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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 24 (2005) 688–694

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Réunion de neuroanesthésie–réanimation

Santé publique et traumatismes crâniens graves.


Aspects épidémiologiques et financiers, structures et filières de soins
Serious brain injury and public health, epidemiologic and financial
considerations, comprehensive management and care
J.-F. Mathé a,*, I. Richard b, J. Rome a
a
Service de médecine physique et réadaptation, hôpital St-Jacques, CHU, 44093 Nantes cedex, France
b
Service de médecine physique et réadaptation, CRRRF Les-Capucins, 49024 Angers cedex 02, France

Disponible sur internet le 27 avril 2005

Travail présenté aux XXVIes journées de l’Association de neuroanesthésie–réanimation de langue française, Angers, 18–19 novembre 2004

Résumé

La prise en charge des traumatisés crâniens graves est un problème d’actualité. L’importance de cette pathologie en termes de mortalité et
de morbidité en fait un véritable fléau et un grand problème de santé publique. Les causes restent dominées par les accidents de la voie
publique, mais les chutes des personnes âgées prennent une place non négligeable. Dans les deux cas, des mesures préventives sont possibles
et efficaces. On dénombre en France environ 150 000 traumatisés crâniens (TC) chaque année. Ce sont à peu près 8000 décès et 4000 comas
annuels. Il y a actuellement en France plus de 30 000 TC vivant avec des séquelles graves. La prise en charge de ces blessés fait appel à des
compétences très spécifiques et variées. Le parcours hétérogène du ramassage à la réinsertion doit reposer sur un fil conducteur faisant qu’à
chaque étape on ne puisse pas ignorer et travailler pour les suivantes. C’est ce que l’on appelle une « filière de soins ». Les différents acteurs
du champ sanitaire (Samu, réanimation, neurotraumatologie, rééducation neurologique) ont été réunis avec les acteurs du champ médicosocial
pour participer à l’élaboration de la circulaire du 18 juin 2004. Cette circulaire définit les fonctions de chacun dans le contexte d’une organi-
sation en filière et réseaux. C’est une première dans le domaine.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The management of persons with traumatic brain injury affects a large spectrum of interventions from acute phase to the hospital discharge
and the return to community. The incidence of brain injuries on mortality and morbidity constitutes a serious problem in front of the Health
Administration. The traffic accidents remain the main cause but the falls in elderly are increasing. In the both cases preventive measures can
be efficiency. In France, each year, there are about 150,000 new cases, 8000 of them will be dead and 4000 with coma. It is likely that
30,000 persons are living to day with important sequela of a brain injury. The management requires various types of interventions, each of
them with specific and specialized techniques. It is necessary to have an overview of the problem and to work together in a comprehensive
network. So French Health Ministery has just published an official note to precise some directives and co-ordination of the different interven-
tions.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Traumatisme crânien ; Coma traumatique ; Glasgow outcome scale (GOS) ; Devenir des TC ; Filière de soins

Keywords: Brain injury; Traumatic coma; Glasgow Outcome Scale GOS; Community reintegration; Care network

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jeanfrancois.mathe@chu-nantes.fr (J.-F. Mathé).

0750-7658/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annfar.2005.03.029
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1. Introduction calisé. La nécessité de faire converger les problématiques


concernant la prise en charge des traumatisés crâniens, de
Les séquelles des traumatismes crâniens (TC) engagent structurer les programmes de soins et leur évaluation, de
actuellement les intervenants des communautés médicales, rechercher les moyens de mieux appréhender les séquelles,
scientifiques et sociales dans l’une des aventures les plus dif- de faire émerger des solutions adaptées et de transmettre
ficiles mais les plus fascinantes de la médecine moderne. C’est l’information c’est-à-dire les connaissances et les expérien-
en raison des multiples fonctions du cerveau et des consé- ces acquises dans ce domaine est apparue depuis les 20 der-
quences de ses lésions. C’est aussi en lien avec l’étendue et la nières années. La récente circulaire du Ministère de la santé
diversité du champ des recherches dans ce domaine des neu- et de la protection sociale du 18 juin 2004 illustre l’intérêt
rosciences. La victime du traumatisme devra suivre un long porté au plus haut niveau à la problématique de prise en charge
parcours pendant lequel seront successivement menacés les des traumatisés crâniens et à la nécessité d’une organisation
pronostics vitaux à court terme, puis fonctionnel et social à logique et coordonnée pour ces blessés.
long terme. Les séquelles des traumatismes crâniens présen-
tent l’éventail complet des déficiences consécutives à des
lésions du système nerveux : 2. Épidémiologie des traumatismes crâniens graves
• celles du champ de la conscience, de l’éveil, du coma, des
états paucirelationnels ; La circulaire du 18 juin 2004 se réfère ainsi à la seule
• celles du champ des contrôles moteurs, du tonus, de la pos- enquête épidémiologique française d’envergure celle de
ture, de l’utilisation des membres ; l’observatoire régional de la santé d’Aquitaine qui, en 1986,
• celles du champ des acquis cognitifs, des programma- a suivi une cohorte de 407 traumatisés crâniens. Par extrapo-
tions, des apprentissages ; lation de l’enquête régionale, on évaluait, à l’époque, l’inci-
• celles du champ du comportement et des interactions socia- dence annuelle des traumatisés craniocérébraux hospitalisés
les ; à 170 000. Dix-sept ans après l’enquête d’Aquitaine, cette
• celles qui concernent la mémoire autobiographique, l’his- incidence annuelle doit probablement être réévaluée de façon
toire de l’individu, sa trajectoire et l’histoire partagée avec à la fois à tenir compte des progrès de la réanimation et de la
ses proches ; neurochirurgie qui ont réduit le nombre de décès et contribué
• celles qui entravent l’autonomie physique, individuelle, à accroître, indirectement, le nombre de personnes nécessi-
quotidienne, sociale, professionnelle. tant une prise en charge sanitaire et médicosociale. Il faut
L’évaluation de toutes ces déficiences, de leur incidence également tenir compte de l’évolution actuelle des données
sur les capacités et les handicaps et la mise en place des pro- de l’accidentologie et de son incidence sur le nombre des vic-
grammes adaptés, aux différentes étapes de l’évolution cons- times. On découvre vite que les résultats d’une enquête sont
tituent un véritable projet de soins. Si l’approche clinique reste en rapport avec des objectifs variés et différents. Il est facile
primordiale à tous les niveaux d’intervention et chacun est d’opérer une sélectivité qui valorise tel ou tel aspect ou consé-
devenu une véritable spécialité, certains paramètres techni- quence, mais sans recouvrir tous les aspects du problème.
ques apportent des données indispensables au moins pour les Par exemple, on peut partir des blessés de la route, de ceux
premiers jours. Il est aussi fondamental de connaître la phy- qui sont hospitalisés, de ceux dont la gravité initiale néces-
siopathologie des lésions pour en assurer la prévention et/ou site une prise en charge intensive, de ceux qui meurent, de
la réparation. Il est devenu indispensable de recourir à la neu- ceux qui gardent des séquelles à distance, des causes de cette
robiologie, à la neuro-imagerie, à l’imagerie fonctionnelle, à traumatologie en vue d’opérations de prévention, de la gra-
la neurophysiologie et désormais à la neurogénétique. Enfin vité en rapport avec les moyens et ressources précoces à uti-
si l’approche spécialisée reste une chance pour le traumatisé liser, enfin des séquelles à long terme en vue de l’organisa-
crânien, l’évolution du blessé ne s’effectue plus en étapes suc- tion sociale. Aucune étude n’est capable d’englober tous ces
cessives mais dans un « continuum » qui définit une « Filière aspects. « Il n’y a pas une épidémiologie ». Certaines ont
de soins ». Les techniques de soins peuvent être coordonnées retenu des aspects de gravité, la gravité initiale, le coma ou le
dans le contexte de « Programmes » spécifiques obéissant décès, d’autres plutôt le devenir des traumatisés crâniens.
aux nécessités des techniques et de l’évaluation. Si le champ Enfin, certains aspects comme les circonstances de survenue,
temporel de certains reste limité à la période aiguë en neuro- l’âge, les facteurs particuliers d’environnement ont été rap-
traumatologie et en unité de soins intensifs, d’autres se décli- portés dans une optique de prévention. Deux articles particu-
nent de façon plus prolongée en vue de la prévention, de la lièrement documentés font une synthèse et une critique des
restitution, de la substitution et du réentraînement, principa- principales études réalisées dans les années 1980 [1,2]. La
lement dans les unités spécialisées de médecine physique et première remarque est que ces études manquent d’unifor-
de réadaptation. Mais tous s’articulent et certains s’interpé- mité, les différents biais de recueil des informations ne per-
nètrent pour optimiser la qualité de la réintégration sociale mettant guère de comparaison. Ainsi les critères d’inclusion
qui doit se poursuivre après la sortie dans un programme mul- ne sont pas bien définis, même si tout le monde s’accorde sur
tidisciplinaire de suivi. Dans ce domaine technicité et profes- le critère de gravité initiale représenté par le Glasgow Coma
sionnalisme sont de règle dans un environnement très médi- Scale (GCS) établi par Teasdale et Jennett en 1974 [3] et uni-
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versellement utilisé depuis [4] signale que certains auteurs [7]. Il y a eu 391 décès et 8549 admissions pour traumatis-
retiennent comme critères de gravité la GCS, d’autres la MAIS mes crâniens faisant estimer un total de 8940 TC soit, 4,4 %
(maximum abreviated injury scale) d’autres l’amnésie post- de décès immédiats, 9 % de cas sévères, 11 % de cas modé-
traumatique. Parfois, les troubles cognitifs ou comportemen- rés et 80 % de cas légers. L’incidence totale a été de
taux peuvent être sous-estimés, voire complètement négligés 281/100 000. On estime actuellement en France, en réfé-
par un examinateur non averti. Il a été montré que dans le rence à cette enquête, à 155 000 le nombre de nouveaux cas
contexte de traumatismes crâniens léger ou modéré hospita- annuels de traumatisés crâniens.
lisés, 51 % échappaient au diagnostic initial [5]. Pour préci- Certains aspects particuliers méritent une individualisa-
ser ces critères la NHIF (National Head Injury Foundation) tion en raison de leur incidence sur les modalités de prise en
considère « le traumatisme crânien comme toute agression charge ou des opérations de prévention qu’ils peuvent susci-
cérébrale consécutive à une force externe qui provoque une ter. On pourra retenir à cet égard la mortalité, la gravité ini-
diminution ou une altération de l’état de conscience, qui tiale, les circonstances de survenue, l’âge et le sexe des bles-
entraîne une altération des capacités cognitives ou physi- sés. L’importance, la gravité et le retentissement des séquelles
ques, qui peut aussi produire des troubles comportementaux à distance ont fait aussi l’objet d’enquêtes parcellaires mais
ou émotionnels. Ces troubles peuvent être transitoires, per- instructives.
manents entraînant des incapacités partielles ou totales et des Les décès consécutifs à un traumatisme crânien sont esti-
inadéquations psychosociales ». Les critères du registre de més de façon variable car survenant dans des conditions dif-
férentes : avant l’admission hospitalière sur les lieux de l’acci-
l’Utah et de l’Arkansas sont plus cliniques. Un traumatisé
dent ou au cours du transport, après l’admission à l’hôpital
crânien est soit une personne hospitalisée à la suite d’un trau-
et, dans cette éventualité, ne sont pas comptabilisés de façon
matisme à la tête avec au moins l’un des signes provoqués
identique en fonction de leur délai de survenue. Il est rap-
suivants :
porté 75 000 décès par traumatisme crânien aux États-Unis
• perte de conscience observée ou rapportée ;
en 1990 [2]. Cette étude compare plusieurs études espagnole,
• amnésie rétrograde observée ou rapportée avec/ou amné-
française et sud-africaine pour considérer une incidence
sie post-traumatique ; annuelle de 14 à 30/100 000 décès par TC. Si l’on se réfère
• fracture du crâne : seulement aux patients hospitalisés, le pourcentage des décès
• signes neurologiques objectifs ; est de 3 à 8/100. Des auteurs constatent une létalité post-TC
• hémorragie intracrânienne, contusion cérébrale constatée d’autant plus élevée que le score de gravité initiale est impor-
en imagerie ou en période peropératoire. tant (50 % pour les blessés MAIS 5) [8]. Il est évident et les
Il peut s’agir d’un mort en rapport avec un traumatisme comparaisons inter-pays le montrent, que les mesures de pré-
crânien (certificat de décès). Néanmoins certaines séries vention restent efficaces en ce domaine. Les chiffres des décès
excluent les blessés décédés avant l’hospitalisation, d’autres par accident routier en France depuis 2003 en sont aussi une
n’incluent que les comas, de telle sorte que nous n’avons à démonstration. Plusieurs organismes travaillent dans le monde
chaque fois que des idées partielles de l’envergure du pro- et dans notre pays pour améliorer les conditions de sécurité
blème. On constate donc que les chiffres fournis par ces dif- et des véhicules et des conducteurs et du réseau routier. Ces
férentes enquêtes concernant l’incidence annuelle des trau- mesures sont efficaces, puisque l’on constate que le nombre
matisés crâniens sont très différents se situant par exemple à d’accidents et de blessés lors d’accidents n’était en 1996 que
132/100 000 dans le Maryland et 367/100 000 dans l’état de de 66 % par rapport à 1986 [8].
Chicago Si l’on considère la gravité de l’état clinique dans les sui-
Sosin et al. [6] rapportent les résultats d’une enquête effec- tes du traumatisme on peut se référer au travail prospectif
tuée sous l’égide du NHIS (National Health Interview Sur- réalisé en Aquitaine pendant l’année 1996 à partir des admis-
vey) sur l’année 1991. Cette enquête a été réalisée par inter- sions de comas traumatiques [8]. Cette étude met en évi-
views d’un large échantillon de population représentative dence le profil de la population, les causes du traumatisme,
permettant une extrapolation à la population des États-Unis. l’évolution immédiate et secondaire. Au total, 325 patients
L’estimation de 1 540 000 traumatismes crâniens est propo- traumatisés crâniens avec un GCS < 8 initialement ou secon-
sée, à l’exclusion des blessés décédés et de ceux adressés en dairement ont été analysés. Parmi eux, seuls 248 résidaient
institution, soit une incidence de 689/100 000 pour l’année dans la région et ont été retenus pour l’étude. Il en résulte,
1991. Sur ces blessés, 25 % n’ont pas eu de soins médicaux, pour ce type de conséquence et par rapport à la population
14 % ont été traités en clinique ou chez leur médecin, 35 % régionale, une incidence de 8,5/100 000. Parmi les caracté-
sont traités dans les unités d’urgences et seuls 25 % seront ristiques, on peut souligner la prépondérance des blessés de
hospitalisés dont 1/3 moins de 24 heures. Cette enquête pointe plus de 75 ans 13/100 000 contre de 8 à 10/100 000 pour les
donc une sous-estimation possible des blessés, considérant autres tranches d’âges, l’importance du nombre de trauma-
par ailleurs que des séquelles peuvent n’apparaître qu’à dis- tisme par chutes et le taux élevé de mortalité chez les plus de
tance dans ce contexte. 55 ans. Ce travail met bien en évidence la diminution des
L’enquête de référence en France a été réalisée en 1986 sur accidents graves du trafic et l’importance des accidents
la région Aquitaine et sur un mode prospectif à partir des domestiques ou de vie quotidienne contre lesquels des mesu-
hospitalisations ou prises en charge par les équipes mobiles res de prévention sont préconisées.
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Quelles que soient les études, les accidents de circulation lieu de cinq et surtout de critères de classement. Cet outil est
représentent la cause principale des TC toute gravité confon- ainsi devenu plus précis et plus révélateur des handicaps que
due pour 50 à 60 % en fonction des études, des pays de des déficiences, caractérisant les niveaux d’indépendance de
l’espace urbain ou de la campagne [1]. Dans les pays occi- l’individu dans ses différents cadres de vie. Le devenir des
dentaux, des mesures plus ou moins drastiques participent à TC graves reste généralement sombre, peu de blessés retrou-
la diminution de leur nombre et de leur gravité. On peut dis- vent l’intégralité de leurs capacités antérieures. Des auteurs
tinguer les accidents de véhicules 60 à 80 %, les accidents de ont analysé l’histoire naturelle des blessés survivants ayant
motocycles 10 à 20 % et ceux de piétons 15 %. Les chutes eu initialement un GCS < 8 plus de six heures [12] : 85 % ont
sont la deuxième cause pour 20 à 30 %. Faut-il encore distin- repris conscience à un mois, 2 % sont décédés secondaire-
guer, ce qui ne paraît pas dans les études, les chutes acciden- ment, 2 % sont en état végétatif après plus d’un an, 5 % en
telles extérieures, les chutes en milieu domestique et les chu- état paucirelationnel, 10 % très dépendants. Suivant les séries,
tes par acte d’autolyse. Si la gravité peut être identique les 25 à 45 % gardent un handicap sévère, 30 % un handicap
mesures préventives en sont plus ou moins efficaces. Les acci- modéré et seulement 10 à 15 % une bonne récupération. Au
dents de sport et de loisirs occupent le troisième rang pour 10 total, 75 % de ces blessés ne retrouvent qu’une réintégration
à 20 %. Les actes de violence et les agressions sont très varia- pauvre ou mauvaise. Dans l’enquête du Virginia Medical Cen-
bles selon les pays et régions. ter [13], un patient en état végétatif à trois mois n’a que 50 %
Les courbes représentatives de l’âge des blessés ont évo- de chance d’une progression qui le laissera avec un handicap
lué au cours des années et en fonction aussi des circonstances sévère. Un patient avec handicap sévère au troisième mois a
de survenue des TC. Si, toutes gravités confondues, les tran- 30 % de chance de rester dans le même état et seulement
ches entre 15 et 25 ans restent encore prépondérantes la popu- 25 % de chance d’évoluer vers une récupération. Enfin un
lation plus âgée au-dessus de 75 ans représente désormais patient GOS 4 au troisième mois a une chance sur quatre d’y
une proportion importante et en particulier pour les TC gra- rester définitivement. Sur une population de TC graves, des
ves avec une égalisation de la répartition par sexe. auteurs constatent à cinq ans que 25 % gardent des difficultés
Si l’on s’intéresse au devenir des TC il faudrait partir des à la marche, 19 % pour l’habillage, 34 % pour la toilette et
séquelles possibles et considérer que certaines d’entre elles 19 % pour sortir de chez eux, 43 % ont besoin de l’aide d’une
peuvent se révéler ou n’apparaître que secondairement. Cela tierce personne [12]. Nous venons en 2004 de revoir à leur
n’exclut en rien leur caractère invalidant parfois de manière domicile 100 TC graves, GCS < 8 plus de 48 heures, hospi-
dramatique. Cela devrait rendre nécessaire un suivi et une talisés dans notre unité entre 1993 et 1998 soit avec un recul
évaluation standardisés de tous les TC à moins de se conten- de cinq à dix ans : 14 sont décédés, certains d’entre eux de
ter d’attendre l’extériorisation des troubles souvent de type façon brutale et inattendue et neuf n’ont pas voulu être exa-
comportemental ou cognitif. Des auteurs apportent quelques minés. Nous avons donc examiné 77 de ces anciens blessés :
précisions au sujet d’une série personnelle de TC avec un deux sont en état végétatif, 22 en situation de dépendance
GCS initial entre 9 et 13 : 40 % d’entre eux ont des anomalies sévère, 32 gardent un handicap modéré et 19 ont évolué vers
en imagerie scanographique initialement ou secondairement, une bonne récupération. Les troubles comportementaux sont
54 % si le GCS est à 9 [9]. La durée moyenne d’hospitalisa- présents dans 75 % des cas et très invalidants dans 20 %.
tion est de dix jours. L’évolution est parfois lente et si l’on Seuls 13 % des patients n’ont pas de troubles cognitifs et
pratique des tests neuropsychologiques, ils révèlent des trou- 32 % n’ont pas de séquelles physiques ; 72 % vivent chez
bles de l’attention et de la mémoire. La réinsertion peut être eux, 15 % au domicile de leurs parents et 13 % en institution.
difficile sur le plan professionnel mais parfois aussi sur le Ces chiffres et constatations témoignent de l’importance de
plan familial. Cette équipe observe 60 % de bons résultats, l’investissement matériel et humain et de la charge médico-
26 % ont des séquelles modérées mais 7 % ont des séquelles sociale nécessaires à ces blessés.
très invalidantes [9].
Le devenir à long terme des TC graves a été étudié et la
référence actuellement la plus utilisée reste la GOS dont la 3. Conséquences « économiques
première version a été publiée en 1975 par Jennett et Bond
[10]. La GOS définit cinq types de situations possibles après Ce sont environ chaque année 8 000 décès, 4 000 comas et
un traumatisme crânien : GOS 1 le décès, GOS 2 l’état végé- un nombre important de blessés apparemment moins graves
tatif persistant, GOS 3 le handicap grave, GOS 4 le handicap qui garderont aussi à terme des séquelles socialement invali-
modéré, GOS 5 le bon résultat. Pour éviter toute ambiguïté dantes. On peut évaluer à 8 500 le nombre de personnes han-
trois remarques doivent être faites. La première concerne dicapées de gravité moyenne avec des séquelles physiques
l’ordre des catégories, de GOS 1 à GOS 5 qui peut être inversé ou mentales limitant leur réinsertion, à 1 800 le nombre de
comme on le fait en France ou des catégories regroupées. La personnes sévèrement handicapées incapables de rester seu-
seconde concerne l’objectif de l’échelle initialement conçue les plus de 24 heures, chaque année en France. Il y a peut-
à titre pronostique. Son utilisation a posteriori permet aussi être 30 000 traumatisés crâniens graves en France à l’heure
de déterminer des classes fonctionnelles. La dernière concerne actuelle. Cela a représenté pour chacun une charge économi-
la nouvelle version de la GOS [11], avec huit catégories au que considérable d’environ 60 KQ de soins à la période ini-
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tiale et les différentes aides fournies par la suite sont peut- ficultés, orienter et participer à la réinsertion des traumatisés
être supérieures pour chacun à 150 KQ. Mais cela ne tient pas crâniens (circulaire du 4 juillet 1996 [15]). Il reste cependant
compte des conséquences familiales et sociales de telles situa- sur une grande partie du territoire à structurer les filières et à
tions. C’est un véritable bouleversement dans la trajectoire intensifier la création d’établissements de réinsertion princi-
d’un individu qui ne pourra qu’exceptionnellement retrouver palement dans le domaine médicosocial, et pour les patients
les marques de son parcours antérieur. La circulaire du 18 juin en état végétatif et paucirelationnel (circulaire du 3 mai 2002
2004 [14] définit ainsi le problème : « Le traumatisé cranio- [16]). Dans un esprit de synthèse et d’orientation, la circu-
cérébral est le plus souvent un sujet jeune, frappé par la vio- laire du 18 juin 2004 s’est donnée pour objectifs d’établir
lence de l’accident. Ce choc et ses conséquences déstabili- « les principes organisationnels de la prise en charge sani-
sent brutalement et définitivement son projet de vie et celui taire médicosociale et sociale des traumatisés crâniens ». Elle
de sa famille ». Le traumatisé craniocérébral souffre de trois met l’accent sur les caractéristiques de ces blessés et la néces-
types de séquelles, physiques, cognitives, et comportementa- sité d’apporter rapidité, fluidité, pertinence et durabilité à leur
les. Les formes les plus évidentes vont du coma persistant à prise en charge sur les plans physique, psychique et social.
l’état végétatif chronique ou l’état pauci-relationnel. Les Elle préconise une organisation en réseau d’acteurs expéri-
séquelles physiques sont initialement au premier plan et peu- mentés et identifiés. Elle insiste également sur l’accueil,
vent le rester : hémiplégie unique ou double, éventuellement l’écoute, l’information et le soutien indispensables aux pro-
associée à des tremblements, une incoordination motrice, une ches des personnes traumatisées. La fréquence et l’impor-
amputation du champ visuel. Le plus souvent, ces séquelles tance des séquelles chez les traumatisés crâniens impliquent
visibles disparaissent ou régressent fortement et rapidement. une organisation cohérente dans un parcours logique où à cha-
Le blessé peut avoir alors une apparence qui, à tort, laisse que stade ou étape, des différents acteurs doivent apporter
penser à une absence de séquelles. L’atteinte cognitive ou connaissance, compétence, cohérence et complémentarité. La
intellectuelle est souvent très conséquente. Elle associe, à des coordination en réseau de tous les professionnels, à toutes les
degrés divers, des difficultés mnésiques, des troubles de étapes, dans les domaines sanitaire et médicosocial est un
l’attention et de la concentration, des difficultés de planifica- gage de la qualité de prise en charge de ces blessés.
tion et d’organisation, des troubles du raisonnement. Le dia- Quelques repères sont nécessaires dans l’organisation de
gnostic n’est pas toujours aisé et nécessite parfois une ana- la filière et doivent donc êtres identifiés.
lyse fine, voire une mise en situation notamment • La prise en charge préhospitalière doit être rapide et
professionnelle. Les troubles du comportement vont d’une adaptée. Il n’appartient pas à cette présentation de préci-
apathie extrême à des troubles des conduites sociales par ser les détails concernant l’alerte au Samu, ni les modali-
désinhibition qui peuvent cohabiter chez le même patient. Les tés de la mise en condition des TC, en particulier si le GCS
séquelles intellectuelles et comportementales constituent un est inférieur à 8. Toutes les informations concernant ces
frein considérable à la réinsertion familiale, professionnelle procédures sont parfaitement détaillées dans les recom-
et sociale de la personne. Elles génèrent un handicap « invi- mandations de l’Anaes [17], par Tentillier et Amirati [18]
sible », difficile à appréhender pour l’entourage et souvent et dans les Guidelines américaines [19]. Les bénéfices des
nié par la personne, en raison notamment du phénomène stratégies de prise en charge préhospitalière dans une série
d’anosognosie. Pour la personne traumatisée craniocérébrale de 1508 traumatisés crâniens suivis entre 1989 et 1996 ont
et son entourage, la prise de conscience de la situation de été constatés [20]. Les auteurs identifient, entre une série
handicap est longue et douloureuse et la demande d’aide peut avant 1993 et l’introduction à partir de cette date d’une
se trouver de ce fait très différée. procédure préhospitalière, une amélioration indiscutable
La prise en charge s’inscrit donc dans la durée et doit être du devenir des blessés de la deuxième série.
assurée par une équipe multidisciplinaire, formée aux spéci- • La prise en charge aiguë implique des conditions d’éva-
ficités de cette pathologie. luation, de réanimation et d’intervention neurochirurgi-
cale. Les établissements appelés à recevoir les traumatisés
crâniens doivent être identifiés et posséder une expertise
4. Structures et filières de soins en ce domaine. « L’avis d’un neurochirurgien senior est
indispensable en cas de traumatisme craniocérébral grave ».
Les modalités de prise en charge doivent être organisées Des stratégies de réanimation sont rappelées dans plu-
et coordonnées dans un continuum où interfèrent à chaque sieurs articles [17,21,22]. Une équipe rappelle les grands
instant des impératifs de moment et des impératifs fondés sur principes de la prise en charge neurochirurgicale [23]. Les
le devenir. Le réseau de prise en charge des TC en France est conditions d’admission du blessé doivent être préparées,
en train de se constituer. Un certain nombre de structures dont et l’accueil, comme l’information de la famille, réalisé dans
la technicité et les compétences sont indiscutables et recon- le respect de la Charte d’accueil des familles des victimes
nues sont en place. Nombreuses sont identifiées comme des de la violence routière. Une des incitations fortes de la
centres de référence pour assurer la prise en charge préhos- circulaire qui conforte l’organisation de la filière est l’inté-
pitalière et les soins de la phase aiguë. Un effort important a gration du projet de rééducation et de réadaptation du blessé
été réalisé depuis une dizaine d’années pour identifier les dif- dès la phase aiguë. « Dès la réanimation, l’intervention
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d’un médecin de médecine physique et de réadaptation est • Les critères d’orientation en vue de la sortie doivent êtres
nécessaire. Elle a deux objectifs essentiels : prescrire les évalués à plusieurs niveaux. C’est ainsi qu’il est indispen-
gestes de rééducation appropriés, ainsi que les mesures pré- sable d’avoir une évaluation des déficiences et capacités
ventives des complications fonctionnelles, permettre éga- physiques, des déficiences psychocomportementales, des
lement l’articulation étroite entre réanimation et structure capacités d’autonomie quotidienne, fonctionnelles et
de MPR. La prise en charge en MPR doit s’inscrire en d’apprentissage, des capacités relationnelles, sociales et
effet dans la continuité du court séjour, de façon à éviter des compétences professionnelles. Enfin, il est indispen-
des ruptures préjudiciables au patient et à sa famille ». Les sable d’avoir une évaluation des ressources de l’environ-
différentes missions du médecin de MPR sont définies et nement, de la compliance des proches, de la connaissance
l’on sait déjà depuis plusieurs années quel peut être le béné- de leur investissement dans la participation à une prise en
fice d’une procédure de prise en charge dans un pro- charge. Dans tous les cas, il faut savoir que « le suivi est
gramme formalisé pour de tels blessés. Des auteurs rap- un enjeu majeur tout au long de la vie d’un blessé cranio-
portent l’incidence sur la durée du coma, la durée du séjour cérébral. » Les patients en état végétatif doivent relever de
en unité de rééducation, la durée totale du séjour, les indi- structures d’accueil spécialisées comme cela a été précisé
ces d’indépendance à la sortie des soins aigus, des soins dans la circulaire de mai 2002, fixant 8 pour 300 000 habi-
de rééducation, et l’importance des besoins lors de la réin- tants le nombre de places nécessaires pour accueillir les
sertion [24]. Dans tous ces cas, il y a bénéfice d’une prise états végétatifs ou paucirelationnels [15]. Les blessés en
en charge coordonnée incluant un programme précoce de
GOS 3 ont des difficultés hautement prévisibles qui doi-
prévention et de rééducation. De la même manière et très
vent selon les cas faire proposer une prise en charge en
rapidement, les unités de MPR doivent être définies et for-
maison d’accueil spécialisé (MAS), en foyer d’accueil
maliser leurs relations avec les unités de soins aigus « Elles
médicalisé (FAM), en centre d’accueil de jour (CAJ), ou
peuvent faire l’objet d’une charte ou d’une convention qui
en foyer occupationnel, et pour une grande partie, dans
décrivent notamment les conditions et les modalités de
des structures médicosociales de réinsertion de type cen-
transfert entre structures et équipes soignantes ». De tels
services ou unités spécialisées se sont développés en France tre d’aide par le travail (CAT). Les blessés GOS 4 ont des
et dans d’autres pays européens sur des modèles comme difficultés potentielles plus ou moins prévisibles et qui peu-
celui présenté en Écosse [25]. vent évoluer après le retour à domicile. Dans les meilleurs
• En ce qui concerne la rééducation, « le schéma régional cas, la situation familiale se stabilise et la reprise d’une
d’organisation sanitaire identifie les structures de réfé- activité professionnelle est possible avec ou sans aide. On
rence dans la prise en charge en MPR des traumatisés cra- évoluera ainsi dans la tranche GOS 5. On note que des
niocérébraux graves. Ces unités ont une mission de réédu- difficultés apparaissent et il est indispensable de réaliser
cation, réadaptation et réinsertion. Elles ont pour objectifs un bilan en condition écologique comme le font depuis
la poursuite du traitement, la limitation des handicaps d’ori- 1997 les unités d’évaluation de réentraînement et d’orien-
gine physique, neuropsychologique et comportementale, tation sociale et professionnelle (UEROS) auxquelles les
ainsi qu’environnementale, l’éducation thérapeutique du blessés ont accès après avis de la Commission technique
patient et éventuellement de son entourage, la préparation d’orientation et de reclassement professionnel (COTO-
de sa sortie et sa réinsertion familiale et sociale. Plusieurs REP). Différents services d’accompagnement ont été déve-
étapes sont individualisées dans ce processus. La stimula- loppés : les services d’accompagnement à la vie sociale
tion de l’éveil et la sortie du coma sont des objectifs qui (SAVS), les services d’accompagnement médicosocial
demandent pour la majorité des blessés un délai inférieur pour les personnes adultes handicapées (SAMSAH), cet
à trois semaines [26]. Il convient à partir du retour à la ensemble, avec des structures médicosociales adaptées,
conscience de restructurer les repères de l’environnement, constituant un réseau sanitaire et médicosocial engagé dans
de la personnalité, de la communication et du comporte- la réinsertion des traumatisés crâniens graves. C’est dans
ment. Parallèlement, commence un travail visant à retrou- le cadre de ce suivi en réseaux et avec des référents que
ver une autonomie physique : tonus et équilibre axial, peuvent être détectées, précisées et traitées certaines com-
motricité des membres, motricité comportementale et ges- plications qui peuvent survenir dans le suivi d’un trauma-
tuelle, et acquisition des actes de la vie quotidienne. « Il tisme crânien grave : l’épilepsie post-traumatique, l’hy-
est important que la famille et l’entourage soient réguliè- drocéphalie post-traumatique, les déficits endocriniens
rement informés de la progression du blessé, de façon à post-traumatiques, les troubles psychiatriques post-
préparer la vie posthospitalière et à éviter des décalages traumatiques.
délétères ». Après des délais variables s’étalant de quel-
ques semaines à plusieurs mois, la préparation de la sortie
doit être organisée. « Elle doit être formalisée, personna- 5. Conclusion
lisée et réalisée avec les proches qui accueillent le patient.
Les modalités transitionnelles de prise en charge doivent Le traumatisé crânien grave effectue un parcours long et
être prévues comme, par exemple l’hôpital de jour, l’hos- difficile au terme duquel la majorité des repères de sa vie et
pitalisation à domicile, les consultations de suivi ». de son environnement se seront modifiés. Soulignons l’impor-
694 J.-F. Mathé et al. / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 24 (2005) 688–694

tance des difficultés neuropsychologiques et affectives, quelle [13] Choi SC, Barnes TY. Predicting outcome in the head-injured patient.
que soit la sévérité du traumatisme initial [27]. Ce sera de In: Narayan RK, Wilberger JE, Povlishock JT, editors. Neurotrauma.
McGraw-Hill; 1996. p. 779–92.
nouvelles bases qu’il faudra utiliser et de nouveaux projets à
[14] Circulaire DHOS/SDO/01/DGS/SD5D/DGAS/PHAN/3B/ No 280 du
décliner. C’est toujours un monde de difficultés dans l’amé- 18 juin 2004 relative à la filière de prise en charge sanitaire, médico-
nagement duquel tous les acteurs auront eu leur rôle. sociale et sociale des traumatisés crâniocérébraux et des traumatisés
médullaires.
[15] Circulaire DAS/DE/DSS/DH n° 96 428 du 4 juillet 1996 relative à la
Références prise en charge médico-sociale et la réinsertion sociale et profession-
nelle des personnes atteintes d’un traumatisme crânien. Suivie des
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