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Démographie​

­ Les déterminants du taux de fécondité

Les déterminants du taux de fécondité1


Dernière mise à jour le 16 mars 2016

A­​
La relation entre fécondité et développement économique
B­​
L'hypothèse d'EASTERLING
C­​
Le remplacement de l'expérience par la jeunesse
D­​
Le coût d'opportunité du temps passé à élever les enfants
­​
E​Enfants bien éduqués plutôt que nombreux
F­​
Les politiques familiales

­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­

La relation entre fécondité et développement économique


A­​

Il existe une corrélation inverse entre fécondité et développement. En effet, quand le PIB par habitant
augmente, l'indice synthétique ou conjoncturel de fécondité baisse.

Les explications de cette relation inverse sont variées. Voyons quelques unes d'entre elles ci­après.

L'hypothèse d'EASTERLING2
B­​

Richard EASTERLING3 , économiste américain a émis l'hypothèse suivante, dite "hypothèse


d'EASTERLING" : ​ les générations nombreuses produisent relativement peu d'enfants alors que les
générations peu nombreuses produisent relativement beaucoup d'enfants. Selon cette hypothèse, on aurait
donc ​
ce schéma​.

Les membres d'une génération peu nombreuse trouveraient facilement du travail quand ils arrivent à l'âge
actif. Ils auraient de bons salaires et pourraient facilement atteindre un niveau de vie similaire voire
supérieur à celui de leurs aînés. Ils fonderaient plus précocement un foyer et auraient tendance à avoir plus
d'enfants.
1
"​
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle­même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas"​ . Khalil GIBRAN, ​ http://www.poesie.net/gibran1.htm
2
Voir ​
http://en.wikipedia.org/wiki/Easterlin_hypothesis
3
Richard EASTERLING est principalement connu pour ses travaux dans le domaine de l'économie du bien­être et notamment
pour le paradoxe qui porte son nom (voir Voir h ​ttp://en.wikipedia.org/wiki/Easterlin_paradox​
). Selon ce paradoxe, une hausse du
PIB ne se traduit pas nécessairement par une hausse du niveau de bien­être ressenti par les individus, ce qui aboutit a remettre en
cause le PIB comme seul indicateur du bien­être. Voir Richard EASTERLING, " Does Economic Growth Improve the Human Lot?",
dans Paul A. David et Melvin W. Reder, Nations and Households in Economic Growth : Essays in Honor of Moses Abramovitz, New
York, Academic Press,​ 1974

1
Démographie​
­ Les déterminants du taux de fécondité

Inversement, les membres d'une génération nombreuse trouveraient moins facilement du travail quand ils
arrivent à l'âge actif. Ils auraient de maigres salaires et pourraient difficilement atteindre un niveau de vie
similaire à celui de leurs aînés. Ils fonderaient alors plus tardivement un foyer et auraient donc tendance
avoir moins d'enfants.

En conclusion les femmes des générations peu nombreuses ont une fécondité plus élevée que les femmes
des générations nombreuses4.

Le remplacement de l'expérience par la jeunesse


C­​

Diane MACUNOVICH complète le modèle d'EASTERLING par le lien entre âge et expérience pour éclairer
la décision de fonder un foyer et d'avoir des enfants.

Elle étudie le ratio R = Salaire des jeunes/salaire des plus âgés.

Si R augmente, cela signifie que les jeunes sont relativement recherchés par rapport aux plus âgés et donc
qu'il est préférable d'être jeune que d'être expérimenté. Les jeunes trouvent facilement du travail. Ils peuvent
facilement fonder un foyer et avoir des enfants.

Si R diminue, cela signifie que les jeunes sont relativement peu recherchés par rapport aux plus âgés et
donc qu'il est plus important d'être expérimenté que d'être jeune. Les jeunes trouvent difficilement du travail.
Ils ont du mal à fonder un foyer et hésitent à avoir des enfants.

Le coût du temps passé à élever les enfants


D­​

Cette explication5 insiste sur le coût de l'éducation dans la décision d'avoir des enfants. Il retient 2 variables
principales : le revenu familial et le coût du temps passé par les femmes à élever un enfant. Ce coût (appelé
"coût d'opportunité" de l'éducation des enfants) est mesuré par l'argent que la femme aurait pu gagner si
elle avait travaillé au lieu d'élever l'enfant.

Selon cette explication, toutes choses égales par ailleurs :

● si le revenu familial augmente, le ménage a plus d'enfants.


● lorsque la femme travaille, elle aura d'autant moins d'enfants que son salaire sera élevé, car un
salaire élevé augmente le coût d'opportunité du temps sacrifié pour élever l'enfant. Par ailleurs, si
elle arrête de travailler, cela fera diminuer plus fortement le revenu familial.

Selon ce modèle, c'est dans les périodes de prospérité que les salaires féminins augmentent le plus, ce qui
expliquerait que la fécondité est plus basse durant ces périodes.

Enfants biens éduqués plutôt que nombreux


E­​

Selon les économistes BECKER & LEWIS6 , si le nombre d'enfants baisse quand le revenu augmente, c'est
parce que les ménages préfèrent avoir des enfants moins nombreux mais mieux éduqués.

En faisant l'hypothèse que le nombre d'enfants et le niveau d'éducation par enfant sont des substituts,
BECKER et LEWIS expliquent la relation inverse observée entre le revenu par habitant et la fécondité :

4
Ce modèle n'est pas contradictoire avec le fait que depuis la Révolution industrielle la croissance de la population est devenue
positive.
5
Voir BUTZ, W. et M. WARD, 1979, "The Emergence of Contercyclical US Fertility.", American Economic Review, 1979, 69(3),
pages 318­28.
6
Voir Gary Becker et H. Gregg Lewis (1973). "On the Interaction between the Quantity and Quality of Children". The Journal of
Political Economy 81: S279­S288.

2
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­ Les déterminants du taux de fécondité

quand le revenu par habitant augmente, la fécondité baisse parce que plus les ménages ont un revenu
par habitant élevé, plus ils préfèrent avoir des enfants bien éduqués plutôt que nombreux.​

Les politiques familiales


F­​

) Définition
a​

La politique familiale7 est l'ensemble des politiques publiques pour favoriser la famille et/ou la natalité :

● prestations financières,
● réductions fiscales,
● actions sociales diverses.

En France, ce sont les caisses d'allocations familiales et les collectivités territoriales (Régions,
départements et communes) qui mettent en oeuvre la politique familiale de l'Etat.

b) Les objectifs

Les objectifs de la politique familiale sont variés :

● assurer le renouvellement des générations


● lutte contre les inégalités et la pauvreté des familles
● permettre aux couples de concilier la vie familiale et la vie professionnelle
● favoriser les échanges entre générations c'est­à­dire :
○ les échanges entre parents et enfants jeunes (éducation)
○ les échanges entre enfants adultes et parents plus âgés (aides financières dans les deux
sens selon les situations)
○ les échanges entre grands parents et petits enfants(éducation, aide financière).
● etc.

c) Politique familiale et solidarité entre génération

Avant la Révolution industrielle, sous l'Ancien Régime, les adultes pourvoyaient à l'entretien des enfants
durant un temps assez court, sauf dans les classes aisées où l'éducation se poursuivait plus tard. Dans la
majorité des cas, les enfants participaient aux travaux de la ferme ou de l'entreprise familiale. Par la suite,
c'étaient les enfants qui prenaient en charge les parents jusqu'à leurs décès. Les enfants étaient ainsi le
"capital du pauvre", c'est­à­dire un moyen pour eux de pouvoir à leurs vieux jours, ce qui peut expliquer,
conjointement avec la nécessité de combattre une mortalité infantile élevée, les taux élevés de natalité de
l'époque.

À partir de la Révolution Industrielle et et tout au long du 19ème et du 20ème siècles, des acquis sociaux se
sont constitués, de sorte que c'est progressivement la collectivité qui a pris en charge l'éducation des
enfants et le financement de la retraite et des soins requis par les personnes âgées.

Aujourd'hui, le budget de l'éducation et celui de dépenses sociales représentent l'essentiel des dépenses de
l'État. C'est donc sur l'État et non plus sur la famille que repose la solidarité des générations.

Faire le QCM​ )­​


(10 questions​ [première ligne du fichier ​
Voir les réponses​ (en rouge)​
]

7
Voir "​
Les politiques familiales en France et en Europe : évolutions récentes et effets de la crise​ " , Olivier Thévenon, Willem Adema,
​ttp://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_familiale_française
Nabil Ali, Population et société n° 512, juin 2014. Voir aussi h

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