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Le Centre mondial des cultures maraîchères.


P.O. Box 42 c

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F : + 886 6 583-0009
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Facebook : WorldVegetableCenter
Twitter : @go_vegetables M. Lys Amavi AGLINGLO
M. Eric Cocou LEGBA
Graphisme : Nawal Adenon Dr Sognigbe N’DANIKOU
M. Mouiz SALAOU
REMARQUE : Pr Enoch ACHIGAN-DAKO
Le Centre mondial des cultures maraîchères (World Vegetable Center) à été fondé en 1971 à M. Amadou SIDIBE
Shanhua (Taïwan) sous le nom de Centre de recherche et de développement sur les légumes en Dr Aminata NANTOUME DOLO
Asie (AVRDC). Depuis, World Vegetable Center dont le siège se trouve toujours à Taïwan, à ouvert Dr Harouna COULIBALY
des centres régionaux en Thaïlande, en Inde, en Tanzanie, au Mali et au Bénin Dr Fatimata DIALLO CISSE
Pr Abdoulaye SIDIBE
C 2022, World Vegetable Center Mme Judith HONFOGA FATON
Dr Barthélémy Boni YAROU
Dr Jean Baptiste TIGNEGRE
Citation suggérée :
Aglinglo L.A, Legba EC, N’Danikou S, Salaou M, Achigan-Dako E, Sidibe A, Nantoume Dolo A, Coulibaly
H, Diallo Cissé F, Sidibe Ab, Honfoga Faton J, Yarou BB, Tignegre JB. 2022. : Guide pratique de
culture de la corete potagere et de multiplication des semences. World Vegetable Center. Shanhua
Taïwan. Publication No. 23-1060
Table des matières

Préface
I. GENERALITES 5

II. ITINERAIRE TECHNIQUE DE PRODUCTION DE LA CORETE POTAGERE 05


2.1. Préparation du sol 06
Les légumes feuilles traditionnels sont des espèces africaines de grande diversité et à 2.1.1. Mode 1 : production sur planche 06
usages multiples. Ils jouent un rôle important dans les régimes alimentaires de toutes 2.1.2. Mode 2 : labour à plat 06
les populations du monde, particulièrement en Afrique, en Asie et en Océanie, où ils 2.2. Levée de la dormance 07
assurent la partie essentielle des besoins nutritionnels et médicinaux. Les légumes 2.3. Installation de la culture 07
2.3.1. Semis direct 08
traditionnels tels que la corète potagère, le gombo et l’amarante sont généralement 2.3.2. Repiquage 08
très riches en éléments minéraux, vitamines et facteurs nutritionnels. 2.4. Fertilisation 10
2.5. Opérations d’entretien 10
La consommation de la corète potagère constitue une importante source d’éléments 2.6. Gestion des nuisibles 11
nutritifs : Protéines, lipides, glucides, fibres, vitamines : A, B et C, minéraux : sodium, 2.7. Récolte et conservation 15
III. PRODUCTION DE SEMENCES DE CORETE POTAGERE 16
potassium, magnésium, fer, etc. Ses feuilles sont prioritairement destinées à la
consommation comme sauce gluante en alimentation. La corète potagère a aussi un 3.1. Installation et conduite d’un champ semencier de corète potagère 16
effet tonique purgatif et curatif. Au Benin, l’utilisation en décoction de la combinaison 3.1.1. Choix de l’emplacement ou du site de multiplication 16
: corète potagère et citron pour le traitement de la fièvre typhoïde est très rependue 3.1.2. Isolement 16
et connue. 3.1.3. Origine des semences à multiplier 17
3.1.4. Précédents culturaux 17
3.1.5. Préparation du sol 18
Le présent manuel est élaboré dans le cadre du projet BMZ-Choose Grow Thrive 3.1.6. Transplantation / repiquage 18
: “utilisation de l’approche participative de la science citoyenne dans la promotion 3.1.7. Fertilisation 18
des légumes traditionnels africains pour lutter contre la malnutrition“. Le projet 3.1.8. Entretien du champ semencier 18
BMZ-Choose Grow Thrive est financé par le Ministère Fédéral Allemand de la 3.1.9. Epuration 19
3.2. Récolte et conservation des semences 20
Coopération Economique et du Développement (BMZ) et est coordonné par le
World Vegetable Centre en partenariat avec l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), IV. CERTIFICATION 21
l’Institut Polytechnique Rurale / Institut de Formation et de Recherche Appliquée de V. RÉFÉRENCES 23
Katibougou et l’Institut d’Economie Rurale (IPR/ IFRA-IER) (Mali).
J’espère que ce manuel profitera non seulement aux agriculteurs mais aussi à tous
ceux qui sont intéressés et engagés dans la promotion de la corète potagère comme
culture de sécurité nutritionnelle en Afrique de l’Ouest.

Dr Sognigbé N’DANIKOU
(Coordonnateur régional BMZ-CGT)

03 04
II. ITINERAIRE TECHNIQUE DE
PRODUCTION DE LA CORETE POTAGERE
2.1. Préparation du sol
La production de la corète potagère se prête à deux modes de préparation du sol : la
production sur planche et la production sur labour à plat. Le labour à plat est adopté
dans les milieux ruraux tandis que la production sur planches est rencontrée sur les sites

I. GENERALITES maraichers en milieux urbains où les planches constituent l’unité de vente de la récolte.

2.1.1. Mode 1 : production sur planche


• Nettoyer le terrain destiné à accueillir la culture ;
La corète potagère (Corchorus spp.), une espèce à fleurs de la famille des Malvaceae, originaire • Labourer le sol à une profondeur de 30 cm en y incorporant de la matière organique
des régions tropicales et subtropicales. La corète potagère est cultivée dans le sud de l’Europe bien décomposée (Fiente de volailles, Compost, etc.) à la dose de 10 t/ha ;
comme plante textile, notamment pour la fabrication de toile de jute (tige), et comme plante • Confectionner des planches de 1,2 m de large et de longueur variable en tenant
alimentaire (feuilles). En Afrique et au Proche-Orient, elle est cultivée pour son utilisation compte de votre disponibilité en espace.
en cuisine, tandis qu’en Asie, elle est davantage employée comme fibres de jute. En Afrique
tropicale, la corète potagère constitue un légume mucilagineux à feuille de premier choix pour
les populations (Côte d’Ivoire, Bénin, Nigeria, Cameroun, Soudan, Kenya, etc). Les feuilles cuites
forment une sauce gluante et collante, comparable au gombo. Les feuilles de la corète potagère 2.1.2. Mode 2 : labour à plat
constituent une importante source de protéines, lipides, glucides, fibres, bêtacarotène, sodium,
potassium, magnésium, fer, calcium, vitamine A, B, C, etc. • Nettoyer le terrain destiné à accueillir la culture ;
• Labourer le sol à une profondeur de 30 cm en y incorporant de la matière organique
C’est une plante annuelle, faiblement ramifiées, à feuilles simples et alternes et possédant bien décomposée (Fiente de volailles, Compost, etc.) à la dose de 10 t/ha ;
généralement de petites fleurs jaunes avec cinq pétales. Le fruit est une capsule à plusieurs • Procéder au nivellement du sol.
graines. La corète potagère peut être cultivée sous déférents climats et s’adapte aux froids
mais redoute l’ombre et l’harmattan (ralentissement de sa croissance). Toutefois, pour une
bonne production de l’espèce, les conditions ci-après : pluviométrie annuelle 600 – 2000 mm
; température : 25 – 32°C ; sol : limono-sableux riches en matière organique ; pH 4,5 à 8, sont
nécessaires.

Au Mali, excepté le fait que la corète potagère pousse spontanément dans la nature, on assiste
à sa production dans toutes les régions à travers les jardins de case. Les feuilles sont cueillies et
utilisées fraiches ou séchées dans l’alimentation. Sa plus grande importance se situe au niveau
de son utilisation pour la préparation de la sauce « fakoye » provenant du milieu songhaï. La
chaine de valeur de cette plante est une source de revenu pour les femmes.
Au Bénin, la corète potagère est produite dans les jardins de case, sur les sites maraichers
en milieu urbain et dans les bas-fonds du sud-ouest du pays (Mono/Couffo) dans un système
intensif et constitue une importante source de revenu pour les producteurs.

Figure 01 : Planches préparées pour le repiquage

05 06
2.3.1. Semis direct
Les graines sont semées soit à la volée, soit en ligne. La quantité de semences nécessaire varient
de 0,5 à 2,5 g/m² ou de 5 à 10 kg/ha, selon la viabilité et la taille des graines. Chaque gramme de
2.2. Levée de la dormance semence contient environ 500 graines.
La levée de dormance chez la corète potagère est une étape très importante et permet
de stimuler les enzymes intervenant dans la germination des graines. La technique la plus • Semis à la volée : répartir les graines uniformément sur la planche préparée et arrosée à
adoptée est le choc thermique qui consiste à : cet effet et recouvrir légèrement d’une couche de compost ou de sable. Le semis direct
à la volée est une pratique traditionnelle très observée mais peu recommandable. Cette
pratique utilise beaucoup de semences et ne facilite pas les opérations d’entretien comme
• emballer la semence dans un tissu en pagne ; le sarclo-buttage et l’apport d’engrais. Aussi, en cas d’infestation, la propagation des
• plonger le tout dans l’eau chaude (75- 80°C) pendant 15-20s ; bioagresseurs est rapide.
• retirer puis replonger dans de l’eau tiède immédiatement pendant 5-10 minutes ;
• sécher à l’ombre pendant 12h au moins. Cette opération prédispose les graines à une • Semis en ligne : tracer les sillons de 0,5 cm de profondeur et espacés de 10 à 20 cm sur la
bonne germination planche dans le sens de la largeur ou de la longueur. Ensuite repartir les semences par lot
de deux à trois graines, espacé de 5 à10 cm dans les sillons. Recouvrir les graines d’une
fine couche de compost ou de sable.
Pour faciliter la germination après le semis, il est conseillé de recouvrir les planches de pailles
2.3. Installation de la culture lorsque celle-ci est disponible dans le milieu. Dans le cas contraire, s’assurer que le sol soit
humide de manière continue par un arrosage régulier.
La corète potagère est installée soit par semis direct, soit par repiquage. Le semis direct
est utilisé de préférence pendant la saison sèche (pas de risque d’inondation). Ce mode
d’installation est également approprié pour une récolte unique. Le repiquage est préférable
lorsque la disponibilité en semences est limitée, que la main d’œuvre est abondante et pendant
la saison humide (risque de lessivage des semences en raison des fortes pluies). Dans la plupart
des systèmes de culture traditionnels, les agriculteurs sèment directement et souvent à la
volée sur des planches. Seuls quelques agriculteurs sèment ou transplantent en ligne.

Figure 04 : Semences de la corète potagère Figure 05 : Semis à la volée de la


corète potagère

2.3.2. Repiquage
La mise en place de la corète potagère par repiquage passe au préalable par la production de
plantules saines en pépinière. La pépinière peut être réalisée à même le sol sur des planches ou
en hors sol dans un bac. La pépinière de corète potagère dure en moyenne trois semaines. Les
Figure 02 : Champ de corète potagère semé à Figure 03 : Champ de corète potagère semé en ligne graines sont semées en ligne pour faciliter l’aération et les opérations culturales d’entretien.
la volée
La pépinière doit être proche d’un point d’eau et facile d’accès. Utiliser 0,5 à 1 gramme de
semences pour 1m² de pépinière.

07 08
Repiquage
Le repiquage a lieu environ trois semaines après le semis en pépinière suivant les étapes ci-après:
• arroser préalablement la planche de pépinière puis les planches destinées à accueillir les jeunes
plantules ;
• procéder à la matérialisation des poquets en respectant un écartement de 20 cm entre lignes et
10 à 15 cm entre plants (20 x 10 ou 20 x 15) en utilisant un gabarit ;
• réaliser des poquets de 1 à 2 cm de profondeur ;
• repiquer les plants vigoureux à raison d’un plant par poquet tout en évitant les plants petits et
rabougris ;
• repiquer de préférence dans l’après-midi pour permettre une bonne reprise des plantules après
repiquage ;
• arroser immédiatement après repiquage.

Figure 06 : Pépinière de corète potagère en bac hors sol Figure 07 : Repiquage des plantules de la corète potagère

Comment installer une pépinière de corète potagère au sol ?


Les différentes étapes à suivre pour la réalisation d’une pépinière de corète potagère au sol se
présentent comme suit :
• labourer le sol en y incorporant de la matière organique
(Fiente de volailles, Compost, etc.) bien décomposée à raison
de 1 à 2 kg par m² sur une profondeur de 10cm ;
• confectionner des planches d’un mètre de large et de
longueurs variables suivant la quantité de semences et bien
nivelées ;
Figure 10 : Planches de corète potagè nouvellement repiquées
• réaliser des sillons de 2 cm de profondeur et espacés de 10 à
15 cm ;
• recouvrir les semences d’une légère couche de sable fin ; 2.4. Fertilisation
• arroser avec une solution à base de fongicide ; La corète potagère préfère les sols riches en matière organique. Il est donc nécessaire d’apporter
• couvrir le semis avec de la paille jusqu’à la levée des graines, une semaine après repiquage de la matière organique bien décomposée. Sur sol pauvre, un apport
en guise de protection contre les pluies, le soleil, l’eau complémentaire d’engrais minéral est nécessaire. Ainsi, apporter également deux semaines après
d’arrosage et la volaille. L’arrosage se fait une ou deux fois Figure 08 : Pépinière de corète potagère repiquage de l’urée à la dose de 10 g/m2 en combinaison avec du NPK (15 15 15) à la dose de 20 g/m2.
par jour. au sol prête pour le repiquage Une semaine après chaque coupe, il est nécessaire de reprendre la fertilisation en apportant de l’urée
à la dose de 10g/m².
Sur sol sableux, des apports supplémentaires d’engrais organiques sont obligatoires pour garder le sol
constamment riche en matières organiques. Eviter que les engrais ne touchent les racines ou tiges des
Comment installer une pépinière de corète plants.
potagère en bac hors sol ?
2.5. Opérations d’entretien
Les différentes étapes à suivre pour la
Irrigation : arroser régulièrement la culture (matin et soir) surtout en périodes de forte chaleur ou de
réalisation d’une pépinière de corète potagère
sècheresse. Plusieurs systèmes d’irrigations sont utilisés : aspersion et arrosoirs pour la production en
en bac sont les mêmes à la seule différence
planche. En milieu rural, l’arrosage se fait à l’aide des raccords et pommes d’arrosage.
qu’ici, le substrat à utiliser doit être stérilisé.
Il peut s’agir du compost, de la tourbe ou un
Désherbage : désherber au besoin pour empêcher la compétition entre les mauvaises herbes et la
mélange de terre arable et de matière organique
culture. Le premier nettoyage doit être réalisé 15 jours après levée ou une semaine après repiquage.
(déjections animales) stérilisé par chauffage.
Les prochains nettoyages seront faits au besoin.

Binage : consiste à briser la couche superficielle de la planche pour faciliter une bonne pénétration de
l’eau et l’air pour un bon développement du système racinaire. Cette opération est possible seulement
Figure 09 : Pépinière de corète potagère en pour la production sur planche.
bac hors sol
09 10
2.6. Gestion des nuisibles
La protection phytosanitaire dans le cadre de la production de la corète potagère
se résume à la maitrise simultanée des maladies et les ravageurs de l’espèce.

Les plus importantes maladies sont :

• l­ e flétrissement bactérien – causé par Ralstonia solanacearum : il se manifeste


par une fanaison des plants malgré la présence d’eau. Les plants de corète
potagère flétrissent et se dessèchent.

• l­ a fonte de semis - causée par divers agents pathogènes (Rhizoctonia, Pythium,


Phytophtora). Elle se caractérise par un amincissement du collet et une b. Dégâts de la chenille épineuse sur feuilles
a. Dégâts des altises sur feuilles
pourriture du collet.

• l­ a sclérose – causée par Sclerotium rofsii : cette maladie se manifeste par la


pourriture du collet et du flétrissement de la plante.

• l­ a cercosporiose - causée par Cercospora corchori : elle se manifeste par des


taches circulaires sur les feuilles.

Les plus importants ravageurs sont :

• l­es altises – Podagrica spp. : ce sont de petits coléoptères dont les dégâts se
caractérisent par la présence de nombreux petits trous sur les feuilles (Figure
11a)

• l­a chenille épineuse – Acrea epilacna : les chenilles de ce lépidoptère rongent


entièrement les feuilles de la corète potagère et ne laissent que les nervures
(Figure 11b)

• l­es nématodes à galles – Meloidogyne spp. : leurs dégâts se caractérisent par la


présence des nodules sur les racines (Figure 11c), le jaunissement des feuilles, et
le dessèchement des plants ;

• l­ es acariens – Polyphagotarsonemus latus est l’acarien qui attaque le plus la corète


c. Galles de nématodes sur les racines d. Dégâts d’acariens sur feuilles
potagère. Il provoque le rétrécissement et l’étirement des feuilles (Figure 11d) qui
Figure 11 : Aperçu des dégâts caractéristiques de quelques principaux
prennent une coloration argentée et qui se cassent assez facilement.
ravageurs de la corète potagère

11 12
Tableau 1: Symptômes caractéristiques des dégâts de quelques principaux nuisibles de la corète potagère et méthodes de lutte

Méthodes de lutte
Nuisibles Symptômes
Conventionnelles Sanitaires & Préventives
Maladies

Ils se caractérisent par la fanaison des plantes


Flétrissement bactérien Pas de traitement chimique efficace pour le moment. • Faire des associations de cultures
bien qu’étant toujours vert.
avec des plantes à effet insecticide.
• Utiliser des produits à base de mancozèbe et de
Ces maladies se reconnaissent par un
Fonte de semis l’hydroxyde de cuivre (65,6%) et thiophanate
amincissement du collet, une pourriture du
méthyl. • Éviter une densité trop élevée
collet suivi par le flétrissement général de la
• Dose applicable: 3 kg/ha. de semis car elle provoque une
Sclérose plante.
mauvaise aération des plants et
• Utiliser des fongicides à base de Thiophanate augmente les risques d’infestation
On observe des taches circulaires sur les Méthyl à la dose de 500 g/ha. des maladies
Cercosporiose
feuilles • Faire des traitements tous les 7 à 10 jours.

Ravageurs
• Utiliser des produits à base de Lambdacyanotrine à
la dose de 1,5 L/ha.
Les adultes rongent les feuilles et y laisse de
Altises • Appliquer tous les 14 jours.
nombreux petits trous sur les feuilles.
• Ne pas dépasser 3 traitements. • Détruire les résidus de végétaux
après la récolte.
• Traiter avec l’huile de neem à la dose de 1 L/ha.
Chenille épineuse Ces chenilles rongent entièrement les feuilles • Appliquer tous les 7 jours.
• Faire de la rotation des cultures.

• Sur les racines on observe la présence des


nodulations. • Utiliser des tourteaux de neem ou
Nématodes à galles • Les feuilles des plants attaqués jaunissent. Pas produits homologués au Bénin des épluchures de manioc pour
Cela conduit au dessèchement des plants. amender le sol.

Ils provoquent un rétrécissement et l’étirement


Acariens des feuilles qui prennent une coloration
argentée

13 14
III. PRODUCTION DE SEMENCES
2.7. Récolte et conservation DE CORETE POTAGERE
La récolte se fait couramment pendant les périodes froides de la journée. Elle peut se
faire par arrachage directe (récolte unique) ou par coupe successive. Pour une récolte La plupart des agriculteurs produisent leurs propres semences en maintenant des plants
unique à partir d’une culture semée directement, les plantes sont déracinées ou au champ après la première coupe ou en isolant quelques plants qui vont servir à la
coupées au niveau du sol, 3 à 5 semaines après la levée et avant le développement des production des semences. A la maturité des graines, les plants sont coupés stockés et les
fruits. Dans un système de coupe successive, la première récolte a généralement lieu semences sont obtenues principalement en battant les tiges et les branches sèches avec des
4 à 6 semaines après la transplantation à une hauteur de 10 à 20 cm au-dessus du sol. bâtons, suivis d’un vannage. Cette pratique traditionnelle de multiplication des semences
Cette coupe stimule le développement des pousses latérales. Les prochaines coupes de la corète potagère ne garantit pas son homogénéité et sa qualité. La production des
s’effectuent chaque deux à trois semaines. semences de qualité obéit à des normes et des pratiques qui sont présentées dans cette
section.
Comme tous les légumes feuilles, la corète potagère se conserve très difficilement (3
jours au maximum). Toutefois, en condition de basse température (20°C), la corète
potagère peut se conserver sur une période d’environ 1 semaine. Une autre forme de
conservation de l’espèce consiste à sécher les feuilles ensuite les réduire en poudre 3.1. Installation et conduite d’un champ semencier
pour une conservation d’au moins 6 mois. de corète potagère

3.1.1. Choix de l’emplacement ou du site de


multiplication
Le champ semencier doit être accessible à tout moment durant le cycle de production
de semences afin de favoriser le contrôle par les agents assermentés. Le sol doit être
fertile, bien drainé, aéré et exempt de parasites. Dans le choix d’une zone de production,
il faut disposer des renseignements favorables sur les résultats des cultures antérieures
produites sur la partie concernée pour éviter les risques de contamination. Le terrain
doit être également proche d’un cours d’eau si l’on envisage la culture de saison sèche. Il
faudra aussi éviter d’installer le champ semencier sur un terrain abritant des termitières,
des souches d’arbres ou d’arbustes et des arbres qui peuvent faire de l’ombre.

3.1.2. Isolement
Les plants des champs de Corète potagère destinés à la production des semences doivent
être isolés de manière à éviter tout risque pollution. En général, la floraison est favorisée
par les conditions de jours courts. Cependant, il existe une diversité d’espèces de corète
dont les exigences en termes de longueur du jour pour l’induction florale diffèrent.

La pollinisation croisée est très fréquente entre les plants de corète potagère, lorsque
cultivés en plein champ. Les différentes variétés doivent ainsi être espacées d’une distance
suffisante (voir tableau 2) pour conserver la pureté variétale. D’où la nécessité absolue
de bien observée l’isolement. En effet, il existe différents types d’isolements indiqués ci-
Figure 12 : Aperçu d’une récolte de la corète potagère dessous.

15 16
Isolement dans l’espace 3.1.5. Préparation du sol
L’isolement dans l’espace consiste à maintenir une distance réglementaire entre une variété La préparation du sol consiste à débarrasser le terrain des herbes, des souches et à procéder à
en multiplication et une autre variété de la même espèce. La distance d’isolement minimum un labour profond (20 à 30 cm) du sol. Il faut ensuite incorporer au sol de la matière organique
est de 1000 m pour les semences de prébase et base et 400 m pour les semences certifiées. (fientes de volaille, bourse de vache, crottes de lapin, etc.) bien décomposée à la dose de 10
Ces distances peuvent être réduites par un isolement mécanique (maintien des lignes t/ha puis procéder au nivellement du sol ou à la confection des planches de cultures afin de
de bordures ou un obstacle pouvant empêcher la pollution des cultures semencières) par maintenir un bon lit de repiquage.
exemple des plants de sorgho, mil, ou de maïs d’une largeur d’au moins 20 mètres tout autour
du champ semencier. Par ailleurs, les différentes variétés peuvent également être isolées en
utilisant des cages recouvertes de filet. La présence d’insectes n’est pas nécessaire pour la
3.1.6. Transplantation / repiquage
pollinisation des fleurs à l’intérieur de la cage. Les plants destinés à la production de semences sont produits en pépinière (voire gestion
de la pépinière plus haut) puis transplantés au champ. Les plantules les plus vigoureux et
Sélectionner les plants qui sont uniformes en apparence, sains et vigoureux. Ensacher exemptent de toutes attaques parasitaires sont repiquées à un écartement de 40 à 50 cm
les fleurs avant leur éclosion, afin de les protéger de toute contamination par les insectes entre les plants et de 50 à 80 cm entre les lignes.
pollinisateurs.
3.1.7. Fertilisation
Isolement dans le temps
Fumure organique : apporter une semaine après repiquage de l’engrais organique bien
Il s’agit de décaler les dates de semis de manière que les périodes de floraison ne coïncident décomposé à la dose de 10 t/ha.
pas. Ce qui n’est pas conseillé pour les variétés photopériodiques.
Fumure minérale :
3.1.3. Origine des semences à multiplier • 1er apport : engrais minéral NPK (15 15 15) deux semaines après repiquage à la dose de
200 kg/ha et d’urée à la dose de 50kg/ha ;
Les semences destinées à la multiplication doivent être d’origine officiellement connue et
approuvée (semences de base). Cela peut être prouvé par la présentation des étiquettes de • 2ème apport : apporter en début de floraison de l’urée et du sulfate de potassium à
certification en cours de validité sur les emballages et certificats d’analyse des semences raison de 50 kg/ha chacun ;
certifiées. Le choix de la variété à multiplier doit tenir compte d’un certains nombres de
paramètres que sont : • 3ème apport : apporter en début de fructification de l’urée et du sulfate de potassium à
• la demande sur le marché ; raison de 50 kg/ha chacun.
• le caractère productif de la variété ;
• la résistance aux maladies et/ou ennemis des cultures ;
• l’accès aux semences de base.
3.1.8. Entretien du champ semencier
L’entretien du champ semencier consiste à apporter régulièrement de l’eau nécessaire aux
plants par arrosage une à deux fois par jour en fonction du type de sol et de la saison. Il faut
3.1.4. Précédents culturaux procéder au désherbage régulier du champ pour éviter toute compétition avec les mauvaises
herbes et garantir un bon état sanitaire des plants. Il est nécessaire de faire un binage avant les
Il n’est pas permis de faire succéder les cultures de corète potagère sur elles-
opérations de fertilisation. La parcelle semencière doit présenter un très bon état cultural. Le
mêmes. Toutefois sur les périmètres aménagés en conditions restreintes
mauvais état cultural peut être une cause de rejet de la parcelle semencière. Des traitements
d’irrigation ; il est recommandé de faire une pré-irrigation pour permettre la
phytosanitaires avec des produits homologués doivent donc être réalisés suivant les doses
levée des graines tombées et ensuite procéder à un labour pour détruire toutes
recommandées.
les repousses. Aussi, il faut éviter de faire succéder la corète potagère à toutes
cultures sensibles aux nématodes à galle (Tomate, piment, Aubergine, etc.).

17 18
3.2. Récolte et conservation des semences
Deux éléments sont à respecter : la date de la récolte et les techniques de récolte.

• Date de la récolte : la maturité physiologique d’une semence est atteinte avant que la
semence ne puisse être récoltée car elle contient encore une grande teneur en eau. Les
récoltes très précoces ainsi que les récoltes tardives affectent la qualité de la semence.
Il est judicieux pour un producteur de choisir le moment opportun pour la récolte.
• Techniques de récolte : il n’existe pas de techniques communes à toutes les cultures, mais
quelle que soit la technique, elles doivent préserver la qualité de la semence en évitant
de blesser ou casser la semence et en évitant de mélanger les lots durant la récolte.

Les capsules sont récoltées lorsqu’ils sont complètement mûrs, mais avant leur déhiscence.
Sécher les capsules à l’ombre. Les graines peuvent ensuite être facilement séparées des
capsules manuellement ou par battage. Le battage doit être réalisé quand le taux d’humidité
est entre 12 et 16%, pour minimiser les dégâts causés lors battage.

Figure 13 : Fructification d’un champ semencier de corète potagère

3.1.9. Epuration
Les épurations sont réalisées durant tout le cycle de la plante depuis la pépinière jusqu’à la
récolte. Elles consistent à éliminer tout facteur de pollution des champs semenciers :
• facteurs de pollution sexuée : hors-types, ce sont des plants qui appartiennent à la même espèce
que la variété en multiplication mais qui diffèrent par des caractéristiques morphologiques
(couleur du plant, hauteur, pilosité, etc.). C’est en fait des variétés étrangères

• facteurs de pollution asexuée : ces facteurs de pollution sont les plants d’autres espèces
Figure 14 : Gousses de corète potagère sechées
cultivées, les mauvaises herbes, les adventices dangereux et les plants malades.

19 20
Le séchage des semences se fait en deux phases : Tableau 3: Types et normes d’analyses au laboratoire pour les semences de Corète
• le séchage avant battage et vannage potagère
• le séchage avant stockage.
Normes d’analyses au laboratoire
Durant le séchage, éviter les températures élevées car elles tuent rapidement les embryons des
semences et réduisent ainsi le taux de germination. Il faut éviter de mettre les semences sur une aire Types d’analyses Certifiées
Pré base Base
de séchage cimentée et surchauffée ou les exposer à de forts ensoleillements. Il faut par contre prévoir R1 R2
des toiles à mettre sur l’aire de séchage ou utiliser des toiles pour couvrir des semences contre les
Pureté variétale (min) 99,9% 99,9% 99,7% 99,0%
coups de soleil.
Pureté spécifique (min) 98 % 98 % 98 % 98 %
Matières inertes (max) 2% 2% 2% 2%
IV. CERTIFICATION Grains d’autres espèces cultivées (max) 0,5 % 0,5 % 0,5 % 0,5 %
Toutes les variétés de corète potagère faisant l’objet d’une multiplication de semences doivent faire Faculté germinative (min) 70 % 70 % 70 % 70%
l’objet d’une déclaration de culture à soumettre au service de contrôle en début de campagne de Taux d’humidité (max) 8% 8% 8% 8%
production pour les inspections au champ. Semences d’adventices dangereuses (max) 0,1% 0,1% 0,1% 0,1%
La certification est l’aboutissement d’un processus d’inspections des cultures au champ et d’analyses Maladies 0 0 0 0,01
et tests des lots nature au laboratoire des semences. Les parcelles de production de semences sont
Un document administratif de certification est délivré au demandeur du contrôle sur la
visitées par les agents assermentés des services gouvernementaux en charge de la certification
base du bon résultat de l’examen :
des semences végétales aux moments les plus favorables pour l’identification variétale et pour la
connaissance du bon état sanitaire des plants. Les parcelles doivent remplir un certain nombre de • rapports des inspections aux champs ;
critères (voir tableau 2). • document décrivant conditions de conditionnement et de stockage des semences et
des résultats des analyses au laboratoire des échantillons des lots de semences.
Tableau 2: Critères et normes de contrôles au champ pour les semences de corète
potagère

Normes de contrôles au champ


Critères
Pré base Base Certifiées

Isolement (minimum en mètres) 1000 m 1000 m 400-1000 m

Pourcentage maximum de hors-types 0,2% 0,2% 0,5%


Pourcentage maximum de plants malades 0,1% 0,1% 0,1%

Le mauvais état cultural du champ peut être une cause de refus. Le refus d’une culture de semences
d’amarante par les agents assermentés intervient lorsque les normes ne sont pas respectées. Après
la production, les semences doivent être constituées en lots. Pour déterminer la qualité des lots, les
agents assermentés prélèvent des échantillons selon les règles de l’Association Internationale d’Essais
de Semences de l’ISTA aux fins d’analyses de laboratoire. Le poids minimum de l’échantillon à soumettre
au laboratoire est de 10 grammes. Pour les lots conditionnés en petits emballages, le prélèvement
d’échantillons peut être réduit à deux sachets. Les lots présentés à la certification doivent satisfaire
à toutes les prescriptions du Règlement Technique et notamment aux propositions de normes (voir
tableau 3).

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V. RÉFÉRENCES
1. Sukprakarn, S., S. Juntakool, R. Huang, and T. Kalb. 2006. Comment produire et conserver ses 11. Guide des bonnes pratiques phytosanitaires – Programme PIP COLEACP.
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CEDEAO-UEMOA-CILSS. Atelier tenu à Sélingué, Mali, 9-13 novembre 2015.

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Dako. G. E. 2018. Fiche technique synthétique pour la production de la Corète potagère
(Corchorus olitorius L.). Laboratory of Genetics, Horticulture and Seed Science (GBioS),
Université d’Abomey-Calavi (UAC), Abomey-Calavi, ISBN 978-99919-78-50-5, Dépôt légal
N°10670 du 06/09/18, Bibliothèque Nationale du Bénin, 3ième trimestre.

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10. Nacoulma/Ouedraogo O.G. (1996) - Plantes médicinales et pratiques médicinales


traditionnelles au Burkina Faso : cas du plateau central. Thèse de Doctorat d’Etat ès Sciences
Naturelles. Faculté des Sciences et techniques, Université de Ouagadougou. 2tomes (320p,
285p) N° 13025 du 14/04/ 2021 - 2e trimestre, Bibliothèque Nationale (BN) du Bénin, ISBN :
978-99982-62-67-6

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