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Un secteur fondamental…
Le secteur des transports est fondamental dans la vie de nos sociétés où
chacun se déplace continuellement, où la plupart des produits consommés
viennent d’ailleurs et où circulent continuellement l’argent, les images et les
ISBN 978-2-7535-2828-4 Presses universitaires de Rennes, 2013, www.pur-editions.fr
informations.
Que les transports s’arrêtent (pour cause d’intempérie ou de grève) et c’est
toute la vie économique qui est mise en léthargie !
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« Géographie des transports », Émile Mérenne
ISBN 978-2-7535-2828-4 Presses universitaires de Rennes, 2013, www.pur-editions.fr
Doc. 1
Les recherches en transport
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Géographie des transports
Introduction
grâce aux voies de communication, à savoir la route, le rail, la voie d’eau, les
conduites, la voie aérienne, les télécommunications… (doc. 2).
Les modes de transport (modes d’acheminement des personnes ou des
biens comme la route) ne s’inscrivent pas nécessairement parallèlement l’un
à l’autre et certains, comme le rail, ont besoin de traces sur le sol sur toute
la longueur de leur parcours pour constituer un réseau alors que d’autres,
comme les transports aérien et maritime, ne nécessitent que des installations
terminales (lieux de départ et d’aboutissement de services de transport ou de
voies de communication). La jonction de plusieurs modes de transport ou d’iti-
néraires du même mode de transport et la présence des points de rupture de
charge (lieux de transfert d’une marchandise d’un mode de transport à l’autre
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Géographie des transports
Doc. 2
Quelques classements opérés en géographie des transports
. route
. rail
- conteneurisation
(mer-route-rail-fleuve-air)
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Introduction
ou, au sein d’un même mode, d’un véhicule à l’autre) marquent le paysage
par l’aménagement d’espaces souvent destinés au transfert d’un mode à un
autre : ces points de contact constituent autant de nœuds de communications
appelés aussi points nodaux. En revanche, la présence et la coordination de
plusieurs modes de transport sur un même territoire constituent un système
de transport tandis qu’un même mode de transport peut proposer des sous-
systèmes composés d’axes d’importance variée.
Les performances techniques sont à l’origine de la mise en circulation de
véhicules de plus en plus spécialisés, de l’augmentation de la capacité et de la
vitesse de ces véhicules en même temps que de la création d’infrastructures
nouvelles destinées à réduire les distances, les ruptures de charge, les temps
de parcours (la distance-temps : le temps mis pour parcourir une distance
donnée), voire le coût de transport (la distance-coût : le coût du parcours sur
une distance donnée). D’autre part, des concepts d’ordre géographique et
économique comme la mondialisation et les flux tendus (système de produc-
tion basé sur la suppression des stocks par l’ajustement strict de l’offre à la
demande) déterminent une évolution centrée également sur l’augmentation
de la mobilité, c’est-à-dire la propension de déplacement des personnes, des
biens, des services, des informations…
Toute étude de géographie portant sur les transports ne peut donc ignorer
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tous ces faits ainsi que les nouvelles méthodes de travail (par exemple les
modèles mathématiques et les graphes) mises au point pour affiner les obser-
vations. Par ailleurs, certains travaux peuvent aussi proposer des solutions
adéquates en vue de répondre aux desiderata des décideurs, des investisseurs,
des aménageurs, des gestionnaires, des transporteurs et, bien entendu, des
usagers (doc. 3).
Dès lors, il nous paraît normal de faire débuter l’analyse des transports
par l’établissement du cadre à l’intérieur duquel évoluent réseaux et systèmes
de transport. À côté des contraintes du milieu physique en face desquelles
l’homme est parfois impuissant, il en est d’autres qui changent au cours de
l’histoire et à travers l’espace : les options politiques prises par un pays à une
époque donnée peuvent différer de celles décidées à d’autres moments ou de
« Géographie des transports », Émile Mérenne
celles prises au même moment dans d’autres pays. Par contre, l’évolution des
techniques est telle que les performances vont toutes dans le même sens :
l’adaptation des modes et moyens de transport à une demande de plus en plus
exigeante (première partie).
La répartition spatiale des modes de transport et des réseaux varie forte-
ment d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre et, à l’intérieur d’un pays,
d’une région à l’autre. De plus, l’utilisation des divers modes et moyens de
transport s’opère en fonction de besoins dont la variété est grande ; le tout est
de voir comment adapter les modes et moyens de transport dans les meilleures
conditions en vue de satisfaire les besoins en déplacements de la population
et des biens physiques et immatériels (deuxième partie).
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Géographie des transports
Doc. 3
Évolution de la géographie des transports
Si la géographie des transports s’est surtout développée au cours de la seconde
moitié du xxe siècle, les prémices de certaines de ses composantes se retrouvent dans
des travaux réalisés au xixe et au début du xxe siècle par les économistes allemands
J. H. von Thünen et A. Wéber. Le premier met en évidence ses résultats d’études
réalisées dans le cadre de son domaine agricole (Der isoliert Staat in Beziehung auf
Landwirschaft und Nationalökonomie, Hambourg, 1826) : l’impact des coûts de la
distance pour une bonne utilisation des terres autour des villes et, par voie de consé-
quence, l’amorce de la théorie de la localisation ; quant au second, il établit (Uber den
Standort der Industrien, Tubingen, 1909) que, pour une industrie lourde cherchant
à s’établir quelque part, le transport ferroviaire permettait des relations entre lieux
de production des matières premières, de l’énergie et des produits finis telles qu’une
entreprise peut s’établir à un endroit où les coûts étaient minimisés.
Plus tard, les modèles de Christaller et de Lösch ont également inspiré les
recherches des géographes. Par exemple, le modèle mis au point par le géographe
allemand W. Christaller (Die zentralen Orte in Süddeutschland, Iena, Fischer, 1933)
est une théorie spatiale cherchant à expliquer la hiérarchie des villes sur base de leur
taille, de leur localisation et de leur fonction. Or, d’après A. Lösch (Die räumliche
Ordnung der Wirtschaft, Iena, Fischer, 1940), il n’est pas possible d’envisager une
théorie à partir d’un modèle géométrique comme celui de Christaller car ne tenant
pas compte de données spatiales peu homogènes.
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Au total, l’aspect géographique proprement dit des transports est peu valorisé si
ce n’est par des travaux portant notamment sur des problèmes de circulation devenus
de plus en plus aigus. En effet, l’apparition du rail au xixe siècle et les progrès réalisés
en matière de transport ferroviaire au xxe siècle (augmentation des vitesses et spécia-
lisation des wagons) ainsi que l’essor prodigieux du transport par route ont permis,
à l’échelle des pays et des continents, une spécialisation croissante des régions à
partir de leurs avantages comparatifs en facilitant les contacts entre régions voisines.
D’autre part, le développement des transports maritime et aérien (augmentation des
vitesses et des capacités et spécialisation du matériel), des conduites et des télécom-
munications au cours du xxe siècle ont accentué le processus et ont surtout élargi les
aires de marché de nombreux produits. Résultat global : la complémentarité entre
modes de transport, la réduction du coût et de la durée des transports et, last but not
least, la mondialisation.
Dans ce contexte naît une école américaine de géographie des transports
« Géographie des transports », Émile Mérenne
(E. L. Ullman) à la fin des années 50 ; elle considère le réseau de transport en fonc-
tion de ses propriétés spécifiques, définit des notions comme la connectivité, l’acces-
sibilité et la centralité et introduit la théorie des graphes et des modèles gravitaires
dans la planification des réseaux de transport.
Par contre, du côté des géographes français, le rôle des transports n’apparaît pas
de façon aussi évidente. Par exemple, chez les précurseurs de la discipline comme
P. Vidal de la Blache sont mises en avant la circulation dans la formation et l’évolu-
tion des territoires puis la localisation des activités mais sans analyser leurs intercon-
nexions : Vidal de la Blache traduisait donc simplement la question de la circulation
et non celle des transports eux-mêmes. Jusqu’il y a un demi-siècle, il est donc surtout
question, dans les publications en langue française, de géographie de la circulation
plutôt que de géographie des transports au sens actuel du terme car la plupart des
études traitent avant tout d’un seul mode de transport en insistant sur les circulations
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Introduction
dans les territoires considérés et sur leurs relations, d’une part, avec les conditions
physiques et humaines et, d’autre part, avec les infrastructures et moyens techniques
mis en œuvre pour effectuer les déplacements. Parmi les ouvrages de cette époque,
citons : M. Blanchard, Géographie des chemins de fer, Paris, librairie Gallimard-NRF,
1942 ; R. Capot-Rey, Géographie de la circulation sur les continents, Paris, librairie
Gallimard-NRF, 1946 ; E. Pépin, Géographie de la circulation aérienne, Paris librairie
Gallimard-NRF, 1956 ; R. Clozier, Géographie de la circulation, T. I. L‘économie des
transports terrestres (rail, route et eau), Paris, éd. M.-Th. Genin, 1963 ; A. Perpillou,
Géographie de la circulation : la navigation et les transports maritimes, 2 T., Paris, CDU,
1964 ; A. Vigarié, Géographie de la circulation, T. II. La circulation maritime, Paris,
librairie Gallimard-NRF, 1968 ; C. Verlaque, Géographie des transports maritimes,
Paris, Doin, 1975 et H. Bakis, Géographie des télécommunications, Paris, PUF, 1984.
En fait, la géographie des transports repose sur une multitude d’éléments dont
ceux en rapport avec la place des transports à chaque niveau territorial (supranatio-
nal, national, régional et même local) ; aussi la société s’est-elle appropriée le système
de transport comme une des solutions aux rapports entre la demande de transport et
l’organisation spatiale compte tenu du milieu naturel, de la dynamique des progrès
techniques, du comportement des individus et du contexte économique politique et
social. C’est ainsi que l’économie spatiale joue un rôle important dans l’approche géo-
graphique des transports mais il faut attendre les années 70 pour voir apparaître les
premiers ouvrages abordant cette problématique (J. Ritter, La Géographie des trans-
ports, Paris, PUF, 1971 et M. Wolkowitsch, Géographie des transports, Paris, A. Colin,
1973).
ISBN 978-2-7535-2828-4 Presses universitaires de Rennes, 2013, www.pur-editions.fr
Sources : d’après P. Claval, 2001 et G. Pini, Géographie des transports, in A. Bailly (sous la dir. de),
2004, p. 175-183.
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Géographie des transports
Dans des cas de plus en plus nombreux, les gestionnaires et les usagers
orientent les choix ; de toute manière, la décision finale revient au pouvoir
public surtout si la décision est prise en concertation avec les pays voisins ou si
elle s’intègre dans un contexte international ou supranational (troisième partie).
D’autre part, de nombreux secteurs d’activités sont concernés par l’exploi-
tation des transports en plus du secteur des transports lui-même : la produc-
tion de matériel et d’équipements, l’entretien, la réparation de ce matériel et
les activités dont la localisation et l’existence sont liées à la facilité d’accès que
leur procurent les modes et moyens de transport. Dans le monde occidental,
le rôle joué par la population à l’occasion de décisions prises lors de l’implan-
tation de nouvelles infrastructures est manifeste en raison de sa sensibilisation
à divers paramètres comme le coût, la qualité du service offert et du cadre de
vie. (quatrième partie).
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