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Pierre Corneille
Livret pédagogique
correspondant au livre de l’élève n° 2
NOUVELLE ÉDITION 2021
S O M M A I R E
R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S
L e m o n o l o g u e d e t h é â t r e
( p p . 2 4 à 2 7 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Le père de Chimène est Don Gomès, comte de Gormas, et celui de Rodrigue est Don Diègue.
Rodrigue reformule deux fois dans ses stances (I, 6) cette ironie du sort :
– « En cet affront mon père est l’offensé, / Et l’offenseur le père de Chimène ! » (v. 299-300) ;
– « Puisqu’aujourd’hui mon père est l’offensé, / Si l’offenseur est père de Chimène » (v. 349-350).
v Don Diègue vient de recevoir un soufflet, c’est-à-dire une gifle, de la part du Comte (didascalie,
p. 21). Le Comte s’attendait à être choisi par le roi pour être le gouverneur du jeune prince, mais
c’est Don Diègue qui lui est préféré. Le Comte enrage car Don Diègue a une belle carrière militaire,
mais elle est derrière lui, tandis que lui est encore en activité et combat sans relâche pour son pays.
Avant le soufflet, Don Diègue cherche à apaiser l’orgueil blessé du Comte en proposant le mariage de
Rodrigue et Chimène (v. 166-169), mais le Comte refuse, prétendant que sa fille n’est plus digne
d’un jeune homme dont le père est gouverneur du prince. Après la gifle, l’humiliation de Don
Diègue et la brouille entre les deux familles sont consommées. Il faudra obtenir une réparation par un
duel, et le possible mariage semble définitivement compromis.
w
u Avez-vous bien lu ?
x Don Diègue rappelle son brillant passé militaire (« les travaux guerriers », v. 239), au service de son
pays (« qui tant de fois a sauvé cet empire », v. 242) – ce qui a valu des victoires (« tant de lauriers »,
v. 240) et l’admiration générale (« Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire », v. 241).
On relève le champ lexical de la gloire : « lauriers » (v. 240), « admire » (v. 241), « ma gloire » (v. 245),
« dignité » (v. 247), « honneur » (v. 248), « éclat » (v. 249) « mes exploits » (v. 255), « glorieux instrument »
(v. 255).
y Don Diègue dénonce le « jaloux orgueil » (v. 253) du Comte, qui l’a fait se rendre coupable, envers
lui, d’un « affront insigne » (v. 253).
U Don Diègue est désespéré car tout ce passé glorieux a été réduit à néant par le soufflet du Comte
qui lui fait perdre son honneur (« infamie », v. 238) et il est inquiet car son âge ne lui permet plus de
défendre son honneur ni de se venger lui-même : « ô vieillesse ennemie » (v. 237), qui rend son « corps
tout de glace » (v. 256) ; il est diminué physiquement au point de ne pouvoir se battre (« Mon bras […]
Trahit donc ma querelle et ne fait rien pour moi », v. 241 et 244), et son épée n’est plus, alors, qu’un
« inutile ornement » (v. 256).
u Étudier les thèmes de « l’honneur » et du « déshonneur »
V Le mot « honneur » apparaît aux vers 248 et 252. On remarque qu’aux vers 247 et 248, il forme une
rime sémantique avec « bonheur » : dans Le Cid, il ne saurait y avoir de bonheur sans honneur (on
retrouve cette rime aux vers 395-396, dans la bouche du Comte).
Les mots ou expressions qui désignent le déshonneur de Don Diègue sont : « infamie » (v. 238),
« honte » (v. 250), « affront insigne » (v. 253), « indigne » (v. 254), « le dernier des humains » (v. 259).
Réponses aux questions – 4
L’idée de déshonneur est beaucoup plus présente que celle d’honneur dans le discours du vieil
homme : c’est elle qui est à l’origine de son désespoir et de l’intrigue qui va suivre. C’est pourquoi la
valeur de l’honneur – et son contraire, le déshonneur – est une valeur centrale dans la pièce.
W Don Diègue s’adresse d’abord au « Comte », qu’il apostrophe au vers 251, et ensuite à son épée
(« toi », v. 255, et « Fer », v. 257), qu’il apostrophe également. Le changement de destinataire montre
le cheminement de la pensée de Don Diègue qui envisage d’abord l’origine de l’affront, puis le
moyen de le venger.
X Don Diègue ne peut se venger lui-même car il est trop vieux. Il n’a plus la force de se servir de son
épée : son arme n’est plus que l’« inutile ornement » d’un « corps tout de glace » (v. 256).
at Le vers 260 signifie que Don Diègue va léguer son épée à quelqu’un qui est capable de s’en servir :
on pense naturellement à son fils Rodrigue, qui va devoir venger son père en s’attaquant au père de
celle qu’il aime. Est ainsi annoncé le thème du conflit cornélien entre l’honneur et l’amour.
ap L’accumulation de ces figures de style fait de Don Diègue un orateur hors pair : son art de manier
les mots est, en quelque sorte, la métaphore de l’habileté à l’épée qu’il n’a plus. Son monologue
brillant à chaque vers d’un nouveau coup d’éclat, le spectateur ne peut être qu’enthousiasmé par tant
de virtuosité.
u Expression orale
aq Pour apprendre facilement des vers, il est nécessaire de les avoir bien compris. Ensuite, les élèves
doivent respecter la ponctuation expressive (points d’interrogation et d’exclamation) et mettre en
relief les figures de style. Il faut aussi revoir avec eux la prononciation des e muets en poésie, ainsi que
les enjambements, pour bien respecter le rythme de l’alexandrin.
Les élèves pourront moduler le ton en fonction de la variété des sentiments éprouvés par Don
Diègue. Enfin, ils peuvent réfléchir à une petite mise en scène et, notamment, à la gestuelle.
u À vos plumes !
ar Il faut que les élèves sachent ce qu’ils veulent faire dire au Comte : il y a plusieurs possibilités, mais
ils doivent tenir compte de ce que l’on sait de sa psychologie (ils peuvent relire, à ce sujet, la scène 1
de l’acte II, ainsi que les vers 573 à 578). Les élèves qui choisissent d’écrire un texte en vers doivent
s’efforcer de construire des vers isométriques : ce n’est pas impossible, mais c’est une contrainte
supplémentaire qui implique qu’ils aient bien compris le fonctionnement des e muets et des diérèses.
Enfin, ils doivent réfléchir aux figures de style qui pourraient correspondre aux idées qu’ils veulent
exprimer. Bref, plus que jamais, il ne faut pas se lancer au hasard, mais faire un brouillon rigoureux.
L a m o r t d u C o m t e : r é c i t e t p l a i d o y e r
( p p . 5 4 à 5 6 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Don Diègue a chargé son fils Rodrigue de le venger, puisqu’il n’est plus en état de le faire lui-
même : « […] Venge-moi, venge-toi ; / Montre-toi digne fils d’un père tel que moi. / […] va, cours, vole et
nous venge » (I, 5, v. 287 à 290).
v Il a été difficile à Rodrigue d’accepter cette mission car il doit choisir entre l’honneur qui lui
commande de tuer le Comte pour venger son père et son amour pour Chimène, qui ne voudra et ne
pourra pas épouser l’assassin de son père. Ce conflit de valeurs, qui constitue le dilemme au cœur de
la pièce, est développé dans les stances (ici, la délibération est organisée en dizains) de Rodrigue à la
scène 6 de l’acte I.
w Le duel donne de l’espoir à l’Infante pour deux raisons : d’abord, elle comprend que Rodrigue, en
affrontant le père de Chimène, perd l’amour de celle-ci – ce qui lui laisse le champ libre – ; de plus, si
Rodrigue, qui est inexpérimenté au combat, bat un vaillant guerrier comme le Comte, alors un grand
avenir militaire s’ouvre à lui, qui rehausse sa valeur et le rend digne d’elle (II, 5).
x Le roi Don Fernand redoute un nouveau débarquement des Mores, à qui la marée est favorable :
« […] on a vu dix vaisseaux / De nos vieux ennemis arborer les drapeaux ; / Vers la bouche du fleuve ils ont
osé paraître » (II, 6, v. 607 à 609). Or ce n’est pas le moment. Les deux plus habiles chefs militaires ne
peuvent prendre le commandement des troupes espagnoles : l’un parce qu’il est trop vieux, l’autre
parce qu’il est mort.
u Avez-vous bien lu ?
y Chimène fait le récit du moment où elle a découvert le corps de son père : « Je l’ai trouvé sans vie »
(v. 668 et 674).
U Chimène demande au roi de venger la mort de son père et donc de tuer Rodrigue : « Enfin mon
père est mort, j’en demande vengeance » (v. 689) ; « Vengez-la par une autre, et le sang par le sang » (v. 692).
V L’argument principal de Chimène pour réclamer vengeance au roi est qu’en tuant le Comte,
Rodrigue a gravement affaibli le pouvoir royal : « Immolez, non à moi, mais à votre couronne, / Mais à
votre grandeur, mais à votre personne, / Immolez, dis-je, Sire, au bien de tout l’État […] (v. 693 à 695).
Réponses aux questions – 6
Chimène a l’habileté de remplacer une argumentation personnelle (Rodrigue a non seulement tué
son père, mais attenté à l’honneur de sa famille) par une argumentation politique et, en apparence,
désintéressée.
ao Chimène utilise, en effet, de nombreuses figures de style et, comme tous les personnages de la
pièce, manie avec brio l’art du langage qui est mis ici au service du pathétique :
– hypotypose (v. 659 à 664) : la scène est décrite avec tant de précision dans l’horreur et la violence
qu’il nous semble aussi la voir, comme Chimène ;
– métaphores macabres : « Couler à gros bouillons » (v. 660), « Son sang sur la poussière écrivait mon
devoir » (v. 676), « Se baigne dans leur sang » (v. 686) ;
– anaphore : « Ce sang qui tant de fois » (v. 661 à 663) ;
– allégories : « n’osait verser la guerre » (v. 665), « sa valeur […] / Me parlait par sa plaie » (v. 677-678),
« triste bouche » (v. 680).
Le spectateur doit être saisi d’effroi et d’horreur et, par conséquent, épouser la cause de la jeune fille.
ap La réplique « Mes pleurs et mes soupirs », au vers 670, constitue une didascalie interne : la
comédienne devra non seulement dire mais aussi jouer ce vers. Outre le langage verbal, le théâtre
utilise également le langage du corps. À ces deux langages constitutifs du théâtre, il faudrait ajouter
tout ce qui est véhiculé par la mise en scène, aspect qui n’existe encore que très peu à l’époque de
Corneille.
u À vos plumes !
ar Dans cet exercice, il s’agit de changer à la fois le genre et le point de vue. Conformément au genre
de l’article de presse, l’élève pourra ajouter des éléments spatio-temporels. Le travail consiste
également à rendre le texte plus sobre en supprimant les figures de style et le pathétique.
u Lire l’image
as La photographie de mise en scène est fidèle à l’extrait car elle met en évidence les deux personnages
impliqués dans notre extrait : le roi, qui écoute le récit et doit juger ; Chimène, qui vient dire et
plaider. Mais ils sont plus nombreux sur scène, comme Don Arias, qui reste en retrait sur la
photographie. Il ne prend pas la parole dans cette scène, et son rôle est celui d’un témoin.
Le roi est reconnaissable par sa couronne et son vêtement pourpre. Son attitude, les bras écartés,
semble montrer son désarroi, mais, en même temps, on peut considérer qu’il ouvre les bras à
Chimène, comme pour la protéger et illustrer ainsi le vers 672.
Chimène, par son vêtement blanc très simple, incarne l’innocence et la pureté ; ses cheveux dénoués
soulignent l’absence d’apprêts, ainsi qu’une sorte d’abandon au désespoir – ce qui est renforcé par sa
posture à terre, à la fois accablée et implorante. Son horizontalité s’oppose à la verticalité du roi et
indique son humilité (au sens étymologique de « proche de la terre ») à son égard : elle vient lui
demander quelque chose, le supplier même.
Don Arias semble impassible ; il n’est qu’un figurant ici et, tout de noir vêtu, à la manière des nobles
espagnols de l’époque, il se fond presque dans le décor. L’heure est grave, en tout cas, et les regards
des deux hommes sont tournés vers Chimène car c’est, en grande partie, elle qui, par son discours,
possède la clé de la suite des événements.
L e c o n f l i t i n t é r i e u r d e C h i m è n e
( p p . 6 4 à 6 6 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Don Diègue a demandé au roi qu’il le fasse tuer à la place de son fils, et cela pour trois raisons :
– c’est lui qui a ordonné à ce dernier de le venger, il est donc le seul responsable de la mort du
Comte (« Quand le bras a failli, l’on en punit la tête », v. 722) ;
– il est vieux et inutile (« Immolez donc ce chef que les ans vont ravir », v. 727) ;
– il faut maintenir Rodrigue en vie car il peut être utile à l’État (« Et conservez pour vous le bras qui peut
servir », v. 728).
Réponses aux questions – 8
v Rodrigue s’est rendu chez Chimène pour la voir et lui demander de faire justice elle-même en le
tuant : « Je cherche le trépas après l’avoir donné. / Mon juge est mon amour, mon juge est ma Chimène »
(v. 752-753).
w Don Sanche propose à Chimène, au nom de l’amour qu’il lui porte, de venger lui-même son père
et de se battre en duel contre Rodrigue (v. 777 à 780).
u Avez-vous bien lu ?
x Chimène dit explicitement à Elvire qu’elle aime encore Rodrigue, bien qu’il ait tué son père :
« C’est peu de dire aimer, Elvire : je l’adore » (v. 810).
Ce faisant, elle donne au spectateur, qui l’attendait, la même information : c’est ce qu’on appelle, au
théâtre, « la double énonciation ».
e
y Le paradoxe est formulé au vers 808 de la 2 réplique de Chimène : « Si je poursuis un crime aimant le
criminel ? » Elle reprend la même idée, à la réplique suivante, au vers 812 : « Dedans mon ennemi je
trouve mon amant ». Il paraît, en effet, surprenant, sinon impossible, qu’une jeune fille aime d’amour
l’assassin de son père.
U Ce sont les deux derniers vers de la scène qui résument le projet de Chimène pour résoudre ce
paradoxe : faire condamner et tuer Rodrigue – elle le doit à la mémoire de son père –, puis le
rejoindre dans la mort, car elle ne peut vivre sans lui : « Pour conserver ma gloire et finir mon ennui, / Le
poursuivre, le perdre, et mourir après lui » (v. 847-848).
Finalement, elle se trouve dans la même situation que celle exprimée par Rodrigue dans ses stances
délibératives, et son raisonnement aboutit à la même solution : faire son devoir puis mourir.
les confidents dans le théâtre de Corneille qui sont imperméables à l’idéal de grandeur de leurs
maîtres ; ils n’appartiennent pas à ces « esprits généreux », c’est-à-dire bien nés, dont Chimène parle au
vers 844) : « Madame, croyez-moi, vous serez excusable » (v. 837) ; « vous avez assez fait » (v. 839) ; « Ne
vous obstinez point en cette humeur étrange » (v. 841). Chimène ne peut entendre les raisons (la raison ?)
d’Elvire : « Toute excuse est honteuse aux esprits généreux » (v. 844).
elle prévoit que le triomphe de celui-ci soit de courte durée, puisqu’il doit être suivi de sa propre
mort qui sera la marque définitive de la victoire de l’amour.
ao Elvire reformule simplement la situation de Chimène au vers 809 : « Il vous prive d’un père, et vous
l’aimez encore ! » Mais c’est aussi la confidente qui en fournit la pertinente analyse en prononçant le
mot « tragique » au vers 829.
ap La mort est la seule manière pour Chimène de dépasser ce dilemme car elle ne peut vivre sans être
fidèle à sa « gloire » (v. 842) qui lui commande la mort de Rodrigue, ni sans ce dernier ; c’est
pourquoi « [sa] mort suivra la sienne » (v. 828) et qu’elle devra « mourir après lui » (v. 848).
C’est en cela que réside la générosité (du latin, genus, « la race », « la lignée ») de Chimène,
caractéristique des héros de Corneille : elle doit être fidèle à ce qu’elle doit à son père et, surtout, à ce
qu’elle se doit à elle-même, au point de faire des choix radicaux, difficiles à comprendre pour des
êtres ordinaires.
u À vos plumes !
aq La lettre a longtemps été au programme des classes de collège ; c’est l’occasion, ici, de voir
rapidement, avec les élèves, les codes de la lettre, genre qui n’est plus inscrit au programme, mais qui
peut être utile. C’est aussi la possibilité de mettre en pratique l’objet d’étude « Dire l’amour » et de
vérifier que le texte de Corneille est bien compris.
u Expression orale
ar Un débat doit être organisé et modéré. On pourra demander aux élèves de noter, dans un premier
temps, leurs arguments au brouillon, de façon qu’ils sachent ce qu’ils veulent dire et l’expriment en
faisant des phrases complètes. On pourra demander également à un petit nombre d’entre eux de jouer
le rôle de modérateur, en leur expliquant en quoi cela consiste. Éventuellement, on peut aussi
proposer à d’autres d’être les secrétaires du débat. Les arguments dégagés et notés au tableau pourront
servir de base à un premier travail d’argumentation, dans l’esprit de celui proposé au DNB.
u Lire l’image
as L’enfant représenté sur le tableau de Goya est un jeune noble espagnol ; il appartient donc à la
même classe sociale que Rodrigue et Chimène. La noblesse de sa condition est soulignée par les riches
vêtements (pourpres sur le tableau de Goya, couleur royale) rehaussés de dentelles blanches et dorées
et de nœuds. Malgré cette enfance privilégiée – en témoignent aussi les animaux familiers qui
entourent le jeune garçon comme autant de jouets vivants –, tout dans cette représentation dit la
dignité et la gravité de l’enfant : sa posture très droite, sa prestance, le fait qu’il ne semble pas
s’intéresser à ses animaux. Il est très jeune, mais on comprend qu’il est déjà conscient de qui il est et
de ses devoirs. L’expression du visage est indéchiffrable, mais son air est grave, un peu triste. Peut-être
parce qu’il pose pour le peintre : il paraît figé dans un rôle dont il est prisonnier. Cette idée de la
prison est renforcée par la cage de laquelle ne peuvent s’échapper les oiseaux et par le fil à la patte qui
retient la pie. Ces oiseaux, faits pour la liberté, sont condamnés à un tout autre destin. L’ombre de la
mort rôde, et la menace est proche : les chats guettent dans l’ombre, et l’on sait qu’ils peuvent
facilement tuer les oiseaux – ce qui semble annoncer le destin du petit comte, tout comme
l’inscription que tient la pie dans son bec et qui porte le nom de l’enfant avec sa date de naissance. La
tragédie est inscrite dans cette image. Pour Rodrigue, Chimène ou l’enfant, la première incarnation
du destin est leur classe sociale, à laquelle ils ne peuvent échapper et dont ils doivent respecter les
codes, fût-ce au risque de mortels dangers.
D u d u e l a u d u o a m o u r e u x
( p p . 7 8 à 8 1 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Rodrigue se trouve chez Chimène avec elle dans cette scène. C’est l’un des points qui risquent de
e
susciter la médisance, mais qui a aussi choqué, au XVII siècle, ceux qui ont argumenté contre la pièce
(cf. la querelle du Cid).
Le Cid de Pierre Corneille – 11
v Au début de la scène 4, Chimène et Rodrigue ont parlé de l’épée de ce dernier qu’il tient à la
main, encore pleine du sang du père de Chimène, et dont il voudrait que celle-ci se serve pour le tuer
(v. 863-864). La scène s’ouvre donc par une vision d’horreur et par la thématique sanglante du
bourreau et de la victime.
w Rodrigue prononce cette phrase (« Je le ferais encor, si j’avais à le faire », v. 878) au sujet du meurtre
qu’il vient de commettre car il s’agit d’une vengeance au nom de l’honneur. Un jeune noble espagnol
de l’époque ne peut se dérober à ce genre d’obligation.
x Rodrigue explique à Chimène que, s’il n’avait pas fait son devoir, il n’aurait pas été digne d’elle et
elle ne l’aurait plus aimé, de toute manière : « Qu’un homme sans honneur ne te méritait pas » (v. 888),
« Qui m’aima généreux me haïrait infâme » (v. 890). Chimène comprend tout à fait le choix de
Rodrigue, qui, en vérité, n’en avait pas : « Je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie » (v. 906), « Je ne
t’accuse point » (v. 908), « Je sais ce que l’honneur […] / Demandait » (v. 909-910), « Tu n’as fait le devoir
que d’un homme de bien » (v. 911).
u Avez-vous bien lu ?
y Rodrigue demande à Chimène de le tuer : « [L’honneur] demande ma tête, et je te l’abandonne »
(v. 934) ; « Ta main seule [de ton père] doit prendre la vengeance » (v. 950). Chimène refuse car elle veut
bien réclamer justice, mais non pas se faire justice elle-même : « Va, je suis ta partie, et non pas ton
bourreau » (v. 940) ; de plus, elle refuse une solution suggérée par Rodrigue, elle veut se débrouiller
seule et ne pas être moins héroïque que lui qui n’a consulté que lui-même pour tuer le Comte : « Tu
t’es vengé sans aide, et tu m’en veux donner ! » (v. 952). L’un des enjeux de cette scène, pour Chimène,
est de se montrer l’égale de Rodrigue.
U Chimène demande à Rodrigue de partir car c’est trop douloureux, pour elle, d’avoir sous les yeux
celui qu’elle aime et dont elle doit réclamer la tête : « Va-t’en, ne montre plus à ma douleur extrême / Ce
qu’il faut que je perde, encore que je l’aime » (v. 973-974).
C’est la raison principale de sa demande, mais elle avance aussi le tort qui serait fait à sa réputation si
on le surprenait sortant de chez elle : « La seule occasion qu’aura la médisance, / C’est de savoir qu’ici j’ai
souffert ta présence » (v. 977-978).
V Chimène, à la fin de la scène, promet à Rodrigue de se donner la mort immédiatement si elle
obtient la sienne : « […] je t’engage ma foi / De ne respirer pas un moment après toi » (v. 995-996).
Cela fait écho à la manière dont Chimène parlait à Elvire de cet amour dans la scène précédente. Ici,
le paradoxe accroît encore la tension dramatique car l’amour ne s’oppose plus à la haine mais à la
mort. Les deux jeunes gens ne redoutent plus la haine de l’autre mais la mort qui est aussi nécessaire
qu’inutile.
an La célèbre litote employée par Chimène est « Va, je ne te hais point » (v. 963).
La première justification de l’emploi de cette litote est de l’ordre du langage : Chimène rebondit
spontanément sur le mot « haine » que Rodrigue vient de prononcer. La réplique est donc
stichomythique. Mais une seconde justification, plus importante sans doute, est que Chimène a du
mal à avouer clairement, dans un premier temps, à Rodrigue qu’elle l’aime car, une fois encore, il est
paradoxal d’aimer l’assassin de son père. C’est pourquoi elle préfère une formulation indirecte et
négative. Mais cette négation a ouvert une brèche, et, dans la réplique suivante, Chimène, libérée et
sûre d’elle-même, n’hésite plus à prononcer les mots « je t’adore » (v. 972) et « je [t’]aime » (v. 974),
qui viennent reprendre et amplifier la litote initiale. Au moins par le langage, la valeur de l’amour
triomphe de celle de l’honneur.
ao
Rodrigue Chimène
« Ô miracle d’amour » (v. 985) « Ô comble de misères ! » (v. 985)
« Chimène, qui l’eût dit ? » (v. 987) « Rodrigue, qui l’eût cru ? » (v. 987)
« Ah ! regrets superflus ! » (v. 991) « Ah ! mortelles douleurs ! » (v. 991)
L’harmonie entre les deux amants est si totale que non seulement la syntaxe de leurs répliques est
rigoureusement identique, mais encore les deux répliques qui se font écho ne constituent qu’un seul
et même vers, un alexandrin démonté en deux parties égales. Ils parlent vraiment à l’unisson, et cette
manière d’utiliser les vers est également une manière de faire circuler l’amour de l’un à l’autre et,
finalement, de le faire triompher.
ap Dans les vers 985 à 992, toutes les phrases – et elles sont nombreuses car très courtes (sauf aux
vers 989-990) – se terminent soit par un point d’interrogation, soit par un point d’exclamation. Ces
modalités interrogatives et exclamatives sont au service de l’expression de sentiments :
émerveillement, déploration, étonnement. Ce sont donc les modalités de la phrase que l’on retrouve
très souvent dans le registre lyrique.
aq Aux vers 999-1000, la jeune fille, qui a tenu tête à son amant avec courage et panache dans une
situation intenable – une sorte de sommet tragique (c’est aussi la première fois que l’on voit, sur
scène, les amants se parler) –, éprouve le besoin de se relâcher et de s’abandonner à une douleur
moins oratoire, peut-être, mais plus intime : « Ne m’importune plus, laisse-moi soupirer, / Je cherche le
silence et la nuit pour pleurer. » Si elle se permet cet abandon au désespoir devant le tragique de la
situation, c’est parce qu’il est sans témoin.
u À vos plumes !
ar Ils’agit d’imaginer une réplique d’Elvire, qui soit, si possible, une tirade, pour constituer un travail
d’écriture complet. On n’exigera pas un texte en vers, mais on sera sensible au respect de la
personnalité mesurée et pleine de bon sens d’Elvire. Son discours devra être aussi rigoureusement
construit et s’appuyer précisément sur la scène à laquelle elle vient d’assister. Il doit, certes, être
consolateur, mais aussi argumentatif ; pour cela, il s’agit de déterminer clairement quel est le message
qu’Elvire veut faire passer. Peut-être le même qu’à la scène précédente ? Dans ce cas, il faudra le
développer.
u Lire l’image
as La mise en scène met bien en évidence le fait que Rodrigue s’offre à Chimène, avec toute
l’ambiguïté que contient ce terme. Il fait don de sa personne, désarmé, à genoux, bras grands ouverts,
yeux clos. On peut parler d’« attitude christique » : Rodrigue se sacrifie pour sauver l’honneur de
Chimène et pour se sauver lui-même – ce qui est un peu moins christique. Chimène, debout, en
équilibre sur la pointe d’un pied, brandit l’épée que Rodrigue lui a remise et semble prête à
succomber à la tentation de le frapper et, sans doute, de se donner la mort ensuite. Cette épée dans
l’air, menaçant Rodrigue, exprime le sommet de la tension dramatique. Mais Chimène a trop
Le Cid de Pierre Corneille – 13
d’honneur, et sûrement trop d’amour, pour se faire justice elle-même. Cette image est la
photographie d’un instant où tout pourrait basculer, mais les héros y perdraient de leur héroïsme : ils
ont encore un long chemin à parcourir, semé d’épreuves, pour, peut-être, avoir le droit de s’aimer,
mais de s’aimer en vie. Par ailleurs, on note la sensualité de la scène : le vêtement ouvert de Rodrigue
laisse entrevoir un torse musclé, et Chimène semble en tenue de nuit, légèrement vêtue, cheveux
dénoués – ce qui n’est pas invraisemblable, puisque Rodrigue vient la surprendre chez elle. Tandis
que les moucharabiehs du décor rappellent l’influence de l’art mauresque en Andalousie.
L e r é c i t a u t h é â t r e
( p p . 9 8 à 1 0 1 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Don Diègue demande à Rodrigue de prendre la tête d’une troupe de 500 hommes pour aller
combattre « [l]es Mores [qui] vont descendre » (v. 1075) et « piller la contrée » (v. 1074). Son ton est
impérieux, comme le montrent les modalités injonctives : « Va marcher à leur tête où l’honneur te
e
demande » (v. 1085) est la première ; elle est suivie de sept autres à la 2 personne du présent de
l’impératif (v. 1087 à 1093).
Don Diègue pense que sa proposition – son ordre, plutôt – va résoudre le problème de Rodrigue qui,
officiellement, a perdu l’amour de Chimène. Il pense que gagner cette bataille est le moyen que le roi
lui pardonne et que Chimène ne puisse plus rien demander au monarque, sans compter que ses
sentiments seront encore renforcés par l’exploit de Rodrigue : « […] force par ta vaillance / Ce monarque
au pardon, et Chimène au silence ; / Si tu l’aimes, apprends que revenir vainqueur, / C’est l’unique moyen de
regagner son cœur » (v. 1093 à 1096).
v Comme Don Diègue l’a prévu, l’amour de Chimène se trouve accru : « On le vante, on le loue, et
mon cœur y consent ! » (v. 1127) ; « Silence, mon amour » (v. 1129). Au point qu’elle invoque les
marques concrètes de son deuil (ses vêtements, par exemple) pour avoir le courage de continuer à
chercher justice : « Contre ma passion soutenez bien ma gloire » (v. 1138).
w Cette victoire vaut à Rodrigue le surnom de « Cid » (qui vient de l’arabe et signifie « seigneur »)
donné par ses ennemis vaincus eux-mêmes : « Mais deux rois tes captifs […] / […] t’ont nommé tous deux
leur Cid en ma présence : / […] Cid en leur langue est autant que seigneur » (v. 1222-1224)
Le mot cid est de la même origine que sidi, titre honorifique qui veut dire « monsieur » en arabe.
x Après l’exploit militaire de Rodrigue, le roi renonce totalement à lui faire payer le meurtre du
Comte. C’est le sens des vers 1253 à 1256 : « J’excuse ta chaleur à venger ton offense ; / Et l’État défendu
me parle en ta défense : / Crois que dorénavant Chimène a beau parler, / Je ne l’écoute plus que pour la
consoler. »
u Avez-vous bien lu ?
y La scène se passe de nuit (« une si belle nuit », v. 1268 ; « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles »,
v. 1273 ; « ténèbres », v. 1302) et dans le port de Séville qui est un port fluvial, le seul d’Espagne
(« port », v. 1260, 1276 et 1278 ; « L’onde », v. 1275 ; « la mer mont[e] jusques au port », v. 1276 ; « le
fleuve », v. 1299). Il se situe à 90 km environ de son embouchure dans l’océan Atlantique et subit
l’effet des marées, comme cela est rappelé plusieurs fois. La bataille dure jusqu’à l’aube (« point du
jour », v. 1308) et se déroule pendant 6 heures environ, le temps d’une marée (« Le flux les apporta ; le
reflux les remporte », v. 1318).
U Chronologie de la bataille :
– l’armée de Rodrigue reçoit un renfort de 2 500 soldats (v. 1260) ;
– Rodrigue cache les deux tiers de ses hommes dans les bateaux du port (v. 1263-1264) ;
– Rodrigue ordonne à tous ses hommes de se cacher (v. 1269) ;
– les Mores débarquent dans le port (v. 1281) ;
– tous les soldats cachés à terre se lèvent en criant (v. 1283-1284) ;
– les soldats de Rodrigue sortent en armes des bateaux où ils étaient cachés (v. 1286) ;
– l’armée de Rodrigue massacre les Mores qui n’osent plus combattre (v. 1288) ;
– encouragés par leurs chefs, les Mores combattent (v. 1293) ;
Réponses aux questions – 14
« cinq cents » (v. 1259), puis rapidement « trois mille » (v. 1260), « dont le nombre augmentait à toute
heure » (v. 1265). Du côté des ennemis, « trente voiles » (v. 1274).
Les sentiments, également, sont très forts du côté de la troupe de Rodrigue : « Les plus épouvantés »
(v. 1262), « Brûlant d’impatience » (v. 1266) ; de même que leurs manifestations : « Poussons jusques au
ciel mille cris éclatants » (v. 1284), auxquels font écho, au moment de battre en retraite, ceux des
Mores : « Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables » (v. 1314). Les sentiments de leurs ennemis
ne sont pas moins exacerbés : « L’épouvante les prend » (v. 1287), « leurs terreurs » (v. 1294), « la peur de
mourir » (v. 1312), « leur frayeur est trop forte » (v. 1317). On insiste évidemment sur leur peur, mais ils
ont également une certaine grandeur sans laquelle le combat perdrait de la valeur pour les Espagnols
(« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », v. 434) : « Leur courage renaît » (v. 1294), « L’ardeur de
vaincre » (v. 1312). Le carnage est terrible : « Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang » (v. 1291),
« De notre sang au leur font d’horribles mélanges » (v. 1298), « des champs de carnage où triomphe la mort »
(v. 1300), « tous percés de nos coups » (v. 1320). C’est là une vision d’horreur.
Et, comme souvent dans l’épopée, les éléments naturels participent aussi de manière grandiose à la
bataille : un spectaculaire clair-obscur (« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles », v. 1273) ; la marée
qui rythme le combat (« L’onde s’enfle dessous », v. 1275) ; « Les Mores et la mer montent jusques au port »
(v. 1276) ; « Le flux les apporta ; le reflux les remporte » (v. 1318). Le décor est un acteur à part entière
de la bataille (« Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port », v. 1299) – ce qui rend la scène très
impressionnante.
re
al On relève 14 occurrences du pronom personnel pluriel de 1 personne « nous », auquel il faut
ajouter le pronom indéfini « On » (v. 1277), qui a la même valeur ici. Il y a également des
déterminants possessifs à cette même personne : « notre » (v. 1279, 1298 et 1309) et « nos » (v. 1285 et
1320), et le pronom possessif « Les nôtres » (v. 1285 et 1305). Rodrigue, en bon chef de guerre, veut
montrer qu’il n’a pas agi seul et que sa victoire est celle, collective, de « tous en même temps »
(v. 1283). C’est une manière de rendre hommage à la valeur des soldats et de souligner une solidarité
qui n’aurait pas pu exister sans la reconnaissance unanime de Rodrigue comme chef.
am Même si les Mores se battent bien, cette ardeur est de courte durée et le champ lexical de leur
« frayeur » est fourni. Cependant, leur lâcheté atteint son comble quand, voyant qu’ils ont perdu, ils
abandonnent leurs rois pour sauver leur vie : ils « [f]ont retraite en tumulte, et sans considérer / Si leurs rois
avec eux peuvent se retirer » (v. 1315-1316). Rien de plus opposé au code de l’honneur des Espagnols
qui font passer leur roi avant eux-mêmes.
an « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (v. 1273) : oxymore.
« Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent, / Et courent » (v. 1281) : énumération.
« […] jusques au ciel mille cris éclatants » (v. 1284) : hyperbole.
« Avant que de combattre, ils s’estiment perdus » (v. 1288) : antithèse.
« […] des ruisseaux de leur sang » (v. 1291) : métaphore.
u À vos plumes !
ao Cet exercice peut se faire en classe, en guise de contrôle : il permet de vérifier que le récit de la
bataille est bien compris et que les conjugaisons du passé simple et de l’imparfait sont connues, ainsi
que la valeur de ces temps.
u Expression orale
ap Ce texte peut être l’occasion de revoir ce qu’est un e muet dans un vers. Il y en a beaucoup : on
pourra faire repérer aux élèves ceux qui sont placés avant une consonne ou avant un signe de
ponctuation et qui se prononcent donc. L’autre difficulté est de repérer les liaisons, nombreuses
également. Au moment de la récitation, on sera très attentif au respect de ces deux points.
u Lire l’image
aq Si la photographie du film illustre bien un nombre important de combattants, il n’en reste pas
moins que la bataille a lieu en plein jour dans le film – ce qui est une première différence de taille,
puisque personne n’a l’air de se cacher. De plus, le fleuve est remplacé par la mer et le champ de
bataille semble être davantage une plage qu’un port. Le film a, d’ailleurs, été entièrement tourné à
Peníscola, cité balnéaire espagnole. On remarque que les moyens déployés ici pour rendre la bataille
sont impressionnants : très grand nombre de figurants et costumes historiques somptueux. Bref, la
Réponses aux questions – 16
bataille nocturne de la troupe de Rodrigue a laissé la place à un tableau solaire qui, par ses couleurs et
la présence du sable, n’est pas sans rappeler la corrida.
Pour l’anecdote, dans le scénario du film, Rodrigue est mourant avant la bataille contre les Mores
mais fait jurer à Chimène de l’y faire participer pour ne pas décourager ses hommes : ainsi, c’est le
cadavre de Rodrigue qui est présenté au combat, maintenu par une armature de fer dissimulée dans
ses vêtements – ce qui terrifie l’ennemi, qui le croyait mort, et parfait sa légende.
Q u e l d é n o u e m e n t p o u r l a t r a g i - c o m é d i e ?
( p p . 1 2 6 à 1 2 9 )
u Que s’est-il passé entre-temps ?
u Le roi fait croire à Chimène que Rodrigue n’a pas survécu à la bataille contre les Mores : « Si de nos
ennemis Rodrigue a le dessus, / Il est mort à nos yeux des coups qu’il a reçus » (v. 1339-1340).
Aussitôt, la jeune fille fait un malaise qui ne laisse pas de doute sur ses sentiments véritables, comme le
constate Don Diègue : « Mais voyez qu’elle pâme, et d’un amour parfait, / Dans cette pâmoison, Sire,
admirez l’effet. / Sa douleur a trahi les secrets de son âme, / Et ne vous permet plus de douter de sa flamme »
(v. 1343 à 1346).
v Un duel a lieu ensuite, contre l’avis du roi mais à la demande de Chimène, entre Rodrigue et Don
Sanche, qui s’est proposé pour défendre l’honneur de Chimène. Épouser celle-ci sera la récompense
du vainqueur ; à propos de ce dernier, le roi dit à la jeune fille : « Qui que ce soit des deux, j’en ferai ton
époux » (v. 1464).
w À la scène 5 de l’acte VII, Don Sanche apporte son épée à Chimène, qui ne le laisse pas parler
(« Tu me parles encore, / Exécrable assassin d’un héros que j’adore ? », v. 1713-1714) et croit Rodrigue
mort. Incapable d’honorer la promesse d’épouser le vainqueur du duel, puisque c’est Don Sanche qui
l’a gagné, Chimène demande alors au roi la faveur de se retirer dans un couvent, après avoir laissé sa
fortune à Don Sanche (IV, 6) : « Je lui laisse mon bien ; qu’il me laisse à moi-même ; / Qu’en un cloître
sacré je pleure incessamment, / Jusqu’au dernier soupir, mon père et mon amant » (v. 1738 à 1740).
u Avez-vous bien lu ?
x Rodrigue propose de nouveau à Chimène qu’elle le tue :
– « Je viens tout de nouveau vous apporter ma tête, / Madame ; […] » (v. 1778-1779) ;
– « Ma tête est à vos pieds, vengez-vous par vos mains ; / Vos mains seules ont droit de vaincre un invincible »
(v. 1792-1793).
y a) Faux (« Relève-toi, Rodrigue », v. 1801) – b) Vrai (« Je vous en ai trop dit pour m’en pouvoir dédire. /
Rodrigue a des vertus que je ne puis haïr », v. 1802-1803) – c) Faux (« Pourrez-vous à vos yeux souffrir cet
hyménée ? » dit Chimène au roi, au vers 1806, en espérant le faire revenir sur sa promesse) – d) Faux
(« Et me livrer moi-même au reproche éternel / D’avoir trempé mes mains dans le sang paternel ? », v. 1811-
1812) – e) Vrai (« Et quand un roi commande, on lui doit obéir », v. 1804)
U Le roi ne revient pas sur sa promesse de donner Chimène pour épouse au vainqueur du duel, donc
à Rodrigue, mais accepte un délai qui pourra aller jusqu’à un an, le temps que Chimène fasse son
deuil et Rodrigue de nouvelles conquêtes qui le rendront encore plus digne de sa promise : « Rodrigue
t’a gagnée, et tu dois être à lui. / […] Prends un an, si tu veux, pour essuyer tes larmes. / […] Reviens-en, s’il
se peut, encor plus digne d’elle » (v. 1815 à 1830).
« Madame ; mon amour n’emploiera point pour moi / Ni la loi du combat, ni le vouloir du Roi » (v. 1779-
1780), et c’est à elle seule qu’il « apport[e s]a tête » (v. 1778). Il insiste en répétant plusieurs fois la
même chose dans trois vers consécutifs ; c’est dire s’il est convaincu par cette idée : « Ma tête est à vos
pieds, vengez-vous par vos mains ; / Vos mains seules ont droit de vaincre un invincible, / Prenez-une vengeance
à tout autre impossible » (v. 1792 à 1794).
X Dans le champ lexical de l’amour, on relève :
– un adjectif : « amoureux » (v. 1776) ;
– un nom commun : « mon amour » (v. 1779) ;
– un verbe au plus-que-parfait de l’indicatif : « avait aimée » (v. 1800).
On remarque que ces trois mots appartiennent non seulement au même champ lexical, mais aussi à la
même famille de mots, puisqu’ils sont formés sur le même radical : on a donc un polyptote, qui est
une figure d’insistance. Au terme de la pièce, les sentiments de Rodrigue n’ont pas changé, et, soumis
à rude épreuve, le jeune guerrier incarne l’amour dans toutes ses variations – ce qui est,
paradoxalement, la marque d’une grande stabilité du sentiment.
at Rodrigue utilise de nombreuses hyperboles pour rappeler qu’il est un héros. En effet, il a déjà
accompli plusieurs exploits en moins de 24 heures : tuer le redoutable Comte en duel, défaire la non
moins redoutable armée des Mores et repousser leur tentative d’invasion, puis, après tant de fatigues,
décider de l’issue du duel avec Don Sanche. Cependant, il est prêt à poursuivre ses exploits pour
parachever la conquête de sa dame. Les hyperboles sont les suivantes : « combattre encor mille et mille
rivaux » (v. 1783) ; « Aux deux bouts de la terre étendre mes travaux » (v. 1784) ; « Forcer moi seul un
camp, mettre en fuite une armée » (v. 1785) ; « Des héros fabuleux passer la renommée ? » (v. 1786) ; « vaincre
un invincible » (v. 1793).
ak Le roi ordonne, néanmoins, à Rodrigue une nouvelle épreuve : aller combattre les Mores sur leur
propre terrain. C’est sa mission pendant l’année de deuil de Chimène : « Rodrigue, cependant, il faut
prendre les armes. / Après avoir vaincu les Mores sur nos bords, / […] Va jusqu’en leur pays leur reporter la
guerre, / Commander mon armée, et ravager leur terre » (v. 1822 à 1826).
C’est la conquête guerrière qui, pour le roi, permet de légitimer la conquête amoureuse : « Et par tes
grands exploits fais-toi si bien priser, / Qu’il lui soit glorieux alors de t’épouser » (v. 1831-1832).
L’idée d’associer la conquête guerrière et la conquête amoureuse n’est pas nouvelle : on la trouve dans
l’Antiquité comme dans les romans de chevalerie.
ce dernier. C’est pourquoi le roi décide d’un délai, d’un « hymen différé » (v. 1819) – ce qui n’était pas
re
le cas dans la 1 version de la pièce en 1637.
u À vos plumes !
bk On ne demandera pas aux élèves que leur dénouement soit vraisemblable et respecte les codes du
e
XVII siècle, mais plutôt de transposer l’histoire à notre époque pour imaginer un autre dénouement.
u Expression orale
bl Pour cet exercice, les élèves pourront s’inspirer des lectures préparatoires de la troupe de la
Comédie-Française, dans le cadre du Théâtre à la table, épisode publié le 6 mars 2021, que l’on trouve
sur Internet : https://www.youtube.com/watch?v=kpFj3Epqb3c.
bm Le travail à la table, qui a été abordé avec la question 22, est un préalable à toute mise en scène. Car
c’est bien l’objet de cette question que d’imaginer une mise en scène qui prolonge la question
précédente. On laissera les élèves donner librement leurs idées et on les orientera vers des recherches
Le Cid de Pierre Corneille – 19
historiques pour les costumes, si nécessaire. C’est aussi l’occasion de leur rappeler tout ce qui permet
de transformer le texte en représentation : le choix des acteurs, la diction, la gestuelle, les costumes, le
décor, la musique, les lumières, éventuellement la danse ou la vidéo…
R e t o u r s u r l ’ œ u v r e
( p p . 1 3 0 à 1 3 2 )
u L’action
u 1-c : l’Infante avoue à Léonor son amour pour Rodrigue (I, 2, v. 82-83) ;
2-b : Don Diègue est choisi pour être gouverneur du fils du roi (I, 3, v. 151 et 154) ;
3-g : le père de Chimène gifle celui de Rodrigue (I, 3, didascalie avant le vers 226) ;
4-e : Rodrigue tue le Comte (II, 7, v. 632 : on apprend la mort du Comte) ;
5-i : Rodrigue se rend chez Chimène pour réclamer qu’elle lui donne la mort (III, 4, v. 850, 853,
854, 857, 863 et 870) ;
6-a : Rodrigue combat contre les Mores (entre l’acte III et l’acte IV, récit à l’acte IV, 3) ;
7-h : le roi annonce à Chimène la mort de Rodrigue au combat (acte IV, 5, v. 1340) ;
8-f : Rodrigue se bat en duel contre Don Sanche (acte V, pendant les quatre premières scènes) ;
9-d : Rodrigue doit repartir combattre les Mores sur leurs propres terres (V, 7, v. 1825).
u Les personnages
v
Chimène L’amant
Le Comte Un prétendant pour sa fille
Don Diègue Un fils
RODRIGUE EST POUR… Don Sanche Le rival
L’Infante L’homme aimé en secret
Les Mores Le Cid
Le roi Un guerrier héroïque
u L’ombre de la mort
U
MEURTRES
Meurtrier(s) Victime(s) Mobile
MENACES DE MORT
Personne menaçante Personne menacée Mobile
Chimène Chimène Désespoir si elle survit à
Rodrigue.
On voit que Rodrigue, sans cesse menacé par la mort, y échappe – ce qui est aussi une marque de son
caractère héroïque.
R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s d u g r o u p e m e n t d e t e x t e s
( p p . 1 4 5 à 1 5 4 )
On pourra, en préalable, demander aux élèves d’examiner le paratexte de chaque extrait et d’en
déterminer le genre et le siècle.
Les valeurs qui s’opposent, ici, sont donc l’insouciance et le plaisir de l’instant (une sorte de « Carpe
diem »), d’une part, et la discipline, le travail, l’économie et la prévoyance, d’autre part.
B. La Fontaine suggère que sa sympathie va à la Cigale (à qui il ressemblait dans la vie) plutôt qu’à la
Fourmi, qui se montre égoïste, brutale, sans générosité ni pitié. Son refus d’aider la Cigale est non
seulement ferme, mais aussi ironique : « Hé bien ! dansez maintenant. »
pouvait trouver la paix ni le repos après la mort) pour faire un exemple et montrer au peuple que les
choses sont réglées (« Il est roi, il faut qu’il donne l’exemple »). Créon a dit qu’il condamnerait à mort
quiconque essaierait de contredire cette version officielle en enterrant Polynice. Ismène, dans la
dernière réplique, décrit précisément la dramaturgie du supplice qui attend les jeunes filles si elles
désobéissent.
B. Antigone défend la justice morale, le droit à l’imprudence et la nécessité d’être en accord avec soi-
même (« ton regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne », lui dit sa sœur). Ismène, même
si elle partage, au fond, le sentiment d’injustice d’Antigone (« j’ai pitié moi aussi de mon frère »), défend,
au mieux, la raison (« je comprends un peu notre oncle »), au pire, la loi du plus fort (« Il est plus fort que
nous […]. Et ils pensent tous comme lui dans la ville »). Antigone soutient une position exigeante et
intransigeante et sait qu’elle choisit la mort (« Bien sûr. […] Lui, il doit nous faire mourir »). Ismène peut
sembler plus médiocre et choisit la vie par manque de courage (« Je ne peux pas, je ne peux pas… » ;
« Je ne veux pas mourir »). Ce qui oppose les deux sœurs est qu’Antigone est prête à mourir pour des
idées, est une héroïne, tandis qu’Ismène est une personne ordinaire, sage, obéissante, disposée au
compromis.
C. Créon défend la paix sociale : il y a eu un début de guerre civile, il faut donc trouver un coupable
et une victime et que les choses soient claires pour le peuple, même s’il y a erreur. La décision de
Créon est éminemment politique. Il est évident que, dans la suite du texte, ce sens (ce bon sens ?)
politique va se heurter à l’idéalisme d’Antigone qui veut être fidèle à elle-même et se dirige vers la
mort, la tête haute, car elle sait que c’est son destin (« C’est comme ça que ç’a été distribué »).
R é p o n s e s a u x q u e s t i o n s d e l e c t u r e d ’ i m a g e s
( p p . 1 5 5 - 1 5 6 )
u Document 1 : Le Cid, mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman, 2006
A. Les deux personnages mis en évidence sont le roi et Chimène, au premier plan. Don Arias est en
retrait sur la droite de l’image : en effet, s’il est présent physiquement dans cette scène, il n’a aucune
réplique. De plus, son visage est sans expression, son corps immobile. Il est vraiment là dans le rôle du
figurant. Il se fond d’autant mieux dans le décor que son costume est noir.
Au contraire, le roi est vêtu d’une couleur vive, et Chimène de blanc – ce qui tranche avec le décor.
Tous deux sont en mouvement, et leurs visages sont expressifs. Chimène attire particulièrement
l’attention par sa position inattendue, dont l’horizontalité est renforcée par la longue traîne de sa robe.
B. La jeune femme demande que justice soit faite et que l’assassin de son père, Rodrigue, soit
exécuté.
C. Chimène est dans une attitude implorante, comme le souligne sa position à terre, c’est-à-dire
humble, au sens étymologique du terme. Son absence d’apprêt, ses cheveux dénoués font d’elle une
jeune fille entièrement dominée par son désespoir et non plus une aristocrate de la Cour, digne en
toute circonstance. Néanmoins, le mouvement de son corps est nettement dirigé vers le roi, les appuis
au sol sont fermes, la tête bien droite – ce qui suggère une certaine détermination. Le roi, quant à lui,
paraît décontenancé et regarde Chimène avec étonnement. Ses bras largement ouverts et tendus vers
elle semblent lui offrir une protection, à moins que, dans un premier temps, il ne souhaite la relever.
Quoi qu’il en soit, paradoxalement, on devine plus de fragilité et moins de stabilité chez le roi, dont
une jambe en arrière est dissimulée par la cape, que chez Chimène.
D. La photographie de mise en scène évoque un tableau par le travail de composition : trois lignes
verticales, à gauche, celle d’un pilier que redouble la silhouette du roi ; à droite, Don Arias, qui, par sa
taille et sa corpulence, forme une autre ligne verticale et massive ; au centre, un rideau qui tombe, lui
aussi, avec un aplomb parfait. Comme prisonnière de ces lignes verticales, qui peuvent évoquer des
barreaux, Chimène est le seul élément d’horizontalité – ce qui souligne sa faiblesse et renforce l’idée
d’« enfermement ». Victime offerte à la raison d’État qui doit remplacer un guerrier par un autre de
même valeur, et raison qui est, avant tout, celle d’un monde d’hommes ?
Le travail de composition est aussi souligné par celui de la couleur : du rouge, du jaune, du blanc et
du noir, employés comme autant d’aplats qui rendent l’image d’autant plus graphique que le décor est
dépouillé. Enfin, l’utilisation du clair-obscur parfait cette évocation très picturale.
Le Cid de Pierre Corneille – 23
P R O P O S I T I O N
D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E
Séance n° 3 : « Le conflit • Le sens du mot paradoxe • Le champ lexical • Écrire une lettre
intérieur de Chimène » • Le sens du mot dilemme • Étudier le registre élégiaque • Organiser un débat en classe :
• Vocabulaire : dire l’amour • La représentation d’un texte de argumenter
Extrait : scène 3 de l’acte III
(pp. 60 à 63) • Le degré d’intensité d’un mot théâtre • Étudier un tableau.
• Réviser les classes grammaticales : • Le genre et le registre tragiques
nom commun, adjectif qualificatif,
verbe
Séance n° 4 : « Du duel au • Le sens du mot générosité : chercher • Étudier le registre lyrique • Écrire un texte argumentatif
duo amoureux » l’étymologie d’un mot, étudier • Une figure de style : la litote • Étudier une photographie de
l’évolution de son sens • Une modalité de l’échange au mise en scène
Extrait : scène 4 de l’acte III • Étudier la ponctuation expressive
(v. 933 à 1000, pp. 73 à 77) théâtre : la stichomythie
Séance n° 5 : « Le récit au • Étudier le présent de narration (et, • La didascalie initiale (liste des • Reconstituer la chronologie des
théâtre » éventuellement, les autres valeurs du personnages et lieu de l’action) événements
présent) • Étudier les repères spatio- • Écrire un récit au passé en
Extrait : scène 3 de l’acte IV • Étudier les classes grammaticales : temporels utilisant des connecteurs temporels
(v. 1257 à 1329, pp. 94 à 97) pronoms et déterminants • La double énonciation au théâtre • Mettre en voix des vers
• Conjugaison et valeurs d’emploi : • Étudier une tirade • Étudier une image de film
les temps du passé de l’indicatif • Étudier la fonction du récit au
théâtre
• Étudier le registre épique
• Étudier les figures de style
Séance n° 6 : « Quel • Vocabulaire dépréciatif (péjoratif) et • Comparer deux genres : tragédie et • Transposer une situation à une
dénouement pour mélioratif tragi-comédie autre époque et imaginer un autre
la tragi-comédie ? » • Les types de phrases • Les principales règles de la dénouement
• Repérer le langage classique tragédie, dont celle de bienséance • Mettre en scène une scène de
Extrait : scène 7 de l’acte V théâtre
(pp. 123 à 125) • Étudier un dénouement
• Jouer une scène de théâtre
B I B L I O G R A P H I E E T R E S S O U R C E S
C O M P L É M E N T A I R E S
u Bibliographie
Éditions du théâtre de Corneille
– Œuvres complètes, coffret, textes et illustrations, Bibliothèque des Introuvables, 2008.
– Œuvres complètes, coll. « L’Intégrale », Seuil, 1963. Le texte du Cid est celui de 1660, revu en 1682.
– Œuvres complètes, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1980. Le texte est celui de 1837.
Sur Corneille et son œuvre
– P. Bénichou, Morales du Grand Siècle, Gallimard, 1942.
– C. Biet, Moi, Pierre Corneille, coll. « Découvertes Gallimard » n° 484, Gallimard Jeunesse, 2006.
– B. Dort, Pierre Corneille dramaturge, L’Arche, 1957.
– O. Nadal, Le Sentiment de l’amour dans l’œuvre de Pierre Corneille, Gallimard, 1948.
– A. Stegmann, L’Héroïsme cornélien. Genèse et signification, Armand Colin, 1968.
Sur le théâtre au XVIIe siècle et le contexte littéraire
– J. Morel, Histoire de la littérature française de Montaigne à Corneille, Flammarion, 1999.
Sur la conception du théâtre par Corneille
– P. Corneille, Trois Discours sur le poème dramatique, Flammarion, 2021.
Sur Le Cid
– A. Couprie, Pierre Corneille, « Le Cid », PUF, 1989.
Sur l’enseignement du Cid : une bande dessinée
e
– V. Pot, Le Cid en 4 B, coll. « Hors-champs », Boîte à bulles, 2019.
u En DVD
– Le Cid, captation de la mise en scène de Thomas Le Douarec, 2016.
– Le Cid, film d’Anthony Mann, 1961 : avec Charlton Heston (Rodrigue), Sophia Loren (Chimène),
Geneviève Page (l’Infante).
u Sites Internet
– Le Théâtre à la table : lecture de la pièce (version de 1637) par les acteurs de la Comédie-Française,
sous la direction de Denis Podalydès, parue le 6 mars 2021.
https://www.youtube.com/watch?v=kpFj3Epqb3c
– Le Cid, captation de la mise en scène de la pièce par la Compagnie Colette Roumanoff.
https://www.youtube.com/watch?v=bXMAOnCfjaY
– Le Cid, film d’Anthony Mann, cité plus haut.
https : //www.youtube.com/watch ? v=lvG9MnQE6tI