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Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : 261-9

© 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S0750765899001458/REV
Réunion de neuroanesthésie

Épidémiologie des traumatismes crâniens graves

F. Masson
Département d’anesthésie-réanimation I, hôpital Pellegrin, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux, France

RÉSUMÉ mesures sont rappelés. © 2000 Éditions scientifiques et


Les traumatismes crâniens (TC) représentent une cause médicales Elsevier SAS
majeure de décès et de handicaps pour la population des
adultes jeunes. L’étude de leur épidémiologie permet d’en traumatisme crânien
mesurer l’aspect quantitatif en termes d’incidences et
d’identifier des facteurs de risque pour mieux cibler les
actions de prévention. L’incidence annuelle du total des TC
hospitalisés dépend des régions, des époques et des
méthodes de mesure. Elle est estimée entre 150 et 300 ABSTRACT
pour 100 000 habitants. Les principaux scores utilisés pour
Epidemiology of severe brain injuries.
déterminer la gravité d’un TC sont le score de l’échelle de
Head injuries (HI) are one of the most common causes of
coma de Glasgow (GCS), l’Abbreviated Injury Scale (AIS),
death, morbidity and disabilities in young adults. Epidemio-
la durée de l’amnésie post-traumatique. Les caractéristi-
logical studies allow a quantitative estimation in terms of
ques de ces scores sont discutées. L’incidence des TC
graves est dépendante du critère retenu : environ incidence and a qualitative estimate for the identification of
25/100 000 habitants, pour les TC avec lésion intracéré- risk factors in specific populations. These estimates may
brale, et 9/100 000 pour les TC les plus sévères avec un enable appropriate prevention programs. Estimates of
AIS = 5 avec coma. Les hommes sont plus touchés que annual incidence rates depend on territories, periods and
les femmes (3/1), principalement les adultes jeunes. Les methodological tools. Annual rates for hospitalized patients
accidents de la circulation restent la cause principale dans are found between 150 and 300/100000 inhabitants.
presque tous les pays, dans une proportion croissante Severity of HI can be assessed by the Glasgow Coma
avec la gravité du TC. Les lésions associées sont fréquen- Scale (GCS), the Abbreviated Injury Scale (AIS) or the
tes, source de séquelles, d’autant plus fréquentes que le Post-Traumatic Amnesia duration. Annual incidences of
TC est plus grave. La mortalité annuelle est d’environ 20 à severe HI will depend on the selected score: around
30/100 000. La létalité est très élevée chez les patients 25/100000 inhabitants for cerebral trauma with intracranial
avec les atteintes les plus graves (50 % pour les AIS 5). injuries, around 9/100000 for the most severe HI, with an
Les facteurs de risque sont discutés. Les mesures préven- AIS maximum of 5 with coma. The male: female ratio
tives les plus efficaces sont celles visant à réduire les acci- increases with degree of severity. Traffic accidents were
dents de la circulation : limitation de vitesse, obligation du the most frequent cause of HI. Many patients have asso-
port du casque pour les motocyclistes, et de la ceinture ciated injuries, worsening the outcome. Some risk factors
pour les automobilistes. Les résultats des principales are considered. Preventive measures are mainly con-
ducted for traffic accidents, and include speed limit and
regulations on helmet or seat belt use. Results of these
mesures are analysed. © 2000 Éditions scientifiques et
médicales Elsevier SAS

Travail présenté aux XXIes Journées de l’Association de neuro- head trauma


anesthésie-réanimation de langue française, Bordeaux, 18-19 novembre
1999.
262 F. Masson

Les traumatismes et les intoxications représentent la cas [8]. La prise en compte des décès sur les lieux de
quatrième cause de décès dans les pays développés, l’accident est une autre source de différences.
soit environ 10 % du total des décès et la première Enfin, une approche épidémiologique doit reposer
cause chez l’enfant et l’adulte jeune [1]. Parmi les sur une étude en population, n’incluant que les
traumatismes, les atteintes crâniennes occupent une patients résidant dans cette région, rapportés au
place particulière du fait de leur fréquence, de leur nombre de personnes y vivant. Une étude au niveau
gravité potentielle immédiate et de l’importance des d’un centre de traumatologie ne donnera pas des
séquelles qu’elles peuvent entraîner. Aux États-Unis, résultats identiques du fait de la différence entre les
où les autopsies dans les cas de mort violente sont la caractéristiques des patients transférés dans ce type
règle, on estime entre 40 et 50 % la part des décès de de centre et celles des patients qui ne le sont pas.
cause traumatique dus aux traumatismes crâniens
(TC) [2, 3]. En Europe, ils représentent 2 % de
l’ensemble des décès, 35 à 42 % des décès chez les Critères de gravité
15–25 ans [4]. Il importe donc de bien connaître ce Les critères utilisés le plus souvent sont le score de
phénomène de santé publique, afin de pouvoir abou- coma de Glasgow (GCS), l’Abbreviated Injury Scale
tir à des mesures de prévention mieux ciblées en (AIS) et la durée de l’amnésie post-traumatique.
fonction des populations à risque.
L’étude épidémiologique des TC permet dans un
premier temps une estimation de l’aspect quantitatif Échelle de coma de Glasgow
de cette pathologie en termes d’incidence (nombre Elle mesure l’altération de la conscience du sujet à
de nouveaux cas apparus en un an pour 100 000 per- partir de : a) sa réponse motrice à des stimulations ;
sonnes). Les facteurs de risque des traumatismes b) sa réponse verbale ; c) l’ouverture de ses yeux [9].
crâniens sont ceux des accidents en général et cer- Le score est obtenu par addition des trois notes don-
tains sont rappelés. La prévention a surtout concerné nées pour ces critères. Il a été reconnu comme étant
les accidents de la circulation. Ses résultats sur la fiable dans l’évaluation de l’état de conscience du
diminution de la survenue des TC par accident sont sujet et comme prédictif de mortalité [10]. Il est faci-
rapportés. lement reproductible d’un examinateur à l’autre,
validé pour l’utilisation par les personnels paramé-
dicaux [11], à condition d’être utilisé en suivant des
ÉPIDÉMIOLOGIE DESCRIPTIVE règles strictes, en particulier dans la stimulation
exercée pour obtenir une réponse. Beaucoup de ces
Méthodes d’étude règles sont insuffisamment connues des médecins
[12-15]. Une meilleure diffusion de ses conditions
de mesure serait nécessaire pour pouvoir comparer
Inclusion des patients des groupes de patients à gravité équivalente.
L’inclusion des patients hospitalisés peut se faire de Un certain nombre de facteurs associés perturbent
façon prospective et spécifique pour une étude don- l’état de conscience du blessé, tels que l’imprégna-
née [5] ou de manière rétrospective à partir des bul- tion alcoolique, l’hypoxie et le collapsus. La limite
letins de sortie des patients, ce qui est le cas le plus principale à l’utilisation de ce score est l’impossibi-
fréquent. La première méthode est complexe et coû- lité de le déterminer chez les patients sédatés. Le
teuse. La seconde, basée le plus souvent sur les seul score dont on dispose alors au niveau des ser-
codes de sortie des patients selon la classification vices d’urgence est le GCS estimé sur les lieux de
internationale des maladies, permet un enregistre- l’accident. En pareil cas, il faudrait alors réévaluer le
ment continu, mais conduit à une sous-estimation patient une fois celui-ci « cadré » aux urgences, mais
nette, surtout des TC les moins graves [6]. De plus, cela n’est pas toujours possible.
elle est peu fiable car elle ne permet pas de classer Une fois le GCS obtenu, il faut choisir une limite
correctement les patients par degré de gravité [7]. Le au-dessous de laquelle le patient peut être considéré
taux de mortalité dépend lui aussi de la méthode comme « grave ». Deux limites sont habituellement
d’étude : autopsies médicolégales ou analyse des proposées : le chiffre 8 qui a été choisi par la Coma
bulletins de décès qui sous-estiment eux aussi les Data Bank (CDB) américaine [16] et le chiffre 7
Épidémiologie des traumatismes crâniens graves 263

Tableau I. Codage simplifié des lésions de la tête en utilisant l’Abbreviated Injury Scale (AIS).

AIS 4 (lésion grave) AIS 5 (lésion critique)


Lésions anatomiques
Plaie veineuse intracérébrale Plaie d’une artère intracérébrale
Lésion pénétrante
Lésion du tronc cérébral
Lésion cérébelleuse entre 30 et 50 mL Lésion cérébelleuse > 50 mL
Contusion(s) cérébrale(s) 30–50 mL ou > 4 cm ou déviation > 5 mm Contusion(s) cérébrale(s) > 50 mL
Hématome sous-dural ou extradural < 1 cm d’épaisseur Lésions axonales diffuses
Hématome sous-dural ou extradural > 1 cm d’épaisseur ou bilatéral
Gonflement cérébral avec diminution des citernes Gonflement cérébral sévère avec compression des citernes
Plaie craniocérébrale
Embarrure avec enfoncement > 2 cm
Troubles de la conscience
Perte de connaissance prolongée 1–6 heures avec déficit neurologique Perte de connaissance supérieure à 24 heures
Perte de connaissance de 6 à 24 heures

retenu par l’International Coma Data Bank inclus soit uniquement les patients dont la lésion la
(ICDB) [17]. La limite à 8 semble la plus utilisée. plus grave est cotée AIS 5 ou 6 (lésion critique ou
Enfin, le GCS étant variable en fonction des chan- fatale), soit aussi les patients AIS 4 (lésion sévère)
gements de l’état de conscience, il reste à définir à (tableau I).
quel moment on le détermine pour qualifier un La fiabilité dépend du soin accordé au codage, qui
patient de « sévère ». Pour la CDB, il s’agit du score nécessite une bonne habitude de la part de celui qui
obtenu juste après réanimation non neurochirurgi- le fait, en particulier au niveau du crâne, où les
cale, ce qui suppose que le patient n’ait pas eu lésions sont codées en fonction de leur volume. Du
besoin d’être sédaté. Pour l’ICDB, le coma doit fait de sa complexité, le dictionnaire n’est pas utilisé
durer au moins six heures, ce qui permet d’exclure in extenso, mais de façon plus simplifiée et la fiabi-
les pertes de connaissance un peu prolongées s’amé- lité de ces versions abrégées n’est pas démontrée, de
liorant rapidement. Comment doit-on considérer les même que le codage a posteriori sur des documents
patients dont le GCS oscille entre 8 et 10, ou ceux médicaux résumés, au niveau desquels les lésions ne
sédatés avec un GCS à 10, devant une aggravation sont pas toujours détaillées [19]. La sensibilité du
rapide et la gravité des lésions à l’examen tomoden- codage dépend aussi de la disponibilité et de la sen-
sitométrique ? La plupart du temps cette précision sibilité des appareils radiologiques. De plus, le
n’est pas fournie et laissée dans un flou qui permet codage ne peut être fait qu’une fois le bilan des
toutes les interprétations. lésions complet (examens complémentaires, inter-
Le GCS est irremplaçable pour surveiller l’état ventions chirurgicales). Mais, en revanche, l’AIS
neurologique d’un patient. Pour comparer des popu- permet de bien caractériser la gravité globale du
lations entre elles, il faudrait que sa méthode de patient puisque la gravité des lésions est cotée au
mesure soit, dans la pratique, beaucoup plus standar- niveau de toutes les régions.
disée. Le premier intérêt en cas de TC est que le patient
peut être considéré comme grave, soit du fait de son
Abbreviated Injury Scale (AIS) état de conscience, soit pour la gravité des lésions à
C’est un système qui assigne à chaque lésion trau- la TDM, ce qui règle le problème des patients sous
matique un score de 1 (lésion légère) à 6 (lésion sédation du fait de la gravité des lésions intracéré-
fatale) [18]. Le corps est divisé ensuite en neuf brales, et cela avant que leur état de conscience ne
régions et, pour chacune, peut être individualisé le soit très dégradé. Ensuite, la durée de la perte de
score AIS maximum (MAIS). Au niveau de la région connaissance est prise en compte. Pour avoir un
de la tête, l’état de conscience du patient est pris en MAIS de la tête coté à 5 (critique) un patient
compte. Dans le groupe des TC sévères peuvent être doit avoir un GCS inférieur ou égal à 8 pendant
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Tableau II. Incidences et létalité des traumatismes crâniens graves selon les critères de gravité choisis.

Critères Incidences/100 000/an Létalité %


San Diego, 1981 [26] Modéré : GCS > 8 (durée ?) et (GCS 9-12, ou lésion à la 14 7
TDM)
Sévère : GCS (8) 15 58
Maryland, 1986 [27] MAIS 4 12 13
MAIS 5 5 48
Aquitaine, 1986 [5] Sévère : coma > 6 heures et/ou lésion à la TDM 24 22
Aquitaine, 1996 [28] MAIS 4 8 7
MAIS 5 9 49

TDM : tomodensitométrie ; GCS : score de coma de Glasgow ; MAIS : Abbreviated Injury Scale maximum de la région de la tête.

24 heures, ce qui permet une meilleure prise en 25]. Ces variations peuvent s’expliquer par une dif-
compte des patients sédatés sur les lieux de l’acci- férence vraie d’incidence, qui dépend de l’année
dent devant un coma d’emblée puis vite réévalué d’étude, de la région, des mesures préventives mises
dans un service d’urgences en raison d’une TDM en place, et par les différences dans les méthodes
cérébrale très rassurante. d’études.
Le MAIS maximum de la tête a une bonne valeur
prédictive du décès des blessés [20] et de leur avenir Traumatisés crâniens graves
fonctionnel [21, 22]. Le MAIS de la tête et le GCS, L’incidence dépend du critère de gravité choisi
évalués en même temps sur un groupe de patients, (tableau II). Dans l’étude menée en Aquitaine [5], en
n’ont pas une correspondance totale. Certains 1986, ont été considérés comme sévères les TC avec
patients cotés « légers» avec un GCS entre 13 et 15 coma de plus de six heures ou avec des lésions céré-
sont considérés comme sévères ou critiques par brales, ce qui correspond grossièrement à l’ensem-
l’AIS et inversement [23]. ble des patients considérés comme modérés et sévè-
res dans l’étude de San Diego [26]. Dans ces deux
Durée de l’amnésie post-traumatique études, le total des patients, avec une lésion à l’exa-
Il s’agit d’un score de gravité très utilisé, surtout men TDM ou une perte de connaissance prolongée,
dans les études sur le devenir des patients, parce était finalement assez comparable et voisin de
qu’il serait bien corrélé à l’étendue des lésions des 25/100 000 habitants/an (tableau III). Dans le
hémisphères cérébraux [24]. Il se définit comme le Maryland en 1986 [27] ou en Aquitaine en 1996 [28]
temps écoulé entre le traumatisme et la récupération la gravité était fonction du MAIS maximum au
d’une mémoire continue des événements d’un jour à niveau de la tête. L’incidence annuelle était infé-
l’autre. Une amnésie post-traumatique de plus de 24 rieure à 10/100 000 pour les TC avec MAIS 5. Les
heures signerait un TC sévère. Ce score est cepen- incidences des patients les plus sévères paraissent
dant très dépendant de la sédation du sujet et de son plus élevées en Aquitaine, mais le codage AIS dans
imprégnation éthylique. Il ne peut se coder qu’a pos- l’étude américaine était automatique à partir des
teriori, au moment du réveil. Il est difficilement codes OMS, ce qui aboutit à une sous-estimation de
interprétable chez les enfants. Dans l’étude de la gravité [27]. Dans une étude italienne, 2,5 % des
Engberg [4], il n’avait pu être évalué que chez le patients hospitalisés avaient un GCS inférieur ou
quart des patients. égal à 8, soit une incidence d’environ de 9/100 000
habitants/an, comparable aux deux études précéden-
Incidences tes [29].

Ensemble des traumatisés crâniens hospitalisés Incidences en fonction du sexe et de l’âge


Si l’on considère les TC conduisant à un décès
immédiat ou à une hospitalisation, l’incidence L’incidence est supérieure parmi les hommes, dans
annuelle est comprise entre 150 et 300/100 000 [7, un rapport d’environ deux hommes pour une femme
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Tableau III. Causes des traumatismes crâniens graves.

Critères de sévérité AVP (%) Chutes (%) Arme à feu (%)


Royaume-Uni, 1977 [31] Sévère GCS < 8 50 27 –
Maryland, 1986 [27] MAIS 4 28 33 –
MAIS 5 56 18 –
Aquitaine, 1986 [5] Sévère : coma > 6 heures et/ou lésion à la TDM 64 27 3
Aquitaine, 1996 [28] MAIS 4 39 52 –
MAIS 5 61 28 –

AVP : accidents de la voie publique ; GCS : score de coma de Glasgow ; MAIS : Abbreviated Injury Scale maximum de la région de la tête ;
(–) non précisé.

pour l’ensemble des TC. Mais il augmente avec la Causes


gravité [30] et atteint 3,5/1, en ne considérant que
les TC ayant entraîné le décès [25]. Il varie aussi Les accidents de la circulation sont une des causes
avec l’âge puisque les incidences ont tendance à principales de TC dans toutes les catégories de gra-
s’égaliser entre les individus de sexe masculin et vité (tableau III). Leur proportion varie beaucoup en
féminin, aux âges extrêmes de la vie. fonction de l’âge et du pays considéré. Ils survien-
L’incidence des TC graves est élevée chez les nent chez les adolescents et adultes jeunes (15–25
hommes jeunes (40/100 000 pour les MAIS 4–5 ans), principalement chez les hommes. La part des
dans cette tranche d’âge pour une incidence globale accidents de la circulation augmente avec la gravité,
de 17 [27]), et surtout chez les personnes âgées, qui pour représenter plus de la moitié des TC graves. Les
atteignent 80 dans cette classe de sévérité (figure 1). chutes surviennent plus souvent aux âges extrêmes
Les mêmes formes de courbe sont observées pour de la vie et sont plus fréquentes parmi les TC légers.
les taux de mortalité [5]. En Écosse, les accidents de la route représentaient
13 % des consultations aux urgences, 24 % des
admissions, 50 % des cas les plus sévères et 58 %
des décès. À l’inverse, les chutes représentaient
41 % des consultations, 39 % des admissions, et
27 % des cas sévères [31]. L’incidence des TC par
agression varie selon les conditions socio-
économiques et politiques. Elle peut atteindre 40 %
des cas [32].

Lésions associées

Elles sont d’autant plus fréquentes que la gravité est


élevée (figure 2). Les traumatismes thoraciques
comportent un risque de troubles respiratoires secon-
daires pouvant jouer un rôle dans l’aggravation du
TC. Les traumatismes des membres ajoutent leurs
séquelles propres à celles de la lésion cérébrale.

Devenir

Patients décédés
Figure 1. Incidence par sexe et âge des traumatismes crâniens sévè-
res MAIS 4–5 (Maryland, 1986, d’après MacKenzie et al. [27] avec Les TC entraînent une mortalité de 20 à 30/100 000
permission). habitants/an. Plus de la moitié des décès survient
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pour faire leur toilette, 19 % pour sortir de chez eux.


Au total, 43 % ont besoin de l’aide d’une tierce per-
sonne dans la vie de tous les jours. Chez les deux
tiers des patients ayant eu des traumatismes associés,
les séquelles sont accentuées par les incapacités
propres aux autres traumatismes [34].

FACTEURS DE RISQUE

Facteurs humains

Les troubles du caractère ou du comportement tien-


nent une large place. La consommation d’alcool
représente un des facteurs humains rencontrés le
plus fréquemment lors des accidents de la circula-
tion et des accidents de la vie courante. Elle contri-
bue largement à la gravité des agressions et des
Figure 2. Pourcentages des traumatisés crâniens ayant une lésion
bagarres. Elle intervient en altérant la vigilance du
associée dans chacune des grandes régions du corps en fonction de sujet. Plus globalement, elle fait partie d’une
la gravité du traumatisme crânien (TC). (TC sévères : TC avec « conduite à risque ». Après une soirée trop arrosée,
lésions cérébrales à la TDM ou pertes de connaissance prolongées.
D’après Tiret et al. [5]). les mêmes personnes rouleront trop vite, ne mettront
ni casque ni ceinture, et prendront le volant. Une
étude américaine a mis en évidence une alcoolémie
élevée chez 12 % des motocyclistes portant un cas-
avant l’arrivée à l’hôpital. Le Royaume-Uni se sin- que, contre 38 % de ceux qui n’en portaient pas [35].
gularise par un taux annuel de 9 à 10/100 000, grâce Entre aussi dans le cadre de ces facteurs, la baisse de
à un accidentologie routière mieux maîtrisée que vigilance due à la prise de médicaments.
dans les autres pays développés [31].
La létalité chez les hospitalisés dépend de la gra-
vité initiale du TC (tableau II). En Aquitaine, en Facteurs socio-économiques
1986 [5], elle était globalement de 2 % pour
l’ensemble des patients hospitalisés, mais de 22 % Ils ont été mis en évidence de manière presque cari-
pour les TC avec lésion cérébrale ou perte de caturale dans une étude américaine [32]. Les inci-
connaissance prolongée. Elle est très élevée chez les dences et les types de TC ont été comparés dans
patients les plus graves : environ 50 % pour les deux communautés : une ville résidentielle, et une
patients MAIS 5 [27, 28]. Elle dépend aussi de l’âge, banlieue défavorisée. L’incidence était de 196 pour
de la gravité des lésions associées, et de la qualité de la première avec un taux de mortalité de 11 %, et de
la prise en charge [33]. Il semble qu’une meilleure 403 pour la seconde, avec une mortalité de 32 %, les
prise en charge puisse permettre une diminution de accidents par arme à feu étant beaucoup plus nom-
mortalité plus nette parmi les patients les moins à breux dans cette dernière.
risque que parmi les plus sévères. Ces conditions sociales et économiques intervien-
nent aussi sur le risque de séquelles. Une étude sur
Devenir après hospitalisation les facteurs de risque de TC et de leurs séquelles
Le devenir à long terme dépend surtout de la gravité chez les enfants, faite en Suède, a montré que les
initiale du TC et de l’âge. Si l’on considère les enfants victimes d’un TC venaient plus souvent de
séquelles rapportées à leur TC chez des patients gra- foyers désunis, avec une mère plus jeune, des
vement touchés (coma de plus de 24 heures), en parents plus sujets à des problèmes psychiques [36].
Aquitaine de 1986 à 1991, 25 % ont des problèmes à Tous ces facteurs, préexistants à l’accident, étaient
la marche, 19 % des difficultés pour s’habiller, 34 % aussi liés à l’incidence des séquelles.
Épidémiologie des traumatismes crâniens graves 267

PRÉVENTION une baisse du nombre total des hospitalisations, une


baisse nette du pourcentage de TC parmi eux (de 38
Physiopathologie des accidents à 24 %), une baisse du taux de TC graves avec un
MAIS > 2 (de 22 à 14 %) [40]. Les mêmes résultats
Lorsque de l’énergie rencontre un corps humain, il y ont été observés dans un autre État [41]. Les moto-
a accident. Si la décharge d’énergie est suffisamment cyclistes non casqués ont trois fois plus de risques
importante et rapide, il y a traumatisme dans le cas d’avoir un TC, et quatre fois plus de risques d’avoir
d’énergie mécanique. Les accidents passent par trois un TC grave (MAIS 4–5), que les porteurs de cas-
phases [37] : a) avant l’accident, se produit une perte que [42].
de contrôle de la source d’énergie ; b) pendant Un résultat bénéfique identique est observé avec la
l’accident, la source d’énergie non canalisée est ceinture de sécurité. En termes de réduction des
transmise au sujet avec une intensité qui détermine décès, la ceinture (si elle est bouclée !) permet une
la survenue ou non d’un traumatisme ; c) après diminution de 42 % des décès. En France, l’obliga-
l’accident, l’étendue du dommage dépend de la prise tion du port de la ceinture en zone urbaine a permis
en charge du patient. une diminution de 50 % du nombre attendu de TC
Au niveau de chacune de ces phases vont interve- graves (MAIS > 2) au niveau des centres hospitaliers
nir des facteurs humains, mécaniques et environne- d’une région [43]. L’airbag apporte une protection
mentaux. Dans la première phase, il s’agit d’interve- supplémentaire, mais est moins efficace à lui seul,
nir sur les trois types de facteurs pour diminuer le car il ne prévient pas l’éjection [44]. Cependant,
risque de libération d’énergie (exemple : meilleure d’après certains, il pourrait prévenir ou diminuer la
qualité des revêtements routiers, crans de sûreté sur
gravité du quart des TC hospitalisés [45]. Il a l’avan-
les armes à feu). Dans la deuxième phase, il s’agit de
tage de ne pas faire entrer en jeu la volonté du sujet,
diminuer la transmission à l’homme de cette énergie
comme dans le cas de la ceinture de sécurité.
(exemple : port de casques ou ceintures de sécurité).
Dans la troisième, il s’agit de diminuer les lésions Les chutes sont la deuxième cause de TC. Elles
que provoque cette énergie (exemple : meilleure peuvent être favorisées chez les personnes âgées par
prise en charge en urgence). un mauvais état général, des vertiges, des médica-
ments. Un bon suivi médical de ces patients à risque
peut permettre de beaucoup réduire le risque de
Résultats obtenus
chute et donc de traumatisme [46].
L’amélioration des premiers secours a été évaluée
Les accidents de la circulation déterminent la majo- à San Diego. La proportion de TC hospitalisés après
rité des TC les plus graves et les mesures préventi-
une prise en charge paramédicalisée est passée de 23
ves ont surtout été évaluées dans ce cas. Depuis les
à 46 %. Dans le même temps, le taux de mortalité
années 1970, les limitations de vitesse, la répression
par TC a baissé de 21 à 18/100 000 habitants. La
de l’alcoolisme au volant, le port obligatoire de la
ceinture de sécurité, ont permis de diminuer progres- létalité des TC a baissé sur les lieux de l’accident et
sivement le nombre de personnes trouvant la mort pendant le transport, mais a augmenté au niveau des
dans un accident d’automobile [38]. La limitation de services d’urgence, avec l’augmentation du pourcen-
vitesse avait eu un effet très net sur le nombre de TC tage de patients admis avec un GCS à 3 [47]. Une
enregistré au Danemark entre 1969 et 1975 et son meilleure prévention des lésions cérébrales secon-
efficacité a été supérieure aux mesures prises daires à l’hypoxie et l’hypotension peut aussi dimi-
ensuite [4]. nuer la mortalité, et surtout améliorer le devenir de
La mesure la plus directe de protection de la tête ces patients.
est le port du casque par les cyclistes et motocyclis- Toutes ces mesures ont permis une baisse de l’inci-
tes. L’adoption d’une loi le rendant obligatoire en dence des TC, surtout les plus graves. Cette baisse a
Californie a été suivie d’une diminution du taux été de 22 % aux États-Unis entre 1979 et 1992, pour
annuel de mortalité par TC lié aux accidents de les taux annuels de mortalité par TC (de 25 à
motocycles de 70 à 52/100 000 véhicules [39]. Chez 19/100 000) habitants. Les bons résultats de la pré-
les blessés hospitalisés, le résultat s’est traduit par vention des accidents de la circulation sont allés de
268 F. Masson

pair dans cette région du monde avec une augmen- 12 Morris K. Assessment and communication of conscious level:
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Il n’existe pas « une » épidémiologie des TC. du score de Glasgow chez le traumatisé crânien. Ann Fr Anesth
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l’autre doit conduire à observer les chiffres avec un McKernan J. Variation among trauma centers’calculation of
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