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Droit constitutionnel S2 : les institutions de la Vème République

Chapitre 1 : les fondements de la Vème République

Sous la Vème République on met en place une vrai République parlementaire pour la première fois depuis la IIIème République.

§1. La IIIème République

A. Les institutions de la IIIème République


1. Contexte

Proclamation de la IIIème République a eu lieu le 4 septembre 1870 suite à la défaite de Napoléon III à Sédan. Son
établissement marque la fin du Second Empire.
=> A l’époque il y a toujours la confrontation entre les Républicains et les Monarchistes.

→ En 1871, un régime transitoire d'Assemblée est instauré, attribuant tous les pouvoirs à une Assemblée élue.

Adolphe Thiers →
Le pacte de Bordeaux du 17 février 1871 désigne Adolphe Thiers chef de l'exécutif, recevant l'intégralité du pouvoir exécutif
délégué par l'Assemblée.

Par la loi Rivet du 31 août 1871, il devient également Président de la République française, cumulant ainsi les fonctions de chef
de l’État et de chef de gouvernement. Malgré cette délégation de pouvoir, Thiers reste responsable devant l'Assemblée, créant
une confusion des pouvoirs.

→ Les tensions entre Thiers et les députés augmentent dans un contexte d'incertitude entre le régime républicain et monarchiste.
Les monarchistes, bien que théoriquement dans une république, cherchent à rétablir la monarchie, entraînant l'adoption de lois
limitant le pouvoir présidentiel. => Cette situation conduit à la démission de Thiers le 24 mai 1873.

Mac Mahon →
L'Assemblée confie alors le pouvoir exécutif au maréchal de Mac Mahon, devenu Président de la République dans les mêmes
conditions que Thiers.
La loi du 20 novembre 1873 instaure le septennat, fixant la durée du mandat présidentiel à 7 ans, une période considérée comme
suffisamment longue. Cette durée reflète la volonté de restaurer la monarchie, Mac Mahon étant monarchiste.
=> Le régime parlementaire moniste émerge, où le Président est politiquement irresponsable devant l'Assemblée, gouvernant par
l'intermédiaire de ministres responsables devant l'Assemblée. Cette structure influence les Constitutions de 1875 et jette les
bases des lois de la IIIe République.

➢ En 1871, l'Assemblée nationale, après la proclamation de la République, ne clarifie pas son rôle constitutionnel. Au lieu d'une
constitution formelle, des lois constitutionnelles sont adoptées lentement, résultant de compromis entre monarchistes et
républicains.
➢ Les Trois lois constitutionnelles de 1875 émergent, traitant de l'organisation du Sénat, du pouvoir public, et des rapports entre
pouvoirs publics.
➢ L'amendement Wallon du 30 janvier 1875 établit de manière indirecte la République, créant la fonction présidentielle par un vote
serré. → En janvier 1875, la nature provisoire des lois est évidente.
Le vote sur la loi du Sénat précède celle sur l'organisation du pouvoir public, le bicamérisme étant un compromis crucial
entre républicains et monarchistes. Les monarchistes acceptent la République en échange du Sénat, créant une Chambre
monarchiste dans une République, une situation qui perdure.

2. Les institutions mises en place par ces Trois lois du 1875


Le régime républicain instauré est de type parlementaire bicaméral, marquant une transition de la monarchie parlementaire à une
République parlementaire. Les lois de 1875 établissent ce régime avec deux critères majeurs :
(1)Le bicamérisme qui confère au Sénat et à la Chambre des Députés des droits égaux, avec le pouvoir d'amendement, d'initiative
législative, et l'obligation de voter de manière identique. En matière de contrôle gouvernemental, les deux chambres sont
équivalentes, mais en matière financière, les lois de finances doivent être présentées d'abord à la Chambre des Députés.

(2)Responsabilité des ministres choisis par le Président de la République, devant les deux chambres, qui peuvent amener le
gouvernement à démissionner.
→ Le président ne peut être contraint à la démission par les chambres, étant politiquement irresponsable, mais il est responsable
pénalement devant le Sénat transformé en Cours de Justice. Il peut dissoudre la Chambre des Députés après avis conforme du
Sénat. Il est le chef de l’exécutif dualiste, car ses actes sont contresignés par un ministre qui endosse sa responsabilité devant les 2
chambres.
→ Le Sénat, fort et non dissoluble, crée un déséquilibre institutionnel en faveur de ce dernier. → L’initiative de loi réservée aux
2 chambres et au Président de la République.

Bien que le régime soit constitutionnellement parlementaire dualiste, le gouvernement est peu défini dans les lois de 1875. Les
ministres, responsables devant les deux chambres et le président, forment plutôt un cabinet choisi par ce dernier. L'expression
"président du Conseil des Ministres" apparaît en 1876 avec Jules Dufaure, qui sera officialisée par la Constitution en 1934.
Cependant, le régime évolue, accentuant les déséquilibres en faveur du Sénat au détriment du président, perdant ainsi en
importance.

B. Le fonctionnement du régime de la IIIème République


1. Le point de rupture : la crise du 16 mai 1877
La IIIème République voit son fonctionnement évoluer à partir de la crise du 16 mai 1877, marquant un écart complet par rapport
aux lois de 1875.
➢Origine : 16 mai 1877 : La démission de Jules Simon, chef du gouvernement n'ayant plus la confiance du Président de droite
Mac Mahon, suite à un désaccord avec lui sur une initiative de la majorité de gauche à la Chambre des Députés.
➢La chambre, majoritairement de gauche, ayant une vision moniste, conteste la démission de Jules Simon, privilégiant la
confiance de la chambre sur celle du Président. Elle renverse le nouveau cabinet présidentiel.
➢Mac Mahon dissout la Chambre des Députés le 25 juin 1877, soutenu par le Sénat, mais les élections ramènent une majorité de
gauche, préservant l'appui du Sénat au Président.
➢Nouvelles élections du Sénat en 1879 étant majoritairement de gauche conduisant à la démission de Mac Mahon le 30 janvier
1879, établissant ainsi les deux chambres de gauche.

➢Succession de Jules Grévy 1879 : Élu par les deux chambres, Grévy annonce le 6 février 1879 son retrait des oppositions aux
institutions, se soumettant à la volonté nationale exprimée par les organes institutionnels.
➢Tournant Moniste : Suite au message de Grévy du 6 février 1879 adressé aux chambres, appelé « Constitution Grévy », le
Cabinet des ministres n'a plus besoin de la confiance du Président, mais plutôt celle du Parlement. De ce fait, il affirme le régime
parlementarisme moniste.

2. Les conséquences de la crise du 16 mai 1877 sur le fonctionnement constitutionnel du régime


➔Bien que non normatif, le message de Grévy rompt avec les lois de 1875, affirmant le caractère moniste du régime tout en
conservant son aspect parlementaire.
➔Rôle Préservé du Président :Malgré l'effacement politique, le président conserve un rôle d'arbitre, en détenant le pouvoir de
dissolution, dans un régime parlementaire moniste.
➔Évolution vers un Régime d'Assemblée : La pratique de la IIIe République ne suit pas strictement le modèle moniste prévu
par Grévy. Le régime évolue vers un régime d'Assemblée, qualifié de souveraineté parlementaire voire de parlementarisme absolu
(Carré Malberg).

a. La nature républicaine du régime confirmée et définitivement acquise


La nature républicaine du régime est confirmée et considérée comme définitivement acquise, écartant la question d'une
restauration monarchique.
Lois Importantes Confirmant la République :
✔Loi du 21 juin 1879 = Transfert officiel du pouvoir exécutif et des deux chambres de Versailles à Paris.
✔Article 2 de la Loi Constitutionnelle du 14 août 1884 = Modifie les lois de 1875, déclarant la forme républicaine du
gouvernement non révisable constitutionnellement. →reprise dans les Constitutions suivantes (art. 89 Constitution 58)

b. Le fonctionnement du régime après la Crise du 16 mai 1877 et le message de Grévy de 1879


→L’instabilité de la IIIème République instaurant le régime d’assemblée au profit du parlement :
(1)L’effacement politique du Président de la République :
•Changement dans l’exercice des prérogatives : Les Présidents, y compris Grévy, renoncent à utiliser directement leurs
prérogatives constitutionnelles tels que l'initiative des lois et le pouvoir réglementaire. Ces fonctions sont exercées pratiquement
par le gouvernement, formellement signées par le Président.
•Choix du Chef du Cabinet et l’investiture : Dès 1879, le Président choisit un chef de cabinet au sein de la majorité
parlementaire, qui forme ensuite son gouvernement. Les gouvernements ainsi formés sollicitent la confiance des 2 chambres.
Cette procédure d'investiture, non prévue dans les lois de 1875, renforce l'indépendance politique du gouvernement vis-à-vis du
Président.

(2)La désuétude complète du droit de dissolution :


•La déclaration de Grévy marque la désuétude du droit de dissolution conféré auparavant au Président. Sans le droit de
dissolution il n’y a pas de contrepoids à la responsabilité gouvernementale devant le parlement. Cela a conduit à un régime
d’assemblée, à une concentration des pouvoirs entre les mains du parlement.
•Les lois constitutionnelles de 1875 étant laconiques, ne précisaient pas comment mettre en cause la responsabilité du
gouvernement, conduisant ainsi à l’instabilité gouvernementale chronique dont la responsabilité est régulièrement mise en cause
par le parlement sans risque de dissolution en retour. → durée moyenne de maintien des 104 gouvernements sous la IIIe Rép était
de 6 mois.

(3)Multipartisme fort marquant un désordre politique et partisan sous la IIIe Rép :


•La confiscation du pouvoir par le Parlement et des questions politiques par les parties conduisent à l’éloignement des citoyens
des affaires politiques, marquant ensuite la IVe Rép.
•→ Pour autant, la IIIe Rép était une période libérale et de développement du droit dans le domaine de libertés publiques : loi sur
la liberté d’association, de presse… Malgré une instabilité gouvernementale, la stabilité administrative a permis un
fonctionnement relativement cohérent.

BILAN : Les changements post-1877 éloignent le régime dualiste initial vers un modèle où le gouvernement, indépendant du
Président, est responsable devant le Parlement, marquant une évolution vers un régime d'Assemblée.
→Fin de la IIIème Rép = 10 juillet 1940.

§2. La IVème République Entrée en vigueur = 27 octobre 1946.


Entre la IIIème et la IVème il y a eu la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Vichy, instauré en 1940, est suivi par des
gouvernements transitoires.
A. Les institutions de la IVème République
➢À la fin de la guerre, un référendum le 21 octobre 1945 décide du passage à la IVème République. Un premier projet
constitutionnel est rejeté en mai 1946, tandis qu'un second prévoyant l’attachement de la DDHC 1789 et des principes de la
République au préambule, est accepté le 13 octobre 1946, promulguant la Constitution le 27 octobre 1946.
➢Elle instaure un régime parlementaire bicaméral marqué par la volonté d'éviter un régime présidentiel et de préserver la
séparation souple des pouvoirs avec une collaboration, privilégiant le parlementarisme moniste sous la IVème République.

1. Structure du régime de la IVème République, les organes mis en place


(1)Parlement bicaméral (titre II constitution 1946)
Deux chambres : L’Assemblée nationale et le Conseil de la République, remplaçant le Sénat.
Toutefois, le bicamérisme est inégalitaire, car le Conseil n'a qu'un rôle consultatif. Il n'a pas le pouvoir de voter les lois, qui
relève exclusivement de l'Assemblée nationale selon l’article 13 de la Constitution.
La révision constitutionnelle de 1954 donne au Conseil un droit d'initiative en première lecture, et instaure une navette
législative limitée à 100 jours, mais au terme duquel la décision finale demeure néanmoins entre les mains de l'AN, et désormais
elle peut écarter les amendements du Conseil à la majorité relative.

(2)Exécutif bicéphale :
Composé du Président de la République et du Conseil des ministres.
Président de la République (titre V de la constitution 1946) :
•Élu par le Parlement pour un septennat.
•Pouvoirs classiques dans un régime parlementaire tels que la nomination aux pouvoirs publics, la ratification des
traités, la présidence du Conseil des ministres, la promulgation des lois, la possibilité de demander une nouvelle
délibération aux deux chambres par un message motivé, et l'envoi de messages au Parlement.
•Pouvoirs perdus : l’initiative des lois, le pouvoir réglementaire, le droit de dissolution, et la désignation du Président
du Conseil. Le Président propose le Premier ministre au début de chaque législature, ce dernier obtient l'investiture de
l’AN avant de sélectionner ses ministres. Ensuite, le Président de la République officialise leur nomination.
•Les actes du Président nécessitent la contre-signature du Président du Conseil et d'un ministre, assurant ainsi que ses
pouvoirs sont exercés avec leur accord.
•Le Président, bien que politiquement irresponsable comme sous la IIIe République, conserve une certaine influence
grâce à ses prérogatives et à sa présidence de divers Conseils.

Conseil des ministres (titre VI de la constitution 1946) :


•Le Conseil des ministres porte les attributions du Président du Conseil, soulignant sa prééminence sur les ministres.
Le Président du Conseil acquiert des prérogatives significatives, telles que la nomination à certains emplois, la
direction des forces armées, l'initiative des lois avec les parlementaires, et le pouvoir règlementaire.
→ Le droit de dissolution de l'AN est pratiquement transféré au Président du Conseil. Bien que formellement
prononcée et signée par le Président de la République, cette dissolution nécessite une décision préalable du Conseil
des ministres, un contreseing du Président du Conseil et l'avis du président de l'AN. Le Président de la République n'a
pas d'autorité politique pour opposer un veto à cette décision.

(3)Mise en place d’une réelle procédure d’investiture n’étant qu’une pratique sous la IIIème République :
La Constitution de la IVe République instaure une procédure d'investiture visant à réduire les crises gouvernementales et à
assurer une collaboration sereine entre le Conseil des Ministres et l'Assemblée nationale.
Procédure d’investiture : le Président du Conseil est désigné par le Président de la République selon l'article 45 de la
Constitution 1946. Ensuite, il expose son programme politique devant l'Assemblée nationale, sollicitant la confiance à la majorité
absolue, et une fois investi, il choisit ses ministres pour former son gouvernement, qui seront ensuite formellement nommés par le
Président de la République.
Toutefois, dès le premier gouvernement de la IVe République, la pratique de la double investiture émerge. Après avoir sollicité
la majorité absolue et constitué son gouvernement, le Président du Conseil se représente devant l'Assemblée nationale avec ses
ministres pour une seconde investiture, obtenue à la majorité simple.
✔Cette pratique signifiait une soumission du gouvernement au Parlement. Supprimée en 1954 par la révision constitutionnelle,
elle est remplacée par la présentation de l’ensemble du gouvernement devant l’Assemblée nationale pour obtenir une investiture à
la majorité simple, affaiblissant ainsi l’autorité du Président du Conseil, tant au sein du Conseil des Ministres que devant le
Parlement.
2. Les rapports entre les pouvoirs

Régime instauré par la Constitution 1946 est régime rationalisé.

B. La durée des fonctions du Président de la République


→ prévue à l’article 6 de la constitution, modifié en 2000, appliqué en 2002.

1. La durée du mandat du Président de la République

En 1958, le mandat présidentiel a été fixé à 7 ans, conformément à la Constitution républicaine et au rôle du président tel
qu'inspiré par le gaullisme. Cependant, cette durée a été remise en question sous la Vème République, et par la révision
constitutionnelle du 2 octobre 2000 adoptée par référendum, le mandat présidentiel a été réduit à 5 ans. Cette modification n'a pas
été appliquée au mandat de Chirac en cours, mais elle s'est appliquée à son second mandat en 2002.

a. Pourquoi réduire le mandat du Président de la République

Le mandat présidentiel a été réduit à cinq ans en 2000 pour mettre en conformité la durée du mandat du président avec la réalité
des pouvoirs qu'il exerce. Un mandat plus court est plus adapté au rôle de dirigeant politique qu'occupe le président, qui peut ainsi
se présenter régulièrement devant les électeurs et s'inscrire davantage dans l'action que dans la durée.

➢Cette réforme a été soutenue par l'évolution du rôle du président depuis le début de la Vème République, notamment avec
l'apparition du et du fait majoritaire, où le président peut disposer d'une majorité parlementaire qui lui permet d'appliquer son
programme sans avoir besoin de contraindre les parlementaires en utilisant les outils constitutionnels.

➢Le fait majoritaire, apparu en 1962, a été considéré comme parfait jusqu'en 1986. De Gaulle, élu en 1958 par un suffrage
universel indirect, a bénéficié du soutien du parlement jusqu'en 1955. En 1962, un désaccord avec la majorité parlementaire a
conduit à une dissolution pour que de Gaulle obtienne une majorité parlementaire alignée sur ses positions = crucial pour un
président de droite.
➢En 1968, De Gaulle a répété cette action conduisant à l’AN de droite, mais a échoué en 1969 au résultat du référendum
plébiscitaire , le conduisant à démissionner.

➢L'héritage de De Gaulle se poursuit avec Georges Pompidou, élu en 1969, qui profite d'une majorité parlementaire de droite.
Cette majorité reste en place lors des élections de 1973, ce qui lui permet de gouverner plus facilement. Pompidou décède en
1974, mettant fin à son mandat présidentiel.

➢En 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu Président et bénéficie d'une majorité parlementaire de droite élue en 1973 et
renouvelée en 1978. Cependant, cette majorité se révèle moins coopérative et plus difficile à gérer. Les deux principales forces de
droite étaient l'UDF, dirigée par Giscard d’Estaing lui-même, et le RPR, associé à Jacques Chirac. Cette divergence idéologique a
compliqué la cohésion au sein de la majorité.

Giscard d’Estaing nomme Jacques Chirac comme Premier ministre, espérant ainsi unir les forces de la droite. Cependant, les
désaccords politiques persistent en raison des différences entre ces deux formations politiques de droite. Cette tension aboutit à la
démission de Jacques Chirac en 1976, marquant une période plus difficile pour le président Giscard d’Estaing entre 1976 et
1981.

Cette complexité politique oblige les gouvernements suivants à recourir davantage à des outils constitutionnels pour rationaliser
la gouvernance parlementaire. Le fait majoritaire, qui avait été efficace précédemment, montre ses limites entre 1976 et 1981,
poussant donc Giscard d’Estaing à utiliser des outils constitutionnels, dont la contrainte sur le parlement.

➢L'élection de François Mitterrand en 1981, issu du PS, témoigne de sa compréhension du fait majoritaire, qu'il a habilement
utilisé dès son élection. Confronté à une AN de droite, élue en 1978, Mitterrand la dissous et demande aux Français de choisir un
parlement de gauche pour qu’il puisse concrétiser son programme sur la base duquel il a été élu.
✔En 1981, pour la première fois depuis la création de la Cinquième République, les mandats présidentiel et parlementaire
coïncidaient.
Cependant, cette synchronisation n'a pas duré, car le président est élu pour un mandat de 7 ans, tandis que l'AN a un mandat de 5
ans.
✔Les élections législatives de 1986 ont marqué le retour de la droite à la majorité.→François Mitterrand, devant encore exercer 2
années de son mandat, a choisi de rester président malgré cette situation, créant ainsi la cohabitation en 1986.

→Il a nommé un nouveau Premier ministre, Jacques Chirac, qui était le chef de la majorité parlementaire. Cette cohabitation a
donc également vu l'émergence d'un nouveau phénomène, le fait majoritaire primo ministériel, où la majorité parlementaire se
soumettait aux décisions du Premier ministre de la même manière qu'elle le faisait avec le Président.

(1)La première période de cohabitation, de 1986 à 1988, a été marquée par une pratique du régime qui s'est rapprochée de la
lettre de la Constitution. Le gouvernement a pris les rênes de la politique nationale, tandis que le président, bien qu'il n'ait plus
l'appui de la majorité parlementaire, a utilisé ses pouvoirs constitutionnels pour influencer le fonctionnement du régime : → il a
refusé de signer en Conseil des ministres des ordonnances de l'article 38 de la Constitution en se fondant sur l'article 5 qui fait de
lui le gardien de celle-ci. Il a également refusé de signer certains décrets et des nominations à des emplois publics. =>
Mitterrand considère qu’il existe un domaine réservé au PRD (=militaire et diplomatique) quelque soit la période ou le régime, et
en se fondant sur l’article 5 se voit accordé le rôle de garant de continuité de la nation.

(2)La deuxième période de cohabitation 1993-1995 :


→ En 1988, François Mitterrand a été réélu, il dissout l’AN et les Français lui accordent de nouveau une majorité parlementaire
de gauche, mais la faiblement majoritaire, PS ayant besoin de coalitions.
→1993 : AN de droite élue, ce qui dure jusqu’en 1995. Cette situation a conduit à une deuxième période de cohabitation, qui a
été moins conflictuelle que la première, car Mitterrand était malade et n'a pas cherché à embêter son Premier ministre.

(3)La troisième période de cohabitation 1997-2002 : En 1995, Jacques Chirac a été élu président, mais il a eu du mal à
contrôler une Assemblée de droite difficile. Malgré tout.
→ Dissolution ratée 1997 : un an avant les élections législatives, il dissout l'Assemblée, mais une Assemblée de gauche a été
élue, ouvrant une troisième période de cohabitation. Chirac se maintien avec une autorité politique à zéro.
→ Chirac va se fonder sur le domaine réservé au PRD et jouer un rôle diplomatique entre 1997-2002.
→Cette période a duré cinq ans, jusqu'aux élections législatives et présidentielles de 2002, et a été marquée par la mise en
place de réformes importantes par le Premier ministre Lionel Jospin, telles que les 35 heures et la réforme de la couverture
maladie universelle.

b. Les conséquences de quinquennat et les limites de la réforme de 2000


→ BUT de la réforme de 2000 instaurant le quinquennat : mettre en conformité la durée du mandat du président avec le rôle qu’il
exerce ; faire coïncider les mandats présidentiels et parlementaires, évitant ainsi les périodes de cohabitation et favorisant le fait
majoritaire au profit d’un PRD disposant d’une majorité à l’AN lui permettant de mettre en œuvre le programme sur la base
duquel il a été élu par le peuple.

➢Maîtrise du fait majoritaire : concordance des mandats présidentiels et parlementaires depuis les élections de 2002 (→réélection
de Chirac) : Confirmation que les Français élisent d’abord le président, puis donnent en général la majorité parlementaire à sa
formation politique :
→ 2007 : Sarkozy accompagné d’une majorité parlementaire de droite.
→ 2012 : François Hollande avec une majorité parlementaire passée à gauche.
→ 2017 : Emmanuel Macron a marqué un dépassement du clivage gauche-droite. Son mouvement, La République en Marche !,
devient majoritaire à l'Assemblée nationale.

MAIS :
➢Pas de garantie d’une majorité absolue au parlement : La bipolarisation de la vie politique, était autrefois plus nette entre la
droite et la gauche, mais les partis politiques sont devenus plus fragmentés, et les extrêmes ont gagné en importance. Ainsi, même
si les élections présidentielles et législatives se tiennent au même moment, il n'est pas garanti que le président nouvellement élu
obtienne une majorité franche au parlement.
➔EXEMPLE : en 2022, Emmanuel Macron a été réélu, mais il n'a pas obtenu de majorité parlementaire absolue à l'Assemblée
nationale, ce qui l'empêche de gouverner comme il le souhaite. De même, en 1988 et 1993, François Mitterrand n'avait pas de
majorité parlementaire, et en 2012, François Hollande a dû former des coalitions avec les écologistes après les élections
législatives.

➢Il ne faut pas désestimer le rôle du Sénat même s'il est du même bord politique que le Président :
De 2011 à 2014, le Sénat est passé à gauche, mais il a continué à contrarier les projets de François Hollande (de gauche),
montrant ainsi son importance en tant que contrepoids politique. Cette situation s'est ensuite inversée, le Sénat retournant à
droite, ce qui a compliqué les tentatives de révision constitutionnelle du Président Hollande.
En ce qui concerne la récente législation sur l'immigration, bien que le Sénat soit dominé par la droite traditionnelle, ce
n'était pas la position majoritaire du président, ce qui a conduit à un vote au Sénat suivi d'une décision du Conseil
constitutionnel. Pendant longtemps, le Sénat a été considéré comme inutile, ne faisant pas partie de la majorité
parlementaire, mais ce n'est pas le cas.

➢Le quinquennat présidentiel ne garantit pas l'absence de cohabitation : des événements tels que le décès, la démission, la
destitution ou la dissolution de l'Assemblée nationale peuvent rompre la concordance entre les mandats présidentiel et
parlementaire.
En cas de nouvelles élections présidentielles en cours de mandat parlementaire, le nouveau président pourrait dissoudre
l'Assemblée pour déclencher des élections législatives anticipées, mais cela dépendrait de la situation politique. Si le
nouveau président appartient au même camp que son prédécesseur, la dissolution de l'Assemblée serait difficile à justifier.
En revanche, si le nouveau président est d'un camp différent, il pourrait dissoudre l'Assemblée pour aligner les mandats
présidentiel et parlementaire.
La dissolution de l'Assemblée est devenue moins hypothétique ces dernières années. En cas de dissolution, plusieurs
scénarios sont possibles : des mandats disjoint, une nouvelle Assemblée alignée sur le président, ou une cohabitation avec
une Assemblée de sens contraire.

→ Actuellement, il y a une tendance à envisager un retour au septennat présidentiel en France pour répondre aux défis
politiques. Plusieurs propositions ont émergé :
• 1. Un septennat non renouvelable a été suggéré par un groupe de travail du Sénat pour contrer le présidentialisme
majoritaire. → pourtant dangereux, car il pourrait offrir une liberté totale au président sortant, sachant qu'il ne sera pas
réélu, conduisant potentiellement à un abus de pouvoir sachant qu’il ne sera pas jugé par les électeurs.

• 2. Une autre idée consiste à inverser le calendrier des élections, avec les législatives avant les présidentielles, afin de
renforcer la majorité parlementaire et de limiter le pouvoir présidentiel.

• 3. Emmanuel Macron a également plaidé en faveur d'un septennat, arguant que le quinquennat était trop court. Il a
proposé un système similaire à celui des États-Unis, avec des élections législatives organisées en milieu de mandat
présidentiel pour désynchroniser les scrutins présidentiels et législatifs.

→ Le quinquennat a renforcé le rôle de dirigeant politique du président, confirmé par une révision constitutionnelle en 2008
modifiant à nouveau l'article 6, qui a limité le mandat présidentiel à 2. Cependant, cela soulève 2 incohérences :

• 1. Le président conserve le droit de dissolution, qui est normalement un élément d'un régime parlementaire, ce qui le
place à la fois comme arbitre politique et dirigeant politique, ce qui est contradictoire.

• 2. Le président reste politiquement irresponsable, ce qui est en contradiction avec son rôle de dirigeant politique. Ces
dispositions sur la durée du mandat présidentiel semblent être en contradiction avec la Constitution.
2. La fin du mandat de Président de la République

L'article 7 de la Constitution française prévoit les cas de vacance et d'empêchement de la présidence de la République.

(1) La vacance peut être due à un décès, une démission (1969 de Gaulle) ou une destitution du président (art 68). Le
Conseil constitutionnel est chargé de constater la vacance, même si la Constitution ne le spécifie pas clairement.

(2) L'empêchement du président est constaté par le Conseil constitutionnel, comme le prévoit explicitement la Constitution.
Le gouvernement doit saisir le Conseil pour qu'il déclare l'empêchement du président, et le Conseil statue à la majorité
de ses membres.

Ces hypothèses impliquent que le président n'est plus en mesure d'exercer ses fonctions, que ce soit de manière temporaire ou
définitive.
Par exemple, si le président est enlevé mais vivant, le Conseil décide si c'est temporaire ou définitif.
Si le président a un cancer avec de bonnes chances de survie, le Conseil peut décider d'un empêchement temporaire.

Dans ces scénarios, le Président du Sénat assume temporairement les fonctions présidentielles. En son absence, cette
responsabilité revient au gouvernement.
 Le Président du Sénat est ainsi considéré comme le deuxième personnage de l'État et assure certaines fonctions
présidentielles, bien que certaines, telles que celles définies par les articles 11, 12 et 89, ne puissent être exercées
pendant cette période de suppléance : le référendum législatif, la dissolution de l'AN et la révision de la Constitution.

C. Le régime de la responsabilité du président de la République établi dans les articles 67 et 68 de la Constitution

Dans sa version initiale de 1958, l'article 68 traitait à la fois de la responsabilité du président et de la responsabilité pénale des
ministres. Mais, la révision constitutionnelle de 27 juillet 1993 a supprimé le second alinéa de l'article 68, créant ainsi les
articles 68-1 et s. dédiés exclusivement à la responsabilité pénale des ministres. Depuis lors, les articles 67 et 68 se concentrent
uniquement sur la responsabilité du président.

Initialement prévu en 1958 pour protéger le président dans ses missions de gardien de la Constitution, garant des intérêts
nationaux et arbitre des pouvoirs publics, le régime de responsabilité présidentielle était très protecteur.
 Mais, la loi constitutionnelle de 23 février 2007 est venue modifier, pas significativement, les articles 67 et 68,
confirmant l'irresponsabilité politique du président et réorganisant sa responsabilité pénale. Cette révision a été critiquée
pour ne pas avoir suffisamment rétabli la responsabilité politique du président.

→ La Constitution évoque 2 types de responsabilité : politique & pénale.

1. L’irresponsabilité politique du Président de la République

L'irresponsabilité politique du Président, inscrite à l'article 67 depuis 2007 (auparavant à l'article 68) disposant que le président
"n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité", sauf dans les cas spécifiés par les articles 53-2 et 68.
➢ L'article 53-2 concerne les cas où le président pourrait être traduit devant la CPI, tandis que l'article 68 introduit une
forme d'hypothèse de responsabilité hybride (entre pénale et constitutionnelle).

Avant 2007, l'irresponsabilité politique était implicitement présente dans l'ancien article 68, qui ne rendait le président
responsable des actes accomplis en cette qualité que "en cas de haute trahison".
Cette irresponsabilité politique est conforme au statut d'un chef d'État dans un régime parlementaire, où le président ne
conduit pas la politique de l'État et ne peut pas être renversé par une majorité parlementaire.
Cependant, ce principe d'irresponsabilité politique est en contradiction avec le rôle de dirigeant politique joué par le
président de la République depuis le début de la Vème République. => Le président détermine la politique nationale et
s'appuie sur la majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme, ce qui ne correspond pas à l'idée
d'irresponsabilité politique dans un régime parlementaire.
Contrairement aux IIIe et IVe Républiques, où les présidents étaient responsables avec un contreseing obligatoire de
tous ses actes, sous la 5e République, le président a des pouvoirs propres, sans contreseing, personne n’endossant
aucune responsabilité.

Il y a deux façons de voir l'irresponsabilité politique du président :

(1) Certains estiment que cette irresponsabilité est anormale, car un dirigeant politique devrait être responsable de ses choix
et de ses décisions politiques dans une démocratie et dans un État de droit.

(2) D'autres pensent que cette irresponsabilité est nécessaire et même vertueuse, car elle permet au président de prendre des
décisions politiques fortes et controversées qu'il n'aurait pas pu prendre s'il était politiquement responsable. Cela lui
donne l'indépendance nécessaire pour jouer son rôle de garant des intérêts nationaux, même s'il est un dirigeant
politique. Ex : lors de la crise de la Covid-19 2021 la décision du président de reconfinement critiquée.
Des moyens pour corriger l'irresponsabilité politique du président de la République ?
➢ La responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, qui ne fonctionne pas vraiment car le président n'est
pas obligé de démissionner. Ex : en 2016, François Hollande a tenté de réviser la constitution pour y inscrire le principe
de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité. Face à l'opposition de l'Assemblée nationale de gauche, Manuel Valls,
Premier ministre, a indiqué aux députés que s'ils s'opposaient au texte, ils s'opposaient au président.
➢ La responsabilité politico-populaire, qui voudrait que le président démissionne s'il est désavoué par le peuple (ex : lors
des élections législatives) mais De Gaulle a été le seul président de la Ve République ayant appliqué cette logique, en
démissionnant après un plébiscite en 1969. Or, en 1986, l'assemblée de droite a été élue, mais le président François
Mitterrand est resté, créant une cohabitation. En 1997, Chirac est resté président malgré un désaveu électoral.
➢ Une solution possible serait une responsabilité hybride(=constitutionnelle), envisagée en 2007 mais n'a pas été mise en
place complètement, et on est passé en aménageant la responsabilisé pénale.

2. L’immunité pénale et le privilège de juridiction du Président de la République


a) Le régime de responsabilité avant 2007
Avant 2007, le régime de responsabilité du président de la République était imprécis. L'ancien article 68 de la constitution ne
prévoyait la responsabilité pénale du président que pour haute trahison dont la définition n’a pas été donnée. La Haute Cour de
justice, prévue à l’époque dans l’article 67, composée de 12 députés et de 12 sénateurs, était chargée de juger le président, mais
ces dispositions n'ont jamais été appliquées. →avant 1993 la haute cour de justice était aussi compétente pour juger les ministres en
matière de la responsabilité pénale.

La révision de 2007 visait à clarifier ce régime de responsabilité, notamment en délimitant les actes concernés.
La question des actes accomplis dans l'exercice des fonctions et en dehors des fonctions a été soulevée, notamment en 1999 lors
des affaires impliquant Jacques Chirac avant sa présidence en tant que maire de Pairs.
➔ Le Conseil constitutionnel, qui dans une décision du 22 janvier 1999 statuant sur la CPI a étendu le privilège de la
juridiction du président d’être jugé par la Haute Cour de Justice aux actes accomplis en dehors de ses fonctions ; et la
Cour de cassation dans un arrêt Breisacher du 10 octobre 2001, ont interprété l'article 68 différemment, mais la
commission Avril mise en place par Chirac en 2002 réfléchissant au projet de révision constitutionnel et la révision
constitutionnelle du 23 février 2007 ont finalement adopté une solution similaire à celle de la Cour de cassation,
suspendant les poursuites pendant le mandat présidentiel.

b) Révision de 2007 modifiant les articles 67 et 68 de la Constitution


La solution de 2007 a été progressivement adoptée : le président Jacques Chirac a créé la commission présidée par Pierre Avril
en 2002, laquelle s'est inspirée des idées de la Cour de cassation. Les conclusions de cette commission ont largement été reprises
par la révision constitutionnelle du 23 février 2007. Cependant, cette réforme a été considérée comme inefficace, et même
annoncée pour être réformée par le président François Hollande, mais en vain.
Les articles 67 et 68 modifiés par cette révision :
➢Désormais, l'article 67 établit le principe de l'irresponsabilité du président pour les actes accomplis dans l'exercice de ses
fonctions, avec deux exceptions : l'article 53-2 (issu d’une révision du 8 juillet 1999), qui le rend justiciable devant la Cour
pénale internationale, et l'article 68, qui vise les manquements à ses devoirs manifestement incompatibles avec son mandat.

➢De plus, la révision a introduit dans l’article 67 un régime de protection du président pour les actes réalisés en dehors de ses
fonctions ou avant son mandat, offrant une immunité pendant sa présidence → l'absence de témoignage et d'actions en justice
requis, et la suspension des délais de prescription et de forclusion, les procédures pouvant être reprises devant les juridictions
ordinaires un mois après la fin de son mandat.
Critiques :

La procédure suscite des désaccords et des critiques, notamment sur le plan pénal. Elle limite la possibilité de juger et de punir un
Président dans un délai raisonnable, ce qui peut rendre la pertinence et l'efficacité des sanctions discutables, surtout si les faits
sont anciens.
Dans l'affaire Chirac, le jugement du TGI de Paris est intervenu le 15 décembre 2011, soit plus de 12 ans après les faits. La
maladie de Chirac et son statut de président ont semblé influencer la peine. Le jugement de Nicolas Sarkozy en 2021 a également
montré que le fait d'être président n'était pas neutre dans l'évaluation de la peine, qui était plus ferme (3 ans de prison), prenant en
compte les faits commis pendant qu’il était président même si c’était en dehors de ses fonctions. En somme, le système de
l'article 67 semble poser des problèmes.

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