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Définition étymologique :

La syntaxe, d’un point de vue étymologique, est l’étude des combinaisons


d’unités, elle se centre sur l’agencement et l’interdépendance des unités, elle
étudie la position des unités dans la phrase et même les relations entre les unités.

La syntaxe analyse les critères qui déterminent la séquence des mots dans une
phrase simple. Par exemple, dans de nombreuses langues, il existe un ordre
spécifique sujet-verbe-objet. Elle se penche sur la classification des mots en
différentes classes grammaticales (verbes, noms, adjectifs, etc.). Elle examine
également les fonctions spécifiques que ces unités remplissent dans une phrase,
comme le sujet, le prédicat, l'objet, etc. La syntaxe explore comment les unités
grammaticales interagissent fonctionnellement les unes par rapport aux autres au
sein d'une phrase. Elle examine les relations entre les propositions dans des
phrases complexes. Elle analyse la manière dont les phrases peuvent être
décomposées en unités plus petites (comme des constituants) et comment ces
unités sont construites pour former des phrases complexes. La syntaxe
s'intéresse aux différentes structures possibles des phrases, qu'elles soient
simples ou complexes, déclaratives ou interrogatives, etc. Elle étudie comment
une unité peut influencer ou contraindre une autre, formant ainsi des
constructions grammaticales spécifiques. Elle s’intéresse aux structures sous-
jacentes sur l’axe syntagmatique et les structure de surface.

La définition épistémologique :

D’un de vue épistémologique, la syntaxe revêt deux facettes complémentaires :


la syntaxe de l'énonciateur et la syntaxe de descripteur. La syntaxe de
l'énonciateur explique la capacité de l’énonciateur à organiser inconsciemment
les mots et les groupes de mots pour former un énoncé. Les locuteurs natifs
appliquent intuitivement des règles syntaxiques spécifiques sans nécessairement
être conscients de ces règles. C'est un processus internalisé résultant de
l'exposition et de l'utilisation régulière de la langue. L'énonciateur utilise le code
grammatical de sa langue pour organiser les éléments linguistiques de manière à
transmettre un sens compréhensible. La syntaxe de descripteur, quant à elle, se
positionne du côté de celui qui analyse l'énoncé. Les linguistes, grammairiens et
chercheurs adoptent cette perspective analytique pour étudier la structure
syntaxique des langues. Cette perspective analytique implique la classification
et l'explication des structures grammaticales observées dans les énoncés. Elle
vise à identifier et à catégoriser les différentes structures syntaxiques. Elle
cherche également à expliquer ces structures.

Point de Vue Classificatoire : Cette perspective adopte une approche


classificatoire en se concentrant sur les parties du discours et leur arrangement
au sein de la phrase. Les classes de mots, telles que les noms, les verbes, les
adjectifs, etc., sont identifiées et classées en fonction de leurs caractéristiques
grammaticales et sémantiques. C'est à partir de ce point de vue classificatoire
que se sont développées certaines des premières théories syntaxiques,
notamment celles de Tesnière et de Guillaume. Ces théories cherchent à établir
des règles systématiques régissant la manière dont les différentes classes de
mots interagissent dans la formation des phrases. Exemple : Une analyse
syntaxique selon cette perspective pourrait se pencher sur la manière dont les
noms et les verbes s'agencent pour former des phrases grammaticalement
correctes. On examine comment ces classes de mots interagissent pour exprimer
des idées et des relations.

La syntaxe structurale vise à dévoiler la réalité structurale sous-jacente derrière


l'apparence linéaire de la langue parlée. Au lieu de se concentrer uniquement sur
l'ordre linéaire des mots dans une phrase, Tesnière cherche à identifier les
relations structurales qui existent entre ces mots. Tesnière classe les mots en
différentes catégories grammaticales en fonction de leur rôle syntaxique. Selon
Tesnière, il existe trois relations syntaxiques: la connexion, la translation et la
jonction.

La connexion : la connexion fait référence aux relations entre les éléments d’une
phrase. Dans l’unité supérieure, chaque unité dépend à l’autre unité.

La translation : Tesnière cherche à établir une relation précise entre la manière


dont un mot fonctionne dans une phrase (son rôle ou sa fonction grammaticale)
et sa catégorie grammaticale. Il existe une relation un-à-un entre la fonction et la
catégorie grammaticale. En d'autres termes, chaque fonction grammaticale
spécifique devrait correspondre de manière unique à une catégorie grammaticale
spécifique, et vice versa.

La jonction : La jonction est considérée comme l'équivalent de la coordination


telle qu'elle est définie dans la grammaire traditionnelle. Tesnière distingue deux
formes de jonction. La jonction avec jonctif correspond à ce que l'on connaît
comme une conjonction de coordination dans la grammaire traditionnelle. Ces
conjonctions incluent des mots. D'autre part, la jonction sans jonctif correspond
à la juxtaposition traditionnelle, où les éléments sont simplement placés côte à
côte sans l'utilisation explicite d'une conjonction. Dans le schéma de Tesnière, la
jonction est représentée visuellement par un trait horizontal appelé "trait de
jonction". Ce trait relie les éléments en jonction ou en juxtaposition, indiquant
ainsi la relation syntaxique entre eux. La "jonction" selon Tesnière décrit
comment les éléments syntaxiques peuvent être coordonnés, que ce soit avec
l'utilisation de conjonctions (jonction avec jonctif) ou par simple placement côte
à côte (jonction sans jonctif).

Tesnière utilise un diagramme appelé "stemma" pour représenter visuellement la


structure syntaxique d'une phrase. Ce schéma met en évidence les relations entre
les mots, en utilisant des traits et des connexions pour illustrer la structure sous-
jacente. La syntaxe structurale de Tesnière s'efforce de dépasser la linéarité
apparente de la langue pour explorer les relations profondes entre les éléments
linguistiques. Les concepts de connexion, translation et jonction fournissent un
cadre analytique pour comprendre la structure syntaxique des phrases d'une
manière plus complète que les approches traditionnelles.

Guillaume :

Gustave Guillaume a élaboré un modèle linguistique qui se démarque par son


postulat mentaliste. Il accorde une importance centrale aux processus mentaux
dans la compréhension et la production du langage. Il suggère que la source
fondamentale du langage réside dans les activités cognitives de l'esprit humain.
Cela inclut la manière dont les pensées sont organisées, structurées et comment
ces structures mentales sont ensuite exprimées à travers le langage. Son travail
s'inscrit dans une réflexion approfondie sur le rapport entre la pensée et le
langage. Guillaume part du postulat selon lequel le langage est articulé à des
structures séméiologiques qui sont chargées de manifester la pensée. En d'autres
termes, il considère que le langage est le résultat d'une organisation mentale qui
reflète les mécanismes de la pensée sous-jacents à la genèse du langage. Selon
Guillaume, tout dans le fonctionnement linguistique est psychique. Il s'intéresse
à la manière dont la pensée parvient à structurer la langue et comment cette
structure mentale influence la production linguistique.

Gustave Guillaume s'oppose à la dichotomie traditionnelle langue/parole


introduite par Ferdinand de Saussure dans sa théorie linguistique. Guillaume
critique cette dichotomie en arguant qu'elle ne rend pas compte de manière
satisfaisante de l'ensemble de l'acte de langage. Selon lui, elle est incomplète
parce qu'elle ne tient pas compte du lien profond que chaque élément
linguistique entretient avec l'ordre de la pensée et du discours. Guillaume insiste
sur le fait que chaque élément linguistique, chaque unité de la langue, est
profondément lié aux opérations mentales qui sous-tendent la pensée et le
discours. La dichotomie langue/parole ne rend pas justice à cette connexion
essentielle. Guillaume propose une approche plus holistique et mentaliste du
langage. Selon sa perspective, la pensée, la langue et la parole sont étroitement
liées, et il est crucial de comprendre comment ces éléments interagissent dans la
genèse du langage. Cette critique de la dichotomie langue/parole s'inscrit dans
son postulat mentaliste qui accorde une place centrale aux processus cognitifs
dans la compréhension du langage.

La visibilité: Avant de s'exprimer linguistiquement, que ce soit à l'oral ou à


l'écrit, l'individu passe par la phase de visibilité où les idées prennent forme.
Cette opération mentale prépare ainsi le terrain pour l'acte de langage. Elle
représente une opération mentale par laquelle les contenus cognitifs, les idées,
ou les pensées sont rendus perceptibles mentalement. C'est le processus par
lequel les éléments de la pensée deviennent clairs et distincts dans l'esprit de
l'individu. La visibilité s'inscrit dans le processus d'articulation entre la pensée et
la langue. Guillaume met en avant le rôle crucial de cette opération mentale dans
la genèse du langage, soulignant que les éléments de la pensée doivent d'abord
être "visibles" pour pouvoir être exprimés de manière linguistique.

La dicibilité correspond à la capacité des contenus mentaux, déjà rendus


visibles dans l'esprit de l'individu, d'acquérir une forme phonique. C'est le
moment où ces contenus abstraits se transforment en une structure linguistique
concrète, prête à être verbalisée. Elle représente la transition vers le domaine
linguistique. Les pensées prennent une forme qui peut être exprimée à travers le
langage.

Gustave Guillaume, en développant sa théorie linguistique, a proposé une


approche originale du passage de la langue à la parole, en introduisant la
distinction entre "parole physique" et "parole aphysique". Cette distinction offre
une perspective nouvelle sur la manière dont les éléments linguistiques sont
manipulés mentalement avant d'être exprimés. Guillaume propose une
dichotomie entre la "parole physique" et la "parole aphysique". La "parole
physique" se rapporte à l'acte concret de parler, à l'expression verbale audible ou
visible. En revanche, la "parole aphysique" fait référence à la dimension
mentale, non perceptible de l'acte de langage, c'est-à-dire à la pensée ou à la
conceptualisation linguistique. Guillaume établit une corrélation entre la "parole
physique" et la "langue" d'une part, et entre la "parole aphysique" et le
"discours" d'autre part. Cette corrélation met en lumière le lien entre la
dimension concrète de l'expression verbale (parole physique) et la structure
abstraite du langage (langue). De même, elle souligne la relation entre la pensée
linguistique interne (parole aphysique) et son expression observable dans un
contexte particulier (discours). La "parole physique" correspond à l'acte concret
de parler, à l'émission de sons ou à l'expression écrite. Elle est associée à la
manifestation audible ou visible du langage. D'un autre côté, la "langue"
représente le système abstrait des règles, des structures et des unités
linguistiques qui sous-tendent une langue donnée. C'est la dimension structurelle
et systémique du langage. La "parole aphysique" se réfère à la dimension
mentale de l'acte de langage, c'est-à-dire à la pensée ou à la conceptualisation
linguistique qui précède l'expression concrète. Le "discours", quant à lui,
représente la manifestation concrète de cette pensée, que ce soit à l'oral ou à
l'écrit. C'est l'utilisation effective des éléments linguistiques dans un contexte
spécifique. Ainsi, cette corrélation élaborée par Guillaume vise à intégrer les
différentes dimensions de l'acte de langage, en reconnaissant à la fois ses aspects
mentaux abstraits et ses manifestations concrètes dans le discours quotidien.
Guillaume adopte une approche syntaxique où il s'intéresse à la manière dont les
unités linguistiques se structurent dans la phrase. Cette analyse syntaxique
repose sur les concepts de l'axe paradigmatique et syntagmatique, mettant en
lumière les choix et les opérations mentales effectués par le sujet parlant.
Guillaume introduit la notion de "temps initial de puissance" qui concerne les
éléments de formation du mot jusqu'à la construction du mot. La théorie du mot
chez Guillaume postule que la langue est un système d'unités, et le passage de la
langue au discours nécessite un "temps opératif". Ce temps opératif se divise en
un "temps initial d'effet", allant du mot à la phrase, représentant le passage des
unités de puissance (mots) aux unités d'effet (phrases), c'est-à-dire de la pensée
rendue en langage articulé.

Selon Gustave Guillaume, la relation entre la syntaxe et la morphologie se


manifeste à travers le concept d'unités de puissance et d'unités d'effet, ainsi que
dans la dynamique entre la langue et le discours. Guillaume distingue entre
l'unité de puissance, qui est représentée par le mot, et l'unité d'effet, qui est
représentée par la phrase. L'unité de puissance est la plus petite unité
significative, souvent le mot, à partir de laquelle la formation des phrases
commence. L'unité d'effet, quant à elle, est la phrase construite dans le discours.
Guillaume souligne que le discours agit en tant que constructeur d'unités
(phrases), tandis que la langue agit en tant que constructrice d'unités de
puissance (mots). Le discours construit des unités complètes et effectives, alors
que la langue fournit des unités potentielles et permanentes, en principe, dans
l'esprit. Guillaume établit une opposition entre le mot (unité de puissance) et la
phrase (unité d'effet). Le mot est considéré comme mental, donc aphysique, car
il réside dans le domaine de la pensée. La phrase, en revanche, est physique, car
elle est manifestée dans le discours, ce qui implique une réalisation
concrète.Guillaume introduit l'idée de permissivité et de créativité dans le
discours. Cela signifie que, dans le discours, il existe une liberté et une
possibilité créative d'utiliser les unités de puissance (mots) de différentes
manières pour construire des unités d'effet (phrases). Cette notion met en
évidence la flexibilité du discours par rapport à la langue. La langue offre un
cadre structuré avec des règles et des possibilités définies, tandis que le discours
offre une flexibilité et une liberté plus grandes. Les locuteurs peuvent jouer avec
les règles linguistiques, créer de nouvelles associations et donner des nuances
particulières aux unités linguistiques, produisant ainsi des significations uniques.

Gustave Guillaume propose une théorie complète de la construction du mot,


soulignant l'importance de deux processus distincts, l'idéogenèse et la
morphogénèse, qui conduisent à la formation du mot. L'idéogenèse: représente
la première étape dans le processus de construction d'un mot. L'idéogenèse est
caractérisée par un "mouvement de singularisation." Ce mouvement reflète le
processus mental par lequel l'esprit, face à un ensemble d'idées possibles,
effectue une sélection spécifique. Il s'agit d'une opération mentale de choix
parmi diverses options conceptuelles. Elle se concentre sur la création et le
développement du sens du mot. En choisissant une idée particulière,
l'idéogenèse contribue à déterminer la nature lexicale du mot à venir. Elle
contribue à déterminer la catégorie lexicale à laquelle le futur mot sera associé.

La morphogénèse constitue la deuxième étape du processus de construction du


mot. Après avoir choisi l'idée appropriée, la morphogénèse intervient pour
donner une forme au mot choisi. Cette étape est de nature grammaticale,
impliquant la sélection des éléments morphologiques tels que les préfixes, les
suffixes et d'autres éléments qui confèrent au mot sa structure grammaticale et sa
fonction dans une phrase.

Les relations syntaxiques au sein d'une phrase ne sont pas indépendantes de la


morphologie des mots qui la composent. Guillaume soutient que ces relations
découlent des potentialités transmises par la morphologie du mot. En d'autres
termes, la manière dont les mots interagissent dans une phrase est influencée par
leurs caractéristiques morphologiques. La morphologie se concentre sur la
structure et la formation des mots, tandis que la syntaxe s'occupe de la structure
et de la formation des phrases. Selon Guillaume, une compréhension complète
de la syntaxe ne peut être obtenue qu'en tenant compte des bases
morphologiques des mots qui composent la phrase. Le mot est considéré comme
une unité de puissance dans la langue, mais il évolue en une unité d'effet dans le
discours. Le passage de la morphologie à la syntaxe représente ce processus où
les mots individuels contribuent à la construction de la signification complète
d'une phrase.

Bloomfield :

la linguistique distributionnelle, telle que développée par Leonard Bloomfield,


représente une approche en linguistique qui se focalise sur la structure et la
distribution des unités linguistiques sans nécessairement se préoccuper du sens.
Cette méthode a été appliquée dans le contexte de la linguistique amérindienne,
où de nombreuses langues étaient orales et non codifiées, posant des défis
particuliers pour les linguistes. Face à la difficulté d'identifier les unités
linguistiques dans des langues non codifiées, les linguistes ont adopté la
méthode de segmentation de la chaîne parlée. L'objectif était de découper la
chaîne parlée de manière mécanique, sans référence au sens, afin de repérer des
unités linguistiques. La technique des constituants immédiats a été utilisée pour
identifier des unités linguistiques. Cette approche consiste à segmenter la chaîne
parlée en éléments immédiats, définis par les mots qui se trouvent à proximité
les uns des autres. Ainsi, les linguistes ont pu isoler des mots unités.
L'environnement linguistique d'un élément se rapporte à la disposition de cet
élément par rapport aux autres éléments présents dans la chaîne parlée. On
distingue généralement l'environnement de droite et l'environnement de gauche
d'un élément. La distribution représente l'ensemble des environnements
possibles pour un élément linguistique dans les énoncés d'une langue. Autrement
dit, c'est l'examen des positions que l'élément peut occuper au sein d'une
séquence linguistique. Une distribution complète d'un élément inclut toutes les
positions où cet élément peut apparaître dans un énoncé, permettant ainsi aux
linguistes de déterminer les configurations syntaxiques possibles. L’analyse
distributionnelle vise à étudier l'environnement d'une unité linguistique pour
constituer des classes distributionnelles. Une classe distributionnelle regroupe
des éléments partageant le même environnement et entretenant un rapport de
substituabilité. Tous les mots qui peuvent commuter avec un élément ou le
remplacer sont regroupés dans une classe formelle.

ACI : L'analyse des constituants immédiats, telle que formulée par Leonard
Bloomfield, est une approche qui vise à décomposer et à organiser les énoncés
d'une langue donnée en unités plus petites appelées constituants immédiats. Ce
sont des unités syntaxiques qui sont immédiatement identifiables dans une
phrase ou un énoncé donné. Cette méthode trouve son origine dans le contexte
empirico-éducatif, où l'objectif est d'étudier une langue qui n'a pas encore fait
l'objet d'une analyse approfondie. L'analyse des constituants immédiats permet
d'identifier les morphèmes ainsi que les segments et les syntagmes qui
composent les énoncés. Les morphèmes sont les éléments de base qui portent
une signification, les segments sont des groupes de morphèmes, et les syntagmes
sont des groupes de segments qui forment une unité syntaxique. L'analyse de
constituants immédiats commence par la décomposition des énoncés présents
dans un corpus linguistique. Cette décomposition permet d'isoler les unités
syntaxiques fondamentales qui composent la langue. L'analyse hiérarchise les
morphèmes en les organisant les uns par rapport aux autres, précisant comment
ils se combinent pour former des segments, et comment ces segments se
combinent à leur tour pour former des syntagmes. En résumé, l'analyse des
constituants immédiats est une méthode syntaxique qui cherche à décortiquer la
structure des énoncés d'une langue, en identifiant les unités syntaxiques
fondamentales et en les organisant de manière hiérarchique. Cette approche est
particulièrement utile pour explorer et comprendre les langues qui n'ont pas
encore fait l'objet d'une analyse linguistique approfondie.

Empirico-Éducatif : Cette approche est empirique dans le sens où elle repose


sur l'observation directe des énoncés d'une langue, sans préjugés théoriques
préalables. Elle est éducative car elle vise à apprendre et à comprendre la
structure d'une langue inexplorée.

La grammaire générative :

La grammaire générative transformationnelle, principalement développée par


Noam Chomsky, mettant l'accent sur la créativité linguistique et les
compétences sous-jacentes plutôt que sur la performance observable. Une
grammaire générative est un système de règles abstraites qui permettent de
générer théoriquement un nombre illimité de phrases à partir de processus
récursifs. Chomsky distingue entre compétence et performance. La compétence
linguistique se réfère à la connaissance intuitive et interne que possède un
locuteur d'une langue, lui permettant de générer et de comprendre un nombre
infini de phrases grammaticales. La performance, d'autre part, est la réalisation
observable de cette compétence dans des situations de communication
spécifiques. L'objectif fondamental de la grammaire générative est de
comprendre l'organisation et l'acquisition des connaissances linguistiques. Elle
cherche à expliquer comment les locuteurs acquièrent intuitivement les règles
syntaxiques d'une langue et comment ils appliquent ces règles pour former un
ensemble infini de phrases grammaticales. Contrairement à la performance, qui
est observable dans des contextes de communication spécifiques, la grammaire
générative se concentre sur les compétences linguistiques internes et intuitives
des locuteurs. Elle vise à élucider les règles implicites qui sous-tendent la
créativité linguistique. Chomsky s'oppose à l'idée que la compétence
linguistique consiste simplement à mémoriser des exemples spécifiques de
phrases. Selon lui, les locuteurs natifs ne mémorisent pas toutes les phrases
qu'ils ont entendues, mais plutôt des règles abstraites qui leur permettent de
générer un nombre infini de phrases à partir de leur compétence linguistique
interne. Chomsky avance l'idée que les langues partagent des caractéristiques
structurelles communes, appelées universaux du langage. Il considère que toute
grammaire particulière d'une langue est une manifestation de ces universaux.
L'objectif de la grammaire générative est de définir des théories universelles
pour chaque composante de la grammaire qui s'appliquent à toutes les langues
humaines. En conclusion, la grammaire générative transformationnelle de
Chomsky propose une approche théorique et abstraite visant à comprendre les
compétences linguistiques sous-jacentes à la créativité infinie des locuteurs. Elle
constitue une avancée significative dans la linguistique contemporaine en
mettant l'accent sur la structure profonde et les mécanismes internes de la
compétence linguistique.

La compétence représente la connaissance interne des règles qui sous-tendent la


grammaire d'une langue. La performance concerne la manière dont cette
compétence est mise en œuvre dans des situations de communication réelles.

La structure de surface, observable dans les phrases concrètes, est un aspect de


la performance. La grammaire générative se concentre davantage sur la structure
profonde, c'est-à-dire les règles sous-jacentes et abstraites qui guident la
construction des phrases. Elle cherche à dévoiler les mécanismes cognitifs à
l'œuvre dans la compétence linguistique.

Récursivité : Un aspect central de la théorie de Chomsky est la capacité


récursive du langage, qui permet la production d'un nombre infini de phrases à
partir d'un ensemble fini de règles. La récursivité permet d'intégrer des unités
linguistiques dans des structures plus larges, créant ainsi une diversité illimitée
de phrases grammaticales.

Chomsky critique les approches traditionnelles de la linguistique descriptive et


de la grammaire, en particulier en ce qui concerne la syntaxe. Chomsky reproche
aux approches traditionnelles de ne pas fournir de règles génératives explicites.
Ces règles sont des instructions formelles qui spécifient comment les phrases
grammaticales peuvent être construites à partir d'éléments linguistiques plus
fondamentaux. Selon lui, l'absence de ces règles rend difficile la compréhension
des mécanismes profonds qui sous-tendent la structure linguistique. Chomsky
argumente en faveur de règles syntaxiques qui sont applicables à toutes les
langues humaines. Les approches traditionnelles, selon lui, n'ont pas réussi à
dégager des règles générales qui puissent expliquer la similitude fondamentale
observée dans la structure syntaxique de différentes langues. Chomsky met en
avant le concept de créativité linguistique. Selon lui, les approches
traditionnelles ne fournissent pas de fondement adéquat pour expliquer cette
créativité. Les règles génératives abstraites sont nécessaires pour rendre compte
de la manière dont les locuteurs peuvent former de nouvelles phrases de manière
apparemment illimitée. Chomsky distingue entre la performance linguistique
observable dans des situations réelles de communication et la compétence
linguistique interne des locuteurs. Il soutient que les approches traditionnelles
mettent trop l'accent sur la performance et négligent la compréhension des
compétences profondes qui permettent la production et la compréhension de
phrases grammaticales. Les approches traditionnelles se concentrent souvent sur
la structure de surface, c'est-à-dire la forme concrète des phrases observables.
Chomsky propose de s'intéresser davantage à la structure profonde, qui
représente les règles sous-jacentes abstraites qui gouvernent la formation des
phrases. Cette distinction permet de mieux comprendre les mécanismes cognitifs
qui sous-tendent la compétence linguistique. En résumé, la critique de Chomsky
envers les approches traditionnelles se centre sur la nécessité de développer des
règles génératives explicites et universelles pour expliquer la créativité
linguistique et les compétences linguistiques internes des locuteurs.
Ivret observe que la langue de la tribu Nalaya semble ne pas posséder de mots
pour les chiffres et les couleurs, et il suggère qu'il n'y a pas de récursivité parce
que le nombre de phrases est limité. Cela pose un défi à l'idée de Chomsky selon
laquelle la récursivité est une caractéristique universelle des langues humaines,
permettant une créativité linguistique infinie.

La syntaxe et les disciplines : Approches fonctionnalistes et distributionnalistes


: Ces approches se concentrent sur l'analyse des unités significatives minimales,
telles que les morphèmes, et rejettent parfois la notion traditionnelle de mot en
tant qu'unité centrale. Elles descendent souvent au niveau inférieur du mot pour
examiner ses composants morphologiques. L'idée principale qui émerge est celle
d'une discipline globale traitant des règles combinatoires des unités
significatives, connue sous le nom de morphologie. La morphologie examine la
formation, la structure et l'interprétation des mots et morphèmes.

Les approches formalistes en linguistique accordent une importance particulière


à la syntaxe en tant que structure formelle autonome, indépendante de la
sémantique. Ces approches mettent en avant la distinction entre la forme
(syntaxe) et le sens (sémantique), établissant ainsi une séparation claire entre la
grammaire et l'interprétation. Dans cette perspective, on distingue deux types
d'inacceptabilité : l'inacceptabilité syntaxique (ou grammaticalité) et
l'inacceptabilité sémantique (ou interprétabilité). La première concerne les règles
syntaxiques et grammaticales, tandis que la seconde concerne la signification ou
l'interprétation des énoncés. La grammaticalité est considérée comme étant liée à
l'interprétabilité, ce qui signifie que des constructions grammaticales sont
généralement interprétables. Cependant, les approches formalistes reconnaissent
également l'existence d'une continuité entre la grammaticalité et
l'agrammaticalité, tout comme entre l'interprétation et l'interprétabilité. Cela
souligne la complexité des relations entre la syntaxe et la sémantique, et la
nécessité d'examiner ces aspects de manière interconnectée pour une
compréhension complète du langage.

Lorsque les linguistes ont exploré les diverses communautés indigènes en


Amérique, ils ont été confrontés à un défi significatif associé à la variété
linguistique au sein de ces groupes. Ces communautés se distinguent par une
diversité linguistique caractérisée par l'absence de systèmes d'écriture codifiés.
Contrairement à certaines langues dotées de systèmes d'écriture établis, celles-ci
étaient principalement transmises oralement. En raison de l'absence de systèmes
d'écriture et du manque de familiarité avec ces langues, les linguistes ont
rencontré des difficultés substantielles dans l'identification des unités
linguistiques. Étant donné que l'approche basée sur la compréhension s'avérait
souvent inefficace en raison de la méconnaissance des langues, les linguistes ont
dû adopter une nouvelle méthode. Celle-ci consistait à segmenter et à découper
les unités linguistiques, en mettant l'accent sur la forme et la structure, tout en
mettant temporairement de côté la considération du sens.

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