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4. L’appropriation de l’espace.

Appropriation du logement

La notion d'appropriation a d'abord été très utilisée en référence aux travaux de N. et H.


Haumont et de H. Raymond sur l'habitat pavillonnaire. Ils la définissent comme une pratique
symbolique, répondant à une culture de l'habitat fondée sur un besoin anthropologique de
marquage de l'espace. L'espace construit doit offrir les conditions d'une telle appropriation.
Après un engouement dans les années 1970 de la part des sociologues et des psychologues,
l'absence de définition claire de la notion conduisit à son relatif abandon par les chercheurs.
H. Raymond devait préciser en 1975 qu'il s'agissait d'une « compétence donnée à chacun
d'engendrer des pratiques d'appropriation et non de performances, c'est à dire de pratiques
réelles ». Cependant, la notion s'est amplement diffusée dans les milieux des praticiens de la
construction. Concernant l'espace de l'habitat, l'appropriation met en perspective la
socialisation de l'espace individuel et l'individualisation de l'espace social. L'appropriation
s'appréhende soit dans l'exercice de rituels, soit dans les réponses individuelles ou collectives
données à des situations événementielles non prévues. Il s'agit d'activités réelles, affectives et
symboliques (comme le marquage, la clôture, l'aménagement des espaces) qui signifient
toujours des relations sociales (un statut social, rapports sociaux).

Dans le domaine de l'urbain, ce concept a été surtout utilisé en opposition à celui de


domination, d'urbanisme rationalisé, technique, démesuré. L'appropriation de l'espace et du
temps, de la réalité sensible, renvoie à une pratique sociale, dont elle est le but, le sens. Dans
une autre perspective, le concept été critiqué par I. Joseph et Y. Grafmeyer (Ecole de
Chicago), qui considèrent l'expérience urbaine comme le produit d'une rencontre et non
comme le seul résultat d'attitudes de repli ou d'ouverture.

M. Conan a d'abord repris la notion d'appropriation (individuelle) en la considérant comme


une conduite de l'habiter : « la conduite d'appropriation permet à une personne de se percevoir
comme sujet en mesure d'attribuer un sens à l'espace qu'elle habite ». Cette conduite est
repérable à travers une grande diversité de comportements mettant en jeu des variables
sociales et psycho-logiques : attitudes vis-à-vis des relations de voisinage, capacité de
maîtriser les rapports à l'espace et le rapport au temps de sa vie, sociabilité, sentiments
éprouvés vis-à-vis du logement, de l'environnement et de sa condition personnelle d'habitant,
modèle de vie résidentielle auquel on souscrit'.

La notion d'appropriation collective complète, voire se substitue à celle d'appropriation


individuelle. Ainsi, l'appropriation des espaces publics peut précéder et être une condition
d'appropriation des espaces de logement. L'appropriation individuelle est alors la conséquence
d'une transformation de la collectivité des habitants et de la culture dont elle était porteuse.

Le processus d'appropriation est analysé en termes de rituels d'interaction favorisant une


réflexion collective sur le sens et les conditions d'utilisation des espaces collectifs. Lors d'une
expérimentation d'aménagement des espaces collectifs dans un groupe d'habitations FILM au
Boulevard Lobau à Nancy, différentes étapes ont ponctué ce processus. Au départ prévalait
chez les habitants une culture commune de crainte du voisinage et du rejet de l'espace comme
symbole d'un groupe auquel ils refusaient de s'identifier. Puis des aménagements inhabituels
ont suscité curiosité, interpellation mutuelle et émulation. Enfin, la création d'une association
a cristallisé un sentiment d'appartenance collective et de solidarité. L'appropriation collective
s'est constituée en même temps que s'est élaboré un accord sur des règles de vie communes
(normes morales collectives et d'une conception partagée du bien commun).

Au départ, les intentions architecturales et les mesures adoptées (diversité des logements,
ouverture du quartier sur la ville, symbolique de la nature) n'avaient pas été perçues
favorablement et semblaient aboutir à un échec. Mais peu à peu, un dialogue s'est .institué
entre les habitants et avec le maitre d'ouvrage, engendrant des conduites collectives inédites et
un nouveau regard sur les espaces construits. Ainsi une bourse d'échanges a été décidée par
les habitants pour remédier à l'absence de choix des logements, mais aucun échange n'a été
effectivement pratiqué, la comparaison ayant pu être faite et chacun préférant finalement le
sien. L'architecture, d'abord stigmatisée pour n'être que du décor, a été évaluée en fonction des
intentions qu'elle portaient et du soin pris par l'architecte. Les choix esthétiques, visibles mais
non lisibles, ont fait l'objet d'une exégèse de la part des habitants et ont été interprétés comme
autant de signes de bienveillance soutenant leur développement familial ou personnel.

D'une manière générale, les observations montrent que les modalités d'appropriation sont
réduites lorsque le support spatial est neutre et n'offre pas de prise aux projections
imaginaires, mais aussi lorsque l'espace est rigide, fortement structuré et saturé de sens par
l'architecte (Cf. P. Boudon).

4.1. Définition de l’appropriation.

Cette notion véhicule deux aspects : le premier étant l’adaptation d’un objet à un usage ou à
une destination précise, le deuxième qui découle de la première est l’action qui vise à rendre
propre cette objet.

Le concept d’adaptation vise la correspondance entre un objet et l’usage que l’on désire lui
attribuer, ou bien entre un individu et un objet (40).

L’appropriation n’est donc possible que par rapport à une chose qui peut être attribuée et
possédée. Par conséquent, la chose ou bien l’objet devient propriété de l’individu qui a la
liberté ou le droit d’intervenir sur celui-ci. Dans ce cas, la propriété est d’ordre morale,
psychologique et affectif. La propriété juridique consiste en la possession d’un titre légal d’un
objet. Ces deux types de propriété sont souvent indépendantes, mais peuvent se superposer. «
L’objectif de ce type de possession est précisément de rendre propre quelque chose, c'est-à-
dire de l’adapter à soit et ainsi, de transformer cette chose en un support de l’expression de
soi. L’appropriation est ainsi à la fois une saisie de l’objet et une dynamique d’action sur le
monde matériel et social dans une intention de construction du sujet » (41).
Pour Hegel, c’est par l’appropriation que nous parvenons à maîtriser le milieu extérieur et
c’est une forme de mouvement vers la liberté de l’esprit. Il dit « être libre, c’est être chez soi
».

Henri Lefebvre, dans « L’introduction à l’habitat pavillonnaire » déclare que « dans le


pavillon, d’une façon sans doute mesquine, l’homme moderne habite en poète… entendons
par là que son habitat est un peu son œuvre ».

Cette manière de penser ne va pas dans le même sens que celle du Mouvement Moderne qui
considérait que l’espace architectural et urbain découle d’un raisonnement s’appuyant sur une
science du logis, qui pour satisfaire les utilisateurs ne devait faire l’objet que d’une pédagogie.

La conception inverse est que le point de départ est l’appropriation pour aller à l’autogestion
et à l’autoconstruction.

Pour Daniel Pinson, « L’appropriation est une lutte contre la nature, mais aussi contre la
société pour satisfaire des exigences vitales, pour manifester dans les techniques de
construction et le mode d’organisation, m’inscription d’éléments symboliques, l’expression et
l’autonomie d’une culture, d’une existence, le refus de l’écrasement. Même là où le mode de
vie es dictée avec la plus généreuse ou hypocrite bienveillance, au point où tout a été prévu.
(Le Corbusier voulait que l’habitant arrive simplement avec sa valise dans son Unité
d’Habitation). L’homme exprime le besoin de laisser sa trace, de signer son espace » (42).

Il différencie nettement entre les fonction du logement telles que les modernistes les ont
conçus et « les pratiques habitantes, structurées par des modèles culturels ou habitus profonds,
normes sociales à la fois assimilées par inculcation, consciente ou non, et en même temps
maîtrisées pour être ré exprimées dans une perspective de liberté par l’appropriation » (43).

Dans la même logique, Henri Lefebvre a qui l’on doit le concept le concept de « l’habiter », le
définit de la manière suivante : Habiter pour l’individu, pour le groupe, c’est s’approprier
quelque chose, non pas en avoir la propriété, mais en faire son œuvre, en faire sa chose, et y
mettre son empreinte, la modeler, la façonner » (44).

Dans leur travaux menés sur « L’habitat pavillonnaire », d’autres chercheurs, tels que N. et H.
Haumont, H. Raymond, ont défini la notion d’appropriation qui a beaucoup été utilisé en
référence à leurs recherches. Pour eux, l’appropriation est « une pratique symbolique,
répondant à une culture de l’habitat fondée sur un besoin anthropologique de marquage de
l’espace. L’espace construit doit offrir les conditions d’une tells appropriation » (45).

Pour H. Raymond, l’appropriation est l’ensemble des pratiques et particulièrement les


marquages par la manière de disposer les objets, les interventions sur l’espace habité qui lui
confère les qualités d’un lieu personnel. Cette personnalisation de l’espace ne pourrait se faire
sans la considération de modèles culturels qui sont traduits dans le processus même du
marquage.

L’appropriation de l’espace permet à l’individu d’exprimer sa personnalité dans son espace.


Pour se l’approprier, l’habitant doit procéder au marquage de son territoire en le clôturant, en
l’aménageant progressivement selon les besoins de la famille, en faisant de sorte que
l’intimité familiale puisse s’inscrire dans l’espace.

L’organisation du logement se fera en fonction de la représentation qu’on les habitants du rôle


de la femme, de l’homme, du public et du privé, du propre et du sale, du calme et du bruyant,
qui sont les modèles qui vont être à la base de la possession de leur espace, de sa
personnalisation.

Les signes révélateurs de l’appropriation peuvent être saisis à travers la pratique des rites, des
activités à caractère symbolico-affectif, tels que le marquage de l’espace, son aménagement
etc qui sont synonymes de relations sociales.

Deux types d’appropriation s’opèrent : l’appropriation individuelle, celle concernant l’espace


de l’habitat, et l’appropriation collective, celle se rapportant aux relations entretenues entre les
habitants et leur quartier ou leur ville, par exemple leurs réactions (participation) concernant
l’aménagement et l’utilisation des espaces collectifs attenant à leur logement.

La notion d’appropriation, empruntée à l’anthropologie nous permet de saisir de manière


explicite le lien existant entre l’habitant et son logement ainsi qu’avec son quartier ou sa ville.
Lorsque l’habitant reçoit un logement qui lui a été attribué, comme c’est la cas dans le
logement social, il lui est donc complètement anonyme, quasiment insignifiant pour lui, il
commence à y déposer ses effets personnels, meubles, bibelots, etc. à prendre possession dans
un premier temps du lieu, don à le marquer, à le rendre signifiant, même si il trouve beaucoup
de difficultés à le faire.

Il va opérer des transformations ou des détournements d’usage afin de le rendre conforme,


adapté à son mode de vie. Ces modifications sont souvent effectuées avant même de
s’installer le nouveau logement.

Cette prise de possession des lieux est le mécanisme même de l’appropriation.

4.2. Genèse du concept.

Le concept d’appropriation est le résultat de plusieurs siècles de réflexion philosophique.


Notre environnement matériel subit des interventions de la part de groupes d’individus selon
deux processus qui sont la domination ou l’appropriation qui, normalement vont ensemble
mais souvent se séparent.

L’action de domination menée sur la nature matérielle à l’aide d’interventions techniques est
très nocive sinon destructrice, néanmoins, elle promet à la société de lui substituer ses
produits.

Quant à l’appropriation, elle n’endommage pas la nature mais la transforme plutôt en biens
humains. La domination technique sur la nature deviendra dramatique si elle continue à
augmenter. L’appropriation est à la base de la vie sociale ; sans elle il ne peut y avoir un
véritable développement social même s’il est possible d’avoir une croissance économique et
technique (46).

Les villes antiques ou médiévales ont été l’objet d’une appropriation spontanée, limitée mais
concrète dans l’espace et le temps. A l’échelle humaine, l’espace et le temps deviennent de
véritables œuvres d’art. Quand les villes grandirent et allèrent au-delà de cette échelle, il n’y
avait plus de place pour l’appropriation spontanée, et à différentes époques, des tentatives ont
été entreprissent pour la remplacer par la rationalité.

Dans la Grèce antique, par exemple, l’urbanisme rationnel a été à l’origine en même du
développement de la ville et de la décadence d’une civilisation urbaine spontanée.

L’urbanisme rationnel n’est jamais parvenu à décoder le secret de l’appropriation qualitative


de l’espace et du temps dans la ville ancienne. Depuis 2000 ans l’urbanisme rationnel opère
par percées brutales, lignes droites ou planes en damier, formes géométriques, composition à
partir d’éléments homogènes etc.

Dans les grands ensembles d’habitation du 20ème siècle, l’appropriation n’a jamais été
envisagée alors que l’utilisation de techniques domine d’une façon démesurée.

Ainsi, le concept d’appropriation s’efface en se viandant de son sens, laissant un espace vide
et banal que certains croient faire revivre par la création d’un « forum », d’une « agora », une
« place de marché » ou un place de jeux etc.

4.3. L’appropriation au 19ème siècle.

Le lieu du travail et celui de l’habitation ne faisaient qu’un jusqu’à la révolution du 19ème


siècle. Le logement servait en même temps comme cadre de la vie familiale et cadre de travail
(activité professionnelle). Les pièces du logement ne se différenciaient pas à cause de la
cohabitation et l’absence de séparation entre les membres de la famille.

Avec les nouveaux modes de production industrielle, ainsi que la nouvelle répartition des
rôles sociaux imposée, une séparation nette a été instaurée entre le lieu de travail et le
domicile.

Ainsi, le logement destiné à une famille restreinte sera inséré soit dans des cités ouvrières ou
des casernements ou logements locatifs.

Désormais, le logement sera autonome et n’assurera que la fonction domestique. Chaque


cellule familiale sera isolée dans son propre logement. L’amélioration progressive de
l’équipement sanitaire et ménager a réduit les déplacements à l’extérieur du logement (eau
potable, buanderie et bain public à l’extérieur du logement) et permet de passer plus de temps
chez soi.
L’autonomie du logement par rapport à l’approvisionnement et la consommation grandit au
fur et à mesure qu’il devient indépendant du voisinage. La séparation entre le public et le
privé va s’accentuer, et l’habitant ne pouvant avoir accès aux facilités qui existaient dans
l’environnement immédiat de son logement et des avantages de la vie du quartier, des
relations de voisinage, va investir avec une grande affectivité les espaces de son logement.

Aujourd’hui, chaque famille marque son propre territoire par rapport à la collectivité sans
prétendre à s’y identifier ; ce qui n’était pas le cas auparavant, où être un membre à part
entière de la communauté, était la traduction de l’appartenance à l’immeuble, au quartier.

4.4. La notion moderniste de l’appropriation de l’espace.

L’avènement du logement de masse au 20ème siècle dont l’implication principale était la


cohabitation dans un espace collectif a eu pour conséquence l’augmentation du besoin
d’intimité à l’échelle individuelle et familiale. La seule initiative laissée à l’habitant confiné
entre quatre murs est le désir et le besoin de s’approprier son logement, seul refuge où il peut
échapper aux pressions sociales et économiques qui pèsent sur lui.

C’est le Mouvement Moderne qui introduisit l’usage du concept de l’espace dans les années
1920 dont l’appréciation qualitative s’effectue aussi bien à l’échelle de l’habitat que celle de
la ville, et se divise en espace public et privé, sans qu’aucune hiérarchie de valeurs ne soit
établie.

Le Corbusier définit l’appropriation de l’espace de l’habitat de la manière suivante : « La


maison a deux fins. C'est d'abord une machine à habiter, c'est à dire une machine destinée à
nous fournir une aide efficace (...). La maison procède du phénomène d'anthropocentrisme,
c'est à dire que tout se ramène à l'homme et cela pour cette raison bien simple que la maison
n'intéresse que nous (...) et davantage que n'importe quoi d'autre ; la maison s'attache à nos
gestes, c'est la coquille de l'escargot. Il faut donc qu'elle soit faite à notre mesure » (47).

Considérant l’échelle comme une nécessité absolue, Le Corbusier l’utilise dans sa méthode du
Modulor et abordé dans un chapitre précédent. Chez Le Corbusier, l’habitat qu’il soit
individuel ou collectif est une réponse aux exigences de l’appropriation de l’espace. Il
considère que l’architecture est l’expression du corps qui bouge : « On entre, on marche, on
regarde en marchant et les formes s'expliquent, se développent, se combinent (...) on marche,
on circule, on ne cesse de bouger, de se tourner (...) c'est sa promenade (celle de l'homme), sa
circulation qui vaut, qui est motrice d'événements architecturaux » (48).

Le Corbusier s’inscrit complètement dans les exigences du projet et de son appropriation de


l’espace pour le découvrir sous tous ses aspects.

4. 5. Les notions d’appropriation de l’espace chez les sociologues.


Un courant sociologique s’est développé en France durant les années 1950 se basant sur les
résultats de nombreuses recherches sur l’habitat. Henri Raymond avec son équipe étudia
l’habitat pavillonnaire et définit l’appropriation de l’habitat comme étant l’ensemble de
pratiques et en particulier les marquages et les significations qui confèrent à un espace un
caractère personnalisé.

La disposition des objets et l’intervention sur l’espace habité, c'est-à-dire son marquage, son
des signes révélateurs de l’appropriation. Ce sont les individus qui personnalisent l’espace,
l’organisent, lui donnent des qualités, une signification, le structurent par des valeurs qui leur
sont propres et qui sont les modèles culturels, qui se révèlent dans le processus de
l’appropriation de l’espace.

Le mérite des travaux de H. Raymond et H et N. Haumont etc. est de démontrer que l’habitat
est un produit et que l’appropriation est l’essence même de l’habiter.

Au cours des années 1960, la notion d’appropriation de l’espace fut d’abord utilisée en
référence à leurs travaux sur l’habitat pavillonnaire.

N et H. Haumont définissent l’appropriation de l’espace comme étant : « L'appropriation de


l'espace est une familiarisation qui permet à l'individu d'exprimer sa personnalité dans son
espace. Pour s'approprier son espace, l'habitant le clôt, même symboliquement de façon à
délimiter un territoire qu'il pourra marquer. Le "chez soi" peut être marqué de manière plus ou
moins agressive. La haie permet de voir et d'être vu - le jardin, derrière la maison est privé,
donc caché. Les co¬propriétaires, eux, sont inquiets face à ce problème et voudront alors
fermer l'immeuble.

Le marquage est fait par l'aménagement, rendu pos¬sible par l'existence d'espaces de réserve
(sous-sol, gre¬nier, garage). Il se fera au fur et à mesure des besoins fa¬miliaux. Sa décision
relève du colloque familial. L'homme marque son espace par le bricolage et la femme par
l'entretien. Le lieu du propre est celui de la femme, il varie selon l'es¬pace (le propre de la
cuisine n'est pas le même que celui de la salle à manger). Il peut se faire que deux zones
soient nettement délimitées (sauf en immeuble collectif où l'espace n'est pas assez grand pour
donner du travail à la femme au foyer) » (49).

Quant à Henri Raymond, il estime que l’appropriation de l’espace est révélée par un ensemble
de pratiques engendrées par des dispositions ou des opérations dont l’espace est le support et
que pour celui-ci doit s’y apprêter. Pour H. Raymond l’appropriation de l’espace est toujours
liée à un symbole. Il écrit dans ce sens : « L'appropriation de l'espace est désignée comme
l'ensemble des pratiques qui confèrent à un espace limité les qualités d'un lieu personnel ou
collectif. Cet ensemble de pratiques permet d'identi¬fier le lieu ; ce lieu permet d'engendrer
des pratiques. L'appropriation de l'espace est toujours liée à un symbolisme. Ainsi
l'appropriation de l'espace implique une communication : celle des qualités sociales du lieu,
du Je ou du Nous ; dans cette communication l'espace est un matériau, un support
d'opérations. L'appropriation peut ainsi dépendre des qualités propres de l'es¬pace lorsqu'il est
construit, planifié, produit. Il y a donc un rapport entre l'appropriation de l'espace et la
manière dont certains groupes planifient l'espace tandis que d'autres ont ou non la possibilité
de se l'approprier, c'est-à-dire la possibilité d'engendrer les pratiques d'appropriation » (50).

Tous les chercheurs s’accordent sur l’acception de la notion d’appropriation de l’espace ; ils
la désignent comme étant une pratique symbolique ou même affective permettant de marquer
l’espace qui quelque soit sa nature personnelle ou collective, doit offrir les conditions d’une
telle appropriation.

4.6. Les notions d’appropriation de l’espace chez les architectes.

Dans les années 1970, les architectes de la nouvelle génération vont reprendre cette notion un
peu plus tard dans l’habitat en insistant sur le fait de socialiser l’espace individuel et
d’individualiser l’espace social. Pour ceci, l’appropriation se révèle soit dans la pratique de
rituels ou dans des solutions individuelles ou collectives concernant des situations imprévues.

Il s’agit d’activités affectives ou symboliques comme le marquage, l’aménagement des


espaces, se rapportent toujours à des relations sociales.

« Contrairement à l'organisation de l'espace qui renvoie à des modèles communs à tous les
habitants d'une société donnée, l'appropriation varie avec chaque individu bien l'on trouve des
constantes suivant les groupes sociaux (murs peints en blanc ou recouverts de papier à fleurs,
photos sur les murs, napperons sous les objets, etc.).

L'habitant s'approprie l'espace en lui imprimant une marque personnelle : ameublement,


décoration, transformations, etc. Ce marquage permet de faire signifier l'espace. A l'aspect
public du salon sera signifié par un mobilier "de standing", une certaine décoration, l'aspect
intime la chambre à coucher par des objets qui "font" intime : double-rideaux, dessus de lit
avec volants, lumière tamisée, etc... Mais encore faut-il que le logement permette ce
marquage » (51).

Dans le domaine de l’urbain, cette notion a été utilisée pour s’opposer à l’urbanisme rationnel
démesuré, technique.

D’autres recherches ont repris la notion d’appropriation comme un comportement de


l’habiter, comme l’affirme M. Conan : « La conduite d’appropriation permet à une personne
de se percevoir comme sujet en mesure d’attribuer un sens à l’espace qu’elle habite » (52).

Il est possible d’appréhender ce comportement à travers la multitude de conduites se basant


sur des éléments psycho-sociologiques, tels que les relations de voisinage, sociabilité,
sentiments envers son logement, de sa situation en tant qu’habitant, de l’environnement etc.

L’appropriation individuelle est complétée par l’appropriation collective, qui parfois la


remplace. Ainsi, l’appropriation des espaces publics peur devancer et constituer à
l’appropriation des espaces de l’habitation, qui est la conséquence d’une transformation de la
collectivité des habitants et de la culture qui la caractérise (53).

4.7. L’appropriation devient le fondement de la réflexion sur le logement collectif.

A partir des années 1980, les grands ensembles ont montré leurs limites en Europe et
particulièrement en France, la notion d’appropriation de l’espace devient chez certains
architectes, un élément essentiel servant de base a la réflexion sur la conception du logement
collectif. « Habiter son logement, c'est vivre son environnement spatial intime, c'est pouvoir
le marquer de son empreinte, c'est avoir la possibilité de l'organiser selon des habitudes
culturelles et sociales » (54).

Ils distingueront à l’instar des sociologues, nettement entre les deux notions ; « se loger » et «
habiter ». ce qui démontre l’intérêt des architectes pour la notion de l’appropriation de
l’espace : « L'objectif que nous nous proposions d'atteindre à travers cette étude n'était pas
seulement de loger des individus mais de pouvoir encore leur offrir un milieu qu'ils puissent
réellement habiter. Si le logement se définit comme une surface utile aménagée pour remplir
un certain nombre de fonctions, la notion d'habitat reste intimement liée au concept
d'appropriation de l'espace » (55).

A partir d’une réflexion de la notion de l’usage nombreux sont les architectes qui a partir de
1980 ont amélioré la distribution dans les logements : « Il reste aux usagers une assez grande
marge de manoeuvre pour s'approprier l'espace le fermer plus ou moins par des éléments
mobiliers, ou tout autre dispositif selon leurs désirs ou l'évolution de la famille » (56).

Une nette amélioration a été constatée a partir de 1980 dans la qualité de l’espace du logement
comme résultat de la réflexion sur les notions d’usage, modes de vie, modèles culturels,
appropriation…etc.

4.8. Appropriation et conformité.

L’appropriation est en réalité une réponse à une situation où l’habitant se trouve confronté a
un espace qui lui est étranger, imposé et présenté comme un espace de réapprentissage du
mode de vie, de l’habiter « conforme » comme le stipule Le Corbusier.

L’habitant retrouvera la liberté dont il a été privé dans l’espace produit par des actes
spontanés qui consistent a contourner, a détourner, a remodifier et même bouleverser l’espace
« conforme » afin de le faire correspondre a son mode de vie et ses représentations de
l’habitation. La « conformité » vers laquelle veut conduire le logement.
Comme nous l’avons vu dans un chapitre précédent, la « conformité » consiste en adaptation
de l’espace du logement à la vision moderniste de Le Corbusier, de l’habitation basée sur sa
propre rationalité « scientiste », qui ordonne les fonctions du logement a partir du
minimalisme techniciste et tayloriste, étroitement ergonomique : le modulor. Ces fonctions
s’éloignent complètement des pratiques habitantes forgées à partir des modèles culturels, ou «
habitus » et usages. L’appropriation n’est pas une reproduction pur et simple des modèles
culturels ou « habitus ». Pour Le Corbusier, la conformité c’est également la substitution des
conventions adoptées par les habitants, par les normes de la rationalité qui est en rupture avec
leur vécu et qu’elle prétend préserver. Elle est aussi la volonté de s’opposer a l’appropriation
qui exprime la façon avec laquelle les habitants asspirent a disposer des mêmes conventions
issues de leurs « habitus ».

Pour refuser cette conformité, plusieurs habitants opposent une liberté d’accomplir des actes
déterminés culturellement, pour marquer, signifier, modeler, façonner l’espace de leur
logement.

5. L’appropriation de l’espace en Algérie.

5.1. Ignorance du mode de vie et du modèle culturel dans la conception de l’habitat en Algérie

« On sait que les habitants « habitent » de façons différentes suivant des modèles propres à
chaque nation (par exemple les Français, les Hollandais, les Américains n' « habitent » pas de
la même ma¬nière. Ces modèles qui commandent le compor¬tement des habitants dans le
logement sont avant tout liés à l'organisation de la famille (rapports parents-enfant, rôles
masculins-féminins, sexua¬lité) et aux relations sociales. Ces modèles, communs à la majorité
des individus d’une société donnée, n'empêchent ni les variations individuel!es ni une
évolution à long terme. Ils ont une grande importance dans le logement actuel et on sait qu'ils
évoluent lentement contrairement aux modes de vie » (57).

L’introduction du mode de vie occidental dans la culture Algérienne, a eu des conséquences


remarquables particulièrement sur l’environnement bâtis et la manière de vivre des Algériens.

Ainsi, dans le domaine de l’habitat, le logement produit a l’époque contemporaine n’a fait
aucune référence aux formes architecturales et spatiales traditionnelles, particulièrement le
logement collectif, qui a été transféré tel que conçus en occident sans modification, ni
adaptation aux particularités du contexte algérien ; c’est le cas des ZHUN (Zones
d’Habitations Urbaines).

Des techniques de constructions et des modes de construction de l’habitat ont été héritées de
la période coloniale, et le résultat est perceptible dans tout le paysage des villes algériennes,
du Nord au Sud et d’Est en Ouest.
On remarque l’absence de référence dans la production officielle du cadre bâti. Ceci ne
concerne pas uniquement le logement de type collectif « importé », mais aussi le logement
individuel.

L’accès aux moyens audiovisuels et de télécommunications (Internet) a permis l’introduction


de forme architecturale appartenant de contrées lointaines (Europe, Amérique).

La reproduction intégrale de villas copiées à partir de cd roms dénature les zones de


lotissement dans et autour de nos villes.

Les techniques de construction ont évolué, utilisant de nouveaux matériaux (béton armé,
agglomérés…etc). Ces changement ou évolutions ? Ont gagnés le mode de vie et le modèle
culturel algérien (tenus vestimentaires, pratiques de l’espace…etc).

Une certaine survivance du schéma culturel algérien persiste et on assiste souvent à un certain
métissage entre les formes architecturales induites et celles d’appartenance algérienne.

Paradoxalement, on note un certain soucis de référence aux valeurs culturelles anciennes


durant la période coloniale qu’ultérieurement. Cependant, les références les plus perceptibles
sont celles exprimées à travers certains rajouts effectués parfois timidement, de certains
éléments architecturaux ; c’est souvent l’arc, les pilastres, et à travers leur détermination à
vouloir préserver leur mode de vie, leurs traditions, leurs us et coutumes, dans un espace
conçu selon une logique qui leur est culturellement étrangère. Il ne s’agit pas réellement de
reproduction du modèle ou schéma d’organisation spatiale traditionnel ou d’éléments
structurants de celui-ci, mais plutôt de formes ou d’éléments empruntés au vocabulaire
traditionnel, qui n’assurent cependant plus la même fonctionnalité, et n’ayant plus la même
signification. L’agencement des espaces, les stratégies familiales et résidentielles révèlent que
le mode de vie traditionnel est réinterprété, reformulé et que cette reformulation et
réinterprétation ne présentent pas de problèmes de cohabitation avec les éléments
nouvellement « acquis » ou introduit dans le mode de vie algérien. On note plutôt une
osmose, une rencontre entre les éléments gardés du passé et que assurent la continuité
culturelle, et ces derniers.

La question de l’habiter, devra être examinée dans une perspective qui accorde le plus
d’importance aux modes d’appropriation de l’espace et des relations étroites entre celui-ci et
l’aspect socio culturel.

La crise dans l’appropriation de l’espace et le fonctionnement de l’habiter en Algérie réside


au niveau le plus quotidien et peut être expliqué par la rupture qui existe entre les façons de
vivre individuels et collectives et les formes spatiales qui constituent leur support.

Il existe un écart entre les modes de production de l’habitat-particulièrement la production –


et les modes d’appropriation de l’espace et surtout entre la conception de l’usage de l’espace.

Les réactions des habitants, quelle soient collectives ou individuelles, expriment le malaise
des occupants face a des espaces inadaptés a leurs manières de vivre. Dans leur tentative de
corriger, de détourner, de contourner, de modifier l’espace, ils aspirent à le faire correspondre
à leurs pratiques et représentations de l’habitat. Ils se heurtent souvent, dans leurs actions dans
l’espace, à la rigidité des murs, à l’inflexibilité des espaces, qui caractérisent le logement
collectif social.

Une simple observation des modèles d’habiter, une sorte de bricolage imaginaire nous amène
à constater la capacité d’imagination des habitants a réorganiser l’espace occupé en regard des
besoins et des aspirations de chacun.

Les habitants s’approprient leur logement et ce en fonction de leur trajectoire personnelle et


de leur position dans la hiérarchie sociale (58).

Ainsi, les conduites de marquage, de personnalisation du logement expriment pour les


habitants qui les ont effectués, une manière de s’approprier l’espace et de définir une vie
quotidienne conforme a leur « habitus », qui règle la sociabilité, remettant en cause une
organisation normalisée, administrée, figée de l’espace de l’habitation.

5.2. L’appropriation de l’espace dans un logement type : la normalisation de l’espace habiter


en Algérie.

L’aspect des cités des grands ensembles montre combien la solution architecturale adoptée
conforte la tendance à la normalisation dans la production du logement. Le monopole de l’état
dans la production des matériaux de construction et de la conception architecturale a pour
conséquence la standardisation des logements, et l’image des cités qui en découle.

L’industrialisation du logement conçu selon les plans type a espace rigide, limité, s’inscrit
dans les conceptions. Ce système définit préalablement, les caractéristiques de la construction
à concevoir et ses modes d’assemblage ne peuvent pas échapper a la répétitivité qui est la
conséquence évidente de la rationalisation du logement. Le logement est alors un produit
industriel soumis à une typification a outrance.

Cette citation de Tahar Djaout, un non architecte, et pertinent a plus d’un titre : « Lorsqu'on a
un programme de 100.000 logements à réaliser, le pari esthétique n'est pas facile à tenir. La
démarche architecturale ne peut qu'être inscrite dans la ligne des contraintes quantitatives.

L'une des caractéristiques de la politique de l'habitat en Algérie est l'option, devant l'ampleur
des besoins, pour le modèle typifié. La typification est surtout perçue comme un essai de
rationalisation afin d'intégrer des procédés technologiques avantageux et d'éviter le retard
dans les études. Elle est donc adoptée pour construire beaucoup et vite.

Evidemment la typification n'est pas aussi figée qu'on le croit. Elle offre des modules
variables. A l'intérieur d'une certaine normalisation, l'espace est «conçu», «occupé»,
«aménagé» librement par l'architecte.
Mais, vue du côté de celui-ci, la typification est une entrave certaine à la créativité. On peut
même se demander quelle en est l'opportunité parce que l'un des problèmes qu'elle se propose
de solutionner, à savoir le retard dans les études, est en fait un faux problème, étant donné que
le retard dans les projets de construction se situe non pas au niveau de la conception mais de
la réalisation. L'implantation de projets-types a demandé un temps très sensiblement égal à
celui des projets originaux. La conception d'une cellule n'est en fait qu'une donnée infime par
rapport à l'étude du sol, le relevé topographique le dossier de ZHUN (Zone d'Habitation
Urbaine Nouvelle) » (59).

Dans les plans de logement proposés, il ressort une conception très restrictive de l’ « habiter
». La conception se base sur une méthode normative qui traduit les exigences du mode de vie
et des usages en stéréotype simpliste et banalisé. L’approche partielle de l’acte d’habiter dans
les plans types rigides a surfaces minimales proposées comme réponse aux besoins des
habitants, a engendré une architecture dont la caractéristique principale est la monotonie et la
répétitivité. Elle est le résultat de la recherche d’une satisfaction au plus juste prix des besoins
minimaux attribués aux catégories sociales concernées. La répétition en grand nombre de
logements types, résultat d’une production industrielle de masse du logement, produit par
l’état, et sous tendus par une conception architecturale de l’habitat destiné a une utilisation
anonyme. Par conséquent dans les ensembles d’habitation à travers toute l’Algérie, le
logement collectif est particulièrement le logement social et du même type.

En fait, une certaine diversité peut exister, mais elle relève de la génération de l’ensemble
d’habitation dont le logement fait partie, de son organisation spatiale, de la forme urbaine. La
forme, ainsi que la taille du bâtiment, l’étage où se situe le logement, et les caractéristiques de
la cage d’escalier, sont également à prendre en considération.

5.3. Attitude des décideurs par rapport à l’appropriation de l’espace.

Les décideurs et concepteurs algériens n’accordent aucun intérêt au phénomène de


l’appropriation bien que récemment ces derniers commencent à évoquer la notion de qualité
de l’habitat, mais incluse-t-elle à leur sens, les notions d’appropriation, d’adaptation, de mode
de vie et de modèle culturel, de compétence des habitants ?

Rares sont ceux qui conçoivent l’habitat à partir du mode de vie et des besoins réels des futurs
habitants.

Beaucoup de recherches ont été entreprissent dans le pays ou à l’étranger, mais elles sont
inexploitées, ignorées et condamnées à l’oubli et n’intéressent pas ou très peu les décideurs
comme elles ne sont pas reliées au monde professionnel.

Cependant, malgré cette situation du moins désolante, les écoles d’architecture continent à
soulever le problème d’adaptation, d’appropriation, d’adéquation au mode de vie de
l’habitant, de s’interroger sur les manières de parvenir à un type d’habitat adapté. Reste que
ces travaux attirent l’attention des décideurs, concepteurs de l’espace.

L’esthétique de la ville et du cadre bâti constitue certainement un des enjeux qui sous-tendra
le débat entre concepteurs et habitat. L’autorité publique et administrative est l’interlocuteur
réel de l’architecte et prétend représenter l’habitat.

Décideurs et habitants n’ont pas la même vision de l’habitat. Ainsi, les décideurs ignorent et
excluent les pratiques et manières de vivre de l’habitant qui réagit par le rejet du produit,
habitat imposé par le décideur qui devrait apprendre à redécouvrir les processus inchoatifs de
formation des villes versus leur planification volontaire à grande échelle (60).

Si les français découvraient dans les années 1970 la notion d’appropriation à partir de l’intérêt
accordé aux réactions des habitants, et ce qu’elles leurs offraient comme liberté et possibilité,
cette attention est inexistante en Algérie.

Une simple observation des modèles d’habiter, une sorte de « bricolage imaginaire » nous
amène à constater d’imagination des habitants à réorganiser l’espace occupé au regard des
besoins et des aspirations de chacun. Les habitants s’approprient leur logement et ce en
fonction de leur trajectoire personnelle et de leur position dans la hiérarchie sociale (61).

Ainsi, les conduites de marquage, de personnalisation du logement exprime pour les habitants
qui les ont effectués une manière de s’approprier l’espace et de définir une vie quotidienne
conforme à leur habitus, qui règle la sociabilité remettant en cause une organisation
normalisée, administrée, figée de l’espace de l’habitation.

6. Etude de l’appropriation de l’espace à travers un échantillon de logement-type dans


un grand ensemble à Constantine : cas de l’ensemble « Boussouf »

6.1. Présentation de l’échantillon.

Le grand ensemble communément appelé « cité Boussouf » est situé au sud-ouest de la ville
de Constantine. Il a été réalisé dans les années 1980 dans le cadre de la politique des ZHUN
dont l’objectif était de résorber la crise du logement.

Dans le cadre du programme de l’habitat étudié en 2ème année architecture (IAU) nous avons
procédé avec les étudiants à l’analyse d’un échantillon de 100 logements.

Le choix des bâtiments étudiés s’est fait à partir de constatations de transformations menées
sur les façades (balcons, séchoirs, fenêtres, annexions d’espaces extérieurs autour du bâtiment
au niveau de RDC). Nous avons donné plus d’importance aux logements qui ont subis des
transformations. Il est important de signaler que vu l’ancienneté de ce type de quartier, la
quasi-totalité des bâtiments ont subis des transformations par les habitants.
L’opération d’investigation menée avec la participation des étudiants de 2ème année
architecture durant l’année 2004-2005 dans le cadre de nos enseignements, qui s’est déroulé
spécialement dans la zone appelée tranche 1 qui fut habitée, entre 1982-1983, dans la tranche
3, habitée en 1986-1987, et la tranche 4, habitée en 1984-1985.

Ce sont des bâtiments R+4 en majorité (avec des tours R+7). Les logements sont des F3 et ce
sont ces logements qui font l’objet de notre enquête. Ce sont donc des logements qui ont été
habités pendant au moins 20 ans et que les habitants ont eu le temps de transformer. Ces
transformations dont très perceptibles de l’extérieur et c’est ce qui nous a poussés à enquêter
dans ces trois zones.

6.1.1. Déroulement de l’enquête

Nous avons accordé beaucoup d’importances aux entretiens avec les habitants pour gagner
leur confiance, vu l’état de méfiance qui règne chez les gens après les derniers événements et
problèmes de sécurité qui se posent comme partout dans la ville.

La méthode de l’entretien nous a permis d’être guidés par les relations de voisinage. Malgré
cette tentative de gagner la confiance des habitants pour nous permettre d’accéder à leur
logement, beaucoup se sont contentés de nous « raconter » leur logement.

Il y avait aussi une grande méfiance que nous ne représentions les autorités. Certains nous
ont permis d’accéder chez eux, de prendre des photos, de nous livrer leur quotidienneté.

Le but de l’entretien était de connaître l’impression que les habitants avaient de leur logement,
leur degré de satisfaction ou d’insatisfaction, leurs aspirations, et surtout de saisir quels étaient
les mécanismes d’appropriation de l’espace.

Notre but n’était pas de faire un pourcentage de tous les aspects observés dans les logements,
mais d’insister sur ce qui nous intéresse, à savoir les modes d’appropriation et les
transformations ou détournements d’usage qui peuvent en résulter.

6.1.2. Quelques caractéristiques des habitants.

Les habitants sont originaires de la Médina (Souika en particulier et des différents bidonvilles
de la ville de Constantine). Ce sont de anciens « recasés » dans des hangars au niveau de la
zone dite du « polygone » au sud de la ville et à Sakiet Sidi Youcef au nord de la ville, qui ont
attendus pendant plusieurs années dans ces hangars avant d’être relogés dans le grand
ensemble de Boussouf à partir de 1982.
Sur les cents logements enquêtés 29 % sont des familles composées dont 4 % sont des filles
divorcées avec un à trois enfants ; malgré que la taille des logements de type F3 ne le permet
pas. C’est le type de famille « père-mère » avec un enfant marié et ses enfants. Le reste
représente des familles nucléaires « père-mère-enfants » (famille nucléaire).

Nous avons donc, 129 familles résidant dans cent logements ,sachant que lors de l’attribution
des logements, l’Etat applique la règle, un logement /une famille. Les familles composées
représentent celles dont les enfants se sont mariés et habitent encore chez leurs parents. La
taille de la famille moyenne est de 6,7 personnes ce qui nous donne une population de 670
personnes dans les 100 logements.

Le TOL est de 6,7 personnes/logement et le TOP est de 2,23 personnes/pièce, ce qui


relativement élevé vu la surface minimale des logements.

45 % travaillent dans le secteur public (enseignement primaire et secondaire, administration).


35 % travaillent dans le privé (maçon, vendeur de fruits et légumes et commerçants). 20 %
ont un travail instable ou sont au chômage.

Il y a trois catégories de revenus, de 8 000 DA à 15 000 DA (35 %), de 15 000 DA à 25 000


DA (43 %) et de 25 000 DA à 35 000 (23 %). Cependant, il y a des revenus additionnels qui
ne sont pas déclarés et les habitants restent prudents lorsque l’on évoque la question des
revenus.

6.2. Introduction.

Il est important de se pencher sur le problème d’adaptation de l’espace du logement et des


rapports entre habitants et concepteurs dans le contexte urbain algérien qui a été le résultat de
plusieurs décennies d’urbanisme volontariste, fortement influencé par les principes du
Mouvement moderne dont l’objectif était de créer une ville moderne, fonctionnelle où
cependant, la préoccupation de l’habitat et des usagers est réduite, comme le dit si bien F. N.
Bouchanine « à la portion congrue ».

On note chez les habitants des grands ensembles, en observant leurs modes d’appropriation et
modèles d’habiter une capacité et un désir d’organiser ou de réorganiser l’espace de leur
logement en fonction de leur mode de vie, ceci étant l’expression d’une inadaptation entre les
besoins et les aspirations des habitants et le logement qui leur a été attribué et donc imposé.

La première constatation à faire est que l’habitant installé dans son nouveau logement n’agit
pas conformément aux réflexes conditionnés que devraient provoquer en lui les propositions
spatiales qui ont été conçues selon quelques fonctions simples projetées lors de la conception
du logement.

L’habitant développe des pratiques qui vont générer des « lieux ». Ces derniers peuvent être
saisis en tant que mode de vie ; le logement est ainsi investi, qualifié, approprié et nommé par
la pratique : le logement devient le réceptacle du mode de vie, d’une « quotidienneté » de la
famille habitante. C’est un espace qui subit le « marquage », tant à l’intérieur
(transformations, aménagements, mobiliers etc.), qu’à l’extérieur (à travers des actions sur la
façade et les espaces extérieurs).

Il émerge un décalage entre les projections théoriques (ou bien conceptions doctrinales) et les
pratiques habitantes qui intègrent des types culturels et de dynamiques d’appropriation
spécifiques. L’espace devient lieu de conflits et de tensions, ce qui souvent aboutit à un
détournement d’usage qui n’est que l’expression d’une volonté de la part des habitants de
pratiquer l’espace. A travers cette confrontation entre le logement-type attribué et l’utilisateur,
il est possible d’une part d’identifier un certain nombre d’espaces, de dispositifs de
distribution et les éléments architecturaux qui posent problèmes et auxquels les habitants ne
s’identifient pas, et d’autre part de connaître les réponses spatiales proposées par les
utilisateurs. Alors des questions s’imposent. Comment les habitants vivent et pratiquent
l’espace de leur logement ? Comment réagissent-ils ?

6.3. Quelques observations concernant le logement type collectif à Boussouf.

Un nombre important d’habitants est d’origine rurale, même s’il s’avère très difficile
d’obtenir une réponse exacte quant à l’origine des habitants (bien que nous sachions que lors
de leur relogement dans le grand ensemble de boussouf, 47% venaient de la medina et 53%
des différents bidonvilles de la ville).La notion de propriété chez la grande majorité des
habitants est d’une grande importance. De ce critère dépend très souvent l’entretien ou non du
logement. Les habitants ont tendance à maintenir leur propriété même si cela nécessite
d’importants moyens financiers à court ou à moyen terme.

A travers les travaux d’investigation sur terrain effectués avec les étudiants, nous avons utilisé
l’entretien direct avec les habitants pour saisir leurs impressions sur leur cadre de vie et leur
degré de satisfaction par rapport à leur logement.

A la question : « qu’est-ce qui ne vous plaît pas dans votre logement ? », les habitants, surtout
ceux qui vivaient dans des zones déshéritées (bidonvilles, Médina…) et qui étaient satisfait de
bénéficier d’un nouveau logement, trouvent cependant que la surface de leur logement est très
réduite (ceci s’exprime dans leur remarque : « il est impossible pour nous de recevoir une
personne en plus dans notre logement.) La cuisine est qualifiée de trop petite, souvent de
couloir, le couloir est étroit, les pièces sont comparées à des boites etc. Ceci est l’avis de la
quasi-totalité des familles questionnées (82%).

Très souvent, l’agencement des espaces est remis en cause comme l’emplacement du WC à
proximité de l’entrée ou de la cuisine. Ce que regrettent les habitants le plus, c’est l’absence
d’une terrasse assez vaste ou selon leur expression d’un espace qui leur permettrait d’y
pratiquer certaines activités (lavage de tapis, couverture, laine etc.). Ceci étant l’avis de
l’ensemble des familles interrogées.
Ils déplorent également l’inexistence ou l’étroitesse sinon l’insuffisance de rangements dans
le logement (en fait, même quand les rangements existent ceux-ci sont démolis et rajoutés aux
chambres, au séjour ou à la cuisine pour les agrandir). Ce qui indispose encore plus les
habitants c’est le manque d’étanchéité ou d’isolation dans leur logement qui est très froid en
hiver (ce qui augmente les factures du gaz et de l’électricité parce qu’il faut chauffer à
outrance ; 60% des familles déclarent dépenser environs le quart de leur salaire dans ces
factures), et très chaud en été imposant la climatisation.

Le problème du bruit est aussi évoqué, surtout ceux dûs aux regroupement d’adolescents qui
ont quitté tôt l’école et se rassemblent à proximité des immeubles créant des problèmes de
vandalisme et de délinquance.

6.4. Situation du logement dans le bâtiment.

On retrouve le même phénomène que dans toutes les cités et les grands ensembles,
d’intégration systématique d’activités à caractère lucratif dans les RDC des bâtiments
d’habitations.

A la question quel étage préférez-vous ?, les habitants ont montré une préférence pour le RDC
(sur 100 familles 25% dont 7,5% sont propriétaires ou en cours de le devenir), car il est
possible de reconvertir une pièce du logement en local commercial même si cela est illégal, et
de le louer à une profession libérale (cabinet médical) ; pour certains, leur préférence va vers
le RDC pour pouvoir être alimenté en eau potable (le faible débit ne permettant pas à l’eau
d’atteindre les étages supérieurs), même s’ils le trouvent bruyant, mal éclairé et manque
d’intimité (les fenêtres donnent directement sur l’extérieur). Certains habitants du RDC
affirment ne jamais ouvrir leurs fenêtres à cause de ce problème.

Certains interviewés (52%) préfèrent habiter le premier ou le deuxième étage à cause de


l’alimentation en eau et pour ne pas avoir à gravir beaucoup d’escaliers. Le reste des habitants
privilégient d’habiter au dernier étage malgré certains inconvénients (étanchéité de la toiture
etc.). La préférence du dernier étage est due à la recherche de la tranquillité de la part des
habitants.

A la question : « s’il n’y a pas d’autres alternatives, habiteriez-vous dans une tour au dixième
étage ?, la réponse était catégorique, « jamais, sauf s’il n’y a aucune autre alternative ».

6. 5. Identification des transformations dans le logement collectif type.

Malgré le fait, que le système de construction de ces ensembles d’habitation est le préfabriqué
qui est très rigide et ne permet pas autant de modifications que les utilisateurs auraient
souhaités, le plan type n’est généralement pas apprécié par les usagers qu’ils trouvent
inadapté à leur mode de vie et s’empressent de modifier souvent, dès qu’ils ont les clés en
main, et pour beaucoup avant même de s’y installer.

Les modifications faites sur les logements collectifs préfabriqués ou non, attribués par l’Etat,
constituent un phénomène courant devenu une conséquence obligée des mécanismes
d’appropriation de l’espace dans ce type de logement.

Le remodelage de l’espace par les habitants intervient soit par des transformations physiques
ou de simples transformations fonctionnelles.

La première opération de changement effectuée sur le logement est la fermeture d’éléments


architecturaux ouverts sur l’extérieur, principalement les loggias et balcons attenant soit aux
chambres à coucher, soit au séjour, souvent dans le but d’agrandir les espaces et pour
préserver l’intimité familiale et se protéger des conditions climatiques défavorables (72%).

La transformation se fait en brique ou parpaing, par la surélévation du parapet en mur percé


par une ouverture. Il arrive que la fermeture de la loggia ou du balcon se fasse avec une vitre
opaque (le plus souvent le plexiglace), doublé d’un bareaudage en fer pour des raisons de
sécurité.

Le balcon qui a été conçu dans le logement occidental comme un élément architectural jouant
le rôle d’espace intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, est considéré par la famille
algérienne comme étant un espace extérieur et donc public.

La question qui se pose est : faut-il concevoir des balcons dans le logement algérien ; si oui
quelle forme faudra t-il lui donner ?

A la question: « pensez-vous que le balcon est utile dans le logement conçu pour la famille
algérienne, si oui, pourquoi ? ». La réponse qui revenait le plus souvent est : « Oui parce
qu’une maison avec un balcon c’est moderne, comme dans la maison coloniale, à condition
que le parapet soit plein et assez haut pour préserver l’intimité, pas entièrement en fer forgé. Il
faut que le logement soit assez vaste pour que le balcon ne soit pas annexé aux pièces »
(67%).

Les 33% des familles qui restent pensent que le balcon est un espace climatiquement inadapté
et qu’il n’est pas indispensable du moment qu’il y a les fenêtres pour regarder dehors.

6.6. Détournement de l’usage de l’espace du logement.

On constate qu’en plus du remodelage de l’espace par des transformations physiques, dans
leur tentative d’adopter l’espace a leurs besoins et exigences de la vie quotidienne, les
habitants ont eu recours à de simples transformations fonctionnelles, c'est-à-dire à des
détournements de fonction des pièces, par exemple l’utilisation systématique d’une pièce
comme séjour familiale ou « bit el gaâd », la chambre la plus spacieuse est attribuée aux
enfants, aux adolescents ou enfants mariés. Les parents, en général occupent la chambre la
plus petite ; il arrive qu’ils enlèvent le lit conjugal à deux places pour le remplacer par deux
matelas, ce qui peut donner une certaine polyvalence à la chambre à coucher des parents.

Les matelas peuvent être rangés de jour et libérer de l’espace pour accueillir d’autres
fonctions (couture, étude etc.). Dans certains cas la chambre des parents occupe la pièce la
plus rapprochée de l’entrée du logement pour la simple raison que le père est le garant de la
sécurité de la maison et son gardien.

Il arrive souvent qu’un espace soit subdivisé en sous-zones ou coins attribués à différentes
fonctions ; coin de réception quand la famille est nombreuse et utilise le séjour comme espace
de vie quotidienne, coin pour étudier, pour la couture, ou que l’usage de certains espaces soit
détourné (balcons, salles de bain).

6.7. Les transformations dans le séjour.

La transformation dépend de la configuration spatiale du logement. Pour augmenter la surface


du séjour, qui a une surface dans le meilleur des cas de 18 m² environ, l’habitant démolie
éventuellement le mur séparant l’espace séjour de la loggia ou du balcon en surélevant
l’ancien garde-corps. La surface de l’espace du séjour augmente de quelques mètres carrés, et
ce bien entendu au détriment de la loggia et du balcon. Cette suppression génère une
modification, une incidence sur le statut de l’espace de séjour par rapport à l’espace qui lui est
adjacent, d’une part et son rapport à l’espace extérieur d’autre part. La transformation de
chacune des parties suppose inévitablement le déplacement des axes spatio-symboliques et
fonctionnels qui leur correspondent.

6.8. Transformations des chambres.

En général, lorsque les chambres ont un balcon, celui-ci est supprimé afin d’agrandir l’espace
et accueillir des fonctions supplémentaires. La cloison séparant la chambre et le balcon est
démolie et le parapet du balcon est construit en y ouvrant des fenêtres.

6.9. Transformations dans la cuisine

L’extension de la cuisine dont la surface ne dépasse jamais environ 10 m² se fait d’une


manière commune à tous les ensembles d’habitation par la suppression du mur qui la sépare
du séchoir adjacent, ensuite la surélévation de la balustrade du séchoir en y maintenant une
ouverture. Dans certains types de logements où la cuisine est mitoyenne avec la salle de bain,
les habitants ont supprimé celle-ci pour agrandir l’espace cuisine. Le rangement se trouvant
au niveau de la cuisine est démoli et son espace rajouté à celui de la cuisine (l’annexion de la
salle de bain à la cuisine et en même temps que celle du rangement a concerné 43% des
logements visités). La cuisine s’agrandit dans ce cas pour devenir également une espace pour
manger et pour la réunion familale.

La famille prend sa douche alors à la manière traditionnelle dans la « gasaâ » (large ustensile
traditionnel en cuivre, aujourd’hui, il est en matière plastique), ou au hammam ou douche
public du quartier.

Le fait que la cuisine constitue le cœur de la maison, un grand nombre de familles procède au
remodelage de celle-ci (67 % ont soit rajouté uniquement le séchoir à la cuisine soit le
séchoir, la sale de bain et le rangement), le reste aspire à le faire lorsque leur moyen financier
le permettra.

La femme passe la majorité de son temps dans la cuisine (une grande partie de la journée pour
les femmes au foyer, et l’après-midi pour les femmes qui travaillent), ainsi que certains
membres de la famille, surtout les filles qui aident la mère ou lui tiennent compagnie pendant
qu’elle prépare les repas. Ce qui fait de la cuisine un espace de réunion familiale même
temporaire.

6.10. Transformation de la salle d’eau (WC).

Le changement du WC à siège à l’anglaise en WC à siège à la turque est une pratique


courante dans les logements sociaux des grands ensembles pour des raisons d’hygiène et
religieuses (23% des logements) : non validité des ablutions pour la prière en cas de contact
avec un corps malpropre ou souillé. Ce remodelage est souvent à l’origine de fuites d’eau à
cause de l’inadaptation de la tuyauterie de l’ancien siège du WC au nouveau siège.

En disposant une planche sur le siège des toilettes à la turque l’habitant aménage une douche.

6.11. Transformations des espaces de rangement.

L’existence de ces espaces est fortement appréciée par les habitants mais ils sont souvent
contraints de les démolir afin d’agrandir leur espace de vie ; quand le rangement est démoli,
sa surface est rajoutée à la cuisine, au séjour ou à une chambre pour les agrandir de quelques
mètres carrées et leur permettre ainsi de recevoir d’autres fonctions.

6.12. Les opérations d’embellissement à l’intérieur du logement.


Elles se font par les réfections du carrelage en dalle de sol (7%), des persiennes ou vitrage (le
vitrage miroir est apprécié car il permet de voir sans être vu). Les murs du couloir sont revêtus
à mi hauteur de faïences à fleurs colorés ou de la mosaïque (6% des logements ont subis ce
type de transformations).

La salle de bains est revêtue de faïence bleue ou verte à mi hauteur (20% des logements). La
cuisine est souvent revêtue de faïence blanche à mi hauteur des murs (40% des logements). Le
plafond est couvert de plâtre moulé (8% des logements).

L’arc plein-cintre (parfois d’autres formes d’arcs sont utilisés) est considéré comme l’élément
architectural décoratif le plus utilisé.

Il donne forme aux portes et aux fenêtres. C’est l’unique transformation dans le logement qui
pourrait être interprétée comme étant une référence à l’architecture traditionnelle (mais
n’ayant plus la même signification).

6.13. Transformation des ouvertures du logement

Le bareaudage des fenêtres et des balcons et le blindage des portes sont devenus une pratique
courante et systématique dans toutes les formes de logements.

En l’absence d’une sécurité assurée par l’Etat et par la situation des cités d’habitation assez
retirée de la ville, les habitants se barricadent derrière des portes blindées pour échapper aux
agressions et aux vols.

Le fer a envahi toutes les façades, ce qui n’est pas certes esthétique et peut devenir dangereux
en cas d’accident domestique (incendie etc.).

Rares sont les habitants qui obturent les fenêtres, mais celles-ci sont protégées par des rideaux
opaques, soit pour préserver l’intimité de la famille du vis-à-vis, ou alors pour atténuer
l’intensité de la lumière naturelle et de l’ensoleillement en été.

Un habitant a même peint la moitié inférieure de la vitre de sa fenêtre en noir pour se protéger
des regards indiscrets.

Pour l’architecte, la façade constitue l’un des lieux privilégiés d’expression sur le plan de
l’usage et forme un filtre entre l’extérieur et l’intérieur. C’est à travers la façade que
s’exprime l’indentification sociale des habitants. C’est à travers cette paroi que l’on peut saisir
l’expression de l’espace intérieur, les manifestations de l’habiter. Elle est rationnelle et sa
modénature, celle des bâtiments des grands ensembles, est monotone à cause de la répétitivité
d’une même type de fenêtres et balcons. Elle est habillée de fer forgé, ce qui accentue sa
monotonie et son aspect inesthétique. Le linge aux fenêtres, couvertures et même matelas
témoigne de l’inexistence d’espaces adéquats pour le lavage et l’étendage du linge. 17 % des
familles déclarent avoir habité la vieille ville dans une maison à cour, donc introvertie, et 11
% avoir habité dans un logement de première génération dans une zone rurale. Comme déjà
évoqué plus haut les habitants relogés à Boussouf viennent dans leur ensemble des bidonvilles
et de la médina de Constantine. Les habitants disent rarement la vérité sur leurs origines.

Le logement de la cité d’habitation est totalement extraverti et ainsi aucun espace équivalent à
la cour ou pouvant avoir son rôle (terrasse) n’est prévu pour préserver ce qui fait partie des
activités cachées des habitants ; il apparaît chez les habitants un certain regret de la cour,
malgré ses inconvénients. Une vieille femme s’est exclamée : « Si on avait une terrasse sur le
toit ou en prolongation de la cuisine ou de la salle de bain on étendra pas notre linge aux
fenêtres ; en hiver, nous étendons notre linge sur les portes, sur un fil dans le couloir et en été
sur les clôtures des écoles pour les couvertures, les tapis etc…même le couscous se fait sécher
maintenant dehors ».

L’appropriation de la façade reflète le conflit opposant les espaces et les usages des habitants
et la volonté et la ténacité de ces dernier à perpétuer leur pratiques quelque soit les obstacles
rencontrés.

6.14. L’environnement des bâtiments.

En ce qui concerne l’environnement, il n’a fait l’objet d’aucune attention de la part des
concepteurs du projet ; des voies de circulations ont été tracées selon le chemin de la grue ou
du bulldozer ; l’organisation des bâtiments est inexistante et ceux-ci sont dispersés par hasard.

Les espaces entre les bâtiments ne sont pas aménagés et on y trouve rarement un arbre planté.
La totalité des habitants s’accordent à dire qu’ils sont insatisfaits de leur environnement ;
boue, rongeurs, chiens et chats errants, moustiques, ordures, égouts éclatés etc. Une habitante
c’est même écriée : « On ose plus ouvrir les fenêtres à cause des odeurs, ou même regarder à
travers car il n’y a rien à voir ! ».

Quant aux équipements d’accompagnement du logement, ils sont presque inexistants, seuls le
collège et l’école primaire sont présents comme partout ailleurs dans toutes les cités
d’habitation. Concernant les loisirs, aucun espace n’a été prévu.

A la question « où faites-vous vos courses ? » Les habitants disent être toujours dépendants du
centre-ville pour la quasi-totalité des denrées.

Ils se déplacent en ville également pour l’établissement de documents officiels etc.

Bien que ces cités d’habitation aient été construites depuis le début des années 1980, elles
n’ont connu depuis, aucune amélioration, les espaces extérieurs sont toujours des terrains
vagues occupés pour la plupart par des marchands informels.
Un nombre important de familles habitant au rez-de-chaussée se sont appropriées les espaces
au tours de leur logement en les clôturant et en les aménageant généralement en jardins avec
une partie pavée, on y dispose également un réservoir d’eau. Un habitant a percé une porte
ouvrant de la cuisine sur le jardin. Dans ce cas cet espace devient une sorte de cours jardin,
une prolongation de la cuisine ; on y étale le linge, couvertures, tapis…etc. Il constitue aussi
un jardin potager ; les arbres plantés sont généralement des arbres fruitiers. Parfois rosiers,
jasmins sont également plantés. La clôture est en grillage. Les plantes grimpantes forment un
écran opaque préservant du regard des passants. On se protége des voisins du dessus par des
auvents et des pergolas aménagées.

Ce type de transformations est une façon pour les habitants de marquer leur territoire, de créer
un élément filtre entre l’espace strictement public et l’espace strictement privé.

6. 15. Détournement de l’espace du logement pour une activité lucrative.

On remarque à travers tous les grands ensembles d’habitation, un phénomène commun


d’intégration d’activités à caractère lucratif du rez-de-chaussée, pour les commerces de
première nécessité ; alimentations générale, pharmacies, bureaux d’études pour architectes et
expertises, salons de coiffures pour femmes et cabinet médicaux.

De plus, les vides sanitaires ont été réaménagés en dépôts pour le stockage de la marchandise
en faisant des modifications touchant la structure du bâtiment.

Ce phénomène concerne surtout les édifices ayant accès sur une voie mécanique. Il exprime la
volonté des familles de progresser socialement. Ceci permet aux familles d’améliorer leur
niveau de vie et de quitter plus tard le grand ensemble pour un lotissement de préférence, ou
un logement plus vaste situé dans un quartier mieux quotté.

6.16. Conclusion de l’investigation menée dans l’échantillon choisi.

Ce qui retient avant tout l’attention dans cette quête d’adaptation des habitants au mode de vie
et aux usages, c’est la ténacité, la volonté de modeler leur espace « envers et contre tout
».L’exemple le plus illustrant du conflit qui oppose les utilisateurs à leur cadre de vie
quotidienne, est celui des habitants qui ont entamé des murs en béton armé d’une treillis
soudée en fer, pour agrandir un espace, mettant en péril le bâtiment entier (parce qu’il y a
risque de déstabilisation de la structure porteuse de l’édifice). Dans le cas des logements
sociaux des grands ensembles d’habitation, le modelage de l’espace se fait par réaction des
utilisateurs face à un modèle de logement qui leur a été imposé ; les transformations
effectuées dans le logement, qu’ils trouvent inadapté, soit après avoir vécu et fait l’expérience
des malfaçons soit à priori, c'est-à-dire avant d’y avoir vécu ; sont la destruction ou au
contraire l’élévation de murs, remodelage d’équipements sanitaires ou à la suppression
d’espaces de rangement….etc.
Cependant il peut s’agir comme nous l’avons vu au cours de l’investigation de simples
transformations fonctionnelles, lorsque les transformations physiques sont difficiles ou
impossibles à réaliser (c’est le cas des logements préfabriqués), ou hors des moyens des
habitants.

Il s’agit bien de phénomènes collectifs et non de faits isolés individuels ; ce qui est d’ailleurs
perceptible de l’extérieur en parcourant toutes les zones de grands ensembles d’habitations, à
travers les façades remodelées par le fer forgé, fermeture de séchoirs et de balcons, les jardins
improvisés…etc. Ce ci devrait constituer matière à réfléchir aux concepteurs de l’habitat.

6. 17. Analyse des pratiques et usages de l’espace.

Dans cette partie nous essaierons de nous intéresser à l’interprétation de pratiques et usages
qui touchent au mode d’utilisation des espaces et qui sont susceptibles d’amener les
utilisateurs à effectuer des transformations et des détournements d’usage.

(Nous ne reviendrons pas sur les aspects déjà évoqués dans les constatations et réponses
données par le interviewés.)

La surface habitable du logement est exigue et le mode d’appropriation de l’espace est


multifonctionnel. Il n y a généralement pas de distinction entre l’espace jour et l’espace nuit.
Les chambres sont aménagées en fonction des besoins durant la journée ; elles sont
transformées soit en lieu pour la consommation des repas, en séjour l’après midi, en lieu de
réunion familiale le soir et pour y dormir pour certains membres de la famille.

On constate que les espaces garantissant les fonctions minimales exigées par la vie familiale
existent quasi systématiquement dans le logement : cuisine, séjour, chambre à coucher, WC,
salle de bain.

7. L’espace habité

7. 1. La cuisine :

C’est l’espace du logement qui a fait l’objet du plus grand nombre d’insatisfactions et de
mécontentements.

En effet dans tous les grands ensembles d’habitation la cuisine pose problème surtout a cause
de sa surface réduite et son inadaptation aux pratiques culinaires algériennes surtout celles à
caractère traditionnelles. Les cuisines proposées par les plans-types sont en fait conçues pour
être équipées d’une cuisinière, réfrigérateur, un évier, une table de travail n’excédant pas une
largeur de 60 cm. Ce qui pousse les habitants à une organisation rationnelle de la cuisine.

Les personnes interrogées à propos de ce qui les dérangent, répondent qu’en plus du fait
qu’elle soit petite, elle n’est pas pratique, c’est plutôt un couloir de circulation puisqu’elle
comporte deux portes, celle pour y accéder et celle donnant sur le séchoir. Elle est en général
plus longue que large et la forme allongée de la cuisine oblige la personne qui travaille à
rester toujours debout, alors que dans le mode algérien, la préparation et même la cuisson se
fait en position assise, ce qui est moins fatigant. Une vieille déclare : « m’imaginez-vous en

train de cuire la galette, la crêpe ou la mehdjouba debout ? Peut être que pour les jeunes, leurs
genoux résisteront longtemps…car ça prend du temps pour faire de la galette… ».

De plus, la cuisine est l’espace où la femme passe le plus de temps (6 à 7 heures par jour en
moyenne). C’est le cas et de la femme qui travaille et celle qui reste au foyer. La femme qui

Travaille, dès son arrivée chez elle, en général dans l’après midi occupe la cuisine jusque tard
dans la nuit. La taille réduite de la cuisine ne permet pas aux autres membres de la famille de
tenir compagnie à la maman pendant la préparation des repas. Dans le type d’habitat où la
cuisine est assez large, elle constitue un lieu de rassemblement de la famille.

La cuisine est considérée comme étant le cœur de la maison, un espace de sociabilité. Une
fois le séchoir rajouté, cela permet de gagner quelques mètres carrés dans la cuisine. Le coin
de cuisson est souvent transféré dans l’espace de l’ancien séchoir où une armoire est installée
pour le rangement d’ustensiles et des provisions qui sont à la base de la tradition culinaire
algérienne (semoule, couscous, et différentes formes de pâtes faites maison).

La table de travail ou la paillasse étant réduite en surface, elle sert pour ranger la vaisselle
d’usage quotidien, ce qui oblige à transférer le lieu de préparation des aliments sur une table
ou en formica qui devient un plan de travail utile, aussi bien que pour cet usage que pour
d’autres fonctions, études, couture etc.

La « tabuna » est rangée sous la paillasse ou l’armoire à vaisselle et qui est utilisée pour la
cuisson de certains aliments (galette etc.). Une petite table basse ronde appelée « meïda » est
utilisée pour préparer la cuisson ou pour manger en disposant dessus un ustensile de cuivre
appelé « sinia » dans laquelle le couvert est mis. Tous deux (la meïda et la tabouna) sont
légers et facilement transportables, ce qui autorise d’autres fonctions ou donnent de la
multifonctionnalité à l’espace de la cuisine.

La contiguïté de la cuisine avec les toilettes n’est pas beaucoup appréciée par les habitants
pour des raisons d’hygiène. Pour la famille algérienne la cuisine est un espace propre
puisqu’on prépare et on y mange les repas, alors que le wc est considéré comme espace sale et
intime. Malgré l’extension de la cuisine par le rajout du séchoir celle-ci n’est pas utilisée pour
la consommation de tous les repas qui se fait soit dans le séjour (le cas des F3) où celui-ci est
utilisé en même temps pour recevoir et pour la vie familiale, ou dans la chambre appelée « bit
el gaâd », ou dans une chambre à coucher qui, de jour accueille d’autres fonctions. Il arrive
que le linge soit lavé dans la cuisine dans une position assise, dans un ustensile en cuivre ou
en plastique (gasaâ) soit ce dernier est placée dans l’évier et la lessive se fait debout quand
l’espace ne le permet pas.

En résumé, d’après les observations des pratiques et des usages de la cuisine et les
constatations faites par les habitants, celle-ci reste l’espace central de la maison par sa
multifonctionnalité et du fait que la maman y passe beaucoup de son temps.

La cuisine devient un espace de forte sociabilité mère et fille ou belle fille.

La cuisine étroite ne permet pas de travailler à plusieurs. Il a été observé que les cuisines qui
se rapprochent de la forme carrée sont réellement investies quand la surface s’y prête, par
rapport à celles qui sont de forme étroite et allongée. Dans ce dernier cas, la préparation
culinaire est transférée dans un autre espace, séjour, chambre hall ou couloir.

La cuisine peut passer d’un espace « caché » parce qu’elle est désordonnée à un moment de la
journée à un espace « montré » ; électroménager, éléments de cuisine pour le rangement,
faïence etc, augmentent la valeur connotative du lieu et le font passer d’un lieu privé à un lieu
semi-public ; une fois rangée, nettoyée, on montre sa cuisine au visiteur.

7.2. Le séjour.

Le séjour est la pièce la plus spacieuse du logement (18 m² environ). Il est par excellence
l’espace de représentation et de réception. Outre cette fonction première du séjour, il peut être
polyvalent et le lieu de regroupement familial face à la télévision, le lieu de consommation
des repas, de travail manuel pour les femmes (couture, tricot, broderie etc.) et même un
espace pour dormir pour les familles nombreuses. Dans ce cas le séjour change
d’aménagement de nuit.

Le séjour est subdivisé en sous-espaces pour permettre des fonctions différentes. Ainsi, la
zone destinée à recevoir le jour (banquettes, sofas, etc.) est utilisée pour dormir la nuit. Une
seule zone qui concerne une activité inchangée est la zone d’ « exposition » ; il y a la
télévision, les plateaux de cuivre, les vases de fleurs etc. et différents bibelots. Ce sous-espace
est relié diagonalement à la porte d’entrée de sorte à ce que toute personne traversant le
couloir ou le hall puisse le voir (68 % de l’échantillon utilisent le séjour de manière
polyvalente).
Chez les familles moins nombreuses le séjour devient juste un espace de représentation. Il est
rangé et fermé jusqu’à l’arrivée d’un invité. Il est le lieu d’affichage, de représentation du
statut social de la famille.

Toutes les variantes de cet espace renvoient à des modes d’appropriations et de significations
particuliers de cette partie du logement dont on a essayé de saisir le contenu en essayant
d’analyser le type d’aménagement, le mobilier, le décor etc. utilisés par les habitants. Ce qui
interpelle, c’est l’existence d’éléments relevant de la tradition et d’autres dits « modernes »
dans le séjour. Le fait de disposer d’un coin de réception à caractère traditionnel (tapis,
matelas à même le sol, ou banquette en bois avec matelas) et un autre moderne (sofa, fauteuil
etc.), est une pratique courante chez de nombreuses familles algériennes (35% de
l’échantillon). Il a été également constaté l’existence d’un coin équipé d’une table et de
chaises qui est supposé être un sous-espace pour la consommation des repas et qui est
rarement utilisé, vu que la fonction manger se déroule la plupart du temps à la manière
traditionnelle autour de la « meïda ». C’est la pièce la plus et la mieux meublée de
l’appartement. Elle comporte une « bibliothèque » qui est un mobilier très fréquent (la totalité
des logements visités sont équipés d’une bibliothèque). Tout comme le coin d’exposition, il
occupe souvent un emplacement stratégique dans le séjour. On y trouve des bibelots, de
services de vaisselle, celle qu’on utilise les jours d’exception (aïd, fêtes…), cadres et photos
de famille. Dans les intérieurs d’intellectuels, il y a en plus des livres. La bibliothèque est en
faite un mobilier vitrine dont la fonction est la représentation ; il réfléchit la réussite sociale et
l’aisance matérielle et véhicule des significations ; on y trouve exposé le livre du Coran bien
relié et mis en évidence. Il est censé éloigner le malheur, le mauvais œil et protéger la maison
des forces du mal et on le retrouve pratiquement dans tous les foyers. La qualité du bois avec
lequel la bibliothèque est fabriquée est aussi importante que son contenu ; celui-ci peut varier
selon les moyens des habitants. La bibliothèque est également sculptée différemment selon un
style local (berbère) ou selon des modèles occidentaux.

Un tapis est généralement étendu sur le sol. Quand il fait chaud il est enroulé et rangé. Ainsi,
le séjour est l’espace le plus important du logement ; il est l’espace de représentation, celui à
travers lequel on affiche son statut social et qu’on s’évertue à décorer

7.3. Les chambres.

Les chambres sont généralement exiguës et n’excèdent pas les 12 m². Elles donnent
l’impression d’espaces qui accueilleront difficilement d’autres fonctions.

7.3.1. La chambre des parents.

Elle revêt une signification toute particulière ; c’est l’espace qui abrite toutes les valeurs ;
l’intimité des parents d’abord, les discussions importantes, les objets de valeurs (documents
importants, argent, bijoux etc.). Elle comporte un lit à deux, une armoire, une coiffeuse et
deux tables de nuit. Le dessus de l’armoire est utilisé pour ranger valises, corbeilles à
chaussures neuves, bibelots en cuivre etc.

Le lit des parents est couvert par une parure de drap brodé et met en valeur le lit conjugal. Le
dessous du lit sert à ranger des affaires. Derrière la porte sont généralement rangés des
oreillers. Les objets qui sont déposés dans la chambre, lampe de chevet, photos de mariage
etc. participe à la création d’une ambiance d’intimité. Elle se distingue des autres chambres
par les tabous qui la caractérisent. Il est possible de trouver une télévision, une radio et une
alarme. Généralement elle est fermée durant le jour et n’est utilisée que pour faire la prière, la
sieste ou faire dormir un enfant en bas âge. Il arrive que la chambre à coucher soit ouverte et
montrée, et dans ce cas là elle devient un éspace de représentation. Chez les familles très
nombreuses, le lit conjugal laisse place à des banquettes ou à des matelas posés à même le sol
pour accueillir d’autres fonctions.

7.3.2. La chambre courante.

C’est elle qui peut être « bit el gaâd », où tous les membres de la famille peuvent y accéder
pour étudier, écouter la musique, regarder la télévision, on y mange, on y dort ; elle est par
excellence multifonctionnelle. C’est un peu l’espace à tout faire. Elle est aménagée par des
banquettes ou des matelas posés à même le sol que l’on peut empiler pendant le jour dans un
coin afin de dégager une surface suffisante pour accueillir d’autres fonctions. On y prépare les
gâteaux pour les différentes occasions ; on y roule le couscous et on l’y fait sécher etc.

C’est généralement celle qui ne reste jamais rangée longtemps, elle est souvent désordonnée
et fait partie des espaces cachés que l’on ne montre qu’aux intimes.

Dans le cas où le logement comprend plus d’un ménage, elle est attribuée au fils marié et
acquière le même statut que celle des parents ; dans ce cas elle reste fermée. Elle est le
domaine exclusif du couple et de ses enfants.

8. Les pratiques de l’espace

8.1. Consommation des repas

Cette activité a été déjà évoquée dans l’analyse de l’espace cuisine, mais cela n’empêche pas
de rajouter plus d’éclaircissements concernant cette pratique.
Les repas ne se prennent plus avec tous les membres de la famille réunie ; ce qui a pour cause
d’une part l’accès au travail des membres de la famille (le père ou la mère et les enfants) et
d’autre part à la scolarisation des enfants.

La consommation du déjeuner dépend des horaires de sortie du travail du père, de la mère


quant celle-ci travaille, des enfants de l’école etc. On peut manger à la maison mais pas tous
ensemble.

Le petit-déjeuner est pris selon les horaires de départ au travail, à l’école etc.

Le moment où tous les membres de la famille sont ensemble c’est le soir ; généralement, les
enfants mangent ensemble avec la maman, le père est servi seul.

Ce qui semble favoriser le regroupement de la famille autour des repas, c’est la présence de la
télévision dans la pièce où les repas sont consommés ; soit « bit el gaâd » ou le séjour. Il faut
remarquer que le regroupement de la famille autour des repas est plus possible quand la
famille est réduite.

8. 2. Recevoir.

Recevoir des proches et les amis est une pratique qui fait partie du modèle culturel algérien.
L’usage veut que ce soit fait de la meilleure manière qui soit. L’étroitesse du logement ne
permet plus de recevoir de la même manière que traditionnellement. Les familles recevaient
plusieurs personnes à la fois et ceci pendant plusieurs jours, à l’occasion des fêtes, mariages,
circoncisions, aïds, naissances, décès etc, ou simple visite de courtoisie.

Aujourd’hui, il est rare qu’un invité passe même une nuit chez un proche habitant un
logement du grand ensemble faute d’espace adéquat. Il y a donc une transformation d’un
modèle culturel par le biais de l’espace du logement qui a contribué à raréfier les visites et à
modifier la manière de recevoir.

8.3. Dormir.

Dans la majorité des logements qui ont été visités (75 %), il n’existe pas de chambres
d’enfants ; ils dorment un peu partout, dans l’une ou l’autre des pièces. Les enfants en bas
âges dorment généralement avec les parents dans leur chambre. A partir d’un certain âge, les
enfants dorment dans des espaces séparés. Quand il y a dans la famille un garçon adulte, en
âge de se marier, on lui attribue, quand cela est possible, une chambre personnelle qui porte
son nom d’ailleurs. Alors que ce n’est pas le cas pour la fille, à moins que le nombre de
chambres soit suffisant dans le logement. Le garçon est l’héritier et le garant de la
reproduction du nom familial, alors que la fille est censée partir, se marier.
8.4. Se laver.

Sur l’ensemble des personnes interrogées 30 % vont au hammam ou aux douches publiques, à
cause de l’impossibilité de prendre leur bain à la maison. La baignoire est utilisée pour stoker
l’eau. On reçoit l’eau dans les robinets une fois tous les trois ou quatre jours (et même parfois
plus). Le problème de stockage de l’eau a une répercussion très contraignante sur l’espace,
les bouteilles, les juricans, les bidons de toutes tailles sont disposés dans la salle de bain et la
cuisine, ce qui réduit encore davantage l’espace de vie.

Cependant, 35 % des logements ont un réservoir d’eau placé dans le séchoir ou sur le toit pour
les étages supérieurs. Concernant les RDC, les réservoirs sont disposés dans le jardin-cour
aménagé autour du logement. Un certain nombre de personnes interrogées disent prendre leur
douche dans une « gasaâ », à la manière traditionnelle, parce qu’aller au hammam coûte cher
(plus de 100 Da par personne).

Cependant, concernant cette question qui relève de l’hygiène nous avons un doute quant à la
véracité des informations qui nous ont été fournies parce que cela relève du domaine privé.

8. 5. La lessive.

Le lavage du linge se fait généralement dans la salle de bain, dans la cuisine ou le séchoir.
Elle se fait soit à la main, dans une « gasaâ » quand la famille ne dispose pas de machine à
laver (dans l’échantillon analysé seules 25 % ne dispose pas de machine à laver le linge)

Une partie des familles a pu acquérir une machine à laver par facilité de payement auprès
d’organismes publics ou privés. Ce n’est pas tout le linge qui est lavé en machine. On préfère
le laver à la main de peur de le voir rétrécir ou que la couleur vire ou ternisse. Le séchage se
fait sur des cordes tendues dans le séchoir, ou alors aux fenêtres, même sur les portes ou dans
les couloirs..

Le nettoyage du gros linge comme tapis, les couvertures etc. se fait généralement en été. Il
n’existe pas d’espace approprié pour cette pratique ; certaines familles le font dans les cages
d’escalier, sur les paliers d’étages ou dans la baignoire de la salle de bain et même dans le
hall. Cette situation est contraignante vu ce que cela peut engendrer comme désagrément et
particulièrement l’infiltration des eaux à travers les planchers et la dégradation des plafonds et
même de la structure porteuse de l’édifice.

Le séchage se fait sur les bordures de balcons, fenêtres et même sur les clôtures d’espace
publics.
C’est la crainte de voir la terrasse et la buanderie squattée, comme cela a été le cas dans les
habitations du type colonial, qui aurait poussé les concepteurs à ne plus prévoir de terrasses
accessibles avec buanderie dans leur conception des bâtiments d’habitation.

Un autre argument pour l’absence d’un tel espace, c’est la mésentente qui peut survenir entre
les différents locataires (consommation abusive de l’eau, occupation abusive par certains
voisins, bruit engendré par les enfants etc.).

Pourtant, prévoir une terrasse en toiture pourrait résoudre beaucoup de problèmes et jouer le
rôle de la cour.

8. 6. Le ménage.

La pratique du ménage relève des modèles culturels et est l’une des activités des plus
importantes parmi les activités ménagères. Le nettoyage de la maison se fait quotidiennement.
Dès le matin les femmes s’affairent à dépoussiérer les meubles, portes, fenêtres, tapis,
matelas, coussins etc. Tables et chaises sont enlevées complètement afin de dégager le sol et
le nettoyer avec de l’eau javellisée. Les fenêtres et portes du logement sont ouverts pour aérer.

Les habitants se trouvent confrontés à l’exiguïté des espaces, qui ne leur permettent pas de
déplacer les objets ou meubles pour le nettoyage ; aussi, utilisent-ils le palier pour y déposer
certains objets et meubles, pour procéder au nettoyage de la maison. Les matelas ou tapis sont
soit entassés sur les banquettes ou lits ou sur les rebords des fenêtres.

L’habitude des habitants de nettoyer quotidiennement l’espace habité à l’eau n’est pas sans
causer des dégradations sur le bâti telles que le détachement du carrelage, de la faïence ; car
deux à trois fois, voir quatre fois par an, l’espace habité est nettoyé de fond en comble (murs,
plafonds, portes, fenêtres etc.). Les joints ne sont pas étanches à l’eau et les matériaux ne sont
pas adaptés aux pratiques ménagères.

En résumé, il apparaît qu’il est primordial que des espaces de renvoi soient prévus dans la
conception des logements afin que les activités ménagères encombrantes ou lourdes (lavage
de tapis, couvertures etc.) puissent s’y dérouler sans causer de désagréments, sinon une
terrasse accessible en toiture avec buanderie ou bacs pour le lavage à grande eau. Pour cela il
faut prévoir une bonne étanchéité.

Ces remarques sont toutes issues des entretiens avec les habitants ainsi que des observations
faites et de la connaissance que nous en avions, vérifiées par l’enquête.

8. 7. Les relations de voisinage.


A la question « confierez-vous les clés de votre maison à l’un de vos voisins en sortant afin
que vos enfants en rentrant de l’école puissent les récupérer et rentre chez vous ? » Seuls 13
% des familles ont répondu par l’affirmatif.

Cette question posée aux habitants pour tester le type de relations entre voisins, ne reflète pas
vraiment le degré de confiance accordé aux voisins ; il existe une certaine contradiction ;
quand survient un événement heureux (fêtes) ou malheureux (décès), on ouvre son logement
au voisin pour accueillir les invités ou les visiteurs tout le temps que dure l’événement.

Ceci est la démonstration de la grande solidarité qui existe entre voisins qui vivent
l’événement comme une grande famille.

Un grand sentiment d’insécurité et de méfiance est né chez les gens durant la dernière
décennie, appelée aussi décennie noire à cause du terrorisme. C’est sans doute la raison qui
pousse les gens à être méfiants.

A la question « lors d’une fête inviteriez-vous vos voisins ? », la quasi-totalité a répondu par
l’affirmatif. En plus, selon les constatations faites sur le terrain, et confirmées par les
habitants, les voisins sortent sur le pas de leur porte pour bavarder, s’invitent informellement
pour prendre un café. Une voisine nous a confiée qu’elle gardait la petite fille de sa voisine
pour qu’elle puisse se rendre en ville faire ses courses.

Tout ceci démontre l’existence d’un degré important de sociabilité et une forme de
convivialité entre voisins ; Cependant, cela n’exclue pas un certain nombre de conflits à
propos des disputes d’enfants ou des problèmes relatifs au bruit, d’infiltration des eaux,
l’étalage du linge, commérage etc.

La presque totalité des familles souhaiterait aller vivre dans un logement individuel si elle le
pouvait(96%).

8. 8. Entretien de la cage d’escalier.

Ce qui suscite un grand étonnement c’est l’habitude quasi obsessionnelle chez les habitants de
maintenir un intérieur impeccable, propre et ordonné et de laisser l’espace juste au-delà de son
seuil dans un état de saleté (ordures, boue…) et parfois de dégradation avancée (vitres
cassées, fils électriques dénudés, les nez de marches cassés…).

L’habitant ne considère pas l’escalier, le hall d’entrée et le palier comme faisant partie de son
espace privé, comme un élément de son habitat. Ces espaces sont en fait salis et donc qualifiés
par un signe (la saleté) qu’ils rejettent cependant dans leur intérieur.

Autrefois, des femmes de ménage étaient chargées par les services de la maintenance pour
nettoyer les cages d’escalier dans toutes les cités d’habitation. Aujourd’hui, cette fonction
n’est plus assurée, et les habitants ne se sentent pas concernés par l’état des parties communes
de leur habitation. Cependant, dans certains bâtiments les habitants se sont organisés et
emploient une femme de ménage pour l’entretien de la cage d’escalier et cotisent pour
effectuer de menus travaux. L’impression qui se dégage est que la territorialité pour les
habitants dans les cités des grands ensembles s’arrête au pas de la porte et le reste relève du
domaine public.

8. 9. . La symbolique dans l’espace habité.

L’architecture ignore les rites et les pratiques liées aux croyances et les superstitions. Dès
l’occupation du logement, les habitants chargent la maison du seuil, aux portes, aux murs de
signes et objets destinés à protéger la maison et ceux qui y résident des forces du mal.

Ainsi, sur la porte, la main de « lala fatma », le fer à cheval sont censés protéger du « mauvais
œil ». A l’entrée, souvent dans le couloir ou dans le hall, ou la chambre où dorment les
enfants, une inscription du coran « Ayat El Koursi » » et « El Mouaouidataïns » sont affichées
sur les murs et ont également pour fonction de protéger du mauvais œil et du mauvais sort et
favorisent la prospérité de la famille. L’exposition du livre du coran dans le séjour, dans la
bibliothèque a le même objectif d’afficher sa croyance.

« Le signe et le symbole ne se limitent pas à leur rôle protecteur, ils participent avec
l’ensemble des objets et des décorations du logement à la connotation idéologique de l’espace
approprié par les habitants. Il est une composante du discours multidimensionnel de l’ «
habiter », une partie de l’idéologie de l’habitat » (62).

8. 10. Conclusion.

Contrairement à ce qui a été affirmé dans les théories fonctionnalistes du Mouvement


Moderne, ce qui est important, ce ne sont pas les activités que nous accomplissons en tant
qu’abstraction ou pratiques universelles, mais ce sont les manières avec lesquelles ces
activités sont réalisées qui sont propre à une culture et à un groupe social donné.

Cuisiner n’est pas un acte universel ; on ne cuisine pas de la même manière au Japon, en
Angleterre ou au Maghreb. On ne consomme pas non plus nos repas, ni ne dormons de la
même manière. Ce qui importe donc, dans l’espace habité, ce n’est pas tant la satisfaction de
quelques besoins simples que la manière, la symbolique et la forme avec lesquelles ces
pratiques qualifient l’espace du logement.

Il est donc évident que les modes de vie et les modèles culturels ne sont pas universels,
comme l’est encore moins la manière dont ils marquent l’espace. Les décideurs
(spécialistes…) ont procédé d’une action consciente ou inconsciente à une transformation
sociale par l’intermédiaire du logement social des grands ensemble d’habitation, qui a été
conçu pour un modèle culturel occidental, et selon la logique normative des plans-types qui
consiste à satisfaire à des besoins-types.

Cependant, la transformation ne s’est pas opérée dans un sens positif, mais plutôt dans le sens
de déculturation, comme c’est le cas de la réception des proches qui s’est limitée faute
d’espace adéquat, et du sacrifice du mouton (63) que plusieurs familles ne pratiquaient plus
parce que leur logement ne s’y apprêtait pas, et se contenter d’acheter de la viande chez le
boucher pour fêter l’aïd el-Kébir.

L’appropriation des logements acquis, est une indication des efforts consentis par les habitants
afin de parvenir à l’adéquation du logement et des modèles d’habiter. L’habitant ne s’adapte
obligatoirement pas à un espace qui n’a pas été prévu pour lui « pour certains, tous les lieux
sont simplement des espaces où ils vivent, tandis que pour d’autres, vivre c’est un processus
de transformation d’espace en lieu » (64).

Les transformations exécutées au sein du logement ne visent pas une restructuration complète
du logement, mais elles constituent un moyen individuel pour les habitants de préserver et de
garder la maîtrise de leur mode de vie.

Les transformations sont de deux types : les transformations fonctionnelles simples qui ne
sont pas matérialisées dans l’espace, mais qui néanmoins ont une signification importante.

Si à priori, ces transformations ne sont pas perceptibles, elles le deviennent par une
observation attentive.

Le second type de modifications sont contrairement aux premières, matérielles, concrètes,


physiques. Elles retiennent plus l’attention parce qu’elles sont l’expression d’un remodelage
de l’espace par rejet d’un modèle de logement qui a été imposé aux habitants. Ces
modifications peuvent être importantes ou par contre être moins importantes parce qu’elles
peuvent être impossibles (rigidité du système constructif), ou difficiles à effectuer, ou trop
coûteuses pour les habitants.

Ce qui pousse les habitants à effectuer des modifications dans leur logement n’est pas dû
fondamentalement au surpeuplement de celui-ci. Le même taux d’occupation du logement est
de 6,7 % personnes/logement, ce qui est important, mais surtout le mode d’occupation qui se
caractérise par la polyvalence des espaces chez un nombre important de familles, 68 % des
familles et le reste qui n’occupent pas le séjour au quotidien.

Il est évident que les habitants ont opérés des modifications dans le but d’augmenter la surface
du logement afin que tous les occupants puissent y vivre à l’aise, mais aussi afin de les
adapter à leur manière de vivre.

Cette dernière option traduit aussi explicitement que possible le désir des habitants de
perpétuer les pratiques qui relèvent de leur culture, de leur identité, de leurs traditions tout en
progressant et en accédant à la modernité.
Ces aspects expriment non seulement le désir de juxtaposer côte à côte les éléments témoins
du passé, en relation étroite avec ses racines, et d’autres témoins du présent et traduit en
même temps la volonté de vouloir progresser tout en restant rattaché à son passé. On note un
métissage, une sorte d’osmose entre deux modèles de représentation.

La recherche de l’identité culturelle reste très sensible en Algérie et ses manifestations


alimentent le quotidien.

Références.

(40) Segaud Marion, Brun Jacques, Driant Jacques, op. cit., p. 27.

(41) Segaud Marion, Brun Jacques, Driant Jacques, « op. cit., p. 27.

(42) in Queffelec Christian, « La conception du logement aujourd’hui », Ministère de


l’équipement, Paris, 2002, p. 102

(43) in Queffelec Christian, « La conception du logement aujourd’hui », op. cit., p.102.

(44) Queffelec Christian, « La conception du logement aujourd’hui », op. cit.

(45) Weiller Danièle, « La cité des mots »,op. cit., p. 67.

(46) Henri Lefebvre, « Du rural à l'urbain », Anthropos, Paris, 1970, p. 173.

(47) Le Corbusier, « Almanach d’architecture moderne », Crès, Paris, 1925, Connivences,


paris, 1989.

(48) Le Corbusier, Conférence à la Reale Accademia d'Italia, Rome, 1936, archives FLC.

(49) Haumont Nicole, « Appropriation de l’espace libre dans l’habitat, extrait de : les besoins
fonctionnels de l’homme, Saint-Remy-les-chevreuses : RAUC, 1968.

(50) H. Raymond, « Quelques aspects théoriques et pratiques de l’appropriation de l’espace »,


in Appropriation de l’espace, actes de la conférence de Strasbourg, éditeur scientifique ; O.
Korosec-Sarfaty, Strasbourg, 1978.

(51) Nicole Haumont, « Habitat et modèles culturels », in Revue de Sociologie, IX, 1968, pp.
180-190.

(52) cité dans Danièle Weiller, « La cité des mots », PUCA, Paris, juin 2000, p. 67.

(53) Danièle Weiller, « La cité des mots », PUCA, Paris, juin 2000, pp. 67-68.

(54) F.Soler et Archiplus, « entre loger et habiter », in l’architecture d’aujourd’hui, n° 225


février 1983.

(55) F.Soler et Archiplus, op. cit


(56) G. Querrien, « Livre d’or de l’habitat », Anthopos, Paris, 1990, p.167.

(57) Druenne D., Leblois O., Moreau J.C ; Depaule J. CH., « Habitat et modèles culturels »,
AMC, N° 23, Oct 1974, p. 34.

(58) Nicole Haumont, « les pratiques d’appropriation du logement, pp. 227-235.

(59) Tahar Djaout, « Architecte : l’homme invisible », in HTM, Habitat, Tradition et


Modernité, Algérie 90 ou l’Algérie en attente, revue d’architecture et d’urbanisme, N°1
octobre 1993, p. 81.

(60) Navez Nouchanine, « Logique des concepteurs et compétence des habitants », in


Architecture et Comportement, numéro spécial : « modèles d’habiter au Maghreb », vol.10,
N° 231-336, EPFL, Lausanne, 1974, p. 240.

(61) Nicole Haumont, « les pratiques d’appropriation du logement, pp. 227-235.

(62) Moncef Benslimane, « Conception et usage du logement public à Tunis », Architecture et


comportement, numéro sécial, Modèles d’habiter au Maghreb, vo. 10, 1990, Lausanne, p. 289.

(63) voir Bouchaïr Yasmina, « The problem of adaptability in low cost mass housing in
Algeria », Master, University of Newcastle, 1984.

(64) Proshansky, cité in « Conception et usage du logement public à Tunis », Architecture et


comportement, numéro sécial, Modèles d’habiter au Maghreb, vo. 10, 1990, Lausanne, p. 315.

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