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Sous la Vème République on met en place une vrai République parlementaire pour la première fois depuis la IIIème République.
Proclamation de la IIIème République a eu lieu le 4 septembre 1870 suite à la défaite de Napoléon III à Sédan. Son
établissement marque la fin du Second Empire.
=> A l’époque il y a toujours la confrontation entre les Républicains et les Monarchistes.
→ En 1871, un régime transitoire d'Assemblée est instauré, attribuant tous les pouvoirs à une Assemblée élue.
Adolphe Thiers →
Le pacte de Bordeaux du 17 février 1871 désigne Adolphe Thiers chef de l'exécutif, recevant l'intégralité du pouvoir exécutif
délégué par l'Assemblée.
Par la loi Rivet du 31 août 1871, il devient également Président de la République française, cumulant ainsi les fonctions de chef
de l’État et de chef de gouvernement. Malgré cette délégation de pouvoir, Thiers reste responsable devant l'Assemblée, créant
une confusion des pouvoirs.
→ Les tensions entre Thiers et les députés augmentent dans un contexte d'incertitude entre le régime républicain et monarchiste.
Les monarchistes, bien que théoriquement dans une république, cherchent à rétablir la monarchie, entraînant l'adoption de lois
limitant le pouvoir présidentiel. => Cette situation conduit à la démission de Thiers le 24 mai 1873.
Mac Mahon →
L'Assemblée confie alors le pouvoir exécutif au maréchal de Mac Mahon, devenu Président de la République dans les mêmes
conditions que Thiers.
La loi du 20 novembre 1873 instaure le septennat, fixant la durée du mandat présidentiel à 7 ans, une période considérée comme
suffisamment longue. Cette durée reflète la volonté de restaurer la monarchie, Mac Mahon étant monarchiste.
=> Le régime parlementaire moniste émerge, où le Président est politiquement irresponsable devant l'Assemblée, gouvernant par
l'intermédiaire de ministres responsables devant l'Assemblée. Cette structure influence les Constitutions de 1875 et jette les
bases des lois de la IIIe République.
➢ En 1871, l'Assemblée nationale, après la proclamation de la République, ne clarifie pas son rôle constitutionnel. Au lieu d'une
constitution formelle, des lois constitutionnelles sont adoptées lentement, résultant de compromis entre monarchistes et
républicains.
➢ Les Trois lois constitutionnelles de 1875 émergent, traitant de l'organisation du Sénat, du pouvoir public, et des rapports entre
pouvoirs publics.
➢ L'amendement Wallon du 30 janvier 1875 établit de manière indirecte la République, créant la fonction présidentielle par un vote
serré. → En janvier 1875, la nature provisoire des lois est évidente.
Le vote sur la loi du Sénat précède celle sur l'organisation du pouvoir public, le bicamérisme étant un compromis crucial
entre républicains et monarchistes. Les monarchistes acceptent la République en échange du Sénat, créant une Chambre
monarchiste dans une République, une situation qui perdure.
(2)Responsabilité des ministres choisis par le Président de la République, devant les deux chambres, qui peuvent amener le
gouvernement à démissionner.
→ Le président ne peut être contraint à la démission par les chambres, étant politiquement irresponsable, mais il est responsable
pénalement devant le Sénat transformé en Cours de Justice. Il peut dissoudre la Chambre des Députés après avis conforme du
Sénat. Il est le chef de l’exécutif dualiste, car ses actes sont contresignés par un ministre qui endosse sa responsabilité devant les 2
chambres.
→ Le Sénat, fort et non dissoluble, crée un déséquilibre institutionnel en faveur de ce dernier. → L’initiative de loi réservée aux
2 chambres et au Président de la République.
Bien que le régime soit constitutionnellement parlementaire dualiste, le gouvernement est peu défini dans les lois de 1875. Les
ministres, responsables devant les deux chambres et le président, forment plutôt un cabinet choisi par ce dernier. L'expression
"président du Conseil des Ministres" apparaît en 1876 avec Jules Dufaure, qui sera officialisée par la Constitution en 1934.
Cependant, le régime évolue, accentuant les déséquilibres en faveur du Sénat au détriment du président, perdant ainsi en
importance.
➢Succession de Jules Grévy 1879 : Élu par les deux chambres, Grévy annonce le 6 février 1879 son retrait des oppositions aux
institutions, se soumettant à la volonté nationale exprimée par les organes institutionnels.
➢Tournant Moniste : Suite au message de Grévy du 6 février 1879 adressé aux chambres, appelé « Constitution Grévy », le
Cabinet des ministres n'a plus besoin de la confiance du Président, mais plutôt celle du Parlement. De ce fait, il affirme le régime
parlementarisme moniste.
BILAN : Les changements post-1877 éloignent le régime dualiste initial vers un modèle où le gouvernement, indépendant du
Président, est responsable devant le Parlement, marquant une évolution vers un régime d'Assemblée.
→Fin de la IIIème Rép = 10 juillet 1940.
(2)Exécutif bicéphale :
Composé du Président de la République et du Conseil des ministres.
Président de la République (titre V de la constitution 1946) :
•Élu par le Parlement pour un septennat.
•Pouvoirs classiques dans un régime parlementaire tels que la nomination aux pouvoirs publics, la ratification des
traités, la présidence du Conseil des ministres, la promulgation des lois, la possibilité de demander une nouvelle
délibération aux deux chambres par un message motivé, et l'envoi de messages au Parlement.
•Pouvoirs perdus : l’initiative des lois, le pouvoir réglementaire, le droit de dissolution, et la désignation du Président
du Conseil. Le Président propose le Premier ministre au début de chaque législature, ce dernier obtient l'investiture de
l’AN avant de sélectionner ses ministres. Ensuite, le Président de la République officialise leur nomination.
•Les actes du Président nécessitent la contre-signature du Président du Conseil et d'un ministre, assurant ainsi que ses
pouvoirs sont exercés avec leur accord.
•Le Président, bien que politiquement irresponsable comme sous la IIIe République, conserve une certaine influence
grâce à ses prérogatives et à sa présidence de divers Conseils.
(3)Mise en place d’une réelle procédure d’investiture n’étant qu’une pratique sous la IIIème République :
La Constitution de la IVe République instaure une procédure d'investiture visant à réduire les crises gouvernementales et à
assurer une collaboration sereine entre le Conseil des Ministres et l'Assemblée nationale.
Procédure d’investiture : le Président du Conseil est désigné par le Président de la République selon l'article 45 de la
Constitution 1946. Ensuite, il expose son programme politique devant l'Assemblée nationale, sollicitant la confiance à la majorité
absolue, et une fois investi, il choisit ses ministres pour former son gouvernement, qui seront ensuite formellement nommés par le
Président de la République.
Toutefois, dès le premier gouvernement de la IVe République, la pratique de la double investiture émerge. Après avoir sollicité
la majorité absolue et constitué son gouvernement, le Président du Conseil se représente devant l'Assemblée nationale avec ses
ministres pour une seconde investiture, obtenue à la majorité simple.
✔Cette pratique signifiait une soumission du gouvernement au Parlement. Supprimée en 1954 par la révision constitutionnelle,
elle est remplacée par la présentation de l’ensemble du gouvernement devant l’Assemblée nationale pour obtenir une investiture à
la majorité simple, affaiblissant ainsi l’autorité du Président du Conseil, tant au sein du Conseil des Ministres que devant le
Parlement.
2. Les rapports entre les pouvoirs
En 1958, le mandat présidentiel a été fixé à 7 ans, conformément à la Constitution républicaine et au rôle du président tel
qu'inspiré par le gaullisme. Cependant, cette durée a été remise en question sous la Vème République, et par la révision
constitutionnelle du 2 octobre 2000 adoptée par référendum, le mandat présidentiel a été réduit à 5 ans. Cette modification n'a pas
été appliquée au mandat de Chirac en cours, mais elle s'est appliquée à son second mandat en 2002.
Le mandat présidentiel a été réduit à cinq ans en 2000 pour mettre en conformité la durée du mandat du président avec la réalité
des pouvoirs qu'il exerce. Un mandat plus court est plus adapté au rôle de dirigeant politique qu'occupe le président, qui peut ainsi
se présenter régulièrement devant les électeurs et s'inscrire davantage dans l'action que dans la durée.
➢Cette réforme a été soutenue par l'évolution du rôle du président depuis le début de la Vème République, notamment avec
l'apparition du et du fait majoritaire, où le président peut disposer d'une majorité parlementaire qui lui permet d'appliquer son
programme sans avoir besoin de contraindre les parlementaires en utilisant les outils constitutionnels.
➢Le fait majoritaire, apparu en 1962, a été considéré comme parfait jusqu'en 1986. De Gaulle, élu en 1958 par un suffrage
universel indirect, a bénéficié du soutien du parlement jusqu'en 1955. En 1962, un désaccord avec la majorité parlementaire a
conduit à une dissolution pour que de Gaulle obtienne une majorité parlementaire alignée sur ses positions = crucial pour un
président de droite.
➢En 1968, De Gaulle a répété cette action conduisant à l’AN de droite, mais a échoué en 1969 au résultat du référendum
plébiscitaire , le conduisant à démissionner.
➢L'héritage de De Gaulle se poursuit avec Georges Pompidou, élu en 1969, qui profite d'une majorité parlementaire de droite.
Cette majorité reste en place lors des élections de 1973, ce qui lui permet de gouverner plus facilement. Pompidou décède en
1974, mettant fin à son mandat présidentiel.
➢En 1974, Valéry Giscard d’Estaing est élu Président et bénéficie d'une majorité parlementaire de droite élue en 1973 et
renouvelée en 1978. Cependant, cette majorité se révèle moins coopérative et plus difficile à gérer. Les deux principales forces de
droite étaient l'UDF, dirigée par Giscard d’Estaing lui-même, et le RPR, associé à Jacques Chirac. Cette divergence idéologique a
compliqué la cohésion au sein de la majorité.
Giscard d’Estaing nomme Jacques Chirac comme Premier ministre, espérant ainsi unir les forces de la droite. Cependant, les
désaccords politiques persistent en raison des différences entre ces deux formations politiques de droite. Cette tension aboutit à la
démission de Jacques Chirac en 1976, marquant une période plus difficile pour le président Giscard d’Estaing entre 1976 et
1981.
Cette complexité politique oblige les gouvernements suivants à recourir davantage à des outils constitutionnels pour rationaliser
la gouvernance parlementaire. Le fait majoritaire, qui avait été efficace précédemment, montre ses limites entre 1976 et 1981,
poussant donc Giscard d’Estaing à utiliser des outils constitutionnels, dont la contrainte sur le parlement.
➢L'élection de François Mitterrand en 1981, issu du PS, témoigne de sa compréhension du fait majoritaire, qu'il a habilement
utilisé dès son élection. Confronté à une AN de droite, élue en 1978, Mitterrand la dissous et demande aux Français de choisir un
parlement de gauche pour qu’il puisse concrétiser son programme sur la base duquel il a été élu.
✔En 1981, pour la première fois depuis la création de la Cinquième République, les mandats présidentiel et parlementaire
coïncidaient.
Cependant, cette synchronisation n'a pas duré, car le président est élu pour un mandat de 7 ans, tandis que l'AN a un mandat de 5
ans.
✔Les élections législatives de 1986 ont marqué le retour de la droite à la majorité.→François Mitterrand, devant encore exercer 2
années de son mandat, a choisi de rester président malgré cette situation, créant ainsi la cohabitation en 1986.
→Il a nommé un nouveau Premier ministre, Jacques Chirac, qui était le chef de la majorité parlementaire. Cette cohabitation a
donc également vu l'émergence d'un nouveau phénomène, le fait majoritaire primo ministériel, où la majorité parlementaire se
soumettait aux décisions du Premier ministre de la même manière qu'elle le faisait avec le Président.
(1)La première période de cohabitation, de 1986 à 1988, a été marquée par une pratique du régime qui s'est rapprochée de la
lettre de la Constitution. Le gouvernement a pris les rênes de la politique nationale, tandis que le président, bien qu'il n'ait plus
l'appui de la majorité parlementaire, a utilisé ses pouvoirs constitutionnels pour influencer le fonctionnement du régime : → il a
refusé de signer en Conseil des ministres des ordonnances de l'article 38 de la Constitution en se fondant sur l'article 5 qui fait de
lui le gardien de celle-ci. Il a également refusé de signer certains décrets et des nominations à des emplois publics. =>
Mitterrand considère qu’il existe un domaine réservé au PRD (=militaire et diplomatique) quelque soit la période ou le régime, et
en se fondant sur l’article 5 se voit accordé le rôle de garant de continuité de la nation.
(3)La troisième période de cohabitation 1997-2002 : En 1995, Jacques Chirac a été élu président, mais il a eu du mal à
contrôler une Assemblée de droite difficile. Malgré tout.
→ Dissolution ratée 1997 : un an avant les élections législatives, il dissout l'Assemblée, mais une Assemblée de gauche a été
élue, ouvrant une troisième période de cohabitation. Chirac se maintien avec une autorité politique à zéro.
→ Chirac va se fonder sur le domaine réservé au PRD et jouer un rôle diplomatique entre 1997-2002.
→Cette période a duré cinq ans, jusqu'aux élections législatives et présidentielles de 2002, et a été marquée par la mise en
place de réformes importantes par le Premier ministre Lionel Jospin, telles que les 35 heures et la réforme de la couverture
maladie universelle.
➢Maîtrise du fait majoritaire : concordance des mandats présidentiels et parlementaires depuis les élections de 2002 (→réélection
de Chirac) : Confirmation que les Français élisent d’abord le président, puis donnent en général la majorité parlementaire à sa
formation politique :
→ 2007 : Sarkozy accompagné d’une majorité parlementaire de droite.
→ 2012 : François Hollande avec une majorité parlementaire passée à gauche.
→ 2017 : Emmanuel Macron a marqué un dépassement du clivage gauche-droite. Son mouvement, La République en Marche !,
devient majoritaire à l'Assemblée nationale.
MAIS :
➢Pas de garantie d’une majorité absolue au parlement : La bipolarisation de la vie politique, était autrefois plus nette entre la
droite et la gauche, mais les partis politiques sont devenus plus fragmentés, et les extrêmes ont gagné en importance. Ainsi, même
si les élections présidentielles et législatives se tiennent au même moment, il n'est pas garanti que le président nouvellement élu
obtienne une majorité franche au parlement.
➔EXEMPLE : en 2022, Emmanuel Macron a été réélu, mais il n'a pas obtenu de majorité parlementaire absolue à l'Assemblée
nationale, ce qui l'empêche de gouverner comme il le souhaite. De même, en 1988 et 1993, François Mitterrand n'avait pas de
majorité parlementaire, et en 2012, François Hollande a dû former des coalitions avec les écologistes après les élections
législatives.
➢Il ne faut pas désestimer le rôle du Sénat même s'il est du même bord politique que le Président :
De 2011 à 2014, le Sénat est passé à gauche, mais il a continué à contrarier les projets de François Hollande (de gauche),
montrant ainsi son importance en tant que contrepoids politique. Cette situation s'est ensuite inversée, le Sénat retournant à
droite, ce qui a compliqué les tentatives de révision constitutionnelle du Président Hollande.
En ce qui concerne la récente législation sur l'immigration, bien que le Sénat soit dominé par la droite traditionnelle, ce
n'était pas la position majoritaire du président, ce qui a conduit à un vote au Sénat suivi d'une décision du Conseil
constitutionnel. Pendant longtemps, le Sénat a été considéré comme inutile, ne faisant pas partie de la majorité
parlementaire, mais ce n'est pas le cas.
➢Le quinquennat présidentiel ne garantit pas l'absence de cohabitation : des événements tels que le décès, la démission, la
destitution ou la dissolution de l'Assemblée nationale peuvent rompre la concordance entre les mandats présidentiel et
parlementaire.
En cas de nouvelles élections présidentielles en cours de mandat parlementaire, le nouveau président pourrait dissoudre
l'Assemblée pour déclencher des élections législatives anticipées, mais cela dépendrait de la situation politique. Si le
nouveau président appartient au même camp que son prédécesseur, la dissolution de l'Assemblée serait difficile à justifier.
En revanche, si le nouveau président est d'un camp différent, il pourrait dissoudre l'Assemblée pour aligner les mandats
présidentiel et parlementaire.
La dissolution de l'Assemblée est devenue moins hypothétique ces dernières années. En cas de dissolution, plusieurs
scénarios sont possibles : des mandats disjoint, une nouvelle Assemblée alignée sur le président, ou une cohabitation avec
une Assemblée de sens contraire.
→ Actuellement, il y a une tendance à envisager un retour au septennat présidentiel en France pour répondre aux défis
politiques. Plusieurs propositions ont émergé :
• 1. Un septennat non renouvelable a été suggéré par un groupe de travail du Sénat pour contrer le présidentialisme
majoritaire. → pourtant dangereux, car il pourrait offrir une liberté totale au président sortant, sachant qu'il ne sera pas
réélu, conduisant potentiellement à un abus de pouvoir sachant qu’il ne sera pas jugé par les électeurs.
• 2. Une autre idée consiste à inverser le calendrier des élections, avec les législatives avant les présidentielles, afin de
renforcer la majorité parlementaire et de limiter le pouvoir présidentiel.
• 3. Emmanuel Macron a également plaidé en faveur d'un septennat, arguant que le quinquennat était trop court. Il a
proposé un système similaire à celui des États-Unis, avec des élections législatives organisées en milieu de mandat
présidentiel pour désynchroniser les scrutins présidentiels et législatifs.
→ Le quinquennat a renforcé le rôle de dirigeant politique du président, confirmé par une révision constitutionnelle en 2008
modifiant à nouveau l'article 6, qui a limité le mandat présidentiel à 2. Cependant, cela soulève 2 incohérences :
• 1. Le président conserve le droit de dissolution, qui est normalement un élément d'un régime parlementaire, ce qui le
place à la fois comme arbitre politique et dirigeant politique, ce qui est contradictoire.
• 2. Le président reste politiquement irresponsable, ce qui est en contradiction avec son rôle de dirigeant politique. Ces
dispositions sur la durée du mandat présidentiel semblent être en contradiction avec la Constitution.
2. La fin du mandat de Président de la République
L'article 7 de la Constitution française prévoit les cas de vacance et d'empêchement de la présidence de la République.
(1) La vacance peut être due à un décès, une démission (1969 de Gaulle) ou une destitution du président (art 68). Le
Conseil constitutionnel est chargé de constater la vacance, même si la Constitution ne le spécifie pas clairement.
(2) L'empêchement du président est constaté par le Conseil constitutionnel, comme le prévoit explicitement la Constitution.
Le gouvernement doit saisir le Conseil pour qu'il déclare l'empêchement du président, et le Conseil statue à la majorité
de ses membres.
Ces hypothèses impliquent que le président n'est plus en mesure d'exercer ses fonctions, que ce soit de manière temporaire ou
définitive.
Par exemple, si le président est enlevé mais vivant, le Conseil décide si c'est temporaire ou définitif.
Si le président a un cancer avec de bonnes chances de survie, le Conseil peut décider d'un empêchement temporaire.
Dans ces scénarios, le Président du Sénat assume temporairement les fonctions présidentielles. En son absence, cette
responsabilité revient au gouvernement.
Le Président du Sénat est ainsi considéré comme le deuxième personnage de l'État et assure certaines fonctions
présidentielles, bien que certaines, telles que celles définies par les articles 11, 12 et 89, ne puissent être exercées
pendant cette période de suppléance : le référendum législatif, la dissolution de l'AN et la révision de la Constitution.
Dans sa version initiale de 1958, l'article 68 traitait à la fois de la responsabilité du président et de la responsabilité pénale des
ministres. Mais, la révision constitutionnelle de 27 juillet 1993 a supprimé le second alinéa de l'article 68, créant ainsi les
articles 68-1 et s. dédiés exclusivement à la responsabilité pénale des ministres. Depuis lors, les articles 67 et 68 se concentrent
uniquement sur la responsabilité du président.
Initialement prévu en 1958 pour protéger le président dans ses missions de gardien de la Constitution, garant des intérêts
nationaux et arbitre des pouvoirs publics, le régime de responsabilité présidentielle était très protecteur.
Mais, la loi constitutionnelle de 23 février 2007 est venue modifier, pas significativement, les articles 67 et 68,
confirmant l'irresponsabilité politique du président et réorganisant sa responsabilité pénale. Cette révision a été critiquée
pour ne pas avoir suffisamment rétabli la responsabilité politique du président.
L'irresponsabilité politique du Président, inscrite à l'article 67 depuis 2007 (auparavant à l'article 68) disposant que le président
"n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité", sauf dans les cas spécifiés par les articles 53-2 et 68.
➢ L'article 53-2 concerne les cas où le président pourrait être traduit devant la CPI, tandis que l'article 68 introduit une
forme d'hypothèse de responsabilité hybride (entre pénale et constitutionnelle).
Avant 2007, l'irresponsabilité politique était implicitement présente dans l'ancien article 68, qui ne rendait le président
responsable des actes accomplis en cette qualité que "en cas de haute trahison".
Cette irresponsabilité politique est conforme au statut d'un chef d'État dans un régime parlementaire, où le président ne
conduit pas la politique de l'État et ne peut pas être renversé par une majorité parlementaire.
Cependant, ce principe d'irresponsabilité politique est en contradiction avec le rôle de dirigeant politique joué par le
président de la République depuis le début de la Vème République. => Le président détermine la politique nationale et
s'appuie sur la majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme, ce qui ne correspond pas à l'idée
d'irresponsabilité politique dans un régime parlementaire.
Contrairement aux IIIe et IVe Républiques, où les présidents étaient responsables avec un contreseing obligatoire de
tous ses actes, sous la 5e République, le président a des pouvoirs propres, sans contreseing, personne n’endossant
aucune responsabilité.
(1) Certains estiment que cette irresponsabilité est anormale, car un dirigeant politique devrait être responsable de ses choix
et de ses décisions politiques dans une démocratie et dans un État de droit.
(2) D'autres pensent que cette irresponsabilité est nécessaire et même vertueuse, car elle permet au président de prendre des
décisions politiques fortes et controversées qu'il n'aurait pas pu prendre s'il était politiquement responsable. Cela lui
donne l'indépendance nécessaire pour jouer son rôle de garant des intérêts nationaux, même s'il est un dirigeant
politique. Ex : lors de la crise de la Covid-19 2021 la décision du président de reconfinement critiquée.
Des moyens pour corriger l'irresponsabilité politique du président de la République ?
➢ La responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, qui ne fonctionne pas vraiment car le président n'est
pas obligé de démissionner. Ex : en 2016, François Hollande a tenté de réviser la constitution pour y inscrire le principe
de l'état d'urgence et la déchéance de nationalité. Face à l'opposition de l'Assemblée nationale de gauche, Manuel Valls,
Premier ministre, a indiqué aux députés que s'ils s'opposaient au texte, ils s'opposaient au président.
➢ La responsabilité politico-populaire, qui voudrait que le président démissionne s'il est désavoué par le peuple (ex : lors
des élections législatives) mais De Gaulle a été le seul président de la Ve République ayant appliqué cette logique, en
démissionnant après un plébiscite en 1969. Or, en 1986, l'assemblée de droite a été élue, mais le président François
Mitterrand est resté, créant une cohabitation. En 1997, Chirac est resté président malgré un désaveu électoral.
➢ Une solution possible serait une responsabilité hybride(=constitutionnelle), envisagée en 2007 mais n'a pas été mise en
place complètement, et on est passé en aménageant la responsabilisé pénale.
La révision de 2007 visait à clarifier ce régime de responsabilité, notamment en délimitant les actes concernés.
La question des actes accomplis dans l'exercice des fonctions et en dehors des fonctions a été soulevée, notamment en 1999 lors
des affaires impliquant Jacques Chirac avant sa présidence en tant que maire de Pairs.
➔ Le Conseil constitutionnel, qui dans une décision du 22 janvier 1999 statuant sur la CPI a étendu le privilège de la
juridiction du président d’être jugé par la Haute Cour de Justice aux actes accomplis en dehors de ses fonctions ; et la
Cour de cassation dans un arrêt Breisacher du 10 octobre 2001, ont interprété l'article 68 différemment, mais la
commission Avril mise en place par Chirac en 2002 réfléchissant au projet de révision constitutionnel et la révision
constitutionnelle du 23 février 2007 ont finalement adopté une solution similaire à celle de la Cour de cassation,
suspendant les poursuites pendant le mandat présidentiel.
➢De plus, la révision a introduit dans l’article 67 un régime de protection du président pour les actes réalisés en dehors de ses
fonctions ou avant son mandat, offrant une immunité pendant sa présidence → l'absence de témoignage et d'actions en justice
requis, et la suspension des délais de prescription et de forclusion, les procédures pouvant être reprises devant les juridictions
ordinaires un mois après la fin de son mandat.
Critiques :
La procédure suscite des désaccords et des critiques, notamment sur le plan pénal. Elle limite la possibilité de juger et de punir un
Président dans un délai raisonnable, ce qui peut rendre la pertinence et l'efficacité des sanctions discutables, surtout si les faits
sont anciens.
Dans l'affaire Chirac, le jugement du TGI de Paris est intervenu le 15 décembre 2011, soit plus de 12 ans après les faits. La
maladie de Chirac et son statut de président ont semblé influencer la peine. Le jugement de Nicolas Sarkozy en 2021 a également
montré que le fait d'être président n'était pas neutre dans l'évaluation de la peine, qui était plus ferme (3 ans de prison), prenant en
compte les faits commis pendant qu’il était président même si c’était en dehors de ses fonctions. En somme, le système de
l'article 67 semble poser des problèmes.