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INTRODUCTION GENERALE

1
I- JUSTIFICATION DU SUJET

1-Motivations, intérêt et définition du

sujet.

a- Motivations

A ce niveau, nous avons deux types de motivations à savoir les motivations personnelles et les
motivations scientifiques.

Au niveau personnel, nous avons choisi d’étudier ce sujet intitulé : « Les alliances politiques
dans les crises sociopolitiques en Côte d’Ivoire de1994-2011 » car nous somme intrigué par
les nombreuses crises sociopolitiques en Côte d’Ivoire. Ainsi, nous cherchons à mettre en
évidence les responsabilités des alliances politiques dans les crises sociopolitiques de la Côte
d’Ivoire.

Notre choix du sujet s’explique en général, par le fait que depuis belle lurette nous avons
été captivés par la politique. En effet à l’image des grands hommes politiques et leurs
différentes actions politiques au sein de leurs partis politiques qui se sont battus pour conduire
leur pays à indépendance à contribuer fortement dans le choix de notre sujet.

A cette raison vient s’ajouter une autre beaucoup plus scientifique .Notons que l’histoire
de la Côte d’Ivoire captive l’attention de tout observateur au plan continental comme mondial.
En ce sens où elle s’est démarquée de par sa richesse et sa stabilité politique. Cependant, de la
mort du premier président Félix Houphouët Boigny à la dernière crise de 2011, l’on constate
plusieurs écrits scientifiques sur cette thématique. Ces différentes crises sociopolitiques ont
poussé de nombreux auteurs à mettre en exergue les véritables raisons de ces crises
ivoiriennes. Mais à notre connaissance, les écrits sont insuffisants sur le rapport entre les
alliances politiques dans les crises sociopolitiques ivoiriennes.

Pour notre part, nous tenons à apporter notre modeste contribution à la connaissance de
l’histoire politique ivoirienne.

2
b-l’intérêt scientifique

L’intérêt de ce travail est de mettre en relief la question des relations entre les
groupements politiques et les crises sociopolitiques. Cette situation qui ne cesse d’alimenter
les débats au niveau national et continental à l’approche de chaque élection en Afrique.

Notre but est de mettre à la disposition du public notre modeste participation, un


document scientifique en plus de la liste pléthorique sur les crises sociopolitiques. Vu que
dans notre cas de figure, la rareté des ouvrages mettant ainsi en relief des informations sur ce
lien, nous pousse à apporter plus de précisions et des connaissances nouvelles sur les crises
sociopolitiques ivoiriennes.

c-Définition du sujet

Pour une bonne compréhension de notre sujet, il serait judicieux, dans un premier temps
de définir les termes clés du sujet.

Les expressions telles que « alliance » « politique » et « les crises » nécessitent une
définition afin de comprendre plus facilement le sujet.

Alliance1:On entend par alliance, une entente conclue entre divers partis ou en vue
d’une élection, en régime parlementaire, pour constituer une majorité destinée à soutenir un
gouvernement où seront représentées les diverses tendances la composant. Une alliance
politique consiste a conclus entre plusieurs partis contre un adversaire commun.

La politique2 : Selon Arnauld LECLERC, la politique est « l’ensemble des affaires


publiques. Elle renvoie un choix intéressant dans la société. Ce qui nous conduit à des
formules telles qu’une alliance politique, la politique de Houphouët-Boigny ».

Quand à Arnaud LECLERC, il définit la politique comme « le fait de gouverner une


société .Dans ce sens, elle nous renvoie à une tranche de la société qui est chargée de diriger,
d’orienter et même d’orienter des choix la concernant »

1
Ludovic LAMANT, « En Europe, des coalitions de plus en plus difficiles à former » sur Mediapart, 27
septembre 2017, consulté le 15 août 2022.
2
Arnauld LECLERC, 2012, Introduction à la science politique : qu’est-ce la politique ?, Université Numérique
Juridique Francophone en ligne http:// www. sup.sobonne-universite.fr, consulté le 15 août 2022.

3
Pour finir, il faut souligner que la politique est une tactique, une stratégie ou un
ensemble de techniques utilisé par un individu afin de diriger ou de mener à bien une société.

En d’autre termes, la politique est l’organisation et le fonctionnement des affaires d’un


Etat et de son gouvernement au sein d’une société organisée en vue de mener à bien le
développement ; le gouvernement, la diplomatie et les affaires publiques de son pays. Par
conséquent, nous mettions en relief alliance politique et crise sociopolitique.

La crise sociopolitique3 : En termes généraux, la crise est une situation d’anomalie


provoquée par le changement .La notion de crise s’oppose en principe à celle de la normalité.
Une situation est qualifiée de crise si elle présente des caractéristiques considérées comme
anormales sur une période, donnée et si, sur cette période, les outils de régulation existants
s’avèrent inadéquats.

Ainsi une situation présentant des signes d’anomalie ne devient crise que si les
organisations compétentes faillissent à restaurer la normalité. La crise connait donc une
dynamique qui est en partie fonction de sa gestion et des processus de décision qui se mettent
en place pour y faire face. Le changement à l’origine de la crise peut être le résultat d’une
accumulation de dysfonctionnements ou d’un événement soudain.

Une crise sociopolitique ou crise de pouvoir est une situation de défiance de la


population envers les régimes politiques ou le gouvernement, ou envers simplement entre
institution politique, ou lorsque des désaccords apparaissent divers partis politique au sein
d’une coalition dans un gouvernement minoritaire. Elle fait parfois suite à un scandale
soulevant l’indignation de l’opinion publique conduisant parfois à une crise sociale, des
grèves des manifestations ou plus graves une révolte conduisant à la guerre.

2- Le cadre chronologique

Notre étude débute en 19944 et prend fin en 2011.Ce travail s’étend sur une durée de 17
ans et marque une période de trouble en Côte d’Ivoire.

3
Clément VERGNE,Camille LAVILLE,2018 , « Comment analyser le risque sociopolitique ?Une composante
clé du risque-pays dans MacroDev, en ligne http:// www.cairn.info,consulté le 17 août 2022.
4
Mamadou BAMBA,2015 , « Instabilité politique en Côte d’Ivoire de 1993 à 2011 »in
publication.lecames.Org,consulté le 15 août 2022 à 9h 30 mn p.60.

4
L’année 1994 représente sur le plan politique ivoirien avec une vie politique fortement
perturbée par la première coalition de partis politiques d’opposition engagés dans une alliance
appelée le front républicain.

Quant à l’année 2011, elle marque l’arrivée au pouvoir du Rassemblement des


Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix en abrégé (RHDP). Il est une coalition de
partis politiques ivoiriens, fondée le 18 mai 2005 et transformée en parti politique le 16 juillet
2018.

Cette coalition incarne principalement le droit ivoirien d’obédience houphouétistes,


c’est-à-dire se réclamant de l’idéologie politique du fondateur de la Côte d’Ivoire, Félix
Houphouët- Boigny.

3- La cadre géographique du sujet

5
CARTE n°1 :LA REPARTITION DE LA CÔTE D’IVOIRE SUITE A LA CRISE
SOCIO-POLITIQUE DE 2002.

Les zones sous contrôle des fortes en présence.

6
Notre étude a pour objectif de montrer les alliances politiques dans les crises
sociopolitiques en Côte d’Ivoire. Autrement dit, nous avons fouillés les deux grandes entités
ivoiriennes, c’est-à-dire le Nord et le Sud du pays où se sont déroulées les différentes crises.

De 2002 à 2011, nous assistons à la radicalisation de la crise ivoirienne. Dans la nuit du


18 au 19 septembre 2002, le pays est divisé en deux parties .Quelques centaines d’hommes
armées venus du nord avaient attaqué plusieurs camp de police, de gendarmerie, de l’armée,
avant d’être repoussés et de se replier sur Bouaké environ 350 km d’Abidjan. Il faut dire que
ce territoire comprend la région du Poro, le Tchologo, le Goulango, le Hambol et la Bagoué.
Ces régions sont occupées majoritairement par le groupe GUR. La prise de contact avec les
peuples du Mali actuel, a conduit les peuples du nord à adopter une seconde religion qui est
l’Islam. La partie nord était dominée par les rebelles ayant pour leader, Guillaume Soro. Les
nordistes étant marginalisés par le pouvoir en place, revendiquaient juste leurs droits d’être
ivoirien.

Quant au sud, c’est le territoire forestier du pays. C’est la partie la plus prospère de la
Côte d’Ivoire. Il existe une forte concentration des infrastructures administratives, politiques,
et économiques du pays. Ce territoire, comprend la région du Bélier et du N’Zi jusqu’aux
côtes littorales. C’est à dire des villes comme San-Pedro, Abidjan, Grand-Bassam et
Bingerville. Cette partie de la Côte d’Ivoire fortement christianisée, contre tenue du contact
avec les premiers missionnaires arrivés sur le sol ivoirien. Il s’agit des européens Ibériques
que sont les Portugais et les Espagnol depuis le XIV siècles. Au sud, l’armée qui domine,
c’est les troupes loyaliste, c’est-à-dire l’armée restée fidèle au président Laurent Gbagbo.

Les troupes loyalistes et rebelles ne s’affrontèrent jamais frontalement. A cause de la


présence sur le terrain, des troupes françaises qui figèrent la ligne de démarcation au niveau
où le premier accord de paix avait stabilisé les forces antagonistes.

Entre les 10 départements du nord tenus par les rebelles et les 48 départements du sud
contrôlés par les loyalistes, une ligne de non-franchissement fut tracée, élargie ensuite en une
‘’Zone de confiance’’ où les soldats français patrouillaient. Même sans réussir tout à fait
puisqu’Abidjan ne tomba pas, mais il faut retenir que cette tentative conduisit à la partition du
pays.

7
II-L’ETAT DE LA QUESTION

L’élaboration de notre travail nous a permis de consulter plusieurs ouvrages. C’est dans
cette optique que nous avons procédé à une collecte de documents concernant les crises
sociopolitiques ivoiriennes.

De prime abord, le professeur Mamadou Bamba 5 à travers son article : « l’instabilité


politique en Côte d’Ivoire de 1993 à 2011 », nous relate de façon complète les différentes
crises ivoiriennes. En effet, l’auteur nous explique la vie politique ivoirienne depuis le décès
du père fondation de la Côte d’Ivoire contemporaine .De décembre 1993 à avril 2011, la Côte
d’Ivoire a été secouée par une série de crises politiques majeures qui ont eu une incidence sur
la vie sociale et économique du pays.

Ensuite, en se penchant sur le travail de mémoire en science politique d’Augustine


Vidjannan6 sur la complexité de la question identitaire en Côte d’Ivoire, ici, l’auteur nous
parle de l’engrenage politique dans lequel s’engouffre la Côte d’Ivoire à la disparition du père
de la nation, fait surgit des tensions identitaires jusqu’à présent étouffées. Dans son travail,
c’est son chapitre II et III qui nous intéresse le plus, dans la mesure où elle nous montre
comment la transition politique après le décès d’Houphouët Boigny précipite les conflits et
des malaises dans le tissu social .Et la mise en cause de l’identité ivoirienne.

En plus de ces deux ouvrages cités, nous avons aussi le mémoire de Nathalie Labonté
présenté à la faculté des études supérieures d’Université Laval sur la guerre civile en Côte
d’Ivoire : l’influence des facteurs économiques, politique et identitaire. Dans son mémoire, au
chapitre III, Nathalie7 traite la question sur l’ivoirité en tant que facteur identitaire de la
violence en Côte d’Ivoire. Il faut noter que Nathalie s’est attardée sur la vie politique
ivoirienne.

A l’instar de ces trois ouvrages citées ci-dessus, ils traient particulièrement de la crise
sociopolitique ivoirienne au lendemain du décès du président Félix Houphouët Boigny. Il faut
mettre en relief que ces auteurs ont parlés des crises sociopolitiques ivoiriennes sans toutefois

5
Mamadou BAMBA, Op.Cit, p60.
6
Augustine VIDJANNAN, 2011, La Complexité de la question identitaire en Côte d’Ivoire, Mémoire de
maitrise en science politique, Université de Québec à Montréal, pp40-83.
7
Nathalie LABONTE, 2006, La guerre civile en Côte d’Ivoire : L’influence des facteurs économiques,
politiques et identitaires, Mémoire présenté dans le cadre du programme de maitrise en études internationales,
pp.51-75.

8
favorisés les groupements des partis politiques dans les différentes crises qui se sont
succédées, ainsi que leurs différents leaders à la tête de chaque partis.

Pour conclure cette séquence, il faut souligner l’apport des bibliothèques physiques et
numériques qui nous ont permis de mener à bien notre travail, notamment la bibliothèque de
l’université de Bouaké situé au campus I et les encyclopédies spécifiques et générales qui
nous ont permis de définir certains termes de notre sujet.

De façon générale, ces ouvrages analysent les crises sociopolitiques de la Côte d’Ivoire,
sans toutefois donner suffisamment d’informations sur les coalitions des partis politiques
ivoiriens .C’est ce facteur qui sera l’objet de notre étude.

III-PROBLEMATIQUE

La Côte d’Ivoire indépendante dirigée par Félix Houphouët Boigny avec un système de
partis unique, le PDCI-RDA .Ce pays qui fut réputé pour sa stabilité économique et politique
dans le passé n’a pas pu éviter les crises politiques dès les années 1990.Une nouvelle
idéologie était vue comme le modèle de démocratisation de cette décennie .Il s’agissait tout
simplement du multipartisme qui fait la une de cette époque. La mort du père de la nation le 7
décembre 1993, marque le départ d’une période tumultueuse caractérisée entre autre par la
division des héritiers réunis au sein du PDCI-RDA.

Cette situation a un réel impact sur le fonctionnement des institutions de la république.


A partis de 1994, la vie politique est fortement perturbée par les coalitions des partis
politiques. Ces différents partis politiques avaient pour but de se mettre ensemble afin
d’accéder au pouvoir que détenait le dauphin constitutionnel qui était le président Bédié .C’est
l’objet de notre étude où les groupements politiques dans les crises ivoiriennes ne sont pas
suffisamment exploités dans les écrits des auteurs qui nous ont précédés. La Côte d’Ivoire
pays de l’Afrique de ouest ,considérée comme un pays de paix en Afrique noire au lendemain
des indépendances ,est en crises après la mort du président Houphouët Boigny .Cherchant
l’élément primordial qui plonge ce pays dans une succession de crises sociopolitiques, nous
pousse à poser la question suivante :

Quels rôles les alliances politiques ont-elles joué dans les conflits sociopolitiques en Côte
d’Ivoire de 1994 à 2011 ?

De cette question, il découle les questions secondaires suivantes :

9
Comment peut-on expliquer les mobiles d’une alliance politique ?

Quel est l’impact de l’alliance politique dans les crises sociopolitiques ?

Au regard de cette problématique découle nos objectifs de recherche dont une qui est générale
et les autres qui sont spécifiques.

1- L’objectif général

L’objectif général de notre travail est de mettre en exergue l’implication des alliances
politiques dans les crises sociopolitiques de la Côte d’Ivoire de 1994 à 2011.

2-Les objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques se présentent comme suit :

-Expliquer les bases de la naissance du front républicain entre 1994 et 1999 ;

-Montrer l’impact de l’alliance politique dans le coup d’Etat Robert Guéi 1999 à 2000 ;

-Mettre en évidence, de l’alliance politique on passe à un parti politique de 2000 à 2011 ;

3-Les hypothèses de travail

Dans le souci de mener à bien notre travail, nous nous sommes proposé des hypothèses
qui se déclinent de la façon suivante :

-La conquête du pouvoir est à la base des alliances politiques ;

-Les actions des alliances politiques sont des facteurs de crise sociopolitique en Côte d’
Ivoire ;

-L’alliance politique est souvent source de rassemblement de certains partis politique


conduisant à la paix.

IV-METHODOLOQIE

La discipline historique étant une science qui étudie les faits passés de l’Homme, ne
pourrait se réaliser sans recours aux traces laissées dans le passé. En d’autres termes, l’histoire
s’écrit très souvent à travers les sources orales et les sources écrites. La production de notre
travail n’en fait pas exception .L’accomplissement de notre travail repose sur une pléthorique
de documents traitant notre sujet. Cependant une remarque frappante est faite, ces auteurs ne

10
parlent pas assez des alliances politiques qui pourraient être à la base même de tous ces
conflits ivoiriens. C’est la réelle cause qui nous pousse à fréquenter la bibliothèque de
l’université Alassane Ouattara située au campus 8 I. Dans cette bibliothèque, nous avons pris
connaissance des principaux acteurs politiques comme le président Bédié, Lauren Gbagbo et
Alassane Ouattara.

En plus, nous avons pris connaissance de la biographie9 du père de la nation Houphouët-


Boigny .Grâce à cette œuvre, nous avons connu l’histoire politique de ce grand homme, qui
nous a été d’une grande aide pour notre travail.

Hormis de ce lieu, nous avons eu recours à l’usage de l’internet .Ce moyen a été d’un apport
capital en ce sens que nous avons eu accès à certains documents numériques et très importants
à la réalisation de notre travail.

Cependant, lors de nos recherche, il faut dire que nous étions confrontés aux difficultés
telles que, l’enquête orale .En effet les acteurs politiques étant encore vivants, les
informations concernant les crises sociopolitiques sont difficiles de s’en approprier .Enfin, il
n’y a pas assez de documents écrits sur les alliances politiques dans les crises sociopolitiques
en général, qui pourraient être la principale cause de tous ces conflits en Côte d’ Ivoire .

8
La bibliothèque centrale de l’université Alassane Ouattara.
9 La bibliothèque Jacques Aka de Bouake.

11
V-L’ANNONCE DU PLAN

Pour mieux orienter notre travail, nous avons parcourir certains ouvrages traitant notre Afin
sujet. Ce qui nous a permis de scinder notre travail en trois chapitres :

Le premier chapitre met en relief l’origine des causes de la naissance du front républicain de
1994 à 1999.

Le second montre les répercussions des actions du front républicain entre 1999 à 2000

Et le troisième aborde, l’alliance des houphouétistes de 2000 à 2011.

12
CHAPITRE I : LE FRONT REPUBLICAIN, UNE ALLIANCE CONTRE-NATURE
1994- 1999

13
Dans ce chapitre il s’agit de montrer les conditions dans lesquelles le front républicain
a vu le jour. De la guerre de succession à la fin de la première république. La disparition du
président Houphouët Boigny suscite une guerre de positionnement entre ses Héritiers,
notamment son premier ministre Alassane Ouattara et son président de l’assemblée nationale
Henri Konan Bédié.

I- LES RAISONS DE LA NAISSANCE DU FRONT REPUBLICAIN

1-La conquête du pouvoir

Le Rassemblement des républicains, qui se réclame des idéaux de l’ancien Premier


ministre Alassane Ouattara, est issu d’une scission du Parti démocratique de Côte
d’Ivoire(PDCI), ancien parti unique .Sa création, fait directement suite au refus d’accorder la
parole au chef des rénovateurs Djéni Kobina lors d’un congrès extraordinaire du PDCI. Face à
cette humiliation, celui-ci se retire de la salle du congrès avec ses partisans dans le but de
créer une nouvelle entité politique où ils pourraient mieux s’exprimer et participés à
l’émergence d’une nouvelle démocratie en Côte d’Ivoire. L’année suivante, Alassane
Ouattara, directeur général adjoint du FMI, renonce à se présenter à l’élection présidentielle
qui voit l’élection d’Henri Konan Bédié.

Le vieux parti de la Côte d’Ivoire PDCI depuis l’époque colonial est éprouvé à travers
ses fils au sein du parti .En effet, les aspirations personnelles des uns et des autres au pouvoir
marquent un tournant décisif dans la vie politique ivoirienne.
Cette situation a un impact réel sur le fonctionnement des institutions de la république.
Le dauphin constitutionnel qui prend le pouvoir ne semble pas avoir les aptitudes requises
pour diriger le pays .Le président Bédié n’est pas le candidat souhaiter par l’ensemble de son
partis.

Ainsi, du 30 avril au 20 septembre 1994 10, les dissidents du PDCI se multiplient de façon
discrète, les rencontres pour mettre sur pied un parti politique. Le 27 octobre 1994,Djéni
Kobéna dispose des statuts et règlements intérieurs du nouveau parti au ministère de

10
Mamadou BAMBA, 2015,”instabilité politique en Coten d’Ivoire de 1993 à 2011”in publication
.lecames.Org, consulté le 15 août 2022 à 13 H 24 mn.

14
l’intérieur. Aussitôt, il reçoit une autorisation d’exercice pour son parti qui est dénommé le
Rassemblement Des Républicains.

Le 1er août 199911, Alassane Ouattara signe son retour en politique en devenant le
premier président du RDR, un an après la mort de Djéni Kobina, qui était secrétaire général
du parti. Il se déclare candidat à l’élection présidentielle de 2000 .Mais sa candidature est
rejetée par l’instauration du concept d’ivoirité.

Face à l’évidence d’une manipulation des élections (législatives, municipales et


présidentielles) par le parti au pouvoir, le Rassemblement Des Républicains, le Front
Populaire Ivoirien, le Parti Ivoirien des travailleurs et le Parti Populaire Socialiste décident

d’unir leur force dans une plate-forme politique baptisée le Front Républicain. Les différents
leaders du front républicain sont Alassane Ouattara du RDR, Laurent Gbagbo du FPI, Francis
Vanga Wodié du PIT et Bamba Moriféré du PPS.

L’objectif premier du front républicain était de combattre les injustices du régime Bédié,
mais et surtout pour revendiquer des élections libres et transparentes, est à l’origine d’une
série de manifestation populaire durement réprimées.

2-la monopolisation du pouvoir d’Etat par le PDCI

Lorsque le premier président Houphouët Boigny meurt en 1993 12, Alassane Ouattara,
devenu Premier ministre en 199013, est considéré comme un successeur potentiel, tout
comme Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée Nationale. Cependant, en 1994, c’est le
président de l’Assemblée nationale qui prend les rênes du pouvoir comme le prévoit la
constitution du 3 novembre 196014 en son article 11 « En cas de vacance de la république par
décès, démission ou empêchement absolu constaté par la cour suprême, saisie par le
gouvernement, les fonctions de président de la république sont dévolues de plein droit au

11
Ídem
12
Nathalie LABONTE, 2006, la guerre civile en Côte d’Ivoire :L’influence des facteurs économiques
,politiques, et identitaires, Québec, institut Québécois des hautes études internationales université Laval,
mémoire, en ligne http://WWW.thèses.Ulaval.ca/2006/23620/2620,consulté le 16 août 2022 à 14 h p62.
13
Nathalie LABONTE, Idem
14
Cf. La constitution ivoirienne réaménagée en Mai 1995, voir article 49 du code électoral.

15
président de l’Assemblée nationale. Les fonctions du nouveau président de la république
cessent à l’expiration du mandat présidentiel en cour15 ».

Bédié arrive au pouvoir, il remarque après la naissance du RDA, une grande


mobilisation à l’attachement de toute la région du Nord du pays au nouveau parti. Cette
situation inquiète énormément les Bédiéstes .Ce problème, entraine chez le dauphin
constitutionnel, à entreprendre de nouvelle loi sur le code électoral pour écarter le candidat du
RDR, à l’élection de 1995.A compter de ce moment, la situation sociopolitique déjà précaire
et la cohabitation entre communauté vont se dégrader. Entre autres raisons, le régime Bédié,
se sentant menacé par l’appétit politique d’Alassane Ouattara, va entreprendre une vaste
campagne pour prouver à la communauté nationale et internationale que ce dernier est
étranger et ne peut donc prétendre au fauteuil présidentiel.

En se donnant, ou plutôt en cherchant à se donner la posture d’un Houphouët-Boigny,


Bédié a tout simplement oublié que le contexte politique avait changé et que les rapports entre
le pouvoir et la population n’étaient plus ceux qu’était parvenu à tisser son prédécesseur,
pendant plus de trente ans. Entre l’Houphouët des « trente glorieuses »et celui qui, en 1990,
assista, impuissant, à la contestation qui allait ébranler les assises de son régime, bien des
évènements s’étaient, en effet, produits. A l’évidence, Bédié n’en a pas pris la mesure :tant
dans la manière de gouverner –mélange d’arrogance et d’improvisation –que dans les
méthodes utilisées pour occuper l’espace politique, tout s’est passé comme si le pluralisme
arraché à Houphouët n’était, à ses yeux, qu’un simple habillage juridique et politique.

En s’enfermant dans la certitude que la légitimité était de son coté et que la prise en compte
des aspirations de ses concitoyens ne relevait que du registre de la bienveillance, l’ancien chef
de l’Etat avait fini par indisposer jusqu’à ses partisans. Entouré d’un cercle restreint de
collaborations plus enclins à manifester leur « chef »qu’à le conseiller utilement ou à le mettre
en garde contre certaines pratiques, il a petit à petit donné l’impression de ne plus être en
phase avec les réalités et de surestimer sa capacité à déjouer toute adversité politique.

Dans l’ « affaire Ouattara », Bédié a fait preuve d’un entêtement incompréhensible,


balayant d’un revers de la main les réactions que suscitait en Afrique et ailleurs, le
harcèlement dont était l’objet l’ancien Premier ministre. Il a en outre montré ses piètres talents
politiques. En réalité, la manière dont le pouvoir ivoirien a mis en œuvre sa campagne

15
Nathalie LABONTE, Ibid.

16
politico-judiciaire à propos de la nationalité de l’ancien Premier ministre trahit l’obsession qui
a toujours habité Bédié : apparaitre comme l’unique héritier d’Houphouët, tout en façonnant,
sa propre image et en lui donnant, le cas échéant, un socle idéologique. C’est dans cette
logique que participait le discours sur l’ « ivoirité », qui n’était rien d’autre qu’un moyen
d’écarter celui qui lui contestait l’héritage politique du fondateur du PDCI-RDR et se
présentait comme le continuateur de celui-ci.

Bédié ne ménagera pas ses forces pour attirer à lui certains des proches de Ouattara et
pour « casser » de l’intérieur le RDR .Peine perdue, car les défections d’un Adama Coulibaly
nommé ministre des Transports, ou d’une Jacqueline Oblé, ancien ministre de la justice dans
le gouvernement Ouattara, en 1993,n’affecteront pas la cohésion de ce parti. Un temps, le
président caressera même l’espoir de provoquer la « dissidence »de la très charismatique
Henriette Diabaté, secrétaire générale du RDR : à l’opposé d’un Ouattara, décrit comme
un « fauteur de guerre civile », celle-ci était présentée par la presse du pouvoir (directement
alimentée par les proches et collaborateurs de Bédié) comme une intellectuelle fourvoyée
dans un parti au service d’un « étranger ».

En plus de cela, le président Henri Konan Bédié, place ses proches parents aux postes
les plus importants. Ils seront chargés de sécuriser et d’organiser toute l’élection c’est-à-dire
présidentielle, législative et municipale dans le seul but de truquer et toujours garder le
pouvoir.

II-LES ACTIONS DU FRONT REPUBLICAIN

1- Le boycott actif de 1995

Le RDR, fondé un an auparavant soutenait la candidature d’Alassane Ouattara. Mais,


pendant que celui-ci était à New York pour travailler au FMI, le code électoral fut modifié, ce
qui l’empêche de se présenter. Le parti de l’opposition ayant pris ses distances avec le PDCI
dès décembre 1993 appela au boycott du scrutin et à l’abstention chez les électeurs. Le FPI,
quant à lui déjà présent en 1990 face à Félix Houphouët Boigny avait l’intention de présenter
une nouvelle candidature par l’initiative de Laurent Gbagbo. Mais celui-ci décida d’apporter
son soutien au parti d’Alassane Ouattara et appela également au boycott du scrutin et à
l’abstention.

Lors du boycott actif 1995, on constate une vingtaine de morts pendant la campagne
électorale et des velléités putschistes de l’armée, déjouées à la veille du scrutin, ont pesé sur la

17
présidentielle en Côte d’Ivoire, qui, hier, a révélé un pays profondément divisé. Massivement
boycotté dans les bastions régionaux de l’opposition, transformée en plébiscite dans le fief
ethnique du président sortant, Henri Konan Bédié, le vote s’est déroulé sous haut surveillance
à Abidjan, la métropole côtière, où se mêlent toutes les communautés. En l’absence de
candidats de poids de l’opposition, l’unique enjeu était le taux de participation. Celui-ci
indiquera à quel point, deux ans après la mort du « père de la nation », Félix Houphouët-
Boigny, la légitimé de son successeur est fragilisée.

Dans l’ouest de la Cote d’Ivoire, fief de l’opposant Laurent Gbagbo, et, depuis une
révolte durement réprimée en 1970, bastion traditionnel de la contestation, l’élection a
été « activement boycottée ».Suivant à la lettre le mot d’ordre de l’opposition, des
manifestants ont abattu des arbres, multiplié des barrages et empêché toute circulation, et, en
particulier, l’acheminement du matériel électoral. « Ici, Bédié fera zéro ! », hurlaient de jeune
militants du Front patriotique ivoirien (FPI).A Gagnoa ,chef-lieu de la région, ils avaient
réduit à un périmètre autour de la préfecture, sécurisée par l’armée, l’espace où le vote
pouvait s’exercer. Sur une soixantaine de bureaux de vote prévus, ce fut l’unique endroit où le
scrutin eut lieu.

La situation était similaire dans l’ensemble de la « boucle du cacao », la lisière


forestière de l’ouest, où, jusque dans les villages, l’agitation a été très forte. Celle-ci a été
attisée par des problèmes fonciers opposant les Baoulé « autochtones »aux
Baoulé « allogènes », venus du Centre pour défricher dans cette région. Les Baoulés
appartiennent à l’ethnique du président Henri Konon Bédié. Or, la loi et la campagne
électorales ont tourné autour de « l’ivoirité »et l’exclusion des « étrangers ».Mélangeant
nationalité et ethnie, certains paysans ont ainsi vite fait de régler leur sort aux « immigrés
baoulés ».Leurs campements ont été attaqués et, dans l’un d’eux, à Kramayaoukro, il y aurait
eu des morts, dont des femmes et des enfants. A Gagnoa, plus de 200 Baoulés se sont réfugiés
à la gendarmerie.

Dans le Nord, terroir du Rassemblement des républicains(RDR), des opérations « ville


morte »ont paralysé le scrutin. C’était le cas, notamment, à Korhogo, avec 20 0000 habitants
la plus grande agglomération. Ailleurs, comme à Odienné, les listes électorales avaient déjà
été brûlées la veille du scrutin. Plusieurs villes, des voitures et des bâtiments officiels ont été
attaquées et, parfois, incendiés. L’ampleur précise de l’obstruction électorale ne sera
cependant connue qu’au retour d’une centaine d’observations internationales, déployés sous

18
les auspices du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).A la veille du
scrutin, compte tenu de son caractère controversé, plusieurs pays et organisation ont renoncé à
l’envoi de représentants.

A Abidjan, où d’importantes force de l’ordre étaient déployées, le vote a eu lieu dans


un calme inattendu, y compris dans les grands faubourgs populeux. «C’est vrai qu’on
s’attendait à une plus forte mobilisation », a reconnu Simone Gbagbo, femme du leader du
Front populaire ivoirien(FPI), injoignable, comme tous les autres chefs de l’opposition. Ceux-
ci semblaient redouter leur arrestation au lendemain du limogeage du chef d’état-major de
l’armée, que la rumeur prétendait « en détention ».Officiellement, selon un communiqué
publié , le général Robert Guéi a été remplacé par son adjoint, le capitaine Lansana Timité,
pour entrer au gouvernement :comme titulaire d’un tout nouveau ministère du Service
civique, qui, apparemment de toute urgence, doit ramener au travail de la terre des jeunes
désœuvrés, des diplômes , chômeurs et des fonctionnaires licenciés.

Forte d’environ 6000 hommes, à l’instar de la gendarmerie, qui, elle, est acquise au
président Bédié, l’armée, composée de nombreux hommes originaires de l’Ouest et du Nord,
a été au centre de l’épreuve de force entre pouvoir et opposition. Cette dernière, en créant un
maximum de désordre, n’avait en effet pas exclu, selon la formule d’un de ses leaders, « le
recours à l’arbitre militaire »

L élections de l’année 199516 fut effectivement boycottée par la nouvelle alliance mise
en place pour déjouer les plans du régime Bédié. Le front des républicains né de l’alliance
entre le FPI de Laurent Gbagbo, le parti Ivoirien des Travailleurs et le parti Populaire des
Socialistes décident d’unis leurs forces dans une plate-forme baptisée le front républicain. Les
différents leaders du front républicain sont Alassane Ouattara du RDR, Laurent Gbagbo du
FPI, Francis Vanga Aimé Wodié du PIT et Bamba Moriféré du PPS. La détermination du
front républicain à combattre le régime Bédié, mais aussi et surtout pour revendiquer les
élections ouvertes à tous, libre et transparentes est à l’origine d’une série de manifestations
populaires durement réprimée pas l’opposition.

Pour l’opposition, Konan Bédié veut étouffer la démocratie. A ce effet, un appel est
lancé par les leaders du Front républicain, qui appellent la population ivoirienne et notamment

16
Mamadou BAMBA, op.Cit, p60.

19
les électeurs à protester sur tout l’étendue du territoire .Pour le RDR, il fallait par que le
régime Bédié soit à la fois arbitre et joueur, c’est-à-dire puisse dictée toutes les règles du jeu
politique. C’est ainsi que les opposants refusent d’être des simples spectateurs.

2- Une alliance dupe du Front Républicain

Malgré la mobilisation des militants pour l’exécution du mot d’ordre, la grande


alliance du Front républicain est fragilisé à la veille des élections .En effet, l’un des quatre
leaders se retire du Front républicain et se rapproche du camp présidentiel. Il s’agit du
professeur Francis Vanga Wodié leader du Parti Ivoirien des Travailleurs. Le leader du PIT se
retire du Front républicain et se présente à l’élection d’octobre 1995 contre Bédié pour
l’élection d’octobre 1995 .Apres la défection du PIT les autres partis vont continuer la lutte
pour l’obtention d’une élection transparente. Malgré les nombreuses critiques Bédié se fait
élu le 22 octobre 1995.Le Front républicain est affecté par le départ du PIT. Aussi , pour les
élections législatives , la méfiance et la suspicion ont miné cette grande alliance de
l’opposition. Les conséquences sont immédiates .Le FPI de Gbagbo Laurent à son tour refuse
d’aller aux législatives sous la bannière du front républicain.

Pour Djéni Kobéna du RDR, l’attitude du FPI est contraire à l’esprit du front
républicain. Dans cette atmosphère de trahison l’on aboutit à la fragmentation lente et
progressive du front républicain. Bédié et son appareil électoral profitent des fissures du front
républicain pour disqualifier le secrétaire général du RDR, candidat dans la commune
d’Adjamé pour les législatifs.Un motif est brandi pour justifier le rejet de la candidature de
George Djéni Kobéna. Le conseil constitutionnel présidé Noël Némim estime que le candidat
du RDR à Adjamé est « de nationalité douteuse » .La réaction de l’opposition n’a pas été
proportionnelle à cette machination politique du régime Bédié. La grande alliance du front
républicain scellée pour freiner l’arbitraire et lutter pour la démocratie débouche sur une
alliance de dupe car chaque parti républicain ouvre la voie à toutes sortes de dérives du
régime Bédié.

Les frustrations gagnent les casernes et le mécontentement se généralise. Malgré cette


atmosphère lourde et délétère, Konan Bédié refuse le bon ton et fait emprisonner toutes la
direction du RDR qui avait organisé des manifestations populaires pour réclamer de
meilleures conditions pour les élections d’octobre 2000.Les militaires profitent de ce contexte

20
social extrêmement tendu pour prendre le pouvoir. L’auteur de ce coup d’état est l’ancien
chef d’Etat-major limogé par Konan Bédié. Il s’agit du général de brigade terrestre Robert
Guéi.

21
CHAPITRE II : L’IMPACT DES ACTIONS DU FRONT REPUBLICAIN : LA
CHUTE DU PDCI 1999-2000

22
I- LE COUP D’ETAT DE Robert GUEI

Le 24 décembre 1999, au moment où la population ivoirienne prépare les festivités de


fin d’année notamment la Noël, les coups de feux se font entendre dans les rues et quartiers de
la capitale économique. Ce qui était considéré comme une simple mutinerie au départ
deviendra en quelques heures un coup d’Etat. C’est le premier coup d’Etat dans le pays depuis
l’indépendant de la Côte d’Ivoire. A la suite de ce putsch, le président Henri Konan Bédié doit
céder le pouvoir. La joie qu’inspire ce coup d’Etat pour une majeure partie de la population
ivoirienne s’estompe progressivement dans l’amertume au mois d’octobre 2000.

1-Les raisons

Depuis l’indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire connait une grande stabilité politique
sous la présidence de Félix Houphouët Boigny. Durant les premières décennies de cette
présidence, marquée par un parti unique, la Côte d’Ivoire se développe avec une certaine
prospérité économique .Elle se montre également hospitalière : ayant besoin de main d’œuvre,
elle accueille des Burkinabès, des Maliens, des Nigérians, notamment lors de la guerre du
Biafra, des Ghanéen, des Béninois et des Guinéens 17. Cependant, dans les dernières années de
cette période, l’économie ivoirienne ralentit, le pays est marqué par la corruption et des signes
d’instabilité politique apparaissent. Henri Konan Bédié succède à Houphouët Boigny après sa
mort en 1993 .Il était précédemment président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Devenu
dans un premier temps président par intérim, il est élu en octobre 1995, les autres candidats
potentiels ayant boycottés le scrutin à la suite d’une reforme douteuse du code électoral en
décembre 1994 .Dans un pays où un tiers de la population est d’origine étrangère et où les
migrants ont par le passé fortement participé au développement économique, la reforme de
Henri Konan Bédié introduit le concept d’ivoirité, pour écarter un des candidats les plus
populaires, Alassane Ouattara. La situation économique continue de se détériorer .Henri
Konan Bédié est accusé de corruption. Une crise politique à dimension ethnique s’ajoute à
cette crise économique, liée à l’application de ce concept xénophobe d’ivoirité, qui remet en
cause les droits d’une partie de la population d’origine étrangère et provoque des tensions
entre les gens du Nord et du Sud de la Côte d’Ivoire. Le mécontentement ne cesse de croitre.

17
Sylvie Bredeloup, 2003 « La Côte d’Ivoire ou l’étrange destin de l’étranger », in européenne des migrations
internationales, vol.19 ,n°2,en ligne http://www.fr.m.wikipedia.org consulté le 20 août 2002 à 21h .

23
Le premier coup d’Etat historique de la Côte d’Ivoire a été opéré par le Général Robert
Guéi, chef d’Etat majeur de pouvoir du premier président Houphouët Boigny. Le Général
voyant l’incapacité du président Bédié de maitriser l’opposition, regroupée au sein du RDR va
aboutie au premier coup d’Etat dans l’histoire de la Côte d’Ivoire en décembre 1999.

En plus de cela, le Général Guéi avait des antécédents avec le régime du président
Bédié. En effet, le président Bédié, une fois au pouvoir emmena Robert Guéi en retraite
anticipée. Au niveau économique, malgré la dévaluation, le financement des institutions et des
internationales, la situation s’est considérablement aggravée. Les ajustements structurels de
1990 ne donnent pas les résultats escomptés. En janvier 1994, le franc CFA est dévalué de
moitié. L’année 1994 supposée marquer le virage vers la croissante économie fut désastreuse.
En effet, l’activité économique devait croitre de +1, 3% du PIB. Selon les prévisions des
bailleurs de fonds, la Côte d’Ivoire devait atteindre des exportations de café et de cacao des
exportations minières et des secteurs tertiaires et industriel. L’endettement du pays
augmente :un endettement dû à la corruption, aux diverses dépenses administratives, au
détournement des fonds à des fins personnelles tel que des emprunts qui furent parfois
détournés comme ce fut le cas des 16 milliards de l’Union européenne sous le régimes de
Bédié en 1998.Au niveau social, en effet, les rapports sociaux communautaires, notamment
l’acceptation de l’étranger, le partage des fonctions économiques dans les milieux urbains
commencent à se désintégrer ;de même que la confrontation des groupes hôtes avec les
migrations naissent très rapidement. Les concurrences écologiques, économiques et ethniques
territoriales se manifestent par le renforcement des frontières identitaires des groupes malgré
les interdépendances croissantes que créent le développement économique, le contact des
hommes, les mariages mixtes, l’urbanisation. Ces différences seront utilisées plus tard sur la
scène politique ce qui transformera profondément la société ivoirienne et en mettant en péril
le règne d’Henri Konan Bédié. Le président Bédié avait démontré le favoritisme envers son
groupe ethnique. En effet, le groupe akan, surtout les Baoulés, dominait tous les grands
postes. Au niveau foncier, dans le même temps, la Banque mondial exigeait la sécurisation
des terres, c’est-à-dire le retour aux droits fonciers du type occidental avec cadastrage et titres
de propriété en bonne et due forme. La loi foncière, votée dans ce sens, fut appliquée sans
trop de précaution. Faisant prévaloir le droit de sang, elle marginalisait ceux qui avaient cru
acheter leurs terres. C’est à dire étrangers ou migrants ivoiriens s’ensuivirent. Tous ces
facteurs sont à l’origine de ce coup d’Etat qui met fin à l’institution de la première république.

24
2-Les actions des militaires au pouvoir

Un groupe de soldats se révolte le 23 décembre 1999.Refusant de démissionner à la


demande des soldats, Henri Konan Bédié est renversé par un coup d’Etat le lendemain.
L’ancien commandant de l’armée, en retraite, Robert Guéi, bien que n’ayant pas conduit le
coup d’Etat, est appelé en tant que chef d’un Comité national du salut du peuple (CNSP) et
joue le « Père noël en treillis ».

Des coups de feu sont entendus dans Abidjan. Robert Guéi18 annonce la dissolution du
Parlement, de l’ancien gouvernement, du Conseil constitutionnel et de la cour suprême. Les
rebelles prennent le contrôle de l’aéroport d’Abidjan et des ponts principaux, mettre en place
des points de contrôle, et ouvrent les portes de prison pour les prisonniers politiques et
d’autres détenus. Quelques quartiers d’Abidjan sont pillés par des soldats et civiles. A la
télévision, Robert Guéi annonce qu’il a pris le pouvoir. Il fait également une allocution
télévisée au peuple, et au personnel diplomatique étranger, dans lequel il assure que la
démocratie sera respectée, les accords internationaux seront maintenus, la sécurité des
ivoiriens et des non ivoiriens sera garantie, des missions serons envoyés à l’étranger pour
expliquer les raisons du coup d’Etat, et que les problèmes des agriculteurs serons abordés.

Juste après son coup d’Etat militaire, Le général Robert met sur pied le comité
national de salut public composé uniquement d’officiers et d’un sous-officier dénommé le
CNSP .Dans un premier temps le CNSP montre à la population qu’il est venu pour mettre de
l’ordre dans le pays .pour lui, il avait trop de désordre dans la vie politique ivoirienne. Guéi et
ses lieutenants, décident également de doter la Côte d’Ivoire d’institutions fortes pouvant
permettre au pays d’amorcer son processus de développement politique, économique et social.
Tous ces éléments permettent au CNSP de Guéi d’acquérir la compassion du peuple et d’être
aimé par tous.Le Général Robert Guéi est ainsi considéré comme « le père noël 19 » par la
nation et Laurent Gbagbo à travers son coup d’Etat militaire. Toute cette situation montre que
l’avènement du CNSP à donner certain espoir à la population ivoirienne.

18
Stephen Smith, « Robert Guéi, le « père noël en treillis » », in Le Monde, 21 Septembre 2002 en ligne
http://WWW fr.m .Wikipedia.Org, consulté le 17 août 2022 à 12h.
19
Théophile KOUI, 2010, La Côte d’Ivoire, les cavaliers de l’apocalypse, Paris, édition Harmattan 58.

25
En plus, pour le CNSP, il fallait réunir tous les fils de la Côte d’Ivoire pour qu’on
parle d’une réelle réconciliation. C’est dans cette optique que, le 26 décembre 1999 20, la
Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) dirigée par Charles Blé Goudé
qui venait d’être libéré de prison par les mutins, le 24 décembre organise un meeting pour
saluer le CNSP au stade municipal de Yopougon. Quant au Rassemblement Des Républicain
(RDR), leur leader Alassane Ouattara est autorisé à mettre fin à son exil en France. Il est
invité par le CNSP pour mettre l’ordre dans les affaires politiques du pays. C’est ainsi, le 29
décembre de la même année à son arrivée en Côte d’Ivoire en provenance de la France, pour
encourager les actions du CNSP, Alassane Ouattara proclama ses propos : « Les décisions
impopulaires de Bédié sont les vraies auteurs du coup d’Etat, il faut saluer le sens patriotisme
des militaires et du CNSP21 ».Par contre, dans les mois qui suivent, la Ligue ivoirienne des
droits de l’homme publie une condamnation des droits de l’homme dans le pays. De
nombreux cas d’abus sont commis par les soldats. En outre, les troupes armées demandent
l’augmentation et le paiement de leurs salaires ou de primes, causant de nombreuses
mutineries. La plus grave de ces mutineries a eu lieu le 4 juillet 2000. Dans plusieurs villes,
Abidjan, Bouaké, Katiola, Korhogo, et Yamoussoukro en particulier. Après quelques jours de
confusion et de tension, un accord est conclu entre les soldats et mécontents et les autorités.

De ce qui précède, il convient de retenir que le coup d’Etat de Robert Guéi et les
actions du CNSP ont été un grand soulagement auprès de la population ivoirienne à
l’exception des partisans de Henri Konon Bédié .Par ailleurs, l’espoir des premières heures du
coup d’Etat va disparaitre à travers les actions posées par le CNSP .La première mauvaise
action posée par le CNSP est de mettre en place un gouvernement mixte en lieu et place d’un
gouvernement typiquement militaire .Ce gouvernement militaro-civil proposé par le CNSP est
à l’origine des querelles entre le FPI et le RDR .Ces querelles portent sur le nombre de postes
que chaque parti politique doit occuper et la nature de ces ministère et surtout le respect de
tous les engagements de départ, du CNSP. Il va naitre chez Guéi Robert des ambitions de
conserver le pouvoir .Or aux premières heures du CNSP, Guéi Robert déclara devant la
communauté nationale et internationale ceci, « Le pouvoir ne m’intéresse pas, je suis venu
juste balayer la maison, dès qu’elle sera propre je retournerai chez moi 22».Ces agissements

20
Mamadou BAMBA, Op.cit p62.
21
Le Patriote du 31 Déc 1999.p.8.
22
Discours Radio télévisé de Robert Guéi, le 24 déc 1999 sur les antennes de la Radio télévision ivoirienne, en
ligne http://www.jeuneafrique.Com /Article, consulté en août 2022 à 17h.

26
sont contraires aves ses objectifs de départ. Malgré la dénonciation par la junte militaire du
concept d’ivoirité, la compagne contre les personnes d’origine étrangère continue. En avril
2000, Robert Guéi expulse les représentants du RDR du gouvernement. Une nouvelle
constitution, approuvée par le référendum le 23 juillet, 2000 , interdit tous les candidats à la
présidentielle autres que ceux dont les parents sont ivoiriens, et Alassane Ouattara se trouve
de fait disqualifié pour l’élection présidentielle de 2000 . Le Général Guéi Robert se met à
arrêter les imams par son homme de main Déon George, commandant supérieur de la
gendarmerie .C’est dans cette optique qu’il se rapproche davantage du FPI dans le but de
monopoliser le pouvoir d’Etat en octobre 2000 par des élections.

II-LES ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE 2000

1- Le déroulement des élections

Après le coup d’Etat salutaire du Général Robert Guéi, des dissensions éclatent entre
les pères de la révolution suite au désir de plus en plus affiché de celui-ci de se présenter aux
prochaines élections présidentielles. Il n’est pas soutenu dans sa conviction par ses proches
collaborateurs. L’armée est fortement marquée par la division des acteurs politiques.

Laurent Gbagbo se porte candidat le 17 août 2000.L’éternel opposant de Félix


Houphouët- Boigny, emprisonné à plusieurs reprises avait enfin de véritables chances de
remporter le scrutin. Il fait campagne en ayant un point de vue très critique sur les différents
quinquennats qui ont précédé. Il réussit à réunir les 5000 parrainages nécessaires avant le 6
octobre 2000.Il reçoit après la proclamation des résultats d’Emile Constant Bombet, d’Henri
Konan Bédié et d’autres militants du parti démocratique de Côte d’Ivoire. Gbagbo est le seul
candidat pouvant remporter l’élection, avec Robert Guéi, les autres étant quasi inconnus.

Robert Guéi, se déclare candidat pour l’élection présidentielle le 8 août 2000.Ayant


échoué à obtenir l’investiture du PDCI le général se déclare ‘’candidat du peuple 23’’.Il fait
campagne en rappelant qu’il a soutenu les mouvement de 1995 réclamant la tenue d’un autre
scrutin malgré sa nomination au gouvernement. Il réussit également à réunit les 5000

23
« Quand le Général Guéi veut devenir président de la Côte d’Ivoire », en ligner http://www. Afrik.com
Article/, 11 août 2000, consulté en aout 2022 à 20 h.

27
parrainages avant le 6 octobre 2000.Il tenta de se rapprocher d’Emile Constant Bombet et
d’Alassane Ouattara, mais c’est Laurent Gbagbo qui fut le plus convaincant. Il était avec
Gbagbo le seul candidat capable de remporter l’élection, rappelant son passé militaire et ayant
suffisamment d’expérience pour exercer la fonction de président de la république, les autres
étant très méconnus auprès des ivoiriens.

Au premier tour du scrutin, l’on assiste à des ralliements de la part des autres partis
politiques. En effet, les principaux candidats disqualifiés par la cour suprême à la
présidentielle choisissent Laurent Gbagbo pour faire obstacle à Robert Guéi. Le 26 octobre, 2
049 018 ivoiriens se rentrent aux urnes .Le taux d’abstention atteignant 62,6%, dépasse
largement la moyenne de l’abstention lors des élections présidentielles et des élections
législatives depuis l’indépendance, étant supérieur à celui de 1990 et 1995(30,80% et
43,80%).Mais cela s’explique par le fait qu’une majorité de la population est dépassée par les
évènements qui ont eu lieu depuis cinq ans. Deux candidats se sont détachés lors de ce
premier tour, Laurent Gbagbo et Robert Guéi qui se partagent la majorité des suffrages dans
le nord et le sud du pays. Le score de Laurent Gbagbo est quasiment le double de celui de
Robert Guéi, et s’explique par le ralliement des partisans d’Alassane Ouattara et d’Emile
Constant Bombet. Il est également beaucoup plus important que celui réalisé dix ans plus tôt
(18,32% contre 59,36%).Francis Wodié, candidat pour la deuxième fois consécutive échoue à
nouveau après 1995 où il fut battu sans appel. Mais il réussit tout de même à réunir plus de
100 000 bulletins de vote à son nom.

Par ailleurs, nous avons des tensions après le premier tour. Le 23 octobre, les premiers
résultats indiquant que Laurent Gbagbo arriverait à la tête, suivi par Robert Guéi. Robert Guéi
dissout la Commission électorale nationale .Le 24 octobre le ministre de l’intérieur annonce
l’élection de Robert Guéi avec 52,72% des voix 24. Le 25 octobre, des dizaines de milliers de
manifestants descendent dans les rues et malgré les soldats qui leur tirent dessus obligent le
chef de la junte à fuir 25.Laurent Gbagbo sera proclamé le lendemain par la cour suprême
troisième président de la république de Côte d’Ivoire. Cette situation provoque des troubles
qui font de nombreuses victimes dans le pays. Le 27 octobre, un charnier est découvert à
Yopougon, dans lequel sont entassées 57 cadavres de partisans supposés de Ouattara26. Cette

24
Christophe Champin, « La révolte contre le « pouvoir kaki » », sur RFI, 25 octobre 2000.
25
Christophe Champin, « Une journée d’insurrection », sur RFI, 26 octobre 2000.
26
Human Rights Watch, 28 août 2001, «Le Nouveau Racisme, La manipulation politique de l’ethnicité en Côte
d’Ivoire », sur hrw.org, consulté le 18 août 2022 à 11h.

28
découverte intervient quelques jours après une élection contestée qui a porté Laurent Gbagbo
à la tête de la Côte d’Ivoire et au lendemain d’affrontements violents entre partisans du parti
du président élu et militants du RDR qui ont envahi les rues d’Abidjan pour réclamer la tenue
d’un nouveau scrutin.

Cette élection considérée de mascarade enregistre une faible participation dans la


mesure où après une gigantesque manifestation de rue pour s’opposer à la tentative du
Général candidat, de s’imposer victorieux, Laurent Gbagbo fut finalement déclaré élu au
premier tour avec 59, 3%27 des voix contre 32 ,7%28 à Guéi Robert qui fut contraint à la fuite
vers son lieu natal, Gouessesso, près de la frontière avec le Liberia. Laurent Gbagbo prend ses
fonctions en tant que président, le 26 octobre 2000 et nomme comme Premier ministre Pascal
Affi N’Guessan, chargé de constituer un gouvernement avec les membres du FPI, mais
également du RDR et du PIT. Le 13 novembre, Robert Guéi reconnait la légitimité de la
présidence de Laurent Gbagbo. Le 10 décembre 2000, des élections sont organisées et
remportées par le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo. Toutefois, l’élection n’a pas eu
lieu dans le Nord de Côte d’Ivoire en raison des troubles. Les violences continuent .La tension
entre les gens du Nord et du Sud reste sous-jacente.

Apres les élections présidentielles place aux élections locales du régime FPI .En effet,
les élections législatives de décembre 2000 devaient permettre de récréer les conditions de la
démocratiques .Mais, la cour suprême écarta de nouveau la candidature d’Alassane Ouattara
dans la région de Kong, le 20 novembre 2000 par le motif qu’il n’était pas fils d’ivoirien de
naissance. A cela, il faut ajouter, les élections municipales organisées le 25 mars 2001.Ici, les
élections ont connues une grande mobilisation environ 39, 3%.Cette élection a été ouvert à
tous les partis politiques. Au lendemain du scrutin, la presse proche du régime Gbagbo, ayant
perdu les élections au détriment du RDR, du PDCI et d’UDPCI, remet en cause l’identité des
électeurs du Nord .Ils réactiva le concept d’ivoirité, c’est-à-dire en présentant que les électeurs
du RDR étaient majoritairement des Dioula, donc potentiellement des étrangers.

A l’issue de ces différents scrutins biaisés, le processus démocratique paraissait très


mal. Les populations du Nord se sentaient marginalisés par le gouvernement de Laurent
Gbagbo. Le changement réclamé par ces populations pour le rétablissement de leurs droits est
à la base de cette nouvelle tentative de coup d’Etat lancée du Nord du pays dans la journée du

27
Kouamé Sylvestre KOUASSI, 2013, Regard retro-prospectif sur les crises ivoiriennes de 1993 à 2011.p .138.
28
Idem, p.139.

29
19 septembre 200229 qui secoua la Côte d’Ivoire. Cette deuxième République conduit à une
impasse politique, puis à une situation de guerre civile, la discrimination envers les personnes
originaires du pays voisins est une cause de la guerre civile ivoirienne, qui éclate en 2002.

2- La crise postélectorale de 2000

Appréhender la situation politique de la crise postélectorale de 2000 en Côte d’Ivoire


nécessite un rapide rappel historique. Ce pays d’Afrique de l’ouest, réputé dans les années
1970 pour son « miracle économique » et sa stabilité politique, va connaitre ses premiers
tourments au lendemain du décès de son premier Président, le pays traverse de graves période
de troubles, à commencer par le coup d’Etat mené par le Général Robert Guéi le 24 décembre
1999, renverse le Président Henri Konan Bédié, successeur du défunt Président Félix
Houphouët Boigny.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, un coup d’Etat fomenter depuis le Burkina


Faso échoue dans sa tentative de renverser le Président Laurent Gbagbo, élu en Octobre
2000 .Les auteurs de ce putsch marqué se muent alors en rébellion armée et forment un kyste
dans la moitié nord du pays avec pour quartier général Bouaké, la capitale du centre. Cette
partition de fait du territoire national est confirmée par la France avec l’installation d’une
zone dite « de confiance »consécutive au cessez-le-feu du 22 novembre2002.En mars 2003, la
force de l’ONU nouvellement créée sur la base d’une force ouest-africaine y enverra des
troupes pour veille au non-franchissement de la ligne de démarcation par les deux
belligérants, consacrant ainsi la partition de la Côte d’Ivoire. Deux pouvoir et deux armées
coexistent sur le même territoire jusqu’en avril 2011 :d’un côté les forces loyalistes, les
Forces de Défense et de Sécurité(FDS), contrôlant la zone gouvernementale, et de l’autre, les
zones centre, nord et ouest, dites zone CNO, régentées par la rébellion. Apres les Accords de
Linas Marcoussis de janvier 2003, la rébellion se baptisera « Forces Nouvelles » et leur
branche armées les Forces Armées des Forces Nouvelles(FAFN).Tous les accords signés
depuis le début de la crise, dont le dernier en date dit Accord de Paix de Ouagadougou (APO)
du 4 mars 2007, ont préconisé un désarmement préalable aux élections générales.

De plus, il a y la désintégration des ex-forces régulières.

Les forces de l’ordre ont été considérablement remaniées par la crise ivoirienne, qu’il s’agisse
des ex-forces régulières (FDS) ou des nouvelles forces armées, vainqueurs de la crise

29
Kouamé Sylvestre KOUASSI, op cit, p.139.

30
postélectorale. En effet, la crise ivoirienne s’est accompagnée d’un jeu de positionnement des
acteurs des forces armées nationales. Si, dès les premiers moments des conflits, des officiers
de l’armée régulière ont fait défection, la grande majorité des troupes, notamment les unités
d’élite dont le CECOS, aujourd’hui dissout, sont restées fidèles à l’ancien régime. Avec la fin
des combats et le retour progressif à la vie normale, les rapports entre ceux qui se sont battus
au sein des forces régulières et ceux qui sont « partis » sont teintés d’hypocrisie. L’harmonie
entre frères d’armes n’est plus de mise, les uns et les autres s’accusant en sourdine de trahison
et de lâcheté. Dans ce climat de méfiance généralisée où la suspicion est de mise, toute action
de sécurisation nécessitant la participation de tous s’avère difficile, compte tenu des
problèmes de coordination qui pourraient se poser.

En outre, du fait des combats, une partie de l’armement s’est volatilisées. Bien que des
recherches soient fréquemment entreprises, il est clair que tout l’arsenal ne sera pas retrouvé,
surtout les armes légères et de petits calibres30. Cette prolifération d’armes légères s’ajoute à
celle qui découlait de la guerre au Libéria dont les conséquences pour la population ivoirienne
étaient incalculables en termes d’agressions et de vols à main armée. En 2004, Amnesty
International31 chiffrait déjà à 10 000 le nombre d’armes en circulation dans un pays qui n’en
produit pourtant pas.

30
D.Adjoussou, « L’impact de la prolifération des armes légères sur la paix et le développement durable », les
grands débats d’Amnesty International, in Rapport de Conférence, Abidjan, 2006, P16.
31
Déclaration du président d’Amnesty International in Inter Press Service du 15 mai 2004, relative à la situation
sécuritaire en Côte d’Ivoire.

31
CHAPITRE III : LE RHDP : UNE ALLIANCE DES HOUPHOUETISTES 2000-2011

32
I- LES SIGNES AVANT –COUREURS DE LA NAISSANCE DU RHDP

La prise de pouvoir par Laurent Gbagbo en 2000 peut être considérée comme un coup
d’Etat militaro-civil. En ce sens que, à la fin des élections, l’on assiste à la fuite de l’un des
candidats qui est Robert Guéi. Et que l’autre s’appuie sur une frange de la population pour
s’autoproclamer président de la république. Après Le départ du pouvoir militaire, le dit
président met en place une gestion autoritaire au pouvoir. Cet évènement inaugure une
situation d’instabilité politique qui durera jusqu’en avril 2011.

1- l’avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir

A la fin des élections de 2000, il naît un conflit entre les deux amis de départ, Laurent
Gbagbo et le Général Guéi Robert. En effet, le Général Guéi Robert, s’est allié à Laurent
Gbagbo. Il accorde une attention particulière à son alliance avec le FPI .En réalité c’est une
simple stratégie de la part de Laurent Gbagbo pour se faire un chemin vers le pouvoir
présidentiel. C’est dans ce contexte que leur relation au départ basée sur des intérêts politique,
ils se voient revendiquer de part et d’autre la victoire. Dans cette situation tendue, les
gendarmes de l’escadron de Yopougon, d’Abobo, de la caserne d’Abidjan à Adjamé et surtout
du camp commando de Koumassi s’opposent aux militaires fidèles à Robert Guéi.
L’ensemble de l’armée réclament le départ du chef de la transition militaire. Pour aider le
régime de Gbagbo de s’installer au pouvoir, les gendarmes décident de sécuriser les marches
de protestation des militants et sympathisants du FPI .Pour cela, certain des gendarmes
n’existent pas à démontrer leur soutien au FPI et à Laurent Gbagbo.

Par ailleurs, les différents cadres du FPI s’organisent pour faciliter la prise de pouvoir
par leur leader Laurent Gbagbo. Nous avons entre autre Affi N’guessant, Amani N’guessant ,
Boga Doudou Emile, Hubert Oulaye, Bohoun Antoine Bouabré et bien d’autres. Ceux-ci font
enregistrer une vidéo à Laurent Gbagbo, dans laquelle le candidat Gbagbo s’autoproclame
président élu et invite l’ensemble des ivoiriens à barrer le chemin à Guéi Robert qui selon lui
veut voler sa place. Ce vidéo est propagée un peu partout, notamment à certain responsable de
la RTI proche du FPI32 .Ces derniers font passés l’information sur les antennes de la
Radiodiffusion Télévision Ivoirienne. La conséquence de cette vidéo est immédiate. Une
partie de la population ivoirienne descend dans les rues et réclame le départ définitif du
32
Information donnée par la direction du Rassemblement des Républicains notamment par son porte parole Ali
Coulibaly, ancien DG de la Radio Télévision Ivoirienne lors d’un meeting au stade FHB, le 02 Décembre
2000.Cette information à été largement diffusée par le quotidien. Le Patriote, le 03 Décembre 2000, p. 17.

33
pouvoir des militaires. Robert Guéi ne sachant pas quoi fait, prend la fuite . Laurent Gbagbo
après s’être autoproclamé président, demande à la commission électorale de venir confirmer
les résultats des élections en sa faveur.

Le RDR d’Alassane Ouattara recommande la reprise des élections contre tenu du


mauvais déroulement de ces élections. Cette action est considérée par le FPI et Laurent
Gbagbo comme une provocation inacceptable. Laurent Gbagbo ayant l’armée notamment la
gendarmerie à son actif, s’adonne à une répression contre les militants du RDR .La cible des
gendarmes était ciblée .Leur principal cible était la communauté musulmane, et les
ressortissants du Nord du pays .Ils sont considérée comme les militants du RDR .Un charnier
est découvert à Yopougon avec 57 corps33, tous musulmans et ressortissant du Nord de la
Côte d’Ivoire. C’est dans cette atmosphère de trouble et de répression que Laurent Gbagbo
prête serment dans la confusion le 29 octobre et s’octroie tous les attributs d’un chef d’Etat.
Pour maintenir son fauteuil, il met en place un pouvoir autoritaire et dictatorial.

2- Le rassemblement des partis de Droite contre le FPI

La belle idée du RHDP est née le 18 mai 2005 ,lorsque les femmes et les hommes de
conviction ont voulu ancrer définitivement au cœur du développement de la Côte d’Ivoire, la
démocratie et la paix .Le RHDP est d’abord une coalition de quatre partis politiques :le parti
démocratique de la Côte d’Ivoire(PDCI)d’Henri Konan Bédié ;le Rassemblement des
républicains de Côte d’Ivoire(RDR) d’Alassane Ouattara ;l’Union pour la démocratie et la
Paix en Côte d’Ivoire(UDPCI) de Albert Mabri Toikeusse ;le mouvement des forces
d’avenir(MFA) d’Innocent Kobenan Anaky. Il ne s’agit pas, dans l’esprit des fondateurs du
RHDP, d’une coalition de façade, purement politicienne, à fin électoralistes, mais du
rassemblement de celles et ceux qui se réclament d’Houphouët-Boigny. Le fait de se coaliser
relève certes d’une stratégie consciente qu’aucun parti ne peut remporter seul. Des alliances
sont nécessaires. La création du RHDP obéit à cette logique d’alliance. Mais les coalitions de
circonstances sont vouées à disparaitre. Certes, le RHDP a été créé pour répondre en 2005, à
une situation particulièrement difficile sur fond de crise politico-militaire qui a perduré
jusqu'à l’élection présidentiel de 2010.

33
Cf rapport du mouvement ivoirien des droits de l’homme de février 2001

34
La création du RHDP34 est une manière de répondre à tous les crises qu’a connue la
Côte d’Ivoire. Le RHDP répond à cette question en ouvrant un espace politique nouveau
moins soumis au clientélisme politique et débarrassé de l’esprit de revanche. Si l’objectif du
RHDP est bien la conquête du pouvoir, sa vocation est de transcender les anciens clivages
ethniques et les vieux affrontements partisans, afin de conduire une action en faveur d’un
développement solidaire et d’une paix durable, la conquête du pouvoir ne constitue pas un
projet de société : être élu pour être élu, ce n’est rien, si l’élection n’est pas adossé à une
politique de développement et à un projet de société.

En 2005, les dirigeants des partis coalisés au sein du RHDP, tirant les leçons du passé, savent
qu’il existe un lien consubstantiel entre la paix et le développement économique et social.

II- LA NAISSANCE ET LES ACTIONS DU RHDP

1- Une coalition de partis politiques à un parti politique

Les ivoiriens sont tous les enfants d’Houphouët-Boigny, considéré comme le Père de
la nation ivoirienne. En affirmant cela, il faut savoir qu’il fut un temps où la Côte d’ Ivoire
avait atteint son apogée en termes de processus de développement sur le continent. Les
ivoiriens ont toujours la nostalgie d’un âge d’or ou le souvenir d’une Côte d’ivoire heureuse et
qui aurait disparu, emportée par les soubresauts de notre histoire récente. Houphouët-Boigny
est avant tout, pour tous les Ivoiriens, l’homme qui incarne la paix. L’obsession d’Houphouët
était de maintenir en Côte d’Ivoire, un pays qui compte plus de soixante ethnies, l’unité
nationale et la paix .Il affirmait : « la paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement 35 »,
précisant que « dans la recherche de la paix, de la vraie paix, la paix juste et durable, on ne
doit pas hésiter à recourir, avec obstination, au dialogue ».

Tel est en effet le mot qui résume le plus fidèlement l’action du président Houphouët-
Boigny : le dialogue, un dialogue permanent, qui doit nous permettre de surmonter les
contradictions d’une histoire contingente faite de rivalités et guerre tribales ou ethniques. Pour
le président Houphouët-Boigny, qui sait que sa responsabilité est grande face à l’histoire,
servir la paix, c’est servir le destin de la Côte d’Ivoire, mais aussi l’Afrique. De la même
manière, le dialogue a toujours été la pierre angulaire de l’action du président Henri Konan

34
Zié COULIBALY, 2015, dans l’héritage d’Houphouët-Boigny où l’avenir du RHDP dans GéoEconomie, page
121 à 134.
35
Zié COULIBALY,Op.Cit

35
Bédié. En 1999, il choisit de ne pas engager le pays dans une guerre civile après le coup
d’Etat du Général Robert Guéi. En 2010, il appelle à voter Alassane Ouattara au second tour
de l’élection présidentielle, accomplissant un geste historique qui permet de renforcer la
démocratie en Côte d’Ivoire.

Le président Bédié sait que l’intérêt du pays doit l’emporter sur les intérêts particuliers
et sur les questions d’amour-propre. Henri Konan Bédié a toujours fait le choix du dialogue
permanent contre la logique mortifère des affrontements partisans comme il a toujours fait le
choix des urnes contre celui des armes, prolongeant ainsi l’héritage politique et moral
d’Houphouët-Boigny. Il fallait incarner cette morale de la paix et le souci de l’unité nationale.
C’est pour cela que fut créé le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie
et la paix).Le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix est la
formation politique ivoirienne de partis proches du RDR36 en abrégé RHDP .Cette coalition
de partis politiques ivoiriens, fondée le 18 mai 2005 et transformée en parti politique le 16
juillet 2018.Cette coalition incarne principalement la droite ivoirienne d’obédience
Houphouétistes, c’est-à-dire se réclament de l’idéologie politique du fondateur de la Côte
d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny. En vue de l’élection présidentielle ivoirienne de 2015, les
partis de la coalition soutiennent officiellement une candidature unique d’Alassane Ouattara
pour un second mandat sous la bannière du RHDP.

En 2018, le RDR et l’UDPCI annoncent la transformation du RHDP en parti politique,


mais sans que les autres membres de la coalition ne l’approuvent.C’est le 16 juillet 2018, que
la coalition est transformée en parti politique, composé du RDR et de l’UDPCI et les
tendances dissidents des trois autres partis, et désigne Alassane Ouattara 37 comme président.
Le 26 janvier 2019, le RHDP a organisé son congrès ordinaire. En 2020, l’UDPCI quitte le
mouvement, de même de LIDER. En février 2022, Alassane annonce une réorganisation du
parti .Gilbert Koné Kafana est nommé à la présidence du directoire du parti. Les deux vice-
présidents sont Kandia Camara et Robert Beugré Mambé.Tiéné Birahima Ouattara, frère du
président de la république est nommé trésorier.

Les personnalités du RHDP sont nombreuses, contre tenue de l’alliance des différents
partis politique à son sein .Nous pouvons cités entre autres :Alassane Ouattara, Amadou Gon

36
Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix sur Afrik.Com le 19 mai 2005.
37
Florence Richard, « Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara place Gilbert Koné Kafana à la tête du RHDP ».Jeune
Afrique, 1er mars 2022.

36
Coulibaly, Daniel Kablan Duncan, Hamed Bakayoko, Albert Mabri Toikeusse, Patrik Achi,
Amadou Soumahoro, Lanciné Diaby, Masséré Touré, Ahoua N’Doli Théophile, Hien
Yacouba Sié ,Kandia Camara, Lacina Karamoko dont le parti ,Liberté et démocratie pour la
république (LIDER),a rejoint le RHDP .

2- Le RHDP et la crise postélectorale

A L’inverse des élections d’octobre 2000, tous les grands partis politiques ivoiriens
étaient représentés à celles-ci .Il s’agit notamment du FPI avec Laurent Gbagbo, du PDCI-
RDA d’Henri Konan Bédié et du RDR avec Alassane Ouattara qui se présentait pour la
première fois à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Apres le premier tour du 30
octobre, le second tour mit aux prises Laurent Gbagbo de la majorité présidentielle et
Alassane Ouattara du Rassemblement des houphouétistes pour la Démocratie et la
Paix(RHDP) groupement politique né de l’alliance du RDR , du PDCI ,de l’UDPCI du
Général Robert Guéi et du MFA d’Anaky Kobenan, un ancien partisan duFPI .Avec une
participation inégalée de près de 80%, ils mobilisèrent l’attention de la communauté nationale
et internationale.

Par contre, les résultats proclamés par la commission nationale électorale et la


communauté internationale qui donnèrent Alassane Ouattara vainqueur avec plus de 54%des
suffrages exprimés furent invalidés par le conseil constitutionnel qui proclama le candidat
sortant Gbagbo vainqueur. La Côte d’Ivoire se trouve au soir du 02 décembre avec deux
présidents et deux gouvernements. La bataille électorale et juridique fait désormais place entre
les deux factions belligérantes. La Côte d’Ivoire retombe à nouveau dans une crise après une
période d’accalmie par l’accord de Ouagadougou de mars 2007 .Les belligérants contestent
les résultats des élections notamment par celui de Laurent Gbagbo. Les populations
mobilisées de part et d’autres s’engagent dans une bataille politique. Les différentes tentatives
de contestations contre la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo furent sévèrement
réprimées par les forces de Laurent Gbagbo. Nous pouvons cités comme exemple, la marche
sur la RTI de décembre 2010 et celle des femmes d’Abobo où six d’entre elles furent
froidement abattus. A cela, il faut ajouter, le facteur religieux de la crise. En effet, les
mercenaires pro-Gbagbo attaquèrent les hommes religieux musulmans qui étaient considérés
comme les ressortissants du Nord, donc les partisans du RDR .Leur cible était dirigée contre
les mosquées notamment les imams. On constat alors l’assassinat de nombreux imams.

37
En plus, la mobilisation des médias une phase importante pour l’image de Laurent
Gbagbo. Les médias ivoiriens sont contrôlés par le gouvernement et Gbagbo, en ce temps-là
étant président d’Octobre 2000 Avril 201138, en avait le contrôle. La grande majorité
d’informations qui devait être diffusée passait par le président d’abord. Les restrictions
significatives avaient été imposées aux médias ivoiriens, de même pour les journaux et aussi
les médias numériques .Durant cette période de crise les journalistes, les plateformes
numériques et même le peuple devaient surveiller ce qu’ils disaient, regardaient et diffusaient.
Les sanctions consistaient à des arrestations et à des violences physiques auprès de non
seulement les citoyens mais principalement les journalistes. Le gouvernement est même allé
jusqu'à imposer une censure en 2011 en annulant le permis de diffusion de la radio de l’ONU
Onuci FM .Contrairement à aujourd’hui, l’internet ne jouait pas un grand rôle en politique. De
plus la vente des journaux devenaient de moins en moins fréquentes, car le peuple n’achetait
pas par peur, mais aussi à cause de la censure qui faisait qu’ils ne pouvaient point dénoncer
les pratiques des dirigeants .Mis à part la presse partisane le peuple pouvait s’informer sur la
Radiotélévision (RTI) qui était l’une des seules sources disponibles au public et acceptée par
Laurent Gbagbo. L’ex-président faisait en sorte que la communication entre le pays et les
pays extérieurs soit minimisée, c’est-à-dire que le gouvernement ivoirien ne gardait la
communication que dans le pays.

En outre, même les deux grandes institutions continentales, que sont l’UA et la
CEDEAO, confirmèrent la victoire d’Alassane Ouattara. A travers la voie diplomatique, ces
institutions tentaient de raisonner le président sortant de céder le fauteuil présidentiel.
Cependant, l’opiniâtreté de Laurent Gbagbo à ne pas laisser le pouvoir conduira la crise sur la
voie militaire avec l’affrontement des forces de défense et de sécurité (FDS) du clan
présidentiel face aux mouvements rebelles du Nord du pays. Ces derniers, prirent rapidement
toutes les régions à l’exception d’Abidjan où gouvernaient en maître toutes les forces restée
loyales à Laurent Gbagbo en attendant la bataille qui devrait inévitablement s’y dérouler. La
bataille d’Abidjan dura que 10 jours.
Face à la résistance farouche du clan présidentiel, il a fallu l’intervention de l’armée française
pour arrêter cette guerre meurtrière qui se solde par la capture de Laurent Gbagbo et certain
de ces partisans à la résistance présidentielle le 11 avril 2011.
En définitif, nous assistons a de nombreuses conséquences des élections qui ont
occasionnées la crise, elle provoquera la mort de plus de 3000 personnes selon les

38
Kouamé Sylvestre KOUASSI, Ibid., p141

38
estimations onusiennes pilotée par le coréen Young Jin Choi. Ce conflit entraine le
déplacement de près d’un million de personne, principalement depuis l’ouest ivoirien et
depuis Abobo. La destination de ces personnes est d’abord la Côte d’Ivoire avec 735 000
réfugiés, le Libéria avec 120 000 réfugiés mais vers le Ghana, la Guinée, le Togo, le Mali, le
Nigéria, le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Dans l’ouest, à Duékoué, Toulepleu, Bloléquin,
un nombre important de morts a été trouvé, entre 152 et 800 morts à Duékoué ; l’ONUCI
parle de 330 morts.
Depuis cette période de trouble, la Côte d’Ivoire est retombée à nouveau dans une stabilité
politique, économique et sociale. Le jour de l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011,
le président Alassane Ouattara annonce sa volonté de fonder une commission vérité et
réconciliation chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l’homme. Deux jours
plus tard, Alassane Ouattara révèle qu’il a pris contact avec la cour pénale internationale, pour
engager des investigations sur les massacres survenus pendant la crise ivoirienne.

39
CONCLUSION GENERALE

40
Au terme de notre analyse sur le sujet « Les alliances politique dans les crises
sociopolitiques en Côte d’Ivoire de 1994-2011 ».Que faut-il retenir ? Il convient de retenir
que notre travail a mis en relief certaines connaissances sur les alliances politiques dans le
déroulement des différentes crises sociopolitiques en Côte du d’Ivoire. D’abord, nous avons
présenté le contexte de la naissance de la première alliance politique le Front Républicain en
Côte d’Ivoire. En effet, nous avons souligné les raisons qui ont animés les acteurs de cette
alliance, telles que la conquête du pouvoir et la monopolisation du pouvoir par le régime en
place c'est-à-dire le vieux parti du PDCI. En plus de cela, il faut noter, les actions du Front
Républicain à travers, le boycott de 1995 et aussi l’esprit de trahison par certain acteurs
politiques.

Ensuite, notre second axe a porté sur les impacts des actions du Front Républicain : la
chute du PDCI entre 1999 et 2000. Dans cette partie de notre travail, nous avons montré le
coup d’Etat de Robert Guéi. Nous avons étalés les raisons qui ont poussés le Général Robert
Guéi à faire ce coup d’Etat et l’action des militaires une fois au pouvoir. Les élections
présidentielles de 2000 par le déroulement des élections et la crise postélectorale de la même
année. Donc, notre deuxième hypothèse est vérifiée.

Enfin, nous avons levé le voile sur le mystère des alliances politique, car elle peut être
parfois facteur de paix et de cohésion sociale entre certain partis politiques afin de parvenir à
un développement durable. C’est le cas du RHDP, une alliance des Houphouétistes. Les
mobiles qui ont favorisé la création de cette alliance sont l’avènement de Laurent Gbagbo au
pouvoir et l’idée de formée un rassemblement des partis de droite contre le FPI .Et en dernier
lieu, montré la naissance et les actions du RHDP, à travers dans un premier temps, le passage
d’une coalition à un parti politique et dans un second temps leur apport dans la crise
postélectorale de 2011. Par conséquent, soulignons que notre troisième hypothèse est vérifiée.

En somme, retenons que effectivement, la plus part des alliances politiques sont à la
base des crises sociopolitiques qui gangrène depuis la disparition du père de la nation Félix
Houphouët Boigny la société ivoirienne. Après le départ de la figure emblématique, la
politique ivoirienne est secouée par des crises incessantes. Ce pays considéré comme un
exemple de paix et de cohésion sociale dans la sous-région, se transforme en un pays
d’insécurité à partir de 1993 à travers le coup d’Etat de Robert Guéi, la rébellion de 2002 et la
crise postélectorale de 2011.

41
Toutefois il faut saluer l’initiative de la création de l’alliance des Houphouétistes en 2005, car
les acteurs politiques ont pu apporter une certaine accalmie au sein de la société ivoirienne
depuis la crise postélectorale ayant à sa tête le Président Alassane Ouattara. Celui-ci par
amour de sa partie a réalisé de grandes prouesses au niveau politique et économique.

42
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE.

SOURCES

Sources Electroniques.

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LABONTE Nathalie, 2006, La guerre civile en Côte d’Ivoire : L’influence des facteurs
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VIDJANNANGNI Augustine, 2011, La complexité de la question identitaire en Côte


d’Ivoire, Mémoire de Maitrise en science politique, Université du Québec à Montréal, 107P

45
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE.................................................................................................................….i

DEDICACE...................................................................................................................….ii

REMERCIEMENTS........................................................................................................iii

ABREVIATIONS DES SIGLES...................................................................................…iv

INTRODUCTION...........................................................................................................…1

I-JUSTIFICATION ET INTER ET DU SUJET.................................................................2

1-Motivation, intérêt et définition du sujet..............................................................2


a- Motivations..................................................................................................2
b- Intérêt...........................................................................................................3
c- Définition du sujet........................................................................................3

2- Le Cadre chronologique………………………………………………………. 4

3-Le cadre géographique du sujet............................................................................5

II-ETAT DE LA QUESTION.............................................................................................8

III-PROBLEMATIQUES…………………………………………………………………9

1- L’objective général…………………………………………………………………10

2- Les objectives spécifiques………………………………………………………….10

3- Les hypothèses..........................................................................................................10

IV-METHODOLOGIE...................................................................................................…10

V-L’ANNONCE DU PLAN………………………………………………………………12

CHAPITRE I : LE FRONT REPUBLICAIN, UNE ALLIANCE CONTRE-NATURE DE


1994-1999............................................................................................................................13

I- LES RAISONS DE LA NAISSANCE DU FRONT REPUBLICAIN…………..14

46
1- La conquête du pouvoir..............................................................................14
2- La monopolisation du pouvoir d’Etat par le PDCI..........................................15

II-LES ACTIONS DU FRONT REPUBLICAN..........................................................….17

1- Le boycott actif de 1995....................................................................................17

2- Une alliance dupe du front républicain.............................................................20

CHAPITRE II : L’IMPACT DES ACTIONS REPUBLICAIN : LA CHUTE DU PDCI 1999-


2000..........................................................................................................................................22

I- LE COUP D’ETAT DE ROBERT GUEI..................................................................23

1- Les raisons...............................................................................................................23

2- Les actions des militaires au pouvoir......................................................................25

II- LES ELECTIONS PRESIDENTIELLES DE 2000...................................................27


1- Le déroulement des élections................................................................................27
2- La crise postélectorale de 2000.............................................................................30

CHAPITRE III : LES RHDP : UNE ALLIANCE DES HOUPHOURTISTES 2000-2011….32

I- LES SIGNES AVANT-COUREURES DE LA NAISSANCE DU RHDP................33

1- L’avènement de laurent Gbagbo au pouvoir……………………………………….33

2- Le Rassemblement des partis de Droite contre le FPI……………………………..34

II- LA NAISSANCE ET LES ACTIONS DU RHDP…………………………………..35


1- D’une coalition de partis politique.....................................................................35
2- Les RHDP et la crise postélectorale……………………………………………37

CONCLUSION GENERALE………………………………………………………………..40

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………...43

TABLE DES MATIERES.......................................................................................................46

47
48

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