dégager les solutions à mettre en
œuvre par ordre d’efficacité.
Cette méthode donne l’occasion de provoquer la confrontation
des opinions, la découverte des idées d’autrui et de l’analyse
des problèmes.
Il est tout à fait possible de transposer cette méthode à l’étude
d’un problème scientifique.
5- Le Phillips 6/6 L’animateur expose et marque au tableau le problème à
étudier. Des groupes de 6 sont formés par tirage au sort,
affinité ou autoritairement. Ces groupes élisent un président et
un rapporteur.
48

Puis ils délibèrent sur le sujet 6 minutes (cette indication est


théorique et On peut aménager cette méthode en fonction de
la tâche et des contraintes matérielles).
Dans un 2ème temps, les rapporteurs se rassemblent autour
d’une table sous La conduite de l’animateur et devant les
autres participants silencieux. Ils exposent brièvement l’idée
principale retenue et esquissent un débat.
Les petits groupes se réunissent de nouveau et reprennent le
problème différemment. On peut recommencer plusieurs fois
jusqu’à ce qu’un accord ou une décision soit prise.
Dans chaque groupe, chacun est à tour de rôle président et
rapporteur. Le président fera en sorte que chacun s’exprime et
ne donnera son avis qu’à la fin de chaque période.
Cette méthode s’applique à de nombreux problèmes pourvu
qu’il y ait une Solution à apporter : problèmes de maths,
physique, économie, d’organisation, explication de textes,
analyse d’œuvre ou d’expériences, analyse critique....
6- La simulation La simulation est une situation concrète reconstituée selon un
modèle et reproduisant les caractéristiques essentielles d’une
situation réelle : Scénarios conduisant les participants à réagir
à une situation intimidante ou difficile. En général l’individu
joue un rôle très proche de celui qu’il peut être amené à tenir
dans la réalité.
Il faut un animateur qui n’intervient pas sur le fond mais
organise et Stimule et des observateurs qui notent ce qui se
passe et permettront d’analyser.
Cette technique permet :
- De susciter des réactions devant une situation concrète ;
- D’analyser ces réactions et de trouver de meilleures
réponses ;
- D’ajuster ses réactions aux situations ;
- De mieux se connaître ;
- D’oser plus facilement aller discuter dans la réalité.
Exemples : téléphoner à un organisme pour des
renseignements ; pour des réclamations ; Aller voir un
49

professeur pour discuter de ses résultats ; pour réparer une


injustice ; parce qu'on n’a pas compris ; on a oublié de faire un
devoir etc.
7- Le photo--‐langage Est un support visuel qui vise à aider l’expression. On présente
en vrac des illustrations (des paysages, des personnages, des
situations pour favoriser l’expression vécue, des publicités pour
analyser les outils de communication, des croquis scientifiques,
des appareils ou des expériences pour parler des phénomènes
scientifiques ; ce peut être aussi des mots, des adjectifs, des
verbes pour orienter le discours etc.).

Exposer le thème de l’exercice (« visualisez--‐vous dans 5 ou


10 ans dans votre travail » ; « parlez de vos méthodes de
travail » ; « que représentent pour vous les études en DEUG
?» ; « reliez ce dessin aux lois scientifiques que vous
connaissez » ; « expliquez ce schéma, cette expérience » ; « à
votre avis, quels résultats peut--‐on attendre de cette
expérience ? de cet appareil ? »…). Chaque participant choisit
une ou plusieurs illustrations (qui doivent être en surnombre et
toutes différentes) et doit exprimer ce qui lui vient à l’esprit
pendant 3 (ou 5) minutes.

À la fin, l’animateur fait une synthèse en notant la variété, la


richesse des idées, en appuyant sur les idées les plus
intéressantes, éventuellement en corrigeant les erreurs.
8- Les questions- L’animateur propose un sujet général. Les participants par
réponses groupes de 2 à 5 écrivent toutes les questions qui leur
paraissent intéressantes sur le sujet puis en sélectionnent 2 ou
3 qu’ils écrivent sur un bout de papier. Tous les papiers sont
recueillis dans une boite.

Dans un 2ème temps, les groupes (remélangés ou non) tirent au


sort un papier dans la boite, et travaillent à trouver des
réponses et des solutions aux questions.
Dans un 3ème temps, une personne par groupe expose à
l’ensemble les questions tirées et les résultats de son groupe.
Synthèse et conclusion de l’animateur.
9- Audience publique Mécanisme officiel et réglementé indiquant les périodes et des
50

(public hearing) lieux où les particuliers et les autres catégories de parties


prenantes peuvent présenter des arguments ou poser des
questions aux pouvoirs publics au sujet des décisions à l’étude.
10- Scrutin Semblable au sondage d’opinion, sauf qu’on recueille l’opinion
délibératif des personnes interrogées une fois qu’elles se sont
(deliberative polling) familiarisées avec la question posée et
Y ont réfléchi. Il a pour but d’offrir des indications sur ce que
les gens penseraient s’ils avaient le temps et les données
voulus pour étudier la question (plutôt que d’être pris « à froid
»). Il prévoit une séance d’information en retour qui fait parfois
l’objet d’une importante couverture médiatique (ex., émission
télévisée comportant de courts extraits documentaires).
11- Groupe de Petit groupe de personnes invitées ou recrutées pour discuter
discussion (focus d’un thème ou d’une proposition. Il offre un aperçu de leurs
group) réactions, leurs valeurs, leurs préoccupations et leurs
perspectives, et une indication de la façon dont la dynamique
de groupe peut influer sur les décisions.
12- Groupe Petit groupe de personnes représentant divers intérêts ou
consultatif de compétences (personnalités locales, par exemple) et se
citoyens (citizen réunissant sur une base régulière ou ad hoc pour traiter des
advisory group) problèmes et offrir des contributions étayées.
13- Groupe Organe qui rassemble les acteurs clés de la société civile
consultatif (organismes non gouvernementaux [ONG] et organisations de
(consultative group) la société civile [OSC], ainsi que des représentants des milieux
économiques et politiques, en vue de formuler des
recommandations pratiques et d’améliorer le dialogue
permanent entre l’ensemble des acteurs.
14- Processus de Technique structurée d’interaction de groupe visant à produire,
groupe nominal en deux heures ou moins, une liste de propositions de bonne
(nominal group qualité classées par ordre de priorité. Elle s’avère surtout utile
process) pour élaborer des objectifs, cerner les obstacles et rassembler
des réponses originales à une question donnée.
15- Atelier multi- Petit groupe constitué d’acteurs clés de la société civile et
acteurs (multi--‐actor d’experts techniques pour tenter de rassembler une variété de
policy workshop) points de vue sur les principaux enjeux soulevés par la
problématique soumise à consultation. Il peut déboucher sur la
formulation de vues novatrices sur la question posée et de
nouvelles approches pour la résoudre.
51

16- Groupe«charret Groupe de 20 à 60 personnes travaillant de concert à trouver


te » (charette) des solutions à un problème spécifique dans un délai donné
(en général, une journée). Un facilitateur chevronné est
nécessaire. La technique peut être fructueuse s’il s’agit de
rassembler des idées pratiques et des points de vue au début
du processus décisionnel et pour aborder des questions
difficiles mettant en jeu des intérêts divergents.
17- Table ronde Réunion de représentants aux vues ou aux intérêts divers pour
(round table) prendre des décisions sur un pied d’égalité. Elle peut durer
plusieurs jours et s’avère surtout utile au début d’un processus
pour établir les orientations générales des politiques.
18- Groupe de Des personnes ayant des connaissances spéciales ou
travail de citoyens représentant un intérêt reconnu de la collectivité peuvent être
(citizen task force) nommées à un groupe de travail temporaire créé pour étudier
à fond une question qui appelle une décision. Le groupe se
réunit à plusieurs reprises, souvent en compagnie de
représentants de l’entité responsable du projet afin d’étudier la
documentation et de formuler des recommandations.
19- Cercle d’études Cinq à vingt personnes acceptent de participer à trois à cinq
(study circle) réunions (ou une série de réunions hebdomadaires ou
mensuelles dans le cas d’ensembles de thèmes plus
complexes) pour discuter d’un sujet précis. Des documents
d’information sont diffusés durant le processus.
L’apprentissage réciproque et le respect mutuel sont
privilégiés. Il est utile pour suivre ou pour expliciter le
cheminement intellectuel d’un groupe sur un sujet donné et
pour formuler des recommandations fondées sur un corpus
commun de connaissances. Un dérivé, le groupe d’étude
(study group) peut mettre à profit sous diverses formes
(notamment électronique) les contributions de groupes plus
nombreux, sans rendre compte de l’évolution dans le temps en
fonction des informations et des connaissances nouvelles.
20- Atelier--‐ Réunion locale au cours de laquelle sont utilisés des scénarios
scénario (scenario dans un effort de conceptualisation et d’échange entre les
workshop) décideurs, les experts, les milieux des affaires et les citoyens
concernés. Méthode d’appréciation des techniques (technology
assessment) qui permet aux participants de mener des
évaluations et de formaliser une vision prospective et des
projets concernant les besoins ou les capacités technologiques.
Permet d’explorer diverses stratégies technologiques futures
52

éventuelles tout en facilitant une coopération effective dans la


direction de la stratégie retenue.
21- Référendum Pour des raisons de coût, le suffrage populaire est la seule
(referendum) option à très grande échelle permettant à la population de
prendre une décision. Tous les électeurs dûment inscrits (ou
toutes les personnes remplissant un critère spécifié) peuvent
exprimer leur opinion. Bien que cette technique soit perçue
comme très légitime, les décisions complexes doivent être
réduites pour les besoins du vote à un simple choix binaire. La
mise en place d’une telle procédure peut s’avérer utile pour
attirer l’attention des citoyens sur la question en jeu et leur
donner l’occasion de rassembler des informations sur les
différentes positions adoptées par les personnalités en vue.
22- Conférence de Réunion patronnée normalement à l’échelle nationale par une
citoyens (ou de organisation « neutre ». Un petit groupe de citoyens bénévoles
consensus) est choisi pour représenter les grand public ou différents points
(consensus de vue. Le groupe se réunit au cours de plusieurs week‐ends
conference) pour se familiariser avec la question en jeu et pour interroger
les experts compétents. Les citoyens participants rédigent alors
un rapport faisant état de leurs conclusions et
recommandations qu’ils remettront aux décideurs publics.
23- Jury de citoyens Les participants sont tirés au sort pour participer au nom de
(citizen jury) leur concitoyens aux débats sur une décision d’aménagement
qui touchera la population d’une région donnée : par exemple,
le choix du site précis d’une installation de traitement des
déchets ménagers. L’institution organisatrice, ou son
représentant, propose un certain nombre de choix possibles
entre lesquels le jury devra trancher. Les options peuvent être
élaborées au préalable par l’institution seule ou avec l’apport
d’autres techniques de consultation.
24- Panel de Il s’apparente au jury de citoyens, sauf qu’il met également au
citoyens (citizen point une série d’options avant d’en retenir une.
panel)
25- Sélection Comité regroupant des représentants des citoyens et des
participative d’un experts techniques de diverses disciplines qui travaillent de
site (participatory site concert pendant de longs mois ou de longues années pour
selection) élaborer des solutions acceptables aux yeux des spécialistes et
de la population. Des techniques d’appoint peuvent être
utilisées pour informer ou consulter la collectivité en général
53

(ex., campagnes d’information, référendum) et le comité peut


voir prolonger son mandat pour surveiller l’installation.
26- Comité local de Constitué au moment de la (pré-sélection d’un site ou créés
surveillance, de lorsqu’une installation à risque est construite, c’est un
suivi et mécanisme de participation et de dialogue permanents parmi
d’information (local les parties prenantes et avec le public. Dans certains pays, ces
monitoring, oversight comités sont prescrits par la loi ; dans d’autres contextes, ils
and information peuvent être créés afin d’améliorer les rapports entre la
committee) collectivité et le personnel des institutions et favoriser ainsi une
meilleure gestion des risques. Différents niveaux de
compétences sont accordés à ces comités : dans certains cas,
ils prennent des décisions importantes (ils peuvent réclamer la
fermeture d’une installation, si certaines exigences de sûreté
ne sont pas remplies), mais à l’opposé, il se peut qu’ils servent
surtout de tribune pour échanger et diffuser des informations.
En général, ils se composent d’élus et de représentants des
organisations de la société civile (chambres de commerce,
groupes de protection de l’environnement, etc.) et leur taille
peut varier de six à quatre--‐vingt--‐dix personnes, selon la
définition donnée à la formule « public affecté » et le système
de représentation choisi. La direction de l’installation
industrielle ou de l’organisation chargée du site à risque, ainsi
que les autorités de sûreté et d’autres parties prenantes
nationales peuvent siéger dans le comité de surveillance à titre
de membres à part entière, ou être des interlocuteurs
permanents ou ponctuels.
27- Groupe de Groupe de travail mis en place pour réunir les acteurs
Support Local pertinents sur un projet local, dynamique instaurée au sein du
réseau URBACT sur des projets de développement urbain
intégrés. Des groupes de soutien local (Local Support Group,
ou LSG) sont exigés pour être installés par chaque partenaire
d'URBACT (des villes ou d’autres partenaires tels que des
universités) pour améliorer l'impact de l'activité transnationale
d'échange entre les pays au niveau local, s'assurant que
l'échange reflète les besoins de la ville « sur le terrain ».
Les LSG ont le potentiel, en tant qu'élément de la «
communauté » URBACT au niveau européen, de retenir les
messages principaux à propos du management de villes
durables envers une assistance bien plus large. Ils sont prévus
pour disséminer et pour mobiliser des « skateholders »
54

(dépositaires, relais), pour définir les besoins, et pour


coproduire le plan d'action local.
 Objectifs :
- Clarifier les besoins ou les soucis particuliers du
partenaire/de la ville par rapport au réseau thématique ou à
la thématique du groupe de travail.
- Identifier ce que la ville peut offrir au projet en termes de
bonne pratique, d'outils existants, de visites de sites, de
politiques et de toute autre expérience. S’assurer que cette
connaissance est reflétée dans l'étude de base (le
diagnostic) et dans le plan d'action local.
- Diffuser les résultats du projet à un public local plus large
et s'assurer que les utilisateurs ont une voix dans le
processus décisionnel.
- Agir en tant que « champions de projet » et mobiliser
l'appui politique et institutionnel requis pour s'assurer que
le plan d'action local mène au vrai changement.
55

CONCLUSION

Ce cours de Principes d’Animation Culturelle (I) se veut une contribution


importante dans la formation de l’animateur culture. En effet, les étudiants ont eu à
se familiariser à travers les 4 chapitres, avec les concepts, les méthodes et les
techniques de l’animation culturelle.

Ces notions rudimentaires doivent être complétées par des lectures


personnelles des étudiants et la pratique de l’Animation Culturelle sur le terrain ainsi
que par la deuxième partie prévue en deuxième année de graduat. C’est seulement
de cette façon que chaque étudiant pourra se former réellement à l’animation
culturelle.
56

BIBLIOGRAPHIE

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57

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