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EVALUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET
ENVIRONNEMENTALE DES TRANSPORTS
Licence II en Transport-logistique
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INTRODUCTION GENERALE
Le transport est une activité à forte intensité capitalistique. La production de
transport, ou plus exactement le transport motorisé, met en jeu du capital (des
routes, des chemins de fer, des camions, des locomotives, des avions, etc.), des
inputs (carburants, électricité), du travail (des camionneurs, des cheminots, des
pilotes) et du temps. La part du capital, en infrastructure comme en moyens de
transport, est plus importante pour le transport que pour la plupart des biens, en
particulier des services.
Le secteur des transports se caractérise en outre par une longue durée de vie de ses
infrastructures. Les décisions en la matière vont porter leurs fruits pendant des
décennies, voire des siècles. La période de construction de ces infrastructures est
également très longue. Pour des raisons techniques (il faut plusieurs années pour
construire un ouvrage complexe) et surtout socio-politiques (il faut encore plus
longtemps pour faire accepter le principe et le tracé d'une voie routière ou
ferroviaire), il peut se passer plusieurs avant la réalisation effective d'une
infrastructure de transport.
Pour organiser les transports, l’Etat doit dans la mesure du possible coordonner les
différents modes de transport, planifier leur développement, et établir entre eux le
degré de concurrence opportun (seine concurrence) aux points de vue économique
et social. Les infrastructures doivent se développer de manière harmonieuse.
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Dans ce contexte, il est devenu essentiel pour les décideurs, les investisseurs et les
gestionnaires (du secteur public ou du secteur privé) de procéder à une évaluation
socio-économique et environnementale des transports, au regard des
caractéristiques ci-dessus décrites.
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Chapitre I : LES EXTERNALITES DU TRANSPORT
Introduction
Le présent chapitre vise à traiter des externalités des transports à travers entre
autres ses définitions, ses différentes formes et impacts.
3
- les rendements croissants du fait de l’importance des coûts fixes, d’où
tendance au monopole naturel et plus généralement tendance à la
concentration ;
4
Classification des coûts des transports
5
1. Concept d’externalité-Exemple imagé classique
L’externalité est un effet de l’action d’un agent économique sur un autre qui s’exerce
en dehors du marché.
L’externalité est positive quand l’effet procure une amélioration du bien-être de l’autre
agent et négative quand cet agent voit son bien-être diminué.
Un exemple imagé classique est celui de deux firmes au bord d’une rivière. La
première A fabrique du cuir qu’elle vend à un fabricant de chaussures C et rejette les
tanins en aval. La seconde B qui produit de la bière, a besoin d’eau pure pour
nettoyer ses cuves de fermentation et est obligée, du fait des rejets de A, de
s’équiper d’un procédé de filtration, ce qui renchérit le coût de la bière qu’elle
fabrique. Comme la transaction entre A et C ne tient pas compte de l’effet négatif
subi par B, le système des prix conduit à produire trop de cuir, insuffisamment de
bière et mène à un excès de pollution. Cet exemple de pollution correspond à une
externalité négative.
Il existe aussi des externalités positives comme le service gratuit de pollinisation que
rend l’apiculteur à l’arboriculteur.
2. Effets externes-définitions
On parle d’externalité (ou d’effet externe) lorsque l’action de consommation ou de
production d’un agent a des conséquences sur le bien-être d’au moins un autre
agent sans que cette interdépendance soit reconnue par le système de prix, et donc
sans donner lieu à compensation monétaire. L’agent émetteur de l’effet externe n’est
alors pas conduit à intégrer dans son calcul avantages-coûts la nuisance (en cas
d’externalité négative) ou le bénéfice (en cas d’externalité positive) que son
comportement engendre pour autrui. Par suite, la valeur sociale de son activité
diffère de sa valeur privée. S’il n’est pas rémunéré pour sa contribution au bien- être
collectif, l’émetteur d’une externalité positive optera pour un niveau d’activité sous-
optimal. Inversement, s’il n’a pas à assumer monétairement la pleine responsabilité
des dommages qu’il impose, l’émetteur d’une externalité négative (d’une pollution par
exemple) choisira un niveau d’activité supérieur au niveau socialement optimal.
Le terme externalité désigne donc les effets d’un agent économique sur un autre
agent sans qu’il y ait transaction monétaire ou convention d’échange entre ces deux
agents. Ces effets ne sont pas directement sanctionnés par les mécanismes du
marché et le système de prix: ce sont des services rendus non rémunérés et des
dommages causés non compensés.
"La théorie économique définit les externalités comme des variations du bien-être
collectif générées par une activité donnée lorsque la transmission ne passe pas par
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des mécanismes de marché et de prix. Les externalités peuvent être négatives
(coûts externes) ou positives (bénéfices externes) ; elles correspondent à des coûts
ou bénéfices qui ne sont ni payés ni perçus par ceux qui en sont la source."
"Il y a présence d’effets externes, au sens large, lorsqu’un acteur économique, par sa
consommation ou sa production modifie la situation d’un autre acteur économique,
par exemple en dégradant son environnement. Ainsi, l’automobiliste génère des
effets externes négatifs supportés par les populations exposées à la pollution.
Comme la relation entre l’émetteur de la nuisance et les récepteurs s’établit en
dehors d’un marché, les victimes supportent la nuisance sans contrepartie, l’effet
externe conduit alors à un coût externe."
Lorsqu'il est possible de « monétariser » les effets externes, de les évaluer selon une
unité monétaire, les externalités négatives des transports se traduisent en "coûts
externes’’.
Les effets externes négatifs concernent les bruits, les pollutions pour les riverains, les
conséquences esthétiques négatives, les perturbations de l’environnement, la gêne
des usagers. Plus précisément on peut citer :
- les accidents entrainant les pertes de capital humain, soins médicaux, coûts
administratifs, etc. ;
- impacts sur la santé ;
- impacts sur les bâtiments ;
- impacts sur les cultures ;
- pollution atmosphérique hors effet de serre Gaz considérés: NOx, SO2,
PM2,5, VOCs , …
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- changement climatique ;
- nuisances sonores ;
- consommation d’espace ;
- congestion ;
- contrainte de rareté du pétrole.
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a. Les accidents
Un accident est un évènement imprévu qui entraine des dommages. Les accidents
entrainent :
- des pertes de productivité totale ou partielle, temporaire ou définitive;
- des coûts liés aux soins médicaux ;
- des coûts administratifs ;
- des coûts liés aux indemnisations ;
- des pertes en vie humaine et des compensations en termes de prix de la
valeur humaine ;
- d’autres coûts (véhicule accidenté, véhicules de remplacement, coût des
visites…).
La situation des accidents dans la ville de Ouagadougou de 2001 à 2010, se
présente comme suit :
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La répartition du nombre de personnes tuées selon le mode impliqué à Ouagadougou
en 2014 (Source BNSP) est illustrée par la figure ci-dessous :
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11
b. Pollution atmosphérique hors effet de serre
Les gaz causant la pollution atmosphérique sont : NOx, SO2, PM2,5, VOCs , …
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- la santé humaine (toxicité, effets cancérigènes,…), le confort de la vie
quotidienne (diminution de la visibilité, mauvaises odeurs) ;
- les bâtiments (dégradation des façades, corrosion,…) ;
- les cultures (avec les eaux de ruissèlement) ;
- les animaux.
c. Changement climatique
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Part du transport dans les
100%
80%
émissions de GES en…
60% 79% 80% Autres
40%
20% Transport
0% 21% 20%
Union Belgique
européenne
d. Nuisances sonores
- la vitesse;
- le type de véhicule ;
- la conduite;
- le type de revêtement ;
- l’intensité et fluidité du trafic ;
- la période de la journée.
e. Consommation d’espace
On peut noter :
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f. Coupures (infrastructure)
En matière de transport, les infrastructures linéaires sont importantes. Leur
franchissement ne se fait pas n’importe comment (ponts, tunnels, passages à niveau,
…). Elles entrainent l’isolation de quartiers.
En milieu rural, les effets de coupures sont d’autant plus marqués que les
infrastructures traversent villages, terres agricoles, forêts,… sans les desservir.
g. Congestion
La congestion entraine :
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h. Contrainte de rareté du pétrole
Le pétrole est une ressource limitée
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- fer et acier 62%;
- métaux légers 6%;
- matières plastiques 10%;
- caoutchouc 8%;
- verre 5%;
- peinture 3%;
- autres matériaux 6%.
En ce qui concerne les plaquettes de frein, 60% de ces plaquettes pour poids lourds mises
sur le marché comportent de l’amiante (nom collectif désignant un certain nombre de
minéraux naturels fibriformes, cristallisés dans les roches riches en silicium).
Ces plaquettes doivent être considérées comme des déchets dangereux, les poussières
d’amiante d’une certaine taille pouvant endommager le système respiratoire, provoquer des
cancers, et l’asbestose,…, d’où l’obligation de collecte et traitement dans filière agréée.
Le caractère dangereux des batteries provient de l’acide sulfurique qui est irritant et corrosif
et du plomb constituant la carcasse qui peut être responsable d’intoxications aiguës
(saturnisme et crétinisme).
Les résidus de broyage automobile sont de 2 types, soit les RBA lourds (caoutchouc,
verre,….) soit les RBA légers (mousses, textiles,…) classés dans les déchets dangereux.
Conclusion
Le chapitre I a fait étalage des nombreuses externalités du secteur des transports. Après
avoir identifié ces externalités, il y a lieu de se pencher sur les techniques permettant
d’estimer leurs coûts. Cette estimation constitue un préalable pour la prise en compte de
ces coûts dans le processus de production des biens et services de transport à travers
l’internalisation des externalités des transports. Ces questions feront l’objet d’un traitement
dans le chapitre suivant.
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Chapitre II : EVALUATION ET INTERNALISATION DES COUTS EXTERNES
Introduction
Bien entendu, ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de marché que ces dommages
n’ont aucune valeur! On peut leur attribuer une valeur d’usage, d’option et
d’existence.
Elle recouvre l’ensemble des avantages procurés directement par les biens
d’environnement. Cet usage revêt différentes formes et donne naissance à plusieurs
types d’avantages : valeurs de consommation, de contemplation ou de production (la
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consommation et la production entraînent une détérioration des biens
environnementaux alors que la contemplation les laisse indemne).
3. La valeur d’existence
Elle représente la valeur intrinsèque attribuée par les individus à un bien pour le seul
fait qu’il existe, indépendamment de sa consommation ou non, et donc sans rapport
avec un quelconque bénéfice ultérieur lié à ce bien.
Cette approche suppose que les nuisances, et les dommages qui en résultent, sont
complètement appréhendés par les individus. Elle regroupe trois types de méthodes:
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a. Méthodes psychométriques (valorisation des préférences
déclarées)
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Enfin, une troisième section du questionnaire est consacrée aux caractéristiques
socio-économiques des sondés de façon à généraliser sans erreur les résultats
obtenus.
Cette méthode, bien que possédant de nombreux avantages tels que sa facilité de
mise en œuvre, l’actualité de ses résultats et son adaptabilité, présente aussi un
inconvénient majeur: la présence de biais. En effet, une mauvaise formulation des
questions, une mauvaise compréhension du marché contingent par les sondés ou
encore un traitement des données de moindre qualité peuvent mener à des résultats
erronés.
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l’environnement étudié sur le prix du bien, on peut dès lors estimer le coût de
la nuisance étudiée.
Au lieu d’extraire les préférences des individus pour les traduire monétairement sur
des marchés existants ou sur des marchés fictifs, la méthode indirecte permet
d’évaluer les coûts que des individus interrogés directement n’auraient pas pris en
compte faute de connaissance (par exemple en cas d’accident les coûts
psychologiques imposés aux proches de la victime, les pertes de la production de la
victime, etc.). Elle consiste à retrouver dans un premier temps les pertes de
richesse liées à ces dommages et dans un deuxième elle permet d’évaluer ces
dommages à travers la méthode dite de capital humain ou la méthode des coûts de
réparation.
L’approche indirecte regroupe les techniques qui tentent d’établir des relations «
dose-effet » entre les nuisances et leurs conséquences. Elle implique d’identifier
avec un maximum de précision l’ensemble des effets d’une nuisance pour pouvoir en
évaluer les dommages réels.
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Il existe deux types de méthodes complémentaires: l’évaluation des coûts directs
et celle des coûts indirects.
L’évaluation des coûts directs recouvre ce qui a été détruit, remplacé, réparé, etc.
Elle concerne donc la partie « observable » des dommages, prenant en compte les
coûts de réparation, l’évaluation des biens détruits (lors de préjudices irrémédiables)
et/ou les coûts de construction de substituts.
L’évaluation des coûts indirects concerne le coût des mesures nécessaires pour
éviter de subir les effets d’une nuisance (coûts d’évitement ou d’assainissement)
ainsi qu’une évaluation de la perte de bien-être et du manque à gagner (coût
d’opportunité).
Les coûts d’évitement ou d’assainissement reprennent les moyens mis en œuvre afin
de lutter contre un type de nuisance ou de se prémunir contre une nuisance. Il peut
s’agir par exemple de dépenses liées à la pose de double ou triple vitrage pour éviter
les nuisances sonores, ou encore de la pose de filtre pour limiter la pollution
atmosphérique.
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1. Accidents
L’estimation de ce coût repose à la fois sur le nombre de victimes (et les coûts qui y
sont directement liés), sur le nombre d’accidents et sur leur gravité, en opérant une
distinction entre les dommages corporels et moraux et les dommages matériels.
- les soins médicaux, quantifiables par la méthode des coûts d’indemnisation qui
permet d’identifier les dépenses effectives ;
- la perte de capacité de production marchande et non marchande, estimée par
les indemnités octroyées ou par la méthode du capital humain ;
- la valeur de la vie humaine, approximée par exemple par les méthodes
d’indemnisation des assurances ou par le consentement à payer.
La méthode des coûts d’indemnisation est fondée sur l’étude des ressources qui
sont engagées pour compenser les effets d’un accident
Les approches dites de capital humain sont basées sur l’estimation des pertes
que va subir la société du fait du décès ou des blessures d’une personne
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Ils concernent :
- les dommages matériels concernent tous les dégâts occasionnés par l’accident
(véhicules, infrastructure, biens personnels ou d’autrui, cargaison, etc.) ;
Si l’on considère que les dégâts matériels sont pris en charge par les usagers et
leurs assureurs, ils sont déjà comptabilisés dans les dépenses directes de
fonctionnement et ne constitue dès lors pas un effet externe sensu stricto.
2. Pollution atmosphérique
3. Effet de serre
La définition d’un prix du carbone passe par une approche coût - efficacité. Cette
approche revient à fixer un prix pour le carbone émis qui permette de respecter au
moindre coût les contraintes quantitatives fixées.
4. Nuisances sonores
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- sur le revêtement routier par la réalisation d’enrobé drainant ou par l’édification
de murs antibruit ;
- sur les façades, afin de mieux les isoler.
Elle repose sur la corrélation qui existe entre le niveau de bruit et la dépréciation de
l’immobilier. En se référant à cette relation, certaines méthodes permettent d’estimer
la valeur des nuisances dues au bruit en fonction du consentement à payer, soit
directement par enquêtes auprès des habitants, soit indirectement à partir de
l’observation des prix du marché des biens immobiliers.
5. Consommation d’espace
a. Effets de coupure
Il est également possible d’imaginer une évaluation fondée sur le coût des
aménagements visant à réduire les effets de coupure. Mais de tels aménagements
n’ont pas toujours comme seule raison de traiter ces effets et ce qui paraît le plus
simple à évaluer la construction de passages dénivelés ou protégés par exemple
n’est souvent qu’une solution très partielle aux problèmes.
Une valorisation partielle des paysages pourrait être indirectement obtenue par la
valeur des mesures de protection (modifications de tracé, mesures d’insertion) qui
devraient être prises pour le préserver.
6. Congestion
La congestion occupe une place toute particulière dans l’évaluation des effets
externes des transports puisqu’il s’agit essentiellement d’un effet externe d’une
catégorie d’usagers sur d’autres usagers.
Mais on peut également considérer qu’une partie des effets externes liés à la
congestion a des conséquences en dehors de la sphère des transports comme :
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- du surcoût d’exploitation des transports collectifs (supporté par les sociétés de
transport) ;
La congestion n’a donc de sens que rapportée à une situation optimale, cette
situation correspondant à un objectif déterminé de qualité de service :
D’ores et déjà, certains effets externes sont partiellement internalisés comme par
exemple les accidents de la circulation dont une partie du coût (dommages matériels
et frais médicaux) est supportée par les automobilistes par l’intermédiaire de leur
assurance automobile.
- la taxation :
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taxation des véhicules (taxe de circulation, taxe de mise en circulation ;
les taxes de stationnement ;
Les accises sur les carburants ;
La taxation kilométrique;
- le péage.
1. Le principe de la tarification
La tarification des effets externes issue de l'usage des infrastructures est fondée
sur la logique de la tarification au coût marginal social (Pigou,1920 ; Knight,
1924).
Cm externe de la Q1ème
Cm
P2
Cm privé
P1
D
O
Q2 Q1 q
Pour une unité déterminée (yème) : Coût marginal social (Cm social) = Cm externe
(yème) + Cm privé (yème).
Du point de vue privé Q1 est préférable (car le privé ne supporte pas les
coûts externes).
Du point de vue de la société, Q2 est préférable (car les externes sont
supposés pris en charge par le privé).
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l'arrivée d'un usager supplémentaire sur l'infrastructure. Considérer le coût
marginal social implique donc que l'agent assume le véritable coût de sa
décision de se déplacer.
La tarification au coût marginal social permet ainsi d'internaliser les effets externes
existant entre usagers de l'infrastructure. Le coût réel du déplacement étant plus
élevé que le simple coût privé, la demande prête à s'exprimer pour ce niveau de coût
est inférieure à celle s'établissant au niveau du coût privé.
La tarification au coût marginal social contribue alors à exclure certains usagers de
la voirie ce qui conduit à accroître la qualité de service de l'infrastructure et à réduire
la production des effets externes environnementaux, c'est-à-dire à internaliser
l'ensemble des effets externes.
Le principe de tarification au coût marginal constitue donc l'outil d'internalisation par
les prix des externalités issues de l'usage des infrastructures de transports.
La tarification au coût marginal social permet de surcroît d'orienter la demande vers
un état du trafic optimal, soit un état socialement optimal de la consommation des
ressources qui maximise le bien-être.
Comme l'écrit E. Quinet [1998] « Pour les infrastructures de transport comme pour
les autres biens, la fixation du prix remplit trois fonctions, l’orientation du choix des
usagers, la fourniture des moyens financiers et la redistribution des ressources".
Ainsi, la taxe peut être mise en place avec comme objectif premier
d’alimenter les budgets publics : elle vise l’efficacité économique ou budgétaire au
sens de la maximisation des recettes pour la collectivité.
Le système de taxation mis en place peut poursuivre des objectifs de redistribution
des ressources au sein de la collectivité dans un souci de justice sociale. Il vise dans
ce cas l’amélioration de l’équité distributive via la mise en place de systèmes de
taxes régressives.
Le système de taxation mis en place peut enfin avoir comme but d’orienter le choix
des usagers de manière à préserver certaines ressources rares (ressources
environnementales par exemple). Les sommes payées par l’émetteur des
externalités reflètent les coûts économiques de l’activité (coût privé et coût social),
on peut dire que le système poursuit un objectif d’équité économique (au sens de
l’équité allocative où les prix reflètent les coûts).
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2. Les péages
a. Définition et objectifs
Le péage est défini comme « une forme quelconque de paiement imposée aux
automobilistes pour pouvoir circuler en certains endroits des zones urbaines »
(Lauer, 1997). Il a des effets sur les trois dimensions du développement durable
(économique, sociale et environnementale).
Il se présente comme une solution potentielle aux problèmes de congestion et de
pollution générés par la croissance massive du nombre de déplacements, en
particulier au cœur des grandes agglomérations.
Le péage urbain amène à une diminution de la circulation automobile, donc une
amélioration de l'environnement, un gain d'espace pour d'autres usages, et moins de
pression à l'expansion des routes. Il permet d’engranger des recettes
supplémentaires pour financer des alternatives
L’absence de péage, nécessité plus de réglementation, contrôle et de subventions
pour les transports collectifs.
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utilisateurs de la voirie (péage de congestion) ou encore les nuisances
environnementales qu’ils imposent aux autres habitants de la cité (péage
environnemental), l’objectif est d’intégrer dans le prix de déplacement le coût que la
collectivité supporte du fait de l’utilisation de l’automobile en ville. Dans ce contexte,
les usagers adaptent leurs comportements au nouveau signal /prix.
Ceux dont la disposition à payer est inférieure au niveau du péage changent
d’itinéraire ou de mode de transport.
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V. Etude de cas : Union européenne
a. La taxe de circulation
Pour tous les véhicules à moteur et leurs remorques à l’exception des véhicules
destinés au transport de marchandises d’une masse maximale autorisée de moins
de 12 tonnes et des véhicules affectés à la défense nationale, la protection civile, les
services de lutte contre les incendies et autres services d’urgence, du maintien de
l’ordre et de l’entretien des routes.
Eco-bonus: payé par la Région wallonne. Valeur de 600 euros pour les
véhicules dont les émissions de CO2 en g/km sont inférieures à 104 g/km et
dont le prix catalogue ne dépasse pas un certain montant.
d. L’Eurovignette
Il s’agit du droit d’usage pour l’utilisation de certaines routes par des véhicules
utilitaires lourds.
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e. Les accises sur les carburants
Ils concernent :
- le droit d’accise ;
- le droit d’accise spécial ;
- la cotisation sur l’énergie.
f. La taxation kilométrique
Les coûts externes du transport sont estimés par type de véhicule et exprimés en
euros par kilomètre parcouru. Il existe donc une possibilité de taxer l’usager de la
route en fonction des kilomètres qu’il effectue.
- inciter les usagers à se tourner vers des voitures moins polluantes et atteindre
une réduction des rejets de CO2 de 10%;
- réduire de moitié les embouteillages.
Les véhicules neufs seraient équipés d’un appareil muni d’un GPS permettant de
relever le nombre de km parcourus. La taxe remplacerait progressivement l’impôt
perçu lors de l’achat d’un véhicule.
Début des années 90, la vitesse moyenne pour traverser Londres est inférieure à
celle du début du XXème siècle, soit avant l’introduction de la voiture. Dans le centre
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d’une ville où plus d’un million de personnes entrent chaque jour ouvrable entre 7h et
10h, il était nécessaire de trouver une solution.
La taxe s’élève alors à £5.00 par jour (£9.00 en 2011) pour tout automobiliste qui
souhaite circuler ou stationner son véhicule sur la voie publique dans la zone de
taxation de la congestion entre 7h et 18h.
Les tarifs varient de £9.00 à £12.00 selon le moment auquel l’automobiliste paie.
Le paiement peut être effectué online, par SMS, par téléphone, par un service
téléphonique automatique, dans un magasin ou encore par la poste.
Depuis la ville de Londres a aussi mis en place la Low Emission Zone qui imposera
dès le 3 janvier 2012 les vans et minibus qui ne rencontrent pas les normes
d’émissions Euro 3 et les poids lourds qui ne rencontrent pas la norme Euro 4.
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- une variabilité spatiale ;
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Passer au carburant plus propre
Changement de comportement
36
Reconversion d’espaces
37
Encourager les modes de transport doux
Donner une seconde vie aux déchets (ici reconversion des pneus à
Ouagadougou)
Mais…
38
http://www.journaldujeudi.com/1255/fs_semaine_archive.htm
39
Conclusion
Face aux externalités des transports des mesures idoines devraient être prises.
Ainsi des initiatives doivent être au niveau des autorités publiques mais aussi au
niveau des entreprises ainsi qu’à titre individuel. Ces initiatives et mesures passent
par différentes techniques à les internaliser, minimiser et dans la mesure du possible,
faire en sorte qu’elles ne se produisent pas.
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Chapitre III : ANALYSE COUTS-BENEFICES
Introduction
La réalisation d’un projet suppose la mobilisation des ressources rares à cet effet.
Les ressources étant rares alors que les besoins sont illimités, il est nécessaire de
procéder à une analyse qui permette de retenir le ou les projets les plus rentables
notamment sur le plan économique. L’analyse coût-bénéfice permet d’atteindre cet
objectif.
Question : Un projet, notamment en matière de transport, doit-il être réalisé ou, s’il
existe plusieurs projets, lequel choisir?
Un projet est une opération économique spécifique, impliquant des dépenses et des
recettes, comme par exemple :
Il faut donc:
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(3) opérer la synthèse des différentes composantes (mesurer le degré de
rentabilité) ;
Elle vise à l’évaluation des gains et des pertes consécutifs à une décision publique,
l’évaluation étant menée du point de vue de l’ensemble de la société.
= instrument de projet
= instrument de justification
42
Comparaison entre analyse financière et analyse socio-économique
43
III. Forces et faiblesses de l’ACB
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1. Définir les objectifs et la portée du projet
Les objectifs du projet doivent être exposés de manière claire et non ambiguë.
La première étape est généralement constituée par une étude de marché qui
examine les tendances passées et actuelles de la demande et vise à déterminer les
caractéristiques de la demande future (combien).
Elles doivent par ailleurs avoir fait l’objet d’une étude de faisabilité.
Une des options peut être le statu quo qui consiste à ne rien entreprendre. Il est
important de garder à l’esprit que cette option n’est pas sans coûts.
L’impact des projets doit être bien défini même si certains effets sont difficiles à
quantifier (impact sur les échanges avec d’autres régions, sur l’emploi, sur les
conditions de commerce extérieur, etc).
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Il y a lieu de distinguer les coûts et bénéfices primaires et secondaires.
i. coûts liés à une dépense réelle directement liée à la mise en œuvre du projet ;
ii. coûts liés à une modification qui résulte du remplacement d’une situation
donnée par une situation nouvelle engendrée par la mise en œuvre du projet.
Lorsque les coûts et les bénéfices ont été identifiés, ils doivent être valorisés afin de
permettre des comparaisons entre les différentes alternatives.
Certains coûts ou bénéfices sont faciles à valoriser car ils disposent d’un prix sur le
marché. Il s’agit par exemple de :
D’autres coûts et bénéfices liés notamment aux externalités sont par contre plus
difficiles à valoriser: la pollution, les gains de temps, la diminution de l’insécurité, les
effets de coupures ou paysagers, le bruit, …
Pour mesurer le bénéfice que la collectivité retire d’un projet, il faut faire appel à la
notion de surplus des consommateurs.
Ce surplus est défini par la différence entre le prix que les consommateurs sont prêts
à payer pour la consommation d’un bien (DAP : disposition à payer) et le prix qu’ils
paient effectivement.
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Imaginons deux villes qui, actuellement, sont reliées par une route étroite, sinueuse,
lente et dangereuse. On projette de construire une autoroute entre elles.
Pour mesurer le bénéfice que la collectivité retire de ce projet, nous faisons appel à
la notion de surplus des consommateurs. Ce surplus est défini par la différence entre
le prix que les consommateurs sont prêts à payer pour les différentes unités du bien
et le prix qu’ils payent effectivement. Le bénéfice (social) d’un projet public pour la
collectivité est égal au gain de surplus que les individus la formant obtiennent suite à
ce projet.
La figure ci-dessous exprime la demande annuelle pour les trajets entre les deux
villes en fonction du prix de ces trajets.
Au prix initial P1 (120 euros), T1 trajets (800 000) sont effectués annuellement, alors
qu’au prix P2 (90 euros), une fois le projet réalisé, ils seraient T2 (1 200 0000).
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Le bénéfice de ce projet pour la collectivité vaut donc pour une année la superficie
du trapèze P1XYP2.
Etant donné que les ressources publiques sont limitées, la sélection d’un
investissement signifie que ces mêmes ressources ne seront pas disponibles pour un
autre investissement.
Le coût d’opportunité (CO) est défini par les bénéfices qui auraient été obtenus lors
de la réalisation d’un autre investissement.
Un projet sera socialement bénéfique lorsque les bénéfices sociaux nets (BSN)
seront positifs :
BSN = DAP – CO
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On peut interpréter la fonction de demande de chaque consommateur comme une
fonction de « disposition marginale à payer », ou encore de « prix de demande ».
Elle indique le prix maximum qu’un consommateur est prêt à payer pour une unité,
ou encore, pour une quantité donnée, le prix auquel le consommateur est disposé à
acheter une « unité » supplémentaire. Ainsi, sur la figure 1, le consommateur est prêt
à payer une unité au prix P, et la Y-ième unité au prix P. Si le prix est P, le
consommateur peut se procurer les Y unités pour une somme inférieure à celle qu’il
est disposé à payer. Il réalise une sorte d’économie égale, pour chaque unité, à la
différence entre le prix de demande et le prix de marché P. Cumulée, cette économie
est représentée par la surface grisée de la figure 1 : c’est le « surplus » du
consommateur.
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- à terme: frais d’entretien, de remplacement, mesures d’adaptation de
l’infrastructure (en rapport avec le type de circulation, les accidents, etc.)
Ces coûts et bénéfices ultérieurs ne sont pas intégrés dans l’analyse coût-bénéfice
tels que valorisés dans le futur.
Les coûts et bénéfices doivent donc être actualisés. Est pris de cette manière en
compte le temps, l’étalement des frais/bénéfices réalisés grâce au projet.
L’ACB additionne les bénéfices nets que la population actuelle et future retire d’un
projet public.
Cette méthode admet implicitement que le niveau de bien-être collectif est égal à la
somme des niveaux d’utilité individuelle. Elle tient compte également de l’intensité
des préférences individuelles.
La Valeur Actualisée Net (VAN) consiste à attribuer au montant des bénéfices induits
par le projet un coefficient de pondération d’autant plus petit qu’ils sont éloignés.
Ceci permet de ramener différentes valeurs dans le futur à une même date de
manière à comparer entre eux des flux monétaires à des années différentes.
Plus le taux de r est élevé, moins on donne d’importance aux bénéfices éloignés
dans le temps.
Le Taux Interne de Rentabilité (TIR) est le taux d’actualisation qu’il faut utiliser pour
que la VAN soit égale à 0.
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Tout projet dont le taux interne de rentabilité est supérieur ou égal au taux de
d’actualisation retenu est socialement rentable.
Il s’agit maintenant d’opter pour le meilleur projet au regard des résultats obtenus
précédemment.
Une des difficultés majeures rencontrées par l’ACB est de déterminer le taux
d’actualisation. Celui-ci est souvent associé à une préférence pour le présent. Plus il
est élevé, plus est faible la valeur actualisée des flux monétaires futurs.
Une définition générale et peu contestée du taux d’actualisation financier est le coût
d’opportunité du capital. Le coût d’opportunité signifie que lorsque nous
investissons du capital dans un projet, nous renonçons à obtenir un rendement dans
le cadre d’un autre projet. En procédant à cet investissement, nous encourons donc
un coût implicite : la perte de revenus que générerait un autre projet.
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meilleure solution alternative d’investissement aurait permis d’obtenir. En
pratique, le coût d’opportunité du capital est estimé en examinant le
rendement marginal d’un portefeuille de titres sur le marché financier
international, à long terme et avec un risque minimal. En d’autres termes, la
solution alternative au revenu du projet n’est pas le rachat d’obligations
publiques ou privées, mais est le rendement d’un portefeuille financier
approprié.
En général, ce taux varie entre 4 et 7% et peut être spécifiquement défini pour les
infrastructures de transport.
Il peut être revu pour modifier la politique d’investissement. Par exemple, en France,
le Commissariat Général du Plan a récemment révisé son taux d’actualisation des
investissements publics et l’a ramené de 8% à 4% ce qui peut indiquer un
attachement plus grand porté aux générations futures.
Le taux d’actualisation peut même être décroissant pour des projets qui portent sur le
très long terme (plus de 30 ans)
Un taux d’actualisation public doit être unique afin d’éviter des incohérences dans
l’allocation des ressources publiques.
Risque = événements futurs pour lesquels il est possible d’associer des probabilités
mais dont la valeur n’est pas connue.
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Pour tenir compte du caractère risqué d’un projet, il est possible d’introduire le
caractère aléatoire des bénéfices et des coûts dans l’analyse socio-économique
grâce au calcul des probabilités.
Les risques et les incertitudes sont inévitables dans des grands projets de transport
parce que les effets se manifestent sur une longue période.
Si les risques sont maîtrisables, des mesures peuvent être prises afin d’en réduire
l’impact. Si les risques ne sont pas maîtrisables, il est utile d’investiguer au maximum
afin de réduire la mesure de ces incertitudes. Toutefois, il ne faut pas différer
l’adoption d’une décision sous prétexte que des informations pertinentes seront
disponibles dans le futur (évolution de la science).
Le preneur de décision ne doit pas se limiter à cette seule analyse mais doit
confronter les résultats à ceux d’autres analyses et études:
• analyses d’impacts
• analyses multi-critères
• …
-> Attribution d’un poids à chaque objectif afin d’en calculer l’impact final ;
-> Efficace dès lors que la monétarisation de coûts est difficile voire impossible
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Exemple:
Coefficient de
Projet A Note* Impact
pondération
Protection de
4 0,2 0,8
l’environnement
Coefficient de
Projet B Note* Impact
pondération
Protection de
4 0,6 2,4
l’environnement
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VIII. Synthèse méthodologique
⑥ Estimation des effets externes (souvent mis de côté car liés un tiers, impacts
sur l’environnement, la santé, le paysage, etc.)
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