PARTIE 1 : L’héritage constitutionnel de la Vème République

CHAPITRE 1 : La IIIème République, un régime parlementaire « classique »

La Vème République hérite d’une histoire constitutionnelle française. L’Acte de naissance de la France
se définit par le couronnement de Capet en 987 (élu Roi des Francs, la dynastie des Capétiens va finir
par devenir le Royaume de France).
IIIème République : 1875 (guerre franco-prussienne) – 1940 (régime de Vichy)
IVème République : 1946 (après le gouvernement provisoire) – 1958 (promulgation de la Constitution
Française)

I. Elaboration difficile des lois constitutionnelles

Défaite militaire française dans la guerre franco-prussienne à Sedan > le 4 septembre 1870, Napoléon
III abdique.
Un gouvernement provisoire est mis en place autour du gouvernement de Paris de Louis Trochu
Bismarck (le chancelier allemand) ne reconnait pas le nouveau gouvernement
L’armistice est finalement signé le 28 janvier 1871.
8 février 1871 : élection d’une assemblée constituante de 650 membres pour écrire une Constitution >
elle s’installe à Versailles le 20 mars. Cette assemblée constituante oppose les Républicains aux
Monarchistes (400membres séparés entre les légitimistes et les orléanistes)
17 février 1871 : Adolph Thiers (républicain modéré) est désigné pour diriger le pouvoir exécutif
10 mai 1871 : paix signée avec la Prusse (annexion de l’Alsace Lorraine) c’est le traité de Francfort
4 lois découlent de ce traité pour l’organisation du gouvernement provisoire
➢ Loi du 31 août 1871 : « constitution Rivet » = confère à A. Thiers le titre de président de la
République
➢ Loi du 15 février 1872 : « constitution Tréveneuc » = organiser la suppléance de l’Assemblée
Nationale
➢ Loi du 13 mai 1873 : « constitution de Broglie » = organiser les rapports entre l’Assemblée et
l’exécutif (le président doit passer par le ministre pour parler aux députés)
➢ Loi du 20 novembre 1873 : « loi sur le septennat » = le pouvoir est donné à Mc Mahon pour 7ans,
ce qui permet au Comte de Chambord (royaliste) de mourir > il prévoit une commission de 30
membres pour écrire une Constitution
 II. La Constitution de 1875
Le 30 janvier 1875, Henry Wallon (membre de l’assemblée) propose un amendement pour remplacer le
septennat personnel de Mahon par un septennat impersonnel = pérennisation de la République
➢ Une Constitution fragmentée
La constitution est voulue provisoire car il y a toujours un objectif de retour à la monarchie mais elle
dure 65 ans (c’est la plus longue en activité à ce jour alors qu’elle était très courte : seulement 34art)
- Loi du 25 février 1875 : relative à l’organisation des pouvoirs publics
- Loi constitutionnelle du 24 février 1875 : relative à l’organisation du Sénat
- Loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 : relative au rapport entre les pouvoirs publics

➢ Les principales caractéristiques du régime

- Le pouvoir exécutif est bicéphale : le président de la République est élu pour 7ans par les 2
chambres et est rééligible sans limite ; il est irresponsable sauf crime de « haute trahison » et
ses actes sont contre-signés par un ministre ; il dispose de pouvoirs importants (ex : convoquer
les chambres…)
L’ensemble forme en quelques sortes une monarchie républicaine
« Les ministres sont solidairement responsables devant les chambres de la politique générale du
gouvernement... » = pas de réelle notion de gouvernement mais idée de responsabilité solidaire
(les mandats des ministres sont partiellement reliés les uns aux autres et il n’y a pas de chef du
gouvernement)
- Le Parlement est bicamérale (égalitaire = même pouvoir) : il est composé de la chambre des
députés (élu pour 4ans dans 617 circonscriptions au suffrage universel direct masculin) dont le
rôle est de voter la loi et mettre en cause la responsabilité du gouvernement ; et composé du
Sénat, composé de 300 membres élu pour 9ans et le Sénat est renouvelable de tier tous les
3ans (certains membres sont inamovible) ; il faut avoir au moins 40ans pour être sénateur et
être élu par un collège composé de députés, de conseillers généraux et 1 délégué sénatoriale ;
le rôle est le même
= régime parlementaire dualiste

III. Les évolutions du régime après 1875

➢ Révision informelle = en 1877, le régime change mais pas le texte > constitution Grévy
- 16 mai 1877 : le Président Mc Mahon renvoi le président du Conseil (qui était républicain) et
nomme le Duc de Broglie (orléaniste)
- 25 juin 1877 : Mc Mahon prononce la dissolution des chambres des députés > la nouvelle
chambre est républicaine
- Janvier 1879 : renouvellement partielle du Sénat qui devient Républicain
= Mc Mahon démissionne et le nouveau président élu est Jules Grévy.
Il déclare qu’il n’entrera jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par les organes
constitutionnels > il renonce à utiliser son droit de dissolution
> conséquence : déséquilibre du régime car Parlement dominant
(Ex : entre 1871 et 1940, il y a 104 gouvernements)
➢ 3 révisions formelles
- Révision du 21 janvier 1879 : le siège des pouvoirs publics est déplacé de Versailles à Paris
- Révision du 14 août 1884 : consacre une République
> la forme républicaine du gouvernement ne peut faire objet d’une
révision
 > les membres des familles ayant régné sur la France sont inéligibles
aux fonctions de président
- Révision du 10 août 1926

CHAPITRE 2 : La IVème République, une tentative échouée de rationalisation

I. L’élaboration de la Constitution de 1946

De juillet 1940 à mai 1945 : 2 régimes se disputent la légitimité française > régime de Vichy (Pétain) vs
régime de la France Libre (De Gaulle)
En juin 1944, De Gaulle déclare le Gouvernement Provisoire de la République Française à Alger
L’ordonnance du 9 août 1944 indique le rétablissement de la légalité républicaine. Ainsi, la forme du
gouvernement français est et demeure la République (en droit, celle-ci n’a jamais cessé d’exister)
La consultation (par référendum) du 21 octobre 1945 donne OUI (à 96%) à la question « voulez vous
que l’Assemblée Nationale élue à ce jour soit constituante ? »
La nouvelle constitution apparait en octobre 1946 et est relativement de gauche
Elle dispose d’un Président de la République et d’un président du Conseil élu par l’Assemblée
Parlement Monocamérale = pouvoir de l’Assemblée
5 mai 1946 : référendum pour adopter la constitution mais rejet à 52%
16 juin 1946 : De Gaulle prononce le discours de Bayeux (il parle de sa conception de ce que devrait
être le régime)
La Nouvelle Assemblée constituante est majoritairement gaulliste et le gouvernement veut un projet de
compromis entre le SFIO, le NRP…
13 octobre 1946 : le texte est adopté à 53% par referendum
27 octobre 1946 : la Constitution est promulguée

II. La Constitution de 1946 (IV République)

Le préambule avant les articles annonce l’esprit de la politique de la Constitution > c’est une
réaffirmation et une actualisation de la DDHC (présence des droits sociaux et économiques)

➢ Les organes constitutionnels

- Organe législatif : parlement bicamérale inégalitaire
L’assemblée Nationale (chambre basse) est élue au suffrage universel direct par les départements
= les petits partis sont favorisés mais cela créé de l’instabilité
Le Conseil de la République est élu au suffrage universel indirect pour 6ans
- Organe exécutif : le Président de la République est désigné par les Chambres
Il a moins de pouvoir mais il a le pouvoir de désigner le chef du Conseil
La fonction du président du Conseil est consacrée par la Constitution : il est nommé par le PR et
doit recevoir l’investiture de l’Assemblée Nationale

➢ Les relations entre les organes

L’investiture du gouvernement est prévue par l’Assemblée Nationale et celle-ci peut engager la
responsabilité du gouvernement = gouvernement favorisé
Il y a un encadrement précis de la possibilité d’engager la responsabilité politique du gouvernement par
l’AN

III. L’application de la Constitution et la fin du régime

Il y a 3 problèmes majeurs sous la IV République :

- Les révisions sont difficiles à mettre en œuvre car la procédure est trop longue
- L’AN délègue certains de ses pouvoirs au gouvernement (elle se réunit 2f/an pendant 2mois)
Interdit sous la IIIème et IVème République mais elle le fait quand même > remise en cause de
la séparation des pouvoirs
- Pas de réelle suprémacie de la Constitution (limites ne sont pas respectées) et rien n’est prévu
pour obliger le Parlement à respecter la Constitution

L’instabilité gouvernementale perdure (en 12ans, il y a 24 gouvernements qui se succèdent)

Le blocage des institutions favorise la décolonisation = mort de la IV République