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Le droit de vengeance

1/ Qui sont les deux interlocuteurs et quel rapport y a-t-il entre eux ?

Les deux interlocuteurs sont :

le père Don Diègue et le fils Don Rodrigue

C’est parce qu’il est son fils que Don Diègue demande à Don Rodrigue de le venger. La viellesse l’empêche
d’agir lui même→son fils seul pourra venger une injure faite à toute la famille.

2/ Les mots et expressions qui expriment la vengeance sont :

- Viens réparer ma honte, viens me venger V.6/7


- Pour venger et punir v12
- Lave un tel outrage v14
- Tu tiens la vengeance v.26
- Venge-moi, venge-toi v.27
- Va, cours, vole et nous venge v.30

Les mots et expressions qui expriment les raisons sont:

- Ma honte v.6
- Un affront si cruel v.7
- Un soufflet v.9 (gifle)
- Un tel outrage v.14
- L’offense v. 25
- L’affront v.26

Comment est démontrée la détermination de Don Diègue ?

Don Diègue est très déterminé et ne laisse aucune autre possibilité à son fils que de laver dans le sang cet
affront : les verbes à l’impératif sont nombreux (v. 6,13,15,23,27,28,30)

Les phrases sont péremptoires (discours clos, que l’on ne peut pas remettre en cause):

- ce n’est que dans le sang v.14


- Qui peut vivre infâme est indigne du jour v.24
- Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense v.25
- Phrases dans lesquelles Don Diègue généralise la situation

3/ Quelle est la nature du texte

C’est Don Diègue qui parle le plus et coupe la parole à son fils v.23 . C’est presque un monologue alors
qu’un texte théâtral en général est fait de répliques et de didascalies.

↘Ce texte est une injonction à combattre et à venger l’offensé, sans tarder (cours, vole v.30)

Sans opposer d’objections ( ne réplique point v.23)

Aucune didascalie n’est nécessaire pour indiquer le ton de la voix ( forcément sévère et autoritaire) où les
impératifs suffisent à évoquer.
4/ Structure de la scène et thèmes traités :

La scène se divise en 3 parties :

1/ v.1-7 sans dire de quoi il s’agit Don Diègue s’assure du courage de son fils et lui demande de le venger.
2/ v.7-21 Sans dire qui est l’offenseur, Don Diègue révèle qu’il s’agit d’un soufflet donné par un homme à
redouter.
3/v.22/30 Don Diègue révèle l’identité de l’offenseur et presse son fils à le venger.
↘Le texte est donc une révélation progressive.

5/ Quel est le portrait psychologique des deux personnages ?

Don Diègue fait preuve de ruse en ne dévoilant l’affaire que progressivement. Il connait l’amour de
Rodrigue et Chimène et ne révèle donc le nom du père de Chimène qu’à la fin, lorsque Rodrigue est déjà
trop avancé dans le désir de laver l’affront fait à son père.

Déjà aux vers 1 et 2 Rodrigue s’est étonné et énervé qu’on puisse questionner son courage. Au v.22, c’est
lui qui coupe son père pour demander plus vite le nom de l’agresseur, comme si toutes les paroles de mise
en garde de son père étaient superflues, quand il s’agit de laver un affront ; face à Don Diègue autoritaire et
presque inhumain dans son idée fixe de vengeance, Rodrigue montre autant de force de caractère ; il ne
vacille qu’un court instant ( voir les points de suspension v.23) et ne proteste pas quand il sait le nom de
l’offenseur.

6/ Quels sont les mots particulièrement expressifs dans leur contexte :

V.9 Le Mot Soufflet attendu depuis le début de la scène mais retardé au maximum, puisque Don Diègue
parle avant d’affront et de honte, est encore repoussé par son rejet et ainsi mis en valeur.

Au V. 15 l’ordre « Meurs ou tue » est expressif, avec les deux impératifs. Monosyllabiques qui résument
toute l’attitude de Don Diègue et tout le choix laissé à Rodrigue.

Au V.27, Don Diègue reporte sur son fils l’injure qui lui a été faite avec les ordres presque identiques :
« venge-moi, venge-toi ».

Enfin, la succession des impératifs monosyllabiques du dernier vers- avec l’allitération en V – ne laisse
aucune alternative à Rodrigue : « Va, cours, vole et nous venge ».

Ce verbe venger revient constamment dans la scène.

7/ Quelle est l’intensité dramatique des vers 22/23

Aux vers 22/23 Rodrigue découvre que l’agresseur est le père de sa bien-aimée et que l’avenir dont il avait
rêvé s’écroule.

Or c’est lui qui sûr de lui, coupe la parole à son père, avant de se trouver anéanti par la révélation. C’est
alors son père qui lui coupe la parole et ne lui laisse aucun choix. Toute cette évolution psychologique du
personnage se fait donc en deux lignes et quatre mots.

Le vers 25 ressemble à une maxime parce qu’il généralise la situation ( avec les articles définis, le singulier,
le présent de vérité générale et le parallélisme des mots-plus…plus/offenseur, offense), il a une portée
morale et dispose les mots en chiasme ( offenseur/cher, grande/offense).
8/ Etude du rythme et des sonorités du vers 30 :

Le début du vers concerne Don Diègue qui n’a plus de forces : la phrase est déclarative, alourdie par la
répétition du son « é »…elle intensifie l’effet de ralentissement.

La seconde moitié du vers concerne Rodrigue : la phrase est impérative, le rythme est accéléré par les
quatre verbes monosyllabiques, qui se répondent par l’allitération en « V ».

9/ En quoi consiste le drame de Rodrigue ?

Rodrigue est déchiré entre son amour pour Chimène et le devoir de venger son père. C’est un héros
Cornélien dans le sens qu’il choisira l’honneur face au dilemme qui lui est posé et qui lui impose de laver
l’affront fait au père. Chimène elle aussi choisira la voie de l’honneur qui lui demande de réclamer justice,
elle demandera la vie du meurtrier de son père.

Conclusion :

L’attaque du royaume des Maures est pour Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon
du Roi. Pendant le duel entre Don Sanche et Rodrigue →Rodrigue en sort vainqueur→ laisse la vie sauve à
son adversaire→ cette prouesse →le transforme en héros Cornélien et lui permet d’avoir la promesse d’un
futur mariage entre Rodrigue et Chimène↘ grâce à son courage et à son choix face au dilemme entre
l’amour pour Chimène et l’honneur de son père et de sa famille→ Rodrigue devient le héros classique
Cornélien qui parvient à changer son destin→ cette caractéristique nous démontre l’influence de
l’éducation Jésuite de Corneille qui défend l’idée que l’homme peut se sauver grâce à ses mérites →à ses
actions.

Le drame est shakespearien et le dilemme est Cornélien et s’oppose au point de vue janséniste sur la
prédestination de l’homme et au héros Racinien qui périt de ses passions.

La pièce provoquera la polémique car l’amour de Chimène pour l’assassin de son père fit scandale. En outre
on parle de la querelle du Cid car l’énorme succès de cette pièce a suscité des jalousies.
Les puristes ont accusé Corneille d’avoir plagié la pièce espagnole et de ne pas avoir respecté les règles de
vraisemblance des trois unités imposées par le théâtre classique.
Comment tant de batailles et d’évènements peuvent-ils se passer en 24 heures ?
La querelle a marqué la victoire du théâtre classique sur le théâtre baroque.
La pièce devient un texte incontournable du théâtre classique européen et aborde les thèmes de la passion
amoureuse, de l’honneur et de la cruauté.

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