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LE PETTI LVIRE

DES GRANDES

ĒPIDĒMIES

Tout ce que vous devez savoir pour vous protéger


Dr PETER MOORE
      

Introduction

Partie 1. Quelques épidémies et pandémies

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Partie 2. Maladies transmissibles par voie aérienne

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Partie 3. Infections sexuellement transmissibles

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Partie 4. Maladies d’origine alimentaire

et hydrique

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  Maladies d’origine animale (épizooties)


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 

Glossaire
Introduction

Mortellement atteint, Mercutio s’écrie « Malédiction sur vos deux mai-

sons ! », dans Roméo et Juliette de Shakespeare, invoquant avec désespoir

la peste qui s’était abattue sur les deux familles en conflit. Le mot plague

(peste) du texte original devait provoquer des frissons de terreur au sein

de l’auditoire de l’époque. Le fait qu’on ignorait tout de la nature de

l’agent qui, invisible, se propageait à travers les continents, dévastant les

populations, anéantissant les familles et mettant l’économie en ruine, ne

servait qu’à attiser l’angoisse.

Nous avons parcouru un long chemin depuis le 

Nous connaissons les bactéries, les virus et les protozoaires. Nous pouvons

observer comment ces agents minuscules peuvent se déplacer dans notre

organisme et l’endommager. Nous comprenons mieux la façon dont notre

corps élabore des stratégies défensives pour combattre ces envahisseurs. Et

nous avons mis au point quelques molécules miraculeuses pour détruire


e

ces ennemis biologiques. Au milieu du  siècle, alors q

la science suscitaient beaucoup d’optimisme, des commentateurs sérieux


croyaient même que l’éradication totale des bactéries et virus nuisibles serait
une réalité dans quelques décennies. Mais ce ne fut pas le cas. Loin s’en

faut. Nos villes surpeuplées, reliées par des systèmes de transport de masse

de plus en plus rapides, sont des zones idéales pour la prolifération des

maladies. Tenez-vous debout dans un train bondé et, même si l’aération est

relativement bonne, l’air ambiant aura été inspiré et expiré par les poumons

d’une dizaine de personnes, sinon plus. Les substances chimiques que nous

produisons, comme les antibiotiques et les antiviraux, sont sur le marché

depuis quelques mois à peine, que déjà le germe qu’elles ciblent commence

à apprendre comment les esquiver et leur échapper. La multirésistance aux

antibiotiques développée par certaines bactéries pose désormais un réel


problème de santé publique. En outre, comme la surpopulation et l’exploi-

tation des forêts forcent les gens à vivre côte à côte avec d’autres espèces,

nous créons des milieux propices permettant à des germes, qui jusque-là

n’infestaient que les animaux, de coloniser les êtres humains.

Depuis le choléra jusqu’à la salmonellose, d’Ebola au virus du Nil, les

microbes font des victimes tous les jours. Certains réapparaissent, comme

la peste, d’autres s’en prennent à l’Homme depuis peu, à l’exemple

du VIH, d’autres encore sont endémiques depuis la nuit des temps.

Quelques épidémies sont la conséquence inévitable de catastrophes natu-

relles, tandis que d’autres sont exacerbées par la guerre, la pauvreté ou

l’ignorance. Ajoutez à cela la menace bien réelle des armes biologiques

et des attaques terroristes, et on a toutes les raisons du monde de se

réveiller et de réfléchir. Après tout, malgré nos progrès médicaux, nous

n’avons réussi qu’à conduire une seule maladie au seuil de l’extinction,

la variole. Et, même alors, les scientifiques ont hésité, avant de décider

de ne pas détruire les quelques derniers flacons contenant le virus ; ainsi,


des laboratoires dans le monde entier possèdent toujours des réserves de
ce virus meurtrier.

La bonne nouvelle, c’est que, alors que nous avons été, sommes ou

serons tous infectés par des microbes, nous leur survivons habituelle-

ment. Notre organisme possède un système de défense remarquable

pour combattre la maladie, surtout s’il s’est déjà mesuré au microbe en

cause. Par conséquent, la liste de maladies présentées dans ce livre, pour

alarmante qu’elle soit, ne signifie pas que nous sommes tous condamnés

à mourir demain matin. Néanmoins, elle signale le besoin d’être à la fois

humble et vigilant. Notre meilleure chance de rester en bonne santé, c’est

de prendre au sérieux ces menaces invisibles.


Partie 1

Quelques épidémies
et pandémies
A n t h ra x

Agent : bactérie

Bacillus anthracis

Première manifestation connue : Égypte,

1500 av. J.-C.

Répartition : planétaire, mais particulièrement

l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, le

Sud et l’Est de l’Europe, l’Asie, l’Afrique, les

Caraïbes et le Moyen-Orient

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Une épidémie de furoncles dans l’Égypte antique est probablement la première incidence

connue de l’anthrax. Depuis, il a continué à causer des dommages sociaux et écono-

miques. En français, on parle de maladie du charbon ou encore de fièvre charbonneuse.

La bactérie survit dans le sol où elle est facilement contractée par les animaux herbivores,

puis transmise aux humains qui travaillent avec eux ou mangent leur viande. Mais les

bactéries sont aussi tout à fait capables d’escamoter l’intermédiaire et d’accéder directe-

ment aux humains, soit à l’occasion d’une coupure dans la peau, soit par les poumons

quand on respire.

Symptômes et effets

Le mode d’introduction de la bactérie dans l’organisme détermine si vous souffrirez d’une


Le mode d introduction de la bactérie dans l organisme détermine si vous souffrirez d une

crise légère ou courez le risque d’en mourir. Dans environ 95 % des cas, l’anthrax pénètre

par la peau. Le premier signe, c’est que la victime commence à se gratter et découvre

une tache qui ressemble beaucoup à une piqûre d’insecte. En quelques jours, la tache se

transforme en ulcère indolore large d’environ 1 à 3 cm, avec une zone sombre au centre,

là où la peau est nécrosée ou sur le point de l’être. Si cette infection n’est pas soignée, elle

peut tuer une personne sur cinq.

Contracter la maladie en mangeant de la viande contaminée provoque des nausées.

La personne perd l’appétit, commence à vomir et fait de la fièvre. Non soignée, elle a la

diarrhée et vomit du sang. Entre 25 et 60 % des gens en meurent.

Attraper la maladie en inhalant le virus est habituellement fatal en quelques jours.

Les symptômes sont d’abord ceux d’un rhume ordinaire, mais se transforment bientôt

entroubles respiratoires graves et en traumatisme – pas joli.


Traitement

Des antibiotiques peuvent aider à combattre les formes moins virulentes de la maladie

et la vaccination est une option possible pour les gens qui sont exposés à la bactérie au

travail. Cela dit, le rythme avec lequel la maladie se développe signifie que l’on ne peut

presque rien faire pour la personne qui aura inhalé le virus.

Utilisé comme arme

Alors que l’anthrax est une menace constante pour beaucoup de communautés agricoles

dans le monde, c’est en 2001 qu’il a fait les gros titres de la presse mondiale. Un peu moins

d’un mois après l’attaque du World Trade Center à New York le 11 septembre 2001,

Robert Stevens, âgé de 63 ans, meurt à l’hôpital à Atlantis, en Floride, deux jours après

avoir éprouvé des difficultés respiratoires et une forte fièvre. On a découvert qu’il avait

respiré des spores d’anthrax à son bureau. Il travaillait pour American Media, entreprise

établie en Floride qui possédait un tabloïd ayant publié des articles insultants à l’égard

d’Oussama ben Laden. Durant les semaines qui ont suivi, la trace de spores a été retrouvée

notamment sur des enveloppes et des gens ont été infectés de manière très locale, mais la

panique qui en a résulté a frappé tous les États-Unis.

La souche particulière d’anthrax utilisée n’était pas de source naturelle ; elle avait

été modifiée artificiellement et mêlée à des produits chimiques pour flotter dans l’air

plus longtemps que l’anthrax naturel, maximisant les chances d’inhalation. En langage

technique, « on en avait fait une arme » et l’hypothèse retenue est qu’elle avait été volée

àl’armée américaine. Le coupable n’a jamais été trouvé.


Nausée Diarrhée
Fièvre

Vomissement Tache irritante, se transformant

en ulcère sur le site de l’infection


L è p re

Agent : bactérie

Mycobacterium leprae

Première manifestation connue : 600 av. J.-C.

Répartition : surtout pays en voie

dedéveloppement

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La bactérie qui cause la lèpre est une proche cousine de celle qui cause la tuberculose et les

deux maladies sont difficiles à éradiquer. Quand on aborde la lèpre, il faut d’abord dissiper

quelques mythes. Ce n’est pas une maladie mangeuse de chair et elle ne se transmet pas

facilement : vous n’attraperez pas la lèpre en serrant la main de quelqu’un qui en est atteint.

En outre, la maladie est facile à contrôler avec les médicaments modernes. La raison pour

laquelle tant de gens souffrent encore de la lèpre, c’est surtout parce qu’ils sont pauvres et

incapables d’acheter les médicaments.

Origines

Des écrits de 600 ans av. J.-C. révèlent que les Égyptiens croyaient que l’on contractait la

maladie en se baignant dans le Nil. Présente dans les civilisations antiques en Égypte, en

Chine et en Inde, elle a toujours été un fléau marqué par la stigmatisation et l’exclusion.

L’hypot hès e auj ourd’ hui ret enue es t qu’ el l e s’ es t répandue dans le monde avec l es mi gr a-

ti h i à ti d l’Af i d l’E t d M Oi t A 
tions humaines, à partir de l Afrique de l Est ou du Moyen Orient. Au 

gréco-romain Galien croyait que la lèpre était causée par la malnutrition.

Symptômes et effets

Le plus souvent, les symptômes n’apparaissent qu’au bout de plusieurs années. Si la lèpre

n’est pas traitée, différentes parties du corps, comme les orteils et les doigts, deviennent

insensibles à la douleur. La perte de ce signal d’alarme facilite les blessures dans ces régions.

Celles-ci peuvent être si graves que le malade perd des doigts, des orteils ou des membres ;

les blessures sont aussi une porte d’entrée pour d’autres bactéries infectieuses. Si la maladie

n’est pas soignée, les personnes infectées se retrouvent très vite gravement handicapées.

Régions concernées

La lèpre connaît un recul important et régulier dans le monde depuis quelques dizaines

d’années. En 2004, 400 000 nouveaux cas de lèpre étaient recensés par l’OMS, chiffre qui
est tombé à 230 000 en 2012. Ces vingt dernières années, plus de 12 millions de lépreux

ont été guéris, et la lèpre a été éliminée dans 108 des 122 pays où elle représentait un

problème de santé publique. Aujourd’hui, 80 % des nouveaux cas sont dépistés en Inde,

au Brésil et en Indonésie. Les pays pauvres ne sont pas les seuls touchés : on recense ainsi

quelque 100 nouveaux cas de lèpre chaque année aux États-Unis, tout comme dans les

Dom-Tom. En additionnant toutes les personnes qui, soit souffrent de la maladie actuel-

lement, soit souffrent encore de ses effets secondaires, le total de victimes dans le monde

s’élève à près de 3 millions.

Traitement

Dans les années 1950, les médecins ont commencé à administrer aux patients un anti-

biotique appelé dapsone. Au début, ses effets étaient puissants et éliminaient les bactéries.

Il ne restaurait pas les fonctions perdues par les malades, mais il empêchait que leur état

ne se détériorât davantage. Toutefois, il en alla du dapsone comme de tant d’autres anti-

biotiques : au bout de quelques années seulement, des souches de bactéries résistantes au

médicament ont émergé. Durant les années 1970 et 1980, deux autres antibiotiques ont

été développés (rifampicine et clofazimine). Aujourd’hui, le traitement consiste à admi-

nistrer les trois médicaments. Cette thérapie multimédicamenteuse frappe les microbes si

fort qu’ils n’ont aucune chance de survivre assez longtemps pour s’adapter. En quelques

jours, l’individu ne peut plus transmettre la maladie, mais il faudra 6 à 12 mois de trai-

tement régulier pour éradiquer les bactéries de son organisme.

Insensibilité à la douleur
Perte de doigts, d’orteils et d
Va r i o l e

Agent : virus

Variola

(Famille : Orthopoxvirus)

Première manifestation connue : 1157 av.

J.-C., sur le corps momifié du pharaon Ramsès V

Répartition : quelques laboratoires

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La variole, encore nommée petite vérole, a probablement vu le jour en Inde ou en

Égypte, il y a plus de 3 000 ans. Jusque dans les années 1950, quelque 150 ans après que

le médecin anglais Edward Jenner eut introduit le premier vaccin contre la maladie, on

estimait que 50millions decas apparaissaient chaque année, et qu’une personne sur trois

en mourait.

Une campagne massive d’éradication débuta en 1967, le dernier cas naturel de la

maladie ayant été recensé en Somalie en 1977. On avait éliminé la variole de la surface

de la Terre. Enfin, presque. Des chercheurs hésitèrent alors à détruire les quelques stocks

conservés dans deux congélateurs de laboratoire, un en Union soviétique et l’autre aux

États Unis Ils ont dépassé à trois reprises les dates de destruction complète sans jeter les
États-Unis. Ils ont dépassé à trois reprises les dates de destruction complète sans jeter les

restes dans les incinérateurs.

Puis l’Union soviétique a été démantelée et, avec elle, la capacité de contrôler ses

chercheurs et les stocks de ses laboratoires. Personne ne sait vraiment ce qui est arrivé

aux flacons contenant les virus de la variole, certains chercheurs ayant quitté les pays

de l’ancien Bloc soviétique en quête d’emploi. La crainte que certains flacons soient

maintenant détenus par des gens qui peuvent entretenir des desseins peu amicaux envers

l’Occident notamment a suffi à persuader les scientifiques occidentaux de s’accrocher

fermement à leurs stocks.

Symptômes et effets

La variole est une maladie grave. Il en existe beaucoup de types et sous-types différents,

mais Variola major (variole classique) totalise à elle seule 90 % des infections.

Entre 7 et 17 jours après avoir été infectée, la victime devient fiévreuse, se sent
malade et a mal à la tête. En général, elle est trop mal pour vaquer à ses activités

quotidiennes et doit s’aliter. Elle ne réalise probablement pas qu’elle a la variole, mais

elle peut déjà contaminer d’autres personnes.

Après 2 jours, une éruption se manifeste : au début, de petites taches sur la langue et

dans la bouche. Les taches croissent, éclatent et forment des lésions libérant des milliers

de nouvelles particules virales. Ces particules peuvent être projetées dans l’air ou avalées.

Par le biais des gouttelettes en suspension ou des selles, le virus se déplace pour trouver

d’autres hôtes.

Le virus ne se contente pas de quitter l’organisme, il s’y répand aussi. Des taches appa-

raissent sur tout le corps, se transformant en lésions pleines d’un liquide épais et opaque.

Le creux, qui se développe habituellement au centre des taches et les fait ressembler

beaucoup à un nombril, est très caractéristique de la maladie. La température du patient

grimpe. Pendant les 5 jours suivants, les lésions durcissent au toucher, comme s’il y avait

un plomb au centre de chacune. Si l’individu survit, ces lésions forment des gales qui

tombent, laissant des marques qui deviendront éventuellement de profondes cicatrices.

Ce n’est que lorsque la dernière gale tombe et est éliminée que le malade cesse d’être

infectieux.

Traitement

La variole a été la première maladie à être traitée par vaccination. En 1796, constatant

que les trayeuses ne contractaient généralement pas la variole, Edward Jenner pensa que

c’était la vaccine de la vache, une maladie semblable à la variole, mais beaucoup moins

virulente, qui les protégeait. Jenner inocula à un jeune garçon le pus de la vaccine. Cette

inoculation provoqua de la fièvre et un malaise général mais pas de maladie grave. La

vaccination était née Le virus causant la vaccine est un proche cousin de la variole et
vaccination était née. Le virus causant la vaccine est un proche cousin de la variole et

déclenche une immunité contre tous les virus variola.

Utilisé comme arme

Pour les services de renseignement des États-Unis, c’est une menace qui mérite d’être

prise au sérieux.

Le virus serait une arme très efficace car, actuellement, beaucoup de gens dans le monde

ne sont pas immunisés contre la maladie. virulente, qui les protégeait.


Grippe

Agent : virus

Trois types de virus de la grippe

(Famille : Orthomyxoviridae)

Première manifestation connue : Hippocrate

rapporte une épidémie importante en 412 av. J.-C.

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le virus de la grippe est une particule biologique très simple, qui ne contient que huit

gènes : un matériel génétique si petit qu’il ne peut pas être considéré comme vivant quand

il est à l’air libre. Cependant, comme tous les virus, il prend vie quand il envahit une

cellule vivante et s’approprie sa mécanique biologique : en quelques heures, une particule

virale peut obliger la cellule à produire des centaines, voire des milliers de répliques

d’elle-même.

Origines

La grippe ne cause normalement qu’un faible taux d’infection, mais elle donne parfois lieu à

des épidémies qui provoquent des ravages. La bonne nouvelle concernant ce virus, c’est que

la plupart des gens sont immunisés une fois qu’ils ont été en contact avec une souche par

ticulière La mauvaise c’est qu’il évolue avec une rapidité incroyable et forme constamment
ticulière. La mauvaise, c est quil évolue avec une rapidité incroyable et forme constamment

de nouvelles souches. Si une souche apparue est similaire à une souche ancienne, beaucoup

de gens la combattront, mais quand un changement se produit (lié à une rapide mutation

du virus), elle peut déclencher une pandémie.

Symptômes et effets

Si vous pensez être un peu grippé, vous ne l’êtes probablement pas. La grippe frappe

fort. Elle vous garde au lit pendant la majeure partie de la semaine et vous laisse affaibli

pendant des jours. Comme si ce n’était pas assez, si vous êtes gravement atteint, vous

pourriez souffrir de dépression quelques jours de plus.

Épidémies marquantes

Des épidémies extrêmes de grippe se manifestent environ tous les 20 à 30 ans. La pandé-

mie massive de 1918 (la grippe espagnole) a tué environ 40 millions de personnes, bien
plus que la Grande Guerre de 14-18 ; une autre épidémie grave (la grippe asiatique, partie

de Chine) a tué entre un et deux millions de personnes en 1957 ; puis une autre version

(la grippe de Hong Kong) a tué un million de personnes en 1957, dont 40 000 en France

en 1968. Depuis, aucune flambée épidémique… ce qui impliquerait que la prochaine se

rapprocherait.

Traitement

En 1952, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place un Réseau mondial

de surveillance de la grippe constitué de 4 centres principaux et de 112 instituts établis

dans 83 pays. Les instituts recueillent et analysent des échantillons et acheminent vers

les centres toutes nouvelles souches potentielles. En surveillant les souches qui circulent,

les experts évaluent celle ou celles qui constituent une menace potentielle à court terme.

L’information est transmise aux industries pharmaceutiques, qui produisent alors un

vaccin capable d’agir contre une menace spécifique (une souche particulière). Les vaccins

offrent un niveau élevé de protection, mais le système ne fonctionne que si la nouvelle

souche n’apparaît pas furtivement. Si une souche non ciblée par le vaccin commence à

répandre la maladie à grande échelle, le vaccin en question devient en pratique inutile.

Quelques médicaments antiviraux sont maintenant sur le marché. Malheureusement,

l’évolution rapide du virus de la grippe semble être capable de les esquiver avec une

aisance remarquable, anéantissant la puissance de ces nouveaux « remèdes miracles »

parfois portés aux nues.


Épuisement

Dépression

Maux et douleurs

musculaires généralisés

Faiblesse

générale
Va r i c e l l e

Agent : virus

Virus Varicella-zoster (VZV)

(Famille : Herpesveridae)

Première manifestation connue : Chine

ancienne et Grèce antique

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La varicelle est l’une des maladies les plus contagieuses connues. Elle aura infecté envi-

ron 95 % des gens avant qu’ils n’aient atteint l’âge adulte. La bonne nouvelle, c’est que

presque tous survivent à l’attaque.

Varicella appartient à la famille du virus de l’herpès qui comprend environ 100 virus,

parmi lesquels 8 peuvent causer des maladies affectant les humains.

Symptômes et effets

Durant les premiers jours après avoir été infectée, la personne n’a aucun symptôme.

Puis, 10 à 20 jours plus tard, une éruption rouge et prurigineuse commence à apparaître.

D’abord sur la poitrine et le dos, les boutons envahissent bientôt tout le corps. Sur le

visage, le nez, la bouche et les oreilles, ils peuvent être particulièrement irritants, tout

comme ceux qui se développent sur les parties génitales


comme ceux qui se développent sur les parties génitales.

Pendant 2 à 4 jours, les boutons sortent par poussées. Une personne légèrement affectée

peut s’en tirer avec une dizaine de boutons ; une personne gravement affectée en aura des

milliers. Tout individu ayant une importante poussée de boutons fera probablement beau-

coup de fièvre. Durant les jours suivants, les boutons se transforment en vésicules pleines

de fluides, qui finissent par éclater et sécher. Éventuellement, les vésiculessèches tombent,

emportant avec elles les derniers virus qui y étaient enfermés. Le plus souvent bénigne, la

varicelle peut donner lieu à des complications, en particulier chez les sujets immunodépri-

més, les nourrissons et les femmes enceintes, par des surinfections cutanées, des atteintes

pulmonaires ou neurologiques. L’un des problèmes avec la varicelle, c’est qu’une personne

peut transmettre la maladie deux jours avant que les premiers boutons n’apparaissent. En

fait, elle est àsonpic de contagion le jour précédant l’apparition des boutons.
Épidémies marquantes

Une bonne chose avec la varicelle, c’est que rares sont les gens qui l’attrapent deux fois,

car la première infection déclenche une immunité à vie. Paradoxalement, une autre

bonne chose provient du fait qu’elle est extrêmement contagieuse, ce qui signifie que

90 % des enfants qui vivent dans une maison où quelqu’un a la varicelle l’attrapent, tout

comme 20 % des enfants dont les camarades ont la maladie. En conséquence, elle infecte

la plupart des gens avant l’âge de 8 ans. Ce qui signifie que, même si elle prend d’assaut

une garderie ou une maternelle, il est peu probable qu’une pandémie grave s’ensuive,

car beaucoup de gens sont déjà immunisés contre la maladie. Chaque année en France,

600 000 à 700 000 cas de varicelles sont déclarés.

Traitement

Depuis 1995, certains médecins vaccinent les enfants de plus de 12 mois qui n’ont pas

encore eu la varicelle. Les résultats obtenus dans la prévention de la maladie sont excel-

lents et, aux États-Unis, on encourage fortement les gens à se faire vacciner. D’autres pays,

comme la France, estiment à l’inverse qu’un programme de vaccination pour tous les

enfants ne se justifie pas en raison de son coût, la maladie étant le plus souvent bénigne.

Une autre option consiste à administrer à l’individu une dose d’immunoglobuline vari-

cella-zoster. Elle augmente spécifiquement sa capacité de lutte contre la maladie, mais la

protection ne dure que 3 semaines ; après quoi, l’organisme élimine la molécule et son

effet protecteur.

Éruption rouge et
p g

Cloques et

prurigineuse généralisée

généralisées

Fièvre
Méningite p u ru l e n t e

Agent : bactérie

Plusieurs bactéries différentes

Première manifestation connue : Moyen Âge

e
( siècle)

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Votre cerveau et votre moelle épinière sont protégés par des os et enveloppés dans une

membrane résistante formée de trois couches : les méninges. Celles-ci sont lubrifiées par

le liquide cérébrospinal dans lequel baigne le cerveau. Une méningite se produit quand ce

liquide est infecté, ou bien quand les méninges le sont. Dès lors que l’infection s’installe

aussi dans le système sanguin de l’individu, ce dernier développe en plus une septicémie

(infection du sang).

Origines

Quelques virus infectent les méninges, mais ils causent rarement des dommages importants.

Parfois, des infections fongiques (dues à des champignons) attaquent les méninges, elles

sont rares, mais sévères. Les méningites dues à des bactéries, transmises par contact, sont les

plus fréquentes et les plus graves. Chez le nouveau-né, les bactéries redoutées sont les strep-

tocoques (Escherichia coli et Listeria). Chez le jeune enfant, les trois principales espèces en

cause sont Haemophilus influenzae Neisseria meningitidis (méningocoque) et Streptococcus


cause sont Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis (méningocoque) et Streptococcus

pneumoniae (pneumocoque). Des infections à H. influenzae ou S. pneumoniae surviennent

aussi chez les personnes âgées. Enfin, deux espèces bactériennes peuvent contaminer les

sujets immunodéprimés à tout âge : Listeria et l’agent de la tuberculose. Toutes ces bactéries

comportent des échelles de risque et de gravité différentes, mais toutes peuvent tuer ou

laisser la personne invalide à vie.

Symptômes et effets

Les signes classiques d’une méningite sont une combinaison de fièvre, maux de tête, vomis-

sements, raideur de la nuque, somnolence et crainte de la lumière. Mais ces symptômes

peuvent être communs à d’autres maladies. Un symptôme plus évident se manifeste chez

certaines personnes : une éruption de boutons rouges gros comme des têtes d’épingles qui

ne s’effacent pas à la pression et résultent du passage du sang dans le derme (on parle de

purpura). Ces marques sont typiques d’une méningite à méningocoque. Si vous notez
cet effet, c’est un cas d’urgence médicale. Pour faire le diagnostic de méningite, le liquide

céphalo-rachidien est prélevé par ponction lombaire. Seule la présence de pus caractérise

une méningite bactérienne, d’où le nom de méningite purulente qui lui est donné. Ses

complications les plus fréquentes sont des atteintes neurologiques, en particulier la surdité.

Épidémies marquantes

Les méningocoques, dont le taux de mortalité atteint 10 %, sont les seules bactéries

capables de provoquer des épidémies de méningites. Elles surviennent périodiquement en

Afrique subsaharienne. En 1996, l’OMS a recensé près de 190 000 cas dans cette région du

monde. L’épidémie était si grave qu’elle a paralysé les systèmes de soins de santé et épuisé

les stocks internationaux de vaccins. En 1997, en partie à cause de cette situation, a été créé

le Groupe international de Coordination pour l’approvisionnement en vaccin antiménin-

gococcique (GIC). En 2009, une nouvelle épidémie a frappé 14 pays africains provoquant

plus de 5 000 décès, le nombre le plus élevé depuis l’épidémie de 1996.

Traitement

Le traitement de la méningite purulente est compliqué par la résistance aux différents

antibiotiques de nombreuses bactéries. L’idéal serait que les médecins puissent identifier

exactement le type de bactéries en cause, puis trouvent un ensemble d’antibiotiques

capable de les éliminer. Néanmoins, cela peut exiger 2 jours ou plus. En pratique, les

médecins procèdent par étapes, ils déterminent les antibiotiques à utiliser au début, puis

ils changent le traitement si les tests démontrent que d’autres antibiotiques ont plus de

chances d’éliminer les microbes.

Éruption

généralisée
généralisée

Sensibilité à la lumière vive

Fièvre

Nuque raide

Maux de tête

Vomissements
Somnolence
S t re p t o c o q u e

hémolytique

du g ro u p e A (SGA)

Agent : bactérie

Streptococcus pyogenes

Première manifestation connue : 1874

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Décomposez son nom et il ne sera plus aussi intimidant : streptos est un mot grec qui

signifie chaîne et coccos, grain ou baie. Au microscope, c’est tout ce que vous voyez,

deschaînes de petits grains… mais regroupez-les et ce sont des tueurs.

Origines

Les streptocoques du groupe A sont puissants parce qu’ils sont polyvalents. Ils se trans-

mettent exclusivement d’homme à homme, ont plusieurs modes d’attaque et peuvent

infecter une grande diversité de tissus. Ces bactéries ont des protéines faisant saillie à leur

surface, qui chassent les gros globules blancs parcourant le système sanguin à la recherche

de « criminels » à ingurgiter. Elles peuvent développer une capsule externe qui les rend

encore plus résistantes aux attaques. Et elles sont équipées de « ciseaux moléculaires » qui

dé t à tit l élé t d ll l déf i i l t dét t t


découpent à petits coups les éléments des cellules défensives qui normalement détectent

les dangers.

Éviter de se faire attraper est une chose, mais pour survivre, un microbe pathogène

doit parvenir à se fixer solidement sur ses cellules cibles. Les streptocoques du groupe A

ont une protéine adhésive qui les lie aux membranes cellulaires. Quand cette protéine

s’empare d’une cellule hôte, elle déclenche un processus qui force la cellule à l’absorber.

Les bactéries ont une autre arme : la sécrétion d’une substance chimique qui brise les

connexions entre les cellules, ce qui leur permet d’envahir rapidement les tissus.

Puis arrive le gros lot. La plupart des souches de cette bactérie produisent une ou des

toxines pyrogènes (qui élèvent la température), entraînant de la fièvre. Certaines d’entre

elles causent aussi de l’exanthème rouge (une éruption cutanée) lors d’infections graves,

et ce sont ces toxines qui peuvent mettre l’organisme en état de choc.


Symptômes et effets

Heureusement, une infection par ces bactéries est souvent bénigne. Par exemple, le mal

de gorge est fort probablement causé par Streptococcus pyogenes qui vit à l’arrière de la

bouche et libère des toxines pyrogènes. Le système immunitaire tue les bactéries avant

qu’elles n’aillent au-delà. Fin de l’histoire. Sinon, les bactéries peuvent produire tant

de toxines que l’organisme infecté développe un exanthème : la personne souffre alors

de scarlatine, maladie qui, autrefois, tuait des milliers de personnes chaque année. Les

résultats d’une infection cutanée à ce microbe sont visibles chez les enfants qui font de

l’impétigo, une éruption rouge et douloureuse sur le visage.

Les choses sont nettement plus graves quand les bactéries pénètrent profondément

dans les tissus. Dans une situation dite « fasciite nécrosante », elles peuvent détruire des

morceaux d’organes et de chair de la grosseur du poing en quelques jours, laissant la

personne, au mieux, extrêmement malade. Si elles envahissent le système sanguin, elles

provoquent un choc septique, une situation d’urgence, accompagnée de fièvre, vomis-

sements, diarrhée, somnolence, confusion et d’une défaillance potentielle des organes

susceptible d’entraîner la mort. Actuellement, on constate une recrudescence de ces

infections invasives dans les pays industrialisés et notamment en Europe.

Traitement

Si vous subissez une invasion importante de ce microbe, votre espoir principal est que

les médecins trouvent rapidement un antibiotique qui, idéalement, pourra le tuer. Une

riposte rapide est impérative et, jusqu’à 10 jours d’antibiotiques spécifiques, sinon plus,

seront nécessaires pour l’enrayer.

Fièvre
Éruption généralisée
Destruction d’organes

Somnolence

Défaillance organique

et confusion

Vomissement

Mal de gorge

Diarrhée
SARM

Agent : bactérie

Staphylococcus aureus résistant

à la méthicilline (SARM)

Première manifestation connue : 1961

Répartition : pays développés

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le SARM, ou Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, ou encore staphylocoque

doré résistant à la méthicilline, est une bactérie qui fait trembler un peu ceux qui la

connaissent. Non pas parce qu’il s’agit d’une tueuse redoutable – elle peut être assez

inoffensive –, mais surtout parce qu’elle nous rappelle que nous n’avons pas gagné la

guerre contre les bactéries. Comme son nom l’indique, le SARM est un type de bactérie

qui peut causer des dommages graves, même la mort, mais qui résiste à la méthicilline,

un des antibiotiques les plus puissants de l’arsenal médical.

Origines

À Londres, à la fin des années 1920, le docteur Alexander Fleming remarqua qu’une

souche de moisissure cultivée en laboratoire dans une boîte de Petri semblait capable

de tuer des bactéries si elles s’approchaient trop de la moisissure. Le fruit de cette

observation, c’est que nous disposons maintenant d’antibiotiques : une catégorie de

médicaments qui tuent les cellules bactériennes sans tuer les cellules animales Cette
médicaments qui tuent les cellules bactériennes sans tuer les cellules animales. Cette

percée miraculeuse a transformé la médecine, essentiellement celle des pays riches. Une

simple égratignure qui vous aurait tué en permettant aux bactéries de s’introduire dans

l’organisme est devenue peu préoccupante. Si vous contractez une infection, prendre des

comprimés durant quelques jours résoudra le problème.

En revanche, les bactéries n’ont pas baissé la garde et admis leur défaite. Leur réussite

spectaculaire sur la planète depuis des millions d’années tient à leur capacité à s’adapter

aux nouveaux défis et à s’en sortir habituellement gagnantes. Dans le cas des antibio-

tiques, Fleming découvrit aussi que certaines bactéries avaient appris rapidement à

esquiver ses premières versions du produit chimique. Au début, la solution était simple :

inventer un autre antibiotique et défier la bactérie résistante. Le nouvel antibiotique

fonctionne pendant un certain temps mais, après quelques semaines ou quelques mois,

des souches de bactéries apparaissent qui peuvent désormais composer non seulement

avec le nouveau produit, mais encore avec l’ancien.


Dans les années 1960, une souche de staphylocoque dorée commença à apprendre

comment échapper au pouvoir destructeur de l’antibiotique méthicilline. Cet antibio-

tique n’est utilisé que pour lutter contre les bactéries qui sont déjà résistantes à la plupart

des autres médicaments. Staphylococcus aureus est extrêmement répandu en milieu

ouvert et vit dans le nez et sur la peau de la plupart des personnes sans causer aucun

problème, mais elle devient parfois incontrôlable et provoque une infection. Si l’infec-

tion ne peut être endiguée, la vie de la personne est en danger. SARM a développé une

résistance à plusieurs antibiotiques, dont la méthiciline. Il ne cause pas plus d’infections

que les autres staphylocoques, mais il limite le choix des traitements. Le combat devient

alors beaucoup plus difficile.

Symptômes et effets

Vous pouvez être colonisé par un staphylocoque doré pendant des années sans le savoir,

mais si le microbe commence à se multiplier rapidement et déclenche une infection,

vous développerez des taches rouges et chaudes, avec formation de pus, sur le lieu de

reproduction de la bactérie, la zone enflera et deviendra sensible. Les bactéries colonisent

le plus souvent la peau, mais aussi les muqueuses, les oreilles et les voies respiratoires.

Toutes les infections peuvent se compliquer et entraîner une septicémie (infection du

sang). S. aureus est également au deuxième rang des bactéries responsables en France

d’intoxications alimentaires, après les salmonelles.

Régions concernées

Staphylococcus aureus partage avec la bactérie Escherichia coli le triste privilège d’être au

premier rang des germes responsables d’infections nosocomiales (infections contractées à

l’hôpital). On dit ainsi que le SARM ne s’attrape qu’à l’hôpital. Cependant, il est abon-

dant dans la population en général et bien des personnes qui semblent l’avoir contracté
dant dans la population en général et bien des personnes qui semblent l avoir contracté

à l’hôpital l’ont probablement emporté avec eux. L’infection éclate parce qu’ils sont

malades, raison pour laquelle ils sont hospitalisés. Le problème avec le fait d’être malade,

c’est que vos défenses sont affaiblies et que vous êtes alors moins capable de contrôler les

bactéries qui avaient peut-être trouvé jusque-là un domicile confortable dans vos narines

ou une fissure de votre peau.


Mais certaines personnes attrapent vraiment la maladie à l’hôpital. En partie parce

que les bactéries résistantes sont présentes là où on utilise des antibiotiques, et il y a plus

d’antibiotiques utilisés dans les hôpitaux que partout ailleurs dans la communauté. Par

conséquent, les hôpitaux sont un terreau fertile pour ces bactéries spécialisées. La tâche

consiste alors à empêcher les microbes de passer d’un patient à l’autre ; ici, la mesure la

plus simple et la plus efficace, c’est que le personnel et les visiteurs se lavent les mains

avant de visiter un patient. Le SARM voyageant mal, se laver les mains avec un savon

antibactérien peut facilement ruiner son plaisir. Parfois, des mesures draconiennes d’iso-

lement des patients sont requises pour limiter la dissémination des bactéries.

Traitement

Une infection au SARM n’équivaut pas à un arrêt de mort. Prendre un cocktail d’anti-

biotiques pendant un certain temps peut souvent éliminer l’infection. Parallèlement, la

course est engagée pour trouver une solution alternative aux antibiotiques, mais trouver

de nouvelles façons de détériorer les cellules bactériennes tout en ne nuisant pas à nos

propres cellules n’est pas facile.

Une des possibilités pourrait être d’utiliser un ensemble de virus qui infectent et

détruisent les bactéries. Des chercheurs de l’ex-Union soviétique ont consacré de nom-

breuses années à développer l’exploitation de ces « bactériophages », travail qui a été

poursuivi par la Georgie après la dissolution de l’URRS. Désormais, quelques labora-

toires de recherche et entreprises pharmaceutiques dans le monde s’intéressent de près à

cette nouvelle forme de thérapie, nommée « phagothérapie ».


Enflures

rouges et

Sensibilité

chaudes sur

le site de

l’infection
Symptômes physiques
Ebola

Agent : virus Filoviridae

Ebola-Zaïre, Ebola-Soudan, Ebola-Taï

(ex-Côte d’Ivoire), Ebola-Bundibugyo

Première manifestation connue : 1976

Répartition : principalement Afrique

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Même dans la catégorie des virus de cauchemar, Ebola occupe une place unique. Sa capa-

cité à surgir sans préavis et à semer le chaos durant quelques mois avant de disparaître lui

vaut une réputation de menace imprévisible. Tout le monde sait qu’il n’est pas disparu à

jamais… il attend seulement son heure.

Origines

Le virus a été identifié pour la première fois en 1976, au Zaïre (actuelle République démo-

cratique du Congo), quand 318 personnes habitant sur les rives de la rivière Ebola et dans

les environs tombèrent malades ; 280 d’entre elles moururent. Depuis 38 ans, 25 épidémies

de fièvre Ebola ont touché le continent africain. Les premières flambées de la maladie sont

survenues dans des villages isolés d’Afrique centrale, à proximité de forêts tropicales. En

2004, les statistiques dénombraient 1848 personnes infectées, dont 1247 victimes, soit un

taux alarmant de mortalité


taux alarmant de mortalité.

Fin 2013, débute l’épidémie la plus meurtrière connue à ce jour. Le probable pre-

mier cas de l’épidémie est un enfant de 2 ans qui est décédé le 6 décembre 2013 en

Guinée. La maladie s’est ensuite propagée à une vitesse folle en Afrique de l’Ouest et,

fait nouveau, a touché de grands centres urbains aussi bien que des zones rurales. En

quelques semaines puis quelques mois, elle infecte un grand nombre de personnes. Au

total, quelque 20 000 cas, dont plus de 7 500 morts étaient recensés fin décembre2014

dans les 3 pays les plus touchés d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Libéria et Sierra-Léone).

La réaction internationale s’est déclenchée quand des voyageurs et des travailleurs

humanitaires ont introduit le virus d’abord en Espagne, puis aux États-Unis, ainsi

qu’en Allemagne, en Norvège, en France et au Royaume-Uni, mais nulle part dans ces

pays, la maladie ne s’est propagée.

Personne ne sait exactement où se cache Ebola entre deux épidémies. Il est possible

qu’il vive sur des chauves-souris frugivores d’Afrique et contamine les humains par
contact direct. Il se propage ensuite quand les gens touchent des liquides corporels

infectés, comme le sang, la sueur, le vomi ou les selles diarrhéiques. Quiconque prend

soin d’une personne infectée est particulièrement à risque et le contact avec des cadavres

transmet facilement la maladie.

Symptômes et effets

La fièvre hémorragique Ebola tue entre 25 et 90 % des gens infectés. Une fois infectés,

ceux-ci deviennent fiévreux 2 à 21 jours plus tard. Ils s’affaiblissent, ont des douleurs

articulaires, musculaires ou abdominales, la gorge irritée, des nausées et s’épuisent ; les

premiers symptômes sont souvent confondus avec ceux de maladies moins agressives,

comme le paludisme, la fièvre typhoïde, la dysenterie ou la grippe. Puis arrivent les

saignements. Les yeux des personnes infectées rougissent quand du sang s’échappe

des vaisseaux sanguins endommagés et des hémorragies sous-cutanées causent des

éruptions rouges. À l’intérieur du corps, le virus ravage l’intestin, les reins, le foie,

les poumons et la rate. Les patients toussent et vomissent une écume rouge sang. Les

diarrhées sanguinolentes ajoutent à l’horreur. Durant la deuxième semaine, soit la

fièvre diminue, soit le patient meurt de déshydratation et de défaillance des organes.

Le hoquet est un signal clair de ce que la personne a peu de chances de se rétablir.

En suivant le sillage destructeur d’Ebola, les scientifiques ont identifié cinq espèces

différentes de virus Ebola. Quatre d’entre elles peuvent s’attaquer aux humains, le

cinquième (Ebola-Reston) ne semble provoquer, pour l’instant, des symptômes que

chez les primates non humains. Tous sont des virus filiformes, rappelant une crosse de

berger, un « U » ou un « 6 », mais chacun a une puissance différente. Dans certains

cas, Ebola-Zaïre – celui de l’irruption de 2014 – a tué environ 90 % des personnes

diagnostiquées. En revanche, quoique peu de gens aient contracté Ebola-Taï, tous ont

sur vécu
sur vécu.

Traitement
Il n’y a pas de traitement contre Ebola, sinon faire en sorte que le patient ait tout le

confort possible et s’attaquer aux symptômes et à toute infection secondaire. Le virus

semble frapper si vite que le système immunitaire de l’individu échoue à réagir effi-

cacement à temps. Comment un virus si destructeur parvient-il à s’introduire dans

l’organisme sans être décelé soulève un intérêt scientifique considérable.

L’épidémie de 2014, menaçant de s’étendre depuis des régions économiquement faibles

à des pays riches d’Amérique du Nord et d’Europe, a engendré une activité intense. Tout

à coup, la maladie, qui tuait jusque-là seulement quelques personnes pauvres d’Afrique,

a révélé tout son pouvoir de menace biologique. La recherche ciblée sur l’analyse des

échantillons de sang prélevé sur des survivants montre que leur système immunitaire est
parvenu à créer des anticorps à temps. L’usage initial de thérapies axées sur les anticorps

chez quelques patients semble montrer son efficacité, mais c’est une course contre la

montre que d’arriver à les développer à temps pour bloquer la flambée de la maladie.

L’espoir réside du côté d’un vaccin à doses multiples.

Utilisé comme arme

À l’heure actuelle, on craint peu qu’Ebola soit utilisé comme arme, mais durant la

Guerre froide, on a cru que des scientifiques soviétiques tentaient de combiner la puis-

sance mortelle d’Ebola et la puissance infectieuse de la variole.

Maux de tête

Fièvre

Toux et vomis-

sement de sang

Faiblesse

générale

Insuffisance

organique

Diarrhée

sanguinolente
Taches

rouges et

saignement

sous-cutané
Clostridium d i ff i c i l e

Agent : bactérie

Clostridium difficile

Première manifestation connue : 1977

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Vous n’êtes pas bien, vous prenez des antibiotiques et, au bout de quelques jours, vous

avez la diarrhée. Il y a de bonnes chances que les antibiotiques aient déclenché une

réaction en chaîne ayant causé l’explosion du nombre de Clostridium difficile dans votre

intestin.

Origines

Des milliards de bactéries sont présentes dans l’intestin d’une personne en bonne santé.

Elles sont nécessaires aux processus qui décomposent les aliments et rendent les nutri-

ments accessibles à l’organisme. Ces bactéries vivent dans un écosystème à l’équilibre

délicat et, en général, elles surveillent les populations les unes des autres, tout comme elles

combattent toutes les bactéries nocives qui peuvent tenter de s’introduire en douce. Tout

cela est bien beau… jusqu’à ce que vous preniez des antibiotiques. Le produit chimique

voyage dans tout le corps, tuant les bactéries partout où il va. Dans l’intestin, le résultat

t h t d l’é ilib t l diffé t i b C i é i


est un changement dans l équilibre entre les différents microbes. Cequi crée un environ-

nement où C. difficile peut prospérer.

Étant donné que, dans les hôpitaux, beaucoup de gens prennent des antibiotiques, le fait

que bien des malades hospitalisés développent C.difficile n’a rien de surprenant. Cela dit, la

complaisance n’est pas de mise, car des études de laboratoire démontrent que cette bactérie

particulière témoigne d’une grande capacité à passer d’un patient à l’autre.

Symptômes et effets

Le symptôme de l’infection le plus courant est la diarrhée, causée par les toxines émises

par les bactéries, qui détruisent des parties de la muqueuse intestinale. La personne

souffre aussi de maux d’intestin et de fièvre. Chez la plupart des gens, les symptômes ne

sont pas graves et ils récupèrent rapidement, tant qu’ils ne se déshydratent pas. Parfois, les

personnes infectées développent une forme plus dangereuse de la maladie, dans laquelle
l’intestin se dilate anormalement et peut même se déchirer ; dans les cas les plus extrêmes,

cela peut être mortel.

Régions concernées

Les hôpitaux des pays développés sont les endroits par excellence à éviter si vous voulez

échapper à Clostridium difficile. Les personnes immunodéprimées ainsi que les personnes

âgées effectuant des séjours hospitaliers ou dans des maisons de retraite peuvent être plus

facilement infectées par cette bactérie.

Épidémies marquantes

Depuis le début des années 2000, une augmentation des cas d’infections à Clostridium

difficile s’observe tant en milieu communautaire qu’hospitalier. Un clone particulier de

Clostridium difficile dénommé 027, particulièrement virulent, a été identifié en 1988.

Il est apparu dans les années 2000 aux États-Unis puis a gagné l’Europe, y compris la

France. Cette souche dangereuse est très contagieuse et peut entraîner une mortalité

importante.

Traitement

La première étape consiste à cesser d’administrer l’antibiotique qui permet à ces bactéries

de proliférer. Ensuite, on attaque C. difficile avec l’un des plus récents antibiotiques,

comme la vancomycine, auquel peu de bactéries ont appris à résister. Cela devrait régler

le problème qui a amené les médecins à prescrire des antibiotiques au départ, de même

qu’à s’attaquer à C. difficile.

Douleur intestinale
Dilatation ou rupture potentielle de l’intestin

Fièvre

Diarrhée
Helicobacter pylori

Agent : bactérie

Helicobacter pylori

Première manifestation connue : 1982

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Autrefois, les médecins disaient que le stress causait les ulcères d’estomac. Si on souffrait

d’un tel ulcère, on devait ralentir, se détendre et prendre des antiacides. Puis, deux cher-

cheurs ont découvert Helicobacter pylori.

Origines

Dans les années 1980, les médecins et chercheurs australiens Robin Warren et Barry

Marshall eurent une intuition. Ils estimaient que les ulcères d’estomac n’étaient pas dus

principalement à un mode de vie stressé, mais plutôt à une infection : plus spécifique-

ment, une infection à H. pylori. Warren étudiait des échantillons de tissus prélevés dans

l’estomac de patients lors d’études cliniques. Il remarqua que la moitié des échantillons

présentait un type particulier de bactéries incurvées et que ces bactéries étaient toujours

présentes au voisinage d’une inflammation. Il en conclut que ces bactéries causaient

l’inflammation. Marshall se joignit à la recherche de Warren et, ensemble, ils découvrirent

une façon de cultiver ces curieuses bactéries en laboratoire Ensuite ils constatèrent qu’ils
une façon de cultiver ces curieuses bactéries en laboratoire. Ensuite, ils constatèrent quils

pouvaient les retrouver chez presque tous les patients souffrant d’inflammation gastrique,

d’ulcère duodénal ou d’ulcère gastrique.

La communauté médicale fut lente à accepter l’idée que des micro-organismes cau-

saient les ulcères d’estomac et la communauté pharmaceutique fut très heureuse de

continuer à vendre des antiacides aux patients. En 1982, Warren, frustré, avala une

gorgée de H. pylori. En quelques jours, il présenta tous les signes d’ulcères d’estomac

graves. Il avala alors un cocktail d’antibiotiques pour éliminer les bactéries et les ulcères

guérirent. Le monde se redressa sur son siège et écouta… et deux des médicaments les

plus vendus au monde, les antiacides Tagamet et Zantac, tombèrent en disgrâce. En

2005, Warren et Marshall reçurent le prix Nobel de médecine pour leurs travaux.
Symptômes et effets

Environ 80 % des ulcères de l’estomac ou du duodénum sont dus à une infection par

H. pylori et environ 10 % des personnes infectées développent un ulcère. Quelques jours

après l’infection, l’individu se sent mal, souffre de douleurs à l’estomac, de flatulences

et de mauvaise haleine. Ces symptômes peuvent durer quelques années, mais l’infection

peut demeurer plus longtemps.

Toutefis, il n’y a pas que les ulcères qui doivent vous alrmer. H. pylori laisse la paroi

de l’estomac fragilisée et susceptible de développer un cancer. On le soupçonne aussi d’être

impliqué dans des troubles aussi divers que la maladie cardiaque coronarienne, la carence

en fer, l’anémie, voire le syndrome de la mort subite du nouveau-né.

Régions concernées

Pour autant que nous le sachions, les humains sont les seuls animaux qui abritent H. pylori,

mais le mode de transmission de la bactérie reste un mystère. Le taux d’infection, de l’ordre

de 50 % de la population mondiale, semble plus élevé chez les personnes ayant connu des

conditions de vie pauvres et surpeuplées dans leur enfance.

Traitement

Il n’y a pas toujours urgence à éradiquer H. pylori de l’estomac, mais si un médecin décide

de vous en débarrasser, certaines mesures efficaces peuvent être prises. Administrer un

traitement à base de deux antibiotiques et d’un inhibiteur puissant de l’acidité gastrique

durant une semaine élimine la bactérie chez 70 à 90 % des personnes, et prolonger le

traitement peut en débarrasser la plupart des autres.


Nausée

Douleurs à l’estomac

Mauvaise haleine
Ulcères d’estomac
R o t a v i ru s

Agent : virus

Rotavirus du groupe A

Première manifestation connue : années

1980, en Chine

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le rotavirus compte plus de cas de diarrhées infantiles que toute autre maladie. La plupart

des enfants qui souffrent de cette forme de gastro-entérite sont âgés de 3 à 24 mois. On

peut saisir l’ampleur du problème par les chiffres suivants : environ 600 000 enfants en

meurent chaque année dans le monde. En France, les infections à rotavirus sont à l’ori-

gine de plus 5 millions de consultations chaque année, dont 750 000 à 900 000 enfants

de moins de 5 ans et 18 000 hospitalisations pour les cas graves.

Origines

C’est l’apparence des rotavirus qui leur a donné leur nom. Quand on les regarde au

microscope électronique, ils ressemblent à des roues, et roue se dit rota en latin. Ils sont

enveloppés de deux couches de protéines qui leur permettent de survivre facilement

à l’extérieur d’un hôte humain. Le virus quitte l’organisme par les fèces, le manque

d’hygiène lui permet ensuite de se déplacer rapidement vers des amis ou la famille.

Se laver les mains après être allé aux toilettes ou aider un enfant à utiliser les toilettes
Se laver les mains après être allé aux toilettes, ou aider un enfant à utiliser les toilettes,

est une première étape de prévention fondamentale. Toutefois, le virus est robuste et

résiste à l’assaut de la plupart des savons et nettoyants. Par conséquent, se laver les mains

réduit le nombre de virus, mais ne les élimine pas.

Symptômes et effets

Ltesin’
in est tapisé de celus munies de sor tes de doigts microscpiques. Ces vilo-

sités augmentent massivement la surface de l’intestin et lui permettent d’absorber les

nutriments qui circulent dans le sang. Une fois dans l’intestin, les rotavirus pénètrent

dans les cellules à l’extrémité de ces villosités et utilisent leur machinerie pour fabri-

quer de nouvelles copies d’eux-mêmes. Entre 10 et 12heures après l’invasion, les virus

s’échappent, détruisant l’extrémité des cellules. L’intestin est incapable d’absorber

la matière, qui passe sans encombre et est rejetée en diarrhée. La gastro-entérite est

déclarée.
Après quelques jours, le système immunitaire intervient et détruit les particules virales,

vous débarrassant de la maladie et vous protégeant de ce virus particulier à l’avenir.

Malheureusement, il existe plusieurs différents sous-types de rotavirus, il est donc facile

d’être infecté par la prochaine variante en circulation.

Régions concernées

Le virus existe partout dans le monde, mais il cause le plus de problèmes aux populations

n’ayant pas accès à l’eau potable. Pour survivre à la maladie, il faut réussir à rester en vie

quelques jours, mais avec les liquides que l’organisme rejette et l’intestin qui est beaucoup

moins en mesure d’absorber l’eau, le combat consiste à demeurer hydraté. La recette est

simple : 6 cuillères à café de sucre et 1 cuillère à café de sel dans 1 litre (4 tasses) d’eau

propre. Malheureusement, même aussi peu n’est pas disponible en beaucoup d’endroits.

Chez le nourrisson, la solution doit être administrée plusieurs fois par heure, par petites

gorgées. Si vous vivez dans un pays chaud, le besoin est encore plus urgent.

Traitement

Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique. La réhydratation reste la seule

option.

En 1998, un vaccin a été mis sur le marché, mais il a été retiré rapidement, car il sem-

blait nuire au développement de l’intestin. Depuis 2004, deux nouveaux vaccins oraux

sont commercialisés. L’objectif de cette vaccination est de réduire l’incidence des formes

graves et des hospitalisations. En France, elle est recommandée pour les nourrissons âgés

de moins de 6 mois, mais elle n’est pas remboursée.


Dommage à l’intestin

Diarrhée
Hépatite C

Agent : virus

Virus de l’hépatite C (Famille : Flaviviridae)

Première manifestation connue : 1989

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

L’hépatite se présente sous différentes formes : A, B, C, D et E. Mais ne vous laissez pas

duper par la ressemblance des appellations. Même si tous attaquent le foie – causant donc

une inflammation du foie, ou hepatitis en latin –, les cinq virus sont très différents. Le

virus de l’hépatite C est particulièrement vilain : au cours des 30 dernières années, il est

passé d’énigme vague à risque inquiétant pour la santé.

Origines

Quand on a identifié le virus de l’hépatite C en 1989, environ 50 000 personnes ont

été diagnostiquées infectées aux États-Unis. Connaître l’ennemi étant la première étape

pour l’éradiquer, puis découvrir qu’il pouvait facilement se transmettre par les dons de

sang, ont fourni au personnel de la santé une piste pour l’arrêter. Depuis 1991, les pays

développés pratiquent le dépistage systématique des dons de sang. Résultat : le nombre

d’infections esttombé à moins de 10 000 par année aux États-Unis, 4 000 en France.

Actuellement on estime à 130 à 170 millions le nombre de porteurs chroniques du


Actuellement, on estime à 130 à 170 millions le nombre de porteurs chroniques du

virus de l’hépatite C dans le monde (400 000 en France) et 350 000 décès. La maladie

n’a pas été éradiquée parce qu’elle se transmet facilement d’une personne à une autre

si deux personnes ou plus partagent la même aiguille hypodermique. Environ 20 %

des utilisateurs réguliers de drogues sont infectés chaque année. Par conséquent, il est

presque certain qu’un utilisateur à long terme deviendra porteur et transmettra le virus

à son tour.

De nombreux pays rémunèrent les donneurs de sang, ce qui donne lieu à un curieux

problème. Donner du sang est une façon simple de gagner de l’argent et les toxicomanes

cherchent souvent à se faire rapidement du fric… mais ce sont justement ces personnes

que vous voulez éviter quand vient le temps de collecter du sang qui pourra être ensuite

transfusé à une ou des personnes susceptibles de contracter à leur tour le virus. C’est

l’une des raisons pour lesquelles certains pays, comme la France, restent fidèles aux dons

gratuits.
Symptômes et effets

Dans la majorité des cas, l’infection passe inaperçue. Sinon, il faut environ 8 semaines

après le début de l’infection pour que se manifestent les premiers symptômes. La personne

infectée se sent faible, nauséeuse et sans appétit, avec parfois des douleurs abdominales

et une jaunisse. Chez 65 à 85 % des gens infectés, le virus s’installe en permanence et

l’infection devient chronique. Avec le temps, une série de dommages physiques com-

mence à apparaître dans le foie, conduisant dans 20 % des cas à une cirrhose. Comme si

ce n’était pas assez, la cirrhose peut évoluer vers un cancer du foie.

Épidémies marquantes

L’Égypte a un problème particulier avec l’hépatite C, le taux d’infection y atteignant

plus de 20 %. Cette situation est due à la campagne de vaccination contre la bilharziose

(schistosomiase) des années 1960, durant laquelle on s’est servi d’aiguilles réutilisables

sans les stériliser entre chaque injection.

Traitement

Dans 15 à 30 % des cas, le malade guérit spontanément. Pour les autres, l’interféron

alpha est le seul véritable espoir. Associé à un antiviral et administré 3 fois par semaine

durant 6 à 12 mois, il peut éliminer le virus de l’organisme. Ce dernier doit ensuite

essayer de reconstruire le foie. Ce qui est possible seulement si les dommages sont

mineurs ; s’ils sont graves, la personne doit subir une greffe de foie. Il n’existe pour l’ins-

tant aucun vaccin contre l’hépatite C.

Nausée
Faiblesse généralisée
Perte d’appétit

Inflammation du foie

Cancer du foie possible


SRAS ( S y n d ro m e

R e s p i ra t o i re Aigu

S é v è re )

Agent : virus

Coronavirus associé au SRAS

(SRAS-CoV) (Famille : Coronaviridae)

Première manifestation connue : novembre 2002

Répartition : surtout en Chine

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Cela n’arrive pas souvent mais, de temps à autre, une nouvelle maladie apparaît comme si

elle venait de nulle part. S’il s’avère qu’elle se transmet facilement de personne à personne,

un nouveau problème sanitaire, parfois grave, se pose. Paradoxalement, il est plus facile de

traquer une maladie si elle rend les gens gravement malades quelques jours ou quelques

heures après les avoir infectés : au moins, les enquêteurs peuvent suivre sa propagation et

isoler les gens qui semblent être les vecteurs.

Dans le cas du SRAS, les autorités ont dû se démener pour briser la chaîne de contami-

nation, tout en essayant de comprendre la nature de cette maladie nouvelle quiémergeait.

Origines
Le 16 novembre 2002, un homme dans la quarantaine s’est rendu à l’hôpital de Fosham,

en Chine. Il semblait souffrir de pneumonie. Guéri, il est retourné chez lui : un événe-

ment tout à fait banal… sauf que d’autres gens de la région ont commencé à tomber

malades. Les autorités chinoises ignoraient qu’elles étaient aux prises avec une nouvelle

maladie, ou elles ont cherché à la camoufler en espérant qu’elle disparaîtrait aussi rapi-

dement et discrètement qu’elle était arrivée. Le résultat a été que, en ne faisant rien pour

combattre la maladie, elle s’est propagée.

Cette propagation a attiré l’attention du monde quand, le 21 février 2003, le docteur

Liu Jianlun, un néphrologue âgé de 64 ans, de l’université Zhongshan de Canton, s’est

présenté à la chambre 911 de l’hôtel Métropole à Hong Kong. Il avait passé les semaines

précédentes à soigner des gens atteints d’une mystérieuse maladie, puis il avait voyagé

jusqu’à Hong Kong pour un mariage de famille. Quasi au moment de son arrivée, il a

compris qu’il présentait les symptômes de la maladie et s’est rendu à l’hôpital. Il est mort
11 jours plus tard. Le médecin a connu le sort desespatients.

Pire, il a laissé une traînée de virus derrière lui. Les visiteurs de l’hôtel qui avaient

partagé l’ascenseur avec Liu ont propagé le microbe à Hanoï, Bangkok, Toronto et

er
Singapour. Le 1 avril 2003, Hong Kong rapportait 685 cas et 16 décès, et l’épidémie

s’intensifiait. Un effort scientifique mondial a tenté de rattraper le retard et, en avril, on

a découvert que l’infection avait été causée par une sorte de coronavirus, une particule

virale de forme irrégulière etméconnue.

Dans les aéroports et les gares de chemin de fer, le sentiment de peur était palpable

quand les scanners infrarouges tentaient de détecter quiconque souffrait de fièvre pour

lui interdire de voyager. Le 12 mars 2003, l’Organisation mondiale de la santé a diffusé

une alerte mondiale, suivie d’une alerte sanitaire par le Centers for Disease Control and

Prevention (CDC) des États-Unis. Dans certaines régions, les résidants de tours et de

quartiers entiers ont été mis en quarantaine, et des conférences internationales ont été

annulées. Toutefois, sachant qui était l’ennemi, les autorités pouvaient commencer à

l’endiguer. Quand l’infection a cessé à la fin de juillet, la maladie avait été disséminée par

des voyageurs dans plus de 24 pays d’Asie, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et

d’Europe. Le total de gens affectés dans le monde s’élevait à 8 098 malades et 774 décès,

parmi lesquels 8 cas recensés aux États-Unis. Puis le SRAS a semblé disparaître.

Symptômes et effets

Les symptômes apparaissent habituellement entre 2 et 10 jours après l’exposition.

À priori, les gens atteints du SRAS n’avaient eu qu’une mauvaise grippe – avec fièvre,

léthargie, toux, mal de gorge, maux et douleurs musculaires – et certains développèrent

une diarrhée. Le seul symptôme commun à tous les patients était une température au-

dessus de 38 °C. Cependant, ce n’est qu’après leur mort que la vraie nature destructrice

de la bête est devenue évidente. Toutes les victimes souffraient d’une baisse massive du

nombre de leurs globules blancs chargés normalement de combattre les infections ainsi
nombre de leurs globules blancs, chargés normalement de combattre les infections, ainsi

que d’un épuisement des réserves de plaquettes qui aident le sang à coaguler quand les

tissus sont endommagés. Combinez ces deux éléments et les victimes se retrouvent dans

un état de grande vulnérabilité.

Les autopsies ont permis de découvrir que les poumons des victimes avaient commencé

à s’affaisser et à laisser passer du liquide dans les alvéoles. On a trouvé de grandes zones de

tissu nécrosé à l’intérieur des ganglions lymphatiques et de la rate, ainsi que des fuites de

cellules sanguines dans les tissus du cœur, des reins, du foie, des glandes surrénales et dans

certaines zones du cerveau. Alors que beaucoup de virus ne ciblent que quelques organes,

le coronavirus associé au SRAS opère en utilisant une stratégie de chocbiologique.

Régions concernées

Comme de nombreuses maladies virales, le virus du SRAS semble avoir été hébergé par
des mammifères sauvages, comme la civette des palmiers et les blaireaux chinois, des

animaux vendus comme aliments sur certains marchés de gibiers exotiques des pays

d’Asie. Ces animaux offrent un abri aux virus, mais ne tombent pas eux-mêmes malades.

La survenue d’une petite modification dans le matériel génétique du virus transforme ce

dernier et lui permet d’infecter les humains, puis de passer de personne à personne. Le

SRAS peut dès lors se déclencher et se propager.

Une fois en liberté, le virus du SRAS peut potentiellement opérer partout dans le

monde. Toutefois, il doit être dans une zone assez densément peuplée pour bien se dif-

fuser. Si vous êtes infecté et que vous toussez dans vos mains, le fin brouillard de salive

vaporisé dans vos paumes sera gorgé de virus. Touchez une surface comme une poignée

de porte et vous assurez la transmission des virus. En saisissant la poignée, d’autres per-

sonnes les recueilleront et, s’ils se frottent involontairement les yeux, se curent le nez ou se

mettent les doigts dans la bouche, les virus peuvent pénétrer dans l’organisme et l’infecter.

Les éléments qui limitent ce mode de transmission sont la température, l’humidité et la

lumière solaire. Dans des conditions sombres, humides et chaudes, le virus peut survivre

des heures. Sur une surface sèche et chaude, en plein soleil, il ne survit que quelques

minutes.

Traitement

La mauvaise nouvelle, c’est que, comme tous les virus, le seul traitement efficace est de

soutenir la personne atteinte en souhaitant qu’elle se rétablisse. Des médicaments antipy-

rétiques (contre la fièvre) et une assistance respiratoire peuvent aider au besoin. La bonne

nouvelle, c’est que ce n’est pas un problème, parce que, à ce jour, le virus a cessé de nous

attaquer. Le dernier cas connu de SRAS a été enregistré en Chine le 2 mai 2004, et la

souche épidémique ayant causé autant de décès dans le monde en 2003 n’est pas sortie

du laboratoire depuis En mai 2005 l’OMS a déclaré la maladie éradiquée Ce n’est


du laboratoire depuis. En mai 2005, l OMS a déclaré la maladie « éradiquée ». Ce nest

que la seconde maladie dans l’histoire de l’humanité à recevoir ce qualificatif (l’autre

étant la variole).

Menace potentielle pour la civilisation

Il y a peu de chances que le SRAS soit utilisé comme arme terroriste parce qu’il est trop

difficile à traquer. Personne ne sait d’où il est venu et, par conséquent, il est virtuellement

impossible pour une organisation terroriste quelconque de le cultiver depuis une source

indigène ; en outre, même si on possédait un échantillon, il est techniquement très dif-

ficile à cultiver.

Cela dit, les dernières personnes à avoir été infectées sont les scientifiques qui travail-

laient dans un laboratoire de l’Université nationale de Singapour. Comme des stocks

existent toujours, il subsiste une possibilité de dispersion accidentelle. Ou alors, il est

toujours possible que le virus réapparaisse simplement dans la nature.


Fièvre

Température

extrêmement

élevée

Léthargie

chronique

Réduction
du nombre

de globules

blancs
Grippe a v i a i re H5N1

Agent : virus

Virus de la grippe aviaire A (H5N1)

(Famille : Orthomyxoviridae)

Première manifestation connue : 1997

Répartition : surtout Asie et Afrique

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le texte précédent illustre combien une nouvelle version de la grippe peut être dévas-

tatrice. Il n’est donc pas étonnant que les personnes qui connaissent l’histoire des

pandémies de grippe survenues dans le passé commencent à s’alarmer dès qu’une version

de la grippe ne s’étant attaquée jusqu’ici qu’aux oiseaux évolue de façon telle qu’elle puisse

se transmettre aux humains et les infecter.

Le virus de la grippe est microscopique et couvert de spicules appartenant à deux types

différents de protéines : la protéine « H » aide le virus à s’introduire dans les cellules et la

protéine « N » lui permet d’en sortir. Dans la gamme des virus de la grippe, on trouve 12

différentes protéines H et 9 de type N; toutefois, les virus produisent constamment des

variantes mineures de chaque protéine, lesquelles peuvent entraîner des changements impor-

tants dans leur rôle. Alors que les virus à H1N1, H1N2 et H3N2 attaquent souvent les

humains, ceux ayant d’autres spicules protéiniques nous laissent habituellement tranquilles.

Les souches H5N1 limitent normalement leur activité aux oiseaux mais celle qui nous
Les souches H5N1 limitent normalement leur activité aux oiseaux, mais celle qui nous

concerne ici a évolué au point de pouvoir s’attaquer aux humains.

Origines

Le virus de la grippe aviaire a été repéré pour la première fois en 1997, lors d’une épi-

démie à Hong Kong, provoquant la mort de six personnes. Il est réapparu fin 2003,

entraînant d’abord des épizooties (maladies ne touchant que des espèces animales) chez

les volailles dans plusieurs pays d’Asie, suivies des premiers cas humains. En réalité, il

est fort possible que des gens, infectés par le virus, mouraient depuis des mois, mais que

l’on n’ait pas enquêté sur ces morts, ou qu’on ne les ait pas signalés au reste du monde.

Des études scientifiques démontrent que le virus était certainement présent chez certains

oiseaux sauvages ou domestiques dès 1996.

Le virus a réussi probablement à contaminer les humains parce que beaucoup de pay-

sans chinois vivent très près de leurs animaux. Partager son espace vital avec la volaille
et les porcs est une façon très efficace de côtoyer leurs excréments et les microbes qui s’y

cachent. Ce contact permanent fait que, si un virus développe la capacité de s’attaquer à

un humain, il y a alors de bonnes chances qu’il trouve l’occasion de le faire.

Symptômes et effets

Les premiers symptômes ressemblent à ceux de n’importe quelle autre grippe : maux de

tête, fièvre, douleurs musculaires, yeux qui piquent et mal de gorge. En franchissant,

comme d’autres virus grippaux avant lui, la barrière entre espèces, le virus H5N1 provoque

aussi une pneumonie chez beaucoup de gens. La pneumonie est due au fait que le virus

endommage la muqueuse des poumons, permettant au mucus de l’appareil respiratoire

d’envahir les alvéoles. Le dioxygène et le dioxyde de carbone ne pouvant plus entrer et

sortir de l’organisme, la personne bleuit peu à peu et n’arrive plus à respirer. En outre, le

mucus étant un terrain fertile idéal pour les bactéries, le malade se retrouve à devoir lutter

contre un cocktail de maladies potentiellement mortel.

À l’heure actuelle, la transmission du virus ne se fait que de l’animal à l’homme.

Mais au début de 2006, quelques études ont commencé à suggérer que le virus pourrait

évoluer vers une forme transmissible d’homme à homme. L’infection d’une personne à

l’autre pose un problème redoutable. On peut enrayer une maladie qui ne se transmet

aux humains que par les animaux, en évitant ceux-ci ou, si nécessaire, en les abattant.

En revanche, si jamais elle commence à se propager entre les personnes, il devient très

difficile de la contrôler. C’est la porte ouverte à une pandémie.

Régions concernées

Parti de Chine, le virus s’est propagé, favorisé par un mélange de désinvolture à l’égard du

commerce international et l’impérieuse migration des oiseaux sauvages En deux ans il


commerce international et l impérieuse migration des oiseaux sauvages. En deux ans, il

s’est répandu à travers l’Asie orientale, la Russie et l’Afrique. Les oiseaux migrateurs l’ont

ensuite transporté depuis l’Afrique vers l’Europe. Il est responsable de millions d’infections

chez les oiseaux domestiques et de centaines de décès chez les humains.


Traitement

Comme pour toute maladie virale, il y a très peu d’options thérapeutiques ; en outre, les

quelques médicaments disponibles ont donné des résultats médiocres chez les personnes

traitées. Enfin, le virus semble capable d’évoluer très rapidement pour faire échec à la

thérapie. L’espoir réside dans la vaccination, mais il faut pour cela que le vaccin cible spé-

cifiquement une souche particulière du virus. C’est seulement quand ce dernier prend une

forme transmissible de personne à personne que les entreprises pharmaceutiques peuvent

commencer à élaborer un vaccin… et il faudra des mois avant qu’il ne soit disponible. Ce

qui pourrait se révéler trop tard pour beaucoup de gens.

Menace potentielle pour la civilisation

La grippe H5N1 constitue une menace indéniable pour la civilisation telle que nous

la connaissons, pas tellement en raison du nombre d’individus qui risqueraient d’en

mourir – quoique cela serait terrible en soi –, mais surtout à cause des réactions prévi-

sibles face à la menace d’une pandémie. À court terme, les gouvernements pourraient

imposer des restrictions strictes aux déplacements, ce qui aurait un impact sur l’appro-

visionnement alimentaire et énergétique, et interromprait temporairement les échanges

et le commerce. Les pénuries qui en résulteraient pourraient déclencher une désorgani-

sation générale et des troubles civils… ce qui est loin d’être une perspective heureuse.

D’un autre côté, le virus H5N1 peut ne jamais découvrir comment parvenir à nuire aux

humains de façon grave, et tout le battage médiatique disparaîtrait avec la maladie.


Maux de tête

Fièvre

Yeux qui piquent

Mal de gorge

Lésions

pulmonaires

et pneumonie
Symptômes physiques
Le Covid-19

( C o ro n a v i r u s )

Agent : virus (SARS CoV2)

(Famille : Coronavirus)

Première trace : décembre 2019

Région : mondial

Pouvoir infectieux

Sévérité de la maladie

Probabilité de décéder

Menace d’arme biologique

Le Covid-19 peut se décrire comme une forme de grippe un peu particulière. Même s’il

peut entraîner une fièvre et une détresse respiratoire plus souvent mortelles, les chances

de survie restent élevées.

Origine

En décembre 2019, des médecins de la ville de Wuhan en Chine ont commencé à sus-

pecter l’existence d’une mystérieuse maladie chez certains patients. Une pneumonie est

une affection courante qui peut avoir différentes causes, mais aucune ne ressortait dans

les tests effectués.

La veille du jour de l’An, la Chine a alerté l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur

l ibilité d’ i E l’ d 100 j i t i é
la possibilité d un nouveau virus. En l espace de 100jours, ce nouveau virus a contaminé

plus de 100000 personnes dans plus de 90pays à travers le monde. C’est la vitesse de sa

propagation qui a le plus alerté les autorités. La rencontre d’une maladie mortelle avec un

monde hyperglobalisé venait d’avoir lieu.

Les animaux sont souvent des réservoirs qui permettent aux virus de se multiplier sans

les rendre malades pour autant. Il suffit d’un léger changement génétique et d’un contact

étroit avec l’homme pour qu’une nouvelle maladie apparaisse. Dans le cas du Covid-19, il

est probable que cela se soit produit sur le marché aux fruits de mer de Huanan à Wuhan.

La Chine a fermé ses aéroports et ses gares, annulé toutes les célébrations du Nouvel An

lunaire et mis des régions entières en quarantaine. Mille huit cents équipes d’épidémiolo-

gistes, avec au moins cinq personnes par équipe, ont tenté d’identifier toutes les personnes

touchées. Mais le virus s’était déjà propagé.

Détail poignant, le 7février 2020, Li Wenliang, un médecin de Wuhan, décède des suites
de la maladie. Il aurait été ciblé par la police pour avoir tenté d’alerter sur ce nouveau virus

de type SARS dans un contexte lourd de corruption et de dissimulation.

Les symptômes et les effets

Les gens ressentent en général les symptômes d’une grippe, avec une fièvre élevée, des

maux de tête, des douleurs musculaires, un mal de gorge et parfois une toux sèche. Dans

les cas sévères, ils ont des difficultés croissantes à respirer.

Les autopsies révèlent pourquoi. Les plus petites parties des poumons, les alvéoles, sont

décimées. Le tissu pulmonaire s’effondre et remplit les espaces tandis que les poussières

s’infiltrent dans les tissus et que les globules blancs s’amassent partout. Aucun apport en

oxygène, ni même une ventilation artificielle, ne peut venir à bout d’une telle destruction.

Il semble que le virus s’attaque d’abord aux cellules gobelets des poumons qui produisent

le mucus ainsi qu’aux cellules ciliées qui évacuent les débris pour nous faire tousser. Le

système immunitaire s’attaque alors à ces cellules infectées, ce qui entraîne encore plus de

blocages, de gonflement et de dépôts dans les poumons.

Les sites de propagation

Il est probable que les contacts rapprochés dans les marchés aux viandes en Chine ont

permis au virus de passer de l’animal à l’homme. Autrement, le Covid-19 se répand

surtout par la voie des « gouttelettes ». Cela signifie que les personnes infectées peuvent

transmettre le virus en toussant, éternuant ou en faisant la bise. Il peut aussi arriver

qu’une personne se contamine en prenant un objet touché auparavant par quelqu’un qui

a éternué dans sa main. Mais si cette personne se lave bien les mains avant de se toucher

le visage, elle peut stopper la chaîne de contamination. Les virus ne peuvent subsister très

longtemps sur des surfaces inertes. Ils ont besoin d’un hôte vivant.

Le problème qui se pose si l’on se contente du confinement pour combattre le Covid-19

est sa durée variable d’incubation Une personne peut porter le virus jusqu’à 14 jours
est sa durée variable d incubation. Une personne peut porter le virus jusquà 14 jours

avant de tomber malade. Durant cette période, elle pourra propager le virus sans même le

savoir. C’est pour cette raison que les mesures globales visent autant à limiter ou ralentir

la propagation du virus qu’à développer les possibilités de traitement.

Progrès dans le traitement

Il n’y a actuellement que des soins « de soutien ». Ils incluent un apport en oxygène, des

médicaments contre la fièvre, une ventilation pulmonaire, des injections et une nutri-

tion adaptée. Il n’existe aucun remède direct et les patients doivent vaincre le virus par

eux-mêmes. Les chercheurs ont décodé le patrimoine génétique du virus tandis que des

traitements et des vaccins sont en cours de développement.

Une menace potentielle contre la civilisation


La menace du Covid-19 sur l’économie mondiale et les tensions qu’il a entraînées dans

les relations politiques ont fait des dégâts. Les mesures de confinement ont séparé des

familles, perturbé le commerce ainsi que de multiples activités sociales dont les mariages

et les enterrements. Les bourses mondiales se sont écroulées et dans le monde entier les

gouvernements ont recommandé de ne plus se serrer la main ni de s’embrasser.

Écoulements

au n i ve a u du nez

et des yeux

Douleurs

m u s c u l a i re s
Partie 2

Maladies
transmissibles

par voie aérienne


Coqueluche

Agent : bactérie

Bordetella sp.

Première manifestation connue :

e
siècle


Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Deux espèces différentes, mais étroitement apparentées, de bactéries causent la coqueluche :

Bordetella pertussis et B. parapertussis (1 à 10 % des cas). Ensemble, elles tuent plus de

300 000 personnes par année, la majorité dans les pays en voie de développement.

Origines

L’époque exacte d’apparition de la coqueluche est inconnue. Il est probable que la maladie

ait pris naissance en Afrique ou dans les Indes orientales. Hippocrate mentionne des épidé-

mies de toux, sans qu’un lien avec la coqueluche n’ait pu être établi. Elle serait apparue en

Europe en 1414. Sa première description est due à Guillaume de Baillou, à la suite d’une

épidémie qui s’est déclarée à Paris en 1578.

Symptômes et effets

Longtemps considérée comme une maladie de la petite enfance, la coqueluche peut être

sévère à tout âge. Elle est particulièrement dramatique, voire mortelle, pour les nourris-

sons de moins de 6 mois et les personnes à risque (femmes enceintes et personnes âgées)
sons de moins de 6 mois et les personnes à risque (femmes enceintes et personnes âgées).

Typiquement, elle se manifeste par plusieurs quintes de toux violentes chaque jour, entre-

coupées de périodes sans symptômes. Lors du paroxysme d’une crise de toux, la langue est

poussée loin vers l’avant et des liquides s’écoulent des yeux et du nez. Alors que le visage

vire au bleu, l’individu parvient à expectorer du mucus et, la gorge libérée, il aspire une

grande goulée d’air, créant un son aigu évoquant « le chant du coq ».

Les bactéries se fixent sur la couche externe des cellules dans les poumons et libèrent une

toxine qui paralyse les cils microscopiques normalement chargés de l’entretien de l’appareil

respiratoire. Une fois les cils immobilisés, les bactéries sont moins facilement expulsées et

l’évacuation du mucus que les poumons produisent sans arrêt ne se fait plus. Le mucus

s’accumule jusqu’à obstruer les voies respiratoires. Si le patient ne parvient pas à l’évacuer

en toussant, les poumons s’affaissent. La seule voie qui s’offre alors, c’est un séjour de

quelques jours aux soins intensifs car, sinon la mort n’est pas loin.
Épidémies marquantes

Les épidémies de coqueluche tendent à se produire tous les quatre ou cinq ans. Une fois

que débute une épidémie, elle est difficile à contenir, à moins qu’une grande proportion

de la population soit vaccinée. Les antibiotiques ne sont que partiellement efficaces, car

les bactéries ne pénètrent jamais dans l’organisme, mais s’installent plutôt à l’extérieur de

l’enveloppe des poumons ; beaucoup d’entre elles ne sont donc pas en contact avec les

antibiotiques. En outre, la maladie est très contagieuse. Chaque toux expulse dans l’air

des milliers de gouttelettes contaminées par les bactéries. En partageant le domicile d’un

enfant infecté, l’entourage a 90 % de chances d’être infecté.

Traitement

Il existe un vaccin, mais il ne peut éliminer la maladie que si la quasi-totalité de la

communauté est vaccinée. L’Allemagne d’avant la réunification fournit un cas type inté-

ressant. Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest, la vaccination était volontaire et peu de

gens y recouraient ; en revanche, elle était obligatoire en Allemagne de l’Est, où, en 1989,

95 % de la population étaient vaccinés. Entre 1980 et 1990, l’incidence de la coqueluche

a été cent fois plus élevée à l’Ouest qu’à l’Est. Dans les pays comme la France où la vacci-

nation du nourrisson est recommandée dès l’âge de deux mois, la transmission ne se fait

plus d’enfants à enfants, mais d’adolescents ou adultes à nouveau-nés. C’est pourquoi,

un vaccin de rappel est recommandé pour les adolescents ou les adultes se trouvant dans

l’entourage d’un nourrisson.

Affaissement

Écoulement des
possible des
possible des

yeux et du nez
poumons

Bleuissement

du visage

Toux violente

Mucus expectoré
Coryza

(rhume de cerveau)

Agent : virus

Rhinovirus (Famille : Picornaviridae)

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Environ 95 % des adultes normaux sont infectés quand les chercheurs déposent les virus

dans leur nez. Parmi les gens infectés, il n’y a que 75 % d’entre eux qui manifestent les

symptômes du coryza. Chez les autres, le virus se développe dans leur nez, mais ils ne

présentent aucun symptôme.

Pourquoi certaines personnes ne développent-elles pas les symptômes de la maladie

reste un mystère. Il se peut qu’il s’agisse d’individus ayant une capacité anormalement

faible de produire des « messages » à l’intérieur des cellules, messages nécessaires au

déclenchement des symptômes. Si cette théorie est valide, les gens ayant un système

immunitaire actif pourraient être plus sujets à développer les symptômes du coryza

queceux dont le système immunitaire est moins actif. Cela reste à confirmer.

Origines

Il existe plus de 100 virus différents du coryza, couramment appelé rhume de cerveau ou

encore rhinite aiguë mais les rhinovirus sont les plus importants car ils causent au moins
encore rhinite aiguë, mais les rhinovirus sont les plus importants, car ils causent au moins

la moitié de tous les rhumes. Leur nom vient du grec rhino, qui signifie « nez ».

Symptômes et effets

Les symptômes du rhume de cerveau sont l’impression d’avoir le nez obstrué, tout en

ayant besoin d’éternuer, alors que du mucus liquide s’écoule sans arrêt du nez. On a

mal à la gorge ; on tousse ; on a la voix rauque et de légers maux de tête ; on est fiévreux

et on frissonne. En général, on ne se sent pas bien. En moyenne, les adultes attrapent

deux ou trois rhumes par année et les enfants, six à dix, selon leur âge et leur exposition

aux virus. Le nez des enfants est la source principale des virus du coryza. En moyenne,

les symptômes durent une semaine, quoiqu’un mauvais rhume puisse persister quelques

semaines.
Régions concernées

Le coryza est l’une des histoires à succès des virus. Il voyage partout et, comme l’immunité

contre chaque attaque ne dure que 4 ans environ, il y a toujours une population prête

à l’accueillir dans son nez. Aux États-Unis, dont la population s’élève à un peu plus de

316millions d’habitants, environ 22millions de jours d’école sont perdus chaque année à

cause du rhume. Chaque année, le rhume engendre des coûts médicaux (visites et prescrip-

tions médicales) et de l’absentéisme (scolaire et professionnel).

Traitement

Le rhume étant généralement d’origine virale, l’antibiothérapie ne sert à rien, sauf en cas

de complications. Linus Pauling, prix Nobel de chimie (et de la Paix), était convaincu

que la vitamine C pouvait prévenir le coryza. De nos jours, une énorme industrie est à

l’œuvre, fondée sur cette hypothèse, mais plusieurs études à grande échelle ont commencé

à la mettre en doute. Une étude montre que dans deux groupes, l’un ayant reçu de la

vitamine C, l’autre des placébos (comprimés d’apparence et de goût similaires, mais ne

contenant aucun ingrédient actif – dans ce cas-ci, la vitamine C), le nombre de rhumes

et de symptômes du rhume étaitsemblable.

Menace potentielle pour la civilisation

Les communautés isolées de chasseurs-cueilleurs, les habitants indigènes des forêts tropi-

cales et les aborigènes d’Australie ont tous souffert de l’arrivée d’un voyageur occidental

ayant introduit le coryza parmi eux. Dans certains cas, l’irruption de la maladie a été si

grave que des communautés entières ont péri.


Mal de tête Nez obstrué

Fièvre ou qui coule

Frissons Besoin d’éternuer

Gorge irritée

Toux
Symptômes physiques
Rougeole

Agent : virus

Morbillivirus

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : principalement pays en voie

dedéveloppement

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le virus de cette maladie grave pourrait se retrouver dans quelques décennies sur la liste

des espèces menacées, à condition que chaque génération de parents fasse vacciner ses

enfants. Depuis la généralisation de la vaccination dans un certain nombre de pays, le

taux d’infection et de décès s’est effondré. Entre 2000 et 2013, estime l’OMS, la vacci-

nation a évité 15,6millions de décès, faisant de ce vaccin le meilleur investissement dans

la santé publique. Le nombre de décès à l’échelle mondiale a diminué de 75 %, passant

de 544 200 en 2000 à 147 500 en 2013. La maladie reste l’une des causes importantes de

décès chez les jeunes enfants.

Origines

Il existe des mentions de maladies semblables à la rougeole remontant au moins à 600 av.

J.-C. Toutefois, la première description scientifique de la maladie qui la distingue de la

variole est due au médecin persan al-Razi (854-932), auteur d’un livre intitulé La variole

et la rougeole Le virus qui cause la rougeole morbillivirus a été isolé en 1954 et les vaccins
et la rougeole. Le virus qui cause la rougeole, morbillivirus, a été isolé en 1954 et les vaccins

sont disponibles depuis 1963.

Symptômes et effets

La rougeole se transmet par les liquides du nez et de la bouche de la personne infec-

tée, soit directement, soit par des gouttelettes dispersées dans l’air. C’est une maladie

extrêmement contagieuse : environ 90 % des gens non immunisés contre la rougeole

etpartageant leur domicile avec une personne infectée l’attrapent.

Entre 9 et 11 jours après que la personne a été infectée, elle commence à se sentir fati-

guée, épuisée même. Elle devient très fiévreuse, ses yeux coulent et ses paupières enflent.

Bientôt, elle commence à fuir la lumière et manifeste des symptômes apparentés à ceux

du rhume. Au bout de trois à quatre jours, une éruption cutanée rouge vif apparaît sur le

front et le visage. Elle se propage ensuite au cou et au tronc, atteignant les pieds en moins
de trois jours. Cette éruption, qui peut être irritante, change de couleur, virant du brun

foncé au rouge pendant la durée de l’infection. Après trois jours, elle commence à s’atté-

nuer. La personne infectée reste contagieuse depuis l’apparition des premiers symptômes

jusqu’à trois à cinq jours après la disparition de l’éruption.

Si les symptômes cessent alors, tout va bien. Les problèmes commencent si d’autres

symptômes se manifestent. Beaucoup de victimes souffrent de diarrhée et d’infections aux

oreilles et un bon nombre d’entre elles développe une pneumonie ou une bronchite. Une

personne sur 200 souffre de convulsions, et une sur 1 000 développe une encéphalite. Ces

complications font qu’un enfant sur 2 500 succombe à la maladie et qu’un sur 8 000 connaît

des atteintes graves aucerveau.

Régions concernées

Dans les pays développés, la plupart des enfants sont vaccinés à l’âge de 18 mois, habi-

tuellement avec le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Il en résulte que la rougeole

est relativement rare dans ces régions et le taux de mortalité y est très bas. En revanche,

la rougeole reste fréquente dans beaucoup de pays en développement où la vaccination

est limitée, notamment dans certaines régions d’Afrique et d’Asie. L’immense majorité

(plus de 95 %) des décès par rougeole survient dans des pays où le revenu par habitant

est faible et l’infrastructure sanitaire est fragile.

Épidémies marquantes

Publiée dans un journal médical du Royaume-Uni en 1998, une étude suggérait qu’il

pouvait y avoir un lien entre le vaccin utilisé pour prévenir la rougeole et certaines mala-

dies de l’estomac. De nombreux spécialistes ont par ailleurs soupçonné l’existence d’un

lien entre ce vaccin et l’autisme. Depuis, les recherches ont échoué à confirmer ces liens,

mais la crainte d’un risque, même infime, a conduit de nombreux parents à refuser la

vaccination de leurs enfants… endépit du fait que, en agissant ainsi, ils les exposent à une

menace beaucoup importante celle de contracter une maladie potentiellement dange


menace beaucoup importante, celle de contracter une maladie potentiellement dange-

reuse. Avec la baisse du taux de vaccination, il y a désormais un risque accru d’épidémie ;

cette possibilité a été soulignée au Royaume-Uni au début de 2006, quand un enfant est

mort subitement de la rougeole. L’événement a fait sensation parce que, dans ce pays,

c’était le premier décès lié à la rougeole depuis 10 ans.

Traitement

Il n’existe pas de traitement spécifique contre la rougeole : en général, en l’absence de

complications, le repos et les soins suffisent à assurer le rétablissement. La vaccination

est donc le seul moyen de protection, d’autant qu’elle suppose seulement deux doses
d’un vaccin peu coûteux, sûr et largement disponible. En 2013, environ 84 % des

enfants dans le monde (contre 73 % en 2000) ont reçu une dose de vaccin antirou-

geoleux avant l’âge d’un an. Néanmoins, la vaccination ne garantit pas que l’individu

vacciné ne contractera pas la rougeole ; seulement 90 % des enfants vaccinés sont

effectivement immunisés contre la maladie. Et pour que les stratégies de vaccination

réussissent, il faut que toute la population soit vaccinée. À l’intérieur d’une population,

si des personnes ne sont pas immunisées par la vaccination, elles sont si dispersées que

le virus ne peut pas par venir à se propager d’un individu à un autre. Sans possibilité

de se déplacer, le virus s’éteindra. En d’autres termes, décider de ne pas souscrire à un

programme de vaccination ne met pas seulement votre enfant au danger, cela augmente

le risque pour tout le reste de la population.

Fièvre Yeux larmoyants

Fatigue Paupières enflées

Sensibilité à la

Infection
lumière

des oreilles

Possibilité de

pneumonie et

de bronchite

Éruption

cutanée

rouge vif

sur tout

le corps
Symptômes physiques

<
Tu b e r c u l o s e (TB)

Agent : bactérie

Complexe Mycobacterium tuberculosis

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles et les plus répandues

dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tiers de la popu-

lation de la planète est infecté par le bacille de la tuberculose. En 2013, 9 millions de

personnes ont développé la tuberculose et 1,5 million en sont mortes. En France, on

compte plus de 5 000 nouveaux cas et environ 900 décès par an.

Quoique la plupart des cas se manifestent dans les pays en voie de développement,

(plus de 95 % des décès), un nombre croissant de gens contracte la tuberculose dans les

pays développés, parce que leur système immunitaire est affaibli ; cela est dû principale-

ment aux immunodépresseurs (pris pour empêcher l’organisme de rejeter une greffe), à

des médicaments, à des drogues ou au VIH/sida.

Origines

Les traces de tuberculose remonte à l’Antiquité, mais le bacille serait contemporain des

i h i idé il 3 illi d’ é D t d té d’ i 4 000


premiers hominidés, il y a 3millions d années. Des restes osseux datés d environ 4 000 av.

J.-C. présentent des indices caractéristiques de tuberculose ; en outre, des signes d’infec-

tion apparaissent sur la colonne vertébrale d’Égyptiens momifiés entre 3 000 et 2 400 av.

J.-C.. Ailleurs, en Inde, des documents indiquent que la tuberculose y sévissait en 2 000

av. J.-C. et des vestiges archéologiques suggèrent que c’était aussi le cas en Amérique à

la même période.

L’espèce spécifique de bactérie causant la maladie fut isolée par Robert Koch, médecin

allemand qui reçut le prix Nobel de physiologie et médecine en 1905 pour ses travaux,

d’où le nom de bacille de Koch parfois donné à cette bactérie. Koch pensait que la tuber-

culose humaine et la tuberculose bovine (du bétail) étaient deux maladies très distinctes.

Mais une fois que les médecins eurent découvert qu’elles étaient en réalité proches,

l’industrie laitière commença à chauffer, ou « pasteuriser », le lait avant de le vendre. Ce

procédé élimina l’une des voies royales qui infectaient les humains.
Symptômes et effets

La tuberculose était autrefois appelée « consomption » ou « phtisie » (dépérissement), car

elle semblait consumer le corps de l’intérieur. Le plus couramment, la maladie affecte les

poumons, avec pour symptômes : toux, douleur à la poitrine, fièvre, sueurs nocturnes,

perte d’appétit, perte de poids et épuisement. La bactérie en cause possède un nombre de

propriétés qui la rendent difficile à attaquer. D’abord, beaucoup de gens ne présentent

aucun symptôme durant des années, voire des décennies, après l’infection initiale : les

bactéries se logent dans les poumons et attendent. Seules 5 à 10 % des personnes infectées

feront une tuberculose. Ce qui active les bactéries varie d’une personne à une autre, mais

cela se produit souvent quand la personne est sous le coup d’une autre maladie.

Alors, des colonies commencent à se développer à l’intérieur des poumons, créant des

zones de tissus cellulaires morts ou endommagés, et les produits libérés par les bactéries

déclenchent fièvres et fonte musculaire. À force de s’agrandir, les zones endommagées

atteignent finalement les voies respiratoires et les bactéries envahissent le mucus. Par

conséquent, chaque fois que la personne tousse, des millions de bactéries sont projetées

dans les airs. On dit de ces patients qu’ils sont « ouverts » ou « pathogènes » ; ils pro-

pagent la maladie par les gouttelettes projetées dans l’air quand ils toussent, éternuent,

crachent ou parlent.

Une fois que l’infection peut s’échapper des poumons, elle peut aussi voyager à l’inté-

rieur de l’organisme, établissant des colonies dans la bouche et le larynx. Les bactéries

ingérées causent des problèmes intestinaux et d’autres se logent dans la vessie et les reins,

d’autres enfin s’établissent dans la peau du visage et du cou. Si on ne les traite pas, il peut

en résulter des cicatrices permanentes.

Régions concernées

La tuberculose prospère là où les gens s’entassent les uns sur les autres dans des conditions

de vie déplorables Les prisons des pays en voie de développement sont des foyers parti
de vie déplorables. Les prisons des pays en voie de développement sont des foyers parti-

culièrement propices, car les gens sont souvent mal nourris et malades et la promiscuité

y est très étroite. Comme l’aération est souvent déficiente, un détenu aspire aisémentles

gouttelettes saturées de bactéries qu’un autre vient d’expectorer.

La tuberculose attaque aussi les gens dont le système immunitaire est affaibli, comme

c’est le cas des personnes souffrant du VIH/sida ou de quiconque sous médicaments

immunodépresseurs. Combiné à la négligence des programmes de surveillance et à l’ac-

croissement des migrations dans le monde, on assiste à une résurgence de la tuberculose,

aujourd’hui l’une des maladies les plus meurtrières au monde après le sida.
Traitement

En 1906, les biologistes français Albert Calmette et Camille Guérin développèrent le

vaccin « Bacille de Calmette et Guérin », ou BCG. Il fut utilisé sur des humains pour la

première fois en 1921, mais il s’avéra ne protéger les individus que dans un cas sur deux.

Il a fallu attendre 1946 et l’arrivée de la streptomycine, un antibiotique, pour donner un

nouvel espoir aux malades.

Mais au fil des ans, les bactéries ont développé une résistance à plusieurs antibiotiques.

On estime désormais à 500 000 le nombre de cas de tuberculose multirésistantes dans le

monde. Aujourd’hui, soigner quelqu’un de la tuberculose implique de lui administrer un

cocktail d’antibiotiques pendant six mois, voire deux ans.

Fièvre

Épuisement

Détérioration

des poumons

Perte

d’appétit

Perte de

poids
Légionellose

Agent : bactérie

Legionella pneumophila

Première manifestation connue : 1976

Répartition : intérieur des bâtiments climatisés

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le bâtiment procure de nombreux avantages aux humains, mais plus vous y enfournez

de technologie, plus vous avez de chances que ça dérape. Ironiquement, les systèmes de

distribution d’eau, de chauffage et de climatisation fournissent l’environnement idéal pour

que prospère Legionella pneumophila, un microbe qui peut attaquer les poumons.

Origines

La maladie a été découverte en 1976 parmi un groupe d’anciens combattants participant

à une convention de l’American Legion à Philadelphie, en Pennsylvanie, aux États-Unis.

D’où le nom de « maladie du légionnaire » qui lui est souvent donné. Cette épidé-

mie provoqua une certaine panique parce que personne ne comprenait pourquoi tant

d’hommes en un seul lieu y avaient développé des troubles respiratoires. Il a fallu un an

pour isoler le microbe et le coupable s’est révélé être une bactérie en forme de bâtonnet
pour isoler le microbe et le coupable sest révélé être une bactérie en forme de bâtonnet.

La seule façon connue de s’infecter, c’est d’inhaler une nuée de fines gouttelettes d’eau

gorgées de bactéries.

Symptômes et effets

Après une période d’incubation de 2 à 10 jours, L. pneumophila commence par déclen-

cher une fièvre, puis rend la respiration difficile, car les alvéoles des poumons s’emplissent

de mucus. La fièvre augmente jusqu’à ce que la victime ressente des troubles psychiques

et soit en proie à des hallucinations, voire tombe dans le coma. Le taux de mortalité peut

atteindre 80 %, si les personnes ne sont pas traitées ou si leur système immunitaire est

déficient. Chez les personnes en bonne santé qui reçoivent des soins médicaux adéquats,

ce taux peut chuter à 5-10 %.


Régions concernées

Avant de pénétrer un corps humain, les bactéries L. pneumophila doivent loger dans des

gouttelettes d’eau. Cela signifie que les spas et les baignoires d’hydromassage sont des

lieux à haut risque qu’il vaut mieux éviter pour ne pas contracter la maladie. De même,

les systèmes de chauffage et de climatisation, souvent tapissés de condensation, peuvent

être des vecteurs de la maladie s’ils ne sont pas nettoyés régulièrement.

Épidémies marquantes

Depuis 1976, de nombreuses épidémies ont surgi en Amérique du Nord, en Asie et en

Europe. Aux États-Unis, on estime à 8 000à 18 000 le nombre de cas de légionellose chaque

année. En France, entre1200 et1500 cas par an sont recensés ; la plus importante épidémie

date de l’hiver 2003 : 86 personnes touchées dans le Pas-de-Calais et 18 décès ; la source a

vite été identifiée, il s’agissait de la tour aéro-réfrigérée d’une usine.

Chaque flambée de la maladie semble attirer sur les lieux autant d’avocats que de profes-

sionnels de la santé. La réduction du risque passe par l’adoption de mesures pour limiter

la prolifération des légionelles dans les installations les plus exposées et notamment les

hôpitaux.

Traitement

La légionellose doit être prise au sérieux et la plupart des traitements impliquent l’injec-

tion de doses massives d’antibiotiques dans le sang. L’érythromycine est l’antibiotique

le plus couramment utilisé contre cette maladie, mais l’azithromycine, développée plus

récemment, sous forme de comprimés ou dans un sirop pourrait devenir le traitement

de choix.
Crises
Confusion

possibles
Hallucinations

Fièvre

Difficultés

respiratoires
Symptômes physiques
Grippe p o rc i n e H1N1

Agent : virus

Influenzavirus porcin de type A H1N1

(Famille : Orthomyxoviridae)

Première manifestation connue : 2009

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La plupart des nouveaux virus peuvent soit endommager gravement la santé de l’indi-

vidu, soit se transmettre de personne à personne, mais non les deux. À la fin du printemps

2009, les autorités sanitaires de la planète ont été mises en alerte quand elles ont décou-

vert l’irruption d’un virus qui pouvait tuer et se transmettre au sein de la population. À

l’origine, la maladie a été surnommée « grippe porcine », parce que les gènes du virus de

la grippe A, de sous type H1N1, sont semblables à ceux trouvés couramment dans les

virus infectant les porcs ; toutefois, il n’y a pas de preuve que cette version spécifique du

virus soit présente dans quelque population porcine que ce soit.

Origines

Maria Adela Gutierrez a vécu et est morte dans un quasi-anonymat, mais, à l’insu de

tous elle avait contracté un virus qui n’avait jamais infecté un humain auparavant Ayant
tous, elle avait contracté un virus qui navait jamais infecté un humain auparavant. Ayant

propagé le virus dans sa communauté tandis qu’elle travaillait, Maria est tombée malade

et s’est rendue à l’hôpital, y transmettant le virus à16 personnes.

Il est fort probable qu’on ignorera toujours comment elle a contracté le virus. Après

tout, était-elle la première personne à être infectée, ou seulement la première personne à

y avoir succombé après avoir été infectée ? Il n’y avait aucune raison particulière de voir

en elle autre chose qu’une patiente gravement malade de la grippe et, donc, quand les

autorités comprirent ce qui se passait, le virus s’était propagé dans le reste du monde.

Symptômes et effets

Les symptômes sont similaires à ceux de toute autre grippe grave. Les premières victimes

étaient surtout de jeunes adultes en forme, probablement parce que leur système immuni-

taire en bonne santé avait la capacité de réagir de façon excessive à un nouveau virus comme
celui de la grippe porcine. Comme une force militaire appliquée avec trop de zèle, le système

immunitaire détruit son propre organisme en s’efforçant de détruire le virus qui l’agresse.

Régions concernées

Quoiqu’il semble que la maladie soit apparue au Mexique, le grand nombre de gens qui

voyagent dans le monde, pour le tourisme et le commerce, a permis sa diffusion aux

États-Unis, en Europe et en Australasie en quelques semaines. Le virus a fait le tour de

la planète à une vitesse fulgurante. Devant l’ampleur de l’épidémie, l’OMS a qualifié la

situation de pandémie le 11juin 2009. Plus de 16 000 décès sont attribués à ce virus.

Traitement

Nous disposons d’un arsenal limité de traitements contre les virus en général et les

nouveaux virus en particulier. Comme il faut compter six à neuf mois pour développer

un vaccin, la vaccination ne peut servir à prévenir l’irruption de la maladie. Les médi-

caments antiviraux peuvent atténuer les symptômes de la maladie, rendant la survie

beaucoup plus probable, mais ils n’empêchent pas de l’attraper. Se laver les mains, éter-

nuer et se moucher dans des papiers mouchoirs, et garder les gens malades dans leur lit

constituent les meilleurs moyens de défense.

Menace potentielle pour la civilisation

Si les mesures préventives arrêtent la propagation de ce type de nouvelles maladies, iln’y

a pas de menace grave pour la civilisation. Si elles échouent, alors l’histoire nous enseigne

que le tiers de l’humanité, sinon plus, pourrait mourir.


Épuisement

et dépression
Maux et douleurs

musculaires généralisés

Faiblesse

généralisée
Partie 3

Infections
sexuellement

transmissibles
Herpès

Agent : virus (Famille : Herpesviridae)

Virus herpes simplex

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Hippocrate, médecin et philosophe de la Grèce antique, fut l’un des premiers à décrire

une maladie de la peau s’apparentant à l’herpes simplex (virus de l’herpès). Aussi, il

semble que le nom de la maladie vienne du grec herpes, qui signifie « se glisser sous ou

ramper », à cause de la nature de la propagation des lésions cutanées herpétiques. Dans sa

e
pièce Roméo et Juliette, Shakespeare ( siècle) parle de « plaies cloques » sur les lèvres de

Juliette. Néanmoins, il fallut attendre 1893 pour que le médecin français Jean-Baptiste-

Émile Vidal établisse que la maladie était transmise de personne à personne. Le virus fut

découvert un peu plus tard. Nous savons aujourd’hui que le même virus est responsable

de maladies comme l’herpès labial (feu sauvage) et l’herpès génital.

Récemment, les généticiens ont montré que l’histoire du virus, bien plus ancienne qu’on

ne le pensait, suit de manière étonnamment précise les premières migrations d’Homo

sapiens voyageant à travers le monde depuis le continent africain.

Symptômes et effets
Il existe deux versions différentes du virus herpes simplex, HSV-1 et HSV-2 ; c’est HSV-2

qui infecte la région génitale la plupart du temps. Ces virus déclenchent l’infection ini-

tiale en créant une « vésicule », qui résulte du gonflement de cellules cutanées affaissées.

Les cellules à la base de la vésicule sont infectées par les virus. Ceux-ci se multiplient dans

les cellules, tandis que le sommet de la vésicule dégénère, révélant un ulcère. Au cours des

jours suivants, l’ulcère guérit. C’est souvent ce qu’on voit chez quelqu’un qui a un feu

sauvage, mais la même chose se produit quand le virus infecte l’un des organes génitaux.

Mais ce n’est pas la fin de l’infection. Quand les virus se multiplient à l’intérieur de la

vésicule, beaucoup d’entre eux localisent la terminaison nerveuse des neurones sensoriels,

y pénètrent et voyagent dans les fibres nerveuses jusqu’à atteindre le corps cellulaire prin-

cipal du nerf, lequel est blotti près de la moelle épinière. Les virus peuvent y rester inactifs

des années durant, n’attendant que l’occasion d’être réactivés, de revenir sur leurs pas le
long d’un nerf et de développer un nouveau foyer d’infection. Une fois contracté, le virus

de l’herpès reste à vie dans l’organisme. Il réapparaît périodiquement dans la zone où il a

été contracté : ce sont les poussées d’herpès ou récidives.

Régions concernées

Quoique l’herpès génital ne soit pas mortel, il peut être douloureux, parfois grave pour

certaines personnes fragiles. Les estimations suggèrent que 20 % de la population des

États-Unis, soit plus de 60 millions de personnes, seraient infectés par l’herpès génital.

La maladie concernerait plus de 2 millions de personnes en France où elle ne cesse de

progresser, notamment chez les jeunes. Beaucoup des personnes infectées n’en ont pas

conscience, soit par absence de symptômes, soit par confusion avec d’autres infections de

la peau. Dans les pays en voie de développement, le nombre de personnes touchées varie

largement d’un pays à l’autre (de 2 % à 75 %). En outre, on sait les gens infectés par

l’herpès ont un risque plus élevé de contracter aussi le VIH s’ils ont une relation sexuelle

non protégée avec une personne séropositive.

Traitement

En 1985, les premiers médicaments antiviraux arrivèrent sur le marché, parmi lesquels

certains ciblaient le traitement de l’herpès. Ils agissent de façon à empêcher les cellules

d’assembler de nouvelles copies du matériel génétique viral. Quoique ce soit un grand

pas en avant, on sait désormais que de nouvelles versions du virus peuvent échapper

aux médicaments. Là encore, la prévention vaut bien mieux que le traitement, d’autant

qu’une fois installé, le virus est indélogeable.


Feux sauvages

Ulcères

génitaux

Symptômes physiques
Syphilis

Agent : bactérie

Treponema pallidum

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

On a découvert en 1905 que T. pal l i dum, le tréponème pâle, était la cause de la syphilis,

mais la maladie était connue depuis des siècles. Les historiens ont débattu des années

durant pour savoir si Christophe Colomb, l’explorateur du 

avaient transporté la maladie depuis l’Europe jusqu’au Nouveau Monde, ou si elle était

déjà là. Présente pendant des siècles, la syphilis avait disparu des pays développés avant d’y

réapparaître au cours de la dernière décennie, mais a persisté dans les pays en développe-

ment. D’ordinaire, les gens sont contaminés lors de rapports sexuels avec une personne

infectée. La maladie peut être transmise aussi par la mère au fœtus dans son ventre, ou le

bébé peut être infecté par le mucus vaginal au moment de l’accouchement. Dans de rares

cas, la syphilis est transmise par transfusion de sang contaminé.

Symptômes et effets

Si elle n’est pas traitée, la syphilis devient une maladie évolutive qui se développe en

quatre stades différents : primaire secondaire latent et tertiaire À l’origine le tréponème


quatre stades différents : primaire, secondaire, latent et tertiaire. À l origine, le tréponème

pâle s’introduit dans l’organisme en se logeant dans les muqueuses tendres ou par des

lésions cutanées. Une fois entré, il envahit rapidement le système lymphatique et se

propage dans tout l’organisme. La bactérie est extrêmement infectieuse. Elle se multi-

plie sur le site initial de son intrusion puis, après une période d’incubation moyenne

de 3 semaines, il se forme un ulcère indolore plein de bactéries. En temps normal, ces

« chancres » se situent sur les organes génitaux externes, mais ils peuvent aussi se présen-

ter dans le col de l’utérus, autour de l’anus ou dans la bouche. Embrasser sur la bouche

quiconque a des chancres buccaux peut suffire à contracter la maladie. En général, le

chancre guérit au bout de 3 à 6 semaines, mais les symptômes du stade secondaire se

développent 2 à 12 semaines plus tard : des ulcères extrêmement infectieux apparaissent

quasi n’importe où sur le corps.


Lentement, ces plaies guérissent, mais les bactéries ne disparaissent pas : elles sont juste

à l’affût. La personne traverse le stade latent de la maladie, mais des rechutes d’ulcères

secondaires peuvent se produire à tout moment. Des décennies plus tard, la personne

peut développer une syphilis tertiaire. C’est une maladie lentement évolutive, inflam-

matoire et destructrice qui peut affecter n’importe quel organe ; quand elle s’attaque au

cerveau, la victime perd graduellement la raison.

Régions concernées

L’OMS s’alarme de la persistance de la syphilis dans le monde. Il y aurait aujourd’hui

autant de femmes enceintes infectées par l’agent de cette maladie que par le virus du

sida (VIH) : près de 1,5 million. Aux États-Unis, le nombre de cas de syphilis, qui

avait presque disparu, a doublé entre 2005 et 2013 pour atteindre 16 000 personnes.

En France, la syphilis avait été retirée en 2000 de la liste des maladies à déclaration

obligatoire au regard du faible nombre de nouveaux cas (37). Mais depuis, elle est en

nette progression (857 nouveaux cas en 2012). Comme aux États-Unis, les hommes

homosexuels sont les plus exposés (83 % des cas en France). La syphilis prospère dans les

milieux où les contacts sexuels sont nombreux et à risque.

Traitement

Comme il s’agit d’une bactérie, la syphilis se soigne avec un antibiotique, la pénicilline.

Le traitement des soldats durant la Seconde Guerre mondiale fut le premier usage en

masse de ce médicament. La syphilis tardive est plus difficile à traiter. Contrôler la mala-

die implique que tous les partenaires sexuels de l’individu traité le soient aussi une fois

le diagnostic posé.
Ulcères buccaux (primaire) Ulcères génitaux (secondaire)

Folie (tertiaire) Ulcères généralisés (secondaire)


B l e n n o ra g i e

(gonorrhée)

Agent : bactérie

Neisseria gonorrhoea

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La blennorragie, ou gonorrhée, aussi appelée familièrement chaude-pisse ou chtouille, est

une infection sexuellement transmissible classique, qui se répand quasi exclusivement par

contacts sexuels. Sa période d’incubation est courte.

Origines

C’est sans doute la plus vieille maladie vénérienne du monde. Elle est citée dans l’Ancien

Tes t ament et ment i onnée dans des t ext es chi noi s i l y a pl us de 5 000 ans, ainsi que dans des

e
textes arabes, grecs, indiens et romains de l’Antiquité. Au  siècle

gréco-romain, l’appela gonorrhée (du grec gonê, semence, et rrhoia, couler), pensant à tort

qu’il s’agissait d’un jet involontaire de sperme. Rabelais en parle au 

de « pisse chaude », en référence à l’écoulement génital purulent et douloureux. En 1879,

le médecin allemand Albert Neisser découvre la bactérie en cause, le gonocoque.

Symptômes et effets
Environ 10 % des hommes et 80 % des femmes infectés ne développent aucun symp-

tôme. Un homme consulte un médecin lorsqu’il éprouve des brûlures quand il urine, qui

surviennent en général quelques jours après un rapport sexuel vaginal ou anal non protégé

avec un partenaire infecté. La douleur s’accompagne souvent d’écoulements de pus par le

pénis. En l’absence de traitement, des lésions dans les voies génitales peuvent provoquer

une stérilité. La plupart des femmes consultent un médecin quand elles découvrent que

leur partenaire est infecté. Non traitée, la maladie peut causer une inflammation généralisée

de la région pelvienne, entraînant un risque de grossesse extra-utérine et de stérilité. Dans

les deux sexes, si les bactéries quittent les organes génitaux et diffusent dans le sang, elles

peuvent provoquer une infection généralisée, avec fièvre et douleurs articulaires (arthrite).

Les nouveau-nés peuvent aussi contracter la maladie lors de l’accouchement et devenir

aveugles suite au contact des yeux avec les sécrétions vaginales infectées de la mère.
Régions concernées

Après une longue phase de déclin, la blennorragie gagne à nouveau du terrain depuis

les années 1980. Ce sont les changements de comportements sexuels dans de nombreux

pays qui ont favorisé sa propagation. En France, le nombre de cas augmente chaque

année depuis 1996 et cette croissance s’accélère. Entre 2008 et 2009, les gonorrhées ont

même enregistré une spectaculaire hausse de 52 % dans l’hexagone. 15 000 à 20 000 cas

nouveaux sont diagnostiqués chaque année, dont plus de la moitié chez des hommes de

moins de 30 ans. Le même phénomène s’observe dans la plupart des pays occidentaux.

À l’échelle de la planète, la gonorrhée est l’une des infections transmises sexuellement

les plus fréquentes. Chaque année, dans le monde, environ 106 millions de personnes

seraient infectées par le gonocoque.

Traitement

Une fois la bactérie isolée en 1879, les médecins ont commencé à élaborer des moyens

pour combattre la maladie. L’un des premiers traitements fut d’injecter une solution de

nitrate d’argent dans les yeux des nouveau-nés dont la mère était infectée, afin de tenter

de prévenir la cécité. Puis les antibiotiques sont arrivés. Ils peuvent stopper rapidement

l’infection et, si la bactérie n’a pas séjourné dans l’organisme trop longtemps pour

causer des dommages aux organes internes, les victimes guérissent.

Mais la résistance des gonocoques aux antibiotiques a beaucoup augmenté ces dix dernières

années. Seule solution pour enrayer cette évolution : utiliser un cocktail de plusieurs anti-

biotiques pour freiner l’apparition des résistances. Néanmoins, si les souches résistantes se

multiplient, la maladie pourrait bientôt devenir intraitable, s’alarme l’OMS.

Brûlure en urinant
Douleur articulaire Pus s’écoulant du pénis

Arthrite
Fièvre

S
VIH/sida

Agent : virus (Famille : Retroviridae)

Virus de l’immunodéficience humaine

Première manifestation connue : 1959

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Agent de la maladie qui hante la planète depuis trois décennies, le virus de l’immunodé-

ficience humaine (VIH) détruit le système immunitaire de l’individu infecté. Déclenché

par le virus, le syndrome d’immunodéficience acquise (sida) a tué plus de 39millions de

personnes depuis 1981 et, dans la seule Afrique, il a rendu au moins 12millions d’enfants

orphelins. En 2013, on estime que 35 millions de personnes vivaient avec le VIH, dont

2,1 millions de nouvelles infections, et 1,5 million de personnes en sont décédées. En

France, 150 000 personnes sont porteuses du VIH, dont 30 000 qui l’ignorent ; on

déplore encore 6 400 nouvelles contaminations par an.

Origines

Le VIH/sida attire l’attention de l’opinion publique en 1981 : un nombre anormalement

élevé d’homosexuels de sexe masculin aux États-Unis développe des cancers rares et ne

réagit pas au traitement de maladies habituellement guérissables. Au début, les consul-

tants en matière de santé déclarèrent que cette maladie était entièrement confinée aux
tants en matière de santé déclarèrent que cette maladie était entièrement confinée aux

communautés homosexuelles, mais, en décembre de la même année, on découvrit que les

consommateurs de drogues étaient eux aussi concernés.

En 1982, certains professionnels de la santé commencèrent à surnommer le syn-

drome gay compromise syndrome ou gay-related immune deficiency. Mais à la fin de l’été,

on commença à découvrir l’universalité de la maladie avec la survenue de cas chez des

hétérosexuels des deux sexes et chez des hémophiles. Ces diverses appellations, qui

stigmatisaient des personnes ayant une orientation sexuelle particulière, s’avérèrent inap-

propriées. Sida devint l’appellation courante.

Au cours des dernières décennies, les scientifiques ont beaucoup débattu de l’origine de

ce fléau. Une chose qui apparaît très clairement, c’est que son histoire est bien antérieure à

1981. En fouillant parmi les échantillons de sang archivés, on a découvert qu’un homme

qui vivait dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo était porteur
du virus en 1959 ; on a aussi trouvé sa trace dans les échantillons de sang d’un ado-

lescent des États-Unis, mort à St. Louis en 1969. L’origine du virus a fait l’objet de livres

à succès, de procès et de gigantesques séminaires internationaux… mais il n’existe pas de

conclusion définitive. La théorie la plus généralement acceptée, c’est que le virus existait

déjà chez les chimpanzés et les singes mangabeys d’Afrique de l’Ouest et qu’il a migré

vers les humains quand des chasseurs ont consommé de la viande infectée. Des preuves

solides attestent que les humains qui mangent du gibier sont sujets à contracter des virus

exotiques, ce qui pousse beaucoup de personnes à réclamer l’interdiction totale de ce type

de viande sur les marchés.

Une fois dans la population, le virus pourrait avoir été propagé de personne à personne

par le biais des programmes de vaccination massive appliqués durant les années 1950,

lesquels n’utilisaient pas de seringues jetables. Dès que l’aiguille avait servi à piquer une

personne porteuse du virus, le risque était grand de le transmettre ensuite à beaucoup de

gens dans la file d’attente derrière elle. C’est ce qui s’est passé également chez les usagers

de drogues qui partageaient des seringues contaminées. Et quand une personne porteuse

du VIH donnait du sang, elle transmettait aussi le virus à son insu à plusieurs personnes.

Avant d’isoler la source du mal, les gens souffrant de maladies comme l’hémophilie (trai-

tée par des transfusions sanguines répétées) étaient particulièrement exposés.

Si la voie sanguine est un important facteur de transmission du virus, c’est surtout

la capacité du VIH à se transmettre lors des rapports sexuels, conjuguée à la hausse du

nombre de partenaires sexuels, qui a favorisé la propagation explosive de la maladie.

Cela est manifeste dans les communautés homosexuelles masculines, car le virus semble

trouver une voie d’entrée très facile par le biais des relations sexuelles anales. Néanmoins,

actuellement, le mode de transmission le plus important dans le monde est la voie hétéro-

sexuelle. Une autre raison expliquant la grande diffusion du VIH, c’est qu’il peut infecter

une personne durant des années (10 à 15 ans) avant l’apparition de symptômes années
une personne durant des années (10 à 15 ans) avant l apparition de symptômes… années

durant lesquelles il peut être transmis à d’autres.

Symptômes et effets

L’aspect le plus dangereux du VIH, c’est qu’il attaque le système immunitaire, le système

de défense de l’organisme qui le protège contre les maladies. Si les capacités de son
système défensif sont réduites, l’organisme a moins de chances de venir à bout du VIH,

ce qui laisse aussi la personne sans défense contre d’autres maladies (dites opportunistes).

Il en résulte notamment une hausse croissante de personnes atteintes de tuberculose, à

laquelle beaucoup succombent parce que préalablement infectées et affaiblies par le VIH.

Traitement

Actuellement, il n’existe aucun vaccin et aucun médicament ne permet d’éliminer com-

plètement le VIH de l’organisme. Des traitements adaptés permettent néanmoins aux

personnes séropositives de bloquer la multiplication du VIH dans leur organisme et ainsi

de garder un système immunitaire opérationnel. Ces traitements sont appelés trithérapies

ou multithérapies car ils combinent l’action de plusieurs molécules antirétrovirales. L’idée

est que, si un virus mute pour échapper à un médicament, il y a peu de chances qu’il

apprenne simultanément à échapper à trois médicaments. Les effets secondaires de tels

traitements peuvent cependant être importants.

Aucune thérapie antivirale ne permet donc à ce jour d’éliminer le virus d’un organisme

infecté. Le mieux qu’on obtient, c’est de freiner la progression de la maladie. En 2014, 38 %

des adultes et 24 % des enfants vivant avec le VIH bénéficiaient d’un traitement. Des chiffres

encore trop faibles, mais cette même année une lueur d’espoirs s’est faite jour : le nombre de

morts liées au virus a reculé de près de 12 % en un an dans le monde, soit la plus forte chute

depuis le pic de l’épidémie, en 2005. « Mettre fin à l’épidémie de sida est possible », estime

désormais le directeur exécutif d’Onusida. Reste que le meilleur moyen de se protéger est de

ne pas contracter le virus : « Le sida, il ne passera pas par moi », était le slogan de la première

campagne française d’information pour la lutte contre le sida, en 1987.


Système

immunitaire

affaibli, entraînant

des infections par

d’autres maladies,

notamment la

tuberculose
Symptômes physiques
Chlamydiose

Agent : bactérie

Chlamydia trachomatis

Première manifestation connue : années 1960

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La chlamydiose est une infection sexuellement transmissible (IST ou encore MST pour

maladie sexuellement transmissible) de plus en plus courante. Elle peut se transmettre

d’un individu à l’autre lors d’une relation vaginale, anale ou orale, ou bien par une mère

infectée à son enfant durant l’accouchement.

Toute personne active sexuellement est exposée. Plus le nombre de partenaires sexuels

est élevé, plus le risque d’infection est important. Les adolescentes sont particulièrement

vulnérables, parce que leur col de l’utérus n’est pas arrivé à maturité. Comme la chlamy-

dia peut être transmise par un rapport oral ou anal, les hommes et les femmes ayant des

relations homosexuelles sont aussi à risque. Cette bactérie est responsable de 50 % des

salpingites (infections des trompes) et 70 % des cas de stérilité chez la femme.

Symptômes et effets

Due à la bactérie Chlamydia trachomatis, la maladie peut endommager l’appareil repro-

ducteur de la femme, même si celle-ci ne présente aucun symptôme d’infection. Les

dommages sont parfois irréversibles causant la stérilité de la femme infectée


dommages sont parfois irréversibles, causant la stérilité de la femme infectée.

Chez les femmes qui présentent des symptômes, ceux-ci se manifestent en général

une à trois semaines après l’exposition. Si les bactéries s’introduisent par le vagin, elles

infectent d’abord le col de l’utérus et l’urètre (conduit qui transporte l’urine de la vessie

vers l’extérieur). Ces femmes ont parfois des pertes vaginales anormales, ou une sensa-

tion de brûlure en urinant. Quand l’infection se répand depuis le col de l’utérus, elle

endommage les trompes de Fallope, qui transportent le sperme vers l’ovule et, en cas de

fécondation, permettent à l’embryon tout juste formé de voyager jusqu’à l’utérus. Il peut

en résulter des douleurs au bas du dos, des nausées, de la fièvre, des douleurs durant les

relations sexuelles ou des saignements entre les règles.

Environ 50 à 90 % des femmes et plus de 50 % des hommes qui ont une chlamy-

diose ne présentent aucun symptôme apparent. L’absence de symptômes peut retarder le

diagnostic
et favoriser l’apparition de complications. Beaucoup de femmes apprennent qu’elles

sont infectées nombre d’années plus tard, soit parce qu’elles ne parviennent pas à être

enceintes, soit parce que, si un embryon se forme, il se loge dans la cavité abdominale

plutôt que dans l’utérus. Cela se produit parce que les bactéries dans les trompes de Fallope

endommagent les cellules qui composent cette partie délicate du système reproducteur. Si

les trompes sont complètement obstruées, le sperme ne peut atteindre l’ovule et il n’y a

donc pas de fécondation. Si elles sont partiellement obstruées, le sperme peut féconder

l’ovule, mais celui-ci ne peut se déplacer jusqu’à l’utérus. Dans ce cas, l’embryon se déve-

loppe dans la cavité abdominale et cette grossesse « ectopique » (ou extra-utérine) peut tuer

la femme, si l’embryon n’est pas retiré.

Les bactéries peuvent aussi infecter le rectum, soit en s’y rendant depuis le vagin, soit

en y étant introduites chez les hommes comme chez les femmes par une relation sexuelle

anale. Il peut en résulter des douleurs rectales, des pertes ousaignements.

En général, les hommes ne présentent pas de symptômes, mais certains subissent des

pertes par le pénis ou éprouvent une sensation de brûlure en urinant. Certains ressentent

aussi des brûlures et de l’irritation autour de l’orifice du pénis. Quelques-uns éprouvent

des douleurs et un gonflement des testicules. La chlamydia peut aussi contaminer la

gorge de femmes et d’hommes ayant des relations orales avec un partenaire infecté. Chez

les nouveau-nés infectés à leur naissance, la chlamydia est une des causes majeures de

pneumonie.

Régions concernées

Toute société dans laquelle des hommes et des femmes sont actifs sexuellement avec des

partenaires multiples est à risque. On estime que 2,8millions d’habitants des États-Unis

sont infectés par la chlamydia chaque année, parmi lesquels environ 100 000 femmes

d i t ll t té il E F tt i f ti t h i 1 illi
deviennent annuellement stériles. En France, cette infection touche environ 1 million

de personnes chaque année, essentiellement les personnes jeunes sexuellement actives.

Comme pour toutes les IST, les travailleuses et travailleurs de l’industrie du sexe du
monde entier sont particulièrement exposés au risque d’être infectés et de propager

l’infection. Selon une étude récente de l’OMS, près de 60 % des prostituées en Chine

sont infectées par la bactérie, tout comme le sont 10 % des camionneurs. Des études

semblables menées auprès de travailleurs/travailleuses du sexe dans les villes de Port

Moresby et Lae, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ont révélé que 30 % des femmes sont

porteuses de la chlamydia.

Traitement

La bonne nouvelle, c’est que ces bactéries sont facilement éliminées par les antibiotiques…

mais encore faut-il savoir que l’on est infecté pour se faire traiter. Seuls des analyses d’urine

ou des prélèvements d’échantillons dans les organes qu’on soupçonne infectés permettent

de poser un diagnostic. Si on découvre une infection chez un individu, il est alors important

de retracer tous ses partenaires sexuels récents, afin qu’ils puissent eux aussi être traités. Mais

mieux vaut prévenir que guérir : l’utilisation de préservatifs lors de chaque rapport sexuel

permet de diminuer le risque de contracter une chlamydiose.

Menace potentielle pour la civilisation

Il est difficile de déterminer si le taux d’infection monte en flèche, ou si la surveillance

récemment mise en place dans un certain nombre de pays ne fait qu’enregistrer une

épidémie existante depuis des décennies. Dans l’un ou l’autre cas, une maladie qui, dans

l’ombre, rend beaucoup de jeunes femmes stériles n’est pas une bonne nouvelle, quelle

que soit la civilisation.


Douleurs

Nausées
au bas du dos

Saignements entre

les menstruations

Dommages aux trompes

Sym
Fièvre de Fallope
Partie 4

Maladies d’origine
alimentaire et

hydrique
Salmonellose

Agent : bactérie (entérobactérie)

Salmonella

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Sur une population mondiale d’environ 7,2 milliards, quelque 4,5milliards de personnes

souffrent chaque année d’une certaine forme de maladie diarrhéique (ou gastro-entérite),

chiffres pour le moins inquiétants. Une bonne part est due à la salmonelle. Dire que des

gens souffrent de salmonellose signifie qu’ils sont malades, mais sans définir vraiment le

type exact de bactérie qui les affecte. Il existe en effet plus de 2 500 variétés différentes de

salmonelle, et aucune n’est inoffensive.

Origines

Depuis des siècles, nombre de gens ont succombé au pouvoir destructeur de cette

bactérie, mais ce n’est qu’en 1900 que le bactériologiste français Joseph Lignières la

découvrit et la nomma Salmonella en l’honneur du vétérinaire pathologiste américain,

Daniel Salmon. Le patron devint célèbre, mais c’est en fait Theobald Smith, l’assistant de

Salmon, qui identifia cette forme particulière de bactérie.


Symptômes et effets
La salmonelle est le plus souvent associée à la volaille et aux œufs, mais en réalité, on peut la

contracter en mangeant toutes sortes d’aliments insuffisamment cuits. La plupart des types

de salmonelle provoquent une diarrhée relativement brève, mais d’autres sont responsables

de maladies bien plus dangereuses.

La fièvre entérique (typhoïde ou para-typhoïde) est la plus redoutable. S. typhi ou

S. paratyphi s’enfouissent dans la paroi de l’intestin et voyagent dans la lymphe. Cette

partie de la « plomberie » de l’organisme leur permet de se déplacer vers les ganglions

de l’abdomen, qui les hébergent, tandis qu’elles se multiplient et se répandent dans le

système circulatoire. Le foie, la vésicule biliaire, la rate, les reins et la moelle osseuse sont

alors rapidement infectés. En l’absence de traitement, cette phase peut durer 7 à 10 jours.

Les bactéries se multiplient en grand nombre dans tous les organes touchés, puis affluent
dans le sang, déclenchant une forte fièvre. Les parties infectées de l’intestin commencent

aussi à mourir. Non traitée, cette fièvre typhoïde classique tue 1 personne sur 5. Il est

difficile de détecter la présence de la bactérie dans la population, car elle peut déclencher

la maladie après quelques jours d’invasion, ou patienter quelques mois.

La gastro-entérite est une deuxième forme, causant vomissements, fièvre, crampes d’esto-

mac et diarrhée. Un nombre indéfini de S. enterica attendent de vous rendre malade si vous

les ingérez en mangeant ou en buvant. La bonne nouvelle, c’est que, cette fois, les bactéries

resteront dans l’intestin. Avec un peu de chance, vous vous en tirerez avec quelques épisodes

de diarrhées. Mais vous pouvez aussi développer une maladie qui provoque l’évacuation

de selles vertes et autres liquides répugnants, et, entre-temps, et vous cloue au lit avec des

frissons, de la fièvre et des douleurs d’estomac. Si vous êtes incapable de conserver assez de

liquide dans votre organisme, la pression artérielle peut chuter au point d’entraîner une

insuffisance rénale. Chez les très jeunes enfants et les personnes âgées, le risque de déshy-

dratation peut s’avérer mortel.

Dans certaines circonstances, les salmonelles entraînent une septicémie (infection du

sang) et des infections locales après avoir voyagé dans tout le corps. Elles peuvent ainsi

endommager les méninges, le cœur, les os, les poumons, les articulations, voire les dispo-

sitifs médicaux implantés ; elles peuvent aussi causer une forme de rhumatisme.

Parfois, l’individu est un simple porteur. Il ne présente aucun symptôme, tout en

hébergeant les bactéries dont il se défait quotidiennement dans ses selles. Moins de 1

patient sur 100 âgé de moins de 20 ans devient porteur, mais ce nombre peut atteindre

10 sur 100 chez les adultes plus âgés. À tout âge, les femmes sont deux fois plus sujettes

que les hommes.

Épidémies marquantes

Dans les pays occidentaux, les épidémies de salmonellose ont souvent pour point de départ

un restaurant où un membre du personnel, malade, est venu travailler sans respecter cer-

taines règles d’hygiène Sinon c’est la cuisson inadéquate des aliments qui est en cause Aux
taines règles d hygiène. Sinon, cest la cuisson inadéquate des aliments qui est en cause. Aux

États-Unis, par exemple, plus de 300 personnes sont tombées malades après avoir mangé

dans un restaurant du comté de Kershaw, en Caroline du Sud, entre le 19 et le 20 mai

2005. Il semble que la dinde n’ait pas été suffisamment cuite. La salmonellose d’origine

alimentaire peut donner lieu à des foyers très importants si un aliment commercialisé à large

diffusion se trouve contaminé. Toujours aux États-Unis, en 1994, une épidémie provoquée

par une crème glacée a touché 224 000 personnes. En France, une des plus importantes

épidémies, dont la source n’a pu être identifiée, aurait touché 25 000 personnes fin 2005.

Traitement

Le traitement requis dépend du type de maladie infligée par la bactérie. En cas de fièvre
entérique, un traitement à base d’antibiotiques est essentiel. Si le problème est une gastro-

entérite, un traitement pour garder les liquides et les sels minéraux dans l’organisme peut

s’avérer suffisant. Si les bactéries ont diffusé dans le sang, il faut y injecter aussi des antibio-

tiques… et de touteurgence pour éviter toute septicémie (infection du sang).

Utilisée comme arme

Pour démontrer que les bactéries sont faciles à utiliser comme arme, nul besoin de

chercher plus loin que la salmonelle. Prenons l’exemple de ce qui est arrivé en Oregon,

en 1984. Une secte religieuse obscure, répondant au nom de Rajneeshees, avait décidé

d’influencer un scrutin. Le plan consistait à réduire le nombre de personnes qui iraient

voter en s’assurant que plusieurs d’entre elles soient malades le jour de l’élection. Les

membres de la secte vaporisèrent les bars à salade de 10 restaurants locaux avec de l’eau

contaminée à la salmonelle : 700 personnes furent malades.

La meilleure prévention contre toute forme de salmonellose est une bonne cuisson des

aliments, en particulier la viande, sans oublier de ne pas recongeler un aliment décongelé.

Infection du foie, de la vésicule biliaire, des Crampes d’estomac


reins et de la moelle osseuse (fièvre entérique) Détérioration de l’intestin (fièvre entérique)

Fièvre (les deux)

Déshydratation (gastro-entérite) Diarrhée (gastro-

entérite)
Vomissements (gastro-entérite)
Po l i o m y é l i t e

Agent : virus

Poliovirus (3 types) (Famille : Picornaviridae)

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : quasi éradiquée

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Il est possible que le virus de la poliomyélite figure prochainement sur la courte liste des

maladies éradiquées, laquelle n’en compte actuellement que deux : la variole et le SRAS.

Avant l’ère de la vaccination, la polio était fléau terrible, touchant plus de 600 000 enfants

par an dans le monde. Avec l’objectif de mettre un terme à cette maladie d’ici la fin du II

millénaire, l’Organisation mondiale de la santé a lancé en 1988 son Initiative mondiale pour

l’éradication de la poliomyélite (IMEP). Si le bilan montre un certain retard, les efforts sont

sur le point d’aboutir puisque le nombre de cas déclarés annuellement est inférieur à 1 000.

Origines

La poliomyélite est une maladie ancienne et ses effets sont connus depuis l’Antiquité.

Des peintures et des gravures égyptiennes montrent des individus, par ailleurs semble-t-il

en bonne santé, avec des membres atrophiés ou des enfants marchant avec une canne.

L’empereur romain Claude, qui souffrait de claudication, aurait contracté la maladie durant

l’enfance C’est au médecin allemand Jakob Heine que l’on doit le premier rapport médical
l enfance. C est au médecin allemand Jakob Heine que l on doit le premier rapport médical

sur la poliomyélite, en 1840, d’où le nom « mal de Heine » un temps donné à cette maladie.

Symptômes et effets

Il existe trois versions du virus et toutes peuvent déclencher une des trois formes de la

maladie.

La grande majorité des personnes atteintes ne montrent aucun symptôme d’infec-

tion, elles rejettent le virus dans leurs selles et sont immunisées. Jusqu’ici, tout va bien.

Quelques-unes souffrent de maux de tête, de raideurs du cou et de douleurs au dos, car

elles développent une méningite virale. Les troubles disparaissent le plus souvent au bout

de quelques jours. Une fois encore, rien d’alarmant. En revanche, environ 1 enfant infecté

sur 1000, ou 1 adulte infecté sur 75, développe la forme paralytique de la maladie. Dans

la phase initiale d’infection, qui dure environ 5 à 7 jours, les personnes atteintes souffrent
de fièvre, de nausées, de maux de gorge et de tête. Durant cette phase, le virus, après

avoir été ingéré avec les aliments ou l’eau, puis absorbé par l’intestin, se multiplie dans les

ganglions de l’abdomen. La fièvre apparaît quand les particules virales quittent ces derniers

et migrent vers le système nerveux central par la circulation sanguine.

Après 3 à 5 jours de rétablissement apparent, débute la seconde phase. Le virus détruit

certains nerfs et provoque l’inflammation d’autres nerfs, paralysant les muscles. Les nerfs

simplement enflammés peuvent se rétablir au bout de quelques mois et, par conséquent,

les muscles qu’ils contrôlent peuvent retrouver leur fonction en grande partie. Mais si les

nerfs sont détruits, la paralysie est permanente.

Régions concernées

Depuis 1988, l’incidence de la poliomyélite a diminué de plus de 99 %, passant de

quelque 350 000 cas dans 125 pays à quelques centaines (environ 416 cas recensés en

2013). En 2013, il ne reste plus que trois pays d’endémie dans le monde : le Nigéria, le

Pakistan et l’Afghanistan. Aujourd’hui, l’OMS estime que plus de 10 millions de per-

sonnes marchent, alors qu’elles auraient pu être paralysées par cette maladie.

Mais suite à la disparition de la maladie, certains pays en voie de développement

négligent de maintenir la couverture vaccinale à un niveau suffisant, augmentant le risque

de recontamination. Et les troubles politiques et la suspicion peuvent nuire aux plans

les mieux établis. Ainsi, en 2003, des rumeurs ont couru dans le nord du Nigeria que le

vaccin de la poliomyélite contenait du VIH et un contraceptif. On a craint à un complot

anti-islamique, les campagnes de vaccination reculèrent, exposant beaucoup de personnes,

dont des nouveau-nés, à la maladie. Résultat, durant les 11 mois que dura le boycott

du vaccin, la maladie s’est propagée dans toute l’Afrique, de la Guinée côté Atlantique

jusqu’au Soudan sur la mer Rouge. Avec la multiplication des cas, des voyageurs ont

involontairement transporté la maladie dans plusieurs pays qui s’étaient débarrassés de la

poliomyélite La lutte a repris de plus belle et en 2006 ces pays retrouvèrent presque les
poliomyélite. La lutte a repris de plus belle et, en 2006, ces pays retrouvèrent presque les

résultats du tournant du millénaire… tout en étant plus que jamais conscients qu’éradi-

quer définitivement la poliomyélite n’avait rien de facile.

Traitement

En l’absence de traitement, la vaccination constitue la seule arme contre cette infection.

Mais un des problèmes principaux de la lutte contre la polio est la nature même du vaccin.

Jusqu’à récemment, la seule option consistait à administrer par voie orale un vaccin à base

d’un virus vivant atténué. L’arme est cependant à double tranchant car le virus vaccinal se

comporte comme le virus sauvage, contaminant les selles et donc les eaux des rivières et des

fleuves. Or ce virus atténué ne reste pas toujours ainsi et peut retrouver la même virulence
que le virus sauvage. Le risque est rare mais il existe.

En 2006, un vaccin alternatif, injectable et constitué de virus tués a été mis sur le

marché. Bien qu’il ne cible qu’une souche du virus à la fois, il n’est pas rejeté. Ce qui

signifie qu’il doit être utilisé plus prudemment, mais il offre un moyen de protection

sans craindre de propager à nouveau le microbe. Il est néanmoins plus cher que le

précédent et d’utilisation moins facile pour les pays en voie de développement. C’est

actuellement le seul utilisé en France.

En France, où la vaccination systématique a débuté en 1962, le dernier cas de

poliomyélite autochtone remonte à 1989 et le dernier cas importé à 1995, tous deux

concernant des adultes. Mais le risque d’une possible réintroduction du poliovirus n’est

pas à exclure, en raison de la persistance de foyers épidémiques dans le monde.

Utilisé comme arme

Estimant que la maladie a été éradiquée, de nombreux pays mettent fin désormais à

leur programme de vaccination contre la poliomyélite. Le danger est que cela laisse les

populations vulnérables face à une tentative délibérée et terroriste de réintroduire le virus.


Maux de tête

Fièvre
Raideurs

au cou

Maux de

gorge

Nausées

Douleurs

au dos

Paralysie

musculaire

possible
Symptômes physiques
C h o l é ra

Agent : bactérie

Vibrio cholerae (Famille : Vibrionaceae)

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : Afrique, Asie, Amérique du Sud

etAmérique centrale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

De toutes les infections diarrhéiques, le choléra est reconnu pour son agressivité… et le

terme n’est pas trop fort. Très mobile, la bactérie peut tuer en 24 heures. Elle a balayé

le monde en sept vagues pandémies dévastatrices, et la septième sévit toujours. Chaque

année, l’OMS recense 3 à 5 millions de cas de choléra, dont 100 à 200 000 décès.

Origines

Le foyer d’origine du choléra est l’Asie, et plus particulièrement l’Inde. On retrouve sa

trace dans des textes sanscrits datant de 2 500 ans. La maladie semble rester confinée au

e
sous-continent indien jusqu’au XIX siècle. La première description historique par un

Européen a été faite en 1503 par un officier de Vasco de Gama, qui décrivit une épidémie

de diarrhées cataclysmiques rapidement mortelles (en quelques heures), ayant provoqué

20 000 morts à Calicut. À partir de 1817, avec l’essor de la marine à vapeur, le choléra

s’est répandu à travers le monde.


Symptômes et effets
Les personnes s’infectent en buvant de l’eau ou en mangeant des aliments contaminés

par la bactérie Vibrio cholerae. Une fois celle-ci installée dans l’intestin d’une personne

infectée, la transmission à l’entourage, via les selles du malade, devient quasi inévi-

table si l’assainissement est déficient ou si l’hygiène personnelle et domestique est

insuffisante.

Les symptômes comprennent des accès soudains de diarrhées brutales et incontrôlables,

ayant la consistance de l’eau de riz. Des vomissements peuvent aussi se produire. La perte

abondante de liquides entraîne la déshydratation rapide des victimes. La pression arté-

rielle chute, des crampes saisissent les jambes et l’abdomen, puis la température baisse

tandis que les organes commencent à se dégrader. Sans traitement médical d’urgence, la

mort peut survenir en moins de 24 heures après les premiers symptômes.


Toutefois, on peut être infecté sans présenter de symptôme. Ou bien, certaines per-

sonnes tombent malades, guérissent, mais abritent toujours quelques microbes dans leur

intestin. De tels porteurs sans symptômes excrètent des vibrions de temps à autre, jusqu’à

15 mois après l’infection dans certains cas.

Épidémies marquantes

Le choléra est une des maladies de la misère, de la malnutrition et de la surpopulation. Il

prospère là où les services d’assainissement sont insuffisants ou s’effondrent, à cause d’un

conflit ou d’une catastrophe. En témoigne, l’épidémie catastrophique qui a atteint Haïti

fin octobre 2010, à la suite d’un violent séisme. Autre exemple, le 2 août 1885, une pluie

diluvienne frappa la ville américaine de Chicago. Les égouts étant submergés, les eaux usées

inondèrent les rues et se déversèrent dans le lac qui alimentait la ville en eau potable. On

dénombra plus de80 000 victimes. Voilà pourquoi il est important d’avoir deux ensembles

d’égouts séparés dans les villes. Un, fermé, qui transporte les eaux usées et fonctionne de

façon plus ou moins constante, peu importe la météo. L’autre destiné à la collecte de l’eau

de pluie. Vide la plupart du temps, ce dernier peut se remplir instantanément après une

forte averse, transportant l’eau en toute sécurité et évitant qu’elle chasse les eaux usées dans

les cours d’eau.

Depuis 1817, sept pandémies distinctes de choléra se sont succédé. Cette date marque

le début de la première pandémie cholérique, partie du delta du Gange, qui a envahi

l’Asie, le Moyen-Orient, et une partie de l’Afrique. Les cinq pandémies suivantes,

ayant toutes pour point de départ l’Asie, ont tué des millions de personnes sur tous les

continents, progressant toujours plus rapidement avec l’amélioration des moyens de

transport. La pandémie actuelle (la septième) a démarré en Indonésie en 1961, a envahi

l’Asie (1962), puis le Moyen-Orient et une partie de l’Europe (1965), avant de toucher

l’Afrique (1970) et les Amériques (1991) Désormais le choléra s’est installé à l’état endé
l Afrique (1970) et les Amériques (1991). Désormais, le choléra sest installé à l état endé-

mique dans de nombreux pays, l’Afrique étant actuellement le continent le plus touché.

Jusqu’en 1992, Vibrio cholerae O1 était le seul agent connu du choléra. Cette année-là,

une nouvelle souche, Vibrio cholerae O139, est apparue d’abord chez des pêcheurs de la

zone côtière du sud-est de l’Inde, avant de gagner en quelques semaines les régions alen-

tour puis le Bengladesh. Elle est aujourd’hui responsable d’épidémies dans plusieurs pays

d’Asie et pourrait être un jour à l’origine d’une nouvelle et huitième pandémie.


Traitement

Du liquide et des sels sont les secrets de la survie dans 80 % des cas. Rien de particulière-

ment technique, tant que vous pouvez vous assurer de la propreté du liquide. La thérapie

de réhydratation se fait par voie intraveineuse ou orale ; par voie orale, elle consiste à

boire 1 cuillère à café de sel (3,5 g) et 4 cuillères à soupe de sucre (40 g) dans 1 litre (4

tasses) d’eau propre.

Divers antibiotiques peuvent réduire le temps de présence de la bactérie dans l’intes-

tin et, par conséquent, les chances de transmission de la maladie. Mais l’émergence de

souches multirésistantes aux antibiotiques en limite l’indication. Pour certains profession-

nels de la santé, mieux vaut les utiliser seulement dans les situations extrêmes.

Développer la vaccination s’avère difficile parce qu’un vaccin ne cible qu’une seule

version de la bactérie, or on en dénombre plus d’une centaine dans la nature. Il existe

néanmoins deux vaccins oraux sur le marché, conférant une protection de l’ordre de

50 % pendant deux ans. Ils sont utilisés comme moyens complémentaires de lutte.

Utilisé comme arme

La Convention de Genève interdit toute contamination volontaire de l’eau. Toutefois,

en temps de guerre, l’eau est souvent contaminée accidentellement, quand les infrastruc-

tures sont touchées. Le bombardement des routes ou des ponts perturbe inévitablement

les services d’assainissement à proximité, ce qui risque de déclencher une épidémie. Les

cyniques pourraient dire que certains responsables militaires en sont conscients et ne

seraient que trop disposés à en tirer avantage.

Ch t d l t é t
Chute de la température Crampes d’estomac
Crampes dans

et de la pression artérielle
les jambes

Diarrhées graves
Vomissements

Déshydratation

rapide
Défaillance des organes
Botulisme

Agent : bactérie

Clostridium botulinum

Première manifestation connue : 1793

Répartition : planétaire, surtout en Alaska

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Ce n’est pas la bactérie qu’il faut redouter dans le botulisme – une maladie paralytique

rare, mais grave –, mais la toxine qu’elle produit. La botuline, une des substances

chimiques connues les plus mortelles, bloque la fonction nerveuse et provoque la para-

lysie respiratoire et musculo-squelettique. Il faut 10 fois plus de toxine tétanique et 40

millions de fois plus de cyanure pour atteindre une telle toxicité. Encore un chiffre pour

souligner la dangerosité du botulisme : 1 mg de cette toxine peut tuer 33 milliards de

souris.

Origines

En 1793, à Wildbad en Allemagne, un foyer de la maladie obligea soudain 13 person-

nes à s’aliter ; 6 d’entre elles moururent. Elles avaient toutes mangé du boudin produit

localement. Au cours des années suivantes, Justinius Kerner, responsable local de la santé

publique, enregistra 230 cas semblables et identifia l’origine du poison. Toutes ces per-

sonnes ayant consommé ce type d’aliment il nomma la maladie en utilisant le mot latin
sonnes ayant consommé ce type d aliment, il nomma la maladie en utilisant le mot latin

pour saucisses : botulus.

Puis, en 1895, dans la petite ville belge d’Ellezelles, la maladie se déclara chez 34 musi-

ciens qui avaient partagé un jambon cru, conservé dans la saumure. Parmi eux, 23 furent

malades et 3 moururent. Émile van Ermengem, professeur de microbiologie à l’Université

de Gand, enquêta sur l’incident et découvrit que la cause première était une bactérie

sporulée qui ne se développait que là où il n’y a pas d’oxygène. En jargon scientifique,

une « bactérie anaérobie obligatoire », que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de

Clostridium botulinum.

C’est la capacité de C. botulinum de survivre en milieu ouvert sous forme de spores,

combinée à sa capacité de prospérer dans les zones sans oxygène, qui en font une enne-

mie aussi furtive. Les communautés qui consomment traditionnellement des aliments

conservés par fermentation sont particulièrement à risque, et quiconque embouteille ou


met en conserve des fruits doit se méfier pour ne pas inviter à sa table cette redoutable

tueuse. En France, le botulisme est rare. Une recrudescence de botulisme se produisit

pendant l’Occupation allemande de 1940-1944, en raison de la préparation de conserves

ménagères dans la clandestinité. Plus récemment, en juillet 1984, il y eut plusieurs cas de

botulisme dus à la consommation de conserves d’asperges d’origine espagnole, absorbées

sans avoir été réchauffées.

Ce sont les spores de C. botulinum qui pénètrent dans la nourriture avant que le conte-

nant ne soit scellé pour la conservation. La nourriture est chauffée ou marinée, mais si

la chaleur est insuffisante, ou la fermentation trop lente, les spores germent et la bactérie

prospère dans ce milieu sans air. En croissant, les bactéries libèrent une toxine et, même

si les microbes meurent avant que vous ne mangiez la nourriture, la toxine vous atteindra.

La bonne nouvelle, c’est que la toxine est facilement détruite par la chaleur ; donc,

cuisez l’aliment conservé et vous ne courrez aucun risque. Il est aussi très inhabituel d’être

infecté par cette bactérie : trop d’oxygène entoure le corps humain pour qu’il soit un lieu

d’accueil pour la bactérie.

Quoique la façon la plus courante de contracter la maladie soit en mangeant des ali-

ments contaminés par la toxine bactérienne, on peut aussi être infecté en consommant

des spores présentes dans l’environnement, qui se développent alors dans l’intestin et

libèrent une toxine (botulisme infantile), ou par l’intermédiaire d’une blessure infectée

(botulisme par blessure), la forme la plus rare de la maladie.

Symptômes et effets

Habituellement, les symptômes apparaissent 12 à 36 heures après absorption de la

toxine, parfois plus vite (6 heures) ou beaucoup plus lentement (10 jours). La victime

se sent faible, souffre de vertige, de vision floue ou double, elle a la bouche sèche, avec

une sensation de soif intense Bientôt elle a de la difficulté à avaler et à articuler Elle
une sensation de soif intense. Bientôt, elle a de la difficulté à avaler et à articuler. Elle

sent son cou et ses bras s’affaiblir, elle a des nausées, présente des douleurs abdominales

et des vomissements Elle n’a pas de fièvre, mais souffre d’une paralysie progressive des
muscles. En l’absence de traitement, la paralysie évolue, elle atteint les muscles des bras,

des jambes, du tronc et les muscles respiratoires C’est cette insuffisance respiratoire qui

entraîne le décès (dans 5 à 10 % des cas).

Traitement

Au cours des 50 dernières années, l’amélioration des soins donnés aux patients souffrant de

botulisme a contribué à réduire le taux de mortalité d’environ 50 % à 80 %. Il existe aussi

une antitoxine qui neutralise l’action de la toxine circulant dans le sang. Si le diagnostic est

posé assez tôt et que l’antitoxine est donnée à temps, les chances de guérison augmentent

beaucoup. Néanmoins, il peut s’écouler des semaines avant que les muscles n’aient rejeté la

toxine et retrouvé leurs fonctions. Les difficultés respiratoires et la paralysie qui surviennent

dans les cas graves peuvent exiger une assistance respiratoire et plusieurs mois de soins médi-

caux ou infirmiers intensifs. Les antibiotiques n’ont aucune action sur la toxine botulique,

et ne sont donc pas prescrits chez l’adulte. Ils sont en revanche nécessaires dans le cas du

botulisme infantile, pour détruire la bactérie logée dans le tractus digestif du nourrisson.

Chaque cas de botulisme étant une urgence de santé publique potentielle, il est essentiel

que les autorités identifient la source de l’infection et s’assurent qu’il ne reste pas d’aliment

contaminé.

Le plus surprenant dans l’histoire du botulisme est que l’industrie de l’esthétique utilise

désormais la toxine botulique, à faible dose (Botox) pour paralyser les muscles du visage et

lisser les rides : c’est le fameux Botox. Si vous décidez d’y recourir, rappelez-vous qu’on vous

injectera un des plus puissants poisons connus. Rien d’étonnant à ce que, dans quelques

cas, certaines personnes se sentent mal.


Vison floue

Bouche sèche

ou double

Mal à avaler

Vomissements

Faiblesse

Articulation

du cou et

difficile

des bras

Diarrhée ou

constipation

Paralysie
Symptômes physiques
G i a rd i a s e

Agent : protozoaires

Giardia intestinalis ou G. duodenalis

(anciennement Giardia lamblia)

Première manifestation connue : 1681

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Les protozoaires sont des organismes unicellulaires qui vivent en se nourrissant de bactéries.

Certains parviennent à vivre avec nous et en nous sans causer aucun trouble, d’autres, au

contraire, créent des problèmes. Giardia intestinalis peut faire les deux. Il a été décrit pour

la première fois en 1681 par le savant hollandais Antoni van Leeuwenhoek, le premier à

observer le « micromonde » au microscope.

Origines

Comme nombre de micro-organismes, G. intestinalis peut former des kystes. Ces coques

en forme d’œuf permettent au microbe de rester latent durant de longues périodes et

d’attendre ainsi l’occasion de s’implanter dans un nouvel environnement où il pourra

prospérer. Robustes, ces kystes résistent à des taux très élevés de chloration ; à l’occa-

sion, ils peuvent échapper aux systèmes de nettoyage utilisés dans le traitement de l’eau

potable. Un moyen essentiel pour s’assurer que notre eau potable échappe à ce type de

microbe consiste à ne pas permettre aux animaux et aux humains d’avoir accès aux réser
microbe consiste à ne pas permettre aux animaux et aux humains d avoir accès aux réser-

voirs d’eau. S’ils sont infectés et qu’ils nagent dans l’eau, ils peuvent laisser derrière eux

un visiteur indésirable difficile à éliminer.

Symptômes et effets

Le parasite Giardia vit en quantités considérables dans l’intestin des humains ou des

animaux infectés. Une seule évacuation de selles libère des millions de protozoaires qui

peuvent contaminer l’eau, laquelle, si elle est bue, contaminera à son tour d’autres indi-

vidus. Cette eau peut provenir d’une piscine, d’un spa, d’un lac, d’une rivière ou d’un

étang, ou même d’un aqueduc public si quelque chose a mal fonctionné.

Outre la diarrhée et les douleurs d’estomac, la giardiase (ou lambliase) provoque

des selles graisseuses et flottantes. Il en est ainsi parce que les protozoaires entravent le

mode d’absorption du gras dans l’intestin, ce qui entraîne aussi la formation de gaz. Par
conséquent, les selles sont pleines de gras et de gaz. La diarrhée et l’incapacité d’absorber

le gras peuvent entraîner une perte de poids et la déshydratation. Les symptômes peuvent

durer 6 semaines ou plus.

Épidémies marquantes

Voyager dans des parties du monde où le traitement de l’eau est médiocre vous expose

toujours au risque d’être infecté : dans plusieurs pays en voie de développement, Giardia

fait partie tout simplement de l’écosystème. Quelque 50 000 nouveaux cas surviennent

chaque année, surtout dans les pays tropicaux pauvres. Les pays développés n’y échappent

pas non plus. Selon certaines études, 20 à 30 % des personnes œuvrant dans des centres

pour personnes âgées sont porteuses de la maladie sans présenter de symptômes. Il y a aussi

des épidémies occasionnelles. En juin 1997, 100 personnes ayant séjourné dans un site de

camping en Oregon sont tombées malades après avoir bu l’eau d’un système qui combinait

les eaux souterraines d’un puits non traité et l’eau d’une source chlorée. Durant l’hiver

2004-2005, un foyer plus important s’est déclaré dans la ville de Bergen, en Norvège. Plus

de 1 000 personnes ont été malades après avoir bu l’eau puisée dans le lac local. Les systèmes

locaux de chloration n’avaient pas éliminé les kystes.

Traitement

Des antiparasitaires (métronidazole, albendazole ou furazolidone) sont souvent prescrits

pour traiter la giardiase. Toutefois, certains individus peuvent se rétablir sans avoir recours

aux médicaments. La prévention est celle de toutes les maladies à transmission féco-orale :

se laver les mains et éviter fruits et légumes non lavés, non pelés, non cuits.

Crampes Diarrhée
d’estomac Selles graisseuses

Déshydratation

Perte de poids
Listériose

Agent : bactérie

Listeria monocytogenes

Première manifestation connue : 1929

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Si vous n’êtes ni un nouveau-né ni une femme enceinte, si vous n’êtes pas immunodéprimé,

ce germe ne vous importunera probablement pas. Dans le cas contraire, attention danger.

Origines

Le premier cas humain connu d’infection à la L. monocytogenes date de 1929, mais ce n’est

que dans les années 1980 qu’on comprit son mode de transmission. Les aliments précuits

et réfrigérés sont un milieu privilégié pour la listeria (qui se multiplie à 4°C, la tempéra-

ture des réfrigérateurs) ; en outre, la bactérie peut aussi prospérer dans les aliments non

pasteurisés, comme les fromages au lait cru. Le risque augmente si vous faites peu de cas

des dates limites de consommation ou des emballages endommagés.

Symptômes et effets

L’i nf ect i on chez la f emme encei nt e avant la 20 e


semaine de grossesse est rare. Au-delà,

provoque de légers frissons de la fièvre et des douleurs au dos des maux de gorge des
provoque de légers frissons, de la fièvre et des douleurs au dos, des maux de gorge, des

maux de tête et, à l’occasion, des infections aux yeux et des diarrhées. Très souvent, il n’y

a pas de symptômes apparents. Mais la bactérie peut provoquer un avortement spontané,

un accouchement prématuré ou une mort fœtale tardive. Si l’enfant naît vivant, il y a des

risques que le bébé contracte l’infection dans l’utérus ou durant l’accouchement. De 30 à

60 % des bébés atteints en meurent. Si le nouveau-né est infecté une semaine ou plus après

sa naissance, le risque de décès chute à 10 %.

En dehors des femmes enceintes et des nouveau-nés, les seules personnes particulièrement

vulnérables à la listeria sont celles dont le système immunitaire fonctionne mal. Ce sont

souvent des gens qui sont traités avec des immunodépresseurs, qui sont atteints du VIH/

sida, qui prennent de fortes doses de stéroïdes ou qui subissent un traitement contre le cancer.

Chez l’adulte, la maladie se traduit par une infection du sang (septicémie), voire du système

nerveux central.
Régions concernées

Depuis la découverte de cette bactérie, des cas de listériose ont été rapportés partout dans

le monde. Chaque année en France, environ 300 cas de listériose sont enregistrés : il s’agit

de cas isolés, aucune épidémie n’ayant été identifiée depuis 2003.

Épidémies marquantes

Ces bactéries peuvent provoquer le chaos tant au niveau industriel qu’individuel. Le 9

octobre 2002, Wampler Foods de Philadelphie a rappelé 134 000 kg de produits prêts-à-

manger à base de poulet et de dinde après qu’une souche de L.monocytogenes eut été trouvée

dans certains produits. Quelques jours plus tard, ce sont 12,4 millions de kg d’aliments

er
produits et mis sur le marché entre le 1 mai et le 11 octobre de la même année qui ont été

rappelés. À ce jour, environ 70 épidémies ont été recensées dans le monde, dont 7 en France

où les aliments mis en cause étaient de la langue de porc en gelée, des rillettes, du brie, du

pont-l’évêque, des époisses, des tartinettes et de la mortadelle.

Traitement

De nombreux antibiotiques semblent bien fonctionner pour éliminer Listeria. Ils sont

d’autant plus efficaces qu’ils sont administrés rapidement.

Menace potentielle pour la civilisation

La listériose ne menace peut-être pas la civilisation, mais elle nous rappelle de toute

évidence que, dans un monde où les aliments sont de plus en plus transformés et

prêts-à-manger, nous devons faire preuve de plus en plus de vigilance. Si nous sommes

négligents, il y aura un prix à payer pour ces aliments prêts-à-servir.

Légers

frissons
Maux de tête potentiels
Fièvre

Diarrhée potentielle

Possibilité d’a

d’accouchemen

de mort fœta

Maux de gorge potentiels

Douleurs

Infections aux yeux potentielles au dos


Hépatite A

Agent : virus, Virus de l’hépatite A (VHA)

Première manifestation connue : années 1960

Répartition : surtout Afrique, Asie et Amérique

centrale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Quoique l’hépatite soit considérée comme une maladie ancienne, les virus qui causent

une série d’affections du foie n’ont été identifiés que dans les années 1960 et 1970. Le

premier à avoir été identifié a été banalement appelé virus de l’hépatite A, ou VHA en

bref. On estime à 1,4 million le nombre de cas par an de cette forme d’hépatite dans le

monde. Le virus de l’hépatite A est une des causes les plus fréquentes d’infection d’origine

alimentaire.

Origines

Le virus quitte la personne infectée par ses selles et passe à une autre personne quand

celle-ci porte sa main à sa bouche : c’est le mode de transmission féco-orale. Une bonne

hygiène personnelle est par conséquent très importante, particulièrement si vous changez

la couche d’un enfant infecté.

Toutefois, la plupart des gens contractent le virus de l’hépatite A dans l’eau contami-

née On peut aussi l’ingérer en consommant des fruits ou des légumes qui ont été arrosés
née. On peut aussi l ingérer en consommant des fruits ou des légumes qui ont été arrosés

avec de l’eau contaminée et qui n’ont pas été nettoyés ensuite, ou nettoyés avec de l’eau

insalubre. Raison pour laquelle les plus touchés sont les pays en voie de développement

où les conditions sanitaires et d’hygiène sont médiocres. Pour ceux qui voyagent dans des

zones très affectées, la règle de base est de ne pas manger d’aliments crus et, de préférence,

ne manger que des aliments récemment cuits.

Les fruits de mer crus récoltés dans les eaux côtières contaminées sont aussi d’autres vec-

teurs de la maladie. Ces mollusques et crustacés s’alimentent en filtrant de vastes quantités

d’eau et peuvent donc absorber des virus. Une fois encore, la cuisson vous en protégera.

Symptômes et effets

C’est un virus très fréquent chez les humains. Contrairement à l’hépatite B et à l’hépatite

C, il n’entraîne pas de maladie chronique du foie et est rarement mortel. Il pénètre dans
l’organisme par la voie digestive, traverse l’estomac du fait de sa résistance à l’acidité, et se

multiplie dans les cellules du foie. Si vous êtes infecté, il mettra 15 à 50 jours avant d’agir.

Vous pouvez ne présenter aucun symptôme. Ou bien présenter à la fois des yeux jaunes et

une urine foncée. Vous pouvez aussi vous sentir très malade, faire de la fièvre et ressentir une

grande fatigue. Ajoutez à cela un mal d’estomac et de possibles vomissements, et il ne serait

pas étonnant que vous perdiez l’appétit aussi. Les symptômes durent 2 à 6 mois, après quoi

vous serez immunisé si jamais vous croisez à nouveau le virus.

L’hépatite A sévit sporadiquement dans le monde sous la forme d’épidémies, souvent

de façon cyclique. Mais beaucoup plus de gens sont infectés sans manifester de symp-

tômes. Notamment les bébés de moins de 6 mois montrent rarement des signes de la

présence du virus ; ils sont donc des vecteurs idéaux pour la transmission furtive de la

maladie de personne à personne.

Traitement

Un vaccin a été élaboré dans les années 1970. Il est à base de virus traité au formaldé-

hyde. Le virus est suffisamment inactivé pour éviter de provoquer la maladie, tandis que

l’organisme vacciné apprend à l’identifier. Si, par la suite, le corps est exposé à une version

virulente du virus, il est prêt à attaquer. Ce vaccin est efficace et bien toléré.

Une protection à plus court terme peut être obtenue par des injections de gammaglo-

buline, une protéine indispensable à la lutte contre les infections, qui stimule globalement

le système immunitaire (et non spécifiquement comme un vaccin).

Cependant, une fois encore, l’avancée la plus importante pour le traitement de cette

maladie est l’approvisionnement en eau salubre dans l’ensemble des pays du monde.

Fièvre
Épuisement Vomissements Nausées

Maux d’estomac

Perte d’appétit

Yeux jaunes
Urine foncée
Vi r u s de Norwalk

Agent : virus

Norovirus (Famille : Calciviridae)

Première manifestation connue : 1972

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Origines

La fameuse « grippe intestinale », c’est lui. Identifié pour la première fois en 1972 quand

il est apparu à Norwalk, en Ohio, ce virus semble n’infecter que les humains. Une fois

encore, il se transmet par les selles ; une mauvaise hygiène ou la consommation de mol-

lusques contaminés sont les principales causes des infections. En voyage dans des pays où

les infrastructures sont peu développées, méfiez-vous des glaçons et des salades préparés

en utilisant l’eau locale.

Symptômes et effets

Le virus provoque l’habituel éventail de symptômes de la gastro-entérite : nausées, vomis-

sements, diarrhée et douleurs abdominales. La plupart des gens se rétablissent en 3 à 5

jours, mais quelques-uns devront être hospitalisés et mis sous perfusion pour réhydrater

l’organisme. Il y a peu de chances que le virus vous tue, mais vous vous sentirez vraiment

malade durant quelques jours


malade durant quelques jours.

Régions concernées

Les espaces clos peuplés d’humains sont un terreau idéal pour le virus de Norwalk. Par

exemple, les écoles, les crèches, les maisons de retraite sont des lieux de prédilection, de

même que les avions ou les navires de croisière où restent confinées un grand nombre de

personnes pendant quelques heures ou quelques jours.

Épidémies marquantes

La plupart des passagers des bateaux de croisière voyagent pour se détendre et se reposer

une semaine ou plus dans le plus grand luxe. Mais ces paradis flottants peuvent perdre de

leurs attraits quand, l’un après l’autre, membres de l’équipage et passagers succombent au

virus de Norwalk. Par exemple, en juillet 2002, la compagnie Holland America a dû retirer
son navire Ryndham du service quelques jours pour le désinfecter : 388 passagers étaient

tombés malades durant une croisière en Alaska. En novembre de la même année, la même

compagnie a dû récurer l’Amsterdam après que 500 personnes eurent contracté le virus

durant 4 voyages différents. Quelques jours plus tard, Disney a dû travailler ferme pour

remettre en service le navire Magic après que 60 passagers furent tombés malades. Ce qui

était inquiétant pour l’entreprise, c’était que le navire venait d’avoir été nettoyé de fond en

comble parce que 275 passagers avaient contracté le virus lors d’une croisière précédente.

Très contagieux, les novovirus – qui englobent tous les virus de la grippe intestinale

ressemblant au virus identifié pour la première fois à Norwalk – provoqueraient à eux

seuls 90 % des gastro-entérites non bactériennes dans le monde. Rien qu’en France, ils

sont responsables de quelque 3 millions de consultations par an, le plus souvent en hiver.

Ils touchent de préférence les adultes et les enfants plus âgés.

Traitement

Comme c’est un virus, il y a très peu de moyens de lutte contre la maladie. Par conséquent,

la meilleure façon de briser une chaîne d’infection, c’est d’agir de manière responsable. Si

vous êtes atteint, isolez-vous quelques jours. Si vos enfants le sont, gardez-les à la maison

jusqu’à ce qu’ils soient bel et bien rétablis. En principe, vous ne devriez plus être contagieux

si vous n’avez pas été malade ou eu de diarrhée depuis 48 heures.

Utilisé comme arme

Comme toute maladie très contagieuse, si vous vouliez créer une opération peu ter-

rorisante, mais très perturbante, le virus de Norwalk serait un agent simple à utiliser.

Toutefois, comme il tue rarement, la menace est de faible niveau.


Nausées

Vomissements
Crampes d’estomac Diarrhée
E. coli O157 : H7

Agent : bactérie

Escherichia coli

Première manifestation connue : 1982

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Confortablement assis en train de lire ce livre, vous serez peut-être surpris d’apprendre que

votre intestin est peuplé de millions et de millions d’E. coli. Heureusement, elles font partie

de la variété amicale, bienvenue dans l’organisme, car elles jouent un rôle essentiel dans

la digestion. En revanche, quelques variétés de cette espèce particulière jouent de vilains

tours… et, parmi elles, E. coli O157 : H7 souffre d’une réputation terrible.

Origines

Theodor Escherich, pédiatre et bactériologiste allemand, fut le premier en 1885 à identifier

cette bactérie alors qu’il étudiait le contenu du côlon humain. Il l’appela Bacterium coli,

mais elle fut rebaptisée plus tard en hommage à sa contribution. Escherich se rendit compte

que des souches variées d’E. coli pouvaient provoquer une diarrhée ou gastro-entérite chez

les bébés comme chez les adultes. Comme elle se développe bien en laboratoire, elle est aussi

devenue une des bactéries les plus étudiées du monde.

La variante E coli O157 : H7 a d’abord été reconnue comme la cause d’une maladie
La variante E. coli O157 : H7 a d abord été reconnue comme la cause d une maladie

aux États-Unis en 1982, durant une épidémie grave de diarrhée sanglante ayant pour

origine un lot de hamburgers contaminés. Maintenant que les laboratoires connaissent et

recherchent cette souche particulière, les pathologistes ont découvert qu’elle est la cause

de quelques maladies caractéristiques.

Symptômes et effets

E. coli a donc plusieurs visages. Alors que certaines formes peuvent causer la méningite

chez les enfants, E.coli O157 : H7 s’en prend surtout à l’intestin et aux reins et, dans cer-

tains cas, peut entraîner une insuffisance rénale. Son arme principale est une protéine que

les scientifiques connaissent parce qu’elle tue les cellules Vero (cellules de reins de singes).

Cette toxine est aussi très destructrice dans l’organisme humain. Elle provoque chez sa

victime des douleurs abdominales et une diarrhée grave et aiguë, avec des selles rouges.
Car les dommages causés à la paroi de l’intestin par la toxine sont si importants qu’elle

saigne. C’est ce qu’on appelle une « colite hémorragique ».

Si la bactérie s’échappe de l’intestin et envahit l’organisme, la victime développe alors un

« syndrome hémolytique et urémique ». Dans ce cas, les reins cessent de fonctionner, les glo-

bules rouges et blancs meurent et la victime souffre de fièvre. Cette complication grave, qui

survient dans 2 à 7 % des infections à E. coli, est plus fréquente chez les enfants de moins de

5ans et les personnes âgées. Un dixième de ces victimes développe aussi une infection respi-

ratoire. Entre 5 et 15 % en meurent.

Épidémies marquantes

Cette maladie est parfois appelée la « maladie du hamburger », car les bactéries sont

souvent transmises par du bœuf haché mal cuit. Quand elles ne vivent pas dans les

humains, elles se cachent dans le bétail ; elles peuvent donc passer dans la viande durant

les processus d’abattage et de dépeçage. C’est un problème propre au bœuf haché, car le

hachage mêle facilement les microbes à la viande. Les jus de fruits non pasteurisés sont

aussi des lieux propices où les bactéries se cachent. On peut aussi contracter la bactérie en

consommant des produits à base de lait cru, non pasteurisé, si la bactérie est présente sur

le pis de la vache ou le matériel agricole, plus rarement des végétaux crus, ou encore en

buvant directement de l’eau contaminée. Quoique les scientifiques ne sachent pas encore

combien de bactéries suffisent pour provoquer la maladie, on pense qu’il en faut très peu.

La maladie peut également se transmettre de personne à personne ; la mauvaise hygiène

est donc un facteur important de propagation.

Les États-Unis, un des pays les plus gros consommateurs de viande, illustrent l’am-

pleur du problème. Chaque année, plus de 73 000 personnes sont malades à cause d’E.

coli O157, plus de 2000 d’entre elles se retrouvent à l’hôpital et environ 60 en décèdent.

Les épidémies sont rares en France. La dernière date de 2005 (69 cas, 57 enfants), elle

était liée à la consommation de steaks hachés surgelés contaminés


était liée à la consommation de steaks hachés surgelés contaminés.

Le problème s’avère nettement plus grave dans les pays en voie de développement. Sous

ses formes variées, E. coli est l’un des agents qui provoquent la mort par diarrhée de 3

millions d’enfants chaque année.


Quand ça va mal, ça peut aller très mal. À la mi-juillet 1996, une épidémie massive

s’est déclarée chez les enfants des écoles primaires de la ville de Sakai, au Japon, puis

s’est répandue dans les environs, suite à la consommation de graines germées de radis

contaminées par E. coli O157. Au total, près de 10 000 personnes ont été touchées, une

centaine a été hospitalisée en raison d’une grave complication – le syndrome hémoly-

tique et urémique – et 11 en sont mortes.

En 2011, une autre souche, répondant au nom barbare de O104 : H4, a provoqué un

épisode comparable en Europe. À la fin de l’épidémie, partie d’Allemagne, les autorités

sanitaires européennes faisaient état de plusieurs milliers de personnes intoxiquées et de

47 décès. Après enquête, des graines de fenugrec importées d’Égypte ont été désignées

comme étant la source de l’épidémie.

Traitement

La plupart des gens guérissent sans traitement spécifique en 5 à 10 jours. Les anti-diar-

rhéiques sont déconseillés afin de permettre l’élimination de la bactérie et ses toxines dans

les selles. Tout comme les antibiotiques, car en détruisant les bactéries, ils entraînent la

libération de toxines dans l’organisme, ce qui peut aggraver le syndrome hémolytique et

urémique. Seule parade dans les cas graves : combler la chute des globules rouges, celle

des plaquettes et l’atteinte rénale par transfusion et dialyse.

Comme pour toute maladie d’origine alimentaire, mieux vaut prévenir que guérir. Une

bonne hygiène est importante, tout comme de s’assurer de bien cuire le bœuf haché avant

de le manger. Éviter le lait et le jus non pasteurisés peut aussi aider.


Fièvre

possible

Insuffisance

Dommage

rénale

à la paroi

intestinale

Crampes

abdominales

Diarrhée

grave

Selles

rouges
Symptômes physiques
Encéphalopathies

spongiformes

t ra n s m i s s i b l e s

Agent : virus

Particule protéinique infectieuse (prion)

Première manifestation connue : la vMCJ

estapparue en 1996

Répartition : Royaume-Uni

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Lorsqu’il est question de maladie infectieuse, le dogme est simple. D’abord, il faut un

agent infectieux : un microbe quelconque qui peut s’introduire dans un individu et

déclencher la maladie. Ce qui la distingue de maladies comme le cancer de la peau qu’on

ne peut contracter d’une autre personne parce qu’il n’y a pas d’agent qui puisse se déplacer

d’un individu à l’autre. Ensuite, cet agent doit être capable de créer de nouvelles copies de

lui-même pour que, une fois la personne infectée, il puisse se multiplier et se disséminer.

Finalement, pour réaliser cette prouesse de réplication, il doit détenir les informations

génétiques qui commandent le processus demultiplication.

Les encéphalopathies spongiformes transmissibles ont été une énigme durant des

années parce que on avait beau chercher personne ne trouvait de particule répondant à
années parce que, on avait beau chercher, personne ne trouvait de particule répondant à

ces trois critères. Il semblait que ces maladies avaient enfreint les règles de base de l’infec-

tion. L’hypothèse admise aujourd’hui est que l’agent pathogène est une protéine ayant

adopté une conformation anormale. Le plus curieux, c’est qu’elle est une variante d’une

protéine normalement présente dans notre corps. Toutefois, il semble que, une fois cette

molécule déformée dans l’organisme, un processus encore inconnu la multiplie… et il en

résulte un chaos biologique. En 192, l’Américain Stanley Prusiner a désigné du nom de

« prions » ces étranges agents non conventionnels.

Origines

C’est en novembre 1986, quand une maladie inquiétante a éclaté chez les bovins au Royaume-

Uni, que les choses ont commencé à devenir critiques pour les humains. Les vaches semblaient

perdre la maîtrise de leur corps… et la « maladie de la vache folle » fit la une des journaux.
T
rès vite, un lien a été établi avec une maladie semblable qui atteint les moutons et les chèvres,

connue des fermiers sous l’appellation de « tremblante du mouton ». L


’hypothèse la plus

vraisemblable, c’est que la consommation par les bovins de farines animales, préparées à partir

de carcasses de bovins ou d’ovins déjà contaminés par l’agent de la maladie, fut responsable

de l’apparition de l’épidémie. Depuis, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a frappé

plus de 190 000 bovins britanniques et a aussi été diagnostiquée dans d’autres pays européens.

« Ne vous inquiétez pas, affirmèrent les politiciens, elle n’est pas transmissible à l’Homme. »

Néanmoins, un plan d’éradication à grande échelle fut lancé pour débarrasser le Royaume-

Uni des animaux infectés.

Puis, en 1996, on annonça que la maladie pouvait bel et bien se transmettre aux humains

par la consommation de viande contaminée. La panique se répandit, les ventes de bœuf

s’effondrèrent, on parlait de dizaines de milliers de morts potentiels. En réalité, très peu

de gens ont contracté la maladie. Celle-ci constituait-elle une vraie menace ? Ou la menace

avait-elle été évitée grâce à une action rapide et ferme ? En 1989, l’Europe interdisait l’usage

des farines animales, avant de les autoriser à nouveau en 2014. Ces nouvelles farines seraient

cette fois-ci sans danger, affirme l’Union européenne.

Symptômes et effets

Comme la maladie qui frappe les humains ressemble à une pathologie rare du cerveau,

la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), on l’a appelée « variante de la MCJ » ou vMCJ.

C’est une maladie dégénérative rapide qui tue normalement les gens en moins d’un an

après l’apparition des premiers symptômes. Au début, il semble que la victime « ne souffre

que » d’une dépression, mais bientôt elle éprouve des problèmes de coordination, des

pertes de mémoire et des sautes d’humeur. Puis commencent les engourdissements, les

douleurs dans les membres, de vilains maux de tête, des éruptions et des pertes de mémoire

à court terme Sans aucun traitement possible médecins et famille ne peuvent que prendre
à court terme. Sans aucun traitement possible, médecins et famille ne peuvent que prendre

soin de la personne atteinte, tandis que la maladie détruit son cerveau. Puis, elle décède.

Au total, la maladie a fait plus de 200 victimes, la majorité en Grande-Bretagne (27 en

France). Elle est toujours diagnostiquée, mais le nombre de cas semble diminuer. Toutefois,

à cause de la longue période d’incubation des maladies à prions (des années, voire des décen-

nies), la pleine mesure de l’épidémie de vMCJ n’est pas encore entièrement connue.

Traitement

Il est souvent assez difficile d’élaborer des thérapies pour traiter des maladies qui sont

clairement comprises, mais développer un traitement pour une pathologie qu’on ne

comprend pas est quasi impossible. Certains médecins ont utilisé un médicament

antipaludique (mépacrine ou quinacrine), d’autres un médicament antipsychotique


(chlorpromazine), mais sans obtenir de résultats concrets. D’autres encore ont prétendu

qu’injecter du polysulfate de pentosan, un anticoagulant, directement dans les espaces

autour du cerveau pouvait aider le malade, néanmoins sans apporter la preuve d’un réel

bénéfice. Un essai a été mené avec la flupirtine, un médicament qui protège les cellules du

cerveau. Les patients ont montré une très légère amélioration de leurs capacités cérébrales,

mais l’effet étant de courte durée, il n’a pas amélioré les chances de survie.

Menace potentielle pour la civilisation

Cette maladie n’a pas menacé notre civilisation, mais elle devrait nous mettre en garde

contre des formes d’agriculture extrême qui peuvent faire surgir des problèmes nouveaux

et inattendus. Pour de nombreux fermiers, ce fut la fin du cheptel que leur famille avait

constitué au cours des siècles. Elle nous rappelle aussi que nous ne pouvons jamais être

certain de bien comprendre les maladies infectieuses. Peut-être en saurons-nous davan-

tage demain sur ces pathologies aussi dangereuses qu’étranges.

Dépression
Problèmes de coordination
Perte de mémoire

Maux de tête

Sautes d’humeur

Dommages au Douleurs dans

les membres
cerveau
Partie 5

Maladies
d’origine animale

(épizooties)
Pa l u d i s m e

Agent : protozoaires Plasmodium falciparum,

Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et

Plasmodium malariae et moustique Anopheles

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : tropicale et subtropicale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Un million de personnes meurent chaque année du paludisme (ou malaria), une maladie

qui a eu des répercussions importantes sur l’histoire de l’humanité. Quatre prix Nobel ont

été attribués à des chercheurs qui ont permis de le comprendre, ou aider à le combattre.

Origines

Malaria signifie « mauvais air » et son nom vient de ce que les premières personnes

qui ont essayé de comprendre la maladie ont vu qu’elle était associée aux marécages.

Toutefois, ce n’est pas l’air vicié qui est dangereux, mais les insectes qui volent dans

cetair : les moustiques anophèles.

Symptômes et effets

Il existe quatre types différents de parasites du paludisme qui partagent un cycle de vie
Il existe quatre types différents de parasites du paludisme qui partagent un cycle de vie

similaire. Quand un moustique infecté pique, les protozoaires migrent des glandes salivaires

de l’insecte à la circulation sanguine de la personne piquée. Les parasites sont alors trans-

portés vers le foie où ils envahissent les cellules et produisent des copies d’eux-mêmes. Après

quelques jours, les cellules éclatent, libérant des milliers de nouveaux parasites dans le sang

et déclenchant un accès de fièvre. Les autres symptômes incluent frissons, épuisement et

maux de tête ; certaines victimes souffrent aussi de nausées, de vomissements et de diarrhée.

Une fois dans le sang, les jeunes parasites se développent à l’intérieur des globules

rouges et se transforment en parasites sexués mâles ou femelles. Pour compléter leur cycle

de vie, les parasites doivent retourner à un moustique. Quand une personne infectée est

piquée, le moustique ingère des parasites avec le sang. À l’intérieur du moustique, les

parasites mâles et femelles s’unissent et engendrent une nouvelle génération. Un nou-

veau cycle peut alors commencer. .P falciparum diffère des trois autres types en ce que
ces parasites ont tendance à s’agglomérer dans les fins capillaires du cerveau, ce qui peut

provoquer lamort de la personne infectée.

Régions concernées

Environ 40 % de la population mondiale est exposée à la maladie, principalement dans

les zones tropicales défavorisées d’Afrique (90 % des cas), mais aussi d’Asie et d’Amé-

rique latine. Les protozoaires ont besoin des moustiques, et les moustiques aiment les

lieux chauds et humides. Cela étant, ils ne sont pas très capricieux. Ce qui signifie qu’ils

peuvent opérer dans presque toutes les zones tropicales et subtropicales du monde.

Comme les moustiques sont petits, ils ne volent pas loin ; la maladie est donc plus pro-

blématique en zone urbaine où il y a toujours quelqu’un à piquer à proximité.

Traitement

Le problème principal avec le paludisme, c’est que personne n’a développé de vaccin et

que les parasites sont habiles à résister aux médicaments. Jusqu’ici, les moustiquaires delit

traitées aux insecticides se sont révélées l’arme la plus efficace.

Menace potentielle pour la civilisation

Le paludisme menace actuellement de nombreuses civilisations et communautés dans

le monde entier. La maladie empêche le développement de nombreuses populations, les

laissant prisonnières de la pauvreté.

Nausées
Maux de tête
potentielles

Épuisement

Vomissements

Fièvre potentiels Diarrhée

Frissons potentielle
Rage

Agent : virus Lyssavirus (Famille :

Rhabdoviridae) et mammifères

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : planétaire, sauf certaines îles

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La rage est due à un virus de forme ogivale, transporté par les grands mammifères carnivores

comme les chiens, les chats, les renards, mais aussi le bétail et les chauves-souris.

Origines

Le mot rage dérive du latin rabia, « transporteur de fureur », et la maladie est l’un des plus

vieux fléaux documentés de l’humanité. Des auteurs anciens de Mésopotamie, Chine,

Grèce, Rome et Inde ont décrit les symptômes classiques, mais c’est le physicien italien

Girolamo Fracastoro qui en fit la première description complète en 1546.

Symptômes et effets

Le virus infecte les humains après morsure par un animal infecté. Il se fixe aux cellules des

muscles squelettiques, se multiplie sur le site de la blessure, puis s’introduit dans les nerfs,

d’où il peut voyager jusqu’à la moelle épinière voire le cerveau De là il utilise d’autres
d où il peut voyager jusquà la moelle épinière, voire le cerveau. De là, il utilise d autres

nerfs pour se déplacer dans tout l’organisme. Sans traitement, environ 80 % des patients

développent la forme dite furieuse de la rage et meurent quand ils perdent le contrôle des

muscles respiratoires. Les autres (20 %) souffrent de rage paralytique ou amorphe, qui

les affaiblit et les tuent.

La période d’incubation, silencieuse, dure en moyenne 30 à 45 jours, parfois bien

plus (un an). Aussi, si vous pensez avoir été infecté, demandez rapidement de l’aide : les

traitements ne fonctionnent que s’ils sont administrés avant l’apparition des premiers

symptômes. Un signe est caractéristique : une peur pathologique de l’air et surtout de l’eau.

Régions concernées

Comme tant d’autres maladies, les données chiffrées sur le nombre de personnes infectées

manquent de précisions, mais on sait que la rage reste une maladie très répandue dans le
monde, responsable de dizaines de milliers de morts chaque année. Elle est le plus sou-

vent transmise par des chiens enragés. Chaque année, environ 17 millions de personnes

reçoivent un traitement contre la rage. En France métropolitaine, aucun cas de rage

humaine, contractée sur le territoire, n’a été rapporté depuis 1924. Si vous voyagez en zone

d’endémie, prenez vos précautions vis-à-vis des animaux domestiques ou sauvages.

Traitement

Après une morsure par un animal suspect, lavez la plaie à l’eau savonneuse, rincez-la

abondamment et désinfectez avec une solution antiseptique. Surtout, n’attendez pas

pour consulter votre médecin : une fois la rage déclarée, il n’y a aucun moyen de la guérir.

C’est pourquoi le vaccin contre la rage est systématiquement administré à toute personne

ayant été en contact avec des animaux suspects, en association ou non avec des injections

d’anticorps spécifiques.

Pour l’histoire, c’est en 1885 que Louis Pasteur obtient son premier succès contre la rage

avec la vaccination d’un enfant de 9 ans. Un an plus tard, dans une séance mémorable

à l’Académie il déclare : « La prophylaxie de la rage après morsure est fondée. Il y a lieu

de créer un établissement vaccinal contre la rage ». L’Institut Pasteur était inauguré en

novembre1888.

Utilisé comme arme

Menacer de libérer des animaux infectés dans des pays exempts de la rage aurait certai-

nement un impact considérable comme instrument de terreur, mais, à vrai dire, cela ne

causerait probablement pas une épidémie massive parmi les humains.


Sentiment de terreur

Agitation

Hydrophobie
Pe s t e

Agent : bactérie et puce

Yersinia pestis

Première manifestation connue : Antiquité

Répartition : Amérique du Nord, Amérique

du Sud, Afrique et Asie

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Les historiens estiment que, en 1347, lorsque la peste débarque à Marseille, environ

75millions de personnes vivent en Europe. En cinq ans, de Marseille à Moscou, la peste

va ravager l’Occident. C’est peut-être le tiers de sa population qui a disparu pendant la

« Grande peste », aussi nommée « Peste noire » en raison du noircissement de la peau des

victimes. À la même période, des épidémies presque simultanées se déclarèrent dans de

vastes parties de l’Asie et du Moyen-Orient. Cette pandémie multirégionale provoqua la

mort d’au moins 75 millions de personnes. On dit que, à chaque génération, la maladie

refit surface en Europe jusqu’à ce qu’elle quitte le continent au 

Lors de la première épidémie, personne ne comprit que l’agent destructeur était une

bactérie transmise par des puces qui vivaient sur des rats. Quand des foyers survenaient,

les gens essayaient d’éviter les contacts avec d’autres gens, mais se souciaient peu des rats.

Aujourd’hui, la maladie sévit toujours en Afrique, Asie et Amériques. Le nombre de

cas est même en augmentation dans plusieurs régions du monde ce qui en fait une mala
cas est même en augmentation dans plusieurs régions du monde, ce qui en fait une mala-

die « ré-émergente » pour l’OMS.

Origines

La peste est décrite depuis l’Antiquité. Elle apparaît pour la première fois en Europe

et dans le bassin de la Méditerranée en 541-542, au temps des rois mérovingiens et de

l’empereur Justinien. Puis, à partir de 767, au temps de Charlemagne, les chroniques en

perdent la trace… mais elle reste endémique en Orient, en Inde et en Chine. Au début

des années 1330, une épidémie se déclare en Asie centrale et commence à se propager

dans les provinces chinoises. Elle atteint bientôt l’Inde et ses comptoirs commerciaux.

Transmise par les rats embarqués sur les navires, elle touche l’Europe près de dix ans plus

tard. Lors du siège de Caffa, une colonie génoise de Crimée, les assaillants infectés par la

peste catapultent les cadavres des leurs par-delà les enceintes de la ville. Le siège finit par
être levé, faute de combattants valides en nombre suffisant et les bateaux génois, pouvant

désormais quitter la ville, disséminent la peste dans de plusieurs ports, dont Marseille.

Une des caractéristiques des épidémies de peste est leur capacité à « s’éteindre » pen-

dant plusieurs années avant de réapparaître brutalement sous forme épidémique. En

1665, la maladie dévaste Londres (70 000 morts). En 1720, elle refait son apparition à

Marseille, par le biais d’étoffes venues d’Orient et infestées de puces porteuses de la peste.

En deux mois, la maladie ravage la ville puis gagne la Provence, tuant plus de 100 000

personnes, soit un quart de la population. La dernière épidémie marquante en Europe eut

lieu à Moscou en 1771, arrivée cette fois-ci non par la mer mais avec les troupes ayant

pris part à la guerre russo-turque de 1768-1774.

La peste de Chine est le nom de la dernière pandémie connue. Elle débute en 1894 à

Hong Kong et, en une dizaine d’années, touche de nombreux ports sur les cinq conti-

nents. Ce fut lors de cette épidémie que le Français Alexandre Yersin découvre et décrit

le bacille responsable de cette maladie, Pasteurella pestis (auquel on donna finalement le

nom de Yersinia pestis) et expérimenta son sérum (qui n’est pas un vaccin), sauvant ainsi

de nombreuses vies.

Symptômes et effets

Quand une puce se nourrit sur un animal porteur de la bactérie, elle l’ingurgite. Celle-ci

se multiplie dans la puce et bloque sa digestion. Affamée, la puce doit faire un nouveau

repas sanguin et donc piquer un animal – lequel peut être un humain cette fois ; le

blocage de son intestin l’oblige à régurgiter une partie du contenu de son estomac. Et

les bactéries se répandent ainsi dans la circulation sanguine du nouvel hôte. Les puces

vivent aussi bien sur le dos des rats que celui des écureuils ou des chats domestiques. Les

crachats d’une personne infectée étant saturés de bactéries, ils offrent un autre moyen de

propagation, cette fois-ci de personne à personne.

Selon le mode de contamination on distingue la peste bubonique (contractée par


Selon le mode de contamination, on distingue la peste bubonique (contractée par

piqûre de puce) et la peste pulmonaire (contractée par voie aérienne). Dans la peste

bubonique, la forme la plus courante de la maladie au moment de la Peste noire, la

piqûre de l’insecte provoque une infection locale qui s’étend jusqu’aux ganglions du

cou, des aisselles ou de l’aine. Ces « bubons » enflent, puis les bactéries commencent à

se répandre dans tout l’organisme. D’autres symptômes incluent fièvre, maux de tête,

nausées, vomissements et douleurs articulaires. Dans 20 à 40 % des cas, le bubon sup-

pure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, les bactéries

envahissent la circulation sanguine et la maladie évolue vers une septicémie (infection du

sang) très rapidement mortelle.

Quand ils toussent, les malades atteints de peste pulmonaire produisent des crachats rosis

par le sang qui peuvent transmettre facilement la maladie à d’autres, lesquels se contaminent
par inhalation de bactéries. En l’absence d’un traitement précoce et approprié, la peste

pulmonaire tue ses victimes en 3 jours.

Traitement

Compte tenu de ce que la peste a affecté l’issue de guerres importantes et ravagé des

populations entières, il serait intéressant d’imaginer ce que serait le monde si les antibio-

tiques avaient été découverts 1 000 ans plus tôt. La streptomycine, le chloramphenicol

et les tétracyclines sont des antibiotiques parfaitement efficaces s’ils sont administrés à

temps. Donnés précocement, les tétracyclines ou les sulfamides, sont en général d’une

très bonne efficacité pour l’entourage immédiat des sujets atteints de peste. Si vous vous

rendez dans une région endémique, prenez garde aux mauvais moments de l’année. Les

puces prospèrent par temps frais et humide, mais meurent par temps chaud et sec.

Utilisé comme arme

Dans le passé, la peste a été utilisée comme arme et elle pourrait servir d’arme terroriste

potentielle. Imaginez l’impact d’une manchette comme « Rats porteurs de la peste relâchés

dans New York » sur l’industrie touristique de la ville.


Fièvre

Maux

Vomissements

de tête

Crachats rosis

par le sang

Enflures

dans le

cou, les

aisselles

et à l’aine

Nausées
Symptômes physiques
T
yphus

Agent : bactérie, pou (R. prowazekii)

ou puce (R. typhi)

Rickettsia prowazekii et Rickettsia typhi

e
Première manifestation connue :  siècle

Répartition : Amérique du Nord, Amérique

duSud et Afrique

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le typhus représente non pas une mais plusieurs maladies potentiellement mortelles dues

à des bactéries du genre des Rickettsies. Ce groupe de maladies ne se transmet pas par

simple contact mais des millions de personnes sont néanmoins décédées à la suite de leur

infection par Rickettsia prowazckii via les poux ou par Rickettsia typhi via des puces. Ces

maladies incluent le typhus des broussailles, le typhus murin et le typhus épidémique.

Ce dernier présente les symptômes les plus sévères mais est désormais rare. Ces infections

ne doivent pas être confondues avec la fièvre typhoïde causée par des bactéries du genre

des salmonelles.

Origines

Certains indices suggèrent la présence du typhus dans la Grèce antique mais on trouve

les descriptions les plus anciennes d’épidémies dans des textes du Moyen Âge en Europe
les descriptions les plus anciennes d épidémies dans des textes du Moyen Âge en Europe.

De nombreux foyers se déclaraient, et apparaissent encore, dans des endroits surpeuplés

où régnaient de mauvaises conditions de vie et d’hygiène, en présence de rats, de souris

et de puces. Le pou absorbe les bactéries du sang d’un rat ou d’un humain infecté. Avant

de mourir, il pique souvent un autre humain, crachant à l’occasion les bactéries dans la

blessure infligée. En outre, le pou rejette dans l’environnement de grandes quantités de

selles pleines de bactéries qui demeurent infectieuses durant des semaines. Les humains

s’infectent quand les selles sèches sont inhalées ou frottées sur les petites blessures de la

peau.

Les épidémies historiques

Le typhus peut être dévastateur. En 1576, au Mexique, 2 millions de personnes sur une

population de 9 millions sont probablement mortes du typhus. L’histoire nous enseigne


que les généraux sont parfois confrontés à un ennemi invisible difficile à combattre.

En 1528, l’armée française assiégeant Naples fut anéantie par le typhus, qui tua les trois-

quarts des soldats. En 1812, Napoléon envoya 400 000 soldats pour envahir la Russie,

mais quelque 80 000 d’entre eux succombèrent au typhus ou furent trop malades pour

se battre. Une épidémie massive en Irlande dans les années 1830 a causé plus de 100000

e
morts. Ces épidémies se sont poursuivies durant le XX  siècle et

de plus de 3millions de personnes pendant la Première Guerre mondiale, jusqu’à ce que

des mesures d’éradication des poux ciblées dans certains sites ont permis d’éviter leur

propagation.

La maladie a néanmoins fait sa réapparition au cours de la Seconde Guerre mondiale

dans les camps de concentration allemands. Anne Frank est morte du typhus dans le

camp de Bergen-Belsen en 1945. L’amélioration des sanitaires et de l’hygiène, jointe à

l’utilisation désormais interdite du DDT, a permis de venir à bout des épidémies, du

moins dans les régions développées.

Symptômes et effets

Les bactéries en cause entrent normalement dans l’organisme par une piqûre d’insecte, puis

se répandent dans la circulation sanguine. Elles s’introduisent dans les cellules de la peau,

s’y multiplient, puis s’échappent en détruisant les cellules hôtes. Les premiers symptômes

d’infections dues à R. prowazekii sont un mal de tête et de la fièvre 6 à 15 jours après avoir

été piqué. Des taches apparaissent sur la poitrine, l’estomac et le dos 4 à 7 jours plus tard.

Avec un peu de chance, elles disparaissent les jours suivants et la personne guérit. Une per-

sonne moins chanceuse souffre de troubles rénaux et plonge dans un état de stupeur, voire

dans le coma. Le nom de la maladie vient du grec typhus qui signifie « stupeur ». On peut

en mourir en l’absence de soins médicaux appropriés.


Attraper R. typhi d’une puce peut rendre malade 1 ou 2 mois, mais cela tue rarement.

Les personnes atteintes de typhus des broussailles peuvent observer une croûte sombre

ou une trace de morsure sur la peau et avoir un gonflement des ganglions lymphatiques.

Celles ayant le typhus murin peuvent avoir une perte d’appétit.

Régions concernées

L’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et l’Afrique sont les principales zones d’opé-

ration de R. prowazekii, tandis que R. typhi vit dans les régions tropicales et subtropicales

du monde.

Les progrès dans le traitement

Le typhus ne peut pas être traité par un vaccin mais différents antibiotiques peuvent faire

disparaître les symptômes en quelques jours. Beaucoup de personnes vivant dans des régions

pauvres ou sinistrées n’ont cependant pas accès à ces produits.

Utilisé comme arme

Le typhus ne sera probablement jamais utilisé comme arme, mais il surgit dès qu’on

utilise des armes, car l’effondrement des infrastructures qui accompagne les conflits

constitue un terreau favorable pour les poux, les puces et les bactéries.

Éruption sur la poitrine,


l’estomac et le dos

Maux de tête

Fièvre

Coma potentiel
F i è v re jaune

Agent : virus et moustique

Flavivirus (Famille : Flaviviridae)

Première manifestation connue : 1648

Répartition : Amérique du Sud et Afrique

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Les virus transmis par des arthropodes, ou « arbovirus », se présentent sous différentes

formes et tailles, et plus de 500 ont été décrits jusqu’à maintenant. La fièvre jaune est

l’une des maladies à arbovirus.

Officiellement, seulement quelque 250 personnes souffrant de cette maladie sont

recensées chaque année dans le monde, dont 70 en meurent. Néanmoins, les responsables

de la santé publique considèrent ces chiffres largement sous-évalués, car la vaste majorité

des cas se présente dans des contrées en développement où tous les cas ne sont pas recen-

sés. L’OMS estime en réalité à 200 000 le nombre de personnes atteintes chaque année

et à 30 000 le nombre de décès dus à la fièvre jaune dans les populations non vaccinées,

dont 90 % en Afrique.

Origines

La maladie fut d’abord identifiée dans la péninsule du Yucatan au Mexique en 1648


La maladie fut d abord identifiée dans la péninsule du Yucatan, au Mexique, en 1648.

Elle a été la source de nombreuses épidémies dévastatrices. En 1802, durant la campagne

de Napoléon Bonaparte à Haïti, destinée à mater la révolution et rétablir l’esclavage, ses

troupes furent décimées par la fièvre jaune (plus de la moitié de son armée succomba).

Depuis lors, on a découvert qu’il existe deux sortes de fièvres jaunes, chacune propagée par

un cycle différent d’infection. La fièvre jaune selvatique infecte les singes des forêts plu-

viales tropicales, elle menace les personnes qui travaillent dans ces forêts et sont piquées par

des moustiques infectés. Comme peu de gens vivent dans les forêts pluviales, la maladie est

rare, mais pour ceux qui y sont exposés, le risque de contracter le virus estélevé.

La fièvre jaune urbaine est plus menaçante parce que plus de gens vivent dans les zones

urbaines. Le virus est propagé par le moustique Aedes aeg ypti, qui prospère dans les villes

et les villages. Ce moustique se reproduit dans les petites flaques d’eau formées dans les

pneus, les pots de fleur, les barils de pétrole mis au rebut et les réservoirs d’eau
ouverts. En Afrique subsaharienne, de nombreux pays connaissent des épidémies

périodiques quoiqu’imprévisibles de fièvre jaune urbaine. Au total, 610  millions de per-

sonnes vivent dans ces pays, parmi lesquelles 219 millions dans des villes et villages où

le risque est élevé.

Symptômes et effets

Beaucoup de gens ne présentent que de légers symptômes, mais, après une période

d’incubation de 3 à 6 jours, d’autres éprouvent de fortes fièvres, des frissons, des maux de

tête, des vomissements et des maux de dos. Parfois, ils présentent une langue et des yeux

rouges, ainsi qu’un visage empourpré. Après quelques jours de rétablissement apparent,

les malades souffrent d’hémorragies internes et de troubles rénaux et hépatiques. La défi-

cience hépatique provoque la coloration jaune de la peau, d’où le nom de la maladie. Si

la maladie progresse, la victime souffre de délire, de convulsions et tombe dans le coma.

Régions concernées

Outre l’Afrique, où sont recensés 95 % des cas de fièvre jaune, la maladie sévit dans 13

pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ainsi que sur plusieurs îles des Caraïbes ;

la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l’Équateur et le Pérou sont les pays les plus à risque.

Leurs habitants sont actuellement plus exposés qu’ils ne l’ont été depuis plusieurs années :

le nombre de moustiques augmente, la déforestation s’accélère et les villes croissent, mais

le taux de vaccination stagne. Curieusement, la fièvre jaune n’est jamais parvenue en Asie.

Si la maladie s’y propageait, une grave épidémie pourrait en résulter, car le moustique

préféré du virus, Aedes aeg ypti, y vit déjà.


Épidémies marquantes

De grandes épidémies ont affecté l’Amérique tropicale aux ,  et 

firent la maladie la plus redoutée des Amériques. C’est elle qui fit obstacle à la construc-

tion du canal de Panama. Les États-Unis ne furent pas épargnés. En 1700 et 1793, il y

eut des épidémies à New York et Philadelphie, qui tuèrent 10 % de la population. En

1905, la fièvre jaune affectait encore les cités portuaires du sud desÉtats-Unis, à l’origine

de 5 000 cas et 1 000 décès. En Europe, la « peste » qui ravagea la ville de Barcelone en

1821, laissant derrière elle quelque 20 000 morts, n’était autre que la fièvre jaune.

Plus récemment, en 1960 et 1962, la fièvre jaune démontra son pouvoir de nuisance

en infectant 100 000personnes en Éthiopie, dont 30 000 moururent.

Traitement

Comme il n’existe pas de médicament particulier contre la fièvre jaune, on applique donc

un traitement de soins généraux : repos, air pur et beaucoup de liquides. Pour éviter de

contracter la maladie dans les zones exposées, les insecticides, le port de vêtements pro-

tecteurs et la pose de moustiquaires aux fenêtres, sont indispensables. Mais cela ne suffit

pas toujours. La prévention par la vaccination est donc la meilleure solution. Dès 1932,

un premier vaccin était mis au point par des chercheurs de l’Institut Pasteur, à l’aide d’une

souche vivante atténuée. Le vaccin actuel, l’un des plus efficaces et des plus sûrs parmi les

vaccins viraux, est obligatoire pour les voyageurs se rendant dans les zones endémiques

d’Afrique ou d’Amérique du Sud ; il procure une immunité de 10 ans contre la maladie.

Certains pays tentent de vacciner leurs habitants.


Rougeurs des yeux

Délire

Visage empourpré

Convulsions

Coma

Langue rouge

Maux de tête

Vomissements

Fièvre

Frissons

Déficiences

hépatiques et

rénales

Coloration

jaune de

la peau
Symptômes physiques
Dengue

Agent : virus (arbovirus) et moustique Aedes

Sérotypes du virus : DEN-1, DEN-2, DEN-3

et DEN-4 (Famille : Flaviviridae)

Première manifestation connue : 1780

Répartition : Ensemble de la zone tropicale

et subtropicale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 2,5milliards de personnes

dans le monde, soit 40 % de la population sur Terre, sont désormais à risque de contrac-

ter la dengue. Selon elle, 50 à 100millions de gens supplémentaires sont infectés chaque

année. La dengue, qui porte également le nom de grippe tropicale, a deux niveaux de

gravité. La dengue « classique » est une infection transmise par un moustique qui vous

rend malade, mais la dengue hémorragique (ou dengue sévère) est une version plus grave

qui peut vous tuer, si vous ne recevez pas le bon traitement et les bons soins.

Origines

Un foyer de fièvre à Philadelphie en 1780 constitue la première occurrence connue d’une

maladie qui ressemble à la dengue Les premiers cas de dengue hémorragique sont apparus
maladie qui ressemble à la dengue. Les premiers cas de dengue hémorragique sont apparus

dans les années 1950 aux Philippines et en Thaïlande. La dengue a rapidement progressé au

point de devenir, dans les années 1990, la maladie la plus courante affectant les humains,

après le paludisme. En 1995, 40 pays avaient connu des épidémies de dengue, contre 9

seulement avant 1940. Désormais, la dengue est endémique dans plus 100 pays.

Symptôme et effets

Le virus de la dengue est transmis à l’humain par la piqûre d’une femelle infectée du

moustique Aedes. Après une période d’incubation de 4 à 10 jours après la contamination

apparaissent des symptômes grippaux, caractérisés par une forte fièvre accompagnée

de maux de tête, de nausées, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption

cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Au bout de 3 à 4 jours, une brève rémission

s’observe, puis les symptômes s’intensifient avant de régresser au bout d’une semaine.
Environ 1 % des personnes atteintes développent une forme très grave de la maladie, la

dengue hémorragique. Surviennent alors des hémorragies multiples (gastro-intestinales,

cutanées et cérébrales). Le malade peut se retrouver en état de choc (le corps se refroidit,

la peau devient moite et le pouls est imperceptible, ce qui traduit une défaillance du

système circulatoire). En l’absence de perfusion, la mort peut survenir en 24 heures ou

48 heures.

Quand les symptômes sont bénins, un mauvais diagnostic de grippe ou d’une autre

infection virale peut être posé, surtout en l’absence d’éruption. C’est ainsi que des

voyageurs infectés, qui ne sont pas correctement diagnostiqués au début de la maladie,

peuvent transmettre involontairement la dengue de retour à la maison. Et la dengue a peu

de chances d’être la première chose qui vienne à l’esprit des médecins exerçant dans des

régions non affectées par la maladie.

Régions concernées

Pour survivre, le virus a besoin des moustiques et les moustiques ont besoin d’eau. Donc,

les régions tropicales et marécageuses offrent les conditions idéales pour la propagation de

cette maladie. Dans les zones urbaines, les zones de reproduction les plus courantes ne sont

pas de vastes marécages, mais les petites flaques d’eau dans les pneus, les barils et les pots en

métal mis au rebut. Les réservoirs d’eau domestiques qui sont mal couverts offrent aussi de

superbes lieux de reproduction. Une des meilleures façons de combattre la maladie est de

couper les vieux pneus en deux et de les empiler afin que l’eau de pluie ne s’y accumule pas.

L’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire au cours des dernières années,

et l’inscrit aujourd’hui aux rangs des maladies dites « ré-émergentes ». Longtemps limitée

à l’Asie du Sud-est, elle ne cesse de s’étendre à l’océan Indien, au Pacifique Sud, à l’Amé-

rique latine et aux Antilles françaises. En 2010, la dengue a été à l’origine de 86 000 cas en

M ti i t G dl E 2014 l ti t ’ t i l té d 18 dé t
Martinique et Guadeloupe. En 2014, le moustique vecteur sest implanté dans 18départe-

ments français. Le risque de contracter la maladie dans l’Hexagone devient désormais réel.

Sa progression est à rapprocher de celle d’un autre arbovirus, l’agent du chikungunya,

également transmis à l’Homme par la piqûre d’un moustique Aedes. La maladie provoque

des douleurs articulaires aiguës et quelques symptômes proches de ceux de la dengue. Elle

est endémique principalement en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien. En

2005, une importante épidémie de chikungunya a touché les îles de l’océan Indien et

notamment l’Île de La Réunion. Deux ans plus tard, la maladie a fait son apparition en

Europe, où le moustique vecteur s’est établi. Les premiers cas autochtones dans le Sud de

la France ont été recensés en 2010. Fin 2013 et en 2014, le chikungunya s’est propagé

aux Antilles et a atteint le continent américain.


Traitement

Il n’existe aujourd’hui ni traitement spécifique ni vaccin commercialisé pour combattre

la dengue. Le repos et le soutien du malade sont l’essentiel du traitement, tout en s’assu-

rant qu’il absorbe suffisamment de liquide pour éviter la déshydratation. L’aspirine est

à proscrire pour éviter d’aggraver les hémorragies. La seule prévention reste le contrôle

des moustiques vecteurs dans les zones concernées et la protection individuelle contre les

piqûres de moustiques.

Menace potentielle pour la civilisation

Toute maladie qui peut tuer ou rendre gravement malade, et qui infecte un nombre

croissant de personnes, doit êtres sérieusement considérée. La dengue ne menacera proba-

blement pas notre civilisation, mais elle a un impact économique certain et devrait nous

inciter à questionner notre façon de planifier et de bâtir nos villes et villages.

H t hi d f i
Hypertrophie du foie

Éruption généralisée

Température élevée

Vomissements

Perte d’appétit
Leishmaniose

Agent : protozoaires Leishmania sp.

et phlébotome

Première manifestation connue : 1824

Répartition : tropicale et subtropicale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Il existe deux versions de la leishmaniose : cutanée et viscérale. Sans médicament actuel-

lement disponible, il convient d’éviter, si possible, les parasites (plus de 20 espèces

différentes) qui causent cesdeux maladies.

Origines

Des textes de la période Inca sud-américaine, datant des 

colonisation espagnole, mentionnent le risque encouru par les travailleurs agricoles sai-

sonniers qui revenaient des Andes avec des ulcères de la peau. À l’époque, on l’appelait

« maladie de la vallée » ou « maladie andine », mais elle devint connue plus tard sous le

nom de « lèpre blanche », car les gens en gardaient des cicatrices et des difformités qui

ressemblaient aux ravages causés par la lèpre.

À la même époque, des médecins indiens utilisaient le terme sanskrit kala azar (signi-

fiant « fièvre noire ») pour décrire une maladie ancienne qu’on appelle aujourd’hui la

leishmaniose viscérale En 1756 le médecin anglais Alexander Russell examina un patient


leishmaniose viscérale. En 1756, le médecin anglais Alexander Russell examina un patient

turc et rédigea la première description médicale de la maladie, mais il fallut attendre 1901

pour qu’on commençât à débusquer le micro-organisme en cause.

Symptômes et effets

Dans la leishmaniose cutanée, le plus souvent bénigne, la personne développe une ou

plusieurs lésions cutanées quelques semaines après avoir été piquée par un phlébotome

(une mouche). Elles peuvent être douloureuses ou indolores, et développer ou non une

gale. Sans traitement, les lésions peuvent durer des semaines, voire des années, et sou-

vent forment des bords surélevés et un cratère central. Dans la leishmaniose viscérale, la

forme la plus grave, les victimes ont de la fièvre et perdent du poids. Leur rate et leur foie

s’hypertrophient, et ils souffrent d’anémie. Si la maladie n’est pas traitée, les symptômes

s’aggravent progressivement au cours des mois, et les malades risquent d’en mourir.
Régions concernées

La leishmaniose, endémique dans 98 pays, touche les contrées les plus pauvres du monde.

Plus de 90 % des cas de leishmaniose viscérale surviennent au Bangladesh, au Brésil, en

Inde et au Soudan. Si vous voulez vivre dans des régions chaudes et être certain de l’éviter,

vous pourriez déménager en Australie, dans le Pacifique Sud ou le Sud-Est asiatique, car

elle n’y a pas été signalée… pas encore.

Chaque année, la leishmaniose touche 1,5 à 2 millions de personnes dans le monde,

20 000à 30 000d’entre elles en décèdent. En France métropolitaine, la leishmaniose sévit

surtout dans les départements méditerranéens et concerne essentiellement des personnes

contaminées dans un autre pays. En Guyane, où une augmentation du nombre de cas a

été observée depuis une dizaine d’années, la leishmaniose cutanée y sévit de façon endé-

mique. En raison du réchauffement climatique, la maladie pourrait gagner des régions

épargnées jusque-là.

Traitement

Il n’y a actuellement ni vaccin ni médicament pouvant prévenir les infections, et les moyens

de guérison sont limités. Si vous êtes dans une zone affectée, évitez de vous faire piquer par

un phlébotome. Abstenez-vous de sortir la nuit et portez des vêtements qui vous couvrent

bien ; mettez un insectifuge sur votre visage, vos mains, vos poignets et vos chevilles. Il est

facile de sous-estimer le nombre de piqûres qu’on subit parce que les phlébotomes volent

sans faire de bruit et leurs piqûres peuvent passer inaperçues. Dormir sous une moustiquaire

la nuit est une bonne idée, tout comme disposer une moustiquaire aux fenêtres. La mousti-

quaire doit être à mailles fines, car ces insectes n’ont que le tiers de la taille des moustiques.

Lésions sur
tout le corps

Hypertrophie de la

Fièvre
Perte de poids
rate et du foie
L e p t o s p i ro s e

Agent : bactéries Leptospira sp.

et mammifères

Première manifestation connue : 1886

Répartition : planétaire

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Contracter la leptospirose, c’est être infecté par l’une des 200 espèces (ou plus) de bac-

téries leptospires. Dans un petit nombre de cas, l’infection endommage gravement les

organes et cause une jaunisse. Sa porte d’entrée : la peau lésée ou les muqueuses.

Symptômes et effets

Décrite par le médecin Adolf Weil en 1886, la maladie n’est pas contagieuse. Ce ne sont

pas tous les individus exposés à la bactérie qui développent une infection, mais si celle-ci

s’installe et se multiplie, les premiers symptômes ressemblent à ceux d’un rhume ou d’une

grippe. Après une période d’incubation de 4 à 10 jours, les malades ont de la fièvre, fris-

sonnent et souffrent de maux et de douleurs musculaires. Ils perdent l’appétit et se sentent

nauséeux. Si les symptômes ne sont pas identifiés et en l’absence de traitement, des ecchy-

moses apparaissent sur la peau, causées par le sang qui s’écoule des vaisseaux endommagés

et s’infiltre dans les tissus, une anémie se déclare, accompagnée de douleurs aux yeux, de

saignements de nez et d’une jaunisse La fièvre dure environ 5 jours puis l’état de santé de
saignements de nez et d une jaunisse. La fièvre dure environ 5 jours, puis l état de santé de

la victime se détériore ; elle en meurt si elle ne reçoit pas de soins médicaux intensifs.

Régions concernées

L’eau contaminée par des animaux est le vecteur principal d’infection. Les animaux

concernés étant des bovins, des porcs, des chevaux, des chiens ou des rongeurs, toutes les

raisons sont bonnes pour douter de toute eau qui coule, partout, dans les fleuves ou les

rivières. La situation est pire encore du fait que de nombreux animaux, particulièrement

les rats, peuvent être infectés sans montrer aucun signe de maladie.

Si vous travaillez dans une ferme, si vous pêchez ou adorez les sports d’eau comme le

rafting, vous augmentez le risque de contracter la maladie. Il est donc très utile de ren-

seigner votre médecin, si jamais vous souffrez d’un accès de fièvre inexplicable quelques

jours après avoir pratiqué l’une de ces activités.


On estime à plus d’un million le nombre de cas sévères de leptospirose par an dans le

monde, avec une mortalité supérieure à 10 %. Dans l’Hexagone, elle touche 300 per-

sonnes par an. L’incidence est de 100 ou 1 000 fois plus élevée dans les régions tropicales,

comme les Dom-Tom ou de nombreux pays d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est.

Épidémies marquantes

Les épidémies surviennent souvent à cause d’une seule source d’eau contaminée partagée

par un grand nombre de personnes. Par exemple, en juin2004, plus de 140 enfants d’une

école secondaire au Kenya ont été infectés, et 6 en sont morts. ; une école primaire voisine

a signalé aussi des cas suspects et 2 autres décès. Les écoles partageaient une source d’eau

dans laquelle des responsables de la santé publique ont trouvé les bactéries. La saisonnalité

de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale liée à la chaleur

et aux précipitations.

Traitement

Les antibiotiques peuvent vaincre cette infection s’ils sont pris assez tôt. Vacciner lebétail

et les animaux domestiques peut aider à éradiquer les sources d’infection.

Menace potentielle pour la civilisation

La leptospirose est un problème surtout parce que nous vivons à proximité d’animaux.

Nous les gardons dans des fermes ou les accueillons dans nos maisons. C’est un aspect

fondamental de notre civilisation, mais nous devons l’exercer avec prudence, car nos

« amis les bêtes » peuvent se transformer en vecteurs de tueurs potentiels.

Perte d’appétit
Saignements de nez

Nausées

Irritation

Maux et

des yeux

dans tout

Fièvres Jaunisse

Frissons
F i è v re pourprée

des montagnes

Rocheuses

Agent : bactérie et tique

Rickettsia rickettsii

Première manifestation connue : 1896

Répartition : Amériques

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Voici une autre maladie qui devrait vous inciter à réfléchir deux fois avant de vous

promener en forêt en pantalon court et t-shirt. Dans le cas présent, la menace est une

maladie bactérienne transmise par une tique, maladie souvent fatale avant l’arrivée des

antibiotiques.

Origines

Les bactéries infectieuses responsables de la « rougeole noire », et qu’on appelle désormais

la fièvre pourprée des Montagnes Rocheuses, furent d’abord identifiées dans la vallée de

la Snake River dans l’Idaho en 1896. À l’origine, ce fut le médecin Howard T. Ricketts

qui en fit l’étude, d’où le nom qui fut donné à la bactérie.

Symptômes et effets
Les bactéries Rickettsia rickettsii se développent dans les cellules de petits et moyens vais-

seaux sanguins de leurs victimes. Elles se multiplient et détruisent les cellules hôtes, ce

qui cause des fuites dans les vaisseaux sanguins et entraîne l’apparition de taches noires

partout sur le corps de l’individu. Les premiers symptômes ressemblent beaucoup à

ceux d’autres maladies : fatigue, forte fièvre, frissons, nausées, vomissements et maux de

tête. Mais l’apparition, quelques jours après les premiers signes, d’une éruption cutanée,

habituellement aux poignets et chevilles, est un symptôme courant chez la plupart des

personnes infectées.

Faute d’un traitement de choc rapide aux antibiotiques, la victime devra être hospita-

lisée. La maladie peut s’accompagner de complications graves, notamment des atteintes

du système nerveux, une insuffisance cardiaque, pulmonaire ou rénale. Chez certains


malades, la rupture de la circulation sanguine entraîne la gangrène de doigts et d’orteils,

qui peut forcer leur amputation. 20 % des cas non traités sont mortels.

Régions concernées

La bactérie vit à l’intérieur de tiques présentes dans les régions boisées des Amériques.

Chaque année, aux États-Unis, on y recense entre 250 et 1 200 cas nouveaux. La grande

majorité survient entre mars et août, période durant laquelle les tiques sont plus actives

et les gens, plus sujets à se promener en forêt.

Traitement

Les antibiotiques ont considérablement augmenté les chances de survie des malades, mais

ils doivent être administrés le plus tôt possible.

Utilisé comme arme

Dans beaucoup de maladies causées par les tiques, ces dernières agissent comme vecteurs,

transportant la maladie d’un animal infecté à un humain. Ce qui n’en fait pas un modèle

facile à utiliser comme arme. Toutefois, dans le cas de la fièvre pourprée des montagnes

Rocheuses, non seulement la tique transporte la maladie, mais elle est aussi son réservoir

naturel. Par conséquent, il serait facile en principe de l’introduire délibérément dans une

région, pour peu qu’on le veuille. Néanmoins, comme la plupart des personnes vivent en

ville et que les tiques vivent en forêt, l’impact serait limité. Un tel acte pourrait pourtant

tenter un groupe terroriste qui serait désireux d’attirer l’attention des médias.
Maux de tête
Nausées

Fièvre

Vomissements Paralysie
Taches noires
F i è v re de la vallée

du Rift

Agent : virus (Famille : Bunyaviridae)

Virus de la vallée du Rift

Première manifestation connue : 1931

Répartition : Afrique
Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

La fièvre de la vallée du Rift (RVF) affecte surtout les animaux domestiques comme le

bétail, les chèvres, les buffles, les moutons et les chameaux, mais elle peut aussi affecter les

humains. Les épidémies tendent à se déclarer après de fortes pluies inhabituelles, quand

le nombre de moustiques s’accroît.

Origines

Dans les régions affectées, des moustiques ou des mouches porteurs du virus infectent le

bétail sur lequel ils se nourrissent. Une fois le bétail infecté, tout insecte suceur de sang

peut propager le virus à d’autres animaux ou aux humains. Néanmoins, dans la majorité

des cas, l’infection se produit à la suite d’un contact, au niveau d’une blessure, avec du

sang ou des organes d’animaux contaminés.

Symptômes et effets

Le virus de la RVF peut causer différents symptômes Certaines personnes ne présentent


Le virus de la RVF peut causer différents symptômes. Certaines personnes ne présentent

aucun signe de la maladie, tandis que d’autres ressentent un syndrome grippal durant

quelques jours. Chez d’autres encore, la maladie provoque une destruction de vaisseaux

sanguins, entraînant des hémorragies, des lésions au niveau de la rétine et des troubles du

foie. Si le virus infecte le cerveau, les victimes peuvent manifester des convulsions, des pertes

de mémoire, des vertiges et des hallucinations. Environ 2 % d’entre elles conservent des

dommages aux yeux ou des séquelles neurologiques et 1 % décède.

Régions concernées

On trouve habituellement le virus en Afrique de l’Est et du Sud, particulièrement dans

les régions où l’on élève des moutons et du bétail, ainsi qu’en Afrique subsaharienne et

à Madagascar.
Épidémies marquantes

Le virus a été identifié pour la première fois en 1931 au cours d’une épidémie touchant

les moutons d’une ferme de la vallée du Rift au Kenya. Supprimer le bétail porte atteinte

à la vie des humains. Par conséquent, la mort de 100 000 moutons à cause de la fièvre de

la vallée du Rift, toujours au Kenya, en 1950-1951, fut une indéniable tragédie humaine

autant qu’agricole. En 1987, le virus déclencha sa première épidémie en Afrique occi-

dentale. Le foyer de départ a été localisé dans une région où des gens travaillaient sur

un projet d’aménagement du fleuve Sénégal. De vastes parties en aval du fleuve ont été

inondées, ce qui modifia les interactions locales entre animaux et humains et engendra

des conditions propices à la fièvre. En 1997-1998, une flambée épidémique majeure

s’est produite au Kenya, en Somalie et en Tanzanie. Quelques années plus tard, en sep-

tembre 2000, l’Arabie saoudite et le Yémen enregistrèrent quelques cas de la maladie.

C’est la seule fois où la RVF s’est manifestée hors d’Afrique, suscitant des inquiétudes sur

la possible extension de la maladie à d’autres parties du monde.

Traitement

Comme pour tant d’autres maladies n’affectant que les populations des pays en voie de

développement, les incitations financières pour développer un traitement sont rares. En

outre, la maladie est due à un virus, or la science médicale n’est pas parvenue jusque-là à

combattre les virus avec beaucoup de succès. Additionnez les deux, et il n’est pas surpre-

nant qu’il n’existe pas encore de traitement efficace abordable… et aucun n’est à la veille

d’être mis sur le marché.

Douleurs au dos
Douleurs au dos

Vertige
Faiblesse

Convulsions

Fièvre légère

Dommages

aux yeux

Troubles du foie

Perte de poids extrême


Virus du Nil occidental

Agent : virus (Famille : Flaviviridae)

Virus du Nil occidental

et oiseaux et moustiques Culex

Première manifestation connue : 1937

Répartition : Afrique, Moyen-Orient, Europe,

Amérique du Nord, Asie occidentale

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Le virus du Nil occidental, encore appelé virus West Nile, se déplace surtout avec les

oiseaux qui franchissent de grandes distances durant leurs migrations annuelles ; il utilise

ensuite des moustiques pour atteindre d’autres animaux, humains compris.

Origines

Le virus a été isolé pour la première fois en 1937, dans le district de West Nile Nil en

Ouganda chez une femme souffrant d’une forte fièvre. Désormais, il est installé presque

partout dans le monde où vivent des moustiques du genre Culex.

Symptômes et effets

Environ 80 % des personnes infectées ne présentent aucun symptôme. Les autres

souffrent de fièvre légère maux de tête courbatures nausées vomissements ; parfois ils
souffrent de fièvre légère, maux de tête, courbatures, nausées, vomissements ; parfois, ils

présentent un gonflement des ganglions ou une éruption cutanée sur le corps. Quand les

symptômes se manifestent, c’est habituellement entre 3 et 14 jours après avoir été piqué

par un moustique infecté ; ils peuvent persister quelques jours ou plusieurs semaines.

Environ 1 personne infectée sur 150 présente des symptômes plus graves, incluant

forte fièvre, maux de tête, raideurs au cou, stupeur, tremblements, cécité, convulsions,

affaiblissement musculaire, insensibilité, paralysie et coma. Des complications neurolo-

giques (méningite, encéphalite) surviennent dans moins de 1 % des cas. La mort touche

surtout les adultes seniors.

Régions concernées

Après sa première apparition en Ouganda, le virus a été détecté au début des années 50 chez

des humains, des oiseaux sauvages ou domestiques et des moustiques en Égypte. Depuis, on

l’a retrouvé chez les uns comme chez les autres dans de nombreux pays.
Épidémies marquantes

En Afrique, la plus importante épidémie (1974) a touché 3 000 personnes dans la province

du Cap, à la suite de pluies abondantes. Le virus du Nil occidental est désormais endémique

dans plusieurs pays d’Europe, principalement dans le Sud. À la fin de l’été 1999, il est

apparu sur la côte est de l’Amérique du Nord, près de New York. L’anxiété générale s’est

doublée d’une utilisation massive d’insecticides… à tel point que beaucoup de crustacés des

estuaires locaux ont été tués par les produits chimiques qui se sont écoulés dans l’océan. En

quelques mois, 61personnes ont été infectées et 7 sont mortes. En 2002-2003, le virus s’est

répandu sur le continent nord-américain. C’est la plus grande épidémie de fièvre à virus

du Nil occidental connue, avec un pic d’activité en 2003 touchant près de 9 000 personnes

dans 44 États dont près de 3 000 cas d’encéphalites et 264 décès.

Traitement

Il n’y a aucun autre traitement que d’assurer au malade un bon support médical et

espérer que l’organisme combattra la maladie par lui-même. Généralement, le malade

récupère spontanément, parfois avec séquelles. Mieux vaut éviter de contracter ce virus ;

et la meilleure façon d’y arriver, c’est d’éliminer toutes les flaques d’eau stagnante qui

abritent lesmoustiques.

Utilisé comme arme

Certains théoriciens du complot pensent que le virus du Nil occidental a été délibérément

introduit aux États-Unis par une organisation terroriste. Ce qui est théoriquement possible,

mais peu probable. Il faudrait importer un grand nombre de virus infectés pour s’assurer

du déclenchement d’une épidémie. Si on a l’intention de causer des problèmes, il existe des

candidats plus intéressants que le virus du Nil occidental.


Maux de tête Possible :

Fièvre légère Stupeur

Coma

Vomissements Tremblements

Désorientation

Cécité

Raideurs

Convulsions

au cou

Dommages

potentielles

au cerveau

Éruption

possible

sur la

poitrine,

l’estomac

et le dos
Symptômes physiques
F i è v re de Lassa

Agent : virus et rat

Virus Lassa (Famille : Arenaviridae)

Première manifestation connue : 1969

Répartition : Afrique de l’Ouest

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Maladie extrêmement contagieuse qui vous tuerait très probablement si vous la con-

tractiez, la fièvre de Lassa est un cauchemar. Mais il y a pire encore : personne ne sait

d’où elle vient. La meilleure hypothèse, c’est qu’un petit rongeur péri-domestique, le rat

du Natal ou rat à mamelles multiples, transporte le virus et le transmet aux humains par

son urine et ses fèces.

Origines

Le virus Lassa doit son nom à la ville du Nigeria où il a été isolé pour la première fois

en 1969 chez une infirmière tombée malade après avoir prodigué des soins, et qui en

mourut, après avoir contaminé deux autres personnels soignants. Il s’avéra qu’elle était

la quatrième d’une chaîne de victimes amorcée par une jeune femme ayant demandé des

soins médicaux pour une infection sanguine bactérienne à la suite d’un avortement. Le

virus fait partie d’un petit groupe d’agents infectieux extrêmement dangereux qui com-

prend aussi le virus Ebola et le virus de Marburg


prend aussi le virus Ebola et le virus de Marburg.

Symptômes et effets

La maladie connaît un départ relativement lent et, dans 80 % des cas, aucun symptôme

n’apparaît. Elle débute 1 à 3 semaines après l’infection, avec des symptômes peu spéci-

fiques : fièvre et maux de tête entrent en jeu graduellement ; puis les malades présentent

des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, de la diarrhée… Dans les cas

graves, apparaît un œdème du visage, un épanchement de liquide dans les poumons et

des hémorragies au niveau de plusieurs organes (bouche, nez, vagin, voies digestives).

Environ 25 % des gens deviennent sourds de façon permanente, tandis que 15 %

des patients hospitalisés n’en sortent pas vivants, emportés le plus souvent par un arrêt

cardiaque. La fièvre de Lassa est particulièrement grave pour la femme enceinte : la mère

décède ou perd son enfant dans plus de 80 % des cas.


Régions concernées

La fièvre de Lassa semble circonscrite aux régions du monde habitées par le rat du Natal,

qu’on trouve seulement en Afrique de l’Ouest. Il vit à proximité, voire dans les habita-

tions et le virus se transmet à l’humain par contact avec les excréments de l’animal. Il peut

également se transmettre d’homme à homme, principalement à l’hôpital, par contacts

avec les fluides biologiques d’un patient. Quelque 100 000 à 300 000 personnes sont

infectées chaque année. Les plus exposées vivent dans les zones rurales, là où les services

d’assainissement sont limités voire inexistants. Le personnel soignant est particulièrement

à risque si on n’applique pas des mesures de protection drastiques.

Épidémies marquantes

Cette maladie tend à se dissimuler pendant un temps, puis elle fait irruption, infectant

plusieurs personnes d’un seul coup. Entre le 1 er janvier et le 24 avril 2004, 95  jeune

ayant la fièvre de Lassa ont été admis à l’hôpital en Sierra Leone : les trois quarts d’entre

eux avaient séjourné précédemment dans l’aile pédiatrique du même hôpital. Fort proba-

blement, un patient avait introduit la maladie, puis l’avait propagée, soit par contact direct,

soit par le biais du personnel médical qui n’avait pas stérilisé des équipements comme les

aiguilles réutilisables. Près de 75 % des patients sont morts.

Traitement

La ribavirine, un médicament antiviral, est un traitement efficace contre la fièvre de Lassa,

mais seulement si on l’administre assez tôt… et pour ceux qui en ont les moyens. Des

recherches sont en cours pour la mise au point d’un vaccin. À l’hôpital, la prévention

repose sur des mesures de mise en quarantaine des malades afin d’éviter les infections

nosocomiales.
Cou et visage Maux de tête

congestionné et enflé Convulsions

Fièvre

Vomissements

Saignement

Maux
des gencives

gorge
et du nez

Toux

Basse

pression

artériell

Incapaci

d’uriner

Diarrhée

Douleurs

articulaires
Symptômes physiques
Maladie de Ly m e

Agent : bactérie et tique

Borrelia burgdorferi

Première manifestation connue : 1975

Répartition : régions tempérées froides de

l’hémisphère Nord

Infectivité

Gravité de la maladie

Risque de mortalité si atteint

Arme biologique potentielle

Si vous allez en forêt, vous devez vous attendre à vous faire mordre par une tique qui

pourrait avoir la mauvaise idée de vous transmettre une bactérie indésirable, celle de la

maladie de Lyme, également connue sous le nom de borréliose de Lyme.

Origines

D’abord nommée arthrite de Lyme, cette maladie a été enregistrée pour la première fois

en 1975, après que des médecins américains eurent observé un foyer d’arthrite suspecte

chez des jeunes gens dans le comté de Lyme, au Connecticut. Ils comprirent rapidement

que tous avaient été mordus par la tique Ixodes qui vit sur les chevreuils des forêts locales

et que ces tiques étaient elles-mêmes infectées par Borrelia burgdorferi, une bactérie

identifiée en 1982. Des études menées sur des cas antérieurs de maladies inexpliquées

suggèrent que cette pathologie sévit en réalité depuis 1962 au moins aux États-Unis, et

depuis le début des années 1900 en Europe


depuis le début des années 1900 en Europe.

Symptômes et effets

Une caractéristique importante de la maladie de Lyme est une éruption cutanée circu-

laire, l’érythème migrant, qui s’étend rapidement. Cette plaque rouge, souvent décrite

comme ressemblant au centre noir d’une cible, apparaît chez environ 80 % des personnes

infectées. Il peut s’écouler un délai de plusieurs jours entre la morsure de la tique et

l’apparition de cette éruption. Malheureusement, tous les malades ne développent pas un

érythème migrant, ce qui ne facilite pas le diagnostic. La maladie de Lyme peut donner

une multitude de symptômes peu spécifiques, rendant là encore le diagnostic difficile.

Les personnes atteintes peuvent souffrir de fatigue extrême, frissons, fièvre, maux de tête,

douleurs musculaires et articulaires, maux de gorge, infections des sinus, gonflement des

ganglions, etc. Ce n’est pas un hasard sir la maladie a emprunté à la syphilis le nom de
« grande migratrice ». Parfois, les symptômes disparaissent, mais la maladie progresse

toujours.

Au bout de quelques semaines ou mois, les atteintes se multiplient. Les muscles de la

victime perdent leur tonus sur un côté ou les deux côtés du visage et les maux de tête

s’aggravent ; installées dans les tissus autour du cerveau, les bactéries déclenchent une

méningite, le cou du malade se raidit, des élancements peuvent commencer à déranger

son sommeil. La douleur se déplace progressivement d’une articulation à l’autre. Chez

certaines personnes, leur système immunitaire réagit et commence à détruire les bacté-

ries. Toutefois, dans à peu près 60 % des cas non traités, l’infection provoque des crises

d’arthrite intermittentes, avec douleurs et inflammations articulaires graves. Environ

5 % des malades développent élancements, engourdissements et picotements dans les

mains ou les pieds – et dans, les cas les plus graves, ils perdent l’usage des membres –,

ainsi que des problèmes de concentration et de mémoire. Les derniers symptômes de la

maladie de Lyme peuvent apparaître des mois, voire des années après l’infection initiale.

Épidémies marquantes

Actuellement, la borréliose de Lyme est la maladie la plus courante véhiculée par des tiques

aux États-Unis (300 000 nouveaux cas par an) et en Europe (65 000 à 85 000 nouveaux

cas par an). Elle est très largement répandue. dans les régions tempérées froides de l’hémis-

phère Nord, de la Chine à l’Amérique du Nord et de la Scandinavie à l’Afrique du Nord.

C’est l’une des maladies infectieuses dont la croissance est la plus rapide, mais il est difficile

de dire si cette progression est due à une augmentation de la fréquence de la maladie, un

accroissement du nombre de cas rapportés, ou les deux. En France, elle toucherait plus de

35 000 personnes supplémentaires chaque année. Mais le nombre réel pourrait être bien

plus élevé car les tests de détection ne seraient pas assez performants. Si l’Est et le Centre

du pays sont les plus touchés, les tiques vecteurs de la bactérie sont partout en France,

y compris dans les parcs ou les villes sauf sur le pourtour méditerranéen ou en altitude
y compris dans les parcs ou les villes, sauf sur le pourtour méditerranéen ou en altitude.

Le risque d’attraper la maladie dépend de la forêt où vous serez mordu. Dans les unes, 2 %

des tiques sont infectées par la maladie, dans les autres, les chiffres grimpent jusqu’à 50 %.

Une chose est sûre : si vous vous déplacez en forêt pour le travail ou vos loisirs, soyez

prudent et inquiétez-vous de toute rougeur qui apparaîtrait sur la peau.

Traitement

La maladie de Lyme impose un traitement d’emblée. Si une personne infectée est trai-

tée assez tôt avec des antibiotiques, elle a toutes les chances de guérir vite et bien, sans

aucune complication. Il est donc important de reconnaître les premiers signes de la

maladie. En revanche, certains individus vivent des mois, voire des années, d’inconfort
sans que la maladie soit diagnostiquée. En l’absence de traitement, ou si le traitement

est retardé ou inadéquat, la maladie peut devenir chronique, invalidante et difficile à

soigner.

Cela dit, les symptômes de la maladie de Lyme sont tels qu’on peut la confondre

avec la sclérose en plaques, la polyarthrite rhumatoïde, la fibromyalgie, le syndrome de

fatigue chronique ou d’autres maladies, surtout auto-immunes ou neurologiques. Dans

les régions où la maladie est rare, les médecins n’y penseront pas immédiatement. Il est

donc impératif que l’individu qui vit, travaille ou pratique ses loisirs dans une zone où la

bactérie pourrait se cacher connaisse les symptômes et alerte son médecin d’unepossible

infection.

La prévention individuelle repose sur le port de vêtements couvrants et l’examen soi-

gneux de la peau après une sortie dans une zone à risque, comme une forêt, pour détecter

la présence de tique et la retirer au plus vite.


Maux de tête
Perte de

Fatigue

concentration

Perte de

Raideur

mémoire à

au cou

court terme

Frissons

Fièvres

Élancements

Douleurs

articulaires

graves et

inflammations

arthritiques

Maux et

douleurs

musculaires

Engourdissements

et picotements

dans les mains

et les pieds
Symptômes physiques
G l o s s a i re

ADN – Acide désoxyribonucléique : molé- Crachat – Mélange de salive et de m

cule en forme de double chaîne hélicoïdale Cutané – Qui affecte la peau.

qui porte le génome (l’information géné- Écosystème – Communauté d’organismes

tique) des cellules des êtres vivants et et son environnement.

denombreux virus. Endémique – Se dit d’une maladie qu

Antibiotique – Médicament qui tue toujours présente dans une localité ou u

oufreine la croissance des bactéries. population en particulier.

Anticorps – Protéine utilisée par le système Épidémie – Irruption d’une maladie

immunitaire pour identifier les corps étran- attaque beaucoup de gens en même te

gers comme les bactéries et les virus. dans une communauté.

Antitoxine – Anticorps ayant la capacité Ganglion lymphatique – Organe du

de neutraliser une toxine spécifique. tème lymphatique qui agit comme

Antiviral – Médicament qui agit contre pour collecter et détruire bactéries et virus.

les virus. Synonyme : nœud lymphoïde.

Appareil digestif – Ensemble des organes Gène – Unité d’information du

qui absorbent les aliments, les digèrent riel génétique à l’intérieur d’une molécu

pour en extraire l’énergie et les nutriments, d’ADN.

puis évacuent les déchets. Génome – Ensemble des in

Bactérie – Organisme u n i c e l l u l a i re génétiques d’un être vivant.

microscopique présent dans le sol, l’eau Hémorragie – Écoulement anorma

et les aliments, ou dans les humains et sang du cœur, des artères, des

les animaux. La plupart des bactéries sont des vaisseaux sanguins.

inoffensives, mais certaines peuvent causer Hôte – Animal ou plante p


des maladies graves. unautre organisme.

Bactériophage – Virus qui détruit les Immunité – Propriété d’un organisme

bactéries. disposer de défenses biologiques suffisantes

Bubon – Inflammation des ganglions pour éviter les infections.

lymphatiques, particulièrement de l’aine, Immunodépresseur – Médicament

des aisselles et du cou. réduit la réaction naturelle de l’organi

Cellule – Unité de base du tissu vivantdes aux corps étrangers. On les u

animaux et des plantes. exemple, pour empêcher l’organisme

C h a n c re – Ul c è re i n d o l o re formé rejeter les organes greffés.

durantle stade primaire de la syphilis. Infection chronique – Infection du

Contagion – Transmission d’une maladie ou présentant des symptômes qui peuv

par contact avec une personne infectée. être récurrents.


Métastase – Foyer cancéreux secondaire, Système lymphatique – Systèm

formé suite à la diffusion de cellules cancé- l’organisme qui transporte le liquide l

reuses à partir du foyer d’origine. phatique (ou lymphe) des tissus au systèm

Nœud lymphoïde – Voir Ga nglion circulatoire. C’est un élément impo

lymphatique. du système immunitaire.

Nosocomial – Qualifie une infection Système ner veux – Système biol

contractée à l’hôpital. qui coordonne l’activité des

Pandémie – Irruption d’une maladie qui contrôle les organes, transmet

affecte une large zone géographique, voire mation au cerveau depuis les r

le monde entier. sensoriels, traite cette inform

Parasite – Animal ou plante qui vit aux déclenche les actions.

dépens d’un autre organisme. Système respiratoire – Système

Pasteurisation – Procédé utilisant la gique permettant à un animal d’ab

chaleur pour détruire les organismes de l’oxygène (ou dioxygène) et de

dangereux dans les aliments, mais sans du dioxyde de carbone. Chez

endommager ceux-ci. il comprend les voies respira

Période d’incubation – Durée entre une poumons et les muscles respiratoires

infection et l’apparition des premiers poussent l’air dans et hors de la poit

symptômes d’une maladie. Toxine – Substance toxique causant

Prion – Particule protéinique infectieuse maladie particulière.

associée à un groupe de maladies rares Ulcère – Plaie ouverte sur un

affectant le cerveau et le système nerveux. externe ou interne de l’organisme, souve

Protozoaire – Organisme unicellulaire accompagnée de pus ou d’un aut

microscopique. d’écoulement.

Résistance – Capacité de l’organisme de Vaccin – Agent qui immunise l’organism

résister à une maladie, ou capacité d’un contre une maladie spécifique et le prot
organisme d’éviter les effets d’un médica- contre de futures infections par le micr

ment (un antibiotique par exemple). en cause (virus oubactérie)

Souche – Variante d’une maladie, d’une Virus – Par ticule microscopiqu

bactérie ou d’un virus. peut infecter les cellules d’un or

Système circulatoire – Système en cir- vivant ; elle est constituée d

cuit permettant le transport du sang afin génétique (ADN ou ARN) contenu

d’assurer les échanges avec les cellules ; ses une coquille protéinique protectrice.

éléments principaux sont le cœur, le sang virus ne peut se reproduire que da

et les vaisseaux sanguins. cellule hôte.

Système immunitaire – Système qui pro- Viscéral – Relatif aux viscères, ou org

tège l’organisme contre les infections. internes.


Mise en garde :

Les informations données dans ce livre ne peuvent en aucun cas se substituer

à une consultation médicale. En cas de doute, consultez un médecin.

Titre original : Epidemics, viruses and plagues.

Copyright © Elwin Street Limited 2007

Conçu et réalisé par Elwin Street Limited

3 Percy Street, London W1T 1DE

www.elwinstreet.com

Maquette de couverture : Brigit Levesque

Conception : Alchemedia Design

Illustrations : Richard Burgess

Texte supplémentaire du Dr Abigail King

Traduction et adaptation : Jean Roby, Christiane Laramée et Pierre Kaldy

Crédits des photographies © Science Photo Library à l’exception des images

aux pages suivantes : p. 46 : courtoisie du National Institute of Allergy

and Infectious Diseases ; p. 116 : shutterstock.com.

Traduction et adaptation : Jean Roby, Christiane Laramée et Pierre Kaldy

Révision : Andrée Laprise, Diane Martin et Éditions Belin

Mise en page : Broquet Inc.

Le code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non
destinées à une utilisati on collective » [article L. 122-5] ; il autorise également les courtes citations effectuées dans un but d’exemple

ou d’i llustration. En revanche « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, sans le consentement de l’auteur ou de

ses ayants droit ou ayants c ause, est illicite » [article L. 122-4]. La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre français de

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