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Introduction :
(Accroche) : Alcofribas Nasier, c’est l’anagramme que François Rabelais utilise pour se
protéger de la censure est né à la fin du 15ème siècle, moine puis médecin est un érudit
passionné de culture antique
Il est connu notamment pour Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), des œuvres comiques
et satiriques relatant les aventures d’une famille de géants et leurs amis. Mais derrière
l’exubérance et le rire de ces œuvres se cache une réflexion humaniste sur l’homme.
(Présentation de l’œuvre) : Vous connaissez l’Ogre des contes de fée. Personnage effrayant,
destructeur : il dévore les enfants ; du côté de la négativité, c’est une figure mortifère.
Hé bien Gargantua est exactement l’inverse : son gigantisme est un prodige… Tout est
générosité chez lui — sa gorge est déployée pour boire, comme Dionysos, dieu des excès et
du vin…. Mais aussi pour rire : il ne mange pas les enfants, non ! Comme un livre, il les élève
et les fait grandir : c’est un géant de papier.
Et ainsi, ce qu’il avale et ce qu’il répand, c’est de l’intelligence (qui nourrit), du langage (qui
est mâché), de la connaissance (qui est digérée) et tout cela donne une écriture romanesque
débordante, parfois considérée comme fondatrice du roman moderne.
Ecrit en 1534, Gargantua nous raconte l’histoire du géant. Sa naissance extraordinaire, ses
vêtements, son gout démesuré pour la nourriture et les boissons.
Gargantua bénéficie d’abord d’une éducation traditionnelle dispensée par des théologiens
qui lui font apprendre les choses par cœur. Cette méthode est un échec, il devient « tout
réveur et assoti »(chap 15).
Son éducation est alors confiée à Ponocrates, un professeur humaniste qui lui fait suivre un
programme où l’exercice intellectuel, physique et l’hygiène du corps sont importants. Grace
à cette éducation, Gargantua est transformé.
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Premier mouvement Un prologue plaisant et burlesque
Le prologue de Gargantua est précédé d’une apostrophe au lecteur dans laquelle Rabelais
identifie les lecteurs à des "buveurs" défigurés « vérolés » => cette apostrophe place
d'emblée le prologue dans le registre comique. Le public est tourné en ridicule : "vous
pensez trop facilement » afin de piquer le lecteur dans son orgueil.
Rabelais utilise un champs lexical du rire «des figures drôles et frivoles », « inciter les gens à
rire », « toujours riant », «toujours se moquant », «moquerie et plaisanterie » : Il s’agit bien
de chercher le rire du lecteur.
Alors qu’au début, Rabelais cite Platon: “Alcibiade, dans un discours de Platon intitulé Le
Banquet” le titre du discours, “le banquet” l’inscrit tout de suite dans un contexte festif. La
comparaison d’Alcibiade est drôle et peu respectueuse au premier abord, puisqu’il
compare son maître Socrate à une boîte en forme de Satyre
Dans un premier temps la description de Socrate est burlesque. Ce grand philosophe est
en effet animalisé : « nez pointu », « regard de taureau ». Les référence qui lui sont associés
sont marquées par la négation « n’en auriez pas donné une pelure d’oignon », « infortuné »,
« inapte » Il y a véritablement un plaisir des mots dans l’accumulation des termes
dépréciatifs : “laid, ridicule, fou, simple, rustique, malheureux, inapte…”
Puis le même plaisir de l’énumération est mis en œuvre, mais cette fois-ci pour valoriser
les qualités du philosophe : “ une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus
qu'humaine, une force d'âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale,
une égalité d'âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable » ce sont à
chaque fois des adjectifs mélioratifs
Dans ce prologue , Rabelais dévoile à son lecteur la dimension dionysiaque de son écriture.
L’esthétique dionysiaque est une esthétique de la démesure, de l’ivresse, de l’instable et
de l’enthousiasme. L’apostrophe « buveurs très illustres » place d’emblée le lecteur dans cet
univers. Rabelais invite à lire Gargantua comme on boirait du vin, pour en tirer une ivresse
joyeuse.
Rabelais fait également référence dans son texte à Silène qui est dans la mythologie
grecque, le père adoptif du dieu Dionysos ou « Bacchus » pour les romain, dieu de l’ivresse.
Ce thème de l’ivresse transparait dans l’écriture à travers de nombreuses énumérations
délirantes : «harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs
attelés, et autres figures contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire ». Cette
énumération semble ne jamais s’arrêter comme si l’auteur était emporté par une ivresse
littéraire.
L’énumération des œuvres est encore plus révélatrice de cette ivresse stylistique :
« Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte. La dignité des braguettes, des pois au lard avec
commentaire, etc. » Les deux premières œuvres citées sont bien celles de Rabelais mais les
suivantes ont des titres fantaisistes ce qui promet une écriture marquée par la spontanéité
et la joie.
Derrière cette écriture fantaisiste se cache une œuvre à visée philosophique . Le prologue
est destiné à nous avertir de cette double lecture.
Conclusion :
(Reprise des conclusions des mouvements) : Dans cette préface, Rabelais s’adresse
directement à ses lecteurs, un peu comme s’il était avec eux dans une taverne. Sur le ton de
l’humour, il utilise des images étonnantes et grotesques qu’il met en scène.
(Réponse à la problématique) Toutes ces images sont liées, elles construisent le même jeu
d’opposition : d’une part, l’apparence extérieure est joyeuse, drôle ou grotesque, et
d’autre part, l’intérieur est profond, difficile à atteindre, mais d’une grande valeur.
Ces métaphores représentent précisément le discours de Rabelais et son but dans l’écriture
de ses livres :, il souhaite amener les êtres humains à devenir plus savants, il pense que
l’instruction et la connaissance sont la clé d’une société plus harmonieuse.
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