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Occlusion ne rime pas

avec confusion
Jean-Daniel ORTHLIEB CLINIQUE 
o c clu s o d o n t i e
Fonctions-dysfonctions orales,
Faculté d’Odontologie,
Cadre diagnostique de
des dysfonctionnements(DAM)
Université d’Aix-Marseille
Pôle Odontologie,
CHU Timone, APHM Marseille l’appareil manducateur
u,
is Cheynet , Anne Giraudea
1
2

Cyrille Choss1 egros , Franço 1


2

par Jean-Daniel Ort1,h2 l i e b ,


1
Re
ophe Perez , Jea n -Philippe
Bernard Mantout , Christ
Anne GIRAUDEAU 1 ontologie de Mars e i l le
Occlusodontologie, Faculté d’od de Médecine de Marseille
2
Chirurgie max i l l o-faciale, Faculté
Fonctions-dysfonctions orales, Que ce soit dans un but de
dépistage systématisé,
est confro n té à
l’Appareil
Faculté d’Odontologie, Les Dysfonctionnements de
Manducateur (DAM) n n e m e n tsde l’A p p a reil Man-
ou fa ce à une plainte, le praticien
des structures et des fonction
s complexes. Aussi,
MÉMO l’approche diagnostique des
DAM se doit-elle d’être
Université d’Aix-Marseille Le domaine des Dys fo n c
ducateur (DAM) reste souven
tio
t confus du fait de phéno-
c toriels, Il s’agit le plus fondée sur une logique de
simplicité matérialisée
à la décision. Processus
ues complexe s, plu r i -fa souvent d’un par un algorythme d’aide
mènes étiopathogéniq ce b o, il est indispensa b le,
de succès incompris (pla d i a g n o stique d’élimination,
Pôle Odontologie, de diagnostics
ré s o lution nat u
flous,
re l
et
le). Ce tte confusion est la rgeme
nt
théra p e u t i q u e s,
diagnostic
d’élimination : au préa la b le, de définir avec
précision ce qu’e st le
proto c o le d’approche
fantaisi es
on recherche des DAM, puis de proposer un
CHU Timone, APHM Marseille
ou de
re s p o n sable d’excès
n ce de prise en char- diagnostic positif ou au
d’une insuffi sa
algies non-DAM, puis visant l’établissement du
mais aussi parfois ique claire.
ateur n'est pas un simple ensem-
des troubles moins d’une hypothèse diagnost
ge. L’a p p a reil manduc xe
entité biologique comple musculo-articulaires
b le méca n i q u e, mais une ppareil
polyfonctionnelle, directem
ent soumise à son environ
-
secondaires à un Dysfonctionnement de l’Aquoi s’agit-il ?
nement, très influencé
par l’aspect psychosocial.
Toute
processus morbide Manducateur (DAM) : de préciser le rô le de
t que,
doit d’être prudente, visa n D éfinir une entité nosologi
attitude thérape utique se environnant (DAM phénomènes d’adapta-
de la fonction (plutôt qu’un pseudo
secondaire), pour l’o c clusion dentaire et des
une normalisation tique étiopat h o g é n i q u e

Marion JEANY
sur une évaluation diagnos aboutir aux troubles tion, et proposer un concept
idéal structurel) fondée est fondé sur une sable à toute pro-
ue. Ce pra g m atisme musculo-articulaires constituent un préalable indispen
cla i re, spécifiq à trois tique.
d’une phys i o p athogénie d’origine position diagnostique ou thérapeu
compréhension globale A
sance pluridisciplinaire. dysfonctionnelle
dimensions, sur une connais
Fonctions-dysfonctions orales, p a rtir de cet ensemble complex
de simplici té.
e, on doit savoir en dédui- (DAM primaire).
Il se caractérise par
D éfinitions
D ys fonctionnement de l’App
areil Manducateur
re une logique Co sten (3), le sy n-
un cadre général de (DAM). Après le syndrome de
Faculté d’Odontologie, Dans ce but, deux art icles
réf lexion et d’action visant
propose nt
à favoriser une prise en
char- des bruits
articulaires, d rome my ofascial de Travell
(17), le
puis Laskin
28), en 1993, le terme
SADAM de Rozencweig (10,
Université d’Aix-Marseille ge des DAM efficace et
Cette première partie est
économe.
consacrée à l’aspect diagnos
- des algies et des
dyscinésies. «TemporoMandibular Disorder
» (T.M.D) a été pré-
of Orofacial Pain pour
e traitera de l’aspect thérapeutique. féré par l'American Academy
tic, une deuxièm contest ée de «Cra n i o-
re m p lacer l’appellation
Pôle Odontologie, Article de Formation
M a n d i bu lar Disorders» (C.M.D)
(20). En dehors du
se traduire en Français
fait que «disorders» doit
CHU Timone, APHM Marseille Soumis le 9 janvier 2004
accepté pour publication le
27 janvier 2004

L’INFORMATION D E N TA
IRE  N° 19  12 MAI 2004
1196

Anne PARFU
Fonctions-dysfonctions orales,
Faculté d’Odontologie, De fait, muscles, articulations temporo-
Université d’Aix-Marseille
mandibulaires (ATM) et occlusion dentaire
Pôle Odontologie,
CHU Timone, APHM Marseille sont mariés pour le meilleur et, parfois, pour
le pire. Imaginer l’absence d’interrelation
Jean-Philippe RÉ est probablement aussi peu judicieux que
Fonctions-dysfonctions orales, de penser que la moindre « mal »occlusion
Faculté d’Odontologie,
Université d’Aix-Marseille provoquera automatiquement des symptômes
Pôle Odontologie, de dysfonctionnements temporo-mandibulaires
CHU Timone, APHM Marseille
(DTM), voire d’autres troubles à distance.

128 L’INFORMATION DENTAIRE n° 21 - 29 mai 2019


OCCLUSION NE RIME PAS AVEC CONFUSION

Perte de calage postérieur 1. La perte de


Sans perte de DVO calage postérieur
Rotation postérieure (centre dentaire) est plus pathogène
Compression ATM potentielle que la perte
de DVO.

Perte de DVO progressive


=
Diminution de la DVO Perte de calage postérieur
Rotation antérieure (centre condylien) +
Pas de compression ATM potentielle Perte de calage antérieur

L
a grande majorité des travaux montrant que Mais, en fait, l’absence de calage génère plutôt une inhi-
l’occlusion n’a rien à voir avec rien revendique bition de la capacité de serrement [2-4]. Ainsi, l’absence
avec raison une méthodologie scientifique de calage postérieur serait moins pathogène que la créa-
rigoureuse ; mais encore faut-il qu’elle s’appuie tion iatrogène d’une prothèse terminale en sous-occlu-
sur des données initiales pertinentes. Souvent, sion. Dans ce cas, le sujet peut mastiquer des aliments
occlusion rime avec confusion, discréditant beaucoup de avec un risque de compression de l’ATM. Mais, surtout,
publications. La profession serait dans un « chaos majeur il peut, dans des phases de bruxisme ou de mastication,
à propos de l’occlusion » [1] ; il y a donc des précisions à trouver un contact occlusal postérieur grâce à la dépres-
apporter ; c’est l’objectif de cet article. sibilité articulaire et à la souplesse de l’os mandibulaire,
et développer alors un fort risque de compression arti-
culaire (fig. 2a et b).
Le calage
Ne pas confondre arcade courte
Ne pas confondre perte de calage
ou arcade réduite
et perte de DVO
L’absence de dents postérieures augmente la charge
La variation de la dimension verticale d’occlusion occlusale sur les dents restantes, mais diminue la force
(DVO) est une rotation antérieure autour de l’axe de bi- appliquée et donc le risque articulaire [5]. Il est souvent
condylien, elle est sans contrainte pour l’ATM. La perte décrit que les arcades courtes limitées aux dents anté-
de calage postérieur correspond, au contraire, à une rieures et aux prémolaires remplissent en général les exi-
rotation mandibulaire postérieure autour du point de gences d’une denture fonctionnelle [6]. Mais c’est oublier
contact occlusal distal, cette situation peut être critique l’importance de la première molaire. Il s’agit de la dent
pour l’ATM [24] (fig. 1). la plus volumineuse ; peut-on se passer aisément de sa
surface masticatoire, de son support radiculaire, de son
Ne pas confondre sous-occlusion effet de stabilisation mandibulaire et de protection des
dents plus antérieures ? Il semble judicieux de distinguer
et perte de calage la notion d’arcade réduite de la notion d’arcade courte
On pourrait penser que l’absence de calage posté- (fig. 3). L’arcade réduite maintient clairement des carac-
rieur provoque un risque de compression de l’ATM. tères fonctionnels, mais l’arcade courte, sans molaire,

L’INFORMATION DENTAIRE n° 21 - 29 mai 2019 129


2a. Perte de calage : difficile de serrer les dents sans calage postérieur ! 2b. Sous-occlusion terminale, le sujet est en OIM (coiffes récentes
de 16 et 15) : le sujet peut serrer sur un aliment interposé à droite
en provoquant une compression de l’ATM.

Arcade complète Arcade réduite Arcade courte

Optimale Fonctionnelle Handicap

3. Arcade réduite (avec les 6) et arcade courte (sans les 6) doivent être distinguées.

représente un traitement de compromis impliquant une d’une occlusion « inversée », d’une occlusion « en bout
forme de handicap fonctionnel et/ou de risque pour les à bout » ou d’une occlusion « en ciseau ». Très souvent,
dents résiduelles. dans la littérature, ces trois entités sont regroupées sous
l’unique terme très ambigu d’« occlusion croisée ou
Les 8 ne comptent pas ; les 7 ne sont pas indispensables, crossbite ». En effet, est-ce que « occlusion croisée »
on doit conserver ou remplacer les 6. signifie que les dents se croisent, comme deux voitures
Rien n’est plus important en dentisterie que la qualité sur la route, ou que deux dents antagonistes s’affrontent
des premiers soins sur les premières molaires permanentes. dans un rapport transversalement anormal ? Dans un
cas, il y a absence de calage, alors que dans l’autre, la
fonction de calage est maintenue ; ce qui est probable-
Ne pas confondre occlusion inversée ment très différent sur le plan pathogénique. Il existe en
et occlusion en ciseau fait cinq catégories de relations occlusales postérieures
En occlusion d’intercuspidie maximale (OIM), une ano- transversales en OIM dont les potentialités pathogènes
malie occlusale transversale se présente sous la forme sont probablement très différentes (fig. 4) :

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OCCLUSION NE RIME PAS AVEC CONFUSION

4. Occlusion
transversale
postérieure en OIM :
cinq catégories
diagnostiques (vue
de face de l’occlusion
molaire gauche,
V pour Vestibulaire).

Normocclusion Occlusion Occlusion Occlusion Occlusion en ciseaux


en bout à bout inversée en ciseaux inversés

Relation
Centrée
(sur butée 5. Décentrage
occlusale transversal : un delta
antérieure) transversal entre
ORC et OIM induit
un conflit latéral
au niveau de
l’ATM gauche
vraisemblablement
plus pathogène
d’un delta sagittal.
OIM
Décentrée
à gauche

- normocclusion transversale : le calage occlusal est toléré ; mais un delta transversal, même un léger, semble
optimal : la grosse cuspide dans la grande fosse ; plus risqué (fig. 5). Plusieurs auteurs relèvent la prédomi-
- occlusion en bout-à-bout : il existe une insuffisance de nance de signes de contraintes dans le tiers supéro-latéral
calage occlusal (instabilité de la position mandibulaire) ; de l’ATM, zone où le disque articulaire est toujours
- occlusion inversée : la fonction de calage est maintenue moins épais [7-12]. Ce différentiel transversal est très
(cette relation occlusale est stable) ; rarement évalué dans les études classiquement citées
- occlusion en ciseaux : le calage occlusal est absent ; pour évaluer les relations occlusion/DTM.
- occlusion en ciseaux inversés : le calage occlusal
est absent. ATM : le pincement latéral est probablement plus risqué
que la rétroposition.
Il faut bannir le terme d’occlusion croisée (« crossbite »).

Le guidage (fig. 6)
Le centrage
Ne pas confondre interférence
Ne pas confondre différentiel sagittal occlusale postérieure et contact
et transversal équilibrant
Un léger différentiel sagittal entre l’occlusion en relation Nombre de travaux ont recherché, souvent sans succès,
centrée (ORC) et l’OIM est très fréquent, souvent bien un lien causal entre la présence de contact occlusal

L’INFORMATION DENTAIRE n° 21 - 29 mai 2019 131


postérieur travaillant ou non travaillant et la symptoma- Incidences pathogènes
tologie DTM. Le plus souvent, les auteurs confondaient
en diduction un contact occlusal postérieur simultané au
de la malocclusion
contact canin avec l’interférence occlusale postérieure L’incidence de la malocclusion sur les symptômes mus-
désengrenant l’ensemble des dents. Il est réellement culo-articulaires est liée à la nature du rapport occlusal,
étonnant de constater autant de méconnaissance, alors mais surtout au contexte d’installation de la malocclu-
que la véritable interférence occlusale postérieure avait sion, à l’intensité des parafonctions et à l’état dentaire du
déjà été jugée délétère par Ramfjord en 1961 [13], illus- sujet. Ce dernier jouera un rôle important dans la déci-
trée par Posselt en 1968 [14]. Ingervall, en 1972, l’avait sion thérapeutique.
défini avec beaucoup de pertinence comme la présence
d’une dent postérieure provoquant la désocclusion des Qu’est-ce qu’une pathocclusion ?
dents antérieures dans un mouvement de propulsion Une malocclusion pathogène est une « relation occlusale
ou de diduction [15]. Depuis, Minagi a montré qu’au favorisant des changements délétères au niveau dentaire
contraire de l’interférence, un contact occlusal posté- ou musculo-articulaire avec dégradation des fonctions
rieur simultané (« occlusion équilibrée ») pouvait être de l’appareil manducateur ». Elle peut s’exprimer par des
un facteur de protection de l’ATM [16, 17]. lésions dentaires (usure, fracture, lyse osseuse, hyper-
sensibilité dentaire), des dysesthésies occlusales, des
Confondre contact occlusal postérieur équilibrant et inter- compression-distensions articulaires ou des contractures
férence occlusale postérieure est une erreur fréquemment musculaires. Entre eufonction et pathofonction, la fron-
observée dans la littérature. tière est floue, influencée par les capacités de tolérance.
L’évaluation du contexte est primordiale, la pathogéni-
Ne pas confondre guidage fonctionnel cité étant le plus souvent le résultat de l’association de
tensions émotionnelles, de fragilités musculo-articu-
et surguidage laires post-traumatiques ou systémiques, de parafonc-
L’interférence occlusale antérieure n’a été interprétée tions orales et de troubles occlusaux en évolution.
comme telle que plus récemment, mais le verrouillage
occlusal antérieur est une notion ancienne avec la défini-
Ne pas confondre malocclusion
tion de l’occlusion de classe 2-division 2. Ce verrouillage naturelle et malocclusion iatrogène
antérieur, ou surguidage, a souvent été accusé de générer À partir de l’âge de 6 ans, la dentition permanente
une rétroposition condylienne alors qu’il génère surtout demande presque 15 ans pour installer l’occlusion natu-
une rétrofonction pouvant provoquer une distension relle du sujet adulte. Les malocclusions s’installent donc
des attaches discales et donc favoriser une désunion très progressivement à une période où le sujet dispose de
disco-condylienne. L’interférence occlusale antérieure son plus fort potentiel d’adaptation. La mandibule gran-
est matérialisée cliniquement par une trace verticale dit et les ATM se développent avec la mise en place de
de guidage sur la face vestibulaire de la dent antéro- l’occlusion, dans le contexte fonctionnel particulier au
mandibulaire concernée [18]. Il est nécessaire d’éva- sujet avec parfois des dysfonctions-parafonctions orales
luer le « surguidage » en propulsion, mais surtout en plus ou moins marquées. Malgré la présence fréquente
diduction, puisque c’est dans ce mouvement que s’exerce d’une malocclusion naturelle, il existe très peu d’expres-
la puissance musculaire élévatrice lors du retour de la sion symptomatologique de DTM pendant la période de
boucle masticatoire (en particulier dans le mâchonne- croissance, et peu par la suite. Chez le jeune adulte, des
ment de chewing-gum). Ainsi, le seul surguidage incisif contraintes mécaniques majorées par des dysfonctions-
associé à des guidages canins ouverts aurait un potentiel parafonctions peuvent devenir symptomatiques, sou-
pathogène faible. vent du fait de l’évolution péjorative d’une combinaison
plurifactorielle (psychologique, biologique, mécanique)
Une interférence occlusale antérieure génère une rétro- rompant l’équilibre biomécanique existant. Il s’agit d’une
fonction mandibulaire. évolution naturelle, probablement assez rare. À l’opposé,
les interventions thérapeutiques (soins, prothèse, ortho-
dontie) ou les traumatismes soumettent l’appareil mandu-
cateur à des modifications brutales mettant en difficultés

132 L’INFORMATION DENTAIRE n° 21 - 29 mai 2019


Fonction canine
Modèle thérapeutique.
La canine désengrène l'ensemble
des dents dans les mouvements
de diduction.
Pente canine proche de la pente
condylienne, liberté fonctionnelle (angle
intraccoronaire 10°)
Réglage clinique facile.

Fonction groupe
Modèle naturel fréquent.
La canine associée à des dents latérales
désengrène l'ensemble des autres dents
dans les mouvements de diduction.
Ce guidage induit plus de frottement,
plus de charge excentrée.
Réglage clinique difficile.

Fonction bilatéralement équilibrée


Modèle naturel souvent associé aux usures
occlusales importantes. En diduction,
contacts occlusaux postérieurs simultanés
du côté Travaillant et Non-T. Ils protègent
l'ATM de surcharge mais induisent usures
et charges excentrées.
Réglage clinique très difficile.

Interférence occlusale postérieure


travaillante
En diduction, le contact occlusal
postérieur travaillant désengrène
toutes les autres dents.
Caractère pathogène.

Interférence occlusale postérieure


non travaillante
En diduction, le contact occlusal
postérieur non travaillant désengrène
toutes les autres dents.
Caractère très pathogène.

Interférence occlusale antérieure


Verrouillage du mouvement de diduction
par pente canine abrupte et absence
de surplomb (absence d'angle de liberté
fonctionnelle).
Rétrofonction induite.

6. Guidage : fonctions et dysfonctions.

134 L’INFORMATION DENTAIRE n° 21 - 29 mai 2019


les phénomènes de tolérance et de réactions adaptatives. Conclusion
La recherche d’anomalies occlusales doit donc toujours La fonction occlusale est considérablement plus flexible
être située dans son contexte historique. qu’on ne le croit classiquement. L’idée suivant laquelle un
DTM serait déclenché par une légère anomalie occlu-
Ne pas confondre deux contextes occlusaux opposés : sale n’est pas justifiée. De nombreux schémas simplistes
- apparition progressive d’un désordre occlusal tout au long sont faux : par exemple, l’interférence occlusale déclenche
de la vie ; plutôt une réponse musculaire d’inhibition des muscles
- apparition brutale d’un désordre occlusal traumatique élévateurs qu’une contraction [23]. Les DTM sont plu-
ou iatrogénique. rifactoriels ; c’est donc toujours par la sommation des
anomalies structurelles, associées à des facteurs para-
fonctionnels, psycho-émotionnels, et à des fragilités
Ne pas confondre un système dentaire de terrain que s’exprimera la symptomatologie [17]. Ce
sain et un système dentaire altéré « cocktail » étiopathogénique des DTM ne veut pas dire
Sur un système dentaire sain, naturel, les interventions qu’il faut toujours ignorer les anomalies de l’occlusion.
occlusales pour DTM ne sont pas recommandées. Mais, en Face à une situation clinique donnée, en l’absence de véri-
cas de reconstruction (pour des raisons purement dentaires), tables preuves scientifiques, le praticien doit résoudre le
même s’il n’existe pas de lien strictement établi entre ano- problème en utilisant l’approche thérapeutique la moins
malie de l’occlusion et DTM, le principe de précaution s’im- invasive, la plus réversible, capable d’une action bénéfique
pose et l’optimisation occlusale reste la règle. L’occlusion est pour un patient donné évalué dans son contexte.
la clé de l’optimisation de la mastication, de la déglutition, de
la stabilité du système dentaire ; elle influence l’alimentation, Les auteurs ne déclarent aucun lien d'intérêts.
la nutrition et la santé générale, ainsi que la phonation et Correspondance : Jean-Daniel Orthlieb, Faculté d'Odontologie
de Marseille, 27 boulevard Jean Moulin, 13385 Marseille Cedex 5
l’esthétique. De plus, l’occlusion joue un rôle important dans
la cognition. Il n’existe pas actuellement de preuves strictes
pour justifier telle ou telle conception occlusale et établir des SÉLECTION BIBLIOGRAPHIQUE
lignes directrices cliniques définitives [19, 20]. Le bon sens 1. Christensen C. Occlusion Confusion. Dentaltown 2006 ; 7 (4) : 8-14.
doit être de rigueur en choisissant des critères occlusaux 2. Williamson EH, Lundquist DO. Anterior guidance : its effect on EMG activity
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clairs, simples à mettre en œuvre, se rapprochant le plus 3. Sugimoto K, Yoshimi H, Sasaguri K, Sato S. Occlusion factors influencing the
possible des données physiologiques [21, 22]. magnitude of sleep bruxism activity. Cranio 2011 ; 29 (2) : 127-137.
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d’optimiser les fonctions occlusales pour favoriser le maintien 5. Hattori Y et coll. Occlusal and TMJ loads in subjects with experimentally
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• Un concept thérapeutique à appliquer en prothèse children and youngs adults. Arch Oral Biol 1972 ; 17 (1) : 191-195.
ou en orthodontie avec un concept thérapeutique
à appliquer sur des dents saines, naturelles. Retrouvez l'intégralité de la bibliograhie sur :
www.information-dentaire.fr

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