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Licence 1 SDL

Année universitaire 2023/2024

Sémiotique : analyse
de corpus
Santiago GUILLÉN
s.guillen@univ-lyon2.fr
Avertissement :

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diffusion à votre enseignant.
Prolégomènes : informations pratiques du cours
Aspects pratiques avant le cours
Modalités de connaissances 1 examen final avec CM : exercice d’analyse de 45 min
selon une méthodologie précise d’analyse en 5 points
Méthodologie d'analyse :

O. Aspects philologiques de l’objet : informations culturelle et historique de l’objet ou du texte analysé

1. Perception : Comment je perçoit ce que je perçoit ? À travers quels sens ? Quels langages ? Quels
sont les relations entre ces ≠ langages ? (fonctions de relais, de cadrage) (langage, perception, lois)

2. Systèmes de significations et de valeurs : À travers quels systèmes de significations et de valeurs le


texte / objet est-il élaboré ? (valeur, paradigme, règles syntaxiques, différence)

3. Texte :
- Aspects globaux : Quelle est la relation entre Expression et Contenu dans ce texte ? (Cohésion/
cohérence).
- Comment caractériser les signes qui composent ce texte ? (signifiants/signifié ; arbitraire/motivé ;
syntagme/; langue/parole; icône/indice/symbole; valeur d’usage)

4. L'Énonciation : quels éléments de la situation d'énonciation de ce texte peux-je reconstruire ?


(Énonciateur, énoncé, énonciataire ; deixis; sémiosphère)

5. L'interprétation : que peux-je dire de la triple tension interprétative lecteur/œuvre/écrivain ?


(Encyclopédie personnelle, etc.)
Aspects pratiques avant le cours
Moodle :

- cours toujours disponible à l’avance


- Glossaire avec les définitions
- Plan du cours
Bibliographie
vBertrand, Denis., 2000. Précis de sémiotique littéraire. Nathan, Paris.
vEco, Umberto. Lector in fabula: le rôle du lecteur ou La coopération interprétative dans les textes
narratifs. Traducido por Myriem Bouzaher. Paris, France: Librairie générale française, 1985.
vDucrot, O., Schaeffer, J.-M., 1999. Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage,
Points. Éd. du Seuil, Paris.
vGreimas, Algirdas Julien, y Joseph Courtés. Sémiotique: dictionnaire raisonné de la théorie du langage.
Paris: Hachette, 1993.
vRastier, F. (2001). Arts et sciences du texte. Presses Universitaires de France.
https://doi.org/10.3917/puf.rast.2001.01 (disponibl sur CAIRN)
Sitographie
vBertrand, Denis – un blog : http://denisbertrand.unblog.fr
vSite signosemio, site l’Unviversité de Québec:http://www.signosemio.com
vhttp://www.cnrtl.fr
Dictionnaires
vDucrot, O., Schaeffer, J.-M., 1999. Nouveau dictionnaire encyclopédique des
sciences du langage, Points. Éd. du Seuil, Paris.
vGreimas, Algirdas Julien, y Joseph Courtés. Sémiotique: dictionnaire raisonné de
la théorie du langage. Paris: Hachette, 1993.
vBertrand, Denis – un blog : http://denisbertrand.unblog.fr
vhttp://www.cnrtl.fr
Revues de sémiotique en ligne
http://afsemio.fr/lassociation/reseaux/revues/

https://lareconstruction.fr
Perspectives professionnelles
Qu’est ce que la linguistique ?
Qu’est ce que la sémiotique ?
Quels débouchés professionnels ?
Quelques pistes :
CONSULTING : http://creativesemiotics.co.uk
MARKETING : https://afmmarketingblog.wordpress.com/2018/10/11/marque-ou-marquage/
Stratégies de communication
Recherche Sémiotique, Linguistique, Lettres, etc. (e.g. La Littérature compraré vient de la
linguistique // narratologie)
Traduction
Métiers du livre, etc.
Analyse statistique
Que faisiez-vous l’année dernière ? Lycée ? Autre licence ?
Ce Portail était votre premier choix ? Quel était votre premier choix ?
Travaillez-vous ? Combien d’heures par semaine ?
Langues parlées / comprises ?
Étudiants étrangers ?
Échange ou hors-échange ?
Centres d’intérêt communs ?
Quelle formation voulez-vous faire l’année prochaine ?
Quel métier ?
Prolégomènes
Réflexion sur le savoir :
non stable mais toujours en mouvement

Réflexion sur l’enseignement à l’université


enseignement du savoir constitué
MAIS SURTOUT du savoir en cours de constitution, c’est à dire on doit apprendre à
comment construire du savoir (voir p.e. Bernard STIEGLER)

à Réflexion épistémologique
Plan thématique provisionnel
• 1. Linguistique et sémiotique : éléments philologiques et réflexions épistémologiques
• 2. Positionner un signe : différence, valeur, système, syntagme et paradigme
• 3. Analyser un signe : sé/sa; motivation et arbitraire; forme symbolique ?
• 4. Suivre un signe : Peirce : icône, indice, symbole
• 5. Énonciation / énoncé ; Textes : narratvité : actant, acteur, discours, isotopie
Séance 1 :
Sémiotique et sciences du langage : éléments
philologiques et réflexions épistémologiques
Plan
1) Révisions et définitions préliminaires
2) Le schéma de la communication
3) Langage/langue/parole
Premières réflexions
1) Qu'est -ce que la linguistique et la sémiotique selon-vous ?

2) Quels liens entretient-elle avec les autres sciences ?

3) En quoi la linguistique et la sémiotique sont-elle des sciences ?


Premières réflexions

Traductions intersémiotiques
Premières réflexions

Signe : signifiant (image


acoustique) + signifié (concept) MU, le vide

Signe : forme de l’expression +


forme du contenu
Premières réflexions

Système de signification

E. g. Langues naturelles :
français, espagnol, italien,
anglais
SALE
Caractérisations internes du signe 💚

(forme du )
Signifié CONTENU

(forme de l’)
Signifiant
EXPRESSION

«Langues naturelles » (Saussure,


1916, Cours de linguistique générale) Tous les systèmes de signification
(cf. Louis Hjelmslev)
Premières réflexions

Sens (le léxème sens est polysémique en français) =

1. Perception, expérience esthésique, sensorialité


2. Direction
3. Signification, contenu intellectuel

RQ : Toutes ces trois aspects sont importants dans l’analyse des objets et textes sémiotiques
À une passante
Pourquoi avons nous besoin de la
sémiotique pour analyser les actes La rue assourdissante autour de moi hurlait.
de communication ? Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.


Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
Polysémioticité La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit! – Fugitive beauté


Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?

Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!


Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!

Charles Baudelaire
Matérialité, disposition des signes
dans les textes

Stéphane Mallarmé, Un coup de dés n’abolira


jamais le hasard, 1897.
Signe : signifiant (image
acoustique) + signifié (concept) Hugo Ball, Karawane, poème, 1917
Définitions
Texte (un objet sémiotique/culturel) = unité sémiotique

suite sémiotique autonome (orale ou écrite) constituant une unité empirique, et produite par un ou
musieurs énonciateurs dans une pratique sociale attestée. Les textes sont l’objet de la sémiotique.
(d’après Rastier, 2001)

Certains soutiennent que c’est l’unité linguistique et sémiotique la plus légitime (Rastier, 2001)

RQ : Vient éthymologiquement du verbe tisser.

Un corpus est un ensemble de textes regroupés selonun/des critère(s) commun(s)


https://www.forum-dessine.fr/img/tutoriels/dessiner-les-bulles-de-bd/
forme_bulle.jpg
Réinterprétation d’un objet (variations
de sa fonction et de sa valeur)
Cérémonie des César 2021 Polysémioticité et parole en acte
(aspects pragmatiques) :
https://www.youtube.com/watch?v=kquD2uP_FFg Cadres, genres, jeux de langage, etc.
Commentaire de définitions

"La sémiotique est-elle une science des signes ? - La sémiotique contemporaine a peut-
être défini trop restrictivement son objet. Elle se présente en effet comme une science
des signes, et bien des ouvrages de sémiotique sont consacrés à la typologie des signes
(cf. Eco, 1992). Dans la tradition anglo-saxonne, la définition peircienne de la sémiotique
comme " doctrine des signes " (1956, I, p. 98) a une grande autorité, et Thomas Sebeok,
qui préside depuis trente ans aux destinées académiques mondiales de la sémiotique,
souligne que le concept clé de la sémiotique demeure toujours le signe. Pap estimait
naguère résumer l'opinion de tout sémioticien en réaffirmant que la sémiotique est
l'étude des signes.
Commentaire de définitions

[…] L'affaire serait entendue si le signe n'était un artefact des sémioticiens : d'une part, son
identification est le résultat d'une interprétation, non son point de départ ; d'autre part, en règle
générale, les pratiques sémiotiques ne mettent pas en œuvre des signes isolés, mais des formations
complexes dont la segmentation est toujours problématique, parfois impossible. La définition de la
sémiotique comme science des signes s'inscrit alors dans la tradition logique et grammaticale,
d'ascendance aristotélicienne, ordinaire dans cette discipline. Universaliste, statique, réaliste, elle
s'appuie sur une ontologie des substances, et subordonne donc le signe au concept : il semble bien
que la solitude du signe soit la rançon de l'autarcie du concept. » (Rastier, 2001)
Aspects historiques

Éthymologie

σεμέιον - séméion
signe

-logie/tique
reprend la distinction phonétique/phonologie

Pour Saussure la sémiologie est l’ “étude des signes au sein de la vie sociale”
Définition de la sémiologie
chez Saussure :
Psychologie (i) «science qui s’occupe
des systèmes de signes
au sein de la vie sociale«
(ii) «étude de la formation
Psychologie sociale et la transformation des
signes et de leurs sens«

Sémiologie

Linguistique
Épistémologie sémiotique : de la place de la sémiotique parmi les autres sciences
Selon François Rastier (2001), la séparation dans le Timée de Platon entre physique et éthique, trace la division
entre « disciplines de l’action » et sciences de la nature. En effet, La Grèce antique, au moins depuis le IIe siècle,
organisait les disciplines de la manière suivante : (i) l’éthique, en premier, avait pour but de former l’âme,
ensuite (ii) la physique s’intéresse aux phénomènes du monde, lesquels, par leur étude, invitent à concevoir un
au-delà méta-physique et en fin, (iii) la méta-physique (ou théologie) s’occupe de la contemplation de Dieu.

« L’éthique assure la purification initiale de l’âme ; la physique révèle que le monde a une cause transcendante
et invite ainsi à rechercher les réalités incorporelles ; la métaphysique ou théologie [...] apporte finalement la
contemplation de Dieu » (Hadot, 1996, p. 238)

« L’ancienne philosophie grecque se divisait en trois sciences : la physique, l’éthique et la logique ». (Kant,
Fondements de la métaphysique des mœurs, in Œuvres philosophiques, Paris, Gallimard, II, 243)
Épistémologie sémiotique : de la place de la sémiotique parmi les autres sciences
Chez les Modernes, Locke, semble, selon François Raster, le premier a avoir explicitement bouleversé
cet ordre, et ce, en définissant (et nommant) la sémiotique :

« La première est la connaissance des choses comme elles sont dans leur propre existence, dans leurs
constitutions, propriétés et opérations [...]. C’est ce que j’appelle Physique ou Philosophie naturelle
[...]. La seconde, que je nomme Pratique, enseigne les moyens de bien appliquer nos puissances et
actions (...). Ce qu’il y a de plus considérable sous ce chef, c’est la Morale [...]. Enfin, le troisième peut-
être appelé sèméiotikè ou la connaissance des Signes » (ou Logique ; cf. Essai sur l’origine des
connaissances humaines, IV, 21, trad. Coste).
Aspects philologiques : de la naissance de la sémiotique au XVIIIème

(Rastier, 2001)
Vers un ancrage dans les Sciences de la Culture
L’objet de la sémiotique n’est ni ontologique ni spirituel, la sémiotique comme science ne peut pas correspondre
ni aux sciences de nature (Naturwischenschaften) ni aux sciences de l’esprit (Gesiteswissenschaften).

La notion de «forme symbolique » :

Ernst Cassirer recuse le postulat de ce qu’il nomme un "réalisme naïf˝ et propose la conception d’une réalité
complexe composée par l’interpénétration des mondes. La forme symbolique – l’art, la science, le langage, le
mythe – sont alors conçus par Cassirer comes des “organes” permettant d’apréhender la réalité.
Éléments bibliographiques pour aller plus loin :

François Rastier, « Sémiotique et sciences de la culture », Linx [En ligne], 44 |


2001 : http://journals.openedition.org/linx/1058 ; DOI : https://doi.org/10.4000/
linx.1058
Les éléments constitutifs de tout acte de communication :
Le schéma deTD : Sémiotique
la communication de Roman Jakobson

Santiago GUILLÉN
s.guillen@univ-lyon2.fr
QU’EST-CE QUE LA POÉSIE ?
Victor Hugo, Les contemplations
4 Septembre 1843

………………….
Stéphane Mallarmé, Un coup de dés
n’abolira jamais le hasard, 1897.
Matsuo Basthō
1644-1694
LE SCHÉMA DE LA COMMUNICATION DE
JAKOBSON
Roman Ossipovitch Jakobson
1896 (Russie) – 1982 (EUA)
Linguistique
Linguistique structurelle
Chapitre XI : Linguistique et poétique

Jakobson n'introduit son schéma de la C° que dans le Chap 11 sur la relation ling – poétique. En
fait il donne son schéma de la C° comme réponse conceptuelle à la demande d'esquisser "une vue
d'ensemble entre la poétique et la linguisique" (p.210). Pour Jakobson, "l'objet de la poétique
c'est avant tout, de répondre à la question: Qu'est-ce qui fait d'un message verbal une œuvre
d'art?".
· Essais de linguistique générale (1 et 2), Paris, Éditions de Minuit, 1963 (t.1), 1973 (t.2) (ISBN 2-7073-0043-8)6
Les éléments pansémiotiques
Jakbson remarque que dans plusieurs cas, les "traits poétiques relèvent non
seulement de la science du langage, mais de l'ensemble de la théorie des signes,
autrement dit de la sémiologie (ou sémiotique) générale." (p.210) Cette observation
valant non seulement pour les sciences du langage mais pour tout autre langage, la
linguistique partageant de nombreuses propriétés avec certains autres systèmes de
signe, "ou même avec l'ensemble de ces systèmes".
Le caractère intentionnel / non intentionnel
Jakobson dit que pour différencier la poétique des autres formes de discours ling, on
fait appel à l'intentionnalité (art poétique) face à au caractère fortuit (autres "formes
de structure verbales" (p.211). Or ceci n'est pas pertinent pour Jakobson car "En fait,
toute conduite verbale est orientée vers un but, mais les objectifs varient" (p.211)
La distinction Etudes littéraires /
critique
"Malheureusement, la confusion terminologique des "études littéraires" avec la "critique"
pousse le spécialiste de la littérature à se poser en censeur, à remplacer par un verdict
subjectif la description des beautés intrinsèques de l'œuvre littéraire. La critique
dénomination de "critique littéraire" appliquée, appliquée à un savant étudiant la littérature
est aussi erronée que le serait celle de "critique grammatical (ou lexical)", appliquée à un
linguiste. […] pourquoi devrait-on faire une nette distinction entre la linguistique pure et la
linguistique appliquée, entre la phonétique et l'orthophonie, et non entre les études
littéraires et la critique?" (p.212)
Mono-système / Pluri-systèmes
Pour Jakobson, plutôt qu'un seul système, il existe plusieurs
systèmes à fonctions diverses. "Sans aucun doute […] il
existe une unité de la langue, mais ce code global représente
un système de sous-codes en communication réciproque;
chaque code embrasse plusieurs systèmes simultanés dont
chacun est caractérisé par une fonction différente". (p.213).
Contre la mise à l'écart de l'aspect émotif du langage
Jakobson se montre opposé à l'idée d'une mise à l'écart définitive de l'aspect émotif
du langage. Pour lui cette descrimination (faite par Joos "Description of language
design", 1950) est "une radicale expérience de réduction – de reductio ad
absurdum" (p.213).
La description des fonctions
"Le langage doit être étudié dans toute la variété de ses fonctions. Avant d'aborder la
fonction poétique, il nous faut déterminer quelle est sa place parmi les autres
fonctions du langage. Pour donner une idée de ces fonctions, un aperçu sommaire
portant sur les facteurs constitutifs de tout procès linguistique, de tout acte de
communication verbale, est nécessaire." (p.213)
• Selon vous quelles sont ces “facteurs constitutifs de tout procès linguistique”?
• i.e. De quoi avons nous besoins pour transmettre un message linguistique ?
Les éléménts ou facteurs
L’énonciateur (Le destinateur)
L'émetteur du message.

L’énonciataire (Le destinataire)


Le récepteur.

La sémiosphère (Le contexte)


Est tout ce à quoi renvoi le message, il est aussi appelé de manière plus ambiguë "le référent":
"contexte saisissable par le destinataire, et qui est, soit verbal, soit susceptible d'être
verbalisé" (p.213).
Le système de signification (Le code)
Il doit être commun, en moins en partie au destinateur (encodeur du message) et au destinataire
(décodeur du message).

Le moyen perceptif ou le(s) langage(s) (Le contact ou le canal)


C'est le canal, la manifestation physique permettant la circulation du message.

Le texte (le message)


le message en lui-même
💚 « Schéma de la communication » CONTEXTE
de Roman Jakobson (1963) Sémiosphère
(fonction référentielle)

ÉMETTEUR MESSAGE RÉCEPTEUR


Énonciateur(s) Énoncé / Texte / Discours Énonciataire(s)
(fonction expressive) (fonction poétique) (fonction conative)

CANAL
Moyen(s) de perception(s)
(fonction phatique)

CODE
Système(s) de signification(s) Termes barrées : Métalangage
(fonction métalinguistique ou proposé par Roman Jakobson et
métasémiotique) venue de l’ingénierie des
télécommunications // positivisme
logique (philo), cognitivisme
behavioriste déterministe (sc.
Cognitives) — à ne pas retenir.
Sémiosphère
(fonction référentielle)

Énonciateur(s) Texte Énonciataire(s)


(fonction expressive) (fonction poétique) (fonction conative)

Moyen(s) de perception(s)
(fonction phatique)

Système(s) de signification(s)
(fonction métalinguistique ou
métasémiotique)
Les 6 fonctions :
• Référentielle (contexte)
• Expressive (énonciateir)
• Conative (énonciatiare)
• Phatique (moyen de perception, langage(s), canal, aussi nommé “contact”)
• Métalinguistique ou Métasémiotique (système de signification ou code)
• Poétique (texte lui-même)
Quelques exemples.
• Référentielle :
tt message linguistique
• Émotive
e.g. en fr. Le [si:] / [si] =/= du tchèque [vi] / [vi:]
e.g. Un acteur de théâtre qui doit tirer d’une même phrase : “ce soir”, quarante
messages différents.
• Conative
E.g. Le vocatif et l’impératif se distinguent par la morphologie, la syntaxe et la phonologie.
L’impératif ne peut pas être soumis à une épreuve de vérité ni transformée en
nterrogatives (=/= déclaratif).

RQ : Ces trois fonctions correspondent aux trois premiers éléments donc aux trois personnes
du modèle tras. (surtot Bühler)(1ère et 2ère puis à la non-personne qu’est la 3ème - ce dont
on parle). (Les autres éléments viennent de la tradition anglo-saxonne et russe.
• Phatique
Maintien de la communication. Langage des oiseaux, 1ère forme de langage des
humains.
e.g. “Hallo, vous m’entendez?”, “Dites, vous m’entendez”
e.g. “Eh bien !” dit le jeune homme, “Eh bien”, dit-elle “Nous-y voilà” dit-il, “Nous y
voilà, n’est-ce pas”, dit-elle. “Je crois bien que nous-y sommes” dit-il, “Hop!, Nous-y
voilà.” “Eh bien !”, dit-elle. “Eh bien!” dit-il, “eh bien”. (Dorothy Parker)
• Métalinguistique
“Une distinction a été faite dans la logique moderne entre deux niveaux de langage,
le “langage-objet”, parlant des objets, et le “métalangage”, parlant du langage lui-
même. Mais le métalangage n’est pas seulement un outils scientifique nécessaire à
l’usage des logiciens et des linguistes ; il joue aussi un rôle important dans le langage
de tous les jours. Comme Monsieur Jourdain Jourdain faisait de la prose sans le
savoir, nous pratiquons le métalangage sans nous rendre compte du caractère
métalinguistique de nos opérations. Chaque fois que le destinateur et/ou le
destinataire jugent nécessaire de vérifier s’ils utilisent le même code, le discours est
centré sur le code : il remplit une fonction métalinguistique (ou de glosse). “Je ne
vous suis pas – que voulez-vous dire?” (1963 : 123)
Tableau récap’ à apprendre par coeur !

Éléments (à retenir) (terminologie de Jakobson à ne Fonction Exemples de J.


pas retenir)

Sémiosphère (Lotman) Contexte Référentielle Tout message ling.

Énonciateur Destinateur Émotive Interjection

Énonciataire Destinataire Conative Vocatif et impératif

Moyen de perception ou Canal Phatique “Allô, vous m’entendez?”


langage(s)

Système de signification Code Métalinguistique ou Questions sur la langue par la


métasémiotique langue-même

Texte Message Poétique “Marguerite et Jeanne”


“L’affreux Alfred”
“I like Ike”
Hiérarchie des fonctions
Jakobson remarque que tous les messages sont 'polyfonctionnels', qu'il serait difficile
de trouver un message remplissant une seule fonction. "La diversité des messages
réside non dans le monopole de l'une ou l'autre fonction mais dans les différences de
hiérarchie entre celles-ci. La structure verbale d'un message dépend avant tout de la
fonction prédominante.". Même si la fonction référentielle – dénotative, cognitive –
est dominante, il faut prendre en compte les fonctions secondaires selon leur
importance dans le message.
II :

Les trois points de vue pour étudier les phénomènes linguistiques et sémiotiques :
l’universel, le conventionnel et le ponctuel : langage, langue et parole

Première partie : de la perception à l’interprétation grâce aux systèmes de


significations conventionnels
Plan Séance 2 :

• Langage, langue et parole


• La perception
• De la perception aux systèmes de signification conventionnels
• Les notions de : système, différence et valeur
Langage / Langue / Parole

Ferdinand de Saussure
(1857-1913)
Introduction : les trois points de vue pour étudier les phénomènes linguistiques et
sémiotiques : l’universel, le conventionnel et le ponctuel : langage, langue et parole
Langage
(langage verbal)
Faculté des êtres humains à
parler
p.d.v. Universel
Biologique et physique
(pontentialité)
(Saussure, 1916)

Langue Parole
(français, anglais, etc.) (individuelle ou collective)
Systèmes conventionnels de Usages ponctuels des capacités de
signification langages à travers un système de
p.d.v. Culturel signification donné par un individu ou un
Sciences humaines et sociales groupe à un moment donné
(conventionnalité) (réalisation)
La perception
Les limites sensorielles humaines
Perception auditive :
Couleurs du spectre  -intensité (20 Pa micropascals - 120 dB SPL) /
(longueur d’onde 390nm – 710 nm) - fréquence (16Hz, grave et 16000 Hz, aigu)
Remarques sur l’intentionnalité
perceptive
• L’audition est un acte volontaire. Il est possible de
focaliser son attention (le dit “effet cocktail party”)

• Par ailleurs, l’écoute joue un rôle dans notre


perception spatiale et temporelle
Le mythe de Sémélé
Jupiter et Sémélé, 1695, Sebastiano Ricci, Florence.
Jupiter et Sémélé, Nicolas
Bertin
Zeus, roi des dieux de l’Olympe, s'éprit
d’une belle jeune fille mortelle nommée
Sémélé. Héra, déese épouse de Zeus,
jalouse, emprunta les traits de Béroé, la
nourrice de Sémélé, et conseilla à sa
rivale de demander à Zeus de lui montrer
son vrai visage. Épouvanté, mais n'osant
refuser car il lui avait juré par le Styx de
lui accorder tout ce qu'elle désirerait,
Zeus se présenta donc devant Sémélé
avec son foudre et ses éclairs : celle-ci,
ne supportant pas la vue des éclairs,
brûla.
Sémélé, Gustave Moreau (1894-95)
La perception au delà de la 3ème dimmesion : la modélisation scientifique

• Le tesseract où comment concevoir la 4ème dimmension

• https://www.youtube.com/watch?v=UnURElCzGc0
La perception

WELT / UMWELT
Welt / Umwelt et entour sémiotique

Welt
(arrière monde) Jacob von Uexküll

Umwelt
(entour)
Rastier, 2001
RUPTURES CATEGORIELLES
(Rastier, 2001)
Les trois zones antropiques de l’entour humain (Rastier, 2001)
De la perception des phénomènes bio-physiques aux systèmes de signification
conventionnels

(du langage aux langues ; de la phonétique à la phonologie ; structure d’un système de


valeurs)
Rappel

Plan Unité minimale (de mesure)


Phonétique Phone
Phonologie Phonème
Morphologie Morphème
Syntaxe Syntagme (ou phrase)
Linguistique textuelle texte
Analyse du discours Texte en relation à son contexte
d’énonciation
Pragmatique Langage verbal en pratique
Langage / Langue / Parole
1. langage des animaux / langage humain
1. langage des animaux (ex. abeilles)
2. langage humain (API) PHONETIQUE (DEF.)
2. langue (français/espagnol) PHONOLOGIE (DEF.)
1. API français
2. API espagnol
3. Parole (Variation ind.) (SOCIOLINGUISTIQUE)
1. Variantes régionales (ex. accents français) (dialecte DEF)
2. Variante sociale (lexèmes ex. mec, homme) (système d´écriture :
« tkt ») (sociolecte DEF)(exercice : faire une phrase dans
plusieurs registres : soutenu, neutre, familier)
LE LANGAGE VERBAL ET LA PHONÉTIQUE
https://www.instagram.com/p/Bqex4ynjGgS/?utm_source=ig_web_button_share_sheet
Les consonnes (API : Alphabet Phonétique International)
Bilan : la phonétique
• Qu’est ce que la phonétique ?

• DEF : Branche de la linguistique qui étudie les sons dans la


chaîne parlée. Son unité minimale est le phone.

• RQ : tous les auteurs ne font pas la différence entre phone


(phontique) et phonème (phonologie)
2. La langue
• Qu’est ce que la langue selon vous ? (par rapport au langage)
PHONOLOGIE : LES SYSTÈMES PHONOLOGIQUES
DES LANGUES NATURELLES
Premières réflexions

Système de signification

E. g. Langues naturelles :
français, espagnol, italien,
anglais
[sal]
Langage – langue - parole
De la discrimination (phonologique) dans le slangues et de la création du sens
au sein du système
104
Tableau phonologique du français
Alphabet phonétique international

Choix, dicrimination, sélection


Tableau phonologique de l’espagnol
Tableau phonologique du français
Système et différence
Premières réflexions

Système de signification [mal]


[mɑl]
≠ entre le statut des phones à
E. g. Langues naturelles : l’intérieur des sytèmes
français, espagnol, italien, phonologique des langues :
anglais Phonèmes ou allophones ?
L’organisation en système et la notion de différence

Tout système de signification se compose de signes*, distingués entre eux par des différences* régulières (au sein
du système) et, idéalement, minimales (dans le système existent des couples de signes qui ne se distinguent entre
eux que par un seul trait : par exemple, en phonologie-morphologie, les paires minimales* sont deux mots issus
d’un même système phonologique (c’est à dire d’une même langue) mais qui ont des sens différents (plan du
contenu*), composés d’au moins deux phonèmes* et qui ne se distinguent entre eux que par un seul phonème
(plan de l’expression*)

NB : Sur le plan phonétique*, le phonème est la plus petite unité de son produite par le langage verbal. Sur le plan
phonologique*, elle a une valeur* (mais pas de sens*) variable selon sa place au sein du système phonologique duquel elle fait
partie et des différences qu’elle entretient avec les autres phonèmes du système (« variation libre » ou « variation systémique »).
Les paires minimales : exemple de l’élaboration d’un système de signification à partir d’oppositions restrictives
Signifiant et signifié
La relation entre signifiant et signifié est donc systémique (i.e. dépendante du système). Dans ce sens, vont les
réflexion du linguistique danois des années 50, Louis Hjemslev, qui étudie les valeurs positionnelles* du signe (et
non ses significations). Pour accéder aux significations d’un signe il suffit d’identifier sa positions au sein du système
qu’il intègre, ce qui est rendu possible, notamment par deux test. (i) Le premier est le test de la commutation : la
modification du signifiant induit la modification du signifié ; (ii) le deuxième est le test de la substitution : la
modification du signifiant n’induit pas une modification du signifié. Le premier test met en évidence les invariants
du système (i.e. les paires minimales) le second, met en évidence des variations contextuelles (i.e. allomorphes dus
aux accents). Dans ce sens nous pouvons voir le tableau suivant :
Bilan : phonologie
• L’études des sons du langage humain tels qui sont organisés dans une
langue donnée. Se base sur les phonèmes, les plus petites unités discrètes
isolables par segmentation dans la chaîne parlée. Le statut de phonème
d’un phone dépend de la langue étudiée.
Distinction ETIC vs EMIC
ETIC EMIC
Phonetic Phonemic
Différence systémique et médiation : deux visions complémentaires de la
signification

Sémiotique Sémiologie
• Étude générale de tous les langages • Étudie la différence entre les signes au
culturels. Elle s’occupe de la médiation. sein d’un système conventionnel
• «Fondateur« : Charles Sanders Peirce • “Fondateur”: Ferdinand de Saussure
(1839-1914) (1857-1913)
• Vient de la philosophie (Locke) • Vient de la linguistique (//phonologie vs
phonétique)
Les paires minimales

Au-delà du langage oral, les sytèmes d’écritures fonctionnent


également par des oppositions minimales, par exemples les
oppositions entres les graphèmes : b ≠ d ≠ q ≠ p
Petit tableau récapitulatif 💚
LANGAGE LANGUE

REGARD UNIVERSEL CULTUREL

SOUS-DISICPLINE LINGUISTIQUE PHONÉTIQUE PONOLOGIE

UNITÉ MINIMALE D’ÉTUDE // (“UNITÉ PHONE PHONÈME


DE MESURE”)
OUTIL DE SYNTHÈSE DES API (ALPHABET PHONÉTIQUE TABLEAU PHONOLOGIQUE D’UNE
DIFFÉRENTIATIONS INTERNATIONAL) LANGUE “X”
OU
TABLEAU DES PAIRES MINIMALES
D’UNE LANGUE “X”
TYPE DE REGARD ANTHROPOLOGIQUE REGARD “ETIC” REGARD “EMIC”

DISCIPLINE ANTHROPOLOGIE ETHNOLOGIE

DISCIPLINE Sémiotique (Peirce) Sémiologie (Saussure)


Point de vue de l’action situéeet de l’usage
effectif : la parole
3. La parole

= La parole correspond à l’acte du langage. Autrement dit, c’est à travers la


parole que l’on sait que le langage existe. La parole est donc l’acte
d’énonciation qui implique, également une actualisation de la langue (et donc
de la valeur systémique des signes qui la composent).
è RQ: la parole conditionne le langage (e.g. la discrimination
phonologique)
3. Concepts théoriques
3.1. Variations régionales

Dialecte = variations distopiques d’une même langue


3.2. Variations sociales

Sociolecte et idéoloecte = variations diaphasiques et diastratiques


d’une même langue
3.3. Typologie des variations

• Avez-vous des exemples de variantes dans la prononciaton ?


• Avez-vous des exemples de variantes dans la morphologie ?
• Avez-vous des exemples de variantes dans le lexique ?
• Avez-vous des exemples de variantes dans la syntaxe ?
• Avez-vous des exemples de variantes dans les genres textuels ?
3.4. Exercice
• Écrire une même phrase dans plusieurs registres : soutenu, neutre, familier

• RQ : Dans vos phrases, quelles sont les choses invariables et les


choses variables ?
Petit tableau récapitulatif 💚
LANGUE ! NORME (praxis) " PAROLE

SYSTÉMIQUE LOCALE

Grammaire figée “JEUX DE LANGAGE” (Wittgenstein)

FIXE Emergeante

abstraite in situ

Règle Usages situés (temps, espace, acteurs)

“viratualité” ß “actualisation” “réalisation effective”


Conclusions : Langage (univ.) ≠ langue (cult.) ≠
parole (ind.)
Exemple dans la loi juridique (Langage ≠ Langue ≠ parole) :
comment interpréter le silence ?

Loi française Loi anglo-saxone


Recherche d’un code stable Plus d’importance accordée au cas particuliers

e.g. le 5ème amendement aux USA (Miranda


Warnings) Cas spécifique (1966 : Miranda vs
Arizona)
Cas à praxis à code (loi)
«Codes(s) » ≠ jurisprudence (adaptation
locale,sens émergeant, non encore stabilisé
comme code) https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser/le-
silence-condition-ou-corruption-de-la-parole-publique-45-le-
droit-au-silence
Exemple dans la loi juridique (Langage ≠ Langue ≠ parole) :
comment interpréter le silence ?

L’exemple des “Miranda warnings”

“You have the right to remain


silent. If you give up that right
anything you say could and
will be used against you in a
court of law.”
Questions de réflexion
1. Selon, vous quelles sont les relations entre langage, langue et parole ?
à réfléchissez à des exemples pour illustrer vos propos
2. Comment passer d’un langage à un autre langage, d’une langue à une autre
langue, d’une parole à une autre parole ? Quelles transformations subiront les
signes traduits ? Illustrez avec des exemples .
Relations entre le langage, la langue et la parole
Langage
(langage verbal)

délimite

se vérifie Permet d’accéder


Réduit (e.g. babillage)
(e.g. : discrimination
phonologique)

Actualise
Parole
Langue normes (individuelle ou collective
(français, anglais, etc.)
Encadre e.g. Dialectes et sociolectes))
Petit tableau récapitulatif 💚

LANGAGE LANGUE Parole

Mode d’existence potentialité virtualité Actualité (réaisation)

Point de vue etic emic emic

Type de médiation lois règles Usages (normes


collectives)
Type de valeur universelle Différentielle ou systémique D’usage

exemples Langage verbal Langues naturelles (français, Dialectes, variation


espagnol, chinois, etc.) diatopique (fr. De Paris, fr.
du sud, fr. du Québec,
etc. )
Sociolectes, variation
diastratique (argot
desjeunes, etc.)
LES TYPES DE TRADUCTION

137
Les types de traduction
Type de traduction

Langage 1 Langage 2 intersémiotique

Langue A Langue B interlinguistique

Langue Intralinguistique : au sein


d’une même langue

138
Quel type de traduction ?
Intralinguistique

139
Quel type de traduction ?
Intralinguistique

140
Quel type de traduction ?
Interlinguistique

141
Quel type de traduction ?
Interlinguistique

142
Rimbaud, dans Illuminations

“Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants


doux comme les hautbois, verts comme les prairies”

Quel type de traduction ?

Intersémiotique (synesthésie)

143
144
Exercice d’application

• Quelles types de traductions avons nous ici ?


§ Quels langages et quels codes sont utilisés ?
§ Quelles sont les spécificités de chacune (qu’est qu’on gagne qu’est ce qu’on perd dans
ces traductions?)

MU, le vide

145
Systèmes conventionnels de significations et de valeurs

146
• La théorie de la valeur de Fedinand de Saussure

La valeur systémique ou valeur différentielle

147
• Qu’est ce que la valeur selon vous ?
• Quelle est la différence entre signification et valeur ?
• En quels domaines existe-t-elle ?
• Qu’est ce que la valeur en linguistique ?

148
149
Signification ≠ valeur

e.g. Le Mouton :
1. Mouton (fr) et sheep (en) ont la même signification.
2. Mais non la même valeur car :
1. En anglais on a le mot sheep pour l’animal et mutton pour la viande
2. En français cette disctinction n’existe pas

150
Si pour l’ingénierie de télécommunication, la signification est ce qui reste
d’une transformation, en sémiotique la valeur est la partie du sens du signe
qui ne peut pas être traduit dans un autre système

151
La valeur (systémique ou différentielle) d’un signe est donnée par sa relation
avec le système auquel il appartient, donc, entre autres, par sa différence
avec les autres signes du système.

152
Eco (1980)

153
Ce tableau ne nous montre pas des idées mais de valeurs dépendantes d’un système. La distinction entre
les signes des systèmes différents n’est pas une différentiation conceptuelle mais une distinction sur la
place de chaque signe su sein de son système d’appartenance. Si l’on regarde les signes de chaque
système, nous observons des oppositions binaires, ce qui, encore une fois, relègue la question de la
signification (plan physique ou ontologique) au détriment de l’analyse systémique des valeurs des signes
(le fait que dans un système donnée, un signifiant donnée soit associé à un signifié donné). C’est pourquoi
on peut affirmer que :

Dès le moment où la sémiotique établie l’existence d’un système, le signifié cesse d’être une entité
psychique, ontologique ou sociologique : c’est un phénomène culturel, descriptible grâce à un système
de relations que le système nous montre comme reçues par un groupe donné à un moment donné.
(d’après Eco, 1988, p. 113)

154
“traduttore traditore”

Les signes “intraduisibles”

155
Les “intraduissibles”

• SER vs ESTAR en espagnol

• Le système temporel du français

• Le neutre en latin ou en allemand

• Le duel en arabe, grec ancien ou en sanskrit

156
157
• abbiocco (italien)
nom : somnolence ressentie après un copieux repas
• desenrasscanço (portugais)
nom : faculté de pouvoir improviser une solution sur
le coup
• hyggelig (danois)
adjectif : confortable, douillet, agréable, intime
• sobremesa (espagnol)
nom : conversation à table après le déjeuner
• utepils (norvégien)
nom : bière que l’on boit en plein air
• verschlimmbessern (allemand)
verbe : aggraver une situation en essayant de
l’améliorer
• yakamoz (turc) et mångata (suédois)
nom : reflet du clair de lune sur l’eau

158
Lexique relatif à l’ amour

• Abhisar (अभिमान) (Bengali, n.): Lit. «Aller vers»; Une rencontre (souvent secrète) entre amoureux / partenaires.
• Agape (ἀγάπη) (grec, n.): Amour dévoué, inconditionnel, dévotionnel.
• Aloha (hawaïen, salutation): bonjour et au revoir, avec amour et compassion, littéralement le ‘souffle de présence’.
• S’apprivoiser (littéralement français, v.): Lit, «apprivoiser», mais un processus mutuel – les deux côtés apprennent à
faire confiance / acceptent l’autre.
• Aroha (Māori, v., N.): (Sentir) l’amour, le souci, la compassion, l’empathie pour quelqu’un.
• Coup de foudre (français, n.): Allumé, un éclair, un amour soudain et puissant à première vue.
• Forelsket (norvégien, n.): L’acte euphorique / sentiment de tomber amoureux.
• Ishq (‫( )عشق‬arabe, n.): Vrai, tout-consommant l’amour.
• Jeong / jung (정) (Coréen, n.): Profonde affection, affinité, connectivité (peut être romantique ou non).
• Koi no yokan (japonais, n.): Le sentiment de rencontrer quelqu’un que tomber amoureux sera inévitable.
• Кохаю (кохать) (Ukranian, n.): Amour passionné, intime, romantique.
• Naz (‫( )ناز‬Urdu, n.): Assurance / fierté de savoir que l’amour de l’autre est inconditionnel et inébranlable.
• Ongubsy (Boro, v.): «Aimer du cœur».
• Onsay (Boro, v.): «Faire semblant d’aimer».
• Onsra (Boro, v.): «Aimer pour la dernière fois», le sentiment que l’amour ne durera pas.
• Te quiero (espagnol, v.): Lit. ‘Je te veux’; Peut-être entre je t’aime et je t’aime, impliquant tendre affection.
• Razljubít (разлюбить) (Russe, n.): Le sentiment qu’une personne a pour quelqu’un qu’elle aimait autrefois.
• Sarang (사랑) (coréen, v.): Aimer quelqu’un fortement.
• Storge (στοργή) (grec, n.): L’amour filial; Les soins et l’affection (p. Ex., Entre les membres de la famille).
• Ya’burnee (‫( )يقبرني‬en arabe, parlé): lit. «Vous m’enterrez», c’est-à-dire que l’on mourait plutôt que l’autre.
159
• Yuán fèn (緣分) (chinois, n.): Une relation ordonnée par le destin / le destin.
Exercice : Traduisez en français !

• Bailas muy bien !

• That is a lovely indoorspace. Google it.

• Ich habbe den Film nicht gesehen.

160
https://www.youtube.com/watch?v=gXGXZiX0pCA

161
• “Le signe est une fracture qui ne s’ouvre jamais que sur le
visage d’un autre signe” (Barthes, R., L’empire des signes)

162
Analyser un signe

Au menu :
I. Expression et contenu
II. Signifiant / Signifié
III. Arbitraire vs Motivation
IV. Test de fin séance
V. Devoir à la maison

163
ANALYSE ANATOMIQUE DU SIGNE
SIGNE = SIGNIFIANT (EXPRESSION) + SIGNIFIÉ (CONTENU)

164
EXERCICE D’APPLICATION

Hugo Ball, Karawane, poème, 1917 165


Prolégomènes : Valeur et formes

“Le sens de chaque forme, en particulier, est la même chose que


la différence des formes entre elles. Sens = valeur
différente” (ELG;2002:28)

“Il y a [...] des valeurs morphologiques : qui ne sont pas des


idées et pas davantage des formes.” (2002:29)

166
Valeur et formes

“Pour qu’une FORME soit, comme forme, et non comme figure vocale, il y a
deux conditions constantes, que ces deux conditions se trouvent en dernière
analyse n’en former qu’une seule :
i. Que cette forme ne soit pas séparée de son opposition avec d’autres
formes simultanées;
ii. Que cette forme ne soit pas séparée de son sens.
Les deux conditions sont tellement la même qu’en eréalité on ne peut pas
parler de formes opposées sans supposer que l’opposition résulte du sens
aussi bien que de la forme.
(2002:29)”

167
Valeur et formes

“On ne peut pas définir ce qu’est une forme à l’aide de la figure vocale qu’elle
représente, - pas davantage à l’aide du sens qui contient cette figure vocale.
On est obligé de poser commer fait primordial le fait GÉNÉRAL, COMPLEXE
et composé de DEUX FAITS NÉGATIFS: de la différence générale des figures
vocales jointe à la différence générale des sens qui s’y peut attacher.”
(2002:29)

168
Psychologie

Psychologie sociale

Sémiologie

Linguistique

169
Comment fonctionne la langue ?
“Pour certaines personnes la
langue, ramenée à son principe
essentiel, est une nomenclature,
c’est à dire une liste de termes
correspondant à autant de
choses. Cette conception est
critiquable à bien des égards [...]
elle ne nous dit pas si le nom est
de nature vocale ou psychique,
car arbor peut-être considéré
selon l’un ou l’autre aspect”.
(SAUSSURE, 1968:97)

SAUSSURE, F. Cours de linguistique générale,1916.

170
Comment fonctionne un signe
linguistique ?
“Le signe linguistique unit non une
chose et un nom, mais un concept et
une image acoustique. Cette
dernière n’est pas le son matériel,
chose purement physique, mais
l’empreinte psychique de ce son, la
représentation que nous en donne le
témoignage de nos sens ; elle est
sensorielle, et s’il nous arrive de
l’appeler “matérielle”, c’est seulement
dans ce sens et par opposition à
l’autre terme de l’association, le
concept, généralement plus
abstrait” (iibid. : 98)

171
“Le caractère psychique de nos
images acoustiques apparaît bien
quand nous observons notre
propre langage. Sans remuer les
lèvres ni la langue, nous pouvons
parler à nous-mêmes ou nous
réciter mentalement une pièce de
vers” (ibid.)

172
Comment se décompose le signe ?
“Nous proposons [...] le mot signe
pour pour désigner le total, et de
remplacer concept et image
acoustique respectivement par
signifié et signifiant; ces derniers
termes ont l’avantage de marquer
l’opposition qui les sépare soit
entre eux, soit du total dont il font
partie.” (ibid: 99)

173
Un exemple dans les études anthropologiques

Champignon de forêt Coline en Australie centrale

174
E.g. Dans l’anthropologie
“En d’autres termes, les formes culturelles seraient encodées dansle territoire de la même manière que les
représentations conceptuelles sont encodées par l’intermédiaire des sons […]
Saussure […] soutenait qu’un signe est avant tout l’union de deux choses, un signifiant et un signifié, et
que la relation entre ces deux termes est établie par l’application d’un système de différences au plan de la
substance physique […] De la même manière que les sons expriment les concepts, et à travers la même
logique, les champignons, (pour mon père) et les points d’eau (pour l’aîné aborigène) joueraient le rôle de
signifiants pour des éléments d’un système global de représentations mentales. Est-il alors possible de
dire que mon père me communiquait ses connaissances en les encodant dans les champignons ? Les
aînés aborigènes transmettent-ils leur sagesse ancestrale en l’encodant dans les collines et les points
d’eau?
Aussi étrange que cela puisse paraître, l’essentiel de l’analyse anthropologique touchant à la construction
culturelle de l’environnement procède de cette hypothèse.” (INGLOD, Tim. 2013:31)

175
L’ARBITRAIRE DU SIGNE (LINGUISTIQUE)

176
• L’arbitraire

• Motivation

177
L’arbitraire du signe

“Le signe linguistique est arbitraire […] ainsi l’idée de soeur n’est
lié avec rapport intérieur avec la suite de sons s—ö—r qui lui sert
de signifiant; il pourrait aussi bien représenter n’importe quelle
autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence
même de langues différentes : le signifié “boeuf” a pour signifiant
b--ö—f d’un côté de la frontière et o—k—s (Ochs) de
l’autre.” (Saussure; 1968 (1916) : 100)

178
• Selon vous, en est-il de même pour les langages non verbaux ?

179
“Tout moyen d’expression reçu dans une société repose en principe sur une
habitude collective, ou ce qui revient au même, sur la convention .Les
signes de politesse par exemple (qu’on pense au Chinois qui salue son
empereur en se prosternant neutf fois jusqu’à terre), n’en sont pas moins fixé
par une règle; c’est cette règle qui opblige à les employer, non leur valeur
intrinsèque. On peut donc dire que les signes entièrement arbitraires réalisent
mieux que les autres l’idéal du procédé sémiologique; c’est pourquoi la
langue, le plus complexe et le plus répandu des système d’expression, est
ausis le plus caractéristique de tous; en ce sens la linguistique peut devenir le
patron général de toute sémiologie, bien que la langeu ne soit qu’un système
pàrtculier.” (id.)

180
Avez-vous des contre-exemples ? C.a.d. des mots
motivés ?

§ Les onomatopées

181
Le cas des onomatopés

• Différentes selon les langues


e.g. : ouaoua vs wauwau
RQ: idem pour les exclamations : aïe! vs au !
• Soumises aux règles de variation diachronique (phonétique,
morphologique, etc.) comme pour les autres éléments de la
langue,
e.g.: pigeon (fr) ß pipio (latin vulgaire)

182
183
Positionner un signe ou le sens comme direction

Au menu :

I. Synchronie vs diachronie
II. Syntagme et Paradigme
III. Test de fin séance
IV. Devoir à la maison

184
SYNTAGME ET PARADIGME

185
Exercice d’application :
analysez ces images selon les plans d’organisation
(syntagmatique et paradigmatique)

186
La détermination du sens selon la positions des signes

Une des grandes contributions de la linguistique structurale aux études sur le mythe
est la double articulation du langage. Le Cours de linguistique générale de Ferdinand de
Saussure remarque que tout langage possède une double articulation en raison de la
contrainte pratique d’ordre temporel qui fait qu’il soit impossible, lorsque nous parlons, de
prononcer deux mots au même temps. Il faut donc, soutient Saussure, choisir l’ordre dans
lequel nous prononçons les mots. Il s’en suit, remarque le maître suisse, que tout langage
possède une double organisation : une horizontale (l’axe syntagmatique) et l’autre verticale
(l’axe paradigmatique). Celle-ci renvoi à la langue, celle-là à la parole. Sur le plan temporel,
Saussure remarque que l’axe syntagmatique est diachronique – même si ce n’est qu’à une
échelle micro-temporelle : il est impossible de prononcer deux mots au même temps, il faut
donc dire un avant l’autre - ; alors que l’axe syntagmatique est synchronique – une place
libre dans un syntagme convoque, au même temps, une multitude de mots aux
caractéristiques communes, qui, dans une langue donnée peuvent potentiellement l’occuper.

187
Qu’est qu’un syntagme ?
“[...] dans le discours, les mots
contractent entre eux, en vertu de
leur enchaînement, des rapports
fondés sur le caractère lminéaire
de la langue, qui exclut la
possibiulité de prononcer deux
éléments à la fois” (CLG. : 171)

188
Qu’est qu’un
paradigme ?

• “[...] en dehors de tout discours,


les mots offrant quelque chose
de commun s’associent dans la
mémoire, et il se forme ainsi
des groupes au sein desquels
règnent des rapports très divers
[...] nous les appelerons
rapports associatifs.” (ibid. :
171)
In paresentia / in absentia
“Le rapport syntagmatique est in
praesentia; il repose sur deux ou
plusieurs termes également
présents dans une série effective.
Au contraire le rapport associatif
[le rapport paradigmatique] unit
des termes in absentia dans une
série mnémonique
virtuelle.” (ibid. : 171)

190
Complexification :
Paradigme : dérivation (champs lexical), flexion (flexion verbale) et
résonance (synonimies)
Syntagme : syntaxe, dialogisme (textes, énonciation), institutions
(pratiques)

191
Eg. de Saussure, sur l’architecture.

192
💚

X + Y + Z
ou ou ou
X2 Y2 Z2

193
194
Cadavres exquis imaginé par André Breton, Camille Goëmans, Jacques
Prévert, Yves Tanguy

195
Exercice :

• Écrivez une courte recette de cuisine en trois lignes. Dégagez :


§ L’ordre syntagmatique
§ Les choix paradigmatiques

196
Syntaxe du discours et syntaxe narrative

• Est-ce qu’il existe également une organisation


« syntaxique » des discours ?
§ Politiques ?
§ Publicitaires ?
§ Récits de fictions ?
– Fables ?
– Mythes ?
– Épopées ?
– Tragédies ?

197
GLOSSAIRE

• Paradigme :

• Syntagme

Tiré de : https://www.cnrtl.fr/definition/ 198


GLOSSAIRE

• Paradigme :
Le paradigme est une classe d’éléments liés par le lien “ou”, “ou”, c’est à dire de
substitution reciproque vis à vis à une position dans la déclinaison syntagmatique.

• Syntagme:
Le syntagme est l’axe de la combinaison des éléments et donc contraposé à l’axe de
la sélection, dit paradigmatique. Le syntagme combine les éléments par le biais de lien
de type «et », « et ».

Tiré de : Basso Fossali (2013) 199


(1908-2009) Anthropologue et ethnologue
L’exemple de l’analyse des mythes, inspirée de la linguistique
structurale, chez Claude Lévi-Strauss
200
La détermination du sens selon la positions des signes

Une des grandes contributions de la linguistique structurale aux études sur le mythe
est la double articulation du langage. Le Cours de linguistique générale de Ferdinand de
Saussure remarque que tout langage possède une double articulation en raison de la
contrainte pratique d’ordre temporel qui fait qu’il soit impossible, lorsque nous parlons, de
prononcer deux mots au même temps. Il faut donc, soutient Saussure, choisir l’ordre dans
lequel nous prononçons les mots. Il s’en suit, remarque le maître suisse, que tout langage
possède une double organisation : une horizontale (l’axe syntagmatique) et l’autre verticale
(l’axe paradigmatique). Celle-ci renvoi à la langue, celle-là à la parole. Sur le plan temporel,
Saussure remarque que l’axe syntagmatique est diachronique – même si ce n’est qu’à une
échelle micro-temporelle : il est impossible de prononcer deux mots au même temps, il faut
donc dire un avant l’autre - ; alors que l’axe syntagmatique est synchronique – une place
libre dans un syntagme convoque, au même temps, une multitude de mots aux
caractéristiques communes, qui, dans une langue donnée peuvent potentiellement l’occuper.

201
La détermination du sens selon la positions des signes

Claude Lévi-Strauss s’inspire profondément de cette distinction théorique


saussurienne en prônant que le mythe possède une bi-articulation analogue. Pour
l’expliquer, il se sert de l’exemple de l’organisation du langage musical – actualisant ainsi le
célèbre exemple architectural fourni par Saussure. L’écriture musicale, et plus
particulièrement, « le principe de ce que nous appelons harmonie », permet à Lévi-
Strauss d’expliquer la fonction de l’axe paradigmatique dans l’organisation d’un langage

202
« une partition d’orchestre n’a de sens que
lue diachroniquement selon un axe (page
après page, de gauche à droite), mais en
même temps, synchroniquement selon l’autre
axe, de haut en bas. Autrement dit, toutes les
notes placées sur la même ligne verticale
forment une grosse unité constitutive, un
paquet de relations. » (Lévi-Strauss, 2003, p.
243)

203
La détermination du sens selon la positions des signes

La théorisation Saussurienne inspire particulièrement Claude Lévi-Strauss qui finit par


en faire la pierre angulaire de sa méthodologie d’analyse. Les mythes – tout comme le
langage – soutient Lévi-Strauss, ne possèdent pas uniquement, en tant que récits, un ordre
syntagmatique, mais également un ordre paradigmatique « caché ». Pour accéder à cet
autre « sens caché », Lévi-Strauss propose de résumer les récits mythiques en des parties
diégétiques séparables et de les mettre sur un tableau en les faisant évoluer selon l’ordre de
la narration de manière diachronique sur l’axe horizontal et de gauche à droite (axe
syntagmatique) et sur le l’axe vertical selon des isotopies thématiques ou figuratives (axe
paradigmatique). Ainsi il procède pour son analyse du mythe d’Œdipe qui est devenue assez
célèbre par la suite, nous mettons ici le tableau de cette étude :
Le mot français « sens » est une condensation unique de contenus sémantiques : il
regroupe à la fois la direction, la sensation et la signification. Le sens est donc aussi spatial,
comme le démontrent les axes vertical (paradigme) et horizontal (syntagme) de la
signification.

204
L’exemple du mythe d’Oedipe
https://www.youtube.com/watch?v=RyOtE9ZmmUc

205
L’exemple du mythe d’Oedipe
https://www.youtube.com/watch?v=RyOtE9ZmmUc

A Thèbes, en Béotie (au Nord-Ouest d'Athènes), le roi Laïos se désole de n'avoir pas d'enfant de sa
femme Jocaste.
L'oracle de Delphes, consulté, révèle l'avenir : si Laïos a un fils, il tuera son père et épousera sa mère. A la
naissance de son fils, Laïos prend peur : l'oracle ne peut se tromper, puisque c'est le dieu Apollon qui
parle par la bouche de sa prêtresse, la Pythie. Le roi charge alors un serviteur d'abandonner le bébé́ sur
une montagne. Le serviteur perce les chevilles de l'enfant, fait passer une corde au travers des plaies
béantes, et porte ainsi le bébé sur son dos. Un berger corinthien, voyant ce spectacle, se fait livrer le bébé
"aux pieds enflés" (c'est le sens du mot grec "Œdipe") et le remet au roi de Corinthe, sans héritier, qui
adopte l'enfant.
Œdipe grandit, persuadé qu'il est le fils du roi de Corinthe, Polybe. Au cours d'un banquet, un ivrogne fait
allusion à sa naissance, et le traite de bâtard. Œdipe veut savoir la vérité : il va lui aussi consulter l'oracle
de Delphes, qui lui répond : "Tu vas tuer ton père et épouser ta mère".

206
A Thèbes, en Béotie (au Nord-Ouest d'Athènes), le roi Laïos se désole de n'avoir pas d'enfant de sa
femme Jocaste.
L'oracle de Delphes, consulté, révèle l'avenir : si Laïos a un fils, il tuera son père et épousera sa mère. A la
naissance de son fils, Laïos prend peur : l'oracle ne peut se tromper, puisque c'est le dieu Apollon qui
parle par la bouche de sa prêtresse, la Pythie. Le roi charge alors un serviteur d'abandonner le bébé sur
une montagne. Le serviteur perce les chevilles de l'enfant, fait passer une corde au travers des plaies
béantes, et porte ainsi le bébé sur son dos. Un berger corinthien, voyant ce spectacle, se fait livrer le bébé
"aux pieds enflés" (c'est le sens du mot grec "Œdipe") et le remet au roi de Corinthe, sans héritier, qui
adopte l'enfant.
Œdipe grandit, persuadé qu'il est le fils du roi de Corinthe, Polybe. Au cours d'un banquet, un ivrogne fait
allusion à sa naissance, et le traite de bâtard. Œdipe veut savoir la vérité : il va lui aussi consulter l'oracle
de Delphes, qui lui répond : "Tu vas tuer ton père et épouser ta mère".

207
Pour échapper à ce destin, Œdipe évite de retourner à Corinthe, et se dirige vers Thèbes. Sur la route, il
se querelle avec un voyageur inconnu, qu'il tue.
Il rencontre ensuite un monstre, le Sphinx, qui a un corps de lion et un buste de femme. Cette créature
dévore tous ceux qui ne peuvent résoudre son énigme : "Quelle est la créature qui marche le matin à
quatre pattes, à midi sur deux pattes et le soir sur trois pattes". Œdipe donne la bonne réponse:
"L'homme", et le Sphinx, se dépit, se jette dans un précipice.
Les Thébains reconnaissants offrent à Œdipe le trône du roi Laïos mystérieusement assassiné... en lui
faisant épouser sa veuve, la reine Jocaste !
Le couple incestueux sans le savoir aura quatre enfants: Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène.
Après des années d'un règne heureux, une terrible épidémie s'abat sur la ville... Il faut apaiser les dieux
qui punissent ainsi un sacrilège. Œdipe mène l'enquête ; il va découvrir peu à peu qu'il est le meurtrier de
Laïos, puis que Laïos était son père, qu'il a épousé sa mère... Il se crève les yeux, et Jocaste se pend.

Tiré de : http://michel.parpere.pagesperso-orange.fr/pedago/sq1_theatre/Cocteau/docs/OEdipe.pdf

208
Lévi-Strauss

Sous-évaluation des Négation auto-chtonie Persistance auto-


Sur-évaluation des liens de
liens de parenté humaine chtonie humaine
parenté

209
210
« Claude Lévi-Strauss, ne laisse plus aucun doute là dessus : la lecture du
mythe ne doit pas être syntagmatique et épouser la ligne du récit mais ; elle
consiste en une saisie, souvent inconsciente pour l’usager, de rapports entre
unité du signifié mythique, distribuées tout le long de ce récit. Ces unités de
signifié, malgré la richesse des signifiants, se présentent dans le récit en
nombre très limité, et l’expression du mythe peut ainsi être réduite à une
proportion mathématique. »(Greimas, 1970, p. 118)

211
DEVOIR À LA MAISON
Lisez attentivement le chapitre des
Métamorphoses d’Ovide du récit de Pyrame et
Thysbée (p.24):
Ovid, 43 B. C.-17 A. D. or 18 A. D. (1767). Les metamorphoses
d’Ovide : En Latin et en François. A Paris : Chez Pissot, quai de
Conti, à la Croix-d’or. http://archive.org/details/
lesmetamorphoses02ovid
https://archive.org/details/lesmetamorphoses02ovid/page/
n23/mode/2up
Puis : Q1 dégager les axes d’organisation du sens :
syntagmatique (syntaxe du récit) et
paradigmatique.

212
DEVOIR À LA MAISON

Ovid, 43 B. C.-17 A. D. or 18 A. D. (1767). Les metamorphoses d’Ovide : En Latin et en François. A Paris : Chez
Pissot, quai de Conti, à la Croix-d’or. http://archive.org/details/lesmetamorphoses02ovid
https://archive.org/details/lesmetamorphoses02ovid/page/n23/mode/2up
Q2 : Commentez cette citation selon les concepts vues en cours en vous focalisant sur les
les mots encadrés

213
DEVOIR À LA MAISON

Q3: Pourquoi Pyrame se donne-t-il la mort ? En quoi sa décision relève d’un problème
d’interprétation ?
Faites un commentaire sémiotique détaillé de la situation

214
DEVOIR À LA MAISON

Q4: A quels autres récits que vous connaissez vous fait penser le mythe de Pyrame et
Thysbée ? Choisissez-en un (poème, roman, nouvelle, film, série, pièce de théâtre, opéra,
etc.). Comparez-les (différences et similitudes) sur le plan :
- Narratif (organisation de l’action)
- Figuratif (personnages, espace, temps)
- Énonciation (genre, ton, etc.)
- Nature des langages sémiotiques (≠ cinématographique ≠ textuel ≠ théâtral, etc.)

215
https://archive.org/details/lesmetamorphoses02ovid/page/n23/mode/2up

216
II. DIACHRONIE / SYNCHRONIE

217
Le point de vue temporel sur la langue

Pré-saussiriens Post-saussuriens
• Diachronie • Synchronie
§ Évolution § État actuel
§ Vue étiologique § Étude d’une langue à un moment T
§ Explications de phénomènes
linguistiques par l’évolution de la langue
dans le temps

La métaphore du jeu d’échecs comme justification du choix du point de vue synchronique

218
La vision (très) conservatrice de Saussure sur la langue

“il est certain que, tandis que nous avons cherché à approfondir les causes
qui assurent la continuité = la non liberté à travers le Temps, nous n’avons
donné aucune cause spéciale à l’altération […] résultent du Temps. Nosu
avons dit, et je tiens à le souligner encore, qu’elle n’est qu’une forme de la
continuité, que c’est par le fait même que les signes se continuent qu’ils
arrivent à s’altérer.” (2002:329)

219
Exemple de différence entre analyse diachronique et
synchronique 💙

e.g.: pigeon (fr) ß pipio (latin vulgaire)

220
Peirce : suivre un signe

221
La production des textes et leur interprétation

222
La valeur d’usage

223
223
224
224
225
225
Dénonçant l’hommoscopie ? 226
226
227
227
Dénonçant l’anthroposcopie?

228
228
texte : suite linguistique autonome (orale ou écrite) constituant une unité empirique, et produite par un ou
plusieurs énonciateurs dans pratique sociale attestée. Les textes sont l’objet de la linguistique.

discours : ensemble d’usages linguistiques codifiés attaché à un type de pratique sociale. Ex. : discours
juridique, médical, religieux (227).

isotopie sémantique : effet de la récurrence d’un même sème. Les relations d’identité entre les occurrences
du sème isotopant induisent des relations d’équivalence entre les sémèmes qui l’incluent.

Cohérence : unité structurale d’un texte sur le plan du contenu

Cohésion : unité structurale d’un texte sur le plan de l’expression


L’interprétation des textes
THÉORIE DE L’INTERPRÉTATION DES TEXTES
Modèle de l’interprétation “partagée” des textes d’Umberto ECO

D’après Lector in fabula ,ECO (1979)

L’intention de l’œuvre
Intentio operis

L’intention du lecteur
L’intention de l’auteur
Intentio lectoris
Intentio autoris

L’encyclopédie personnelle
Transtextualité
• La notion vient de Gérard Genette (1982)
Dialogisme et transtextualité : typologies des
relations transtextuelles
Dialogisme constitutif : Dialogisme externe :

Relations :
paratextuelles (épitexte + peritextes) Relations :
et architextuelles Intertextuelle (Todorov)
métatextuelles,
hypertextuelles
Typologies des relations transtextuelles

Relations architextuelles, Relations métatextuelles


rangement dans des catégories Commentaires sur d’autres textes. Non
(non correspondante forcément nécessairement des citations.
avec celle donnée par le paratexte)
(e.g. Nadja, «roman »)è genre ≠
statut
Typologies des relations transtextuelles

Relations hyper-textuelles
Toute relation unissant un texte B : hypertexte à un texte antérieur :
hypotexte.
⇒ Imitation ≠ transformation
⇒ Imitation (pastiche ou faux…)
Dialogisme : typologies des relations transtextuelles 💚

• Paratexte : textes • Intertexte: renvois, à l’intérieur


complémentaires au texte d’un texte, à d’autres productions
principal d’un ouvrage textuelles

• Péritexte : inclus : titre, préface, • explicite: citations, // « discours


note, glossaire rapportée directement » (e.g.
• Épitexte: non-inclus : discours scientifique) ou« discours
bibliographies, agenda de rapporté indirectement »
l’auteur, correspondance… • Implicite: allusions symboliques
ou plagiat
Comment caractériser le dialogisme de ce texte ?
Comment
caractériser le
dialogisme de ce
texte ?
L’énonciation métalinguistique
René Magritte. (1929), La
trahison des images.
Tout texte est dialogique, en ce qu’il reprend l’aspect interactif du dia-logue (dia-logoï) *

Le dialogisme peut être intra-textuel.

Ou intertextuel.

*RQ : même le monologue dans le théâtre a des aspects dialogiques (Benveniste)


EXEMPLES langages visuels :
L’aigle, de Zeus à...

Zeus
L’aigle, de Zeus à...

Aux Empreurs Romain Napoléon


L’aigle, de Zeus à...
L’image peut-elle commenter une autre image ? De l’acte métapictural
Francis
Bacon, 1928
– 1932

Reprise de la
peinture de
Velásquez

La peinture
comme
hypertextuali
té et comme
métatextualit
é (cf. Zinna)
Francis
Bacon, 1928
– 1932

Reprise de la
peinture de
Velásquez

La peinture
comme
hypertextuali
té et comme
métatextualit
é (cf. Zinna)
Francis
Bacon, 1928
– 1932

Reprise de la
peinture de
Velásquez
Francis
Bacon, 1928
– 1932

Reprise de la
peinture de
Velásquez
Narration – énonciation

250
251
Typologies énonciatives dans les récits littéraires

252
(i)Toute observation dépend d’un point de vue : l’exemple
des anamorphoses visuelles

253
253
254
Alexa MEADE

255
Alexa MEADE

256
• Quelle est la nature (et le statut) de ces images ?

257
Regardez de nouveau !

• https://alexameade.com
• https://www.youtube.com/watch?
time_continue=36&v=GaJmRRBt6Xk&feature=emb_logo

258
L’oeuvre d’Alexa Meade

259
La Deixis
La deixis = deixein (δείχειν) = montrer

En linguistique on parle des déictiques


RUPTURES CATEGORIELLES
(Rastier, 2001)
Les trois zones antropiques de l’entour humain (Rastier, 2001)
Méthodologie d'analyse :
O. Aspects philologiques de l’objet : informations culturelle et historique de l’objet ou du texte analysé. (Cadre
d’énonciation global : Énonciateur, énonciataire, contexte, genre)

1. Perception : Comment je perçoit ce que je perçoit ? À travers quels sens ? Quels langages ? Quels sont les
relations entre ces ≠ langages ? (fonctions de relais, d’encrage)

2. Systèmes de significations : À travers quels systèmes de significations le texte / objet est-il élaboré ? (valeur,
paradigme, règles syntaxiques)

3. Texte :
• (i) Aspects globaux : Quelle est la relation entre Expression et Contenu dans ce texte ? (Cohésion/cohérence).
• (ii) Comment caractériser les signes qui composent ce texte ? (signifiants/signifié ; arbitraire/motivé)
(syntagme/paradigme)
• (iii) Comment caractériser la relation de ce texte à d’autres textes ? (transtextualité)

4. L'Énonciation :
(i) quels éléments de la situation d'énonciation de ce texte peux-je reconstruire ? (Énonciateur, énoncé,
énonciataire ; deixis (Z. identitaire, proximale, distale); sémiosphère)
(ii) Comment on dit ce que l’on dit ? (relation énonciateur / énoncé : ironique, tragique, comique, etc.)

5. L'interprétation : que peux-je dire de la triple tension interprétative lecteur/œuvre/écrivain ? (Encyclopédie pers.)
Méthodologie d'analyse :
1. Perception : Comment je perçoit ce que je perçoit ? À
travers quels sens ? Quels langages ? Quels sont les
relations entre ces ≠ langages ? (fonctions de relais, de
cadrage)

2. Systèmes de significations : À travers quels systèmes de


significations le texte / objet est-il élaboré ? (valeur,
paradigme, règles syntaxiques)

3. Texte (Expression/Contenu) :
-Aspects philologiques de l’œuvre
- Aspects globaux : Quelle est la relation entre Expression
et Contenu dans ce texte ? (Cohésion/cohérence).
- Aspects locaux : Comment caractériser les signes qui
composent ce texte ? (signifiants/signifié ; arbitraire/
motivé) (syntagme/paradigme)

4. L'Énonciation : quels éléments de la situation


d'énonciation de ce texte peux-je reconstruire ?
(Énonciateur, énoncé, énonciataire ; deixis (Z. identitaire,
proximale, distale); sémiosphère)
5. L'interprétation : que peux-je dire de la triple tension
interprétative lecteur/œuvre/écrivain ? (Encyclopédie
personnelle, aspects philologiques de l’œuvre, etc.)
Petit test de fin de séance

1. Polysémioticuté
2. Langage ≠ langue ≠ parole
3. Phonétique ≠ phonologie
4. Définition de la sémiologie ?
5. Welt / Umwelt ?
Devoirs à la maison

• Sémélé : chercher une représentation artistique du mythe de Sémélé et faites-un commentaire


sémiotique (comment est (re)présentée cette relation entre le welt et l’umwelt humaine c’est-à-dire les
limites de notre percpetion?) (env. ½ page)
• Commentez une des deux images (diapos suivantes)
• Lisez le début de l’article suivant : François Rastier, « Sémiotique et sciences de la culture », Linx [En ligne],
44 | 2001 : http://journals.openedition.org/linx/1058 ; DOI : https://doi.org/10.4000/linx.1058
Éléments bibliographiques pour aller plus loin :

François Rastier, « Sémiotique et sciences de la culture », Linx [En ligne], 44 |


2001 : http://journals.openedition.org/linx/1058 ; DOI : https://doi.org/10.4000/
linx.1058
L’énonciation métalinguistique
René Magritte. (1929), La
trahison des images.

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