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Genre : Mycobacterium

1. Historique
De nombreux écrits anciens font déjà état d'observations cliniques très évocatrices de
tuberculose. En 1546, la nature contagieuse de la maladie chez l’Homme est affirmée par
Fracastor. Elle est caractérisée à la fin du 18 ème siècle grâce aux travaux des médecins
anglais Reid et Baillie qui s’intéressent les premiers à la présence de lésions de
granulomes nodulaires caractéristiques ’les tubercules’. En 1882, Robert Koch met en
évidence à partir de lésions humaines, le bacille tuberculeux (désigné depuis comme
bacille de Koch) et en 1890, il met au point le diagnostic allergique de la maladie, qui est
proposée par Guttmann une année plus tard. En 1908 à 1920, une souche de M. bovis est
repiquée sur pomme de terre biliée par Calmette et Guérin. Le B.C.G. est inoculé à
l’Homme pour la première fois en 1921. Le traitement de la tuberculose par les
antibiotiques a été effectif en 1944, avec l'utilisation de la streptomycine, cette thérapie à a
rapidement engendrée des mutants résistants suscitant la mise au point de nouveaux
antibiotiques : Isoniazide (1952), Pyrazinamide (1952), Cyclosérine (1955), Ethambutol
(1961) et Rifampicine (1965). Par la suite, l’association de 3 ou 4 antibiotiques se
formalise afin de résoudre le problème des mutants résistants.
Entre le 19ème et le 20ème siècle, la tuberculose fait aussi des ravages chez les animaux.
La plus répandue et la plus étudiée des tuberculoses animales, la tuberculose bovine à M.
bovis, sévit dans de nombreux pays.

2. Systématique
o Phylum : Actinobacteria
o Classe : Actinobacteria
o Ordre : Actinomycetales
o Famille : Mycobacteriaceae
o Genre : Mycobacterium
o Espèces : ce genre contient centce genre contient cent quarente espèces, on
distingue trois groupes du point de vue de la signification pathologique : les
mycobactéries pathogènes ; les mycobactéries opportunistes et les
mycobactéries saprophytes. Ces deux dernières catégories sont qualifiées
d’atypiques.
● Les mycobactéries pathogènes :
 Complexe M. tuberculosis (ou M.T.C.) : M. tuberculosis, M. bovis, M.
caprae, M. microti, M. africanum, et M. bovis (souche BCG)
 Complexe M. avium intracellulare (ou M.A.C.) M. avium-intracellulare, M.
hominissuis, M. avium paratuberculosis, M. leprae, M. lepreamurium et M.
farcinogenes.

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● Les mycobactéries opportunistes :
 Complexe M. avium intracellulare (ou M.A.C.) M. avium-intracellulare, M.
intracellulare, M. marinum, M. ulcerans et M. xenopi.
● Les mycobactéries saprophytes :
 M. flavescens, M. phlei, M. smegmatis, M. vaccae et M. terrae.

3. Habitat
Les Mycobacterium peuvent être rencontrées dans la terre, l’eau, le fumier, les aliments, la
peau ou les muqueuses et différents produits pathologiques.
Les Mycobacterium pathogènes sont aussi hébergées par les individus infectés. Bien qu’il
n’y ait pas de spécificité stricte, M. tubeculosis est plutôt excrété par l’homme, M. bovis par
les bovins et ruminants sauvages et M. avium par les oiseaux.

4. Résistance
Bien qu’ils soient non sporulés, les Mycobacterium sont résistants au froid, à la
congélation et à la dessiccation. Ces propriétés leur permettent de survivre plusieurs
semaines dans les fèces ou sur le sol. A l’opposé, ils sont sensibles à la chaleur (détruits
en 20 minutes à 60°C, en 20 secondes à 75°C), aux rayons ultra-violets et à la lumière.
Les conditions environnementales (température, humidité, exposition à la lumière)
influencent la persistance de l’agent tuberculeux dans les pâtures. Les bacilles
tuberculeux résistent bien aux acides et aux bases en solution. Ceci se traduit par une
grande résistance aux désinfectants chimiques et aux antiseptiques. Mais ils sont
sensibles à l’iode, aux dérivés phénoliques, aux hypochlorites, au formol, à l’alcool et à
l’acide sulfurique à 4 %.

5. Caractères morphologiques
Les Mycobacterium sont des bacilles fins, droits ou légèrement incurvés, de 1 à 10 μm de
longueur et 0,2 à 0,6 μm de largeur. Se sont des bacilles non sporulés, acapsulés
(possède une pseudocapsule) et immobiles.
Les Mycobacterium possèdent une enveloppe cellulaire complexe, à l’architecture et à la
composition très inhabituelle. Elle leur confère notamment une propriété tinctoriale :
l’acido-alcoolo-résistance. La paroi est très riche en lipides : ils représentent 60 % de
l’enveloppe cellulaire. Le squelette de la paroi se compose centralement de trois
macromolécules insolubles : le peptidoglycane, l’acide mycolique et l’arabinogalactane,
liés de façon covalente. La partie externe de la paroi est composée d’une couche externe
faite de lipides (glycolipides).
Du fait de la présence d’acides gras à longues chaines carbonées, la paroi crée une
barrière hydrophobe autour de la cellule. De cette propriété tinctoriale résulte la
terminologie utilisée pour qualifier les Mycobacterium de : bacilles acido-alcoolo-résistants
(BAAR). Par coloration de Ziehl-Neelsen, ils apparaissent comme de fins bâtonnets

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rouges vifs sur fond bleu et colorées d’une façon homogène. Par la technique de
fluorescence (auramine phéniquée), les bacilles apparaissent jaunes fluorescents sur fond
rouge.
● M. tuberculosis : est un fin bâtonnet, légèrement incurvé, de 0.2-0.3 μ de large sur 2-5
μ de long. Ses extrémités sont arrondies. Dans les produits pathologiques, il se présente
isolé ou en petits amas, parfois sous forme d’ébauches de cordes et d’hélice ou de spirale.
● M. bovis : ressemble de très près à M. tuberculosis, cependant il est à noter que M.
bovis est habituellement plus court et plus trapu et les formes incurvées sont plus
fréquentes.
● M. avium : se présente sous forme de bâtonnets courts et minces (0,5 / 1 µm), groupés
en amas ou dispersés, beaucoup plus polymorphe que le bacille tuberculeux qui se colore
uniformément par la méthode de Ziehl-Neelsen.

6. Caractères culturaux
Les Mycobacterium ne sont pas capables de croître sur les milieux usuels et nécessitent
l’emploi de milieux spéciaux (liquide : milieux de Sauton ; milieu de Dubos, solide :
Loewenstein-Jensen ; Coletsos et Middlebrook). Il s’agit de bactéries aérobies strictes ou
microaérophiles (M. bovis). Les cultures se développent lentement, de 10 jours à 2 mois
selon le type de bacille tuberculeux. La température optimale de croissance est de l’ordre
de 35-38 ºC pour M. tuberculosis; 38-39 ºC pour M. bovis et 35-49 ºC pour M. avium.
Tous les milieux utilisés sont manipulés en tubes, d’une part pour réduire les risques de
contaminations des souches au cours du long délai d’incubation, et d’autre part pour éviter
celles des manipulateurs.
Sur le milieu de Loewenstein-Jensen (milieu à base d'œufs), on peut observer :
● M. tuberculosis : donne des colonies rugueuses d’aspect verruqueux, eugoniques (se
développant progressivement) : d’abord minuscules, elles s’étalent progressivement pour
atteindre parfois 1 cm de diamètre en présentant les classiques aspects en choux-fleurs
ou ombiliqués et se développent en 10 à 30 jours (avec une moyenne de 3 semaines).
● M. bovis : donnent des colonies lisses, arrondies, légèrement bombées, brillantes,
incolores ou nacrées, facilement dissociables, elles sont toujours dysgoniques (restant
toujours petites) et se développant souvent en plusieurs mois.
● M. avium : ne se développe pas sur les milieux classiquement utilisés pour l’isolement
ou la culture de Mycobacterium. Il faut lui fournir un facteur de croissance indispensable à
son métabolisme (la mycobactine), il s’agit d’un chélateur du fer et sa source courante est
une culture de Mycobacterium. Se développe lentement à 37°C en donnant des colonies
très petites (1mm); non pigmentées, translucides et hémisphériques; la surface est lisse et
luisante. Si l’incubation se prolonge, les colonies deviennent opaques et augmentent de
taille (4 à 5 mm), les colonies primaires apparaissent de la 5 ème à la 16ème semaine après
ensemencement (en général au cours de la 8ème semaine).

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7. Caractères biochimiques
Aucun caractère biochimique n’entre dans la définition du genre Mycobacterium.
Certains peuvent aider à la différenciation entre les espèces. En plus, des caractères
biochimiques sont liés à la sensibilité ou à la résistance à certains antibiotiques. M.
tuberculosis et M. bovis possèdent une catalase, s’ils deviennent résistants à l’isoniazide,
ils perdent alors cette enzyme.
M. tuberculosis accumule une quantité importante de niacine (acide nicotinique) sans
l’utiliser, révélée par l’épreuve colorimétrique à l’aniline et le bromure de cyanogène. La
positivité de cette épreuve appelée aussi Niacine-test (ou test de Konno) est quasi
spécifique de M. tuberculosis. Par contre, M. bovis donne un résultat négatif pour ce test.

8. Caractères antigéniques
A. Les constituants lipidiques: ils représentent 20 à 45% du poids sec du bacille de
Koch.
a- Les cires : elles représentent 10% du poids sec des bacilles. D’après leur solubilité
dans l’acétone et le méthanol, on distingue des cires A, C et D. Dans la cire D se trouvent
les acides mycoliques (l'acide mycolique est une très grosse molécule d'acide gras) qui
ont un rôle fondamental, ce sont les supports de l’AAR, ainsi que du cord factor. Le cord-
factor (dimycolate de tréhalose) responsable d'un assemblage filamenteux en forme de
corde des cultures en milieu liquide et stimulant l'immunité ;
B. Les constituants polysaccharidiques : ils n’existent que sous forme liée, soit à des
lipides ou à des protéines. Constitués principalement de mycolate d'arabino-galactane. Ils
n’ont pas de pouvoir pathogène, mais possèdent un pouvoir antigène.
C. Les constituants peptidiques : on distingue les tuberculines à pouvoir allergène qui
induisent la sécrétion des anticorps non protecteurs. Il s’agit d’un filtrat concentré à chaud
de culture de bacille tuberculeux en milieu liquide non spécifiques à l'espèce.
La première tuberculine a été préparée en 1870 par Robert Koch. Il a cultivé le bacille
tuberculeux pendant 6 à 8 semaines sur bouillon glycériné et après chauffage à 100°C, il a
concentré le bouillon par évaporation dans un bain marie et ensuite il a filtré. Le filtrat
constitue la tuberculine brute dite de Koch.

9. Facteurs de virulence
● Les acides mycoliques : dès l’arrivée du bacille tuberculeux au contact des cellules de
l’hôte, leur interaction avec certains récepteurs provoque la mise en place d’une réponse
de type inflammatoire. La longueur des acides mycoliques contribue également à la
pathogénicité du bacille tuberculeux. Ils entraînent un ralentissement de la maturation du
phagosome avec un arrêt prolongé aux étapes précoces de la maturation. Les
phagosomes deviennent moins acides.
● Les polykétides : il s’agit de lipides de la paroi qui jouent un rôle important dans la
survie du bacille tuberculeux chez l’hôte. Ils sont capables de moduler les réponses

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cellulaires de l’hôte telles que la fusion phagosome-lysosome et la production de
cytokines.
● Les mycobactines : les Mycobacterium synthétisent deux composés structurellement
proches qui lui permettent de capter le fer présent dans le milieu environnant.
● La pseudo-capsule : composée essentiellement de polyosides spécifiques aux
Mycobacterium associées aux lipides rares.

10. Pathogénie
Le pouvoir pathogène est caractérisé par deux étapes :
- une étape primaire de primo-infection
- puis une étape de tuberculose secondaire.
La voie d’entrée de la mycobactérie peut-être respiratoire, digestive, ou percutanée.
Au stade initial de l’infection tuberculeuse, les Mycobacterium exprime leur pathogénicité
en se multipliant à l’intérieur des macrophages alvéolaires (si la porte d’entrée est
pulmonaire). La réaction locale aboutit en quelques temps à l’apparition de granulome ou
tubercule. Tout peut s’arrêter à ce stade par un enkystement et une calcification des
lésions suivis d’une auto-stérilisation spontanée du chancre d’inoculation. C’est la situation
la plus fréquente. Parfois, certains macrophages infectés ont pu migrer jusqu’à un
ganglion satellite qui empêchera la progression de l’infection et évoluera aussi vers l’auto-
stérilisation. Plus rarement, si la multiplication bactérienne est importante, le caséum se
ramollit, les bacilles débordent les défenses ganglionnaires et disséminent dans
l’organisme par voie lymphatique puis sanguine.

11. Pouvoir pathogène


a. Pouvoir pathogène naturel
« Pouvoir pathogène des principales Mycobacterium »

M. tuberculosis M. bovis M. avium

Homme élevé élevé exceptionnel

Singe élevé élevé exceptionnel

Chien élevé élevé exceptionnel

Chat élevé élevé exceptionnel

Bovin exceptionnel élevé exceptionnel

Ovin, caprin exceptionnel élevé élevé

Oiseaux en général exceptionnel exceptionnel élevé

Psittacidés élevé exceptionnel exceptionnel

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b. Pouvoir pathogène expérimental
Le cobaye est très sensible et développe une tuberculose progressive et mortelle. Après
deux semaines d’inoculation sous-cutanée d’une culture, apparaît une fistule à bords
ulcérés reliée avec un abcès caséeux au point d’inoculation. Les ganglions locorégionaux
sont simultanément envahis puis la rate et le foie apparaissent hypertrophiés et abcédés.
Par cette voie d’inoculation, les poumons ne sont que tardivement et inconstamment
atteints. L’animal cachectique meurt en 2 mois.

12. Diagnostic
A. Diagnostic direct
● Choix des prélèvements : lavage trachéobronchique et gastrique ; aspirations
ganglionnaires, biopsie, nécropsies des lésions.
● Microscopie : Mise en évidence de BAAR par coloration de Ziehl-Nelson ou la
coloration à l’auramine.
● Culture : culture sur milieux spécifiques réservée aux laboratoires spécialisées et
entravée par le temps d’incubation et le risque élevé de contamination.
● PCR

B. Diagnostic indirect
● IDR : elle consiste à injecter dans l’épaisseur du derme de l’encolure une certaine
quantité de tuberculine et apprécier au bout de 72 heures la réaction obtenue au point
d’inoculation. On injecte 0.1 ml de tuberculine par voie strictement intradermique au
niveau du tiers moyen d’une des faces de l’encolure et approximativement à égale
distance des bords supérieurs et inférieurs.
Cette réaction d’hypersensibilité retardée est tardive (débute en 24 à 48 heures),
progressive (atteint son maximum vers 72 heures) et durable (persiste plusieurs jours et
s’estompe progressivement en une huitaine de jours).
C’est une réaction inflammatoire avec tuméfaction circulaire, douloureuse, chaude et
rouge ; étendue parfois sur plusieurs centimètres de diamètre. Ces lésions peuvent laisser
place en quelques jours à une escarre noirâtre qui s’élimine en laissant une cicatrice
glabre.

13. Sensibilité aux antibiotiques


En médecine vétérinaire, le traitement de la tuberculose chez les ruminants est strictement
interdit. Chez l’homme, le traitement antituberculeux consiste à prendre, 4 antibiotiques
pendant au moins 2 mois (isoniazide, rifampicine, pyrazinamide et éthambutol), quoique le
phénomène de résistance se pose énormément.

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