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Diversité au Maroc

Dans les comportements quotidiens, un décideur tend vers l’uniformité sociale, en l’absence
d’informations sur la personne à évaluer ; les critères adoptés seront ceux là même qui le
caractérisent. « La réticence des managers à recruter des profils atypiques s’explique par les
difficultés et les risques qu’ils anticipent. Alors que l’intégration d’un clone est aisé »
(Peretti, 2007). Or face à une population de plus en plus hétérogène la problématique de la
gestion de la diversité s’impose comme une évidence. Pour gérer la diversité, il faut d’abord
la connaître et l’identifier. Pendant long temps, le Maroc a été perçu comme une seule et
unique entité, un pays arabo-musulman de l’Afrique du Nord. La constitution marocaine
définit le pays comme un pays arabe dont l’islam est religion d’Etat. Les récents
bouleversements politiques dans les pays arabes, ont remis en question cette tendance à
l’uniformité en mettant à jour les diversités qui composent le monde arabe et qui se vérifient
au sein des entreprises. Au Maroc, la diversité de la population se vérifie bien au sein des
entreprises, et suppose donc une gestion adéquate qui permet l’intégration de tous les
individus au sein de l’organisation. Cependant, rares sont les recherches académiques qui
portent sur la réalité des pratiques de la gestion de la diversité au Maroc. Une étude
exploratoire menée par Bentaleb et Safieddine (2010), renseigne sur une perception favorable
des dirigeants à l’égard de la gestion de diversité, accompagnée d’une faible prise de
conscience de son importance et de ses enjeux. Chacun prétend pratiquer une gestion
équitable à l’égard des différentes catégories, toutefois les outils utilisés sont intuitifs et
restent davantage tributaires d’initiatives individuelles que le résultat d’un projet social. Les
conclusions de l’étude sont les suivantes : – Peu de sensibilisation sur le sujet de l’égalité et
les risques de discrimination directe et indirecte, – Faible vulgarisation des textes et lois. Les
statuts et les extraits de textes de loi ne sont généralement ni affichés ni diffusés,

– Absence d’entités de veille sur la diversité qui pourraient conforter les initiatives
individuelles. – Rares prise en considération du sujet de l’égalité et de la lutte contre les
discriminations au travail dans les plans de formation. L’étude révèle aussi, que la diversité
dans la perception des dirigeants est intuitivement liée aux femmes et aux handicapés. Alors
que la diversité marocaine est plus vaste et suppose une meilleure compréhension de ses
tenants et aboutissants. Le dernier projet en date, qui est la régionalisation avancée de la
gouvernance est une vision exclusivement administrative des différences qui composent le
pays. Le gabarit régional issu du découpage est essentiellement basé sur des dimensions
politique, économique et de densité de la population. L’exode rural, l’urbanisation de plus en
plus forte, ainsi que la croissance économique que connaît indéniablement le pays, font
aujourd’hui que ces diversités se vérifient au-delà des limites régionales. Les dirigeants
marocains ont donc à gérer au sein de leurs entreprises plusieurs Maroc à la fois. Il est donc
nécessaire de mettre en place les marqueurs de la diversité. Sur la base de différentes
classifications utilisées dans les travaux portant sur les discriminations et la gestion de la
diversité. Cornet et Warland (2006) proposent cinq catégories qui regroupent le champ de la
diversité : – Les caractéristiques physiques « visibles » : ce sont les caractéristiques
visibles qui peuvent influencer du « premier regard » la perception des acteurs comme le sexe,
l’âge et la race. – Les caractéristiques physiques fonctionnelles : renvoient aux éléments
physiques qui ne sont handicapantes qu’en fonction d’un contexte particulier. Les auteurs
citent notamment la grossesse, le poids ou la taille. – Autres caractéristiques individuelles
relevant de « l’histoire de l’individu », les immigrés ou les ex-détenus par exemple. – Les
caractéristiques sociales : identifient l’individu selon son appartenance réelle ou supposée à
un groupe ou un environnement social. On retiendra notamment le nom et prénom, la
religion ou la langue maternelle. – Les caractéristiques organisationnelles : renvoient au
groupe d’appartenance de l’individu dans son métier et son organisation. Au Maroc, ces
caractéristiques se vérifient et se manifestent mais de manières plus implicites, notamment à
travers les critères fondamentaux qui constituent la diversité du pays1. – Les langues :
Plusieurs langues sont utilisées au Maroc, et des variétés existent pour chacune des langues.
D’abord l’amazighe, qui se décline en trois dialectes : le tarifit, dans le Nord-Est ; le
tamazight, dans le Moyen Atlas, dans la partie septentrionale du Haut Atlas et dans la région
du Sud-Est; et le tachelhit, dans la partie méridionale du Haut Atlas et la région du Sud-Ouest.
Ensuite, l’Arabe classique qui est la langue du coran, elle est employée dans les sphères
religieuse, politique, administrative, juridique et culturelle. L’arabe dialectal est celui utilisée
dans les rues et à la maison, c’est la langue qui forge l’éducation et la culture populaire. Enfin
le Français, qui est très couramment utilisé notamment dans la sphère économique et
politique. Dans les régions du nord et dans le Sahara, c’est l’espagnol qui prédomine. – Les
ethnicités : Même si le mot ethnicité ne s’attribue pas proprement aux différences entre
marocains, mais certaines différences notables dans le style de vie existent entre la population
en fonction de l’origine. Les habitants cer-taines villes impériales comme Fès, Rabat, Salé
et Tétouan sont considérés comme les premiers citadins marocains. On distingue également
les bédouins originaires des plaines intérieures, les sahraouis, et les amazighes dont le dia-
lecte les catégorisent en fonction de leurs origines. Cette catégorisation n’est pas figée mais
elle est flexible, car une double origine ethnique pour un maro-cain est chose courante. –
Religions : 98,5 % de la population marocaine est musulmane de rite sunnite malékite. A la
fin des années 50 les juifs représentaient 5 % de la population, l’immigration vers Israël a
réduit cette catégorie à moins de 1 %. La propor-tion est la même pour les chrétiens. Même si
certaines recherches montrent que le Maroc connaît une montée du religieux (Tozy et al.,
2007), les pratiques quotidiennes ne convoquent que marginalement l’islam, il existe une
dissocia-tion entre le temps social et le temps religieux. Les auteurs parlent même de
sécularisation de la religion non assumée. – La pyramide sociale : Le Maroc a été connu
pendant longtemps, pour une pyramide des âges avec une base large qui se réduit au sommet.
Cette donne a changé ces dernières années, avec un taux de fécondité de 2,5, les moins de 18
ans représentent 37,6 %, et ils sont 60,2 %entre 18 et 60ans. Cette structura-tion fait qu’une
forte pression s’exerce aujourd’hui sur le marché de l’emploi, mais également prédit une
grande crise de gestion des retraites au fur et à mesure que la population vieillira. Une
étude récente sur la perception des jeunes envers le pays, montrent de l’optimise de cette
catégorie vis-à-vis de l’économie.– Alphabétisation : Le taux d’alphabétisation au Maroc est
de 55 %, beaucoup d’efforts ont été déployé pour atteindre l’objectif de 65 %. Toutefois, le
rende-ment du système éducatif demeure faible, par manque de moyen et de coordi-nation.
Pour exemple, le taux de scolarisation secondaire est de 13 % au niveau national et d’à peine
4 % au milieu rural. Uniquement 7,5 % des alphabétisés atteignent un niveau universitaire. –
Les rapports genre : La population féminine représente un peu plus de 50 % au Maroc. Malgré
l’investissement des femmes dans l’espace public et une évolution des droits des femmes. La
culture dominante reste très patriarcale et machiste, les femmes accèdent beaucoup moins que
les hommes à l’éducation. 77,5 % des chefs de ménages sont des hommes et les employeurs
femmes sont estimées à moins de 2 % des actifs.

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