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Machr1 171 0176
Machr1 171 0176
énergétique américaine ?
Perla Srour
Dans Monde Arabe 2001/1 (N° 171-172), pages 176 à 189
Éditions La Documentation française
ISSN 1241-5294
DOI 10.3917/machr1.171.0176
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Iraq : elfritement
de l'embargo a déclaré, lors de sa campagne électorale, qu'il figurerait panni ses priorités.
ou nouve lle .. Depuis 1990, l'Iraq subit un embargo international contraignant et les sanctions qui
176 l'accompagnent ont évolué durant cette décennie. C'est précisément une révision de l'actuel
régime des sanctions que veulent apporter les Etats-Unis.
L'embargo est l' objet de discussions internationales. Des pressions sont faites auprès
des Etats-Unis et à l'ONU en vue de sa levée. La France, la Russie et la Chine ont refusé
d' adopter la résolution 1284 du 17 décembre 1999 (voir doc. 1). Pour la Russie, cette résolu-
tion restera sans avenir si les bombardements américains et britanniques se poursuivent. La
Chine met également en garde « contre le recours arbitraire à la force» et, pour la France, le
désarmement du pays doit entraîner une levée et non la suspension des sanctions. La plupart
des pays arabes se prononcent régulièrement en défaveur de sanctions dont les conséquences
sont dramatiques pour la population civile.
( 1) L'onhographe anglophone du mot « Iraq » semble être la plus correcte puisque, phonétiquement, la leltre « q >> repré-
sente le ql!f' arabe.
Viennent ensuite, le 19 décembre 2000, la reprise de liaisons régulières, à raison d'un vol heb-
domadaire, de la compagnie aérienne égyptienne, Egypt Air, puis de la Russie qui établit
quatre vols hebdomadaires entre Moscou et Bagdad. Défiant l'ONU, l'Iraq choisit aussi de
relancer ses vols intérieurs, le 5 novembre 2000, tout en refusant d' en donner les horaires.
Si cet élan international est clairement une volonté de briser l'embargo, depuis le début
de 2001, cette tendance s'est nettement amenuisée. Pour le coordinateur de l'ONU, T. Myat,
ces vols humanitaires à destination de l'Iraq relèvent davantage du symbole que de la dé-
marche politique. L'Iraq semble partager ce sentiment puisqu'il demande, le 15 mars 2001, à
la Jordanie d'arrêter les vols charters à destination de Bagdad, dans la mesure où ils ne contri-
buent pas assez à affaiblir l'embargo. Certes, les vols continuent mais avec une fréquence
ralentie par rapport au« pic» du mois d'octobre 2000. Bagdad et Je reste du monde semblent
avoir pris conscience que cela n'entraînerait pas une levée des sanctions.
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l'Iran, l'Arménie et la Suisse par Je biais d' ouvertures de sections d' intérêts ou d'ambassades dossiers et
documents
à Bagdad.
Mais l'effiitement de l'embargo est moins lié à la reprise des vols humanitaires, com- 177
merciaux et civils et des relations diplomatiques, qu'au détournement de l'embargo par l'Iraq
sur les marchandises et, principalement, sur le pétrole.
L'Iraq a, ainsi, vendu du pétrole à des traders de faible importance tels que ltaltech
(Italie), Belmetalenegro (Biélorussie) et Fenar (Lichtenstein). En janvier 2001, BP et Exxon
Mobil décident d' acheter du brut iraqien par le biais d'intermédiaires, passant outre le contrô-
le de J'ONU. Des navires« pirates» détournant l'embargo sont saisis: le Koweït annonce, le
3 novembre 2000, la saisie dans ses eaux territoriales d' un pétrolier iraqien violant les sanc-
tions; l'Iraq se défend en affirmant que c'est un navire marchand et accuse Je Koweït de se
livrer à des actes de piraterie.
Avec ses trois voisins, la Turquie, la Jordanie et, récemment, la Syrie, Je détournement
est encore plus soutenu. Outre les marchandises qui transitent régulièrement de la Turquie vers
l'Iraq, via le Kurdistan, c'est précisément vers ces pays que le brut iraqien est le plus exporté
hors contrôle de l'ONU. Pétrole-Gaz Arabe, dans ses dernières livraisons, donne des chiffres
très explicites qui attestent de l' importance du détournement:
Selon les informations recueillies par le PGA , l'Iraq a exporté en février 2001, et d' une
manière « illégale», c'est-à-dire hors des volumes autorisés dans le cadre de Pétrole contre
nourriture de l'ONU et en plus des 100 000 b/j livrés à la Jordanie, 300 000-350 000 b/j , répar-
tis comme suit : près de 100 000 b/j exportés par camions-citernes vers la Turquie, 100 000 b/j
à travers les eaux territoriales iraniennes vers d'autres pays du Moyen-Orient ou par camions-
citernes vers la Syrie et Je Liban, et 100 000-1 50 000 b/j pompés à travers 1' oléoduc Kirkouk-
Banias vers les raffineries syriennes. Ces exportations sont réalisées moyennant une forte
réduction du prix par rapport à ceux du marché et assurent à l' Iraq des revenus de l'ordre de
2,2 MM$ par an qui échappent au contrôle de 1' ONU (2).
Une telle évolution dépasse, de loin, le cadre régional. La compagnie Shell annonce,
dans un rapport de janvier 2001, qu'elle a engagé des discussions avec les Iraqiens pour dé-
velopper les champs pétroliers alors qu 'au mois de décembre 2000, l'Iraq avait vendu, en
Monde arabe marge du programme de l'ONU, Pétrole contre nourriture (5), directement à des compagnies
Maghreb russes (6), notamment Lukoil dont les représentants se sont rendus en Iraq pour une réexploi-
Machrek tation des gisements pétroliers. Ceci tend à prouver qu 'après 1'augmentation des ventes se pré-
N° 171-172
janv.-j uin 2001 pare déjà l'après-levée des sanctions avec le développement de la production.
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Iraq : effritement
de l'embargo • Une nouvelle politique américaine
ou nouvelle ..
178 La nouvelle administration Bush souligne son changement de politique vis-à-vis de
l' Iraq en menant, le 16 février dernier, des frappes aériennes avec l'aide de l'aviation britan-
nique. S'il est vrai que les forces aériennes américano-britanniques pilonnent quasi quoti-
diennement les deux zones d'exclusion situées au nord et au sud de l'Iraq depuis 1991, c'est,
pourtant, la première fois que, depuis la fin de la guerre du Golfe, les frappes visent la région
de Bagdad : 24 avions américains et britanniques bombardent des postes de commandement
et de contrôle de la défense anti-aérienne iraquienne situés à une distance maximum de 30 km
de Bagdad et provoquent la mort de 3 civils, en blessant 30 autres.
Dans quel but ces raids sont-ils organisés hors des zones d'exclusion aérienne? Les
Etats-Unis ont-ils voulu réaffirmer leur politique face à la volonté internationale et régionale
de briser l'embargo? Ont-ils voulu détourner l'attention internationale de la situation critique
du conflit israélo-palestinien? Ou, au contraire, attirer cette attention vers l' Iraq pour pouvoir
préparer le réajustement de leur politique? Les démarches internationales et iraquiennes pour
briser l'embargo ont pris une telle ampleur qu'on peut être amené à penser que les raids ont
été un signal de la nouvelle administration Bush pour freiner cet élan. De fait, les liaisons
aériennes ont fortement diminué depuis.
Au lendemain des bombardements, la Grande-Bretagne parle de décision «conjointe»
avec les Etats-Unis et déclare qu'elles sont confonnes au droit international. Les Etats-Unis
justifient ces raids en précisant qu'ils constituent une réponse à l'augmentation des opérations
iraquiennes de défense aérienne. Les Américains accusent, d'ailleurs, l'Iraq d'avoir fait appel
à des experts chinois pour construire un réseau souterrain de fibres optiques pennettant de ren-
forcer de façon significative la défense anti-aérienne iraquienne. L'Iraq et la Chine démentent
officiellement ces accusations, soulignant qu'elles servent à tromper l'opinion publique.
(3) Idem.
(4) Id
(5) Voir document 1.
( 6) Voir Nord Sud Export du 16 mars 200 1.
Ces raids provoquent de vives réactions, en particulier de l'Iraq qui tente de riposter en
examinant les mesures militaires à adopter. Des manifestations groupent près de 10 000 per-
sonnes en Iraq tandis que Bagdad rompt ses relations avec le Canada et la Pologne qu'il accuse
d'avoir soutenu les raids. L'indignation dans le monde arabe est significative : la Syrie, la
Jordanie, 1'Algérie, la Tunisie condamnent violemment les frappes en critiquant la politique
américaine. Les Palestiniens expriment leur soutien aux Iraqiens en organisant de grandes
manifestations dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Les Saoudiens, alliés de longue date
des Américains dans la région, se joignent aux critiques. Sur la scène internationale, la Russie
accuse la nouvelle administration américaine d'ignorer les normes internationales humani-
taires. La France, la Norvège, la Chine, la Turquie les dénoncent; l' Italie et l'Irlande se disent
préoccupées et regrettent l'usage de la force.
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faits, à un assouplissement des sanctions, même si ce mot n'est jamais prononcé. Le même
documents
jour, George Bush annonce, lors de sa première conférence de presse à la Maison-Blanche :
«Nous ne tolérons pas que le président iraqien, Saddam Hussein, développe des armes de des- 179
truction massive et nous attendons de lui qu'il ne menace pas ses voisins. Si nous estimons
qu'ille fait, il y aura des conséquences. J'ai dit que le régime des sanctions, c'était comme le
gruyère. Cela voulait dire qu'elles n' étaient pas efficaces. Nous allons passer en revue l'ac-
tuelle politique des sanctions afin de les rendre plus efficaces ». Quelques jours plus tard, le
Premier ministre britannique Tony Blair se rend à Washington pour rencontrer le président
américain et étudier la politique à envisager afin de rendre les sanctions plus «efficaces ».
Puis, Colin Powell affinne début mars que« la révision des sanctions internationales ne cons-
titue pas un allégement. Parler d'allégement ou de relâchement n'est pas exact. Nous sommes
en train de tenter de réparer un système de sanctions qui est en train de s'écrouler».
La question de la révision des sanctions intervient dans un débat à Washington portant
sur la nouvelle politique énergétique à adopter. Un rapport préparé par un groupe de travail
(Task Force) dirigé par le vice-président américain met l'accent sur la nécessité de dévelop-
per la production pétrolière et gazière pour répondre aux besoins croissants aussi bien des
Etats-Unis que mondiaux. Afin d'atteindre cet objectif, le rapport conseille une« reformula-
tian» de la politique des sanctions qui frappent trois grands pays exportateurs: l'Iran, la Libye
et l'Iraq qui possèdent près du quart des réserves pétrolières prouvées dans le monde. Ce rap-
port rejoint les conclusions du récent rapport du Center for Strategie and International Studies
(voir doc. 3), ces deux textes soulignant le rôle crucial de l'Iraq dans la couverture de ces
besoins.
La révision des sanctions- envisagée afin de faire face à l' augmentation des besoins
énergétiques mondiaux et américains- est annoncée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne,
après qu'ils aient multiplié les tractations diplomatiques au sein du Conseil de sécurité en se
félicitant d'y avoir créé un «consensus ». En effet, le 17 mai, les Etats-Unis présentent aux
quatre autres membres permanents une révision axée sur« un strict contrôle de tous les biens
à caractère militaire tout en facilitant l'importation de biens civils». La Grande-Bretagne pro-
pose de lever l'embargo sur toutes les marchandises civiles importées par l'Iraq en autorisant
donc plus d'aide économique et humanitaire. En vertu de quoi, les paiements des exportations
illicites de pétrole iraqien vers la Turquie, la Jordanie, la Syrie et l'Iran devront être versés sur
le compte de l'ONU. La Norvège soutient la proposition américano-britannique mais la
France, la Chine et la Russie préfèrent attendre de lire la proposition détaillée des
Britanniques.
L'Iraq rejette ce plan et menace d'arrêter ses exportations illicites de pétrole vers la
Turquie et la Jordanie si elles coopèrent au nouveau plan de « sanctions intelligentes », en
d ' autres tennes, si ces deux pays acceptent de légaliser leur importation de pétrole iraqien
sous l' égide de l'ONU . Le vice-premier ministre iraqien Tarek Aziz affinne que son pays ne
vendra pas un seul baril de brut dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture si le
Conseil de sécurité adopte la révision des sanctions. Finalement, la France se déclare prête à
travailler rapidement sur le sujet mais la Chine et la Russie estiment qu ' elles ne sont pas en
mesure de voter sur cette résolution avant le renouvellement de la prochaine phase du pro-
gramme, le 4 juin 2001. Il est vraisemblable que l'examen du texte et la recherche d'un accord
prendront plus de temps.
La Chine et la Russie sont favorables à une levée pure et simple de l'embargo. Le
Conseil de sécurité choisit de prolonger le programme Pétrole contre nourriture d'un mois
Monde arabe
Maghreb
seulement contre les six mois habituels afin de prendre le temps d ' étudier les propositions de
Machrek révisions des sanctions. Face à l' annonce de ce prolongement d ' un mois, l'Iraq réitère sa
N° 171-172 menace d ' interrompre ses exportations pétrolières. Le 31 mai 2001 , les cinq membres perma-
janv.-juin 2001
nents approuve à l' unanimité le projet de révision applicable dès le 3 juillet.
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Iraq : effritement
Les signes d'effritement de l'embargo ont aidé l'opinion internationale à envisager une
de l'embargo
ou nouve lle .. nouvelle politique de sanctions. Seulement, cette politique reste conditionnée par les intérêts
180 énergétiques mondiaux. Ce remaniement des sanctions, mettant en avant des principes sécu-
ritaires, va-t-il enfin pennettre à la population iraquienne de sortir du marasme dans lequel elle
se trouve encore ?
Les résolutions 661, 687, 986 et 1284 éclairent sur l'évolution du régime des sanctions
de 1990 à 1999.
« Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 660 (2 août 1990),
1. Constate que, jusqu'à présent, l'Iraq n'a pas respecté le paragraphe 2 de la résolu-
tion 660 (1990) et a usurpé l'autorité du gouvernement légitime du Koweït ;
( ...... .. .)
a) l' importation sur leur territoire de tous produits de base et de toutes marchandises
en provenance de l' Iraq ou du Koweït qui seraient exportés de ces pays après la date de la pré-
sente résolution,
b) toutes activités menées par leurs nationaux ou sur leur territoire qui auraient pour
effet de favoriser l'exportation ou le transbordement de tous produits de base ou de toutes mar-
chandises en provenance de l' Iraq ou du Koweït, ainsi que toutes transactions faisant interve-
nir leurs nationaux ou des navires battant leur pavillon ou menées sur leur territoire, portant
sur des produits de base ou des marchandises en provenance de l'Iraq ou du Koweït et expor-
tées de ces pays après la date de la présente résolution y compris, en particulier, tout transfert
de fonds à destination de l'Iraq ou du Koweït aux fins de telles activités ou transactions,
c) la vente ou la fourniture par leurs nationaux ou depuis leur territoire ou par l'inter-
médiaire de navires battant leur pavillon de tous produits de base ou de toutes marchandises,
y compris des armes ou tout autre matériel militaire, que ceux-ci proviennent ou non de leur
territoire, mais non compris les fournitures à usage strictement médical et, dans des cas où des
considérations humanitaires le justifient, les produits alimentaires, à toute personne physique
ou morale se trouvant en Iraq ou au Koweït ou à toute autre personne physique ou morale aux
fins de toute activité commerciale menée sur ou depuis le territoire de l'I raq ou du Koweït
ainsi que toutes activités menées par leurs nationaux ou sur leur territoire qui auraient pour
effet de favoriser ou sont conçues pour favoriser la vente ou la fourniture dans les conditions
sus-indiquées de tels produits de base ou de telles marchandises ;
Monde arabe
4. Décide que tous les Etats s'abstiendront de mettre à la disposition du gouvernement Maghreb
iraqien ou de toute entreprise commerciale, industrielle ou de services publics sise en Iraq ou Machrek
au Koweït des fonds ou toutes autres ressources financières ou économiques et empêcheront w 171-172
janv.-juin 2001
leurs nationaux et toutes personnes présentes sur leur territoire de transférer de leur territoire
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ou de mettre, par quelque moyen que ce soit, à la disposition du gouvernement iraqien ou des dossiers et
documents
entreprises susvisées de tels fonds ou ressources et de verser tout autre fonds à des personnes
physiques ou morales se trouvant en Iraq ou au Koweït, à l'exception des paiements destinés
181
exclusivement à des fins strictement médicales ou humanitaires et, dans des cas où des consi-
dérations humanitaires le justifient, des produits alimentaires ;
5. Demande à tous les Etats, y compris aux Etats non membres de l'Organisation des
Nations unies, d'agir de façon strictement confonne aux dispositions de la présente résolution
nonobstant tout contrat passé ou toute licence accordée avant la date de la présente résolution ;
( ......... )
7. Demande à tous les Etats de coopérer pleinement avec le comité, notamment en lui
communiquant les infonnations qu'il pourrait leur demander en application de la présente
résolution ;
( .. . ...... )
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Iraq : effr itement
de l'embargo
ou nouvelle .. ( ......... )
182
9. ( ... )
a) L'Iraq remettra au secrétaire général, dans les quinze jours suivant l'adoption de la
présente résolution, une déclaration précisant l'emplacement de tous les articles énumérés au
paragraphe 8, avec indication des quantités et des types, et acceptera qu ' il soit procédé d'ur-
gence à une inspection( ... );
b) Dans les quarante-cinq jours suivant l' adoption de la présente résolution, le secré-
taire général,( ... ), élaborera et soumettra à l' approbation du Conseil un plan prévoyant l'ac-
complissement des opérations ci-après dans les quarante-cinq jours suivant ladite approba-
tion:
i) constitution d' une commission spéciale qui procédera immédiatement à une inspec-
tion sur place des capacités biologiques et chimiques de l'Iraq et de ses capacités en missiles,
en se fondant sur les déclarations iraquiennes, et désignation éventuelle, par la commission
spéciale elle-même, d'emplacements supplémentaires,
ii) remise à la commission spéciale, pour qu'elle les fasse détruire, enlever ou neutra-
liser, eu égard aux impératifs de la sécurité publique, de tous les articles visés à l'alinéa a) du
paragraphe 8, y compris les articles se trouvant dans les emplacements additionnels désignés
par la commission spéciale aux termes des dispositions de l'alinéa 1 ci-dessus, et destruction
par l'Iraq, sous la supervision de la commission spéciale, de toutes ses capacités en missiles,
y compris les lanceurs visés à l'alinéa b) du paragraphe 8,
( ......... )
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dices visés au paragraphe 16 et de constituer une commission qui sera chargée de gérer ce dossiers et
documents
Fonds et charge le secrétaire général d'élaborer et de soumettre à sa décision, dans les trente
jours, des recommandations ayant trait au fonctionnement du Fonds d'indemnisation et à un 183
programme d'application des décisions énoncées aux paragraphes 16 à 18, sur les points sui-
vants: la gestion du Fonds; le mode de calcul de la contribution de l'Iraq au Fonds qui repré-
sentera un certain pourcentage de la valeur de ses exportations de pétrole et de produits pétro-
liers, à concurrence d' une limite proposée au Conseil par le secrétaire général, et déterminée
compte tenu des besoins du peuple iraqien, de la capacité de paiement de l' Iraq,( .. .)
20. Décide, avec effet immédiat, que les interdictions énoncées dans sa résolution 661
( 1990) et visant la vente ou la fourniture à 1'Iraq de produits de base ou de marchandises autres
que les médicaments et les fournitures médicales ainsi que les transactions financières
connexes cessent de s'appliquer aux livraisons de denrées alimentaires notifiées du comité
créé par la résolution 661 (1990) concernant la situation entre l'Iraq et le Koweït et, sous ré-
serve de l'approbation au comité qui appliquera, à cet effet, la procédure simplifiée et accélé-
rée d'« approbation tacite», aux produits et fournitures que le secrétaire général a signalés,
dans son rapport du 20 mars 1991 (S-22366), comme étant de première nécessité pour la
population civile ou qui seront désignés comme tels par le comité après nouvelle évaluation
des besoins humanitaires ;
( ......... )
22. Décide que, lorsqu'il aura approuvé le programme dont il demande l'établissement
au paragraphe 19 et aura constaté que l'Iraq a pris toutes les mesures prévues aux para-
graphes 8 à 13, les interdictions énoncées dans la résolution 661 (1990) touchant l'importa-
tion de produits de base et de marchandises d'origine iraquienne et les transactions financiè-
res connexes seront levées ;
( ......... )
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Iraq : effritement
de l'embargo
ou nouvelle ..
Le 14 avril 1995, 1'ONU adopte la résolution 986. Dite de« Pétrole contre nourrture »,
184
autorisant Bagdad, pour des raisons humanitaires, à procéder à des ventes limitées de pétrole.
(( ( ... )
Préoccupé par la gravité de la situation alimentaire et sanitaire de la population ira-
quienne et par le risque de voir s'aggraver encore cette situation,
a) Pour faire en sorte que chaque transaction soit transparente et confonne aux autres
dispositions de la présente résolution, approbation, par le comité créé par la résolution 661
( 1990), de chaque achat de pétrole et de produits pétroliers iraqiens, sur présentation par 1' Etat
concerné d'une demande, approuvée par le gouvernement iraqien, où figureront des détails
concernant la fixation d'un prix d'achat équitable, l'itinéraire qu'emprunteront les marchan-
dises exportées, l'émission d'une lettre de crédit à l'ordre du compte séquestre qui doit être
ouvert par le secrétaire général aux fins de la présente résolution, et toute autre transaction
financière ou autre transaction essentielle se rapportant directement à cette opération,
b) Versement direct par l'acheteur de l'Etat concerné du montant intégral de tout achat
de pétrole et de produits pétroliers iraqiens sur le compte séquestre( ... ) ;
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dossiers et
documents
6. Demande au comité créé par la résolution 661 ( 1990) de superviser la vente de pé-
trole et de produits pétroliers qui seront exportés d' Iraq vers la Turquie, par l'oléoduc 185
Kirkouk-Yumurtalik et à partir du tenninal pétrolier de Mina al-Bakr, avec l'aide d'inspec-
teurs indépendants nommés par le secrétaire général qui tiendront le comité infonné de la
quantité de pétrole et de produits pétroliers exportés par l'Iraq après la date d'entrée en
vigueur du paragraphe 1 de la présente résolution, et vérifieront que le prix d'achat du pétrole
et des produits pétroliers est raisonnable, compte tenu des prix pratiqués sur le marché, et que,
aux fins des arrangements énoncés dans la présente résolution, la part la plus importante du
pétrole et des produits pétroliers est acheminée par l'oléoduc Kirkouk-Yumurtalik et le reste
à partir du tenninal pétrolier de Mina al-Bakr ;
7. Prie le secrétaire général d'ouvrir un compte séquestre aux fins énoncées dans la pré-
sente résolution, de nommer des comptables publics indépendants et agréés pour vérifier ce
compte, et de tenir le gouvernement iraqien pleinement infonné ;
( ......... )
a) L'exportation vers l'Iraq des pièces et du matériel qui sont essentiels pour assurer la
sécurité du fonctionnement de l'oléoduc Kirkouk-Yumurtalik en Iraq, sous réserve de l'ap-
probation préalable de chaque contrat d'exportation par le comité créé par la résolution 661
(1990);
( ......... )
14. Décide que le pétrole et les produits pétroliers visés dans la présente résolution,
aussi longtemps que propriété de l'Iraq, jouiront de l'immunité de juridiction ainsi que de
toute fonne de saisie, saisie-arrêt ou saisie-exécution, et que tous les Etats prendront toutes les
mesures requises en droit interne pour donner effet à cette protection et pour garantir que Je
produit des ventes ne soit pas utilisé à des fins autres que celles stipulées dans la présente réso-
lution; »
( ......... ).
« Le Conseil de sécurité a,
Monde arabe
( ..... . ... )
Maghreb
Machrek 1. Décidé de constituer, en tant qu'organe subsidiaire du Conseil, la Commission de
N° 171-172 contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Cocovinu) qui remplace la com-
janv. -juin 2001 mission spéciale créée par l'alinéa b) du paragraphe 9 de la résolution 687 ( 1991) ;
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Iraq : effritement 2. Décide également que la Cocovinu assumera les responsabilités confiées à la com-
de l'embargo
ou nouvelle .. mission spéciale par le Conseil pour ce qui est de la vérification du respect par l'Iraq des obli-
186 gations qui lui incombent en vertu des paragraphes 8, 9 et 10 de la résolution 687 ( 1991) et
d'autres résolutions pertinentes, que la Cocovinu créera et appliquera, ainsi que l'a recom-
mandé le groupe d'experts sur les questions touchant le désannement et les activités actuelles
et futures de contrôle et de vérification, un régime renforcé de contrôle et de vérification conti-
nus qui exécutera le plan approuvé par le Conseil dans sa résolution 715 ( 1991) et traitera des
questions de désarmement non réglées, et que la Cocovinu désignera en Iraq, si n.écessaire et
confonnément à son mandat, des sites supplémentaires que devra couvrir le régime renforcé
de contrôle et de vérification continus ;
( ......... )
a) de prendre toutes les mesures voulues pour assurer la distribution en temps voulu et
de manière équitable de toutes les fournitures humanitaires, en particulier les fournitures
médicales, d' éliminer et éviter tout retard au niveau de ses entrepôts,
b) de subvenir efficacement aux besoins des groupes vulnérables, panni lesquels les
enfants, les femmes enceintes, les personnes handicapées, les personnes âgées et les malades
mentaux, et de pennettre aux organismes des Nations unies et aux organisations à vocation
humanitaire d'avoir plus facilement accès, sans discrimination aucune, notamment fondée sur
la religion ou la nationalité, à tous les secteurs et groupes de la population, aux fins d'évalua-
tion de leur état nutritionnel et humanitaire,
d) de veiller à ce que les personnes déplacées contre leur gré reçoivent une aide huma-
nitaire sans devoir prouver qu'elles résident depuis six mois à leur lieu de résidence tempo-
raire,
e) de coopérer pleinement au programme de déminage que le Bureau des Nations unies
pour les services d'appui aux projets exécute dans les trois gouvernorats du Nord de l'Iraq et
d'envisager de lancer des actions de déminage dans les autres gouvernorats ; »
2000
3 avril. - Un avion privé italien, en provenance de Rome (via Amman), atterrit à
Bagdad.
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dossiers et
cins et l'équipe nationale de football. 5, un avion d'Air Algérie atterrit avec une délégation de documents
70 personnes tandis qu'un avion émirati décolle vers Bagdad avec 40 personnes et 10 tonnes
187
de médicaments. 8, un avion syrien arrive à Bagdad pour la première fois depuis 20 ans. 9, un
avion turc atterrit à Bagdad avec de l'aide humanitaire ainsi qu ' un avion égyptien avec
175 personnes. 13, deux avions soudanais atterrissent à Bagdad avec à son bord des person-
nalités politiques et des cargaisons humanitaires. 18, des agronomes arabes se rendent en Irak
avec un avion syrien. 25, un avion espagnol atten·it à Bagdad avec une délégation de 35 per-
sonnes. 27, le ministre des Transports, A. Mourtada, annonce l'établissement de 4 vols heb-
domadaires réguliers entre Moscou et Bagdad. 31, un avion irlandais arrive à Bagdad avec de
l'aide humanitaire.
1"-30 novembre.- 1", un avion mauritanien tente de se rendre à Bagdad, les autorités
iraquiennes refusent ce vol sous prétexte que la Mauritanie a rétabli des liens avec Israël. 7,
un avion de la compagnie privée France Occitania atterrit à Bagdad. 11, un avion d'une com-
pagnie grecque arrive à Bagdad. 14, 130 intellectuels jordaniens se rendent par avion en Iraq.
25, une délégation de l'Union marocaine des avocats se rend à Bagdad à bord d' un avion
marocain. 30, le premier vol commercial est organisé par Royal Jordan vers Bagdad.
1"-25 décembre.- 1", dans le cadre de l'opération «Un avion pour l'Iraq», la com-
pagnie Aigle Azur effectue un vol direct entre Paris et Bagdad avec 110 personnes. Un
deuxième vol français de la compagnie AOM décolle vers Bagdad via la Syrie. 5, l'ambassa-
deur russe à Bagdad indique que son pays mène des concertations avec l'ONU pour organiser
des vols réguliers vers Bagdad. 17, lraqi Airways annonce que 5 compagnies vont assurer des
vols réguliers. 18, un avion annénien et un avion turc atterrissent à Bagdad. 19, Egypt Air
annonce son intention d'établir un vol charter hebdomadaire sur Bagdad. 22, une délégation
chinoise se rend en Iraq en compagnie de 69 hauts fonctionnaires chinois. 25, un avion ukrai,
nien atterrit à Bagdad.
2001
1"-23 janvier. - 1", un avion d' Egypt Air arrive à Bagdad. 10, le comité des sanctions
de l'ONU suspend, à la demande des Etats-Unis, une autorisation d'un vol humanitaire
d' Egypt Air. 13, un ex-ministre de la Justice américain arrive à Bagdad à bord d'un avion de
la Royal Jordanian avec 50 militants américains opposés à l'embargo. 19, une délégation offi-
cielle vietnamienne se rend à Bagdad à bord d'un avion transportant de l'aide humanitaire. 23,
le comité des sanctions de l'ONU décide de bloquer un vol humanitaire italien.
12-25 février.- 12, l'Iraq affirme reprendre sa liaison aérienne avec la Syrie après l'ar-
rivée d'un vol en provenance de Damas. L'aviation syrienne affirme qu'il s' agit d'un avion
privé et qu'il ne signifie pas la reprise des liaisons régulières. 25, une délégation de 180 per-
sonnalités égyptiennes à Bagdad.
15 mars. - L' Iraq demande à la Jordanie d' arrêter les vols charters vers Bagdad esti-
mant qu ' ils ne contribuaient pas à briser l'embargo.
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Iraq : effritement
de l'embargo l'Iraq :
ou nouvelle .. -admettre l'échec de la commission de désarmement de l'ONU et le fait que l'Unmovic fait
188 plus de mal que de bien s' il retourne en Iraq;
-avouer l'inefficacité de l'opposition iraquienne ;
- lancer une véritable campagne pour contrer S. Hussein dans les détournement du pro-
gramme Pétrole contre nourriture ;
-tenir compte de l'avenir des populations kurdes d'Iraq;
-développer une politique énergétique vis-à-vis de l'Iraq ;
- redynamiser l' endiguement militaire de l'Iraq. »
Parallèlement à l'annonce des rapports énergétiques de l'administration Bush, le CSIS
propose un rapport concernant le futur économique des pays du Moyen-Orient et la capacité
de leur économie pétrolière à répondre à la demande économique globale. A. Cordesman du
CSIS précise :
« Si nous voulons le pétrole, il est urgent de réviser notre politique envers le Moyen-
Orient. Nous devons encourager de nouveaux partenaires pétroliers et repenser entièrement
nos sanctions envers des pays clés tels que l' Iraq, l'Iran et la Libye. ( .. .) Le département de
l'Energie vient juste de faire paraître des chiffres indiquant que le Moyen-Orient devait ac-
croître sa production pétrolière en passant de 39 Mb/j à plus de 70 Mb/j en 2020 ou, plus clai-
rement, passer de 43 à 51 % de la production mondiale. Il est certain que, pour arriver à cela,
le Moyen-Orient doit régler ses problèmes internes de sécurité, notamment celui de la mena-
ce iraquienne et celui de l'Intifada qui déstabilisent la région.( ... ) En ce qui concerne l'ave-
nir des sanctions, nous n'avons absolument pas de chances d'unifier le Conseil de sécurité de
l'ONU concernant la révision des sanctions ou de créer un contrôle des investissements pétro-
liers en Iraq. La France, la Russie et la Chine s'opposeront à nous ainsi que les pays arabes et
les pays en voie de développement.( ... ) Des sanctions intelligentes envers l'Iraq sont atten-
dues depuis longtemps et peuvent aider à corriger une faille dans notre politique étrangère.
L'Iraq est une nation qui détient à peu près Il % des réserves pétrolières mondiales et qui n'a
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Machrek
N° 171-172
janv.-juin 2001
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