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Histoire politique de la France des 3ème et 4ème Républiques

Chapitre 1. L’établissement de la IIIème République

Défaite de Sedan détruit le 2nd Empire et l’image de la FR dominante. 4 septembre 1870 :


République proclamée à Paris => fictif, théorique car FR occupée par l’armée prussienne.

A. Le gouvernement de Thiers

a) Les débuts

Bismarck veut signer la paix avec la France et va exiger l’élection d’une assemblée nationale.
28 janvier 1871 : armistice avec la Prusse => élection d’une assemblée. La campagne
électorale oppose 2 groupes de liste : les républicains divisés sur le pb de la paix = modérés //
radicaux (Gambetta) & les conservateurs partisans de la paix = légitimistes // orléanistes.
Élection = referendum sur la guerre et la paix. 2 hommes incarnent ces 2 tendances : Léon
Gambetta (Républicain) et Thiers (conservateur orléaniste = monarchie libérale).
Février 1871 : élections de 630 députés => 400 monarchistes : légitimistes fidèles du comte
de Chambord et orléanistes partisans du comte de Paris. Trentaine de députés bonapartistes et
200 Républicains = maj de modérés (Jules GREVY, Jules FERRY, Jules SIMON) et qq
radicaux.
Répu élus dans les villes et conservateurs dans les campagnes (paysan veut la paix).

17 février 1871 : élection de Thiers à l’unanimité « chef du pv exécutif de la République


FR ».
Il va négocier avec Bismarck pour faire la paix => signature des préliminaires de paix avec la
Prusse : Alsace & Moselle deviennent territoires allemands.
 opposition des gambettistes.

Espoir d’une restauration monarchique mais quel roi choisir ? DONC maj royaliste laisse
Thiers à la tête de l’exécutif de façon provisoire. Pacte de Bordeaux = Thiers s’engage à ne
pas prendre parti sur le régime futur.

b) La commune ou le conflit entre l’Assemblée et Paris (révolte du peuple de Paris)

-Les causes :
 Forte tradition révolutionnaire à Paris (prise de la Bastille...)
 État moral des parisiens : exaspérés et armés (fusils et canons cachés à Belleville et
Montmartre) => conditions de vie difficile, occupation de Paris
 Maladresses de l’AN : mesures fiscales vexatoires (ex : suppression du moratoire sur
les loyers) + siège à Versailles = ville royale

Thiers veut récupérer canons à Montmartre et Belleville  révolte  exécution par les
parisiens des généraux venus chercher les canons. DONC : Thiers se réfugie à Versailles et
propose de laisser l’émeute se dev pour mieux l’écraser ensuite.

-Le gvt de la Commune = contre-gvt rival de celui des « Versaillais »


26 mars : élections municipales mais maj des Parisiens s’en désintéressent (bcp ont fui la
capitale) => création du Conseil de la Commune : 86 membres = slt 15 modérés &
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révolutionnaires dont maj de blanquistes et jacobins (Jules VALLES) appelés


« communards ».
Mesures spectaculaires :
-appel aux autres communes à se révolter
-adoption du drapeau rouge
-proclamation de la séparation de l’Église et de l’État

En réalité : très peu de mesures vont pouvoir être appliquées car occupation par l’armée
prussienne.

-La guerre civile : communards contre versaillais (conservateurs)


La Commune : 200 000 hommes mais 1/3 sont armés
Thiers : 130 000 hommes
3 avril : les communards marchent sur Versailles pour prendre le pv = échec & exécution des
prisonniers communards
5 avril : décret des otages à Paris  communards prennent gens réputés conservateurs
21-28 mai : la « semaine sanglante » = Versaillais entrent dans Paris pour reconquérir la
capitale.
 dégradations (communards incendient Tuileries, Louvre) & atroces combats
Bilan : 20 000 tués chez les communards. Thiers : « le sol est jonché de cadavres, ce spectacle
affreux servira de leçon ». Répression terrible : 38 000 personnes arrêtées, 13 000
déportations en Nouvelle Calédonie.

-Conséquences :
 Socialisme révolutionnaire disparait
 3ème République se méfie des ouvriers (ouvrier = communard)
 La Commune = symbole, référence pour les révolutionnaires. Karl Marx : « La guerre
civile en France » (1871)
 Bourgeoisie & paysans reconnaissants à Thiers d’avoir sauvé l’ordre social

c) Le relèvement de la France

-Politique intérieure
Après la Commune & paix avec la Prusse : Thiers = homme indispensable
Août 1871 : loi Rivet concède à Thiers, à titre personnel le titre de « président de la
République ». Qd il ne sera plus au pouvoir  changement de régime & restauration
monarchique. PDR = titre provisoire.

-Politique extérieure : libérer le territoire


Bismarck veut 5 milliards de francs (indemnités de guerre) & occupation des 21 départements
du nord-est tant que l’argent n’est pas donné. But de Thiers : réunir de l’argent pour libérer le
pays  2 emprunts  les Allemands quittent Verdun en 1873.

-Plan financier : impôts indirects (tabac, allumettes...) pour payer l’intérêt des emprunts &
service de la dette plutôt qu’un impôt sur revenu.
-Domaine administratif : volonté de décentralisatioda
-Plan militaire : 1872 : loi militaire  service militaire universel d’une durée fixée par tirage
au sort & suppression du droit de vote des militaires. Armée active = 1 100 000 hommes 
« instrument de la revanche »
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= Œuvre d’Adolf Thiers

B. La question du régime : république ou monarchie ?

a) Un malaise politique

Maj royaliste se heurte à 3 difficultés :


 Division des royalistes : orléanistes = comte de Paris (descendant de Louis Philippe)
et légitimistes = le comte de Chambord (monarchie traditionnaliste). 1873 : comte de
Paris s’efface dvt le comte de Chambord et le reconnaît comme héritier.
 Montée des Républicains radicaux (Léon Gambetta) : ils réclament dissolution de
l’Assemblée & propagande en faveur de la République.
 Attitude de Thiers ambiguë : certains royalistes lui reprochent sa complaisance pour
les Républicains  nomination de préfets répu. Dans un message à l’Assemblée :
« La République est le gvt légal du pays : vouloir autre chose serait une révolution. La
République sera conservatrice ou elle ne sera pas » = rupture du pacte de Bordeaux.

1873 : démission de Thiers remplacé par Mac Mahon. Albert de Broglie, vice-président du
Conseil des ministres = maître du jeu & prépare retour à la monarchie.

b) La tentative de retour à la monarchie

-La politique du duc de Broglie


 Épuration de l’administration centrale & provinciale : républicains destitués
 Soutien à l’église catholique
 Liberté de l’enseignement supérieur (1875 : universités catholiques)

-L’impossible restauration
Accord : comte de Paris est successeur du comte de Chambord.
Comte de Chambord refuse de renoncer au « drapeau blanc », d’admettre les principes de
1789 & la souveraineté de la Nation. 27 octobre 1973 : refuse de devenir roi s’il n’y a pas le
drapeau blanc.
Les royalistes doivent attendre la mort du comte de Chambord  régime provisoire qui rend
restauration possible ultérieurement.

c) Une solution d’attente : les lois constitutionnelles de 1875

Menace d’un réveil bonapartiste (Eugène Rouher lance campagne bonapartiste) et divisions
royalistes. Nécessité d’organiser le régime de telle sorte qu’il puisse convenir à un roi.
3 lois : loi sur le Sénat & sur l’organisation des pouvoirs publics & sur les rapports des pv
publics.

-Le pouvoir exécutif : président de la République élu pour 7 ans (loi du Septennat) par les 2
chambres. Il partage l’initiative des lois avec les chambres. Droit de dissolution de la chambre
des députés après avis conforme du Sénat. Il est irresponsable politiquement  contreseing
ministériel = un roi sans le titre.

-Le pouvoir législatif


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 Sénat : 75 membres inamovibles désignés par l’AN & 225 sénateurs élus par un
collège électoral. Miroir de la France rurale « le grand conseil des communes de
France », Gambetta. Volonté des royalistes : contrepoids à l’autre chambre.
 Chambre des députés : élus au SUD.

Régime parlementaire : ministres responsables dvt les Chambres.

-L’influence grandissante des Républicains

Amendement WALLON : établissement de l’impersonnalité de la République.


3 lois constitutionnelles = compromis entre monarchistes & républicains. C peut servir de
cadre aussi bien à une monarchie constitutionnelle qu’à une république  ambiguïté de la C
 conflit inévitable entre monarchistes & républicains + souplesse qui lui permet de durer 65
ans.

C. La République aux républicains

a) La crise du 16 mai 1877


-L’origine
1876 : élections des 2 chambres
 Faible majorité conservatrice au Sénat
 Forte majorité républicaine à la Chambre des députés

Républicains divisés : les modérés, la Gauche républicaine (Jules FERRY & Jules GREVY),
Union républicaine (Gambetta), la Gauche radicale.
Mac Mahon choisit ses ministres dans la maj républicaine : Jules DUFAURE en 1876 puis
Jules SIMON, républicain modéré. Campagne de Gambetta & Gauche radicale contre le
cléricalisme  Mac Mahon estime que Jules Simon manque de fermeté dvt ces attaques 
lettre de blâme le 16 mai 1877 : démission du ministère.

-La crise : Mac Mahon forme un autre gvt avec de Broglie  ordre de défiance de la
Chambre des députés  Mac Mahon dissout la chambre après avis conforme du Sénat.
Lutte entre 2 blocs pdt la campagne électorale : monarchistes soutenus par le clergé & Mac
Mahon et républicains anticléricaux. Résultats : majorité républicaine.

-Le dénouement : De Broglie se retire. Mac Mahon se soumet & nomme Jules DUFAURE
pour former le cabinet. Démission de Mac Mahon  1879 : Jules GREVY devient PDR.
 triomphe du régime parlementaire & affaiblissement des pv du PDR qui perd l’arme de la
dissolution en pratique.

b) Le triomphe de la République parlementaire

Républicains majoritaires dans les 2 chambres & élection de Jules Grévy comme PDR.

Chapitre 2. La République modérée de 1879 à 1889

A. L’organisation de la démocratie parlementaire

a) Le fonctionnement du régime
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Août 1884 : révision constitutionnelle  exclut les « membres des familles ayant régné sur la
France » de l’éligibilité à la présidence & supprime les 75 sénateurs inamovibles.

b) Les partis politiques

-Les monarchistes et bonapartistes : en minorité, restent divisés. 1883 : mort de Chambord 


légitimistes refusent de reconnaitre le comte des Paris  orléanistes se rallient au régime répu
modéré. Bonapartistes aussi divisés.

-Les républicains divisés en 2 tendances rivales :


 Les radicaux = minorité. Souhaitent une révision de la C° avec suppression du Sénat,
impôt sur le revenu, séparation de l’Église & de l’État, rétablissement du divorce,
instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire. Leaders : Clemenceau, Camille
Pelletan.
 Les opportunistes = grande majorité. Républicains modérés. Partisans de réformes,
mais sans brutalité pour ne pas heurter le pays. Hostiles à l’influence pol & scolaire de
l’Église et fidèles au libéralisme dans le domaine éco & social. 2 groupes : l’Union
républicaine dirigée par Gambetta & la Gauche républicaine = rivalité.

c) Les opportunistes au pouvoir

-Chronologie
 1880-1881 : Jules FERRY
 Novembre 1881- janvier 1882 : « le grand ministère Gambetta »
 Janvier-juillet 1882 : Charles de Freycinet
 1882-1883 : Armand Fallières
 1883-1885 : Jules Ferry = homme-clé (2 fois pdt du Conseil)

-L’œuvre
Plan politique : liberté de réunion, liberté de la presse.
Domaine scolaire :
Depuis loi Falloux (1850) qui permet aux congrégations catho d’ouvrir en toute liberté un
établissement secondaire avec les enseignements de leur choix : volonté des répu
anticléricaux de lutter contre l’influence de l’Église.
 La ligue de l’Enseignement fondé par Jean Macé en 1866
 Rôle de Jules Ferry comme ministre de l’Instruction publique
 1880 : loi retire aux facultés catho le droit de décerner les grades universitaires 
réservé à l’État.
 1880 : loi de Camille Sée qui créé les lycées pour jeunes filles et l’École Normale de
Sèvres pour leurs prof (l’Église avait le monopole de l’enseignement féminin).
 1881 : loi pour l’école primaire gratuite (à la charge de l’État)
 1882 : école obligatoire & laïque de 6 à 13 ans
 1886 : instituteurs remplacent congréganistes dans les écoles publiques

Plan social :
 1884 : loi Waldeck Rousseau sur liberté d’association, autorise syndicats.
 1884 : loi Naquet qui rétablit le divorce

d) L’affaire Boulanger (1886-1889)


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-Les origines du mouvement boulangiste :


 Élections de 1885 : succès de la droite  201 sièges contre 383 aux républicains. 3
groupes : la droite, les opportunistes, les radicaux.
 Le mécontentement des français : instabilité ministérielle, crise éco...
 Popularité du général Boulanger : en 1886, il devient ministre de la Guerre dans le
cabinet Freycinet (Républicain) car soutien de Clemenceau.
 Incident Schnœbelé 1887 & ligue des Patriotes (Paul Deroulède) qui reproche aux
opportunistes d’oublier la reconquête de l’Alsace-Moselle.
 Mesures : modernisation de l’armée, amélioration des conditions de vie des soldats.
 Popularité inquiète opportunistes  remaniement en 1887 : il est envoyé comme
commandant à Clermont Ferrand  manifestation lors de son départ.

-Le Boulangisme : coalition hétérogène de tous les mécontents = républicains révisionnistes


(pour la plupart des radicaux) & monarchistes et bonapartistes, désireux de renverser régime
républicain. Constitution d’un parti « révisionniste » avec 2 thèmes : dissolution de la
Chambre & révision des lois constitutionnelles.
1888 : le gvt met à la retraite le général qui devient éligible

-Apogée : série d’élections triomphales dans le Nord, la Somme, Dordogne.


Avril 1888 : il se présente aux élections en Dordogne & dans le Nord  entrée à la Chambre
des députés.
Soutien des monarchistes contre le régime républicain.
1889 : Boulanger se présente aux législatives de Paris  victoire. Au soir de cette victoire,
ses partisans le pressent de tenter un coup d’état  Boulanger refuse : conquête du pv passe
par les urnes.

-L’échec de Boulanger : menacé d’arrestation, le général s’enfuit à Bruxelles (atteinte à la


sureté de l’État). Août 1889 : Haute Cour le reconnaît coupable de « complot et d’attentat
pour changer la forme du gvt ». Dès 1889 : effondrement du mouvement. Septembre 89 :
seulement 40 députés face à 366 répu & 172 conservateurs. Il se suicide en 1891.

-Bilan des forces politiques en 1889 :


Le Boulangisme a été l’occasion pour les partis pol de réviser leurs positions traditionnelles.
Affaiblissement du radicalisme & le socialisme réapparaît mais divisions.

B. Le gouvernement des modérés de 1889 à 1898

a) L’évolution des forces politiques


-Le retour des forces socialistes : décapité lors de la répression de la Commune, le
mouvement se reconstitue en plusieurs tendances :
 Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR) : tendance allemaniste (Jean
Allemane). Ouvriériste = primauté du syndicat avec grève générale. Influence de la
Commune, antiparlementaire & internationaliste (= doctrine qui fav intérêts
supranationaux par rapport aux intérêts nationaux).
 Le comité révolutionnaire central (CRC) : les Vaillantistes (créé par Edouard Vaillant)
Pour une démocratie directe, athée antimilitariste & internationaliste. Conquête du pv
par le coup de force.
 Le parti ouvrier français (POF) fondé par Jules GUESDE. Marxistes (lutte des classes
=> soc sans classes).
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-Un radicalisme assagi


Causes :
 Bcp sont compromis dans le Boulangisme
 Ils renoncent au révisionnisme et deviennent réformistes
 Perte de leur clientèle parisienne qui se dirige vers droite nationaliste ou socialisme

Évolution : ils s’implantent en province & sont prêts à participer au gvt.

-Les ralliés (catho ralliés à la République)


1892 : pape Léon XIII ordonne aux catholiques de se rallier à la République dans son
encyclique => faire modifier les lois de laïcisation. Il faut « accepter la C pour changer la
législation ».
Peu de catho le suivent : certains orléanistes & peu de légitimistes.
Création d’un parti des ralliés « L’action libérale » par Jacques Piou & Albert de Mun.
 Méfiance des républicains.

b) La gestion du pouvoir

-Les élections de 1893 :


 Républicains modérés obtiennent maj absolue
 Affaiblissement de la droite : 35 sièges pour les ralliés de l’Action libérale & 60 pour
les monarchistes
 50 sièges pour les socialistes

A la suite des élections, le PDR Sadi Carnot demande au répu modéré Casimir Perrier de
former un gvt.

-Affaiblissement du pouvoir présidentiel


1894 : assassinat de Sadi Carnot par un anarchiste  élection de Casimir Périer qui
démissionne au bout de 6 mois en 1895 (faible rôle du PDR & opposition de l’extrême droite
et extrême gauche).
Casimir Perrier est remplacé par Félix Faure (modéré).

-Les ministères opportunistes de concentration


Gvt de coalitions de 1893 à 1898.

La politique suivie :
 Politique d’apaisement : fin à la lutte anticléricale malgré l’hostilité des radicaux
 Renforcement du protectionnisme pour satisfaire bourgeoisie industrielle & paysans
 Répression des agitations ouvrières pdt crise éco qui dure jusque 1895.
 grèves & manifestations du 1er mai à partir de 1890 (grèves pour journées de 8h).

 Lois sociales malgré hostilité des bourgeois & chefs d’entreprise (libéralisme) :
1892 : loi qui limite travail des femmes & enfants à 11h
1893 : assistance médicale gratuite => émergence de l’État providence
1895 : création de la CGT
1898 : les débuts d’une respon patronale en cas d’accident du travail
 FR reste cependant en retard par rapport à l’Allemagne.
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-Les difficultés des modérés


2 crises graves :
 L’affaire de Panama
-Les faits :
La Compagnie de Panama créée par Ferdinand de Lesseps en 1880 pour collecter fonds pour
création du canal. Difficultés pour financer travaux & désire se procurer nv fonds par le
lancement d’obligations à lots sur le marché français. Ferdinand de Lesseps utilise les 1 er
fonds pour la presse pour cacher réalité. Corruption de parlementaires : pour obtenir vote de la
loi nécessaire (souscription publique auprès de petits épargnants français) compagnie fait
remettre par le baron Jacques de Reinach (financier israélite) des chèques à des députés.
Qd soc fait faillite  scandale éclate : commission d’enquête révèle noms des « 104
chéquards ». Seul parlementaire condamné est le ministre des Travaux Publics Charles
Baihaut.

-Conséquences :
 Élections de 1893 : 300 républicains modérés
 Renouveau de l’antisémitisme : rôle du baron de Reinach
 Discrédit sur des personnalités pol (ex : Georges Clemenceau)
 Pour la droite nationaliste : revanche du Boulangisme puisque fonds de Panama
avaient servi en partie à financer propagande antiboulangiste.

 La crise anarchiste

-Phénomène européen :
Dev partout dans les pays d’Europe depuis 1880. Méthode d’action violente.
En France : 1892-1893  vague d’attentats => bombes déposées dans des immeubles
parisiens, dans un restaurant (Ravachol). 1893 : Auguste Vaillant lance bombe dans la salle
des députés sans faire de victimes. Lors de son procès, il justifiera son acte par la volonté de
venger Ravachol.
1894 : assassinat de Sadi Carnot par anarchiste italien.

 2 lois répressives en 1894 (« lois scélérates » pour anarchistes) :


 La 1ère condamne apologie de quelconque crime ou délit => alourdir peines aux
anarchistes qui revendiquent clairement & fièrement leurs attentats
 Condamnation de tte personne, tout journal ayant usé propagande anarchiste

C. L’Affaire Dreyfus = crise pol majeure

a) Origines

° Une banale affaire d’espionnage


1894 : le Service des Renseignements du ministère de la guerre découvre un bordereau
annonçant l’envoi de doc militaires secrets à l’ambassade d’Allemagne => trahison absolue,
officier français envoie renseignements à l’Allemagne.

° Un coupable évident
Soupçons se portent sur un officier israélite de l’état-major : capitaine Dreyfus (ressemblance
d’écritures). Les preuves manquent & il n’a pas besoin d’argent.
Décembre 1894 : après une enquête incomplète et entaché d’un préjugé antisémité, Dreyfus
est condamné à détention perpétuelle malgré protestations d’innocence de l’inculpé.
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° Des éléments nouveaux


1896 : le colonel Marie-Georges Picquart à la tête du service de renseignements découvre un
doc accablant pour officier d’origine hongroise : commandant Esterhazy criblé de dette
certainement agent double. Picquart prévient ses chefs & est convaincu de l’innocence du
capitaine Dreyfus mais ils refusent de rouvrir le dossier.
1898 : Esterhazy est acquitté & colonel Picquart est expédié dans le sud tunisien
Janvier 1898 : dans le journal l’Aurore (de Clemenceau) Zola publie un article
« J’accuse » dans lequel il met en cause bonne foi des juges militaires  Zola est condamné
pour diffamation.
 On passe d’affaire judiciaire à affaire politique.

b) l’affaire politique

-La France divisée en 2

 Les Dreyfusards : ils réclament respect des droits de l’individu, la vérité & la justice
avant tout. Ce sont surtout des hommes de gauche : radicaux avec Clemenceau &
socialistes comme Jaurès.
1898 : création de la « Ligue des droits de l’homme »  lutte pour la
reconnaissance de l’innocence de Dreyfus. « À partir de ce jour, toute personne dont
la liberté serait menacée ou dont le droit serait violé est assurée de trouver auprès de
nous aide et assistance ». Pour eux, l’affaire est un complot clérical.

 Les antidreyfusards : ils s’en tiennent à « la chose jugée », défendent l’honneur de


l’armée, font passer l’intérêt du pays avt celui des individus & attaquent les Israélites.
Ce sont des monarchistes & des nationalistes. Plupart des officiers, catholiques avec
le journal La Croix, antisémites conduits par Édouard Drumont.
1898 : création de la « Ligue de la Patrie française »  orientation nationaliste,
rassembler les antidreyfusards.

-Une atmosphère de guerre civile ?

° La presse passionne le débat : caricature Un dîner en famille décrit division de la soc FR


entre dreyfusards & antidreyfusards.
°Élections mai 1898 : la chambre garde la mm physionomie  victoire des modérés. 45
sièges aux monarchistes.

-La nécessaire révision du procès


Août 1898 : lieutenant Hubert Henry avoue avoir fabriqué faux bordereau pour accabler
Dreyfus qu’il estime coupable. Incarcéré, il se suicide.
Le 9 sept 1899 Dreyfus n’en est pas moins condamné une nvelle fois par la justice milit, ms à
10 ans de réclusion cette fois. Pourtant, le 19, le Pdt de la Rép Emile Loubet le gracie. En
1906, Dreyfus est finalement réhabilité.

-La crise de 1899


= Les antirévisionnistes exaspérés par l’humiliation de Fachoda accentuent la pression
De violentes manifestations nationalistes se déroulent à Paris.
Cf. en janvier 1899, lors des obsèques du Président Félix Faure qui est antirévisionniste,
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Cf. le 16 février Émile Loubet, le nouveau président est mal accueilli car éclaboussé par
l’affaire de Panama, il est l’objet de manifestations hostiles des nationalistes parisiens
Cf. le 23 février Déroulède tente d’entraîner des troupes contre l’Élysée mais sans succès.
Arrêté, il est acquitté par la cour d’Assises.
= 3 juin : la Cour de cassation casse le jugement prononcé en 1894 contre Dreyfus par le
Conseil de guerre de Paris et renvoie l’affaire devant le Conseil de guerre de Rennes.
D’où 4 juin, manifestation contre Loubet agressé au champ de courses à Longchamp.
* La réaction des Républicains
= 22 juin, Pierre Waldeck-Rousseau [1846-1904], républicain modéré décide de constituer un
gouvernement « de défense républicaine » avec des modérés de droite comme le général
Galliffet à la Guerre, des radicaux et même Millerand.au Commerce ( il est désavoué par les
socialistes)
= L’ordre est rétabli, les chefs des ligues nationalistes arrêtés, Paul Deroulède est condamné à
10 ans de bannissement.
= Le Conseil de guerre de Rennes a encore reconnu Dreyfus coupable mais avec
circonstances atténuantes, d’où il est condamné à 10 ans de détention.
= Il faut attendre juillet 1906 pour que la Cour de cassation révise à nouveau le procès et
procède à la réhabilitation de Dreyfus qui est alors promu chef d’escadron et décoré de la
Légion d’honneur.
Picquart devient général et les cendres d’Émile Zola sont transférées au Panthéon.
= Juin 1899 : le gouvernement suspect de mollesse est renversé par les radicaux et les
socialistes.

Csq politiques :
Elle laisse des séquelles durables dans la société, les familles,
* Fin de la politique d’apaisement des modérés, du gouvernement du Centre,
conservateur socialement, tolérant sur le plan religieux
* Division des progressistes (anciens opportunistes) avec une majorité qui va à droite,
une minorité à gauche.
* Formation du Bloc des Gauches avec recrudescence des passions anticléricales
* Redéfinition des valeurs droite/gauche

Chapitre 3 : La République radicale de 1899 à 1914

Il y a encore des monarchistes. Force pol qui apparaît = socialistes  opposition à l’État
bourgeois.

A. Le Bloc des Gauches

a) Le ministère Waldeck-Rousseau

-Le plus long de la 3ème République = 2 ans et 11 mois


Waldeck-Rousseau : ministre de l’intérieur sous Gambetta & Jules Ferry. Il avait fait voter la
loi sur les syndicats en 1884. Il refuse de s’engager dans une pol anticléricale. Républicain
modéré.

 Lutte contre les « factieux » = ceux qui refusent la république


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Il fait juger par le Sénat transformé en Haute Cour les chefs des ligues : chef de la ligue des
Patriote (hostile à la République parlementaire, antisémite & xénophobe) condamné à 10 ans
de bannissement & chef de la Ligue antisémite à 10 ans de détention.
1900 : il dissout la congrégation des Assomptionnistes (journal la Croix) qui avait mené une
violente campagne contre les Juifs, les protestants & les Républicains laïques.
 Il reprend en main l’armée qui se considère comme un État dans l’État.

-Politique anticléricale contre les congrégations


= terrain d’entente pour éviter division de la gauche. Anticléricalisme = état d’esprit et non un
programme de gvt.
WR estime que certaines congrégations sont dangereuses pour 2 raisons :
 Leur richesse  lutte contre les « moines d’affaires »
 Leur rôle d’enseignants  forte emprise sur la jeunesse surtout aristocratie &
bourgeoisie. « Dans ce pays dont l’unité morale fait la force, 2 jeunesses, moins
séparées encore par leur condit sociale que par leur éducation grandissent sans se
connaître ».
1901 : loi sur les associations. Liberté des asso laïques non professionnelles à condition d’être
déclarées. Cette liberté ne s’étend pas aux congrégations qui sont soit non autorisées
(suppression immédiate) ou autorisées  protestation des catholiques.

b) Le succès du Bloc des Gauches

-Les élections de 1902 = premières vraies élections avec des partis politiques
Grâce à la loi sur les associations:
 1901 : création du parti radical & radical socialiste = regroupement des tendances
radicales (MAJ gauche)
 1901 : fondation de l’Alliance République démocratique = modérés ayant rejoint Bloc
des Gauches
 1903 : création de la Fédération Républicaine = les autres modérés
 1905 : fondation de la SFIO

Élections de 1902  victoire de la gauche (Bloc de gauche) : 370 sièges à la gauche (dont
230 aux radicaux) & 220 sièges à la droite monarchiste & bonapartiste.
Démission de WR malade en juin 1902.

-Le programme radical


 Séparation de l’Église & de l’État
 Suppression de tt enseignement congréganiste
 Impôt progressif sur revenu
 Retraites ouvrières
 Nationalisation progressive des services publics

c) Combes et la lutte anticléricale


Émile Combes = lutter contre les influences nuisibles de l’Église.

-Lutte contre les congrégations :


 Application restrictive de la loi
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Application dure de la loi de 1901 : il fait refuser en bloc par la Chambre presque toutes les
demandes d’autorisation sollicitées par les congrégations  protestation de WR qui regrette
qu’une « loi de contrôle » soit transformée en « loi d’exclusion ».
Expulsion des religieuses des hôpitaux militaires, de certains hôpitaux civils.

 Élimination de l’enseignement congréganiste


Fermeture de 3000 écoles primaires tenues par des congrégations anciennement reconnues
donc non concernées par loi WR.
Loi 1904 : interdit l’enseignement à toutes les congrégations même autorisées.

Bilan mitigé :
Législation anti congréganiste est abolie en 1914. 1918 : l’enseignement congréganiste revient
en force.

-La rupture avec le Vatican


Combes ne veut pas aller jusqu’à la séparation de l’Église & de l’État car par le concordat de
1801 il peut contrôler le clergé par les nominations des évêques  ne veut pas rompre avec
l’Église pour la surveiller MAIS seulement prendre de la distance. Combes nomme évêques
dont Rome ne veut pas  sièges vacants.

1903 : Pie X succède à Léon XIII.


1904 : il refuse de recevoir le président Loubet.
Pie X convoque à Rome 2 évêques pour leur demander démissionner sans en informer la
France  atteinte au concordat.

30 mai 1904 : suppression des relations diplomaties avec le Vatican.


-La chute de Combes

 Réforme militaire : Combes veut épurer l’administration & surtt l’armée encore hostile
à la République.
 Affaire des Fiches : ministre de la Guerre, André soucieux d’éliminer les officiers
hostiles à la Répu utilise les comités radicaux pour obtenir renseignements sur
sentiments religieux & pol des officiers  des fiches sont établies à leur nom 
démission du général André. Indignation de la droite.
 Mécontentement de gauche : WR contre cette politique anticléricale.

1905 : Combes démissionne

d) La séparation de l’Église et de l’État (1905)

-Le ministère Rouvier


Rouvier forme un ministère moins à gauche & s’engage à réaliser séparation de l’Église & de
l’État. Aristide Briand est le véritable auteur du projet de loi.

1905 : adoption de la loi de séparation de l’Église & de l’État. Elle reconnaît liberté de
conscience & de culte.

-Fin du régime concordataire


 Les Églises retrouvent leur liberté : l’État n’intervient plus dans les nominations, dans
la surveillance.
13

Les protestants & juifs acceptent sans difficultés la séparation. Chez les catho : les libéraux se
réjouissent de l’indépendance retrouvée de l’Église.
 2 difficultés surgissent avec le Vatican :
-le pape n’admet pas de ne pas avoir été consulté = décision unilatérale qui ignore le chef
religieux des catholiques. Cette séparation porte atteinte sur l’autorité de l’Église. Pape
condamne les « associations culturelles (exercice d’un culte religieux).
1906 : Vehementer nos = lettre écrite par le pape Pie X qui condamne principe de séparation
de l’église & de l’état.
État devient propriétaires des biens de l’Église  scandale pour les catholiques 
manifestations partout en France.
Mars 1906 : chute du ministère Rouvier.

B. La dislocation du bloc des Gauches

a) Les socialistes dans l’opposition

-Hostilité de plus en plus forte des socialistes : guesdistes considèrent qu’il faut reprendre
lutte des classes & ne plus soutenir les gvt.
Jaurès : socialistes doivent soutenir tt gvt défendant la démocratie et ne pas négliger
l’occasion d’obtenir des réformes.

B) La dislocation du bloc des Gauches

a) Les socialistes dans l'opposition

- Hostilité de plus en plus fortes des socialistes


* Notamment les guesdistes ( considère qu’il faut reprendre la lutte des classe et ne
plus soutenir les gouvernements) et les blanquistes qui estiment qu’un ministre socialiste
dans un gouvernement bourgeois n’est qu’un otage et qu’il faut s’en tenir à la lutte des classes
( condamnation de la participation de Millerand)
* Pour Jaurès et Viviani au contraire, les socialistes doivent soutenir tout
gouvernement défendant la démocratie contre la réaction et ne pas négliger l’occasion
d’obtenir des réformes . Défendre les gouvernements qui veulent faire de vraies reformes
sociales.
* Mais Millerand n’avait presque rien obtenu ( création de l’inspection du travail.)
D’où départ des socialistes de la délégation des Gauches sauf un groupe avec Millerand,
Viviani, Briand qui forme « les socialistes indépendants ».
* Jean Jaurès se soumet
1859-1914, né à Castres ( Sud Ouest) , normalien agrégé de philosophie abandonne
l’enseignement pour la politique, se convertit au socialisme en devenant député des mineurs
de Carmaux
Il devient porte-parole du parti au Parlement à partir de 1893. Simple et cordial, très cultivé,
journaliste de talent (il dirige « l'humanité » fondé en 1904, orateur lyrique, il essaie de
concilier le marxisme et l’humanisme dans un socialisme français démocratique.

- L’unification des forces socialistes


* Août 1904, le congrès de l’Internationale réuni à Amsterdam après une joute
oratoire entre Jaurès et Guesde, condamne le réformisme, et la participation aux
gouvernements bourgeois. Il prescrit l’union des différentes tendances socialistes au sein d’un
même pays en un seul parti.
14

* Avril 1905 : création du parti socialiste unifié qui est la Section Française de
l'Internationale Ouvrière (SFIO) qui réunit tous les courants socialistes :
le parti socialiste de France fondée en 1902, rassemblant le POF de Guesde et le CRC
de Vaillant, et le parti socialiste français qui en 1901 rassemblent la FTS de Brousse, les
socialistes indépendants. Prends la tête du journal « L’humanité »
= Influence profonde de Jaurès qui prend le contrôle du parti après le congrès de Toulouse en
1908

59 députés en 1906, 76 en 1910,103 en 1914.

b) Le ministère Clemenceau d'octobre 1906 à juillet 1909

- Les élections de 1906


* La solidarité des gauches joue encore
= Le bloc des Gauches : 414 sièges dont 245 pour les radicaux pendant les élections de 1906.
= La droite : 175 sièges
D’où le président Fallières, fin conciliateur, qui a remplacé Émile Loubet en janvier 1906 fait
appel à Georges Clemenceau leader du parti radical pour former le gouvernement
(essentiellement radical ) . Composé de radicaux comme Caillaux aux Finances avec quelques
socialistes indépendants comme Viviani au Travail, Aristide Briand à l’Instruction publique
pour poursuivre l’œuvre de la loi de Séparation.

- L’homme
1841-1929, après des études de médecine, ce vendéen devient maire de Montmartre en 1870
puis député en 1876, ardent républicain, chef du parti radical fondé en 1881, tempérament
combattif, orateur incisif et sarcastique surnommé « le tombeur de ministères ». Retiré
momentanément de la vie politique après le scandale de Panama, il se fait journaliste, avec «
l’Aurore », il contribue à former le Bloc des Gauches. Son tempérament d’opposant le
dessert en tant que chef de gouvernement, il est trop autoritaire, cassant, maladroit.
Il veut réaliser des réformes « radicales » : réforme fiscale, impôt sur le revenu, et même sur
le capital, abrogation de la loi Falloux sur la liberté de l’enseignement, réformes sociales.
Le résultat est maigre

- La répression de l’agitation sociale


* Graves troubles de 1906 à 1910
= Suscités par le mouvement syndical révolutionnaire et par la campagne lancée pour obtenir
la journée de 8 h= arrêter de faire travailler les employés 10-12h.
= Les arrêts de travail inquiètent l’opinion (la grève du syndicat des électriciens prive Paris de
Lumière en mars 1907 et provoque l’affolement général)
* Clemenceau de tempérament autoritaire, jacobin ne peut tolérer cette situation.
= Intervention de la troupe notamment contre les mineurs du Nord,

= Arrestation des secrétaires de la CGT.

= Refus aux fonctionnaires du droit de se syndiquer (révocation de plusieurs centaines de


postiers)
* Agitation en 1906 - 1907 dans le Languedoc avec les viticulteurs qui souffrent de la
surproduction et de la chute des cours du prix du vin.
15

D’où violences à Narbonne et mutinerie du 17ème régiment d’infanterie chargé de la


répression.=> Enorme manifestation = envoie les troupes : troupes se mutines et se rangent du
coté des viticulteurs
Clemenceau réussit à discréditer le leader du mouvement, Marcelin Albert et rétablit l’ordre,
grâce à la conduite peu morale du chef.

- La rupture du Bloc des Gauches


* Raidissement des socialistes qui défendent la CGT, qui estiment que le
gouvernement est timide en matière sociale (journée de 8 h pour les mineurs, loi sur le repos
hebdomadaire, rachat par l’État des chemins de fer de l’Ouest, mais échec au Sénat de l’impôt
sur le revenu)
* Différence de tempérament entre Jaurès et Clemenceau, duels oratoires en pleine
chambre.=> Opposition
* 20 juillet 1909, Clemenceau est renversé, Aristide Briand le remplace avec un
ministère plus axé au centre
= Appel à « l’apaisement » avec réintégration des fonctionnaires révoqués.
= En 1909, il provoque la démission de Griffuelhes et tente de dissoudre la centrale
syndicale.
Octobre 1910, il mobilise les cheminots en grève par souci de défense nationale.

C) L'avant-guerre

a) Un esprit nouveau

- Un nouveau courant philosophique (Debut XXe )


avec notamment Henri Bergson :donne la primauté de l’intuition, l’intuition a presque autant
d’importance que la raison , de « l’élan vital » sur la raison,

Les forces affectives comme la foi religieuse, la mystique patriotique apparaissent comme
plus profondes, plus vraies que le rationalisme, rationaliste qui aboutit au positivisme.

Le positivisme commence à s’affaiblir : encore développé à l’Université, dans les milieux


politiques. Courant idéaliste avec Bergson.

- Un renouveau chrétien
Elle a été plus stimulée qu’affaiblie par la Séparation.

La jeunesse des lycées et des universités surtout à Paris revient à la religion

Cf. l’Association Catholique de la Jeunesse Française


Cf. le Sillon de Marc Sangnier qui veut concilier le christianisme et la démocratie et même le
socialisme mais il est désavoué par le pape en 1910
D’où naissance du PDP et du syndicalisme chrétien après la guerre.

- Un renouveau nationaliste
* Au niveau culturel
16

= En réaction contre les excès d'intellectualisme et de pessimisme, goût de l'action avec la


pratique des sports, avec le scoutisme importé d’Angleterre en 1911.
Attrait pour l’ordre et la discipline.
La carrière militaire dénigrée à cause des servitudes de la caserne revient à l’honneur

Cf. l’attrait de la jeunesse intellectuelle pour « l’appel des armes » (livre du petit-fils de
Renan, Ernest Psichari, licencié de philosophie qui s’est engagé dans l’armée)
Cf. Charles Peguy qui glorifie « le vieil honneur militaire, l’honneur de la France ».
* Sur le plan politique

= progrès des royalistes avec « l’Action française » revue qui devient un quotidien en 1908
avec les Camelots du Roi, service d'ordre « musclé ».
= Charles Maurras, doctrinaire du « nationalisme intégral » veut démontrer que seul la
monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée peut redonner à la
France sa grandeur passée.
= Attrait sur la jeunesse par sa rigueur et sa simplicité.

b) L'instabilité politique
- La solidarité des gauches disparaît
* Avec l’atténuation de l’anticléricalisme et les divergences entre radicaux et
socialistes, la droite n’est plus un danger pour le régime.
* d’où atténuation des clivages droite/gauche

- Les élections de 1910


* Majorité de gauche avec une centaine de socialistes, 250 radicaux-socialistes.
Grande instabilité politique;
* Formation d’un centre qui manque d’homogénéité
D’où instabilité ministérielle avec 10 cabinets entre 1909 et 1914
D’où développement de l'antiparlementarisme

- Une proposition de Briand


* La RP
Resté à la présidence du conseil après les élections, il dénonce « les mares stagnantes » du
scrutin d’arrondissement trop favorables aux ententes locales et propose la représentation
proportionnelle pour favoriser les programmes d’intérêt général et mettre en place des grands
partis à l’anglaise.
* Le projet adopté à la Chambre est bloqué au Sénat forteresse des nouveaux notables
radicaux, principaux bénéficiaires du scrutin d’arrondissement.

c) Les périls extérieurs


- Le ministère Caillaux (1911)

Il succède à Briand ,
* Joseph [1863-1944] Grand bourgeois orgueilleux et cassant
Il ne réussit pas à faire adopter l’impôt sur le revenu et surtout est absorbé par l’affaire
d’Agadir en 1911 : Guillaume II va pratiquer un coup de force dans le port marocain
d’Agadir = blocus avec le cuirassé « panthère » = faire quitter la France du Maroc. Accepter
quelques concession :
La négociation qu’il mène donne à la France les mains libres au Maroc mais une partie de
l’opinion l’accuse d’avoir cédé à l’Allemagne « sous le canon » dit Clemenceau.
17

* Prise de conscience du danger de guerre, retour en force des problèmes extérieurs


= or les socialistes refusent toujours par antimilitarisme et pacifisme de voter les crédits
militaires et espèrent éviter la guerre par la négociation et la solidarité internationale des
travailleurs
= or une partie de l’opinion du centre et de la droite, inquiète des prétentions allemandes
souhaite une politique de fermeté envers l’Allemagne.

- Le ministére Poincaré (1912)


* Déplacement de la majorité vers la droite et retour des modérés au pouvoir avec le
ministère Poincaré en 1912.
1860-1934 : né à Bar-le-Duc, brillant avocat, juriste scrupuleux, travailleur infatigable,
d’une grande autorité personnelle, lorrain patriote ardent, il inspire confiance à droite, tout
en étant un républicain attaché à la laïcité ayant appartenu à la fraction des opportunistes
ayant rejoint la gauche lors de l’affaire Dreyfus : « entre vous et moi, il y a tout l’étendue de
la question religieuse » à un député de droite.
Il devient ministre à 33 ans dès 1893.
* Poincaré, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères se montre ferme
voire raide dans sa gestion ;
Cf. le Maroc qui devient un protectorat se fait bien voir de par sa fermeté avec l’Allemagne.
* Janvier 1913, il est élu à 52 ans président de la République à la place de Fallières
contre le candidat officiel des gauches, le radical Jules Pams.
= Le problème essentiel : la réorganisation militaire sous l'autorité du général Joffre,
généralissime désigné en cas de guerre depuis 1911.
Allongement de la durée du service militaire à trois ans pour faire faire face à l’accroissement
des effectifs de l’armée allemande et du fait de la stagnation de la démographie française.
= L’état-major professant une doctrine offensive a besoin d’une armée active nombreuse,
la gauche s’oppose par pacifisme et par méfiance vis-à-vis de l’armée
cf. Jaurès qui dans l’armée nouvelle paru en 1911 préconise un service court, et le
développement de milices.,
= Caillaux prend position contre les trois ans, Poincaré soutient les militaires.
* Louis Barthou [1862-1934], chef du gouvernement et ami de Poincaré fait adopter
la loi de trois ans en aout 1913 par une majorité de centre et de droite.

d) Reconstitution de l'Union des gauches


- Contre la loi des 3 ans
* Union des socialistes de Jaurès avec Caillaux devenu le président du parti radical

D’où renvoi de Barthou et cabinet de Gaston Doumergue orienté plus à gauche avec Caillaux
aux finances
* Celui-ci reprend un projet d’impôt sur le revenu voté par la Chambre en 1909 mais
refusé par le Sénat.

- Succès des gauches aux élections d’avril-mai 1914


* Sur le thème de l’abrogation de la loi des 3 ans, sur le projet d’impôt sur le revenu,
sur la laïcité.
= 171 radicaux et 104 socialistes soit la majorité absolue à la Chambre.
La droite est battue, le centre recule.
* 14 juin 1914 : formation du ministère Viviani, socialiste indépendant.
18

Il fait voter l’impôt sur le revenu, mais conscient des périls extérieurs, et sur l’insistance de
Poincaré, il maintient provisoirement le service de trois ans , alors qu’il a été élu sur le fait
qu’il allait retirer les trois ans.
* Quelques semaines plus tard, la guerre éclate et les socialistes se joignent à
« l’Union sacrée » contre l’envahisseur surtout après l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet
1914 au café du Croissant à Paris, près du siège de l’Humanité, par Raoul Vilain, étudiant
nationaliste (acquitté lors de son procès en 1919).

Conclusion

* Un pays divisé par des querelles à la fois religieuse et politique.

* Une République affermie malgré tout avec une masse de paysans patriotes= par une
adhésion populaire qui triomphe.

* Le retour des préoccupations extérieures et du courant nationaliste

* Un pays riche en capitaux mais pauvre en enfants.

* La république affermie permet L’Union sacrée signe de la détermination d’un peuple=


réunion de toutes les Frances face au danger. Le poids de l’union sacré :
-la grande guerre est le « début d’un court XXe siècle » , la guerre de quatorze est une rupture
- la guerre est une accélération d’une tendance à l’unité.
- L’union sacré est une parenthèse durant la grande guerre.

L’appellation a « grande guerre » est preferable à Guerre mondiale = elle va mettre en place
un nouveau régime = mise en place du régime politique.
Cette guerre est révélateur d’un nouveau parti socialiste , nouvelle politique :
« interventionniste étatique » et d’un nouveau rapport hommes- Femmes. $
Les causes de cette guerre sont économiques, mais elles sont surtout des causes politique =
chocs de nationalistes FR-ALL . Revele l’impact nocifs de l’affrontement des nation .
Vainqueur tracent une nouvelle carte de l’Europe ( traité de Versailles ). A nouveau lieu
d’istabilité politique. La grande guerre va entrainer le déclin de ‘europe: de la France aussi =
vieillissement de la France = déséquilibre des populations.
19

Ch. 4 : de l’Union sacrée à la crise de 1929

Introduction : la Grande Guerre et ses conséquences


3 thèses historiques
- Selon Eric Hobsbawn, historien britannique, elle ouvre « le court vingtième siècle »
qui se terminerait à la fin des années quatre vingt avec la chute du mur de Berlin en novembre
1989 et la réunification de l’Allemagne en octobre 1990 = guerre-rupture, guerre créatrice
d’un nouveau monde.
- Autre théorie : celle qui insiste sur l’unité, les continuités du premier vingtième
siècle, la guerre ne serait alors qu’une accélération d’une tendance longue, un témoignage
d’un état de fait.
- Dernière théorie : celle qui fait de la guerre une parenthèse, liée à un simple accident
conjoncturel.

L’appellation Grande Guerre apparaît durant le conflit lui-même


mieux que Première Guerre mondiale, expression qui n’apparaît qu’après 1945,
car cette guerre n’est pas vraiment mondiale comme en 39/45 car les
belligérants sont des Européens srtt, les lieux d’affrontement sont d’abord en Europe
également
car cette guerre a duré plus de quatre ans, a mobilisé hommes et ressources
constamment, a fait 8 millions de morts, a frappé les imaginations au point d’y voir l’entrée
dans un monde nouveau, un monde sans repère d’où large remise en cause de la culture
dominante avant 1914
car avènement d’un régime nouveau, le premier État socialiste réel et donc
opposition entre les deux camps irréconciliables (monde capitaliste, occidental, et monde
socialiste ou communiste)

Une guerre qui sert de révélateur, d’accélérateur


pour le socialisme en voie de développement partout
pour la modernisation économique (véritable laboratoire d’expérimentation)
pour l’interventionnisme étatique
pour le renouvellement des relations sociales jusque là figées dans des schémas
anciens.

Les causes économiques (choc des impérialismes entre les puissances anciennes et
nouvelles selon la thèse marxiste) ou politiques (conflit des nationalismes entre la France et
l’Allemagne pour Alsace-Lorraine puis Maroc, entre AH et Russie pour les Balkans?)
révélation de l’impact nocif des nationalismes des grandes puissances comme
la France, l’Allemagne, mais aussi des petites nationalités récentes comme la Serbie ou
écrasée comme la Pologne, les tchèques, les Finlandais) malgré une croyance en une ére de
coopération.

Les solutions :imposées par les vainqueurs avec une nouvelle carte de l’Europe qui leur est
favorable, qui n’est pas changé en 1945 car ce sont toujours les mêmes vainqueurs
d’où les tensions qui se maintiennent encore hodie

Le bilan : le déclin de l’Europe est désormais réel : le conflit l’a seulement accéléré car
dès 1914 les USA sont la première puissance mondiale, mais la guerre accentue le
vieillissement du continent, affecte son hégémonie coloniale et surtout remet en cause son
prestige moral.
20

La Grande Guerre constitue un tournant dans l'histoire de la France. Le nombre de militaires


disparus est estimé à 1 322 000 de métropolitains (sur 7 900 000 de mobilisés métropolitains,
soit 16,7 % de perte).

Les conséquences politiques en France


* La France sort traumatisée de la Grande Guerre, qui plombe le pays économiquement,
politiquement et démographiquement. Les Français aspirent au retour de la Belle Epoque,
considérée comme un âge d’or, en opposition avec la guerre devenue un mal absolu. Le
régime montre une bonne capacité d'adaptation et semble inébranlable.
La guerre a conforté le régime républicain qui s’est montré capable de mener une action forte
dans un contexte difficile. Pour autant, les clivages traditionnels persistent :
* La droite contre-révolutionnaire : l’Action française. La Ligue d’Action française a été
fondée en 1905 autour de la revue du même nom, apparue en 1899, et qui devient quotidien
en 1908. Elle joue un rôle majeur durant l’entre-deux-guerres et bénéficie du prestige de son
maître à penser, Charles Maurras. Celui-ci prône une monarchie organisée hiérarchiquement
et une nation reposant sur la tradition, la langue et la religion. Ce courant synthétisant
royalisme et nationalisme reste faible électoralement mais exerce une forte influence dans le
milieu intellectuel.
* La droite antiparlementaire : les représentants de ce courant sont favorables à un pouvoir
autoritaire (mais pas à une dictature). Ce mouvement préfère la démonstration de rue à la voie
électorale.
* La droite parlementaire : elle est issue à l’origine de républicains modérés ayant refusé
d’adhérer, en 1899-1900, au Bloc des gauches. Ce courant reste méfiant à l’égard du laïcisme
républicain et rejette toute solution étatiste aux problèmes sociaux.
* Le centre droit : il s’agit des républicains modérés (mais « non modérément républicains »
selon la formule de Waldeck-Rousseau) qui n’ont pas hésité à s’unir avec les radicaux et les
socialistes dans le Bloc des gauches face au péril nationaliste. Ils sont attachés à la laïcité,
refusent l’intervention de l’Etat en matière sociale.
* Les radicaux : (PRRS) le Parti radical s’identifie au régime d’avant-guerre et est favorable à
un renforcement de l’exécutif et à l’intervention accrue de l’État en matière économique. Il
recrute essentiellement chez les classes moyennes.
* Les socialistes : après l’armistice, la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière) se
divise sur les questions de la révolution bolchévique et sur l’adhésion à la IIIe Internationale
fondée par Lénine en 1919. Le congrès de Tours de décembre 1920 se termine par la scission
du parti (création de la SFIC).
* Les communistes : la SFIC (Section française de l’internationale communiste) naît au
congrès de Tours et se rapproche de Moscou. Le parti combine l’action illégale (campagnes
anti-coloniales) et légale (élections). Jusqu’en 1924, il est une force politique plus importante
que la SFIO.
21

A) De l’Union sacrée au Bloc national (1919-1924)

a) La gestion de la Revanche
- Le 11 novembre 1918
aucune date n’est comparable selon JJ Becker dans l’histoire nationale
l’annonce n’est pas une surprise, 11 novembre à 11h : : liesse générale qui dure trois jours à
Paris
le sommet = discours de G Clemenceau à la Chambre des députés à 16 heures qui lit les
conditions de l’armistice et conclut : » Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui
soldat de l’humanité sera toujours le soldat de l’idéal »
J.B. Duroselle : « de tels moments sont rares dans l’histoire d’un peuple ».
J.J. Becker : sommet de la communion nationale.
* pour Maurice Agulhon, deux lectures
le bonheur d’avoir gagné la guerre et celui d’avoir fini la guerre
d’où pour lui le patriotisme compte parmi les victimes de la guerre parce qu’il a permis la
mort de tant d’hommes
* pour René Rémond, deux lectures également
armistice signée le jour de la Saint-Martin(vocable de commune le plus répandu), signe du
destin ) pour certains c’est le signe que Dieu « aimait toujours les Francs »
armistice , victoire de la démocratie et des principes révolutionnaires

- Les conditions de paix


* refus de Clémenceau de jouer la carte nationaliste
d’où désir d’écarter Poincaré considéré comme trop nationaliste
car il doit traiter avec les alliés au sujet de l’Allemagne qu’il hait, car elle est selon lui « la
responsable des malheurs de la France et un danger permanent pour la paix du monde »
un objectif : le retour de l’Alsace-Lorraine avec un refus de « la duperie plébisicitaire »
puisqu’une telle procédure signifierait que le retour des provinces perdues n’allaient pas de
soi.
cpdt la presse britannique (le Herald, aile gauche du parti travailliste) estime
nécessaire le référendum mais le gouvernement britannique ne suit pas.
cpdt Wilson demande le 8 janvier 1918 de réparer « le tort fait à la France par la
Prusse en ce qui concerne l’Alsace et la Lorraine »
restitution prévue dans les conditions d’armistice
* des revendications complémentaires
= celle de Foch qui demande dans 2 notes des 27 novembre 1918 et 10 janvier 1919 de lier la
rive gauche du Rhin économiquement à la France. opposition des alliés, soutien mou de
Clémenceau qui demande à Wilson le 6 mai 1919 : « il faut que vous me sauviez de ces deux
imbéciles » ie Foch et Poincaré
= celle de la Sarre pour des raisons économiques, pour compenser les pertes en charbon
subies par la France dans l’immédiat et renforcer sa position par la suite,
pour des raisons politiques (Landau et Sarrelouis avaient été françaises
dans le passé) . Opposition des alliés qui estiment qu’il faut réparer 1870 mais pas 1815 ou
1814.
= nécessité de garanties pour l’exécution des traités et des réparations financières mais
scepticisme des Français et de Clémenceau sur la SDN.
* les positions des partis politiques français
= la gauche socialiste soutient les idées de Wilson sur le droit des peuples à disposer d ’eux-
mêmes couplé avec la nécessité d’une paix de conciliation et l’établissement d’une Société
des Nations
22

« Entre l’idéalisme wilsonien et les appétits des nationalismes triomphants, aucun accord
n’était possible » selon J Droz.
numéro spécial de L’humanité du 14 décembre 1918 avec création d’une Ligue de solidarité
intellectuelle pour le triomphe de la cause internationale (Anatole France, Georges Duhamel,
André Gide, Jules Romains)
manifestations en faveur de Wilson par des syndicalistes, des socialistes, entretien avec Léon
Jouhaux, secrétaire de la C.G.T.
illusion de croire que Wilson est l’homme du pacifisme
= les radicaux avec Henri Franklin-Bouillon (1870-1937) président de la Commission des
affaires étrangères veulent récupérer l’Alsace-Lorraine mais aussi la Sarre, « arrachée » à la
France en 1815 et sont très favorables à la S.D.N. avec Léon Bourgeois ardent propagandiste.
Ils sont déçus du traité de Versailles et Franklin-Bouillon vote contre.
= Maurice Barrès selon Zeev Sternhell défend la France qu’il sent menacé = complexe
allemand, mais en réalité il évolue car dès 1921 Le génie du Rhin (appel à la réconciliation
des deux jeunesses)
= L’Action française : l’armistice est une suspension d’armes, il faut établir une « paix
française » avec l’annexion de Landau, de la Sarre et une sorte de protectorat sur la Rhénanie.
J Bainville, auteur de Histoire de deux peuples refuse l’arrangement avec l’Allemagne devant
la menace du bolchévisme : « la lutte n’est jamais terminée pour le Rhin entre la France et
l’Allemagne » et cherche à « faire payer le boche » sans savoir s’il est solvable.
d’où difficultés pour G Clémenceau face à Louis Marin, député de Nancy, et Louis Barthou,
proche de Poincaré
2 octobre 1919 : Clémenceau obtient 372 voix en faveur de la ratification du traité de
Versailles contre 53 dont 49 socialistes et 72 abstentions mais 70 députés de droite refusent de
prendre part au vote dont André Maginot, député de la Meuse, le général de Castelnau, le
futur président Paul Deschanel.
Le centre et la droite se résigne à un traité qu’ils n’approuvent pas.
d’où développement d’une majorité issue de la dérive droitière de l’Union sacrée, le
Bloc national : le centre de gravité se déplace à droite alors qu’il était à gauche au printemps
1914
avec Adolphe Carnot petit-fils de Lazare Carnot, président de l’Alliance démocratique,
parti du centre, qui appelle à la constitution d’un Bloc national avec intégration des
catholiques mais refus d’intégrer les socialistes et l’extrême-droite monarchiste. Les chefs de
cette coalition sont Georges Clemenceau et Alexandre Millerand qui dénoncent le danger
bolchévique mais surtout s’appuie sur l’exaltation de l’union nationale avec la nécessité de
« gagner la paix » ie d’appliquer rigoureusement le traité de Versailles
Les socialistes obtiennent 1 728 000 voix contre 1 400 000 en 1914
les radicaux hors bloc national obtiennent 1 800 000 voix
le bloc national récolte 4 300 000 voix soit 450 sièges sur 616 et seulement 46 % des députés
réélus contre 73 % en 1914.
d’où passion de la commémoration
avec un ensemble « parfaitement tragique » marqué par « une unité de temps, le 11 novembre,
une unité de lieu, le monument aux morts, une unité d’action, la cérémonie commémorative ».
(entre 1920 et 1925 ; 30 000 monuments sont édifiés)
d’où développement du mouvement ancien combattant : un français sur cinq ou six
relève de cet état (plus de 5 millions de soldats, 600 000 veuves de guerre, 760 000 orphelins
avec un pacifisme selon Antoine Prost qui l’emporte chez eux sur le nationalisme. car ce qui
est célébré est le souvenir des morts et des sacrifices consentis par la nation.
23

b) Un esprit « Bloc national » qui s’effrite


- Les élections législatives de novembre 1919
* Abandon du scrutin majoritaire au profit du scrutin proportionnel, conformément à
la loi votée par la Chambre des députés à l’automne 1909.
Le système de représentation proportionnelle détenait cet avantage d’être plus démocratique.
* Plusieurs partis décident de constituer des listes communes afin de pérenniser
l’Union sacrée, tels que le PRRRS (Parti républicain, radical et radical-socialiste : principal
parti de l’assemblée depuis 1914) ; mais aussi les partis de droite, comme la Fédération
républicaine, formant le Bloc national avec l’Alliance démocratique et les radicaux
indépendants.
* Le second thème : la question du bolchévisme. Alors que les partis de droite étaient
résolument hostiles à la révolution russe, considérant le communisme comme une menace,
la SFIO au contraire, n’avait pas adopté de position officielle à ce sujet.
* large victoire aux partis de droite, une première depuis 1871
= Le bloc national : 412 sièges (soit 183 élus de la Fédération républicaine, 200 de l’Alliance
démocratique, plus 29 indépendants.)
= au centre-gauche, le PRRRS perdait sa place de leader au sein de l’assemblée, ne ré cupérant
que 86 sièges, soutenu néanmoins par les socialistes indépendants (26 sièges.)
= La SFIO ; score en demi-teinte avec 68 élus.
D’où vague bleue et en raison du nombre d’anciens combattant, elle est surnommée
la chambre bleu-horizon (en hommage à la couleur de l’uniforme des poilus).
Près de 60% des députés effectue leur premier mandat.
* Poincaré conserve Clemenceau, alors président du conseil
- Les élections présidentielles de janvier 1920
* Clemenceau, âgé de presque 80 ans, accepte de laisser ses partisans militer en faveur
de sa candidature à la présidence de la république (par orgueil, il refuse de se présenter lui-
même.).
Auréolé par la victoire de 1918, il est sûr de remporter les élections
* Mais il compte des ennemis au sein de la Chambre des députés.
= A gauche, la SFIO est hostile au briseur de grèves ;
= A droite, on n’apprécie guère l’anticlérical opposé au rétablissement des relations
diplomatiques avec le Vatican.
* Le 16 janvier, des primaires sont organisées par le groupe républicain afin de
déterminer le candidat ; Paul Deschanel [1855-1922], membre de l’Alliance démocratique,
obtient 408 voix contre 389 seulement pour Clemenceau qui décide de retirer sa candidature
* Le 17 janvier, Deschanel est élu dès le premier tour avec 85% des suffrages.
Charles Jonnart [1857-1927], lui aussi membre de l’AD, arrivait en seconde position avec 7%
des voix ; Clémenceau, qui n’était pas candidat, se trouvait malgré tout en troisième position
avec 6% des suffrages.
* Suite à cet échec, Clémenceau démissionne le 18 janvier 1920.
Poincaré, abandonnant sa charge, invita Deschanel à nommer Alexandre Millerand [1859-
1943, socialiste indépendant] président du conseil (février 1920.).

- D’une élection présidentielle à l’autre (janvier à septembre 1920)


* Millerand forme un gouvernement, composé en majorité de membres de l’AD avec
des radicaux et des membres de la Fédération républicaine.
* il prend le ministère des Affaires étrangères, confie à Théodore Steeg (PRRRS.) le
portefeuille de l’Intérieur ; Frédéric François-Marsal (FR) ; les Finances ; Albert Sarraut
PRRRS) aux Colonies ; André Maginot [1877-1932] (AD) celui des Pension, Primes et
Allocations de guerre.
24

* Politique extérieure
= Le traité de Versailles prévoit que la rive gauche du Rhin doit être démilitarisée pour au
moins quinze ans, le chancelier allemand Hermann Müller envoie des troupes des troupes
dans la Ruhr en mars 1920 pour réprimer une tentative de coup d’Etat mais sans demander
l’autorisation des alliés d’où Millerand avec l’accord de l’Angleterre, fait occuper Francfort,
Darmstadt et Hanau.
* Politique intérieure :
= grève générale proclamée par la CGT à l’occasion du 1er mai 1920.
Millerand réprime durement la manifestation, attaque la CGT pour atteinte à la sûreté de
l’État, et organisa des transports de remplacement.
* Courte présidence de Paul Deschanel (mai à septembre 1920) :
= le 23 mai, quatre mois après son investiture à la tête de l’Etat, Deschanel tombe au cours de
la nuit du train qui le menait à Montbrison, dans la Loire. Il est recueilli par un ouvrier
cheminot et conduit à la maison de garde-barrière la plus proche.
D’où des questions (somnambulisme, une mauvaise réaction aux somnifères, ou bien folie de
Deschanel ?) et des moqueries de la part des journaux satiriques et des chansonniers.
= Deschanel, souffrant de crises d’angoisse et de dépression à cause des contraintes de la
présidence, décide de démissionner le 21 septembre 1920 en expliquant dans une lettre aux
députés que son état de santé ne lui permettait plus d’assurer ses fonctions de chef de l’Etat.
C’est ainsi que de nouvelles élections présidentielles furent organisées en septembre 1920.
* Les élections présidentielles de septembre 1920
= Le 23 septembre 1920, soit seulement deux jours après la démission de Deschanel
Avec une large victoire de Millerand, alors président du conseil : près de 89% des suffrages.
Son adversaire [1857-1925] le lillois Gustave Delory , de la SFIO : 9%.

- Les ministères Leygues et Briand (septembre 1920 à janvier 1922)


* d’abord Georges Leygues [1857-1933] (membre de l’AD) comme président du
conseil : il prend le ministère des Affaires étrangères, confirme Steeg à l’Intérieur, François-
Marsal aux Finances, Sarraut aux Colonies, et Maginot aux Pensions de septembre 1920 à
janvier 1921
= Cycle de conférences, entre Paris, Londres et Bruxelles, pour déterminer le montant de la
dette de guerre allemande.
= Le gouvernement allemand propose une somme fixée à 30 milliards de marks-or,
la France et l’Angleterre, outrées, font occuper Düsseldorf et Duisburg.
D’où l’Allemagne cède et les indemnités de guerre sont fixées à 132 milliards de marks-or
en fin d’année 1921.
= Le 11 novembre, un soldat inconnu fut inhumé sous l’arc de triomphe de l’Etoile.
= 30 novembre : rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican ( de nombreux
prêtres morts au champ d’honneur).
Le ministère Leygues est renversé le 12 janvier 1921, et Millerand est contraint de céder la
charge de président du conseil à Aristide Briand.
* Le ministère Briand (janvier 1921 à janvier 1922)
= Il prend les Affaires étrangères, nomme Paul Doumer (radical indépendant.) aux Finances,
et Louis Barthou (AD) à la Guerre. André Maginot, seul ministre restant du gouvernement
Leygues, conserve le portefeuille des Pensions, primes et allocations de guerre.
Mais toujours une majorité de membres de l’AD et de la FR, ainsi que quelques radicaux.
= Le 30 mai 1921, Briand, favorable au rétablissement des relations avec le Vatican, envoie
un ambassadeur auprès du pape Benoît XV.
25

Comme la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, votée en décembre 1905, prévoit la mise
en place d’associations cultuelles refusées par le Saint siège, Briand négocie pendant l’été
1921 la formation d’associations diocésaines.
= Vis-à-vis de l’Allemagne, Briand était favorable à une « paix blanche » pendant la Grande
Guerre mais il adopte dans un premier temps une posture ferme vis-à-vis de Berlin, réclamant
le paiement intégral des indemnités de guerre.
Cependant, l’opinion de Briand évolue au cours des mois car il constate la grave crise
économique qui frappe alors l’Allemagne.
Idem pour les Britanniques qui sont à l’origine partisans du paiement intégral des indemnités
de guerre, mais qui ne veulent pas que cette crise qui frappe le second partenaire économique
anglais, ne se répercute en Grande Bretagne.
D’où conférence de Cannes, le 5 janvier 1922, avec Briand, Lloyd George, et Ivanoe
Bonomi, président du conseil italien : il est décidé de mettre en place un délai de paiement,
moyennant une alliance avec le Royaume-Uni garantissant la sécurité de la France.
D’où critique du Bloc national, qui entend bien faire payer l’Allemagne et de Millerand,
hostile à toute révision du traité de Versailles.
D’où retour précipité de Briand à qui on rappelle son attitude conciliante envers l’Allemagne
pendant la guerre, afin de justifier sa politique.
12 janvier 1922 : bien qu’obtenant un vote de confiance à la Chambre des députés, Briand
décide de démissionner.
- Un nouveau ministère Poincaré (janvier 1922 - juin 1924)
* Millerand confie la charge de président du conseil à Raymond Poincaré.
Plusieurs radicaux ayant décidé de quitter le gouvernement à cause du rétablissement des
relations diplomatiques avec le Vatican, Poincaré fait appel à des membres de l’AD ou de la
FR tout en conservant le ministère des Affaires étrangères : Barthou à la Justice ; Frédéric
François-Marsal [ 1874-1958, homme d’affaires FR ] aux Finances ; Sarraut aux Colonies ;
Maginot, ministre de la Guerre et des Pensions.
* L’invasion de la Ruhr
= En 1922, l’économie française est malade : outre les dettes colossales contractées par
l’Etat et l’important coût de reconstruction des départements du nord de la France, l’inflation
avait multiplié les prix par trois, entre 1914 et 1922.
= Le paiement de l’indemnité de guerre allemande prend du retard, les tensions montent peu à
peu entre Paris et Berlin d’autant qu’en an avril 1922 est signé le traité de Rapallo entre
l’Allemagne et la Russie soviétique, rétablissant les relations commerciales et diplomatiques
entre les deux pays (une clause secrète prévoyait aussi une collaboration militaire).
= En l’espace de quelques mois, l’Allemagne connaît alors une hyperinflation de sa monnaie,
et doit mettre un terme au remboursement de la dette. Ainsi, alors que le dollar était côté à
192 marks en janvier 1922, il en valait 4 000 en octobre, un million en août 1923, et 4.2
billions en fin d’année.
= En France, l’arrêt des paiements est considéré comme une insulte par de nombreux députés.
De nombreux journaux de droite réclame la saisie de gages en Allemagne afin de contraindre
le Reich à payer ; par ailleurs, de nombreux députés étaient favorables à un coup de force.
= Le 10 janvier 1923, Poincaré d’envahir la Ruhr d’où le surnom de « PoincaRurh », la plus
riche région industrielle d’Allemagne. Ce faisant, la France était désavouée par l’Angleterre,
mais bénéficiait du soutien de la Belgique.
La France s’empare des centres de production de charbon, de fer et d’acier avec pour objectif
de récupérer ces matières premières si le gouvernement allemand refuse de reprendre le
paiement des indemnités.
La Société des Nations laisse faire au nom de l’application des clauses du traité de Versailles.
26

Les Etats-Unis et l’Angleterre exercent alors une importante pression financière sur la France,
visant à faire baisser la valeur du franc.
= En contrepartie, le gouvernement allemand riposta par la mise en place du Ruhrkampf, une
résistance passive se traduisant par des grèves massives (plus quelques sabotages.) et une
paralysie économique de la région qui contribue et accentue l’hyperinflation.
Cependant, de nombreuses compagnies industrielles allemandes ne sont pas hostiles à la crise
économique, qui leur permet de réduire leurs dettes mais aussi d’exporter plus facilement leur
production à l’étranger.
= Finalement, en septembre 1923, le chancelier Gustav Stresemann, fondateur du parti
populaire allemand, nommé à ce poste par Ebert en août 1919, décide d’arrêter le Ruhrkampf.
Cependant, cette politique provoqua d’importants remous, tels que le putsch de la Brasserie à
Munich en
= Un arrangement est mis au point par un groupe d’experts financiers américains et
britanniques, présidé par Charles Dawes : évacuation de la Ruhr, indemnités de guerre t fixés
à 1 milliard de marks-or par an pendant cinq ans, puis 2.5 milliards de marks-or par an
Le plan Dawes, validé par les alliés et l’Allemagne, entre en application en septembre 1924.
En décembre de la même année est créé le Rentenmark, une nouvelle devise destinée à
remplacer le Papiermark.
= Ayant promis d’évacuer la Ruhr, Poincaré obtient une aide des banques américaines et
anglaises afin de redresser le franc. la France ordonne l’évacuation en janvier 1925.
* À l'intérieur, le Bloc national mène une politique de redressement économique et
surtout financier, destinée à lutter contre l’instabilité monétaire (chute du franc) et l’inflation,
phénomènes nouveaux issus de la guerre.
Refusant de dévaluer la monnaie, il adopte une série de nouvelles mesures au printemps 1924,
afin d’enrayer la chute du franc : tous les impôts sont augmentés de 20% (la « double
décime », le contrôle fiscal est renforcé ; les dépenses de l’Etat sont diminuées d’un milliard
de francs.
Cette opération (surnommée le Verdun financier.), mise en place à deux mois des élections
législatives, provoque un mécontentement exploité par l’opposition.
* Le congrès de Tours et la création de la CGTU (décembre 1921)
= En décembre 1920, 18ème assemblée nationale de la SFIO.
Or depuis la Grande Guerre, division entre les sympathisants au régime soviétique et les
modérés.
Invitation à se prononcer quant à l’adhésion à l’Internationale communiste (ou Troisième
internationale), fondée par Lénine en mars 1919 : pour participer au Komintern, obligation de
respecter 21 points : propagande continue (au sein des syndicats, campagnes, usines, etc.) ;
refus de participer à un gouvernement bourgeois ; mise en place d’organismes clandestins afin
de lutter contre le fonctionnement de l’Etat ; dénonciation du patriotisme et du colonialisme ;
lutte contre la Deuxième internationale ; soutien à la Russie soviétique ; diffusion de tout
document officiel issu de la Troisième internationale par les organes de presse des partis
communistes ; etc.
= Trois camps émergent :
+ Le premier courant, majoritaire, favorable à un ralliement à la Troisième
internationale ;
+ un second camp accepte aussi le ralliement, à condition que les 21 points soient
assouplis ;
+ enfin, le dernier mouvement, mené par Léon Blum, refuse totalement l’adhésion au
Komintern, et préfèret rester au sein de la Deuxième internationale.
27

A l’issue de débats houleux, et en raison de la vive hostilité des opposants à la Troisième


internationale, la frange gauche de la SFIO décide de quitter le parti, fondant la SFIC (Section
française de l’internationale communiste).
= L’année suivante, en décembre 1921, la CGT connaît aussi une scission : la partie gauche
quitte le syndicat et donne naissance à la Confédération Générale du Travail Unitaire.
La CGTU, composée d’anarchistes et de communistes, se rapproche peu à peu de la SFIC.
* Le Bloc national mène une politique de défense sociale (lutte contre les éléments
révolutionnaires) et d’apaisement religieux (non-application de la loi de 1905 en Alsace-
Lorraine, réconciliation avec le Saint-Siège).

B) Du Cartel des Gauches à l’Union nationale

a) Le retour de l’union à gauche


- Les élections législatives de mai 1924
* Alors que le gouvernement Poincaré occupe encore la Ruhr, de nouvelles élections
législatives furent organisées en mai 1924.
* En décembre 1923, les communistes invitent la SFIO à fonder une liste contre battre
le bloc national mais les socialistes préfèrent s’allier avec les radicaux.
= D’où création du Cartel des gauches ( PRRRS, les socialistes indépendants du PRS, les
radicaux indépendants et la SFIO qui refuse de faire partie d’un gouvernement bourgeois alors
que les les radicaux conservent des liens avec l’AD, se méfiant quelque peu de la SFIO.
= Le programme repose sur quelques mesures phares : retour à la laïcité (suppression des
relations diplomatiques avec le Vatican, et introduction de la loi de séparation de l’Eglise et
de l’Etat en Alsace-Lorraine ; diminution du coût de la vie ; égalité fiscale, etc.
* Les élections, mi-mai 1924, n’accordent pas une nette majorité au vainqueur :
= 4,5 millions de voix au Cartel contre 4,2 millions pour la droite.
D’où 287 sièges dont 139 élus pour le PRRRS, 44 pour les socialistes indépendants du PRS,
104 pour les socialistes.
Les communistes seulement 26 sièges : ils vont voter systématiquement contre le Cartel.
= Le bloc national étant dissous, la droite obtenait un bien plus mauvais score qu’au scrutin
précédent mais ne s’effondre pas : la FR récupére 104 sièges, l’AD : 81, et le parti démocrate
populaire : 14.
- Les élections présidentielles de juin 1924
* Les députés du Cartel des gauches réclament la démission d’Alexandre Millerand.
Les socialistes le considèrent comme un traitre et ses tentatives pour augmenter les pouvoirs
du président de la république sont jugées illégales.
* A la suite de la démission de Poincaré au début du mois de juin 1924, Millerand fait
appel à Edouard Herriot, chef du parti radical, pour former un nouveau gouvernement ; il
refuse puisque les députés du Cartel réclament la démission de Millerand.
* A l’issue d’une semaine de tensions entre l’Elysée et le palais Bourbon, Millerand
décide de démissionner.
D’où des primaires organisées à gauche donnant l’avantage à Paul Painlevé [1863-1933,
mathématicien, PRS], candidat du Cartel. Son adversaire malheureux, Gaston Doumergue
[1863-1937, député radical de Nîmes], refuse toutefois de se retirer sa candidature, comme
cela était l’usage. Ce dernier, soutenu par Millerand, savait en effet que la droite et le centre
voteraient en sa faveur.
* Le 13 juin 1924, Doumergue est élu président de la République dès le premier tour,
avec 60% des voix ; Painlevé, arrivé deuxième, ne récoltait que 36%.
- Le gouvernement Herriot (juin 1924 à avril 1925)
28

* Doumergue décide de nommer Edouard Herriot au poste de président du conseil.


Le nouveau venu, récupère le ministère des Affaires étrangères, et met en place un
gouvernement composé en grande majorité de membres du PRRRS avec Camille Chautemps
à l’Intérieur ; Edouard Daladier aux Colonies.
* Une série de mesures spectaculaires
= en juin 1924, amnistie des grévistes de 1919 et des politiques condamnés pendant la Grande
guerre (Joseph Caillaux et Louis Malvy.) ; reconnaissance de l’Union des républiques
socialistes soviétiques (28 octobre 1924.) ; transfert des cendres de Jean Jaurès au Panthéon
(22 novembre 1924.) ; autorisation pour les fonctionnaires de se syndiquer; Evacuation de la
Ruhr (janvier 1925).
* Les questions religieuses :
= Le Cartel annonce vouloir retourner à une politique laïque stricte mais se heurte à une dure
opposition qui oblige le gouvernement à reculer sur l’application de la loi de Séparation de
l’Église et de l’État en Alsace-Lorraine. De même, les congrégations religieuses qui s’étaient
reconstituées pendant la Grande Guerre sont maintenues.
L’Alsace et la Lorraine, rétrocédées à la France à l’issue de la Grande guerre, n’ont pas été
concernées par la loi de séparation de l’Église et de l’État, adoptée en décembre 1905. Ainsi,
ces deux départements étaient toujours régis par le Concordat, texte signé par Napoléon
Bonaparte et le pape Pie VII en juillet 1801.
D’où les prêtres sont rémunérés par l’État et dotés de droits civiques ; les évêques sont
nommés par l’Etat ; enfin, le catholicisme est considérée comme religion de la majorité des
Français (et non religion officielle de France).
D’où échec pour mettre un terme au Concordat en Alsace-Lorraine à cause du risque d’un
mouvement sécessionniste dans ces deux départements
D’où échec pour mettre un terme aux relations diplomatiques avec le Vatican, remises en
place par le bloc national, à cause de l’hostilité des députés.
Au final, les crédits de l’ambassade de France au Vatican furent supprimés (mars 1925.), mais
les relations diplomatiques ne furent pas rompues.
* La question économique :
= position plus laxiste en matière de finances.
Alors que l’inflation sévit, Herriot ne parvient pas à faire voter l’impôt sur le capital, réclamé
par les socialistes.
Par ailleurs, la Banque de France annonce à la Chambre des députés que le gouvernement a
dépassé le seuil d’emprunt maximal.
Contesté à droite et au centre, mais aussi par les milieux financiers, le ministère Herriot est
renversé le 10 avril 1925.
- Le gouvernement Painlevé (avril 1925 à novembre 1925)
* Doumergue décide de confier la charge de président du conseil à Paul Painlevé,
candidat malheureux aux présidentielles de 1924.
Celui-ci prend le ministère de la Guerre, compose un gouvernement en grande majorité
composé de PRRRS plus quelques socialistes indépendants comme Théodore Steeg à la
Justice ; Aristide Briand aux Affaires étrangères ; Joseph Caillaux aux Finances ; Pierre
Laval [1883-1945, SFIO] aux Travaux publics.
* Apaisement sur la question religieuse
= Painlevé annonce qu’il renonçait à supprimer l’ambassade de France au Vatican ;
= par ailleurs, la politique de laïcité en Alsace-Lorraine est abandonnée.
* L’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes (avril à
octobre 1925) :
= alors que la domination française au Maroc et en Syrie était vivement contestée,
Doumergue inaugure à Paris, le 28 avril 1925, cette exposition internationale.
29

Les pavillons français et des pays participant à l’exposition, installés sur l’esplanade des
Invalides, consacrèrent l’émergence du style Art déco. A l’opposé d’un Art nouveau reposant
sur l’esthétique des lignes courbes, l’Art déco se tournait vers les formes géométriques et
épurées.

b) Vers l’Union nationale


- La valse des ministères (novembre 1925 à juillet 1926)
* Le gouvernement Painlevé ayant été renversé par la Chambre des députés en
novembre 1925, Doumergue décida de faire appel à Aristide Briand.
Ce dernier prend les Affaire étrangères, confie à Painlevé le ministère de la Guerre ; Georges
Leygues reçoit la Marine ; Paul Doumer les Finances ; Edouard Daladier l’Instruction
publique ; Camille Chautemps l’Intérieur.
Une majorité de membres de PRRRS mais aussi quelques socialistes et radicaux
indépendants.
* Les accords de Locarno (octobre 1925) :
= Briand, veut jouer la carte de l’apaisement avec une Allemagne subissant une importante
crise économique.
D’où accords de Locarno à la mi-octobre 1925, avec les émissaires de l’Allemagne (Gustav
Stresemann [1878-1929 : parti national libéral), de la France (Aristide Briand.), de l’Italie
(Benito Mussolini.), de l’Angleterre, de la Pologne et de la Tchécoslovaquie.
L’Allemagne reconnaît officiellement ses frontières occidentales, acceptant la cession
de l’Alsace-Lorraine à la France et d’Eupen-Malmedy à la Belgique.
Plusieurs conventions d’arbitrage sont signées (les différents pays renoncent à utiliser
la force en cas de conflit), entre la France, l’Allemagne et la Belgique ; l’Allemagne et la
Pologne ; l’Allemagne et la Tchécoslovaquie.
La France s’engage à défendre la petite entente, alliance militaire unissant la
Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
= En septembre 1926, l’Allemagne décide d’adhérer à la SDN ;
en fin d’année, Briand et Stresemann reçoivent le prix Nobel de la paix, en raison du retour à
la normale des relations diplomatiques entre la France et l’Allemagne.
* La chute du gouvernement Briand (mars à juillet 1926) :
= malgré une politique étrangère saluée par la presse internationale, Briand est incapable de
mettre à la crise économique qui frappe alors les milieux financiers.
D’où remaniement ministériel en mars 1926, puis à un second en juin de la même année.
avec Joseph Caillaux, nouveau ministre des Finances, qui réclame pendant l’été les pleins
pouvoirs financiers afin d’enrayer la baisse du franc.
D’où Herriot attaque Caillaux et provoque la chute du gouvernement Briand (17 juillet
1926.).
* Le bref gouvernement Herriot (mi-juillet 1926) : 3 jours
= suite à l’éviction de Briand, Doumergue décide de confier à Herriot la charge de président
du conseil.
Il constitue un gouvernement, composé de membres du PRRRS, et quelques députés de
l’AD.
= le ministère Herriot fait long feu en raison d’une inflation catastrophique.
Alors que des manifestants se regroupent devant le palais-Bourbon, ni les Etats-Unis, ni les
banques françaises n’acceptent de prêter main forte au gouvernement.
Le 21 juillet, le gouvernement Herriot est renversé par la Chambre des députés, trois jours à
peine après sa constitution.
* Le Cartel ne parvient pas à résoudre la crise financière.
30

= Il tombe en juillet 1926 et laisse place à l’Union nationale (1926-1928) dirigée par Poincaré,
qui stabilise les finances (dévaluation du franc de 80 %, hausse des impôts indirects).

- L’Union nationale avec le nouveau ministère Poincaré (juillet 1926 à juillet 1929)
* Doumergue fait appel à Poincaré, auréolé par son « Verdun financier » du printemps
1924.
Il compose un gouvernement d’ouverture avec des membres de l’AD, de la FR, du PRRRS,
de socialistes et de radicaux indépendants.
Poincaré aux Finances (AD.), Aristide Briand aux Affaires étrangères (socialiste
indépendant.) ; Painlevé ministre de la Guerre (socialiste indépendant.) ; Albert Sarraut à
l’Intérieur ; Louis Barthou à la Justice (AD.) ; Leygues à la Marine (AD.) ; Herriot à
l’Instruction publique (PRRRS.) ; André Tardieu aux Travaux publics (AD.).
C’est la fin du Cartel des gauches ; les radicaux préférant s’allier avec le centre-droit plutôt
qu’avec les socialistes qui passent dans l’opposition, aux côtés des communistes.).
* Le redressement du franc :
= Poincaré veut redresser le franc, qui a perdu beaucoup de sa valeur depuis 1914.
Les bons du trésor se vendent rapidement ; en juillet 1926, alors que le taux de change est de
243 francs pour 1 livre sterling, il diminua à 164 francs à la fin août.
Ayant reçu les pleins pouvoirs financiers, il promulgue une série de décrets-lois pendant
l’été : réformes administratives et judiciaires (suppression d’une centaine de sous-préfectures,
et de plusieurs tribunaux d’arrondissements.) ; augmentation des impôts ; accompagnée d’une
rationalisation de l’administration.
Grâce à ces quelques mesures, le franc se redresse quelque peu, puisqu’en décembre 1926
l’on échangeait 122 francs contre 1 livre sterling.
* Lois et décrets de l’année 1927 :
= en janvier 1927, Briand annonce que les alliés renonçent à contrôler le désarmement de
l’Allemagne ;
= en juillet, la Chambre des députés vote en faveur du rétablissement du scrutin majoritaire
par arrondissement, abandonnant le scrutin proportionnel départemental, en vigueur depuis
1919 ;
= courant août, une loi sur la naturalisation est adoptée, réduisant de dix à trois le nombre
d’années de résidence en France pour les étrangers souhaitant être naturalisés ;
= en janvier 1928, le service militaire est fixé à un an (contre trois depuis en juillet 1913).
* Les élections législatives d’avril 1928 :
Au scrutin majoritaire à deux tours, rétabli pendant l’été 1927.
= Le Cartel des gauches, en pleine déliquescence depuis juillet 1926 ne parvient pas à
l’emporter face à la droite.
= 1928 marque le retour de la droite au pouvoir.
Si le premier tour des législatives est favorable à la gauche, le second tour voit le mauvais
reports des voix des radicaux sur les socialistes et l'isolement des communistes.
= Ainsi, l’AD alliée aux radicaux indépendants de la gauche radicale fait le meilleur score,
récupérant 147 sièges. La FR, effectuant un score équivalent au précédent scrutin, obtient 102
sièges ; enfin, le PDP eut 19 élus.
= Election de plusieurs petits partis de centre-gauche : l’on comptait donc 18 sièges pour
le parti socialiste français, et 33 sièges pour les indépendants de gauche.
Le PRRRS récoltait 125 sièges ; les socialistes indépendants en obtenait seulement 12.
A l’extrême-gauche, la SFIO obtenait 100 sièges, contre 11 pour les communistes.
En raison de la victoire du centre-droit lors de ces élections, Poincaré conserve son poste de
président du conseil.
* La création du franc Poincaré (25 juin 1928) :
31

= Ayant préféré attendre l’élection d’une chambre dominée par le centre-droit, le


gouvernement décide d’instaurer le franc Poincaré, le 25 juin 1918, en remplacement du franc
germinal (fixé à un cinquième de sa valeur d’avant-guerre, le franc Poincaré, ne contenant
plus que 65.05 milligrammes d’or, était côté à 125 francs pour une livre.).
* La signature du pacte Briand-Kellogg (27 août 1928) :
= 60 nations viennent à Paris pour signer le pacte Briand-Kellogg, texte rédigé à l’initiative
d’Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, et de Frank Billings Kellogg, secrétaire
d’Etat des Etats-Unis.
Le traité proclame la guerre « hors la loi » (sauf en cas d’agression ennemie).
Adhésion de pays d’importance tels que la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Angleterre,
l’Italie, le Japon.
* Le remaniement ministériel de novembre 1928 :
= les radicaux, réunis en congrès au mois d’octobre 1928, votent la veille de la clôture une
mention prévoyant la démission des ministres radicaux du gouvernement Poincaré.
D’où remaniement ministériel le 11 novembre.
Mais Aristide Briand reste aux Affaires étrangères, Painlevé à la Guerre, Barthou à la Justice,
et Leygues à la Marine.
Tardieu, membre du précédent gouvernement, reçoît le ministère de l’Intérieur ; Maginot
(AD.) eut le portefeuille des Colonies.
* Le scandale de la Gazette du franc (décembre 1928) :
= un nouveau scandale financier éclata, impliquant Marthe Hanau, fondatrice du journal
économique la Gazette du franc. Elle prétend posséder des informations exceptionnelles, afin
de conseiller ses lecteurs sur les meilleurs placements boursiers du moment et reçoit les
félicitations de nombreuses personnalités parisiennes, dont Poincaré lui-même.
Or les investissements recommandés sont soit des sociétés fictives constituées par Mme
Hanau, soit des actions émises par ses partenaires financiers.
D’où banqueroute en fin d’année 1928, car incapable de rembourser les quelques 120
millions de francs souscrits par les épargnants. Mme Hanau, accusé d’escroquerie, est arrêtée
et incarcérée le 4 décembre 1928 et condamnée à 2 ans de prison.
* Le plan Young (février à août 1929):
= après le plan Dawes adopté en septembre 1924, il est décidé de procéder à une révision de
ce texte en début d’année 1929, : les alliés et l’Allemagne adoptent le plan Young.
= accord élaboré par un groupe d’experts financiers américains et britanniques, présidé
par Owen Young. Le texte prévoit la réduction de la dette de guerre allemande à 112 milliards
de marks-or, à payer sur 59 annuités (soit 2 milliards de marks-or par an.) ;
la France et l’Angleterre doivent évacuer la Rhénanie le 30 juin 1929 ; enfin, la surveillance
économique de l’Allemagne est abolie.
Finalisé en août 1929, le plan Young n’est officiellement adopté qu’en janvier 1930.

- L’éphémère ministère Briand (juillet à octobre 1929)


* Poincaré, affaibli par une opération médicale, est contraint de présenter sa démission
le 27 juillet 1929. Doumergue décide de le remplacer par Aristide Briand.
Il constitue un gouvernement identique au précédent avec lui aux Affaires étrangères,
Painlevé confirmé à la Guerre, Barthou à la Justice, Leygues à la Marine, Tardieu à
l’Intérieur, Maginot aux Colonies.
* En septembre 1929, Briand et son homologue allemand Stresemann annoncent
devant l’assemblée générale de la SDN, réunie à Genève, la création d’un projet de fédération
européenne.
Un mandat est alors confié aux deux hommes pour préparer un mémorandum sur cette future
fédération, mais le projet est finalement rejeté.
32

* Le 22 octobre 1929, Briand fut renversé à la Chambre des députés, les élus n’ayant
guère apprécié les dispositions du plan Young.

Conclusion
* oscillation de la politique entre le Bloc national, le Cartel des Gauches et l’Union nationale
* poids des personnalités politiques comme Aristide Briand, Gaston Doumergue et Raymond
Poincaré
* rôle charnière du Parti radical mais aussi des petits partis de centre-droit : AD et FR
33

Ch. 5 : Les années trente : vers l’effondrement

Introduction : Le krach de Wall Street (fin octobre 1929)


= Entre 1919 et 1929, la production industrielle aux USA a progressé de 50%, l’indice Dow
Jones de 468%. Cependant, Wall Street subit un important Krach boursier, à la fin octobre
1929.
= Les causes de cet évènement sont l’éclatement d’une bulle spéculative, amplifiée par un
système d’achat d’actions à crédit, instauré en 1926. Ainsi, au lieu de payer l’intégralité des
sommes dues lors d’un achat de titres, les spéculateurs peuvent verser une somme
correspondant à 10% de la valeur totale, et échelonner les remboursements sur plusieurs
échéances.
= A la bourse de New York, les premières ventes massives d’actions ont lieu quelques jours
avant le krach, entre le 18 et le 23 octobre.
Dans un premier temps, les principales banques new-yorkaises tentent d’acheter des titres afin
d’inverser la tendance ; cependant, après une stabilisation des cours les 24, 25 et 26 octobre,
ces derniers chutèrent drastiquement le 28 octobre, surnommé le lundi noir.
D’où vent de panique sur la bourse de New York, tous les actionnaires décident de vendre
leurs titres au plus vite, afin de limiter leurs pertes. Le 28 octobre, 9 millions d’actions furent
échangées, le lendemain, le mardi noir, le volume passa à 16 millions. En raison de ces très
nombreux échanges, les téléimprimeurs, ne pouvant suivre le cours des opérations, accusaient
trois heures de retard.
En l’espace de quelques jours, le Dow Jones avait perdu près de 40% de sa valeur, soit
approximativement 30 milliards de dollars.
= Importantes répercussions aux Etats-Unis et dans le monde entier.
de nombreux spéculateurs sont dans l’incapacité de rembourser leurs emprunts ;
de nombreuses sociétés firent faillite ;
les banques sont dans l’incapacité de faire face à la demande de leurs clients.
En quelques mois, les Etats–Unis entrent dans un cercle vicieux : baisse de la consommation,
des investissements et de la production, explosion du chômage (1.5 millions de chômeurs en
1929 contre 15 millions en 1933.), nouvelles faillites, etc.
= Le gouvernement décide d’adopter une série de mesures protectionnistes, ce qui permet à la
crise de frapper les économies européennes à compter de 1931.
En juillet 1932, le Dow Jones a perdu 89% de sa valeur initiale.
= La crise économique ne touche la France qu’à partir de 1931 même si des signes avant-
coureurs se manifestent auparavant (crise du textile dès 1928, crise de l’automobile en 1929,
recul de la production à partir de juin 1930).
Jusqu'en 1931, les commentateurs présentent la France comme une « île heureuse » préservée
de la dépression générale.
La désillusion se fait jour fin 1931 avec un net recul de la production industrielle et une
progression forte du chômage.
Les exportations de juillet-août 1932 ne représentent que la moitié de celles du premier
semestre 1929.

A partir de 1933, alors que des pays comme les Etats-Unis ou l'Allemagne montrent des
signes de reprise, la France s'enfonce davantage dans la crise.
Elle n’en sort pas avant la Seconde Guerre mondiale.
34

A) La France en crise ; dislocation de l’Union nationale

a) Une instabilité ministérielle amplifiée par le krach de Wall Street (novembre


1929 à janvier 1931)
Suite à la démission d’Aristide Briand en octobre 1929, Doumergue nomme André Tardieu
[1876-1945] au poste de président du conseil.
- Le ministère Tardieu (novembre 1929 à février 1930) :
= gouvernement de centre-droit, composé en majorité d’hommes de l’Alliance démocratique,
plus des socialistes et des radicaux indépendants, ainsi que des membres de la Fédération
républicaine.
Récupérant le ministère de l’Intérieur, il confie à Briand les Affaires étrangères ; Maginot à la
Guerre ; Leygues conserve la Marine. Pierre-Etienne Flandin [1889-1958, avocat] au
Commerce.
Après avoir validé le projet de construction de la ligne Maginot (début janvier 1930.),
ministère renversé le 17 février.
- Le ministère Chautemps (février 1930) :
= chef de l’opposition [1885-1963, juriste, franc-maçon] : ministère composé de PRRRS
(parti républicain, radical et radical socialiste) : renversé moins d’une semaine après sa
constitution (25 février 1929).
Toujours dans une volonté de création d’union Sacré.
- Le second ministère Tardieu (mars à décembre 1930) :
= Conserve l’Intérieur, confirme Briand aux Affaires étrangères, Maginot à la Guerre et
Flandin au Commerce ; Laval au ministère du Travail ; Paul Reynaud [1878-1966] aux
Finances.
en majorité composé d’hommes de l’AD, plus des socialistes et des radicaux indépendants,
ainsi que de membres de la FR.
= Fin mars, un projet de loi instaura la gratuité des études secondaires et instauration d’une
pension en faveur des anciens combattants.
= Il est renversé en décembre 1930, en raison de l’affaire Oustric.
Albert Oustric était un banquier amateur de spéculation boursière, qui toutefois fit
banqueroute en novembre 1930, suite au krach de Wall Street. Oustric a tissé d’importants
réseaux avec le monde politique. Raoul Péret, ministre des Finances, éclaboussé par l’affaire,
doit démissionner, ce qui provoque la chute du ministère Tardieu. Arrêté et incarcéré, Oustric
fut condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende.
- Le ministère Steeg (décembre 1930 à janvier 1931) :
Théodore Steeg [1868-1950, fils de Jules, pasteur] membre du PRRRS, tente de mettre en
place un ministère d’ouverture, composé de radicaux, de membres de l’AD, ainsi que de
socialistes et radicaux indépendants.
35

Outre Steeg, aux Colonies, Aristide Briand aux Affaires étrangères ; Leygues à l’Intérieur ;
Barthou à la Guerre ; Sarraut à la Marine militaire ; Chautemps à l’Instruction publique ;
Painlevé au ministère de l’Air ; et Daladier aux Travaux publics.
= Signe de la fragilité du régime, quatre ministères en l’espace d’un an ; une douzaine de
secrétaire d’Etats au sein du nouveau gouvernement ; le ministère des Finances divisé en trois
portefeuilles (Finances, Budget et Economie nationale.)
Après un mois d’existence, le gouvernement Steeg est renversé par la Chambre des députés
le 22 janvier 1931.

b) Le ministère Laval (janvier 1931 à février 1932)


Doumergue décida de confier à Pierre Laval la charge de président du conseil.
- La constitution du nouveau gouvernement (janvier 1931)
Bien qu’étant un ancien membre de la SFIO, il constitue un ministère de centre droit
( majorité d’hommes de l’AD, des socialistes et des radicaux indépendants, ainsi que des
membres de la FR).= Ministère plutôt centre droit.
Laval à l’Intérieur, Briand aux Affaires étrangères ; Maginot à la Guerre ; Tardieu à
l’Agriculture ; Flandin au Commerce ; et Paul Reynaud aux Colonies.
- L’exposition coloniale internationale de Paris (mai à décembre 1931) :
= Dirigé par le maréchal Lyautey, avec comme objectif de promouvoir l’Empire colonial
français : toutes les colonies françaises, mais aussi les protectorats et les Etats sous mandat de
la SDN sont représentés (la Belgique, l’Italie, l’Angleterre, les Pays-Bas, les Etats-Unis, le
Danemark, etc.).
= Parmi les monuments les plus marquants, une copie du temple d’Angkor Vat, pavillon du
Cambodge ; un bâtiment s’inspirant de la grande mosquée de Djenné, pavillon de l’AOF ; le
pavillon de l’Annam, reconstitution d’un palais impérial chinois ; le pavillon du Maroc,
s’inspirant de l’Alhambra de Grande et de ses jardins à la mode andalouse.
- Les élections présidentielles de mai 1931 :

= Doumergue annonce qu’il ne se représente pas d’où nombreux candidats : .


Paul Doumer (PRRRS mais proche de l’AD), président du Sénat depuis 1927 ; Marcel Cachin
(parti communiste.) ; et Jean Hennessy (socialiste indépendant.).
A deux jours du scrutin, Aristide Briand présente sa candidature.
= Premier tour, Doumer en tête avec 49% des voix ; Briand, arrivé second, 44%.
Le deuxième tour confirme la tendance exprimée lors du premier, et Doumer est élu président
de la république avec 57% des voix.
- Le moratoire Hoover (juin à décembre 1931)
= le plan Young, qui prévoit une réduction de la dette de guerre allemande à 112 ( avant 132)
milliards de marks-or (pour un paiement en 59 annuités) a été adopté en janvier 1930.
= En raison du krach de Wall Street, le président américain, Herbert Hoover propose alors à la
fin du mois de juin 1930 que le paiement de la dette de guerre allemande soit suspendu
pendant une année, en attendant que la situation économique se stabilise.
= Le chancelier allemand Heinrich Brüning, qui annonce début juin 1930 que l’Allemagne
n’est pas en mesure de payer sa dette de guerre, est favorable au moratoire.
= Côté français, le ministère Laval proteste dans un premier temps, mais le texte est adopté
par la Chambre des députés le 6 juillet et en décembre 1931 par le Congrès.
Mais contrairement à ce que pensait Hoover, la crise n’est pas temporaire, cette dernière
atteignant son paroxysme en 1932 (l’indice Dow Jones atteignit son plus bas niveau historique
au mois de juillet).
- Second remaniement ministériel et chute du gouvernement Laval (jv à fév 1932) :
= Laval doit affronter de nouvelles difficultés à compter de l’été 1931.
36

Il accepte de prêter 25 millions de livres à l’Angleterre en août 1931, menacé de faillite ; en


décembre, la crise économique mondiale se fait sentir en France (diminution des ventes,
augmentation des invendus, baisse des chiffres d’affaires.), même si le franc conserve sa
stabilité ;
= en raison de la mort d’André Maginot le 7 janvier 1932, il procède à un remaniement
ministériel : conservant une couleur politique de centre-droit, Laval aux Affaires étrangères;
Flandin aux Finances ; Tardieu à la Guerre ; Paul Reynaud aux Colonies.
Il est renversé par le Sénat le 16 février 1932, peu de temps après l’adoption du droit de vote
des femmes à la Chambre des députés.
Mais le sénat refuse = constitué de radicaux de gauches.

c) Le troisième ministère Tardieu (février 1932),

- Ministère de centre-droit :
Tardieu aux Affaires étrangères ; Flandin aux Finances ; Reynaud à la Justice ; Laval a le
portefeuille du Travail.

- Loi instituant les allocations familiales

= elle est adoptée à la Chambre des députés, le 11 avril 1932, en pleine campagne des
élections législatives,confusion

B) Un nouveau Cartel des gauches : échecs et confusion

a) Victoire électorale mais refus de participation de la SFIO

- Les élections législatives de mai 1932 :


* La gauche à nouveau unie
PRRRS et SFIO votent, lors du second tour du scrutin, pour le candidat étant arrivé en tête.

La victoire est nette pour la gauche : 4,9 millions de voix contre 3,8 pour l'ensemble de la
droite.
Les communistes reculent légèrement (800 000 voix contre 1 million en 1928) tandis que les
socialistes progressent (presque 2 millions).
Les radicaux se maintiennent (1,8 million).
A droite, la Fédération républicaine enregistre un score médiocre (1,2 million) et le centre-
droit se maintient (1,3 million).
Cette union est surnommée second cartel des gauches, même si le PRRS et la SFIO ne
s’allient que temporairement.
* Forte participation (82%) et victoire du second cartel des gauches.

Le PRRRS obtient 175 élus mais la SFIO 132. Le PRS (allié au parti socialiste français),
membre du Cartel, obtenait 28 sièges.
A l’extrême-gauche, le parti communiste n’obtient que 10 sièges, contre 9 pour le parti
d’unité prolétarienne.
Au centre, les voix se dispersent : l’AD ( L’Alliance Démocratique) , 40 sièges ; les
indépendants de gauche 26 sièges ; les radicaux indépendants de la gauche radicale 47 sièges ;
le Centre républicain d’André Tardieu 34 sièges ; et le PDP 16 sièges.
A droite, la FR ne récupère que 41 sièges, en raison de sa dérive droitière. Ainsi, le parti
républicain et social, né de la scission, obtenait 18 sièges.
37

- L’assassinat de Paul Doumer, les élections présidentielles de mai 1932


* Le 6 mai 1932 par Paul Gorgulov, un Russe blanc qui tire sur le chef de l’Etat.
Paul Gorgulov, né en 1895, a participé à la première guerre mondiale, puis s’engage au sein
des armées blanches en 1917, suite à la révolution russe. Quittant la Russie il se réfugie à
Prague, puis à Nice. Il tente de se justifier en expliquant son geste par la non intervention de
la France en Russie soviétique.= marquer et frappé la France qu’il estime avoir été pas assez
derrière le Tsar.
Gorgulov, arrêté, incarcéré, et condamné à mort le 27 juillet 1932.
* D’où nouvelles élections présidentielles.
Plusieurs parlementaires se présentent : Albert Lebrun (AD), président du Sénat ; Paul Faure
de la SFIO ; Paul Painlevé, socialiste indépendant ; et le communiste Marcel Cachin.
Sans surprise Albert Lebrun est élu dès le premier tour (plus de 80%) mais par les députés de
la chambre de 1928 et non celle de 1932.
D’où Lebrun, élu par une assemblée de droite, doit faire face à une assemblée de gauche. =
President de droite face à une assemblé de gauche.
- Le troisième ministère Herriot (juin à décembre 1932)
* Albert Lebrun fait appel à Edouard Herriot (PRRRS)
SFIO refuse de participer au gouvernement. Herriot face à la dette allemande.
Le 3 juin, gouvernement à tendance radicale, avec quelques socialistes et radicaux
indépendants.
Camille Chautemps à l’Intérieur ; Daladier aux Travaux publics ; Albert Sarraut aux
Colonies ; Leygues (seul membre de l’AD de ce gouvernement.) à la Marine ; Joseph Paul-
Boncour à la Guerre ; enfin, Painlevé ministre de l’Air.
Le ministère de l’Instruction publique fut rebaptisé Éducation nationale.
* La conférence de Lausanne (juin à juillet 1932) :
= La dette de guerre allemande, fixée 112 milliards de marks-or depuis l’adoption du plan
Young, a été suspendue pour un an en raison du moratoire Hoover (décembre 1931).
Le gouvernement français souhaite que les paiements allemands reprennent.
D’où conférence de Lausanne, en Suisse sur les dettes de guerre.
= Finalement la dette de guerre allemande est réduite à 3 millions de marks-or, plus un
remboursement en nature de 82 millions payé à la France = en nature.

En contrepartie, les émissaires allemands reconnaissent deux clauses du traité de Versailles,


contestées depuis 1919 : la limitation des effectifs militaires, et la culpabilité de l’Allemagne
dans le déclenchement de la Grande guerre.
= refus du Congrès américain qui rejette le projet de réduction de la dette allemande en
décembre 1932.
= En Allemagne, le traité est vivement critiqué, en raison de l’acceptation des fameuses
clauses contestées du traité de Versailles.
En raison de la poursuite de la crise économique, les paiements sont mis en pause pendant
plusieurs mois puis annulés suite à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir (janvier 1933.).
Les circonstances eco + acharnement des autres pays = va appuyer le caractère dramatique et
favoriser l’arrivée d’Hitler.
* La politique déflationniste française atténue mais prolonge la crise
économique (juin à décembre 1932) :
= La déflation : mouvement de baisse des prix durable sur plusieurs trimestres ou plusieurs
années d’où les prix diminuent, ce qui entraîne une amélioration du coût de la vie mais si
cette déflation dure trop longtemps, la consommation, au lieu d’augmenter grâce aux petits
prix, va diminuer : les ménages préfèrent économiser afin d’acheter d’avantage de biens dans
le futur.
38

= Pour les entreprises, une déflation durable peut entraîner d’importantes pertes financières,
voire la faillite car en période d’inflation, la valeur de la monnaie baisse, l’entreprise
rembourse moins d’argent (ce dernier ayant connu une forte dévaluation.) ; au contraire, en
période de déflation, l’entreprise doit rembourser plus. Production globale va diminuer.
= Cette politique déflationniste permet à la France de retarder les effets du krach de 1929
mais elle entraîne involontairement une prolongation de la crise.
Cf. les dépenses publiques de l’Etat qui excédent de 25% les recettes ; malgré une baisse des
prix de l’ordre de 25%, en raison d’une déflation de 8%, la France voit ses exportations
nationales diminuer de 60% entre 1929 et 1932 ; d’où 284 000 chômeurs en fin d’année
1932 ; net recul de la production annuelle, la sidérurgie de moitié par rapport à 1928.
* La chute du gouvernement Herriot (décembre 1932) :
= Le 14 décembre 1932, le gouvernement Herriot est renversé sur la question du
remboursement des dettes de guerre contractées auprès des Etats-Unis.
Malgré la quasi-annulation des réparations allemandes, consentie suite à la conférence de
Lausanne, Herriot considérait qu’il était du devoir de la France de rembourser ses dettes vis-
à-vis des Etats-Unis d’autant plus que le gouvernement américain, hostile à l’annulation des
réparations allemandes, ne comptait pas supprimer la dette française.).
La Chambre des députés, hostile à la thèse d’Herriot, vote alors une motion de défiance contre
le gouvernement.
- Instabilité ministérielle accrue (décembre 1932 à janvier 1934)
* Le ministère Paul-Boncour (décembre 1932 à janvier 1933) :
Socialiste indépendant Joseph avocat [1873-1972] décide de composer un ministère
semblable au précédent. Il prend les Affaire étrangères, Daladier à la Guerre, Chautemps à
l’Intérieur ; Sarraut aux Colonies ; Leygues à la Marine ; Painlevé à l’Air. Ministère de
gauche car assemblé de gauche.
= Comité d’experts financiers, pour présenter un plan de redressement économique.
Le projet prévoie cinq milliards d’économies (obtenues par un prélèvement sur les salaires des
fonctionnaires et la mise à la retraite de plusieurs milliers d’officiers) et cinq milliards de
recettes (grâce à l’établissement d’un nouvel impôt).
D’où les syndicats manifestent leur désapprobation et chute du gouvernement le 25
janvier.=> réprobation sociale.
* Le ministère Daladier (janvier à octobre 1933) :
= Edouard Daladier [1884-1970, agrégé d’histoire] conserve le ministère de la Guerre,
confirme Paul-Boncour aux Affaires étrangères, Chautemps à l’Intérieur, Sarraut aux
Colonies, et Leygues à la Marine.
= Il décide de lancer une loterie nationale créée en février 1933, très populaire, supprimé
pendant la Révolution française, pour remplir les caisses de l’Etat.

Le premier vainqueur, un coiffeur de Tarascon nommé Paul Bonhoure, reçoît 5 M F en


novembre 1933.
Toujours en février 1933, lancement d’une première émission de télévision sur Radiovision-
PTT. Edouard Branly, inventeur de la radioconduction, reçoit la Légion d’honneur.
Deux mesures symboliques.
= En février 1933 : 400 000 chômeurs ; en avril, les Etats-Unis procédèrent à une dévaluation
du dollar, ce qui rend les exportations françaises 30% plus chères que le prix mondial ; en
mai, il est décidé de procéder à un nouvel emprunt.
= Face au déficit budgétaire aggravé, il propose le 24 octobre 1933 un nouveau prélèvement
de 6% sur les traitements et les pensions.
Le projet de loi est rejeté par la Chambre des députés. = Ministère renversé
* Le ministère Sarraut (octobre à novembre 1933) :
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= Albert Sarraut [1872-1962, juriste, spécialiste des colonies] forme un ministère à tendance
radicale, similaire au précédent. Lui-même à la Marine, Daladier à la Guerre, Paul-Boncour
aux Affaires étrangères, et Chautemps à l’Intérieur.
= Il met en place un nouveau prélèvement de 4% sur les traitements et les pensions
D’où chute le 23 novembre 1933.
* Le second ministère Chautemps (novembre 1933 à janvier 1934) :
= Camille Chautemps prend l’Intérieur, compose un ministère à tendance radicale, avec
Daladier à la Guerre, Paul-Boncour aux Affaires étrangères ; Sarraut à la Marine.
= Le 12 décembre 1933, Chautemps fit adopter par la Chambre des députés une série de
mesures financières modérées, notamment un prélèvement modéré sur les traitements.
= Ce nouveau gouvernement est renversé au bout de deux mois par l’affaire Stavisky.

b) L’affaire Stavisky et les journées de février 1934 : la République en danger

Serge Alexandre Stavisky issu d’une famille de confession juive, originaire de Pologne,
naturalisé français en 1910, participe à plusieurs escroqueries avant d’être arrêté et incarcéré
en 1926 (libéré pour raisons de santé).
1934) :
= Il fonde un organisme de crédit à Bayonne qui fait faillite en fin d’année 1933, ruinant de
nombreux participants. Afin de renflouer son affaire, Stavisky chargea Gustave Tissier,
directeur du crédit municipal, de diffuser de faux bons au porteur pour un montant de 235
millions de francs. Tissier est arrêté et incarcéré mais l’affaire fait scandale parce que
Stavisky collaborait avec Dominique-Joseph Garat, député-maire de Bayonne (ce dernier fut
condamné à deux années de prison pour fabrication de faux).
= Stavisky, poursuivi par la police, quitte Bayonne, se réfugie à Chamonix en janvier 1934.
Il est retrouvé mort dans son chalet.
S’était-t-il donc donné la mort ou l’avait- t’on « suicidé » ?
A ce sujet, l’hebdomadaire Le canard enchaîné titra « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée
à trois mètres. Voila ce que c’est que d’avoir le bras long. »

- Les remous de l’affaire Stavisky (janvier 1934) :


Scandale financier le plus important depuis celui de Panama.
= Plusieurs ministres et députés sont mis en cause, l’enquête ayant démontré que Stavisky
avait bénéficié pendant plusieurs années de la complicité de plusieurs ministres et députés
notamment de Camille chautemps.
Chautemps, président du conseil, est contraint de démissionner en janvier 1934, car son beau-
frère, procureur général, a contribué en 1927 à reporter indéfiniment le procès de Stavisky.
= A droite, de nombreux députés montèrent au créneau pour attaquer cette gauche
corrompue. Cf Tardieu qui dresse une liste fictive de députés radicaux financés par Stavisky.

= Dans la rue, de nombreux militants d’extrême-droite affirment leur antiparlementarisme,


critiquant vivement le régime.
= A ces protestations hostiles à la III° république s’ajoutait un fort antisémitisme, Stavisky
étant originaire d’une famille de confession juive.
= Le 12 janvier, malgré une violente intervention d’André Tardieu, la Chambre des députés
refuse de constituer une commission d’enquête ; jusqu’à la fin du mois, de nombreuses
bagarres éclatent aux abords du palais-Bourbon et de l’Hôtel de ville, déclenchées par les
ligues d’extrême-droite ou les communistes.
En raison de ce climat de tensions, Chautemps décide de démissionner le 27 janvier 1934.
40

- La crise du 6 février 1934 :


*Lebrun décide de faire appel à Daladier (taureau du Vaucluse)
= Il récupère les Affaires étrangères, et compose un ministère à tendance radicale.
= Pour rétablir l’ordre dans la capitale, Daladier révoque Jean Chiappe, préfet de police de
Paris, réputé proche de l’extrême-droite pour avoir réprimé des manifestations communistes à
plusieurs reprises. La décision de renvoyer Chiappe fait scandale à droite, = d’où
manifestation de grande ampleur le 6 février 1934 après plus d’une dizaine de manifestations
à Paris depuis le mois de janvier.

Participation de nombreuses ligues de droite et d’extrême-droite, oscillant entre le royalisme


et le fascisme. Volonté de marcher sur le palais Bourbon.
- L’affaire Stavisky (décembre 1933 à janvier) Un nouveau Cartel des gauches : échecs
et dont l’Action française, mouvement monarchiste, antiparlementaire et antisémite,
fondé en 1898 lors de l’affaire Dreyfus, forte de 60 000 membres, avec les Camelots du
roi, branche militante d’Action française.
dont le Parti franciste, créé en 1933, 5 000 membres en 1934 qui veut un fascisme à
la française.
dont la Solidarité française, ligue fondée par le parfumeur François Coty en 1933.
Ouvertement fasciste avec port de l’uniforme, culte du chef, salut « à l’antique », ce
mouvement compte une dizaine de milliers de membres.
dont les Jeunesses patriotes fortes de 90 000 membres. Fondée en 1924, cette ligue
anticommuniste et patriote reste républicaine, mais favorable à un pouvoir fort.
s’y retrouvent des mouvements d’anciens combattants, plus fidèles aux institutions
de la III° république comme l’association des Croix de feu ( créé en novembre 1927, présidé
par le colonel François de La Roque, ligue républicaine de 150 000 membres (nationalisme,
anticommunisme, recrutement des jeunes, stricte discipline.).
L’Union nationale des combattants, fondée en 1919 par Georges Clemenceau ; ainsi
que l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), organisation proche du parti
communiste (promotion des idéaux républicains, lutte contre le colonialisme et le fascisme,
etc.).
= Les manifestants, au nombre de 30 000, se réunissent sur les Champs-Elysées et dans le
jardin des Tuileries, les stations de Métro « Chambre des députés » et « Concorde » ayant été
fermée par le ministère de l’Intérieur. Aux cris de « à bas les voleurs ! Assassins ! », les
manifestants, marchant vers le palais-Bourbon, entendent bien manifester leur
mécontentement. Au même moment, les Jeunesses patriotes s’installent sur la place de l’Hôtel
de ville. Plusieurs camelots du roi opèrent la liaison entre la Concorde et l’Hôtel de ville.
Mais le soir, les manifestants se dispersèrent dans le calme.
= Les membres de Solidarité française, de l’UNC et de l’ARAC décident d’engager la lutte.
Après avoir brûlé un autobus, les émeutiers attaquent les cordons de police qui barraient la
route vers la place de la Concorde.
Pendant que la chambre vote en faveur du nouveau ministère, la manifestation s’est
transformée en combats de rues avec intervention des forces de l’ordre : seize tués (quinze
manifestants et un policier.) et près de 1 500 blessés.= France au bord de la Guerre Civil

= Le lendemain, Daladier devant la défection de plusieurs ministres, démissionne.


Le président, suivant les conseils de Laval, décide de contacter Gaston Doumergue, retiré de
la vie politique, qui accepte de former un nouveau gouvernement le 8 février.
Une foule nombreuse l’acclame lors de son arrivée à la gare d’Orsay.
- Le gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue (février 1934)
41

= Il décide de former un ministère d’union nationale, composé d’hommes du PRRRS, de


l’AD, mais aussi de socialistes et radicaux indépendants.
Herriot et Tardieu nommés ministres d’Etat ; le maréchal Pétain reçoit le ministère de la
Guerre ; Louis Barthou (AD) les Affaires étrangères ; Sarraut (PRRRS) l’Intérieur ; Flandin
(AD) les Travaux publics ; enfin, Laval (sans étiquette) ministre des Colonies.
= De nouvelles manifestations, les 8 et 9 février à l ’initiative du parti communiste, sont
réprimées par les forces de l’ordre et plusieurs grèves à compter du 12 février, à l’appel de la
CGT et de la CGTU.
- Derniers troubles provoqués par l’affaire Stavisky (fin février 1934) :
= Le 16 février, deux commissions sont constituées pour enquêter sur les évènements du 6
février et les évènements qui les avaient causés.
= Le 20 février, sur la voie ferrée Paris-Dijon, restes déchiquetés d’Albert Prince, chef de la
section financière du parquet de Paris. Il devait déposer devant une des commissions
d’enquête, au sujet de l’affaire Stavisky. Malgré plusieurs éléments troublants (dépouille de
Prince attachée à la voie ferrée, disparation de son rapport sur Stavisky, etc.), les inspecteurs
chargés de l’enquête conclurent au suicide.

c) Union nationale et passivité devant Hitler

- Le gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue (février à nov. 1934)


* L’échec du pacte oriental (1934)
= l’Allemagne, aux accords de Locarno, a reconnu sa frontière occidentale (cession de
l’Alsace-Lorraine à la France et d’Eupen-Malmedy à la Belgique.) mais 10 ans plus tard, elle
refuse de faire de même à l’est, avec Hitler de plus en plus agressif.
= Choix avec Louis Barthou ministre des Affaires étrangères, de se rapprocher de l’URSS.
Joseph Staline secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique accepte parce que
l’Allemagne a abandonné le traité de Rapallo, signé en avril 1922.
D’où mise en place d’un pacte oriental pour fixer définitivement les frontières de
l’Europe. Mais si l’Angleterre, la Tchécoslovaquie, et les pays baltes acceptent, l’Allemagne
et surtout la Pologne s’y opposent car pacte de non-agression avec le gouvernement allemand
en janvier 1934 et tentative de la Russie d’envahir la Pologne entre 1919 et 1920.
Malgré l’entrée de l’URSS à la SDN en septembre 1934, le projet échoue mais permet la
signature d’un traité franco-soviétique d'assistance mutuelle en mai 1935, ratifié en 1936.
* L’assassinat de Louis Barthou et d’Alexandre Ier de Yougoslavie (9 octobre
1934) :
= En visite officielle à Marseille pour resserrer les liens devant la menace de l’Allemagne
nazie et l’Italie fasciste.
Un terroriste bulgare Velitchko Dimitrov Kerin tire plusieurs coups de feu : 20 tués ainsi qu’
Alexandre Ier et Barthou. Kerin, né en 1897, Bulgare originaire de Macédoine, hostile à la
monarchie yougoslave, membre de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne
meurt dans la soirée.
= Doumergue perd Barthou, doit se séparer de Sarraut, ministre de l’Intérieur et procède à un
remaniement : Laval est nommé aux Affaires étrangères.
* L’échec de la réforme constitutionnelle (novembre 1934) :
= Le texte, rédigé par Tardieu, prévoit la possibilité de pouvoir dissoudre la chambre par le
chef de l’Etat, sans recevoir l’aval du Sénat ; la possibilité de recourir au référendum ;
l’interdiction aux députés de proposer de nouvelles dépenses.
= Projet rejeté d’où démission de Doumergue le 3 novembre 1934.
- La France impassible face à la menace allemande (novembre 1934 à juin 1935)
42

* Pierre-Etienne Flandin , = nouveau chef du gouv, membre de l’AD, décide


de conserver un ministère d’union nationale : Herriot conserve son poste de ministre d’Etat ;
Laval celui des Affaires étrangères.
* La république de Weimar bascule à droite lors des élections présidentielles
allemandes de 1925 (mars à avril 1925) :
= Herriot ordonne l’évacuation de la Ruhr en février 1925 et Friedrich Ebert, président du
Reich meurt.
= nouvelles élections présidentielles, au scrutin universel à deux tours : le maréchal
Paul von Hindenburg est élu président du Reich avec 48% des voix.

- Le gouvernement Bouisson et le ministère Laval (juin 1935 à janvier 1936)


Le 31 mai 1935, Flandin demande les pleins pouvoirs financiers : échec.
* L’entracte Bouisson (juin 1935) :
= Ferdinand Bouisson [ 1874-1959, radical], président de la Chambre des députés depuis
1927, compose un gouvernement d’union nationale (PRRRS, AD, FR, socialistes et radicaux
indépendants).
Il prend le ministère de l’Intérieur, Herriot et le maréchal Pétain sont ministres d’Etat ;
Caillaux aux Finances ; Laval aux Affaires étrangères.
= Il est renversé dès le 5 juin, trois jours après.
* Le gouvernement Laval (juin 1935) :
= Pierre Laval, préservant cette idée d’union nationale, conserve les Affaires étrangères,
nomme Herriot et Flandin ministres d’Etat.
= Il mène une politique déflationniste de juin 1935 à janvier 1936 :
ayant obtenu les pleins pouvoirs financiers à l’été 1935, il a recours aux décrets-lois.
En juillet 1935, baisse des dépenses publiques de 10% (baisse du salaire des fonctionnaires,
baisse des allocations, etc.) ; baisse de 10% des prix (biens de consommation, loyers, etc.).
Entre août et octobre, près de 400 décrets-lois prévoyant une réforme des assurances sociales,
la suppression des heures supplémentaires, etc.
Non seulement le déficit budgétaire double (10 milliards en 1935 contre 5 milliards l’année
précédente.), mais de nombreux Français protestent contre la diminution de leurs salaires.

= Le 29 novembre 1935, lors d’un débat d’ordre financier, Paul Reynaud, condamnant la
politique de déflation, préconise une dévaluation du franc.
= D’autre part, la seconde guerre italo-éthiopienne consacre la décrédibilisation de la SDN,
incapable de défendre un pays agressé ; la politique d’entente franco-britannique accélère le
rapprochement de l’Italie fasciste vers l’Allemagne nazie.
= Les dernières mesures du gouvernement Laval (octobre 1935 à janvier 1936) :
12 janvier 1936, vote de la loi sur les groupes de combat et les milices privées qui prévoit la
dissolution des groupes paramilitaires, responsables des troubles de février 1934.
Des ligues de droite et d’extrême-droite sont dissoutes, mais aussi des associations d’anciens
combattants : en février 1936, Action française et les Camelots du roi ; en juin 1936, les Croix
de feu, Solidarité française, le parti franciste et les Jeunesses patriotes.
Puis dissolution des mouvements indépendantistes, anti-indépendantistes, racistes ou
d’extrême-gauche.
Mais le PRRRS, afin de protester contre la politique étrangère du gouvernement Laval,
demande aux ministres radicaux de se retirer d’où démission de Laval le 19 janvier 1936.
- Le second gouvernement Sarraut (janvier à juin 1936)
Toujours un ministère d’union nationale avec Sarraut, à l’Intérieur, Paul-Boncour (USR),
ministre d’Etat délégué à la SDN ; Flandin (AD) Affaires étrangères ; Chautemps (PRRRS)
Travaux publics.
43

* Les obsèques de Jacques Bainville et la dissolution d’Action française (février 1936) :


= journaliste et historien proche de l’Action française qui rassemblent à Paris près de 10 000
personnes, dont les maréchaux Pétain et Franchet d’Espérey, plusieurs académiciens et
ambassadeurs, ainsi que d’anciens ministres.
= La voiture de Léon Blum, président du Front populaire, tente de traverser la route
empruntée par le convoi funéraire. Des Camelots du roi le reconnaissent et le rouent de coups.
Il échappe au lynchage, grâce à l’intervention d’un groupe d’ouvriers sur un chantier non loin
de là.
Sarraut décrète la dissolution immédiate de l’Action française et des Camelots du roi.
* La remilitarisation de la Rhénanie (mars 1936) :
= Hitler, alors en phase de réarmement de l’Allemagne, décide de remilitariser la Rhénanie le
7 mars 1936 sans que la France et l’Angleterre ne réagissent.
D’où nette diminution de leur prestige chez des pays menacés par le troisième Reich ou
l’URSS ; la Belgique, alliée à la France depuis 1914, opte pour la neutralité.
Hitler comprend que les démocraties occidentales veulent éviter une guerre à tout prix.
La voiture du chef de la SFIO Léon bloum= renversée par l’extreme droite
* Les élections législatives d’avril 1936 :
= Après les événements de février 1934, l’idée de la nécessité de s’unir face au péril fasciste
fait son chemin à gauche.
En octobre 1934, le communiste Maurice Thorez appelle à la constitution d’un Front
populaire pour « le pain, la paix et la liberté ».
Le 14 juillet 1935, Daladier ( Droite) , Blum (SFIO) et Thorez ( Gauche ) défilent ensemble
dans un cortège de 500 000 personnes. Les trois hommes prêtent serment pour l’unité.

= La gauche, déjà victorieuse du précédent scrutin grâce à une alliance entre le PRRRS et la
SFIO, donne naissance au Front populaire à l’été 1935, suite à son alliance avec le parti
communiste et l’USR.
= Avec 85% de votants, le Front populaire obtient 63% des voix :

la SFIO devient la n° 1 parti politique de France (149 sièges), devant un PRRRS en perte de
vitesse (110 sièges contre 175 en 1932.). L’USR, quant à lui, récupérait 29 sièges.
A l’extrême-gauche, le PC : 72 sièges (10 en 1932) ; la gauche indépendante :11 sièges.
Au centre comme à droite, éparpillement : L’AD 43 sièges ; la gauche radicale et les
radicaux indépendants : 39 ; le PDP, 13 ; les Indépendants d’action populaire, 16.
A droite, la FR, récupére 60 sièges contre 41 lors du précédent scrutin ; les Indépendants
républicains, 13 ; les Républicains indépendants et d’action sociale, 40.
= Sarraut présenta sa démission et Blum ne constitue son gouvernement qu’en juin 1936, lors
de la rentrée parlementaire.

C) L’expérience du Front Populaire et la marche à la guerre

Le défilé du 1er mai, organisé à l’initiative de la CGT, rassemble plusieurs milliers de


personnes ; pendant l’été, d’importantes grèves paralysèrent le pays, et ce dans de nombreux
secteurs.

a) Le gouvernement Blum (juin 1936 à juin 1937)


44

- Ministère à tendance radicale-socialiste.


* Pour la première fois depuis la création de la SFIO en 1905, des socialistes
participent au gouvernement.
* Léon Blum [1872-1950], uniquement président du conseil, nomme Daladier
(PRRRS) vice-président du conseil et ministre de la Défense nationale et de la Guerre;
Camille Chautemps (PRRRS) et Paul Faure (SFIO) nommés ministres d’Etat ; Roger
Salengro (SFIO) à l’Intérieur ; Vincent Auriol (SFIO) aux Finances.
Soutien sans participation des communistes
- Les accords de Matignon (juin 1936) :

* Pour mettre fin aux grèves depuis le printemps 1936, le gouvernement signe
les accords de Matignon avec la CGT, principal syndicat ouvrier mais non la CFTC, et
la CGPF, principal syndicat patronal (8 juin 1936) :
* des mesures spectaculaires
= augmentation des salaires de 7 à15% selon les entreprises ;
= interdiction de licencier un employé sans accord de l’inspecteur du travail ;
= mise en place de la semaine de 40 heures (repos hebdomadaire le samedi.) ;
= 15 jours de congés payés.
On passe d’un politique de déflation à une politique d’inflation
- Les réformes du Front populaire (été 1936) :
* Fin juillet, réforme de la Banque de France : gérée par les 200 plus gros
actionnaires sur un total de 40 000, ceux-ci obtiennent à l’AG chacun une voix. Le Conseil de
régence est remplacé par un Conseil général (représentants de l’Etat et élus par l’assemblée
générale).
* Août 1936 : âge de la scolarité obligatoire passe de 13 à 14 ans ; les industries
d’armement sont nationalisées ; l’Office national interprofessionnel du blé est créé pour fixer
les prix du blé et régulariser le marché, en maintenant les revenus des producteurs.
- La guerre civile en Espagne :
* La situation
= Depuis 1923, le général Miguel Primo de Rivera a établi une dictature en Espagne sans
déposer le roi Alphonse XIII qui à la mort du général en mars 1930, annonce son intention de
revenir à un gouvernement constitutionnel.
D’où élections municipales d’avril 1931 avec une majorité des voix aux républicains
anticléricaux qui décide la déchéance de la monarchie : départ d’ Alphonse XIII en exil.
= La seconde république espagnole prend alors des mesures : réforme agraire, laïcisation de
l’Etat, légalisation du divorce, nationalisation des églises, adoption de l’impôt sur le revenu
= Mais réaction de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite (carlistes, Phalange espagnole
= aux élections législatives de mars 1936, le Frente Popular (union socialistes et
communistes) l’emporte mais ne parvient pas à maintenir l’ordre : assassinat de prêtres, de
religieux et religieuses et de militaires.
D’où un groupe de militaires décide d’organiser un coup d’Etat contre la république.
Au Maroc en juillet 1936 sous la direction du général Francisco Franco puis en Espagne.
* Le gouvernement Blum face au conflit espagnol (juillet à septembre 1936)
= Il est partagé : les communistes veulent une intervention aux côtés des républicains, les
radicaux refusent surtout que l’Angleterre s’abstient.
= 15 août 1936, déclaration commune en faveur d’une politique de non-intervention.
Le parti communiste décide de retirer son soutien au gouvernement Blum.
= Malgré une loi en janvier 1937 interdisant le départ de volontaires et la livraison d’armes, le
gouvernement accepte le transit du matériel soviétique en direction de l’Espagne.
- L’affaire Salengro (juillet à novembre 1936) :
45

* Ce ministre de l’Intérieur [Roger 1890-1936, Lillois] est l’objet d’une campagne


de diffamation menée par le quotidien L’Action française qui affirme qu’il a déserté lors de la
Grande Guerre. Fait prisonnier en octobre 1915, il proteste, est lavé de tout soupçon par les
députés en novembre 1936 mais touché dans son honneur décide de se donner la mort le 17
novembre 1936.
* D’où mi-décembre 1936, loi aggravant les peines pour diffamation par voie de
presse.
= Encore un problème pour le front popul ire
- Face à la menace allemande ? (août 1936 à octobre 1937) :
* Fin août 1936, Hitler augmente la durée du service militaire d’une à deux années
(la Wehrmacht : 1.3 millions en 1937.-> Alors qu’il ne pouvait pas en avoir plus de 100 000) ;
= Pacte avec le Japon pacte antikomintern en octobre 1936. Le Japon se prémunit contre
l’URSS son voisin depuis la conquête de la Corée, du Mandchoukouo condamnée par la SDN
(quittée en mars 1933)
= L’Italie de Mussolini, non signataire rejoint le pacte antikomintern en novembre 1937.
* Face à la menace de l’Allemagne nazie, le gouvernement Blum adopte une
politique de modernisation des armées françaises ( surtout en matière d’aviation).
Cf le plan quadriennal de 19 milliards de francs avec la construction de 1 500 avions de
combat en février 1937.
L’Etat-major, rivé sur la ligne Maginot, refuse des chars de combat.
* L’exposition universelle de Paris (mai à novembre 1937) :
Construction du palais de Chaillot le palais d’Iéna, et le palais des musées d’Art moderne
Médailles d’or aux deux pavillons de l’Allemagne nazie (édifice avec aigle juché sur une
croix gammée) et de l’URSS (statue de l’ouvrier et de la kolkhozienne) sur le champ de Mars.
- Une situation économique fragile (octobre 1936 à juin 1937) :
* La production industrielle diminue ; le chômage ne baisse pas (35 000
chômeurs de plus en septembre 1936 par rapport à l’année précédente, soit 755 000 au total.) ;
les prix à la consommation augmentent de 28% entre 1936 et 1937.
D’où dévaluation le 25 septembre 1936, la première depuis l’adoption du franc Poincaré en
juin 1928 pour remettre le franc au niveau du dollar et de la livre sterling, dévalués
récemment.) avec le franc Auriol fixé à 70% de sa valeur initiale.
* La production industrielle augmente de 10% ; le chômage passe de 755 000 à
590 000. Mais hausse des prix de 25 à 50% en un an et déficit budgétaire à 44 milliards de
francs.
* Pour faire face à la crise, Blum réclame les pleins pouvoirs financiers le 22 juin
1937. La Chambre des députés est favorable mais refus du Sénat.

b) Le gouvernement Chautemps (juin 1937 à mars 1938)


Camille Chautemps compose un ministère radical-socialiste, similaire au précédent.
Blum vice-président du conseil ; Albert Sarraut ministre d’Etat, aux côtés de Paul Faure ;
Auriol à la Justice ; Daladier à la Défense nationale.
- Les premières mesures du gouvernement Chautemps (été 1937) :
* Prêt de 15 milliards par la Banque de France au gouvernement ; hausse des
impôts ; diminution des dépenses de l’Etat ; nouvelle dévaluation en juillet 1937, le franc ne
contenant plus que 38.7 milligrammes d’or.
D’où relance industrielle mais l’inflation à 26%.
* 31 août 1937, nationalisation des sociétés de chemin de fer devenant SNCF en
janvier 1938.
- Les attentats de la Cagoule (septembre à novembre 1937) :
C’est une organisation secrète qui a pour but de pratiquer des destabilisation
46

* 11 septembre 1937, deux attentats à la bombe à Paris, l’un au siège de la CGPF,


l’autre dans les locaux du Comité des Forges († de 2 policiers).
* Soupçons sur les communistes mais œuvre de l’Organisation Secrète d’Action
Révolutionnaire Nationale, composée d’anciens de l’Action française et des Camelots du roi,
surnommé la Cagoule par le quotidien l’Action française qui cherche la provocation.
Début 1938, 120 personnes arrêtés et incarcérées avec ramifications dans les milieux
économiques comme L’Oréal, Michelin.
- Le remaniement ministériel de janvier 1938 :
* Grèves en début d’année 1938 car forte hausse des prix et du chômage.
La SFIO demande aux ministres socialistes de démissionner.
* Chautemps présente sa démission à Lebrun qui lui demande de former un
nouveau gouvernement. Daladier devient vice-président du conseil, et conserve la Défense
nationale ; Sarraut à l’Intérieur ; Steeg au ministère des Colonies.
SFIO et PC refusent d’y participer.
Le 9 mars 1938, refus de lui accorder les pleins pouvoirs financiers.

c) Le second gouvernement Blum (mars à avril 1938)


- La constitution du nouveau gouvernement (mars 1938) :
* Gouvernement à tendance radicale-socialiste, sans le PCF.
Blum au ministère du Trésor ; Daladier à la vice-présidence du conseil et à la Défense
nationale ; Steeg, Faure et Sarraut ministres d’Etat ; Paul-Boncour aux Affaires étrangères.
- L’anschluss (mars 1938) :
* Invasion de l’Autriche avant la nomination du gouvernement : peu de réactions à
l’étranger :
* en Angleterre, Arthur Neville Chamberlain compare à l’annexion de l’Ecosse !

- La chute du gouvernement Blum (avril 1938) :


* importante vague de grèves et refus des entreprises de défense nationale
d’augmenter leur production.
* Courant avril, un projet de loi pour donner les pleins pouvoirs au gouvernement et
d’adopter un impôt sur le capital est voté à la chambre et refusé au Sénat.

Blum, désavoué, démissionne le 10 avril 1938.

d) Le gouvernement Daladier, la marche vers la guerre (av 1938 à sept 1939)


Privé du soutien des socialistes, il construit un gouvernement PRRRS et USR.
Il conserve la Défense nationale, Chautemps à la vice-président du conseil ; Sarraut ministre
de l’Intérieur, Paul Reynaud aux Finances.
- La remise en question des réformes du Front populaire :
* Mesures pour accroitre la production industrielle.
2 mai, augmentation des impôts de 8% ; courant juin, la semaine des 40 heures assouplie (42
heures de travail en moyenne en 1939)= abouti de fait à une reprise de l’activité eco .
* D’où forte reprise de l’activité en 1939 qui passe inaperçue avec le
déclenchement de la seconde guerre mondiale.

- La crise des Sudètes et les accords de Munich (septembre 1938):


47

* Hitler, profitant de l’impassibilité franco-britannique, réclame à l’automne 1938 le


rattachement des Sudètes à l’Allemagne (tous les habitants germanophone de
Tchécoslovaquie) au nom de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.
* La France s’est engagée à défendre la petite entente, alliance militaire unissant la
Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Yougoslavie.

= Le 3 septembre 1938, le gouvernement français rappelle 100 000 hommes sous les
drapeaux ; en Angleterre, des exercices de défense sont organisés ;
= Le 23 septembre, la mobilisation générale est décrétée en Tchécoslovaquie.
= Mussolini, ne souhaitant pas le déclenchement d’un conflit mondial, décide alors de jouer
un rôle de médiateur entre la France et l’Allemagne.
* D’où conférence organisée à Munich, les 29 et 30 septembre 1938 avec Hitler,
Mussolini, Daladier et Arthur Chamberlain mais sans les représentants du gouvernement
américain ni Staline ni Edward Benès, président de la république tchécoslovaque.= préserver
la paix mondiale
= France et Angleterre, pour préserver la paix mondiale, décident de signer les accords de
Munich : Hitler est autorisé à occuper le territoire des Sudètes, mais un plébiscite en faveur du
rattachement à l’Allemagne doit y être organisé.
= A leur retour, Daladier et Chamberlain, qui s’attendaient à être hués par la foule, sont au
contraire applaudis en tant que « sauveurs de la paix. »
= En France, la grande majorité de la Chambre des députés, se déclarant munichoise,
approuve le texte (555 voix contre 75, les communistes et quelques députés à droite et à
gauche).
= Au RU, bon accueil mais le député conservateur Winston Churchill, antimunichois,
déclare : « vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le
déshonneur, et vous aurez la guerre ».
= Ailleurs, la décision franco-anglaise ternit leur image et inquiète la Pologne, la Roumanie.
Staline, outré, y voit un aveu de faiblesse.
= En octobre 1938, Hitler annule le plébiscite prévu dans le territoire des Sudètes ; en mars
1939, la république tchèque fut transformée en protectorat de Bohême-Moravie ; la moitié
sud et est de la Slovaquie furent rétrocédées à la Hongrie ; enfin, la république slovaque fut
autorisée à conserver son indépendance, à condition d’adopter une politique pangermaniste.

- Les élections présidentielles d’avril 1939 :

Lebrun décide de se représenter : il est élu au premier tour avec 55 %

- Une prise de conscience franco-anglaise ? L’alliance avec la Pologne (printemps 1939) :


* Chamberlain décide d’accélérer la politique de réarmement britannique et vient à
Paris pour se renseigner sur la politique militaire française ; puis à Rome afin de demander à
Mussolini de jouer un rôle de médiateur avec l’Allemagne.
= Ce revirement du gouvernement britannique, après une politique d’apaisement, se confirme
suite à la nuit de Cristal (novembre 1938.) et à l’invasion de la Tchécoslovaquie par le
troisième Reich (mars 1939).
= Le 24 avril, la Chambre des communes vote en faveur du rétablissement de la conscription.
* Côté français, Paul Raynaud débloque en mars 1939 56 milliards pour la Défense
nationale ; un décret adopté le 21 mars instaure la semaine de 60 heures dans les usines de
guerre ;
= le 21 avril, le temps de travail est allongé à 45 heures, et un impôt instauré sur les bénéfices
industriels ;
48

= le 29 juillet, en raison des tensions internationales, les pouvoirs de la Chambre des députés
(arrivant à expiration en juin 1940) sont prorogés de deux ans.
* En mars 1939, Hitler qui a ouvert des négociations avec la Pologne, au sujet du
corridor de Dantzig, réclame à la Lituanie la ville de Memel, située au nord de la Prusse
orientale.
= France et Angleterre tentent de développer un réseau d’alliances défensives en Europe : ils
garantissent l’intégrité de la Belgique, de la Suisse et des Pays-Bas, le 23 mars 1939 ; en juin,
ils s’allient à la Turquie ; le 25 août, une alliance militaire tripartite entre la France,
l’Angleterre et Pologne avec intervention en cas d’agression de la Pologne.
Mussolini, abandonnant son rôle d’arbitre, envahit l’Albanie le 7 avril 1939.
- Le pacte germano-soviétique (août 1939) :
* L’URSS est liée à la France par traité franco-soviétique d’assistance mutuelle,
signé en 1935, mais il est inquiet de la faiblesse des capitales occidentales devant le III e Reich.
= A l’été 1939, il se rapproche de l’Allemagne nazie mais continue de négocier avec la France
et l’Angleterre en demandant d’occuper les pays baltes et de traverser la Pologne en cas
offensive nazie d’où échec.
= Hitler a planifié pour la fin août l’invasion de la Pologne. Ses généraux l’incitent à conclure
une alliance avec Staline pour s’assurer de la neutralité de l’URSS.
* D’où traité de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS, appelé pacte
germano-soviétique le 23 août 1939 :
= position de neutralité en cas d’attaque ennemie avec clauses secrètes délimitant des zones
d’influences en Europe de l’est et une ligne de partage de la Pologne.
= La Gestapo s’engage à livrer au NKVD les réfugiés russes présents sur le territoire
allemand ; en contrepartie, l’URSS livre au troisième Reich les dissidents antifascistes,
Allemands ou Autrichiens, installés en Union soviétique.
* En France et en Angleterre, effarement devant cette annonce
= Daladier décrète une mobilisation partielle à la fin août 1939.
= Les partis communistes de France et d’Angleterre, suivant les directives du Komintern,
refusent de participer aux préparatifs de guerre contre l’Allemagne.
Ainsi, lors du déclenchement du conflit, de nombreux communistes font grève, sabotent dans
les usines d’armement, ou désertent.
- L’invasion de la Pologne et déclenchement de la guerre (septembre 1939) :
* Daladier demande à Hitler d’organiser un règlement pacifique de la question de
Dantzig. Celui-ci accepte sous condition de céder Dantzig et le corridor.
* Le 30 août, la Pologne décrète la mobilisation générale ;
* le 1 er septembre, Hitler, convaincu que les démocraties occidentales ne vont pas
riposter, ordonne l’invasion de la Pologne, sans déclaration de guerre.
* Conformément à leurs engagements, France et Angleterre décident de déclarer la
guerre à l’Allemagne deux jours plus tard, à l’instar de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie.
= Commence alors la Drôle de guerre, stratégie militaire prônant une attitude purement
défensive, première phase du second conflit mondial.

Conclusion
* La crise américaine a perturbé toute l’économie libérale occidentale
* La France est touchée plus tardivement à cause de sa politique déflationniste
* Elle oscille entre un gouvernement de gauche et du centre face aux périls des extrêmes de la
droite et de la gauche
* Faiblesse des démocraties devant le péril nazi
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