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Université Gaston Berger de Saint-Louis

UFR /SJP
Master 1 Droit Public 2020-2021

COURS :
ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES
************

INTRODUCTION GÉNÉRALE :
Étudier les politiques publiques à travers une analyse comme discipline peut apparaitre comme
une inconduite dans les facultés de droit. Pourtant, s’il n’existe pas un droit des politiques
publiques, il existe pourtant un enseignement appelé analyse des politiques publiques et qui a
pour objectif une analyse de l’action gouvernemental dans ses différentes expressions, c’est-à-
dire ces acteurs, ses modalités, l’organisation, le fonctionnement, l’environnement etc.
Les experts en analyse des politique publiques s’intéresse à l’ensemble des activités matériels
et fonctionnel que conduisent les gouvernements. Ces actions se sont multipliées et diversifiées
avec l’avènement de l’État providence qui lui-même est la conséquence de la seconde guerre
mondiale qui a vu les pays européens engagés d’important politique publique en faveur de leurs
reconstructions. Dans les pays africains, les phénomènes de décolonisation a mis en exergue
l’État providence qui a pris en charge les problèmes de développement économique et sociales.
A cet égard, les politiques publiques sont apparus comme un moyen indispensable pour
moderniser la gestion et conduire le développement. Les affaires publiques ont pris toute leurs
importances dans la vie économique et sociale et les politiques publiques ont été consacrées
comme activités phares des gouvernements.
Par affaire publique, on entend non seulement tous les éléments du tissu socio-économique,
mais aussi, toutes les décision prises par les autorités publiques, que soit des mesures, des
décisions, un budget, des moyens matériels et humains etc., bref de tout ce qui concourt à la
conception, à l’élaboration, à la mise en œuvre, au suivi et au contrôle et à l’évaluation des
politiques publiques en faveur du développement économique et social.
Ces politiques publiques sont aujourd’hui à la base de plusieurs études, rencontres, colloques,
réflexions, séminaires etc. elles constituent un support prévisionnel du succès de cette discipline
partout dans le monde au-delà des divergences idéologiques, politiques ou historiques. Or,

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l’analyse des politiques publiques est une discipline susceptible de fournir des analyses
susceptibles de comprendre des ensembles d’opérations complexes portant sur des projets
suivant des programmations et des décisions des autorités publiques. Ces activités se composent
de plus en plus d’intervention et de mesure qui varie dans le temps et dans l’espace. C’est ainsi
que l’État a aujourd’hui très largement dépassé ses fonctions régaliennes pour faire plus
d’intervention économique. Il y a d’ailleurs à noter qu’un des facteurs essentiels de l’évolution
de l’État depuis le vingtième siècle été le rôle, la place et les responsabilités de la puissance
publique dans le développement économique et social. Les politiques publiques ne s’assimilent
pas et ne se réduisent pas à de simples projets gouvernementaux. Elles sont également
différentes d’une simple activité stricto sensu. Le champ d’application des politiques publiques
dépasse et englobe le cadre d’une simple mise en œuvre de l’activité gouvernementale. Elle
touche au fond a la société dans son ensemble.
L’APP est une méthode de recherche, à la limite d’investigation pour comprendre l’action
gouvernementale.

CHAPITRE 1 :
LE FONDEMENT HISTORIQUE DE L’ANALYSE DES
POLITIQUES PUBLIQUES

L’APP est une discipline imprécise mais qui commence à se forger lentement une identité à
travers de réseaux de spécialiste et auprès de résultats probants.

Section 1 : Essai de définition


L’Analyse des Politiques Publiques porte en priorité sur l’étude des aspects liés au droit
économique, à la gestion et plus globalement sur l’interventionnismes des personnes publiques.
Elle est donc la conséquence de la pression des faits liés à l’intervention de la puissance
publique dans l’économie. En effet, l’action de l’État dans la vie économique s’est traduite par
la multiplication des liens entre l’économie et les finances à travers des mécanismes et
d’instrument techniques et juridiques de plus en plus complexe. Grace à l’APP, il est devenu
possible de juger les résultats, d’apprécier les réalités et de comprendre les liens réciproques
entre l’ordre juridique et le systèmes économique et financier et vice-versa.
Le système économique requiert un ensemble de règles de droit qui conditionnent les facteurs
de production, les services et en sens inverse tout ordre économique a des répercussions sur les
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systèmes juridiques. L’APP étudie ces influences réciproques de l’ordre juridique sur le
système économique et du système économique sur l’ordre juridique.

A- Formation historique de l’APP


Au moment de la révolution de 1789 et tout au long du XIXème siècle, l’Etat avait un rôle
réduit dans l’économie. C’était la période du libéralisme pur et dur ou encore de la période de
l’Etat abstentionniste qui se contentait juste de faire respecter les règles du jeu du marché.
Dans une 2nde étape les puissances publiques sont intervenues dans la production et la diffusion
de services dès lors qu’il y avait défaillance.
A la fin du XIXème siècle, on a noté un élargissement considérable du secteur public et la
guerre de 1914-1918 va accélérer les choses et faire connaître davantage le rôle de l’Etat comme
fournisseur de services publiques. Plus les défaillances de l’activité productive devenaient de
plus en plus nombreuses au fur et à mesure que se développaient de nouvelles nations comme
la sécurité sociale, la formation professionnelle, le développement etc. C’est durant cette
période qu’on a admis que tous les services publics qui sont en déclin devais être pris en charge
par les pouvoirs publics. Ainsi, Le développement progressif du rôle de l’Etat dans le secteur
économique a donné naissance à des instruments politiques, administratifs, juridiques en même
temps qu’un droit économique spécifique. Celui-ci s’est développé sous l’influence de plusieurs
facteurs endogènes et exogènes notamment avec la crise des années 1929, crise du monde
libéral qui a mis à l’épreuve la croyance aux mécanismes spontanés de remise en ordre de
l’économie.
En France, en particulier, l’arrivée du Front Populaire dès 1945 a dopé l’interventionnisme du
fond public avec la création de plusieurs établissements publics : c’est la période d’acquisition
par l’État de sa véritable fonction économique qui va contribuer à l’éclosion de secteurs
nouveaux comme le commerce extérieur, secteurs de pointe tels que l’aviation, les NTIC, la
microbiologie.
Désormais l’équilibre spontané du système libéral n’est plus automatique. Cet équilibre ne peut
exister que grâce à une intervention correctrice de la puissance publique à travers la conception
et la mise en œuvre de politique publique appropriées telle la décentralisation, les politiques
industriels etc. L’État acquiert une nouvelle vocation qui est de surveiller la marche de
l’économie en produisant des statistiques, en adoptant des plans de planifications, en faisant
des prévisions etc. Par ces mécanismes, l’Etat cesse d’être un simple acteur pour devenir un
stratège, un interacteur, un pionnier en vue d’atteindre un équilibre macroéconomique. Cet
interventionnisme va engendrer de nouvelles méthodes d’action (économie concentrée,
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économie contractuelle) et de nouvelles relations parfois tout à fait nouvelles entre l’Etat et les
autres agents économiques.

B- LA FINALITÉ DE L’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES


L’APP vise essentiellement l’ensemble des mesures tendant à assurer à un moment précis et
dans une société donnée, un équilibre entre les intérêts particuliers des agents et l’intérêt
générale. C’est aussi l’analyse de l’ensemble des solutions qui permettent au pouvoir publique
d’orienter les comportements des agents dans le sens souhaité par la politique économique
générale. Cette définition établit un lien incontestable entre politique, économie, finance et
analyse des politiques publiques. De ce point de vue, l’analyse des politiques publique peut être
un puissant facteur de réforme socio-économique. L’APP a commencé à jouer ce rôle depuis
les années 60, c’est-à-dire au lendemain des indépendances, en portant son attention sur le
travail gouvernemental (sur le contenu du travail, sur ces modalités, sur les logiques qui sous-
tendent se travail).
En effet, gouverner, c’est prévoir. Dès lors, l’ensemble des attributs des organes de l’État est
prévu et défini par des règles juridiques suivant une hiérarchie avec une répartition des
compétences qui assigne à chaque acteur une mission spécifique. On sait dans la pratique que
cette répartition des compétences n’est pas toujours respectée. L’action de l’administration est
limitée en principe par l’obligation de respect de la règle du droit. L’APP s’intéresse non
seulement à cette hiérarchie mais aussi aux relations et rapports entre les personnes publiques
et les autres personnes chargées des missions de service publique. Elle s’intéresse
particulièrement au stade de la prise de décision, c’est-à-dire l’action décisoire ou se manifeste
toujours des conflits de compétences et d’intérêt.
L’APP dépasse toujours le simple stade de choix pour s’intéresser à tout le processus
(préparation, discussion, décision ou délibération, mise en œuvre, suivi, évaluation audite et
contrôle).

SECTION 2 : LES POLITIQUES PUBLIQUES EN TANT QUE


POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
Elles sont toutes destinées au développement économique et social de la nation. C’est donc
l’utilisation par l’État d’un ensemble de moyen visant à orienter les citoyens vers l’intérêt
général.

A- LA NOTION DE POLITIQUE ECONOMIQUE

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C’est la notion la plus large. Toute action de l’Etat visant à orienter les citoyens est une politique
économique susceptible d’avoir des impacts sur la vie socio-économique des différents acteurs.
Les politiques économiques pratiquées sont multiples variées. On peut établir une classification
selon leur durée, leur champ d’application ou leurs moyens de réalisation.

1. Classification selon la durée des politiques économiques


a) Les politiques conjoncturelles
Elle se proposent de remédier à des conjonctures difficiles par des politiques dérivés tel que la
lutte contre le chômage, la pauvreté.

b) Les politiques à moyen terme


Le moyen terme à une durée imprécise. On considère qu’il est supérieur à deux ans et jamais
supérieure à dix ans. Il est généralement situé entre 4 et 5 ans. Ce sont-elles qu’on retrouve
généralement dans le plan de développement économique et social de la notion. Elles sont
souvent des politiques aléatoires et dépendent des facteurs non maitrisés.

2. La classification selon le champ d’application


On distingue ici les politiques économiques globales des politiques économiques sectorielles.
a) Les politiques économiques globales
Elles sont générales par leurs objectifs et leurs moyens d’intervention. Elles tendent à améliorer
la politique économique et sociale dans son ensemble. Elles visent par leurs objectifs à
améliorer les grandes équilibres macro-économiques, par exemple l’adéquation entre l’offre et
la demande, le PIB, la demande générale, la question des prix.
Elles atteignent par leurs domaines d’intervention tous secteurs et ont un impact non-
négligeable sur tous les agents économiques.
b) Les politiques sectoriels
Elles se limitent à un secteur donné dans l’économie comme l’indique leurs noms. Si elles ne
s’attaquent pas à l’ensemble des secteurs de l’économie, elles peuvent s’attaquer à des plans. A
cet égard, on peut souligner que le plan est une politique économique globale faite de plusieurs
politiques sectorielles réalisées par des structures de planification.

B- LA SPECIFICITÉ DE LA NOTION DE POLITIQUE PUBLIQUE


Les politiques publiques constituent des instruments prospectifs et aléatoires de décision et
d’action visant le développement économique et social d’un pays. Il arrive que l’élément
politique fasse défaut dans une politique globale, mais dans une politique publique la
manifestation de la volonté politique doit exister et s’exprimer clairement. C’est même un

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élément déterminant ; autrement dit, une politique publique est une politique voulue et décidée
par une autorité publique, c’est-à-dire que sa finalité est plus grande que dans un programme
économique. Elle suppose non seulement une programmation mais aussi un certain degré de
systématisation. C’est ainsi qu’une PP peut simplement être formuler comme par exemple les
politiques budgétaires, comme les politiques d’investissement, comme les politiques fiscales,
comme les politiques énergétiques.

SECTION 3 : LES METHODES COURAMMENT UTILISÉES EN


ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES

A- LA RECHERCHE OPÉRATIONNELLE
Elle a pour but de préparer périodiquement des décisions par l’emploi y compris de l’outil
mathématique. C’est un processus qui participe à des degrés divers au plus haut niveau et par
référence à des méthodes scientifiques à la détermination des facteurs interne à la décision.
On dénombre tout d’abord les facteurs internes vitaux dans une décision et on les formalise en
les attribuant un poids d’incertitude. En réalité, cette méthode est beaucoup plus utilisée dans
le secteur privé que dans le secteur public et elle présente des avantages. Elle fait appel de plus
en plus à la sociologie, à l’économie.
Elle peut être décrit de la façon suivante :
Étape 1 : un problème particulier est formulé de manière le plus large possible en vue
d’expérimenter la liaison entre les éléments constitutifs des systèmes.
Étape 2 : les éléments variables sont définis mathématiquement dans un modèle qui reconstitue
dynamiquement l’ensemble. Les valeurs des variables peuvent être identifiées en fonction de
leur rôle déterminant et des résultats sur les variables. L’inconvénient de cette méthode est que
les variables peuvent être changées.

B- L’EXPÉRIMENTATION OU LA SIMULATION
La simulation consiste à substituer à la situation réelle une représentation simplifiée de celle-ci
grâce à un modèle. Le modèle est une reproduction systématique d’un problème, d’une situation
ou des représentations quantitatives ou qualitatives qui existent entre les éléments le composant.
L’idéal serait que le modèle sert la représentation exacte du sujet réel en cours d’analyse.
On distingue la simulation numérique, dans ce cas le modèle est une construction mathématique
abstraite constitué d’enchaînement d’opérations logiques et de choix effectués selon des critères.
L’autre simulation dépend de la nature des fonctions administratives concernées. Dans ce cas
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le modèle est évolutif et dynamique et la variable temps est important et permet d’établir trois
Sortes de simulations :
- La simulation en temps réel ;
- La simulation par interférence de temps ;
- La simulation par évènement.
Une simulation peut être à posteriori ou à priori.
La simulation est une méthode complexe puisque faisant intervenir des calculs.

C- LA PRÉVISION
C’est l’action de prévoir dans le temps. Faire des prévisions c’est formuler des opinions sur
l’avenir. C’est donc une activité intellectuelle de formulation d’une opinion sérieuse dont la
vérification reste incertaine.

D- LA PROSPECTIVE
Elle est différente de la prévision. C’est une catégorie englobante qui remet en cause les
postulats et qui s’efforce de rechercher dans le temps les tenants et les aboutissants d’une
situation ou d’un phénomène. Elle concerne un avenir lointain que l’on sait différent de la
projection du passé et du présent. Il s’agit plutôt de maîtriser cet avenir lointain à partir d’une
image du futur et d’explorer les voies et moyens qui pourraient le relier au présent. Elle repose
sur la modélisation et prend en considération la possibilité de renversement des tendances à
partir des indicateurs utilisés. La réussite d’une prospective lors qu’il une concordance
maximale ou optimale entre les vues d’une évolution durable et les tendances d’une évolution
prévue. Il y a lieu juste de signaler qu’une fois disposant toutes ces informations, il appartient
à l’autorité de décider puisque la prospective ne saurait remplacer la décision, mais seulement
l’éclairer.

E- L’ANALYSE FONCTIONNELLE
Si la finalité de l'analyse des politiques publiques demeure la gestion et la connaissance des
problèmes de l’action gouvernementale, beaucoup de méthodes se focalisent soit sur les
individus et les rapports individuels soit sur la société conçue comme un tout structuré et
cohérent relevant de disciplines différentes compartimentées et cloisonnées. L'analyse
fonctionnelle ne remet pas en cause les postulats du fonctionnalisme classique car les fonctions
remplies par les différents éléments constitutifs du système... Mais elle constitue un moyen
remarquable d'investigation. Elle s'intéresse à la réalité qui unit chaque élément à la société et

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elle permet de mettre en évidence les aspects fondamentaux qui se cachent derrière le système
social.

SECTION 3 : LES MÉTHODES ACCESSOIRES EN ANALYSE DES


POLITIQUES PUBLIQUES

A- L'ANALYSE ORGANISATIONNELLE
Elle décrit des relations informelles qui se nouent au sein des organisations sociales construites
souvent comme des milieux clos et structurés pour relever les déterminants internes qui pèsent
sur leur fonctionnement. La vie interne des organisations est essentielle pour comprendre les
relations entre la société et son environnement mais aussi ce que l'environnement fait peser sur
les individus. La position respective des individus et des groupes dépend très largement du
milieu spécifique dans lequel ils s'appuient.

B- L'ANALYSE SYSTÉMIQUE
Elle est construite à partir de la mise en évidence d'un réseau d'interactions appelé le système.
Elle analyse, en fonction des relations permanentes et/ou réversibles, les échanges que le
système entretient avec son environnement.
Soumis à ces impulsions, le système agit sur lui par des décisions et des actions. En se polarisant
sur les relations, l'analyse systémique laisse un certain nombre d'aspects tels que la structuration
interne et l'environnement de la demande sociale.

C- L'ANALYSE INSTITUTIONNELLE
Elle n'a pas eu le succès qu'elle méritait au plan social. Les juristes ont beaucoup utilisé le mot
institution et les experts en APP l'ont toujours conçu comme quelque chose de statique lui
préférant les notions d'organe et/ou de structure. L'analyse institutionnelle regroupe en réalité
plusieurs choses disparates. C'est l'étude des phénomènes à travers le prisme de l'institution.
Elle permet de dévoiler des pans entiers cachés du réel. Elle ne peut être une méthode passe-
partout même si elle est polysémique, disons problématique. En effet par institution on peut
entendre deux choses :
- les formes sociales établies (aspect organique)
- les processus par lesquels la société s'organise (aspect fonctionnel)
Les sociologues considèrent les institutions comme des phénomènes sociaux impersonnels et
collectifs présentant deux caractères que sont la permanence et l'évolution.

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Par l'institution, la société est caractérisée suivant un ordre supérieur aux individus et aux
groupes qui assure sa cohésion, réalise son intégration et fonde sa pérennité.
Les institutions sont la garantie de cet ordre dotées d'une consistance propre détachée des
volontés qui les ont fait naître et s'établissent dans la durée. L'institution est une entité autonome,
une cristallisation spécifique et autonome dont il est possible à la fois de définir le régime et de
retracer l'histoire.

SECTION V : LA SPÉCIFICITÉ MÉTHODOLOGIQUE DE L'APP


Il faut d'abord souligner qu'il existe une véritable complémentarité entre toutes les méthodes
utilisées en APP. Il n'y a donc pas lieu de s'enfermer dans une méthodologie spécifique mais
plutôt faire peur d'un opportunisme sans scrupule en ne tenant compte que des critères
d'efficacité et d'opérationnalité. Alors tout est pour l'expert en APP du moment qu'elle permet
d'aller au-delà des apparences et d'ébranler les fausses certitudes pour accéder à une
connaissance profonde des réalités. Il est possible qu'il y ait des risques de dispersion et d'autres
liés à la proximité de l'expert avec l'action. Ce qui est important finalement c'est de donner à
l'analyse un caractère scientifique et technique et d'éviter les affirmations gratuites. En APP il
ne s'agit pas d'inventer des solutions toutes faites entièrement satisfaisantes surtout pour le
prince mais de procéder à une véritable analyse des conséquences de telle ou telle option,
d'observer, de rendre compte, de prédire... Etc.
L'APP est une étude des options faibles en matière de politiques gouvernementales. C'est avant
tout l'étude des procédures d'élaboration et de fournitures de ces options. Concrètement, elle
consiste en la production d'informations, d'interprétation, de données sûres à partir de certains
projets politiques. C'est donc un style, une pratique et même un art qui n'est pas imperméable
aux influences extérieures. Elle a aujourd'hui des ambitions scientifiques. C'est une véritable
boîte à outils qui est aujourd'hui à la base de plusieurs expertises avérées.

CHAPITRE II :
L'AUTONOMIE DE L'APP

SECTION I : APP ET DISCIPLINES D'ACCOMPAGNEMENT

A- APP ET ÉCONOMIE

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Les débats actuels sur les prévisions économiques, les réformes structurelles, les performances,
l'émergence montrent qu'APP et économie ne sont pas synonymes. L'APP va s'intéresser aux
réalités macro-économiques, aux politiques publiques. Elle va notamment mesurer les
conséquences de ces politiques sur le PIB, sur l'inflation, sur le déficit global des finances
publiques. Elle va rechercher également les faiblesses structurelles, les facteurs de productions,
le taux de productivité, de chômage... Etc.

B- APP ET MANAGEMENT
Le management s'est développé pour trouver des remèdes aux gaspillages de toutes sortes. Il se
trouve à la base de politiques de modernisation visant à former des cadres dotés de moyens de
gestion de qualité pour plus d'efficacité.

C- APP ET SOCIOLOGIE
On peut penser que l'APP est une entreprise de critique systématique des politiques publiques.
Ce qui n'est pas le cas. En tant que discipline qui se veut scientifique, l'APP préconise la rupture
épistémologique qui lui garantit une approche pluraliste et accessible.
Elle utilise des concepts opérationnels à partir à partir de résultats de recherche et non
d'affirmation. L'APP vise l'amélioration des performances. Faire de L'APP ce n'est pas de
critiquer mais c’est de s’interroger à partir de la prise en compte de données disponibles. C'est
analyser en refusant surtout de s'enfermer dans l'univers étroit de la politique. L'expert en APP
ne peut prétendre tout faire. Il doit cadrer son sujet, s'offrir une perspective d'approche pour ne
pas verser dans le déterminisme. L'analyse des politiques publiques n'est pas une panacée. Elle
demeure toujours problématique et s'inspire des autres sciences sociales.

SECTION 2 : L'ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES


A- UNE DISCIPLINE AUTONOME
Les autorités publiques prennent des séries de décisions à travers des séries de textes. Chacune
intervient de plusieurs façons et sur des sujets variés. En pratique, le champ d'intervention des
autorités publiques est vaste dans la mesure où la sphère publique est aujourd'hui installée
partout dans notre vie quotidienne. L'étude des politiques publiques est une étude de l'action
des autorités publiques au sein de la société. Il s'agit de s'interroger sur ce que produisent les
gouvernants pour quels résultats, à travers quels moyens. Pour cela il faut se départir des
réflexes idéologiques, intellectuels qui empêchent de comprendre les faits réels (rejeter les

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jugements de valeur, la peur, la naïveté la passion). Il existe un risque de prendre la forme pour
le fond. En APP trois approches déterminent actuellement l’analyse de politiques publiques
La première est de type normatif, très répandue aux USA et qui est marquée par la prétention
de normé après une analyse hypothéticodéductive toute la gestion publique par la mise en place
d'autorités ou d'organismes spécialisés.
La deuxième est la sociographie. Il s'agit de prendre une photographie très précise de la société
pour prendre en charge l'action des groupes de pression. Entre textes de lois et réalités des
comportements des gouvernants, il y a un jeu souvent obscur de marchandage, et de
manipulation au cours duquel les intérêts particuliers cherchent à peser sur ce qu'envisage de
faire l'autorité publique. Cette approche se développe de plus en plus sur la scène politique.
La troisième approche est le déterminisme : le déterministe comme l'économiste peut enfermer
L'APP dans une approche fermée et pour un certain nombre de courants de l’APP, certains
facteurs sont déterminants et il faut partir d'eux pour procéder à l'analyse.

B- UNE DISCIPLINE CRITIQUE


L'essentiel se joue au moment où l'autorité prend sa décision et la met en œuvre. Alors l'APP
devient l'art de poser les bonnes questions et de vérifier les réponses. Elle s'intéresse à des
questions fondamentales notamment l'émergence et la nature de L'Etat, son évolution et son
modèle, l'essence du pouvoir, ses impacts et les relations sociales. Elle permet de décomposer
la sphère complexe de l'activité publique à travers ses différentes missions. Ainsi l'APP peut
être considérée comme une branche de la science politique. En tout cas, elle est loin d'une
philosophie sur L'ÉTAT

SECTION 3 : LES ORIENTATIONS DOMINANTES EN APP


En réalité, l'APP n'est pas un phénomène tout à fait logique. Bien avant qu'elle ne revendique
son autonomie, on a pu relever des études concrètes ici et là qui se sont intéressés aux différents
phénomènes de l'action publique. Ces études ont eu quelques limites dans leur conception et
dans leur objet. L’un de leur champ privilégié est la notion d'Etat providence, concept
symbolisant l'effort de l’État pour modifier les conditions du marché et protéger les individus
contre les conséquences économiques, sociales des crises et des guerres. Elles ont permis de
montrer par exemple que les efforts fournis en faveur des pauvres depuis des siècles sont des
interventions moins inspirées par la crise ou par un quelconque souci de redistribution que par
une nécessité d'assurer la sécurité publique. Pour l'APP c'est l'ampleur de ces politiques, les
modalités d'intervention, les ressources à mobiliser et la nature profonde des relations de l'état

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et de ces catégories d'acteurs qui sont les champs les plus importants. C'est donc l'étude des
contraintes économiques, politiques, culturelles qui sont à la base de ces politiques publiques
qui peuvent ou non éclairer les préoccupations qui sous-tendent les Politiques Publiques.

SECTION 4 : UNE PLACE PRIVILÉGIÉ : L'ÉTUDE DES POLITIQUES


SOCIALES
Qu'est-ce qu'une politique publique ? Combien ça coûte ? Voilà les deux premières questions
que se pose l'analyste. La politique sociale est un terrain privilégié des politiques publiques.
Les spécialistes s'intéressent en la matière aux infrastructures de base, aux politiques de
prévention, aux catégories sociales concernées ou touchées. De la politique sociale dépend
l'existence ou non de conflits sociaux et de la manière dont ils sont gérés.
De la politique sociale dépend l’existence ou non de conflits sociaux et de la manière dont ils
sont gérés (la place de la bureaucratie, des fonctionnaires, de la gestion des conflits sociaux).
L’analyse des convergences entre producteurs de politiques sociales et bénéficiaires de valeurs
et de leurs cultures peut déboucher sur une véritable connaissance sociale. En effet, face à la
persistance des inégalités et à l’épuisement des ressources de l’Etat, la question de la politique
sociale ne peut être seulement une question d’économie ou de comptabilité. Elle doit prendre
en compte l’étude de la valeur de la culture et de l’idéologie.

SECTION V : LES MUTATIONS DE L’ÉTAT-PROVIDENCE


Ces situations de crises économiques et sociales ont permis de mesurer l’importance des
politiques publiques, leur manque d’efficacité et par voie de conséquence, la recherche de la
performance. En réalité, les problèmes et les difficultés sont liés au prototype d’acteur et de
procédure mise en œuvre.
Aujourd’hui il y a un large consensus pour admettre que les pouvoirs publics et les Etats, à
travers le monde, n’ont pas réussi à mettre en place une société ouverte, transparente, solidaire
et juste. Libéraux comme marxistes, mondialistes et autres intégristes, nationaliste comme
altermondialiste sont d’accord sur la dégénérescence de la démocratie et de l’Etat de droit. On
parle de crise d’identité, de légitimité et d’efficacité de représentativité qui expliquent le recours
de plus en plus fréquent à l’analyse des politiques publiques pour améliorer au processus de
décision gouvernementale.
Si l’APP est une discipline peut s’identifier par sa problématique, alors l’APP se caractérise par
sa méthode qui privilégie le recours à une « boite à outils » à partir d’un regard neutre pour

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identifier toutes les conséquences des mutations de l’Etat-Providence et envisager leurs effets
prévisibles. Cette « boite à outils » à quelques particularités : son mode de raisonnement et sa
finalité et son champ d’analyse. A titre d’exemple les unions d’Etat comme l’union européenne
démontre l’exemple type de modification ayant abouti à l’édification de grand ensemble de PP
structuré l’achèvement de leur construction sur le plan économique monétaire et financier aura
des conséquences important dans plusieurs cette européanisation cette intégration des PP en
Afrique n’entrave pas la fin des PP national, il s’agit plutôt de la mise en place de programme
d’action, d’initiative commune dont les mécanisme d’élaboration échappe à l’Etat national et
qui vont orienter les perceptions des comportements des acteurs publics y compris dans toutes
les circonscriptions de l’état national individuel cette option fonde l’action d’investigation à
cette égard l’APP utilise une « boite à idée » en prenant en compte les éléments suivant

- L’importance de la définition des concepts


- La sensibilité à l’analyste d’autre approche d’ordre financier…

Il est évident que l’APP ne saurait se passer de preuve et d’expérimentation elle doit

L’APP s’intéresse aux ressources, à la procédure en conséquence elle doit toujours identifier
le problème fixé les indicateurs les vérifié prendre en compte leurs impact dans l’élaboration
de l’APP

CHAPITRE III :

ESSAI D’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES

SECTION I : Analyse du contexte international des politiques publiques

Il y a quatre tendances lourdes notées dans le monde :

ü L’aggravation tendancielle du fossé démographique Nord/Sud avec des implications


économiques ;
ü Compétition très âpre entre zones économiques à influence ;
ü Transition des pays d’Europe centrale et orientale ;
ü La construction des espaces économiques régionaux et sous régionaux.

A côté de ces tendances, plane une double incertitude :

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Ø La globalisation : atomisation des économies ligotées par certaines règles
contraignantes ;
Ø La montée des revendications identitaires.

La conception classique du développement (structuré entre secteurs primaire, secondaire,


tertiaire) est aujourd’hui dépassée (le développement signifiait le passage du secteur primaire
vers le secteur secondaire puis tertiaire).

A- Le FOSSÉ NORD-SUD
Il est d’abord patent en terme démographique. En effet, le tiers monde qui abrite déjà plus de
¾ de l’humanité voyant sa population croitre rapidement tandis que celle du nord
proportionnellement ne cesse de diminuer dans une planète qui compte environ actuellement
plus de 10 milliards d’habitants. En 1950 déjà, les 27 pays de l’OCDE représentaient presque
¼ de la population mondiale. Ils n’en représenteront plus selon une variante moyenne des
projections des NU qu’autour de 12 % et 15 en 2020 date d’ici laquelle la part de l’Afrique va
augmenter fortement et la part de l’Europe va chuter. Certes le tiers monde ne constitue pas un
bloc homogène en particulier ce qu’on appelle les NPI (nouveaux pays industrialisés : Corée
du sud, Taiwan, Singapour, Hong-Kong) et ceux de la 2ème génération qui ont commencés à
émerger à partir de 2000 (Malaisie, Thaïlande). La situation de toute évidence n’est pas la même
au sein de ces économies dynamiques d’Asie et d’Amérique latine par rapport à l’Afrique.

Les plus récentes projections élaborées par la Banque Mondiale et le FMI qui prévoient une
croissance économique moyenne de l’ordre de 5%/ an pour les PVD, esquisse des perspectives
fortement différenciées d’une région à une autre. 7% de l’Asie de l’est, 5 % de l’Asie du Sud,
4% pour l’Amérique latine et le moyen orient et 3,7% pour l’Afrique et tout ceci sous réserve
que les pays industrialisés retrouvent une croissance forte et que le contexte international soit
favorable en termes de perspective économique.
Les experts de la banque mondiale réservent les perspectives économiques pour chaque zone.
a) L’Asie de l’Est et le pacifique : cette zone a très vite adopté des politiques
économiques innovantes. La croissance y est vigoureusement et alimentée par
d’importants flux financiers, régionaux et intra régionaux. La zone économique chinoise,
au sein de cette zone est en passe de devenir un 4eme pôle économique de croissance
mondiale suffisamment puissant pour entrainer d’autres pôles comme les USA et le
Japon. Dans moins de 10 ans, la production de cette zone va augmenter
ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 14
considérablement d’environ 10% par an. Ce qui exprimait en prix internationaux, pourra
conduire la Chine à dépasser le Japon, l’Allemagne et même les USA.
b) L’Asie du sud : cette zone devra se contenter d’une croissance du PIB de l’ordre de 5%.
Cette région est en effet dominée par l’économie indienne qui traverse une période
d’ajustement qui devrait porter par la suite ses fruits avec des taux d’investissement et
d’épargne élevés par rapport à leur PIB. Ce pays devra tirer profit de sa récente
ouverture à condition toutefois que……………. Les exportations progressent de 8 %
au lieu de 5,6% constaté pendant la décennie antérieure malgré La baisse des
exportations indienne. Que les capitaux privés viennent combler le déficit du compte
courant à concurrence de 14 du PIB, (investissement direct et placement boursier)
viennent combler le déficit du compte courant à concurrence de 1,4%.
La région qui comporte la plus grande concentration de pauvres au monde (600 Millions
de pauvres) s’attaque rigoureusement à la pauvreté pour des raisons économiques et
sociales.
c) L’Amérique latine : cette région poursuit son redressement avec un croisement annuel
du PIB de l’ordre 4% par an. Ce redressement est tout à fait envisageable si les pays de
cette région continuent de suivre l’exemple chilien et mexicain de redressement. Mais
ce combat de ce continent est vulnérable et le grand inconnu reste les performances du
Brésil qui pèse lourd dans les agrégats régionaux. L’autre facteur de fragilité est la
volatilité des flux financiers privés s’y ajoutent les menaces qui pèsent sur les
exportations. L’issu de l’OMC est crucial pour cette région.
d) Au moyen Orient et en Afrique du Nord : les perspectives de cette région sont
mitigées de sorte que si la sortie de la crise du Golf et les tensions se confirme avec une
augmentation des prix du pétrole, cette région va escompter une croissance de l’ordre
de 3 à 4%. Le Maroc et l’Iran (30% du PIB de cette région) en seraient le moteur tandis
que l’Égypte le Tunisie et l’Algérie devraient se contenter d’une croissance de 3 à 4%.
Et c’est la stagnation et la diminution du prix du pétrole affecterait surtout l’Algérie et
l’Égypte elles y compromettraient la mise en œuvre de réforme économique pourtant
les pays du Maghreb y compris la mise en œuvre de réformes qui faute d’avoir été
entamées à temps a conduit au dérive, recrudescence de l’instabilité sociale.
e) L’Afrique subsaharienne : elle connait une croissance relativement faible en raison de
la chute des prix des matières premières. Le taux de croissance est relativement faible.
Ce taux cache de grandes disparités. Une cinquantaine de pays qui compte pour la moitié
de la production du continent sont engagés dans une politique de réforme et profiteront
ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 15
de la reprise. Par contre d’autre pays ne profiteront de la reprise qu’avec la fin de la
guerre ou des troubles civiles et politiques qui les affectent. On note dans l’Afrique
subsaharienne l’insuffisance des investissements, les incertitudes climatiques la
pénétration exponentielle du Sida, la consommation de drogue ainsi que l’étouffement
de l’aide publique au développement. Le nombre de pauvres risques d’augmenter
d’environ 50% pour atteindre environ 300 million d’hts. Et l’évolution de la situation
en Afrique australe est un autre élément d’incertitude. En effet la reconnaissance du rôle
de la république sud-africaine dans l’économie régionale et mondiale pourrait être
dynamisante, l’incapacité de l’Afrique du Sud à surmonter ses fractures sociales et
ethniques pourrait affecter le développement. En tout état de cause le développement de
l’Afrique reste le défi le plus important que doit relever la communauté internationale.
Une détérioration de la conjoncture internationale aurait des répercussions dramatiques
pour cette région qui ferait alors face à un déclin par habitant et à une recrudescence de
l’instabilité sociale.

3. Observations
Les perspectives esquivées par la BM est relativement cohérente avec celle de l’OCDE qui
estime que la croissance économique mondiale devrait se situer autour de la décennie à venir
autour de 3 à 4% entre 2,5 et 3% pour la zone OCDE et 5 ou 6,5% pour les pays en voie de
développement. Les meilleures performances seraient obtenues par l’économie dynamique
d’Asie (EDA) qui continuerait à bénéficier d’une croissance très sensiblement supérieure à la
moyenne pour constituer un pôle de développement. Cette région assurerait à l’horizon 2015,
27% de la production industrielle mondiale contre 25% pour l’Europe et 18% pour USA. D’ici
2015 les pays d’Amérique latine âpres les très nombreuses difficultés commence à se relever.
La performance du Mexique en est la preuve. Les bénéfices ont été tirés de la zone de libre
échange (ALENA).
Éminemment diverses sont toutefois les perspectives de développement des pays du Sud les
plus dynamique entre eux n’étant d’ailleurs pas sans faiblesse comme en témoigne le déficit
d’infrastructures et la détérioration de leur environnement. En outre très controversées peuvent
être les perspectives de certains immenses pays telle que la Chine. Le taux de croissance
économique lui donnera une immense influence sur l’économie mondiale et la population
atteindra 1,3 millions d’habitants. Tout en étant un défi considérable aux ressources finies du
pays cette extension démographique fournit également une main d’œuvre abondante pour le
développement économique et constitue un vaste marché potentiel. Les ressources nationales

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 16


de la Chine sont importantes comme le charbon, le pétrole, les minerais. En définitive
l’optimisme des prévisions dont il est fait ici état ne saurait cependant nous faire oublier qu’à
l’autre extrême, le nombre des pays les moins avancés augmente et que la majorité de
l’humanité vie et vivra jusqu’à 2020 dans la misère, une misère aussi grande que la population
augmente plus que la richesse. Cette population composée essentiellement de jeunes (2/3 de la
population du tiers monde) dès 2015 urbanisées à plus de 50%, agglutinées dans d’immenses
mégapoles certains abritant plus de 20 million d’habitants incapables de satisfaire les besoins
les plus élémentaires de leurs habitants. De sorte qu’il est fort à craindre que les inégalités s’y
creusent, que s’exacerbent les tensions et que se multiplient les explosions sociales déstabilisant
les gouvernements locaux et l’ordre international. Pour n’en prendre qu’un seul exemple,
songeons au différentiel de croissance démographique et les conditions de vie entre les deux
rives de la méditerranée et saute aux yeux un problème que personne ne veut voir mais qui sera
déterminant à l’avenir. Ira-t-on vers les tensions migratoires ? Tensions d’autant plus graves
que beaucoup de migrants vivent en Europe. Ou alors réussira-t-on à assurer une véritable
coopération Nord/Sud ou Afrique/Europe/Maghreb.

B- LA COMPÉTENCE ÉCONOMIQUE MONDIALE


Trois grandes régions dont le sort est étroitement lié s’opposent sur le plan économique dans le
monde :
- Il y a la zone de l’ALENA construite autour des USA ;
- Il y a Celle du pacifique ouest sous la conduite Japon du NPI et qui bascule par la chine ;
- Et la communauté européenne largement fondée depuis longtemps sur le couple franco-
allemand ;

De toute évidence, les USA ont, aujourd’hui, perdu leur rôle prépondérant que symbolisait le
dollar comme étalon universel. Leur part dans le produit brut mondial, tout comme d’ailleurs
les principaux pays industriels dans le commerce mondial, n’a cessé de décliner, tout comme
déficit commercial et leur endettement aussi. En extrapolant le programme inter futur de
l’OCDE, on ne peut que pronostiquer le déclin du leadership américain dans le Nord.

Sans que nous puissions nous étendre excessivement sur la situation de chaque pays pris
individuellement, force est de constater que sur le plan politique, les USA continuent encore
aujourd’hui d’exercer un véritable leadership sur le monde et qu’au plan économique, une
restructuration de leur appareil productif a été réalisé avec succès et que leurs trésors aidant

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 17


leurs entreprises, ont gagné en compétitivité. De plus, les politiques sociales menées par Bill
Clinton et reprise par Obama ont entendu s’attaquer aux problèmes sociaux qui ronge
l’Amérique avec des grands travaux et qui ont permis d’améliorer l’économie qui jusque-là
était dominée par la spéculation financière au détriment des investissements à long terme.

Si l’on a cessé de souligner les médiocres performances de l’économie américaine et l’ampleur


des défis auxquelles les USA étaient confrontés, la performance du Japon comme celle de
l’Allemagne ont conquis l’admiration au point que nombre d’analystes ont pu pronostiquer
qu’ils deviendraient « le nouvel épicentre de l’économie mondiale ».

Il est vrai qu’avec un taux de croissance exceptionnellement élevé, la priorité accordée à la


recherche-développement, aux investissements industriels et une économie principalement
axée sur l’exportation, les produits japonais ont envahis les marchés occidentaux et africains et
la force du yen aidant, les investissements du japon dans le monde ont augmenté à un rythme
accéléré. Ses performances du japon ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une
politique industrielle agressive prenant assise sur un fort consensus social et sur l’existence à
ses portes de sous-traitants à bon marché qui ont amené le japon et ses voisins au rang de grande
puissance.
Cette performance économique ne saurait pour autant occulter les difficultés auxquelles le
japon est confronté et les défis qu’il devra relever. Par exemple, en raison d’un fort consensus
social, désormais compromis par les valeurs dont sont porteurs les nouvelles générations, par
le vieillissement démographique plus rapide que partout ailleurs, par la pénurie de main
d’œuvre, par l’augmentation du taux d’activité féminine et par la survenance de catastrophes
naturelles.
Les conséquences, notamment l’entré des femmes dans les marchés tant au regard des
fonctions dans l’assistance sociale dans un pays ou l’Etat protecteur, est infiniment moins
développé qu’en occident qu’au regard des règles régissant le fonctionnement des entreprises.
Au demeurant, l’industrie nippone qui fut pendant longtemps le fer de lance de l’économie
japonaise est aujourd’hui confrontée à une âpre concurrence de la part de ces sous-traitants
d’hier, lancé actuellement à leur tour dans une politique d’exportation agressive non seulement
dans les secteurs traditionnels mais aussi dans le secteur des NTIC. Tout ceci ne doit pas nous
conduire à envisager la faillite prochaine de l’économie japonaise qui si elle devait survenir
aurait d’ailleurs des conséquences dramatiques sur l’ensemble de l’économie mondiale, ne

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 18


serait-ce que du fait de l’ampleur de leurs investissements face à ces deux super puissances que
sont le Japon et la Chine.
L’Europe de l’ouest est d’abord loin de former un ensemble homogène. Les performances de
l’Allemagne, de l’Italie, de la France sont fort différentes. Ensuite globalement, l’Europe est en
situation de relative faiblesse. Tout s’étant passé comme si les européens et en premier lieu les
français s’étaient endormis sur leurs lauriers (les 30 glorieuses) et que trop négligents vis-à-vis
des changements intervenus, ils n’avaient pas fait l’effort d’investissements requis pour assurer
la compétitivité de leur industrie tout en continuant à distribuer plus de richesses qu’ils ne
produisaient. Dépendant de l’extérieur de plus en plus leur approvisionnement en produit
manufacturés ou en hautes technologies, les européens n’avaient pas fait l’effort pour engager
les japonais pour mieux assurer ou garantir leur autonomie.

C- LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE, UN VÉRITABLE ESPACE DE


POLITIQUE PUBLIQUE
L’UE est un espace structuré de PP. les perspectives économiques des pays ne sont pas
identiques dans tous les pays de l’EU. Dans l’ensemble, l’EU apparait en situation de relative
faiblesse au regard de ses concurrents, même si aux cours des dernières années des efforts
louable de relance des investissements ont été effectué.
Les défis et les enjeux majeurs de cette espace publique sont les suivants :
- Engager les indispensables restructurations des appareils productifs
- Maitriser la croissance des coûts salariaux et notamment les dépenses sociales qui ne
cesse d’augmenter.
- Maitriser les PIB
A titre de rappel, on peut signaler que l’UE a été toujours un marché très fortement structuré et
médiatisé construit depuis l’acte unique comme un véritable marché économique qui a permis
aux européens d’engager des efforts de restructuration de leur appareil productifs qui imposait
non seulement l’abolition des frontières au sein de l’espace communautaire mais plus
fondamentalement encore la compétition économique mondiale.
Toutefois, il reste beaucoup à faire et il faut noter que grande a été la désillusion liée à la création
du marché unique dont certains attendaient qu’il induise à partir du 1er janvier 1993 (date
d’entrée en vigueur de l’acte unique) quasi automatiquement un regain de croissance et la
création de quelques millions de nouveaux emplois qui eussent été particulièrement bienvenus
dans une région où le taux de chômage a dépassé 10% de la population. Or, le projet
communautaire de l’UE ne doit pas se limiter simplement à créer un vaste espace économique,

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 19


disons d’un marché unique de plus de 360 million de consommateurs, qui sert aux européens
et à leur concurrent puisque l’abolition des frontières en Europe ne s’est pas accompagnée,
comme il était nécessaire, d’une véritable politique économique qui était pourtant indispensable
pour l’Europe.
Aujourd’hui, on y note des freins à l’intégration qui sont liés à la surveillance de la libre
circulation des personnes et des biens, les législations différentes en matière de drogue, de
commerce, de consommation. Ainsi, donc si la construction européenne devait se limiter
simplement à l’établissement d’un marché unique, on est en droit de se demander s’il ne s’agit
pas d’un grand projet qui est dépassé tant est puissant le phénomène de mondialisation et
naissant la stratégie des entreprises s’organisant en réseaux de plus en plus déconnecté de la
logique territoriale sur laquelle est basée le principe de souveraineté nationale ou de co-
souveraineté populaire.
Le problème serait si différent si l’Europe monétaire et fiscale, les deux allant largement de
pair, était plus avancée, puisque les seules dispositions en la matière inscrites dans la Charte
sociale ne concerne que les relations professionnelles et celles des travails en dépit de
l’introduction in extrémiste dans le traité de Maëstricht, d’une pétition de principe à laquelle
d’ailleurs la Grande Bretagne s’était soustraite jusqu’en son retrait de l’UE. Autrement dit, à
l’heure actuelle, il n’est pas envisageable de politiques d’intégration autonome en matière de
santé, de vieillesse, de maladie alors que la pression migratoire du Sud, de l’Est et de la fossile
irano-turque ne peut que devenir plus forte. Comment pourrait-on établir au sein de cette Europe
la liberté de circulation des personnes alors que chacun des pays membres a une politique
différente d’émigration et d’immigration.
Enfin l’Europe n’est pas capable d’intervenir à elle seule autrement que sur l’autorité de
l’OTAN. Autrement dit, l’Europe politique est inexistante. Le tableau est quelque peu sombre
et les défis extérieurs sont énormes notamment avec la mise en place de l’OMC. On peut donc
s’inquiéter du retard pris par l’édification d’une Europe fiscale et sociale qui pourrait être plus
unie et plus forte pour faire face aux handicaps. L’un d’entre eux, et non des moindres, tient
aux défis que constitue pour l’occident, la transition engagée en Europe centrale et orientale.

Observation :
L’édification d’un espace de politique publique structurée au niveau de l’Europe aura des
conséquences. Il s’agit simplement de la mise en place de programme d’action d’initiatives
communes dont les mécanismes d’élaboration échappent à l’Etat national et qui ont orienté
désormais les perceptions, les comportements des acteurs publiques dans toutes les
ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 20
organisations administratives de l’Etat, de ces démembrements et des collectivités
territoriales.
Ce référentiel commun qui n’est ni uniformisation ou ni unification n’empêchera pas des
adaptations nationales ne serait-ce que par ce que les Etats feront une lecture différente des
décisions prises. Ce qu’il faut relever c’est que cette convergence des styles politiques aura
des conséquences sur les mécanismes de fonctionnement et sur ce qu’on appelle l’agenda
des politiques publiques.
L’agenda politique européen va désormais s’établir sous la forme de représentation
d’intérêts avec une remise en cause des différentes formes de représentation corporatiste.
L’agenda politique européen s’entend donc comme « l’ensemble des problèmes perçus à
un moment donné comme devant faire l’objet d’une intervention des autorités
gouvernementales légitimes ». C’est en ce moment-là que les mécanismes de l’inscription
sur l’agenda deviennent un moment essentiel du processus d’élaboration des politiques
publiques ; c'est-à-dire que la maitrise des agendas politiques constitue un enjeu et un atout
pour les différents acteurs qui cherchent à capitaliser leur expérience.
Les termes et les conditions d’intervention des Etats par la communauté sont complexe.
Nous assistons, de plus en plus, à l’émergence d’un milieu politico-administratif qui dicte
l’agenda politique. En tout cas, il y a un bouleversement considérable des règles du jeu. Et
globalement on note l’émergence par surprise, par anticipation, par la prévention, par la
prévision ou la prospective de la commission. Il y a donc un caractère aléatoire de l’agenda
qui est lié à trois facteurs majeurs que sont l’évolution du mode de représentation des
intérêts dans l’espace européen, la transformation des modes de décisions et la légitimité
des modes de représentation et de décision.

1- L’évolution du mode de représentation des intérêts


L’accroissement du niveau communautaire montre que l’évolution communautaire ne se
traduit pas seulement par le regroupement en agences par secteur ; les grandes entreprises
essayent aujourd’hui certes de développer des modes de représentation classiques mais
elles créent aussi des lobbies, c’est à dire une forme d’organisation nébuleuse incertaine
avec des stratégies propres comme l’infiltration. En pratique, des négociations plus
ouvertes se mêlent et les résultats sont imprévisibles et ce lien supplémentaire de décision
perturbe le jeu des acteurs en introduisant des contraintes qui peuvent limiter la liberté
d’action des acteurs. Les acteurs, eux-mêmes, vont bénéficier d’une capacité de
diversification de leur action dans le cadre de négociation plus ouverte etc. Certes, on ne

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 21


peut pas parler pour l’instant de la fin des formes de représentations corporatistes national,
mais il est clair que les jeux des représentations actuelle sont plus compétitives, plus
ouvertes et tendent à changer les règles du jeu classique et le dialogue entre l’Etat et le
groupement.

2- La transformation du mode de décision


Au-delà des aspects purement administratifs, on peut relever l’absence d’un maitre absolu
du jeu de la prise de décision. Tantôt c’est l’influence d’un organe, tantôt c’est l’action
d’une collectivité ou d’une entreprise qui arrache la décision au niveau européen. On est
donc en face d’un système de décision assez bizarre qui fait intervenir divers acteurs tant
nationaux qu’internationaux et ceci rend opaque la décision. La conséquence immédiate
c’est que les administrations nationales dont on sait qu’elles revendiquent toujours le
monopole de l’expertise légitime sont obligé de tenir compte de ces nouvelles formes
d’expertises.

3- Les problèmes de légitimité du nouveau mode d’action et ces formes de


représentation
L’UE a le nouveau style de politique publique et les Etats nationaux ont du mal à faire
passer leurs préoccupations spécifiques. On assiste à l’émergence d’un nouvel espace
médiatisé qui influence la vie européenne d’où la question de la légitimité des politiques
décidées en Europe dans un contexte de crise de la représentation.

D- LES PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale)


Cette région ne forme pas non plus un bloc homogène ni sur le plan politique ni sur le plan du
développement économique et social. Mais tous ces pays de l’ancien pacte de Varsovie (1950
regroupant 11 pays de l’ex URSS) et de la CEI (Communauté des Etats Indépendants) sont eux-
mêmes à des degrés divers confrontés à trois défis. Ces défis sont les suivants

1- Le premier défi lié au problème des ethnies et des nationalités.


Ce problème est d’autant plus aigu que les frontières sont le produit artificiel de découpage
opéré de manière arbitraire et qu’en l’absence de ciment que constituait le communisme et du
contrôle qu’exerçait le KREMLIN, explose les revendications communautaires se traduisant
par des déplacements massifs de populations autour d’un désir de regroupement socioculturel
et religieux quand ce n’est pas par des affrontements aussi violents que ceux qui se sont déroulés
dans l’ex Yougoslavie.

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 22


2- Le 2ème défi est relatif à la transition de régimes autoritaires vers la démocratie.
Or une démocratie ne se décrète jamais. Elle ne s’instaure instantanément qu’en raison du temps
nécessaire pour l’édification d’institutions solides et surtout au développement d’une culture
politique radicalement différente de celle de laquelle ont grandi des générations entières. Ainsi,
peut-on considérer que si aussitôt la démocratie déclarée, les individus expriment leurs besoins
et aspirations. Par contre, l’établissement des régimes démocratiques stables implique une
longue période d’apprentissage souvent marquée par le chaos résultant du vide laissé par les
instances de régulation de la période ancienne.

3- Le passage d’une économie entièrement planifiée à une économie de marché plus


ou moins assortie de politiques publiques veillant aux grands équilibres
macroéconomiques et sociaux.
Outre le retard pris par la plupart de ces pays en termes d’infrastructures, le démantèlement
d’un outil de production et sa reconstruction sur de nouvelles bases est plus encore la révolution
culturelle qu’exige une telle mutation, de toute évidence prendront sans doute plusieurs
décennies. Ceci signifiant au demeurant que loin d’être à même de satisfaire les besoins de leur
population, la plupart des pays de l’ancien pacte de Varsovie seront sans doute, dans un premier
temps, encore moins performant qu’au paravent et que cette traversée du désert sera
politiquement et socialement difficile à gérer si les progrès réalisés, en termes de chute de
revenue d’inflation, de perte d’emplois ont été très élevés (et très certainement supérieur à ce
qui a été envisagé). Déjà à la fin de l’année 1992, les niveaux de production quel que soit
l’indicateur utilisé (PNB, PIB…) était inférieur d’environ 30% du niveau atteint trois ans
auparavant. Et la chute a été encore plus brutale dans les pays de la CEI (communauté des États
Indépendants) et dans les pays baltes. Ce recul de la production synonyme de dépression a été
accompagné d’une explosion des prix dans l’ex URSS et d’une inflation persistante même dans
les pays d’Europe centrale qui ont réussi leur politique de stabilisation.
Si elle a pu être freinée au début du processus de transition par la lenteur des restructurations
industrielles, l’aggravation de la situation de l’emploi déjà préoccupante constitue à terme l’un
des défis majeurs que devra relever les pays de l’Est européen.

Conclusion : Les quatre tendances que nous avons évoquées révèlent toute l’ampleur
des incertitudes quant à l’évolution à long terme du contexte international des Politiques
Publiques. Toutes les quatre tendances comme d’ailleurs bien d’autres (la question de
l’écosystème ou du changement climatique) renvoie à une question majeure qui est celle de

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 23


l’existence ou non d’instance et de procédure de régulations et de coopération internationale
qui de toute évidence ne sont pas aujourd’hui à la hauteur des enjeux actuels.

SECTION 2: L’EMERGENCE DE NOUVEAUX PARADIGME


TECHNICO-ÉCONOMIQUE DANS LES POLITIQUES PUBLIQUES
Au-delà des spéculations douteuses auxquelles on peut se livrer sur le taux de croissance, le
PIB, le chômage, la situation du FCFA, sur l’émergence, sur la dette etc., nous assistons à un
processus de tertiarisation des activités productives qui, progressivement, entrainent une
modification radicale des règles du jeu économique traditionnel et l’émergence d’un nouveau
paradigme économique dont les conséquences seront lourdes sur l’évolution de la société à
l’horizon des dix prochaines années.

A- LA TERTIARISATION OU DIVERSITÉ DES ACTIVITÉS PRODUCTIVES


Bien connu, est la théorie économique classique reposant sur une distinction entre secteur
primaire (agriculture), secteur secondaire (industrie) et secteur tertiaire (les services) qui décrit
les différentes étapes du développement au travers de la tertiarisation de l’économie agricole
organisé de l’ère industriel puis de celle-ci à l’ère post- industrielle ou société de l’information
et de la communication dans laquelle nous assistons progressivement entrer depuis quelques
années. L’argumentation majeur invoquée à l’appui de cette thèse consiste à rappeler que si la
majorité de la main d’œuvre été autres fois attacher à la fonction agraire, celle-ci est ensuite
passée à l’usine et que tandis que les effectifs baissaient dans l’agriculture, l’emploi industriel
augmentait fortement. Au contraire, depuis lors, l’emploi industriel a diminué à son tour
fortement, tandis que l’emploi tertiaire s’est développé de manière exponentielle,
insuffisamment pourtant pour compenser les destructions d’emplois intervenues dans les
premiers et seconds secteurs. Cette vision des choses est très simplificatrice et ne rend pas
compte parfaitement du processus auquel nous assistons et qui se caractérise par une
tertiarisation générale de l’ensemble des activités productives notamment primaire et
secondaire, de même nature que les processus intervenus durant la phase précédente
d’industrialisation de l’agriculture (dont la production n’a cessé de croitre mais en employant
de moins en moins d’ouvriers du fait de la mécanisation).

Manifeste, est ce phénomène de tertiarisation, lorsqu’on décompose par exemple le prix des
produits industriels et commerciaux pour examiner quelle est la part relative à leurs différents
composants. Ainsi, le prix du beurre dépend-il environ pour seulement ¼ du travail agricole au

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 24


sens stricto sensu, les ¾ restants correspondent à des activités à caractère tertiaire telle que la
recherche développement sur les semences, les intrants, les aliments, les progrès scientifiques
et les techniques sur les plantes, la gestion des stocks, le système de distribution et conservation,
la chaine du froid ; les services financiers, la publicité, le marketing, etc.

Le processus identique de tous les produits agricoles est encore plus saisissant dans les
domaines des industries traditionnelles et à fortiori dans les industries de hautes technologies.
Ainsi, le prix d’une voiture dépend-il de moins en moins de celui de la tôle et du plastique
utilisé que des couts salariaux du personnel attaché au travail, de la matière, mais de plus en
plus de dépenses effectuées par son fabricant en Recherche Développement, en ingénierie de
construction, en design, en publicité, en marketing et en service financier.
Il faut désormais développer ces investissements incorporels. Vendre et être compétitif sont les
défis auxquels sont confrontées les entreprises dans un contexte où la concurrence est
généralisée. Il est donc vain d’attendre d’une relance de l’investissement industriel, le
développement si ce double pari n’est pas gagné et il faudra s’en donner les moyens et cela
passera nécessairement par le développement des investissements incorporels qui enveloppe
les études, la Recherche Développement, le management, une meilleure gestion des ressources
humaines, la promotion de la vente. Les frais de prospection, de recherches développement
d’étude, de publicité, les investissements en organisation et en amélioration de fonctionnement
interne, bref tout ce qui montrent bien l’association croissante d’industriel et d’investissement
non matériels. Il y a aussi les investissements en commercialisation, en formation, en qualité
des produits comme en présentation des produits.
Investissement matériel et investissement physique sont complémentaires, l’essentiel est de
pouvoir vivre ensemble en toute intelligence. Il faut brancher la recherche sur l’industrie,
organiser la veille technologique, décloisonner les services de l’intérieur de l’entreprise,
rapprocher le laboratoire marketing, pratiquer l’irrigation horizontale, utiliser la synergie de
contacts. Tout cela est bien connu de nos entreprises qui commencent à bien le faire. Mais
fondamentalement, l’essentiel est que chaque membre de l’entreprise, et en toute premier son
chef, fasse de l’innovation une priorité absolue, plus encore une mystique. Cela demande
souvent une reconversion intellectuelle et morale et malheureusement notre formation
universitaire et scolaire ne nous a guerre orientée dans ce sens. Cela signifie que trois axes
doivent désormais être privilégiés :
ü Amplifier la recherche et l’effort de recherche
ü Accroitre l’efficacité du système de formation professionnelle

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 25


ü Accélérer le progrès des investissements immatériels en soutenant les efforts des
entreprises par des mesures de stimulation fiscales

Il faut mettre également en évidence les parts respectives de la formation professionnelle et des
investissements immatériels dans l’investissement global. Tout ceci signifie, en effet, en mesure
que notre niveau de vie augmente, nous consommons d’avantage des services (les spectacles,
les loisirs, la culture…) mais également dans les biens matériels que nous achetons, il y a une
part de croissance du service incorporel. Nous assistons ainsi à un flux de déplacement des
principales sources de valeur ajoutée du traitement direct vers la maitrise de l’immatériel d’où
l’expression courante utilisée de révolution de l’intelligence. Du fait même du rôle stratégique
que joue désormais cet investissement immatériel, les règles du jeu de l’économie mondiale
traditionnelle se trouvent fondamentalement bouleversés. Une autre économie est en train de
naitre fonctionnant suivant des règles toute nouvelles, rendant caduque bon nombre de théories
classiques auxquelles on accorde encore trop souvent un crédit excessif.

Le contenu de ce nouveau paradigme technico-économique :


Ces nouvelles règles économiques se traduisent, d’une part, par la dissociation du facteur jadis
corrélés et surtout par la montée des interdépendances entre secteurs et entre pays, d’autre part.
Ainsi, assiste-t-on à une dissociation de la croissance économique, de la consommation de
matière première énergétique et non énergétique qui sont liées certes aux efforts engagés pour
mieux maitriser notre consommation de ressources de base pour lesquelles nous sommes
toujours très dépendant de l’extérieur. Mais aussi tout simplement, au fait que le tertiaire,
comme il est aisé de le définir, est moins exigeant en matière première que l’industrie. A titre
d’exemple, rappelons ici que nous pouvons désormais transporter à égale distance autant de
message que nous le faisions avec une tonne de cuivre via la fibre optique et que cette
substitution de matériaux aura permis de consommer 20 fois moins d’énergie.
Les conséquences macroéconomiques (notamment la baisse tendancielle sur longue période des
matières premières) et micro-économique de ce phénomène est considérable. C’est ainsi que,
l’investissement immatériel (Recherche Développement, publicité, organisation, frais de
gestion) croit désormais beaucoup plus vite que les autres investissements. Évidemment que
l’investissement physique et que se sont imposé les termes de zéro (les concepts de zéro fraude,
zéro déchet, zéro stock) et toutes les recherches portant sur la qualité totale qui s’avère de plus
en plus déterminante, s’impose pour la recherche de la compétitivité. Nous assistons
simultanément à une dissociation de la croissance économique et de la création d’emploi dû

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 26


notamment au phénomène de substitution du capital au travail que permet l’essor des NTIC dès
la production (avec ce que l’on appelle les innovations de processus).
Ainsi, si nous avons longtemps raisonné en considérant que chaque point de croissance
économique supplémentaire s’accompagnait normalement de la création de quelques dizaines
d’emplois nouveaux. Et si hélas, nous continuons de raisonner ainsi, en attendant d’un
hypothétique regain de croissance qui permette de résorber le chômage, force sera de constater
au contraire que ce mécanisme est aujourd’hui largement inopérant et révolu et que tout au
contraire, d’un nombre de cas, les restructurations indispensables au regain d’une croissance
durable seront destructrices nette d’emploi. Il est révélateur a cet égard de constater qu’alors
que le revenu par tête a été multiplié pratiquement par 3 et que le chômage n’a jamais cessé
d’augmenter.
Non moins frappant est la dissociation de la situation financière de l’économie réelle qui s’est
traduite par le fait que le flux de transfert est supérieur au flux de biens et services donnant
effectivement lieu à échange. Le professeur Maurice Allais, ancien prix Nobel d’économie,
déclarait que dans les 7 pays les plus industrialisés, les flux financiers montaient chaque jour à
plus de 600 milliards de dollars soit 10 fois plus que la production physique du monde entier et
35 fois plus que les transactions commerciales réelles. Nous sommes donc dès à présent face à
un village planétaire, sinon un casino de la finance avec des bourses inter-agissantes à travers
le monde 7/7, 24/24, géré en conséquence par des automates financier qui tant faute de court-
circuit efficace à amplifier démesurément les krachs et les booms sans que ceci ne reflète
nécessairement l’état de l’économie réelle. Cette bulle financière est qualifiée souvent comme
étant une épée de Damoclès menaçant les entreprises qui engagent un effort de longue haleine
pour améliorer leur compétitivité au travers d’investissement physique et immatériel,
notamment la formation, qui voient la valeur de leurs actions fluctuée indépendamment même
de leur résultat et qui sont à tout moment susceptible de faire l’objet d’une Offre Publique
d’Achat (OPA) plus ou moins aménagée. Inversement, la maitrise de la finance et le rendement
des placements financiers jouent au détriment de l’investissement productif et permettent bien
souvent aux industriels et aux commerçants de dégager des marges bien supérieur à celle qu’ils
retirent de la production et de la commercialisation de leur produit. Cette spéculation financière
génératrice parfois de grands profits comme de retentissantes faillites échappent aujourd’hui à
tout contenu de sortes que si les cracks peuvent pour un temps calmer le jeu, il n’y a nulle raison
pour qu’ils ne reprennent pas avec d’autant plus de vivacité que l’argent du marché noir, à
commencer par celui de la drogue, trouve là un moyen idéal de recyclage.

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 27


Si nous assistons à la rupture d’un certain nombre de liaisons classiques, simultanément, les
interdépendances s’accroissent entre secteurs, la distinction primaire, secondaire, tertiaire ayant
de moins en moins de sens à mesure que se tertiarise l’agriculture et l’industrie, alors que par
ailleurs, s’industrialise nombre d’activité tertiaire avec notamment des industrie culturelle
(Chow Biez, Football). Mais, ces interdépendances s’accroissent plus encore entre pays
donnant lieu à un processus de mondialisation, sans doute irréversible, mais qui est étroitement
liée au phénomène même de dématérialisation. Pour illustrer cette transformation par une image,
la richesse reposant sur les ressources au sol hier, sur la production bien manufacturés, bref sur
des biens matériels que l’on transportait péniblement d’un pays à l’autre dans un camion que
pouvaient intercepter des douaniers ; la richesse aujourd’hui repose pour l’essentiel sur
l’immatériel, les brevets, logiciels, les informations, les signes, on pourrait presque dire sur du
vent; d’où un accroissement inéluctable de flux transfrontaliers invisible et ce, d’autant plus
que l’essor des NTIC est plus rapide.

B- L’AVÈNEMENT DE L’ÉCONOMIE PLANÉTAIRE


L’économie est devenue beaucoup plus fluide, volatile et s’organise de plus en plus suivant une
logique de réseaux à l’échelle planétaire et non plus suivant la logique territoriale de
souveraineté nationale. Le phénomène de mondialisation, ici visé, n’est plus limité à la division
internationale du travail de type classique (les réseaux mondiaux dans l’industrie
manufacturières, les pièces d’une entreprise comme Ford), ou par le développement des firmes
globales ou d’oligopole organisée à l’échelle planétaire suivant une logique de réseaux. La
mondialisation de l’économie n’est pas un phénomène nouveau si par mondialisation on entend
les processus d’internationalisation qui caractérisent les premières décennies de modernisation
des secteurs industrielles (de l’industrie chimique à l’industrie textiles, de la sidérurgie à l’agro-
industrie) à partir d’une intégration croissante à travers les pays, des flux des connaissances
techniques, des matières premières, des biens intermédiaires, des produits et des services finaux.
Elle n’est pas non plus nouvelle si elle est vue sous la forme d’un processus de
multinationalisation des entreprises nationales dont les activités s’étendent graduellement dans
d’autres pays, soit par la création de filiales directes, soit par des accords de coopération de
natures diverses (commerciale, financière, technologique, industrielle, etc. L’exemple type de
ce processus est celui de la multinationalisation des entreprises pétrolières ou pharmaceutique
et plus récemment encore les entreprises microélectronique et celles qui travaillent dans le
secteur de télécommunication telle qu’OSI (open système intercorporate), SNA, TOL etc.

ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 28


La mondialisation est en revanche un phénomène nouveau naissant naissant dont on commence
à peine à entrevoir des éléments caractéristiques, si par elle on entend l’ensemble des processus
qui permettent :
- De produire, distribuer et consommer des biens et services à partir de structures de
valorisation des facteurs de production immatérielle, organisé sur des bases mondiales
(Par exemple à travers des brevets, les bases de données et la formation très avancée des
ressources humaines) Pour des marchés mondiaux réglés, par des normes et des
standards mondiaux, par des organisations nées et agissant sur des bases mondiales avec
une culture d’organisation qui se veut ouverte à un contexte mondial et obéissant à une
stratégie internationale.
- Dont il est difficile d’identifier une seule territorialité (juridique, technologique,
économique etc.) en raison de très nombreuses interrelations et intégrations parmi les
éléments en jeu dans les différentes phases productives en amont et en aval de la
production elle-même. Les cartes de crédit bancaire constituent un exemple typique
d’un service mondial pensé pour un marché mondiale spécialisé à haute valeur ajoutée
fondée sur l’intégration une famille de technologie nouvelle (informatique, matériaux
etc.) et géré par des organisations ayant une expertise de plus en plus mondiale. Il en est
de même du fast-food et du réseau interbancaire Swift.

Il y’a aussi mondialisation en ce qui concerne le phénomène de mal développement, de


changement climatique par rapport auxquels l’usage, de la science et de la technologie et
l’économie se situe à la fois comme cause et moins de solution. La pollution dans nos grandes
villes et celles du fleuve du Sénégal peut être considéré aujourd’hui comme un problème
africain et international. Mais ce n’est plus le cas pour la militarisation croissante de la planète,
le fléau de la drogue, la désertification croissante de la terre où 200000 km2 disparaissent
chaque année. Ces phénomènes de disfonctionnement ou de mal développement sont
typiquement des problèmes mondiaux pour lesquels les mécanismes de gestion et des acteurs
qui jadis étaient capables de résoudre des problèmes internationaux et multinationaux se
révèlent aujourd’hui fondamentalement et structuralement inadéquats.
En vérité, on est entrain aujourd’hui de s’interroger sur la pertinence du concept d’Etat et à tout
sur le moyen de redéploiement des pouvoirs entre l’entreprise et l’Etat. La conférence Boart
qui publie tous les dix ans, les hits parâtes (les cents économies les plus puissantes de la planète )
montre combien sont nombreuses les entreprises dont la puissance financière excède celle des
Etats qui, en quelque sorte, sont de moins en moins maitre du jeu, Mais par contre, sont eux-

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mêmes entrés dans la compétition pour soutenir l’action de leur entreprise les plus puissantes
voir pour attirer sur leurs territoires les entreprises les plus prospères.

Plusieurs conséquences importantes résultent de cette mondialisation d’économie, de


l’émergence d’oligopole mondiaux, organisés suivant logique de réseau et du déclin relatif du
pouvoir de régulation des Etats-nations. L’une d’entre elles est que les Etats ne sont plus en
position d’arbitre du jeu que leur souveraineté se trouve, au contraire, fortement encadrée et
qu’en l’absence d’institution et des procédures internationale adéquates, la loi du marché risque
de ne plus comporter de contrepoids garant du bien public. Tout le risque évident d’un Dumping
social ou écologique à l’échelle mondiale, de délocalisation des activités productives vers les
espaces les plus accueillants, soit en raison de leur faible coût de main d’œuvre, des moyens de
contraintes qu’ils imposent notamment en termes de législation sociale, législation fiscale ou
en raison des avantages …… en termes de qualification professionnelle, d’environnement
industriel et de potentiel recherche de développement. On a cru un moment que l’essor des
NTIC allait permettre de rompre un moment le processus de concentration urbaine de l’ère
industriel et de procéder à un redéploiement des activités productifs au travers des territoires
nationaux. En vérité le processus auquel nous assistons est infiniment plus complexe et souvent,
à l’opposé, les espaces disposant de maximum d’atout attire plus que jamais les entreprises pour
former des pôles, ou des nœuds de réseaux de développement puissant au détriment des autres
qui pour leurs parts deviennent de plus en plus fragile. L’avenir de telle solution repose sur la
faible part des couts de transport de l’information comparé aux couts de main d’œuvre d’autant
que les entreprises gagnent sur plusieurs registre (main d’œuvre motivée, absentéisme zéro,
régularité etc.).

L’avènement d’une telle économie planétaire est lourd de conséquence pour les entreprises qui
se trouvent désormais exposés à la concurrence de toutes les autres entreprises planétaires qui
n’ont pas nécessairement les mêmes coutumes, ne sont point soumise à d’identique législation
fiscale. Des lors, deux seules exigences s’imposent : l’impératif de compétitivité et l’impératif
d’innovation.

1- L’impératif de compétitivité
Du fait même de cette abolition des frontières et des protections dont bénéficiaient jadis
nos entreprises nationales, celles-ci se trouvent directement confrontées à une concurrence de
plus en plus vive avec toutes les autres entreprises de la planète ; les unes, bénéficiant de cout
de main d’œuvre très inferieurs ; les autres, de technologies plus avancées ; les autres encore,

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de contraintes légales et fiscales moins lourdes. La compétition est si vive et à ce point
inévitable que nos entreprises vont devoir beaucoup plus qu’auparavant améliorer leur
compétitivité sur le marché mondial, et pour se faire, engager un effort d’adaptation et
d’innovation sans précédent. Ainsi a été engagée un effort de restructuration de notre appareil
productif mais celle-ci n’est pas encore achevé dans le secteur industriel, et a peine amorcée
dans le secteur tertiaires. Pourtant ces restructurations sont nécessaires et devront être menées
très rapidement, à un rythme et sous une forme particulièrement douloureuse. Elles devront être
menées selon toutes vraisemblances selon des axes essentielles :

a- Dans le secteur industriel


La compétition se déroulant ici sur les prix et la qualité, seront employées ici toutes les mesures
qui permettront notamment en jouant sur les intrants, mais aussi le choix immense des
composites et les processus (innovation technologique et socio-organisation) de produire des
biens à haute valeur ajoutée. Dans le même sens assiste t- on à une différenciation croissante
des produits au passage d’une production de masse jouant sur les économies d’échelle à une
production sur mesure de mieux en mieux adapté aux besoins et aux services.

b- Parmi les services.


S’opère de plus en plus une distinction entre ceux qui s’inscrivent dans une logique de type
industriel et ceux qui correspondent à une véritable prestation personnalisée. Les deux voies
peuvent être empruntées par certains secteurs tel que la banque ou du fait de l’informatisation,
ont été banalisé certains produits entrainant un déplacement de la compétition sur les services
à haute valeur ajoutée tel que le conseil en gestion de patrimoine. Mais le phénomène peut aller
jusqu'à l’industrialisation d’activités traditionnelles, tertiaires avec l’essor des industries
culturelles,
Ce processus de modernisation des activités productives ne saurait suffire à assurer la
compétition globale de l’économie si simultanément, n’était engagé une modernisation des
services publiques. L’objectif étant d’abord de ne point soumettre les entreprises à des
procédures pas trop archaïques. Ensuite, de ne point alourdir le prélèvement obligatoire et donc
d’améliorer l’efficacité de l’administration publique. Enfin cet aspect est loin d’être des moyens
de repenser la ligne optimale de démarcation entre les activités relevant du secteur marchands
et celle relevant du secteur public.
On peut noter qu’à l’heure actuelle, les projets gouvernementaux sur la modernisation de
l’administration non guère conduit qu’à explorer les moyens d’améliorer l’efficacité des
services en diminuant la concentration du pouvoir et favorisent une certaine dématérialisation
ANNALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES 2020-2021 31
Sans aller jusqu’à ouvrir le débat jusqu’à ouvrir le débat indispensable sur la finalité des
services publics, sur leur raison d’être et par voie de conséquence sur leur bien-fondé. Il ne fait
guère de doute que, cependant, d’ici 2050, le rôle de l’Etat et des services publics devra être
repenser conduisant sans doute inévitablement à de nouveaux partages de compétence d’une
part entre sphère public et la sphère privé, entre les différents niveaux de l’administration
publique, d’autre part (le mondial, le régional, l’État nationale, le local).
Enfin, il est clair, bien que l’Etat soit moins directement exposé à la concurrence que les
entreprises, il est lui-même parti dans la compétition mondiale et que soucieux de ne point
constituer un handicap pour nos économies, l’État sera conduit à tout le moins tenté,
contrairement à autrefois, de ne point prendre en charge les fonctions à productivité réduite,
stagnante voire déclinante qui jadis leur revenait presque systématiquement. Ainsi verra t- on
sans doute se développer le transfert dans la sphère non monétaire ou domestique, de nombres
d’activité qui se caractérisaient par une production stagnante voire déclinante. (Par exemple la
production de matérielle de bricolage à domicile, automatisation dans les grandes surfaces,
l’essor des supermarché (Auchan, select etc.)).

2- L’impératif d’innovation
Cette recherche permanente de compétitivité sur le marché mondial passe de plus en plus par
l’innovation. Il ne s’agit pas seulement d’une innovation technologique mais de toutes les
technologies combinatoires débouchant sur de très nombreuse application y compris en
biotechnologie et en médecine. Ces nouvelles technologies ont un champ d’application
immense au sein de la sphère de production.

Toutefois, il faut se garder de croire que ces technologies se diffuse au rythme de leurs propres
développement car la diffusion peut être fermée si on le bloque et même être accéléré avec les
détournements d’usage par le corps social qui joue le rôle de fil. C’est ainsi que l’innovation
socio organisationnel peut être beaucoup plus déterminant que l’introduction de nouveaux
systèmes de technologies.
En effet, l’introduction de ces nouveaux systèmes technologiques pour être utilisé de façon
optimale nécessite parfois des changements beaucoup plus rapides radicaux. Les modes et
formes d’organisation hérité du taylorisme à caractère pyramidale est relativement statique
s’avère inadapté. Ils devront être remplacé par des structures poly cellulaire, donc par des
équipes constituées par objectif travaillant les unes avec les autres et au travers de réseaux.
Ensuite plus décisivement, l’emploie conçue suivant un modèle unique à temps plein et à durée

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indéterminé auxquels on accède grâce aux diplômes, la promotion étant assurée pour l’essentiel
à l’ancienneté qui elle-même détermine largement l’augmentation des rémunération et sans
doute très largement condamné à disparaitre au profit d’emploi plus précaire et rémunéré au
mérite, c’est-à-dire non en fonction du statut que l’on occupe mais en fonction des activités que
l’on assurera et les performances dont feront preuve les individus. Il faut donc retenir que les
restructurations et réajustement sont indispensable. Dans le contexte de découverte de gaz et du
pétrole, nous ne pouvons plus négliger la formation des ressources humaines et les
investissements. Nous devons également lever les défis en matière de régulation sociale face à
l’évolution démographique, à la montée du chômage et à l’augmentation des jeunes. Cette
situation pose un problème financier majeur or, les impôts n’ont cessé d’augmenter alors les
citoyens voient que leurs droit et leurs revenus remis en cause. Il s’y ajoute que l’État est
confronté à une crise de légitimité et d’efficacité dans un contexte de mutation profonde nous
assistons donc à une forte diversification des structures familiales et la conjonction de
l’ensemble de ces facteurs et phénomène met en mal le noyau dur de la protection sociale, de
la régulation sociale et de la solidarité familiale. Il faut donc considérer que l’évolution des
valeurs et notamment la montée de l’individualisme et le refus des valeurs de solidarité ainsi
que le déclin des structures représentative (les organisations syndicales posent énormément de
problème). La classe politique dans son ensemble a une responsabilité lourde car il lui revient
de corriger les déficits politiques qui se manifestent par l’absence de projet qui tenant compte
des opportunité et contrainte de la période, répondrait aux aspirations des population et
permettrait l’émergence d’une autres dynamique sociale, ce qui supposerait que l’adhésion du
projet soit assez puissante pour transcender les rigidités sociales d’autant plus fortes dans
l’absence de prescriptives chacun se replie et se crispe sur ces droits acquis. En se repliant sur
de stricte fonction de gestion, la classe politique tend à traiter les problèmes en terme strictement
technique alors que de toutes évidences leurs solutions à long terme résulte d’un débat politique
de haut niveau.

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