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La problématique du soutien scolaire au Maroc.

Diagnostic et perspectives
de méthode
The issue of tutoring in Morocco. Diagnosis and method perspectives
Abdellaziz Zbadi
Docteur en Sciences du Langage
Lycée qualifiant, Abbas Miftah de Salé.
Doctor of Language Sciences
Qualifying High School in Sale.

Abstract : Le soutien scolaire demeure un phénomène de société, à la mode, pour certains,


une nécessité pour d’autres concernant la quasi intégralité des foyers marocains, en milieu
urbain. Aussi avons-nous pensé à nous approcher davantage de ce phénomène pour le
comprendre, décortiquer le concept, s’interroger sur son utilité, ses soubassements, ses raisons
d’être, ses conséquences et son impact (positif ou négatif) sur l’enseignement. D’ailleurs,
c’est la raison pour laquelle cette recherche a été entreprise et orientée vers l’émergence d’une
approche sémiotico-managériale du soutien scolaire.

Mots-clés : Soutien scolaire, lycée qualifiant, diagnostic, perspectives et méthode.

Abstract: School support remains a social phenomenon, fashionable for some, a necessity for
others concerning almost all Moroccan households in urban areas. So we thought of getting
closer to this phenomenon to understand it, dissect the concept, question its usefulness, its
foundations, its reasons for being, its consequences and its impact (positive or negative) on
teaching. Moreover, this is the reason why this research was undertaken and oriented towards
the emergence of a semiotico-managerial approach of school support.
Keywords: School support, qualifying high school, diagnosis, perspectives and method.

Texte intégral

Le Maroc, dit-on, est malade de son école. Nombreuses sont les réformes qui se sont
succédées sans résultat. D’aucuns parlent de crise d’enseignement générale, d’autres parlent
d’échec de l’enseignement marocain, d’autres encore clament clairement la faillite totale de ce
système d’enseignement.

Qu’avait-on fait pour surmonter cette crise de l’action éducative et pédagogique,


marquée par l’absentéisme des apprenants, le retard scolaire, la déperdition scolaire et l’échec
scolaire ? Un seul traitement palliatif s’est-il vu s’imposer, progressivement, par enseignants
et parents, afin de combler les lacunes du système d’enseignement, à tous les niveaux et

107
échelons, sous l’étiquette du Soutien Scolaire1 (dorénavant S.S).

Le soutien scolaire demeure un phénomène de société, à la mode, pour certains, une


nécessité pour d’autres concernant la quasi intégralité des foyers marocains, en milieu urbain.
Aussi avons-nous pensé à nous approcher davantage de ce phénomène pour le comprendre,
décortiquer le concept, s’interroger sur son utilité, ses soubassements, ses raisons d’être, ses
conséquences et son impact (positif ou négatif) sur l’enseignement. D’ailleurs, c’est la raison
pour laquelle nous avons entrepris cette recherche orientée vers l’émergence d’une approche
sémiotico-managériale du soutien scolaire.

Notre choix de l’approche sémiotique s’explique par deux raisons : d’abord, par
l’aspect novateur de la discipline choisie ; ensuite, parce que la sémiotique s’intéresse au
phénomène de la signification dans tout système ou ensemble structuré et signifiant, comme
c’est le cas du soutien scolaire2.

Nous avons opté pour l’approche managériale parce que, de nos jours, le management
touche à tous les secteurs et les domaines. Notre choix se justifie, en fait, par la quête de la
qualité du soutien scolaire, ‘objet de valeur’ introuvable encore par la quasi-totalité des
acteurs de la situation pédagogique.

Comme toute autre activité, le soutien scolaire possède des processus qui sont
critiqués pour ses objectifs stratégiques. L'amélioration de la qualité du service dispensé par
nos collaborateurs dépendra de notre aptitude à identifier forces, faiblesses et opportunités de
progrès. Tout en vérifiant notre conformité par rapport au référentiel choisi, nous avons opté
pour un management de la qualité3.

Les clients (apprenants dans notre cas) deviennent de plus en plus conscients des
questions de qualité. Ils veulent d’avance être certains que le service offert répondra à leurs
attentes, ainsi qu’aux attentes des prescripteurs, que sont les parents ou les enseignants eux-
mêmes. Mettre en place un système de management de la qualité va certainement aider les
responsables pédagogiques à augmenter la satisfaction de leurs clients, accroître la cohérence,
et améliorer les processus internes. Cela minimisera le risque de non-satisfaction des attentes
des clients.

Notre objectif, en enquêtant auprès des intéressés, est de comprendre ce phénomène,


de comprendre pourquoi il n’a cessé de prendre de l’ampleur, comment il est fait, pourquoi il

1
« Le soutien scolaire est dispensé dans le cadre et dans le temps scolaire, par des enseignants, à des élèves qui,
provisoirement, ou sur une plus longue durée, ont besoin d'une aide personnelle ; le soutien peut prendre la
forme de l'aide individualisée, de la remédiation, du tutorat, voire prendre place dans le cadre des études au
collège. »
Études, aides individualisées, tutorat sont des dispositifs mis en place dans le cadre de la rénovation des collèges
et des lycées. Ils peuvent se doubler d'aides mises en place dans le cadre de l'autonomie des établissements (aide
au travail personnel, SOS maths, etc.). Voir Dictionnaire encyclopédie de l'éducation et de la formation (2000),
p.20.
2
D’autres approches pédagogiques parlent d’accompagnement scolaire, avec un sens différent. Le soutien
scolaire signifie l'aide qui est dispensée à l'école, sur le temps scolaire, par les équipes éducatives, alors que
l’accompagnement à la scolarité concerne l'aide dispensée, dans un cadre partenarial, sur le temps périscolaire,
par des intervenants variés.
3
Ce concept de la ‘qualité’ revient toujours, à travers les réformes qui se sont succédées dans l’enseignement,
sans aucune réalisation sur le terrain.
108
existe ? Est-il utile ? Obligatoire ou Facultatif ? Peut-on vraiment s’en passer ? Si oui,
comment ? Sinon, pourquoi ?

Pour répondre à ces multiples questions de recherche, nous optons pour une démarche
inductive qui consiste à partir d’enquêtes sur le terrain, sonder une population-cible et décrire
le phénomène de société pour émettre des hypothèses valables qui peuvent nous aider à
concevoir une théorie du soutien scolaire.

Pour ce faire, nous avons opté pour un plan structuré en deux parties : une partie
théorique ou conceptuelle où il s’agit de présenter le référentiel théorique et méthodologique à
même d’asseoir une approche rationnelle et raisonnée du soutien scolaire, et une autre partie
pratique appelée investigation de terrain. Les deux parties se composent, à leur tour, et
respectivement, de plusieurs sections.

La première partie s’articule autour de deux sections majeures, la sémiotique du


management pédagogique et le soutien scolaire, décliné en autant de types et de faires de
soutien scolaire et débouchant sur l’ingénierie pédagogique et les processus de sémiotisation
du management de la qualité.

La seconde partie, intitulée ‘Investigation de terrain’, comprend des sections


techniques, telles que la démarche adoptée, la technique d’investigation, l’enquête, le
dépouillement et l’analyse des résultats, les résultats et leur interprétation, ainsi que la
discussion des interprétations.

Notre travail de recherche est accompagné d’un volet Annexes4 montrant, sous forme
de tableaux, de diagrammes et de schémas, toute la complexité du travail de terrain et les
modèles descriptifs et interprétatifs qui en étayent la démarche et l’analyse.

I. Cadre conceptuel et méthodologique

Le cadre conceptuel et méthodologique repose, en grande partie, sur la combinaison


d’une démarche sémiotique et managériale dont l’objectif est d’aboutir à une approche
éprouvée du management pédagogique au regard de la problématique à traiter, qui est celle du
soutien scolaire et/ou de l’accompagnement individualisé.

Section 1 : La sémiotique du management pédagogique

1.1. Sémiotique de l’École de Paris

En effet, selon El Mostafa Chadli (2007), « la sémiotique née de l’enseignement de F. de


Saussure et nourrie par les travaux de E. Buyssens, L.J. Prieto, G. Mounin et R. Barthes, s’est
vite constituée, dans les années soixante – dix, en un vaste mouvement européen, autour de
A.J. Greimas, de réflexion, de recherche et de travaux, appelé École de Paris. »

C’est ainsi que « la sémiotique, estime-il, s’est imposée d’emblée comme une théorie
générale de la signification, à visée universaliste, ayant pour objet le discours, aussi bien
verbal que non verbal. En tant que théorie, elle dispose d’une axiomatique, d’un dispositif
conceptuel et méthodologique réglé et d’une capacité analytique puissante, à même d’intégrer

4
Annexes ne figurant pas dans cette version, compte tenu de la limitation de pages.
109
tout apport méthodologique, jugé pertinent, dans le champ de l’analyse de discours
(énonciation, isotopie, actes de langage, figures de style, etc.).5 »

Il est certain que l’École de Paris de sémiotique a eu une grande influence sur les
sciences sociales et humaines et elle a touché nombre de domaines tels que les études
politiques, l’anthropologie, l’architecture, l’aménagement territorial, et même la
communication visuelle et artistique. Aussi, nous semble-t-il utile d’associer la sémiotique au
management pédagogique afin de prévoir, ou du moins d’esquisser un modèle d’application à
même de rendre compte de la complexité du processus didactique et pédagogique de la qualité
en termes de soutien scolaire.

1.2- Sémiotique du management pédagogique

Avant d’établir la relation entre la sémiotique et le management pédagogique, il


faudrait d’abord définir ce concept. En effet, le management pédagogique est une sorte de
gestion de l’enseignement qui se veut être une mise en œuvre d’un ensemble de procédés
administratifs, de ressources humaines et matérielles propres à assurer le déroulement des
activités d’enseignement et d’apprentissage .6

On ne peut parler, en fait, de gestion de l’enseignement sans faire allusion à la gestion


de la classe, gestion qui demeure une fonction de l’enseignant, lequel oriente et encadre les
apprenants ou les apprenantes en contact avec les tâches d’apprentissage. Ensuite, vient
l’administration scolaire qui est un ensemble de services assurant la vie matérielle, financière
et institutionnelle des écoles selon les règles adaptées par les pouvoirs scolaires.

Ce système managérial pédagogique ne peut avoir lieu sans l’existence d’un


‘manager’ qui est le coordinateur pédagogique. Ce dernier assure les fonctions suivantes :

a- Élaboration et mise en place des plannings de formation :

▪ Analyse de la nature des besoins de formation.


▪ Proposition de plan d’action.
▪ Conception du planning de formation.

b- Gestion des activités de formation :

▪ Présélection des candidats


▪ Organisation : choix des formateurs et compositeurs de l’équipe
pédagogique,
▪ programme et calendrier.
▪ Suivi des apprentis : accueil, information et suivi.
▪ Liaison avec le maître d’apprentissage : organisation de réunions,
participation aux formations de formateurs, réunions des conseils de classe,
participation aux examens blancs.

5
Séminaire de Sémiotique et d’Analyse de discours du Master Sciences du langage, Sciences
de discours et Communication, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat, année
universitaire, 2007-2008.
6
Url : http //wwwcdc.qc.ca/eduthes-html/ 00002867htm [consulté le 15 août 2008].
110
c- Pédagogie :

▪ Coordination de l’équipe pédagogique : réunions de rentrée, suivi de la


progression pédagogique et la transversalité des matières, réunions de
bilans, accompagnement de l’activité de formateur, organisation des jurys
d’examen, pilotage des examens blancs.
▪ Organisation des réunions de concertation et de bilans d’évaluation.
▪ Participation aux jurys d’examens.

1. 3. Sémiotique et management

Si la gestion pédagogique est une donnée importante dans tout processus éducatif, elle
présuppose pour ce faire la mise en place d’un système de management de la qualité (S.M.Q),
défini comme l’ensemble des instructions de prise en compte et de mise en œuvre des
processus pédagogiques visant la rationalité de l’organisation et l’amélioration des
performances et des résultats.

Aussi la gestion de la qualité, domaine vital de l’entreprise pédagogique, touche-t-elle


tous les secteurs et services de l’action pédagogique (Administration, logistique, informatique,
C.D.I, enseignants, élèves/parents, intervenants extérieurs).

L’objectif est d’assurer, d’abord, une communication pleine entre les différents
partenaires et de favoriser, ensuite, une synergie à même d’atteindre l’efficience souhaitée.

La mise en œuvre de cette stratégie, centrée sur le S.M.Q, se conjugue en autant de


tâches spécifiques qu’on peut résumer comme suit :

▪ Planifier ;
▪ Faire (ou exécuter) ;
▪ Vérifier ;
▪ Corriger.

Le S.M.Q est donc partie prenante de l’ensemble des outils de gestion mis à la
disparition du manager (Administration ou staff pédagogique) afin de planifier, orienter et
coordonner les activités pédagogiques pour assurer un meilleur rendement en termes de coût
global et de pourcentage de réussite, ainsi qu’en termes de satisfaction des intervenants.

Dans ce cadre, la sémiotique pourra s’inscrire dans ce processus du management


pédagogique de la qualité comme instrument d’analyse et d’évaluation des différentes phases
de processus du S.M.Q, ainsi que des actants de ce processus.

Après avoir présenté le cadre sémiotico-managérial du soutien scolaire, nous allons


maintenant définir le soutien scolaire et ses raisons d’être.

111
Section 2 : Le soutien scolaire

2.1- Essai de définition

Nombreuses sont les définitions attribuées au soutien scolaire dont celle citée par le
Ministère de l’Éducation Nationale (MEN) 7 « un ensemble de moyens et de techniques
pédagogiques susceptibles d’être exploités soit en classe, dans le cadre des unités didactiques,
soit hors-classe, dans le cadre des activités de l’école en général, afin de prévenir et d’éviter
toute forme d’échec qui compromettrait tout apprentissage normal chez l’élève »8.

Dominique Glasman (1998)9 emploie ce concept pour « toutes les activités consacrées
à la lutte contre l’échec scolaire, etc. ».

La terminologie donnée, à travers la littérature éducative, est « soutien scolaire », «


soutien pédagogique », « pédagogie de soutien », « tutorat » « coaching »,
«accompagnement», « pédagogie coopérative », etc.

Alors, quelles sont les raisons d’être du soutien scolaire ? Autrement dit, pourquoi a-t-
on besoin dudit soutien ?

C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

2.2- Causes du soutien scolaire

Les causes du soutien scolaire sont nombreuses et variées, elles sont au nombre de dix:
1- Les lacunes du système éducatif marocain.
2- L’accélération de la compétition scolaire (concours, élèves qui veulent se réaliser
pleinement).
3- L’intégration des apprenants les plus défavorisés.
4- Les apprenants en difficulté.
5- L’amélioration de leurs méthodes de travail.
6- Rattraper son retard.
7- Améliorer ses présentations.
8- Se faire aider dans ses devoirs.
9- Obtenir un très bon bulletin.
10- Réussir son examen, etc.

Ayant étalé les raisons d’être du S.S, nous allons essayer de présenter ses types.

2.3. Les types de soutien scolaire

2.3.1-Le soutien scolaire interne

Le soutien scolaire interne est un soutien qui a lieu dans l’école, en classe. Il consiste à
remédier aux lacunes des apprenantes et apprenants, à vérifier la compréhension du cours, à

7
MEN (2004), Formation des institutions de 6ème année de l’enseignement fondamental (1990), p.25 ; cité par
Abderrahmane Toumi (2004), p.158.
8
A. Toumi (2004), La classe de Français : de la pédagogie du contenu à la pédagogie des compétences,
p.158.
9
J. M. Gillig (1998), L’aide aux enfants en difficulté à l’école problématique, démarches, outils, p.134.
112
fixer et à soutenir les élèves en difficulté, à travers des batteries d’exercices multiples et variés
en ayant recours au besoin au rappel de l’explication de la règle de manière schématique et
synthétique.10 Abderrahmane Toumi (2004) retient trois formes de S.S interne : ‘le soutien
intégré’, ‘le soutien périodique’ et le ‘soutien institutionnel’.

En effet, le soutien intégré est « un soutien immédiat qui accompagne la pratique


habituelle de la classe. »11. Il concerne l’oral et l’écrit, au moment des cours, des exercices et
au cours de leur correction. Sa raison d’être est de déceler les difficultés des apprenantes et
apprenants afin d’y remédier de manière directe.

C’est ce que l’auteur formalise de la manière suivante.12

Schéma n° 1 :

(Abderrahmane Toumi, 2004, p.158.)

Le soutien périodique 13 , lui, s’apparente à une sorte d’arrêt-bilan qui se fixe


l’évaluation des acquis, la correction des erreurs et la consolidation.

Le soutien institutionnel 14 , dans le cadre de l’école cette fois-ci, a lieu quand une
apprenante ou un apprenant exprime des difficultés. L’animateur, essaie, alors de lui venir en
aide au sein de la classe. Si cette aide s’apparente insuffisante ou inappropriée, on fait appel à
l’équipe pédagogique. La demande peut se faire oralement ou par écrit. L’équipe analyse les
difficultés de l’élève et propose une démarche pédagogique pour y remédier.

Telles furent les trois formes (A. Toumi2004) du S.S interne.

Au Maroc, en raison du manque d’enseignants en Français et de l’augmentation de


l’enveloppe horaire, de la surcharge des programmes scolaires sans oublier pour autant
l’augmentation des effectifs, cette forme de S.S interne s’est vue éclipser petit à petit pour

10
Cette forme de S.S interne était très courante pendant les années 80 et 90, en prenant, pendant un certain
temps, l’étiquette de ‘Régulation’, terme qui été emprunté à la sphère militaire.
11
A. Toumi (2004), op. cit.
12
Adopté de B. Maccario (1991), « L’évaluation » in Cahiers pédagogiques, numéro hors-série, 1991, p.142 ;
cité par A. Toumi (2004) op.cit.
13
A Toumi (2004, p. 159).
14
Ibidem.

113
laisser envahir un phénomène : le soutien scolaire externe ou le soutien épiscolaire, développé
dans la sous-section suivante.

2.3.2- Le soutien scolaire externe ou le soutien épiscolaire

Cette forme du S.S est très en vogue ces derniers jours et est même devenue à la mode.
Certains s’en réjouissent, d’autres la déplorent mais le fait est qu’aujourd’hui, après les cours,
presque tout le monde fait du S.S, chaque jour sinon un jour sur deux. Ces activités visent à
aider les apprenantes et les apprenants à obtenir de meilleurs résultats scolaires. Elles
s’observent sous différents aspects : ‘le soutien scolaire’, ‘le rattrapage’, ‘le renforcement’,
‘l’aide aux devoirs’,’ l’accompagnement scolaire’ ou ‘l’accompagnement éducatif’.

En effet, le soutien scolaire externe se divise à son tour en soutien individuel ou


collectif. Le premier se fait de manière individuelle dans une « boîte » de S.S ou chez un
professeur ou c’est le professeur qui se déplace chez l’apprenant moyennant un paiement
contractuel.

Le second type de S.S externe peut se faire de manière collective dans la « boîte » de
S.S ou chez l’enseignant.

Le nombre de « boîtes » de S.S ne cesse d’augmenter jour après jour comme c’est le
cas des épiceries et des téléboutiques, sans se soucier vraiment de la qualité des deux
partenaires. La raison en est la concurrence et les prix qui ne cessent de baisser. D’ailleurs, la
2ème partie de notre travail intitulée : « investigation terrain » subsume une enquête sur le
terrain du ‘secondaire qualifiant’ et analyse les raisons, les causes et les retombées de ce fléau
social. Ce qui nous invite à voir le soutien scolaire de près et à en appréhender les apports et
les limites.

2.4. Les apports et les limites du soutien scolaire

2.4-1- Les apports

Nombreux sont les avantages du S.S dont nous citons les éléments principaux :
a- le S.S jouerait, dit-on, une fonction d’externalisation hors de l’espace familial des
tensions créées par la scolarité.
b- Au sein du S. S, l’apprenant est confronté à d’autres enseignants, qui ne sont pas
ceux de tous les jours, de sorte qu’il reprend confiance en lui, on se sent plus à
l’aise : on peut se tromper sans risque d’être catalogué.
c- On y apprend à réussir les épreuves scolaires, à ‘figurer’ honorablement,
i.e. conformément aux ambitions personnelles et familiales.
d- On améliore sa méthodologie de travail. e-On rattrape le retard scolaire en y
traitant les préalables.
f- On se fait aider dans ses devoirs.
g- On s’épanouit. h-On s’adapte et on s’accommode.
i- On évite le redoublement.
j- On est motivé.

114
2.4-2- Les limites

a- Certaines critiques portent sur le fait que ce sont des organismes privés à but
lucratif, qui pour l’essentiel, s’occupent de combler les lacunes du dispositif scolaire,
ce qui ne permet pas l’accès de tous à cette aide.
b- Certains pédagogues en critiquent le principe lui-même, arguant que le
S.S évite au système éducatif de se remettre en cause, en laissant à d’autres le soin de
pallier ses lacunes.
c- En plus des frais et des faux frais de la scolarité des apprenants, le S.S
constitue une taxe supplémentaire qui alourdit les charges des parents.
d- Certaines formes des cours du S.S risquent d’ennuyer l’apprenant quand la
séance ne constitue qu’une simple reprise de cours.
e- La dépendance15 : il s’agit d’une accoutumance de l’apprenant.
f- L’apprenant risque d’être distrait en attendant que le professeur lui explique le
cours pendant la séance du S.S.
g- Le S.S risque de constituer une sorte de surcharge de l’élève, et de là, il fatigue
l’apprenant.
h- La cherté des séances peut atteindre des fois cinq cents dirhams de l’heure16.
i- Le cours de S.S réduit la marge de recherche personnelle de l’apprenant et ne
lui permet pas de trouver le temps de se cultiver.
j- Le désengagement17 : Certains parents ou enseignants se déchargent totalement
de leurs responsabilités (problèmes ou apprenants à problème), en se démobilisant et
en se retirant, etc.

Après avoir présenté les apports et les limites du soutien scolaire, nous pensons qu’une
‘formule palliative’ pourrait éventuellement se substituer au S.S. Il s’agit de l’intégration de
l’ingénierie pédagogique dans le système d’enseignement marocain, objet de la section qui
suit.

2.5- L’ingénierie pédagogique

L’ingénierie pédagogique est une nouvelle conception alternant pédagogie et moyens


multimédias afin de promouvoir des formations adéquates et conséquentes pour un
enseignement efficace en essayant de pallier le besoin du soutien scolaire.

Le chercheur G. Paquette (2002) 18 définit l’ingénierie pédagogique de la manière


suivante : « Par ‘ingénierie pédagogique’ ou ‘ingénierie de la formation’, nous désignons
l’ensemble des principes, des procédures et des tâches qui permettent de définir le contenu
d’une formation au moyen d’une identification structurelle des connaissances et des
compétences visées, de réaliser une scénarisation pédagogique des activités d’un cours
définissant le contexte d’utilisation et la structure des matériels d’apprentissage et, enfin, de
définir les infrastructures, les ressources et les services nécessaires à la diffusion des cours et
au maintien de leur qualité ».

15
A. Toumi (2004, p. 159).
16
Ce prix peut concerner le S. S qu’on faisait pour accéder au concours de classes préparatoires.
17
G. Chaveau (2005), « L’aide peut-elle gêner l’apprentissage ? » in Cahiers pédagogiques, octobre 2005, p.25.
18
G. Paquette (2002), L’ingénierie pédagogique, P.U.Q. [Consulté le 10 septembre 2008].
115
Elle est par ailleurs 19 définie comme un ensemble de méthodes et d’outils permettant
la construction de séquences ou d’outils pédagogiques adaptés à un public-cible avec des
objectifs pédagogiques clairement définis.

Étant une formation d’étude, de conception et d’adaptation des méthodes et des


moyens pédagogiques, l’ingénierie pédagogique se réfère aux compétences suivantes :

La connaissance, le savoir-faire, le savoir-être (transformé en savoir-faire), les


capacités cognitives, etc.

Ainsi, l’ingénierie pédagogique est une fonction d’étude, de conception et d’adaptation


des méthodes et/ou des moyens pédagogiques. Elle regroupe les différents processus conduits
par le maître d’œuvre et le(s) formateur(s) pour construire et produire le dispositif
pédagogique nécessaire à la réalisation d’une action de formation. L’ingénierie pédagogique
comprend les phases suivantes :
1- La déclinaison des objectifs de formation en objectifs pédagogiques.
2- Le choix des partis pris pédagogiques.
3- Le choix des méthodes pédagogiques.
4- La conception et l’organisation des séquences pédagogiques.
5- L’animation de la formation.
6- L’évaluation des acquis des apprenants.
7- La réalisation du bilan du maître d’œuvre.

Après avoir présenté les sept phases de l’ingénierie pédagogique, nous allons
maintenant les expliquer afin de pouvoir mieux comprendre ce qu’est l’ingénierie
pédagogique.

a-Objectifs pédagogiques

Ce sont les capacités que l’apprenant doit avoir acquises à l’issue d’une action de
formation, définie par le formateur, à partir d’un objectif de formation.

L’objectif pédagogique sert à construire et à conduire l’action de formation et à


évaluer les capacités acquises. Ce sont les représentations, les prises de conscience, les
schémas cognitifs, les connaissances, les savoir-faire que les apprenants doivent avoir acquis
au terme de l’action de formateur. Ils constituent des « ressources » avec lesquelles les
personnes pensent construire leurs compétences. Ces objectifs peuvent être formulés : en
termes « d’être capable de … » pour les savoir-faire : - en termes de contenu pour les
connaissances ; et en termes d’évaluation pour les représentations et la prise de conscience.

b-Méthodes pédagogiques

C’est l’ensemble de démarches formalisées et appliquées selon les principes définis


pour acquérir un ensemble de savoirs conformes aux objectifs pédagogiques. Les méthodes
pédagogiques désignent les manières dont le formateur organise la transmission de ses
connaissances et des savoir-faire aux apprenants, en vue d’atteindre les objectifs
pédagogiques de la commande du maître d’œuvre. Les pédagogues distinguent trois familles
de méthodes, reflétant trois conceptions différentes de l’accès au savoir :

19
Afnor : Association Française de Normalisation. [Consulté le 12 septembre 2008].
116
1- Les méthodes affirmatives (‘exposititionnelles’ ou démonstratives), dans
lesquelles le formateur, détenteur du savoir, le transmet à un auditoire qui reçoit
ce savoir sans collaborer à sa construction.
2- Les méthodes interrogatives qui consistent à faire découvrir à l’apprenant ce que
l’on veut enseigner.
3- Les méthodes actives, basées sur le principe que l’on apprend mieux lorsque l’on
construit soi-même son propre savoir.

Ces trois méthodes font appel à différentes techniques pédagogiques telles que :
▪ L’exposé, le débat, le cours magistral, l’imitation de gestes, l’analyse de
témoignages, etc.
▪ L’étude de cas, la simulation, le jeu de rôles, le traitement autonome de projet,
etc.

c-Supports pédagogiques

Ce sont, en fait, les moyens utilisés dans le cadre d’une méthode pédagogique
(transparents, cassettes audio et vidéo), plans de cours, livres, jeux, etc. Ces actions d’‘aides
pédagogiques’ du formateur peuvent avoir trois fonctions : illustrer et prolonger les messages
du formateur, être une source autonome d’information, être l’occasion d’une création de la
part des participants.

d- ‘Animateur de formation’

La personne en situation de conduite qui a la charge de stimuler et de faciliter le travail


d’un groupe de formation.

L’animateur est la personne qui prépare, conduit, stimule et facilite le travail d’un
groupe.

La fonction de l’animateur est apparemment complexe qui repose sur « L’expérience


et un sens politique aigu » Il convient de faire progresser un collectif vers un but précis, en
tenant compte des ressources disponibles, en définissant des tâches précises qui doivent être
contrôlées le plus subtilement possible, afin de ne pas démotiver l’individu, ou le mettre dans
un carcan trop rigide qui l’empêche d’évoluer ».20

e-Évaluation des acquis des apprenants et par conséquent de la formation

Il est question d’une appréciation des compétences et des connaissances maîtrisées par
un individu à un moment donné. Cette évaluation doit se faire à l’aide de critères définis
préalablement : l’atteinte des objectifs pédagogiques et de formation d’une action de
formateur. Cette évaluation peut être faite à des temps différents, par des acteurs différents
(stagiaire, formateur, entreprise + client, etc.).

Ainsi, distingue-t-on, par exemple, l’évaluation de satisfaction, l’évaluation du


contenu de l’action de satisfaction, l’évaluation du contenu de l’action de formation,
l’évaluation des acquis, et l’évaluation des transferts éventuels en situation, etc.

20
H. Channad (2004), La stratégie d’entreprise. [Consulté en ligne le 20 septembre 2008].
117
Tels furent les principes fondamentaux et les processus d’une ‘formule palliative’
‘l’ingénierie pédagogique’, à ‘l’accompagnement scolaire’ ou au ‘soutien scolaire’ dans ou
hors-école.

Dans un souci de quête de la qualité de l’enseignement et en passant en revue les


limites du S.S et en proposant l’ingénierie pédagogique comme traitement palliatif aux
difficultés de l’école marocaine, nous optons vers une approche managériale du S.S.

2.6- : Vers une approche managériale du S.S

2.6.1- Le management de la qualité

Le management de la qualité est le « système de management de la qualité », souvent


abrégé S.M.Q (en anglais : quality management system), est « l’ensemble des directives de
prise en compte et de mise en œuvre de la politique et des objectifs de la qualité nécessaires à
la maîtrise et à l’amélioration des divers processus d’une organisation qui génère
l’amélioration continue de ses résultats et de ses performances »21.

La gestion de la qualité est vitale pour n’importe quelle entreprise. Il est souvent très
utile d’imaginer une structure à cette activité qui touche à l’ensemble des services (logistique,
informatique décisionnelle, finance, marketing / vente).

Ainsi, le management de la qualité est une activité support visant à conférer aux
services la capacité de standardisation, de mutualisation et de réutilisation des ressources
nécessaires pour assumer les synergies (flexibilité) et l’efficience pour atteindre la stratégie
d’entreprise attendue. [wikipédia le 27 septembre 2008]22.

Finalement, le système de management de la qualité (S.M.Q) est donc la structure de


support de la qualité dans l’entreprise. Cependant, le management de la qualité se fonde sur
huit principes de base23 :
▪ Principe 1 : Orientation client.
▪ Principe 2 : Leadership.
▪ Principe 3 : Implication du personnel.
▪ Principe 4 : Approche processus.
▪ Principe 5 : Management par approche système.
▪ Principe 6 : Amélioration continue.
▪ Principe 7 : Approche factuelle pour la prise de décision.
▪ Principe 8 : Relations mutuellement bénéfiques avec les fournisseurs.

2.6.2- Intérêt du management de la qualité

L’intérêt du management de la qualité réside dans « l’utilisation réussie » des huit


principes sus cités, qui procurera des avantages pour les parties intéressées comme par
exemple :

21
Système de management de la qualité in wikipédia [Consulté le 27 septembre 2008].
22
Url : http : //fr. wiképedia.org/wiki/syst%C 3% A8me de management de la qualité% C3 A9 [Consulté, le 27
septembre 2008].
23
Url : http : // www.iso.org/iso/fr/qmp [ Consulté le 27 septembre 2008]

118
▪ une plus grande stabilité ;
▪ la création de valeurs ;
▪ des retours financiers plus importants ;

2.6.3- Le management de la qualité appliqué au soutien scolaire

Principe 1: Orientation client24

L’organisme dépend de ses clients. Ainsi, il convient de comprendre les attentes, les
besoins (présents et futurs) et les exigences de ses clients, qui sont les parents et les
apprenants de manière générale. Les avantages clés de la « boîte » de S.S sont :
▪ L’augmentation des revenus ;
▪ Une plus grande loyauté des clients (parents et apprenants) qui conduirait à un
renouvellement des relations d’affaires, dans la « boîte » du S.S ;
▪ La recherche de la satisfaction du client en réalisant une efficacité accrue des
ressources de l’organisme (directeur pédagogique, gérant, corps enseignant,
etc.).

Principe 2 : Leadership

Par leadership, on entend un manager (directeur pédagogique, enseignant, etc.) qui


dirige ou doit maintenir un environnement favorable « boîte » de S.S à l’implication du
personnel (corps enseignant) dans la réalisation des objectifs de l’organisme. Tels sont les
aspects qui découlent de l’application du principe « leadership »25
- Prendre en compte des attentes et des besoins du staff entier, en l’occurrence le corps
enseignant, les employés, la « boîte » de S.S, dans sa globalité ;
- Établir une vision future claire de la « boîte »de S.S.
- Créer et entretenir des valeurs communes et des modèles de comportements forts sur
l’éthique et l’équité, à tous les niveaux de l’organisme ;
- Établir un climat de confiance et de sérénité en éliminant les tensions et les craintes
(entre parents et enseignants, entre staff administratif et apprenants, entre enseignants
et apprenants, etc.) ;
- Permettre au corps enseignant et administratif d’avoir les ressources, la formation
continue nécessaires et la liberté d’agir de manière responsable ;
- Motiver le corps pédagogique administratif en encourageant et en reconnaissant les
efforts et les contributions des individus.

Principe 3 : Implication personnel26

Le personnel à tous les niveaux représente l’essence même d’un organisme (« boîte »
de S.S) et une implication de sa part (enseignant, enseigné, staff administratif) serait très
profitable pour l’organisme entier.

24
Url : http : //fr. wiképedia.org/wiki/syst%C 3% A8me de management de la qualité% C3 A9
[Consulté le, le 27 septembre 2008, p.3].
25
Url: http : // www.iso.org/iso/fr/qmp [Consulté le 27 septembre 2008, p.2].
26
Url: http : // www.iso.org/iso/fr/qmp [ Consulté le 27 septembre 2008, p.4].
119
Le principe 3 permet les avantages suivants :
- Personnel motivé, impliqué et engagé pour l’institution du S.S.
- Innovation et créativité pour atteindre les objectifs visés par la « boîte » de S.S ;
- Chaque élément du staff pédagogique administratif est responsable de ses
performances individuelles ;
- Personnel soucieux de contribuer à l’amélioration continue ;

Principe 4 : Approche processus

Dans l’approche processus, le résultat escompté de la « boîte » de S.S est atteint de


façon plus efficiente quand les ressources et les activités afférentes sont gérées comme un
processus.

Trois avantages clés découlent de l’approche processus :


- Résultats cohérents, améliorés et prévisibles c'est-à-dire, que la « boîte » de S.S
pourra, en mettant en application le principe 4, atteindre des résultats cohérents et
améliorés ;
- Une très bonne utilisation des ressources pédagogiques (enseignants qualifiés, salle
multimédia, bibliothèque riche, etc.) pourra réduire le coût et la durée de la formation
(formation continue) ;
- Focalisation sur les opportunités d’amélioration (méthodologie d’enseignement pour
toutes les activités scolaires, efficacité dans la marge temporelle, régularité des
séances) et classement des modules par ordre d’importance et de priorité.

Principe 5 : Management par approche système

Le principe 5, du management par approche système, permet à son tour, d’identifier,


de bien comprendre et de gérer des processus corrélés comme le système qui contribue à
l’efficience et à l’efficacité de l’institution de « la boîte » de S.S à atteindre les objectifs
pédagogiques souhaités.

Nombreux sont les apports découlant de l’application du principe 5 « Management par


approche système » dont :
- Structuration du système de l’enseignement (apprentissage de la « boîte » du S.S,
afin d’atteindre les objectifs visés de manière efficiente et efficace ;
- Compréhension des interdépendances entre les processus du système, i.e. une
compréhension des relations qui pourraient exister entre les éléments constitutifs du
système du S.S : la transversalité entre les différents modules du système
d’enseignement scolaire ;
- L’assurance d’une meilleure compréhension des responsabilités et des rôles
nécessaires pour la réalisation des objectifs communs et la réduction des blocages
inter-fonctionnels ;
- L’amélioration continue du système de la « boîte » de S.S par le moyen d’évaluation
et de mesures, qui permettraient d’évaluer la réalisation des objectifs et de réguler, au
besoin.

120
Principe 6 : Amélioration continue

Il convient de dire que la quête de l’amélioration continue de la performance générale


d’une « boîte » de S.S est un objectif permanent pour elle.

Les points forts de « l’amélioration continue » sont les suivants :


- Avantage concurrentiel grâce à des capacités organisationnelles améliorées, tel le cas
d’une boîte de S.S qui se distingue par ses compétences et ses capacités pédagogico-
culturelles surtout au sein de la prolifération de ces boîtes de soutien ;
- Souplesse et rapidité de réaction face aux opportunités, i.e. une certaine souplesse de
communication avec les clients (parents, apprenants) et avec le staff pédagogique.
- L’assurance de la formation du staff pédagogique par le biais de la formation
continue et de stages pédagogiques au Maroc et à l’étranger.

Principe 7 : Approche factuelle pour la prise de décision

L’approche factuelle se fonde sur l’analyse de données et d’informations, qui permet


au manager ou leadership de prendre des décisions efficaces. Les avantages-clés de
l’approche factuelle se résument de la manière suivante :
- Le manager ou le staff manager de la « boîte » de S.S est bien informé quand il s’agit
de prendre des décisions ;
- L’augmentation de l’aptitude à examiner et à changer les décisions qui concernent la
« boîte » de soutien de près ou de loin ;
- La prise de décision de la qualité de la séance de soutien, de son enveloppe horaire,
de l’enseignant adéquat, du cadre référentiel de n’importe quelle discipline demeure
tributaire d’une analyse factuelle équilibrée par l’institution et par l’expérience
professionnelle.

Principe 8 : Relations mutuellement bénéfiques avec les fournisseurs

Ce principe n° 8 se résume de la manière suivante : « fournisseur gagnant autant que je


gagne avec lui. »

A travers le principe n° 8, aussi bien le client de la « boîte » du S.S (parents


apprenants) que le staff propriétaire ou administratif sont gagnants. Les avantages clés sont
comme suit :
- Optimisation des coûts et des ressources ;
- Aptitude accrue à créer de la valeur pour les deux parties (vendeurs et acheteurs du
produit du soutien) ;
- Souplesse et rapidité des réactions face à l’évolution du marché, aux besoins et aux
attentes du client, i.e. pragmatisme pour réagir face aux défis de la concurrence et du
grand besoin dans le renforcement et le soutien pédagogique ;
- Être capable d’identifier et de choisir ses clients potentiels (parents, apprenants, staff
pédagogique, etc.)

Tel est l’essai embryonnaire d’application du management pédagogique sur le soutien


scolaire, que nous comptons approfondir au sein d’une recherche ultérieure. Maintenant nous
allons aborder les processus de sémiotisation du management de la qualité.

121
2.6.4- Le processus de sémiotisation du management de la qualité

Dans la mise en œuvre du management pédagogique de la qualité, le manager se


donne pour tâche de :
- Planifier les processus d’exécution, une fois les objectifs clairement établis ;
- Faire exécuter à bon escient les processus engagés, conformément aux exigences et
aux attentes des partenaires de l’action pédagogique ;
- Vérifier les résultats obtenus ;
- Corriger les écarts constatés et améliorer les performances des activités ou produits
pédagogiques.

Pour le sémioticien, la phase 1 de planification correspond parfaitement à la phase de


Manipulation dans tout programme narratif, alors que la phase 2 peut être assimilée à celle de
la performance. Par contre, les phases 3 et 4 peuvent se reconnaître dans la phase de sanction.

Le programme narratif global consiste, pour le sémioticien, dans la garantie de


l’assurance de qualité du produit pédagogique. Les programmes narratifs d’usage vont
s’exécuter en autant de tâches et d’activités pédagogiques prévues par le S.M.Q.

Planifié, à la suite d’un contrat entre destinateur et destinataire, le processus du S.M.Q


se déploie en autant de performances appelées à être vérifiées, et éventuellement corrigées ou
réajustées lors de la phase de la sanction.

En somme, le faire-faire du manager pédagogique vise un faire-être au niveau de


l’apprenant-cible, évaluable lors de la phase finale de la sanction, celle de l’être de l’être, avec
l’introduction du destinateur-judicateur, articulant le faire et l’être et les modalités qui les
accompagnent.

Les processus de sémiotisation du management pédagogique de qualité seront


développés, dans une phase ultérieure, une fois achevé le dépouillement et le traitement des
données de l’investigation de terrain.

II. Investigation de terrain

Après avoir dressé le cadre conceptuel de notre sujet intitulé, décliné en approche
sémiotico-managériale du soutien scolaire, nous passons maintenant au cadre pratique de
l’investigation du terrain.

Notre plan s’articulera autour des axes suivants : la démarche, la technique


d’investigation (ou enquête), le dépouillement et l’analyse des résultats, les résultats et leur
interprétation et enfin les pistes d’amélioration. Le travail prendra fin avec une conclusion
générale, où nous essayerons de synthétiser le travail, de l’évaluer en en dressant les points
forts et les limites.

122
Section 1 : La démarche suivie

1.1. Le choix de la démarche

La démarche que nous avons adoptée est une démarche inductive 27, dans la mesure où
pour arriver à des conclusions valables sur le soutien scolaire, «il est nécessaire de s’appuyer
sur des preuves scientifiques, en excluant nécessairement le rôle de l’hypothèse. » 28 .
D’ailleurs, F. Bacon 29 pense que pour faire des explorations, dans le but d’aboutir à des
conclusions, l’observation directe constitue la seule technique pertinente. A. Ouellet reconnaît
à Bacon 30 la codification de la notion de preuve par la vérification directe. Son approche
n’admet pas l’hypothèse a priori, selon lui, l’hypothèse a priori biaisait les résultats.

1.2. Le périmètre d’enquête

Nous avons délimité notre périmètre dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer,


Académie de Rabat-Salé. Notre site de l’enquête est un lycée du secondaire qualifiant 31dans la
délégation de Rabat. Étant donné que nous habitons Rabat et que nous y travaillons depuis
une vingtaine d’années, on a jugé utile que le périmètre d’investigation de notre terrain ne
sorte pas de la zone que nous connaissons et dont nous allons procéder à l’enquête de terrain.

Section 2 : La technique d’investigation : l’enquête

Pour mener à bien un travail de recherche scientifique, il faut descendre sur le terrain,
pour l’appréhender in vivo. D’ailleurs, l’enquête « consiste à poser à un ensemble de
répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions relatives à
leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leur attitude à l’égard d’options ou
d’enjeux humains et sociaux, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience
d’un événement ou d’un problème, ou encore tout autre point qui intéresse les chercheurs. » 32.

Dans le contexte dans notre recherche, il s’agit de sonder et d’appréhender la


population objet du soutien scolaire, en vue de dégager leurs attitudes et leurs représentations
à l’égard de l’émergence de ce phénomène socio-économicoéducatif qui déstabilise
l’équilibre de toute la société marocaine.

L’outil essentiel de notre enquête est le questionnaire, que nous allons éclairer infra.

2.1 Le questionnaire

Le questionnaire est un outil indispensable, dans l’enquête à perspective sociologique,


qui nécessite un soin très particulier dans la mesure où le questionnement doit être aussi clair
que possible car s’il est raté, les réponses seront infondées.

27
A. Ouellet (1981), Processus de recherche : une approche systémique, p 17.
28
Idem.
29
Bacon, cité par Ouellet, op. cit., p. 18.
30
Ibidem.
31
Par souci de discrétion, on a jugé utile de ne pas citer le nom du lycée au sein duquel notre enquête a été
menée.
32
Raymond Quivy et al. (1995), Manuel de recherche en sciences sociales, p. 191.

123
En fait, l’enquête par questionnaire « se distingue du simple sondage d’opinion par le
fait qu’elle vise la vérification d’hypothèses théoriques et l’examen de corrections que ces
hypothèses suggèrent » 33 ;ce qui fait que ce genre d’enquête est souvent plus conçu, plus
élaboré et plus consistant que ne le sont les recensements et les sondages d’opinion.

Vu le nombre de personnes consultées dans l’enquête, on a opté pour le traitement


quantitatif34 des informations, dans le dépouillement des résultats. On a procédé au ‘recodage’
des questions avec l’aide d’un ingénieur en statistiques qui nous a initié à cette technique en
ayant le soin de nous y autonomiser.

Les réponses à la quasi-totalité des questions –en principe pré-codées- sont issues du
fait que la totalité des répondants (parents, enseignants et apprenants) doit choisir ces
réponses parmi celles qui leur sont formellement proposées35.

On a mené l’enquête, nous-mêmes, par questionnaire, avec l’aide précieuse de


quelques ami(e) (s) et collègues, qui ont bien eu l’amabilité de nous aider dans notre enquête,
en particulier dans la soumission des questionnaires à la population d’enquête. (Enseignants,
parents et apprenants).

Nous avons utilisé deux types d’administration du questionnaire : celui «


d’administration indirecte » ‘lorsqu’un enquêteur le complète lui-même à partir des réponses
qui lui sont fournies par le répondant’, i, e que nous avons, en tant qu’enquêteur, complété
quelques questionnaires, quand il s’agissait tantôt des parents illettrés, tantôt de professeurs
arabophones ou d’apprenants à tendance également et purement arabophones ; et celui d’ «
administration indirecte » « lorsque le répondant le remplit lui-même. Le questionnaire, lui,
est alors remis en mains propres par un enquêteur chargé de donner toutes les explications
utiles, ou adressées indirectement par un collègue.

2.2. La population d’enquête

Notre population d’enquête se compose de trois éléments clés : les parents, l’apprenant
et l’enseignant. C’est une population hétérogène, mixte et représentative : les ‘ado-adultes’,
les ‘adultes’ et les ‘adultes sages’.

L’âge de la population ‘apprenants’ varie entre 16 et 20 ans. Leur niveau scolaire varie
entre la 1ère et la 2ème année de Baccalauréat lettres et sciences. Les enseignants n’ont pas été
catégorisés selon la variable âge mais selon l’ancienneté, qui varie entre 13 et 30 ans. Les
parents ont été catégorisés selon la variable de l’âge, qui oscille chez eux, entre 40 et 68 ans.

Section 3 : Le dépouillement et l’analyse des résultats

Après avoir mené notre enquête sur le terrain sur le thème du S.S dans le secondaire
qualifiant, via l’outil du questionnaire, nous avons préféré dépouiller ces questionnaires à
travers un instrument de dépouillement : le S.P.S.S. Or, comment s’est fait le choix de cet
instrument ? Quels ont ses avantages ? Et quelles sont ses limites ?

33
Raymond Quivy et al. (1995), idem, p 190.
34
R. Quivy, op. cit. p., 191.
35
Idem, p. 191.
124
3.1. Le choix de l’instrument : le S.P.S.S.

Le SPSS ou le logiciel Statistical Package for the Social Science « est un logiciel de
gestion et d’analyse de données statistiques de portée générale. »36.

Nous avons choisi le logiciel du S.P.S.S parce que notre finalité fut de sonder les
opinions et les avis, aussi divergents soient-ils, sur le S.S, i.e. on a récolté des chiffres que
nous allons interpréter infra. Ce logiciel nous a permis de faire une approche quantitative via
un schéma modulaire. Le logiciel S.P.S.S, bien entendu, est utilisé en management, en
marketing, dans les contrôles de la qualité, surtout que notre sujet s’intitule : « vers une
approche sémiotico-managériale de la qualité du S.S », i. e qu’il s’agit d’un ‘contrôle’ de la
qualité du S.S. Or, quels sont respectivement les apports et les limites de cet instrument ?

3.2. Les apports de l’instrument

Certes, le S.S a des avantages à savoir qu’« il est [d’abord] relativement facile à
utiliser, vu que de nombreuses analyses statistiques peuvent être effectuées sans ligne de
programmation»3791.

Le second avantage réside ensuite dans le fait que « la saisie et la gestion des données
sont très souples grâce à l’éditeur de données S.P.S.S qui permet de générer ou de manipuler
les données d’un fichier. »38.

3.3. Les limites de l’instrument

Nombreuses sont les limites du S.P.P.S que nous citons comme suit :
1- Sa cherté alors qu’on ne l’a acheté qu’en duplicata.
2- L’incompatibilité du S.P.S.S duplicata avec le logiciel vista. 3-Notre obligation de
faire appel à un spécialiste qui nous a initiés aux différentes techniques et
manipulations du S.P.S.S.
3- 4-Il nécessite beaucoup de travail, et par conséquent beaucoup de temps et
beaucoup d’énergie.

Tels étaient, en bref, le choix, les apports et les limites du S.P.S.S.

3.4- La discussion des interprétations

Nous venions de présenter supra le dépouillement des résultats de l’enquête que nous
avons menée in vivo au sujet du S.S. Il s’agissait de sonder une population, d’écouter leurs
opinions, leurs points de vue et leurs commentaires sur le fléau du S.S, qui n’a pas cessé
d’envahir le monde des lycéens, de leurs parents et celui des enseignants.

A travers l’analyse des résultats via le logiciel de dépouillement S.P.S.S et après


l’interprétation des données, trois positions jaillissent à l’égard du S.S pour les trois types de
population d’enquête : les apprenants, les parents et enfin les enseignants.

36
Url : http : // www.uquebec.Ca/mscinf/outils/S.P.S.S.html [Consulté le 14 octobre 2008].
37
Url : http : // www.uquebec. Ca/mscinf/outils/S.P.S.S.html [Consulté le 14 octobre 2008].
38
Idem. p. 1.

125
Pour les apprenants, trois positions apparaissent de ces résultats : ceux qui sont pour le S.S, lui
consacrent beaucoup de leur temps et beaucoup d’énergie en se renforçant dans une matière
ou dans plusieurs (jusqu’à toutes les matières) : du Français, de l’Anglais, en passant par les
matières scientifiques, etc. Ceux qui sont contre en argumentant que le S. S constitue
maintenant une 3ème école, qui fatigue les apprenants et les apprenantes. Et ceux qui sont pour
un encadrement moderne, préventif et intermittent, sans pour autant lasser l’apprenant.

Dans la population d’apprenants, il y a les bons qui veulent exceller et persévérer ou


accéder à l’excellence ; il y a ceux qui sont très moyens et veulent s’améliorer et il y a les
insuffisants ou les faibles qui veulent éviter l’échec scolaire.

Pour les parents, ces derniers sont ceux, généralement, qui payent pour leurs enfants
ces cours de S.S. C’est une charge supplémentaire qui gêne le pouvoir d’achat de ces parents ;
d’aucuns sont satisfaits de ces cours et voient leur utilité, en constatant l’aide apportée à leurs
enfants par ces cours. D’autres refusent catégoriquement ces cours de soutien et y voient une
perte de temps, d’énergie et d’argent. Ces parents endossent la responsabilité au M.E.N, au
système d’enseignement, à la surcharge des programmes, sans oublier pour autant la part de
l’enseignant, qui de par sa situation matérielle, son enveloppe horaire surchargé, fait des cours
de S.S pour arrondir le mois. Les deux tiers des apprenants croient au concept du S.S les
suivent d’eux-mêmes, en particulier dans les matières scientifiques. La majorité d’entre eux
paye leurs séances par mois. Et c’est le père qui en assure le paiement. Le contenu du cours ne
contient qu’une ré-explication et rarement quelques exercices.

Selon ces apprenants l’objectif premier est d’améliorer leur niveau puis de réussir. Les
enseignants, eux, croient au concept du S.S à un pourcentage de 90.9%. Plus de la moitié de
l’échantillon avait déjà fait des cours de S.S, individuellement et en groupe, aussi bien chez
eux que chez l’apprenant.

Les deux tiers les font pour des raisons financières, alors que le tiers restant les fait par
générosité. Une bonne partie d’enseignants croient à son efficacité alors que d’autres y croient
un peu sinon n’y croient pas du tout.

La majorité pense que le soutien est devenu obligatoire.

Maintenant, après avoir passé en revue les convergences et les divergences concernant
ce fléau du S.S, son soubassement, son aboutissement ou son échec.

Doit- on continuer à vivre toujours avec cette forme d’aide ? Sinon, est-ce de la même
manière, avec la même allure et le même rythme ou y a-t-il une autre manière d’administrer
ce traitement ?

Il est certain que le S.S tel qu’il est vécu par les quatre éléments de la situation
pédagogique (S.P) - le sujet (l’apprenant), l’objet (la matière), le milieu (l’environnement et
les parents) et l’agent (l’enseignant)- laisse ces éléments en souffrance et créent un sentiment
d’insécurité scolaire et donc de ‘mal de vivre’. Aussi la question qui se pose est celle de
savoir si l’institution scolaire allait continuer à administrer ce traitement aux apprenants ou si
la donne pouvait changer et amener une nouvelle manière de concevoir et de traiter
l’insuffisance scolaire et les moyens à même de traiter de ce phénomène.

126
Conclusion

Il a été question, à travers cette étude synthétique, d’approcher le soutien scolaire, de


comprendre ce phénomène socio-éducatif, qui touche l’ensemble de la population marocaine,
toutes classes sociales confondues.

Délimitant notre investigation sur la ville de Rabat, nous avons axé notre enquête sur
un établissement du secondaire qualifiant, pris comme échantillon modèle. Le questionnaire
nous a servi comme instrument de recherche. Nous avons procédé à un traitement quantitatif
des données recueillies, via le logiciel S.P.S.S. Nous avons commenté et interprété les
résultats obtenus et proposé des pistes d’amélioration éventuelles à même d’alimenter la
réflexion sur la problématique du soutien scolaire.

Par-delà la diversité des projets de formation mis en place par l’institution éducative,
chargée de l’éducation et de l’enseignement, pour accompagner les équipes pédagogiques
dans la mise en œuvre de réformes institutionnelles ou d’actions innovantes liées au soutien
scolaire ou à l’aide individualisée, toutes les actions projetées ou mises en perspectives, en
attendant leur applicabilité, ont en commun de chercher à développer une ou plusieurs
compétences jugées nécessaires à la conduite de l’aide individualisée. L’accompagnement des
élèves requiert, en effet, une grande maîtrise professionnelle dans les domaines de l’écoute, de
l’empathie, de la métacognition et des capacités réflexives en matière de didactique,
d’épistémologie de la discipline, ainsi qu’une bonne connaissance de l’apprenant, en période
d’adolescence ou de préadolescence, et des principales théories de l’apprentissage. Ces
compétences alliées à la pratique du travail pédagogique individuel ou en équipe et à la
démarche de projet peuvent accroître l’efficacité de l’aide individualisée.

L’aide individualisée est la conséquence logique d’un choix d’éducation de masse,


prôné au Maroc et mis en application par un ensemble de mesures institutionnelles. Celles-ci
ont d’abord pour ambition de couvrir l’ensemble du processus pédagogique, du primaire au
lycée qualifiant.

La mise en œuvre de ces mesures par les acteurs institutionnels du système exige le
développement de compétences professionnelles spécifiques qui interrogent le métier
d’enseignant dans sa capacité d’adaptation et d’innovation. Ces mesures d’ordre pédagogique
proposées par l’institution prennent en compte les avancées dans les champs de recherche qui
intéressent l’éducation, la sociologie, la psychologie et la didactique.

Aussi l’enjeu du soutien scolaire, ou plus commodément appelé de l’aide


individualisée est-il aussi un enjeu de société. L’aide individualisée repose sur l’idée que
l’école doit être l’espace, non seulement de l’apprentissage, mais aussi de la réussite, qu’elle
est, en somme, son propre recours, alors que la réussite scolaire ne fait souvent qu’entériner
un héritage familial, culturel et social. Il est évident, dans ce contexte, que l’action des parents
est déterminante dans le succès scolaire, depuis la transmission, souvent inconsciente, d’un
ensemble de valeurs, de savoirs, de pratiques familiales scolaires, jusqu’à l’accompagnement
quotidien du travail personnel, en passant par le suivi des résultats scolaires, la fréquentation
des enseignants. Aussi est-il impératif de réaffirmer la primauté de l’école publique, dans un
contexte d’évolution sociale rapide où les inégalités tendent à croître, pour que l’institution
éducative et scolaire assure l’équité et donc l’égalité des chances, particulièrement en
direction des élèves démunis ou ceux dont les parents ne savent ni ne peuvent offrir les clefs
de la réussite scolaire.

127
Alors, que faire pour accompagner un changement de posture professionnelle
susceptible d’induire une vraie centration sur l’élève ? La formation continue risque de buter
sur le processus de construction identitaire des enseignants et sur les savoirs disciplinaires,
préalablement acquis et qui n’ont pas évolué. Le second obstacle à surmonter est l’acceptation
du détour par la personne de l’élève, ce qui nécessite l’acquisition de compétences nouvelles.
Ces compétences à acquérir sont multiples, mais peuvent néanmoins être regroupées en
quelques grandes directions.

La première de ces compétences est celle de l’écoute et de la communication. L’aide


individualisée passe par l’écoute des élèves. L’écoute ne s’improvise pas, elle est difficile
pour l’enseignant quotidiennement amener à développer une forme de communication dans
laquelle il est l’émetteur.

La seconde compétence à acquérir relève de la métacognition, c’est-à dire du domaine


de la psychosociologie de l’apprenant, en période d’adolescence ou de préadolescence. En
effet, les comportements des collégiens et des lycéens se comprennent, souvent mieux, si on
les replace dans le contexte de l’adolescence, de cette phase si particulière et parfois si
difficile de la construction identitaire du sujet, avec tout ce qu’elle implique de fragilité et de
risques à tous les niveaux. Aussi la formation doit-elle nécessairement sensibiliser les
enseignants aux apports de la sociologie de l’éducation, notamment quand on s’efforce de
comprendre comment collégiens et lycéens construisent leur relation au savoir et à l’école et
comment, en approche pédagogique des comportements, on peut les aider à s’assumer et à se
prendre en charge, notamment dans l’acquisition des connaissances et des savoirs.

Cependant, au-delà de cette réflexion sur la position de l’adulte vis-à-vis de


l’adolescent, l’enseignant doit avoir, également, une vision claire des conceptions théoriques
qui fondent les pratiques pédagogiques susceptibles d’être mises en avant dans les séances
d’aide individualisée Faire, en formation, le lien entre l’aide individualisée et la construction
de soi contribue à donner du sens aux pratiques pédagogiques préconisées et permet, en outre,
d’introduire les notions-clés de méthodes de travail, de compétences transversales et de
stratégies d’apprentissage.

Métacognition et connaissance de la diversité des styles cognitifs autorisent


l’enseignant à accompagner les élèves dans l’analyse de l’erreur et dans l’exploration des
compétences transversales propres aux différentes disciplines (attention, lecture de consigne,
mémorisation, prise de notes compréhension, etc.) mais aussi dans les compétences propres à
sa discipline ou à son domaine d’application.

Ainsi conçue, l’aide individualisée exige un effort soutenu en matière de formation


continue pour coordonner un ensemble de dispositifs et de modules, tant au niveau du pilotage
didactique académique qu’à celui des formations pédagogiques organisées dans les
établissements scolaires ou sur des sites spécialisés.

La formation à l’aide individualisée ne peut donc occulter, un tant soit peu, la question
du travail en équipe et celle de la démarche de projet ; état de choses qui est également posé
dans les formations pédagogiques accompagnant la mise en place d’actions
pluridisciplinaires. C’est un des grands enjeux actuels de l’évolution de la professionnalité
enseignante et assurément une des clefs de la réussite des transformations en cours et de
l’adaptation du système scolaire pour répondre aux attentes multiples des apprenants en
difficulté scolaire.

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Bibliographie

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