le miterrandisme, affichant notamment son scepticisme sur la politique de nationalisations menée par Pierre Mauroy36. L'affaire du Rainbow Warrior permet notamment au journal de faire preuve de son indépendance et de voir ses ventes rebondir41. Le Monde est ensuite en première ligne dans la dénonciation des scandales de l'ère Mitterrand (Affaire des Irlandais de Vincennes42, Carrefour du développement, etc.). Une véritable animosité oppose alors Mitterrand au journal, visant plus particulièrement le journaliste Edwy Plenel43. Plusieurs journalistes du Monde font ainsi l'objet d'écoutes téléphoniques clandestines de la part du pouvoir44. En 1985, la BNP exige que le journal vende son immeuble de la rue des Italiens45. Le Monde s'installe 15, rue Falguière (15e) en avril 1989 dans un bâtiment conçu par les architectes Pierre du Besset et Dominique Lyon, puis 21 bis rue Claude-Bernard (5e) en 1996 et enfin, en 2004, boulevard Auguste-Blanqui (13e) dans un bâtiment conçu par l'architecte Christian de Portzamparc, dont l'architecture s'inspire de l'ancien siège social du New York Times46. En 1989, en raison de la concurrence de Libération et d'un renouveau du Figaro, la diffusion a reculé de 40 000 exemplaires en dix ans47. En février 1990, un triumvirat doit succéder à André Fontaine. Composé de Daniel Vernet (gérant-directeur), Bruno Frappat (directeur de la rédaction) et Martin Desprez (directeur-gestionnaire), il cède finalement sa place, à la suite de rivalités internes, à Bruno Frappat (toujours à la tête de la rédaction) et à Jacques Lesourne, économiste, élu directeur de la publication du Monde le 8 janvier 1991 qui devient le premier non-journaliste à ce poste48. 1994-2003 : stratégie d'expansion de Colombani[modifier | modifier le code] En 1994, Le Monde troque le statut de société à responsabilité limitée (SARL) pour celui de société anonyme (SA) à directoire et conseil de surveillance. À la suite de la démission de Jacques Lesourne qui n'a pu enrayer la chute de la diffusion du titre et du chiffre d'affaires publicitaire, Jean-Marie Colombani, rédacteur en chef, est élu directeur de la publication du journal en mars 199447, d'abord par la société des rédacteurs puis par les actionnaires du journal. Il nomme, en avril 1994, Noël-Jean Bergeroux directeur de la rédaction. En 1995, il lance une nouvelle formule du quotidien. Lors de l'élection présidentielle française de 1995, l'hostilité de Colombani à Jacques Chirac (à la suite de la tragédie d'Ouvéa), l'anti-mitterrandisme d'Edwy PlenelNote 2 et le mondialisme balladurien d'Alain Minc, président du conseil de surveillance de la SA Le Monde, font que leur journal est accusé par ses confrères de balladurisme49. Le Canard enchaîné titre, le 18 janvier 1995 « Le Monde balladurisé ? C'est pas une Minc affaire ». Cela jette le trouble dans son lectorat50. Après une première recapitalisation de 295 millions de francs en 1995, Le Monde se lance sur Internet en 1996 : Lemonde.fr propose des dossiers en ligne, la une en version graphique à partir de 13 h, l’intégralité du journal avant 17 h, l’actualité en liaison avec l'AFP et des rubriques sur la bourse, les livres, le multimédia et le sport. Deux ans plus tard, le journal complet en ligne coûte cinq francs (l'équivalent de 0,76 euro) alors que le journal imprimé coûte 7,50 francs (1,15 euro)51. Certains articles du supplément imprimé hebdomadaire Télévision-Radio-Multimédia sont disponibles gratuitement en ligne Multimédia, rebaptisée ensuite « Nouvelles technologies ».