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Le Roman

Le roman est un genre complexe qui garde beaucoup de rapports avec d’autres comme le
conte et la nouvelle entre autres. Le roman est d’abord une œuvre narrative en prose ; il met
en relief un récit, une histoire souvent imaginaire. Il est sous ce rapport différent de la
nouvelle de par sa longueur et du conte de par sa vraisemblance. Autrement dit, le roman se
définit également par les critères de volume, de ressemblance avec la vérité, de l’identité des
ses personnages…En effet, la fiction romanesque prend souvent origine des actions humaines
et se crédibilise avec le jeu de ses composantes.

I) Le roman au cours des périodes de l’histoire

Au XVI (16) ème siècle


Depuis le XVI° siècle, le roman souffre de ce problème de classification ; il répondait en effet
à tous les critères. C’est la raison pour laquelle les œuvres de Rabelais furent tantôt
considérées de conte ou tantôt de roman ; car ses personnages sortent de l’ordinaire comme
les héros des fables mais aussi son récit épouse les vrais ressorts du genre romanesque. Ainsi
en 1532 François Rabelais publie Pantagruel puis en 1535 Gargantua, deux romans qui
privilégient le registre comique burlesque mais qui expriment aussi les idées du mouvement
humaniste. Là encore, le roman se fait le reflet des questions qui préoccupent une époque.
Au XVIII (18) ème siècle
En revanche, au XVIII° siècle, le roman est jugé à partir de la problématique de la morale. Il
est perçu comme un récit futile, immoral et invraisemblable. Il n’était bon que pour les âmes
faibles et sensibles ; il était dangereux pour les mœurs sociales. C’est la raison pour laquelle
les écrivains prenaient toujours la peine de préciser la véracité de leur histoire ou la portée
morale de leur œuvre afin d’échapper à la critique et de donner une valeur littéraire à leur
narration. Manon Lescaut (1731) de l'Abbé Prévost est par exemple un roman de moeurs qui
raconte une histoire d'amour mais qui interroge aussi la relation du fils à l'autorité du père et
critique l'ordre social et moral de la société. À cela s’ajoute, Les liaisons dangereuses (1782)
de Choderlos de Laclos, c’est un roman épistolaire à caractère libertin.
Au XIX (19) ème siècle
Au XIXe siècle vient enfin le grand siècle du roman. C’est l’apogée de celui-ci.
Il rayonne pendant cette période, se crédibilise et se positionne comme genre majeur. En effet,
réalistes et naturalistes souhaitent peindre en toute objectivité et en toute exactitude les
réalités du siècle.
Les romans sont de tous les types : historiques, sociaux, d'apprentissage, d'aventures, de
science-fiction...
Au XX (20) ème siècle
Durant cette période, la diversité continue à prospérer en matière de romans. Cependant la
guerre bouleverse les mentalités. Les romans publiés explorent désormais la tragédie de
l'homme et posent un regard désabusé ou révolté sur l'existence. Les romanciers cherchent
donc à se démarquer de leurs prédécesseurs du XIXe siècle. Dans cet esprit, renforcé par le
nouveau traumatisme que constitue la seconde guerre mondiale, des auteurs repoussent encore
les limites de l'écriture, créant un mouvement dans les années 1950 qu'on nomme le Nouveau
Roman : Marguerite Duras fait paraître Un barrage contre le Pacifique (1950), Alain
Robbe-Grillet Les Gommes (1953), Michel Butor La Modification (1957).

 Le roman Nègro africain : un instrument au service de l'Afrique


L'écriture romanesque Nègro africaine trouve son intérêt dans la passion politique qui y est
privilégiée. Il ne s'agit pas d'une écriture qui se focalise sur le divertissement ou sur des

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inanités mais d'une écriture engagée jusqu'au bout du fait de la situation socio politique de
l'Afrique. Le continent était pendant longtemps sous la domination occidentale. Les noirs
africains étaient considérés comme des hommes de la jungle, des barbares, des cannibales, des
impurs, écervelés, des éternels domestiques, des incapables et tant d'autres considérations
négatives. Ainsi, on va assister, à un moment donné, à une prise de conscience agrémentée
d'une révolte et d'un engagement des intellectuels noirs qui vont faire recours au roman pour
éveiller la conscience de leurs frères, réhabiliter le statut de l'homme noir et revendiquer
l'autonomie de l'Afrique.
René Maran va, en ce sens, publier le premier véritable roman nègre intitulé Batouala.
Dans cette œuvre, il met en évidence la situation de l'Afrique sous la colonisation par le canal
de la colonie de l'Oubangui Chari. Il fait d'ailleurs dire à son personnage principal Batouala :
« je ne me lasserai jamais de dire la méchanceté de l'homme blanc ». Une manière pour lui de
montrer ce qui a constitué son objectif dans l'écriture de cette œuvre tout en sonnant l'alarme
de la révolte dans l'écriture romanesque nègro africaine.
Durant la période qui va de 1945 à 1960, appelée encore phase de contestation, les romanciers
nègro africains vont faire le procès de la colonisation.
Parmi eux, nous pouvons citer Ferdinand Oyono et Chinua Achebé. Le premier, dans une
vie de boy, a tenté de mettre fin à la médiocrité paisible et à la faiblesse ridicule de l'homme
noir qui voyait l'Homme Blanc comme un demi Dieu. C'est ce que l'on entend par la
Démystification et la Démythification du colonisateur. Quant à Achébé, il va considérer, dans
son roman Le monde s'effondre, l'homme Blanc comme « un diable » et la colonisation
comme « une malédiction dont il nous faut nous arracher ».
Au-delà de cette période marquée par le réquisitoire contre la colonisation, nous pouvons citer
une nouvelle phase de l'écriture nègro africaine caractérisée par la révolte des écrivains contre
leurs propres frères noirs qui venaient désormais de prendre les rennes de l'Afrique avec les
indépendances.
En effet, ce moment longtemps attendu par'africains comme un rêve agrémenté de liberté,
d'épanouissement, d'opulence va se transformer en cauchemar car ceux-ci vont voir leur
espoir se briser au moment où il venait de naitre. Les nouveaux chefs d'états africains vont
installer la dictature comme régime politique, le système du parti unique comme style avec
comme particularités le vol, la violence, la corruption, le népotisme, le mensonge, la
dissimulation et tant d'autres maux. Les guerres civiles, les coups d'état et trahisons vont
empirer la situation du continent.
C'est ainsi que les écrivains vont désormais avoir comme cibles ces dirigeants. Parmi eux,
nous pouvons citer Ahmadou Kourouma qui, dans En attendant le vote des bêtes sauvages,
met en évidence le régime dictatorial qui résulte d'un coup d'état avec ses méfaits. On y
retrouve pratiquement les images de beaucoup de chefs d'états africains comme Mobutu du
Zaïre (actuel RDC), Sékou Touré de la Guinée.
En plus de ce romancier, nous pouvons citer aussi Cheikh Aliou Ndao qui, dans son œuvre
Mbaam Dictateur, fait le procès de ces mêmes chefs d'états africains qui ont « trahi », selon
lui, leurs propres frères.

II) Les fonctions du roman

A) La fonction ludique : Le roman comme moyen de distraction


Dans une société qui souffre, où règne l'angoisse, l'incertitude, l'ennui et le désespoir, la
littérature doit servir de moyen de soulagement comme le désirait Anatole France qui
signalait que dans ce cas, l'humanité a plus besoin de livres qui la consolent, la soulagent, lui
donnent des espérances infinies. Ainsi, le roman peut se présenter sous la forme polar c'est-à-
dire en récit en prose présentant des aventures imaginaires comme celles policières, de

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science fiction qui nous détournent de la réalité en nous plongeant dans un univers différent
du notre où l'angoisse n'a pas de place parce que nous faisant rêver et oublier nos soucis.
C'est dans cette perspective que Julien Green prétendait que le roman « est une fenêtre par
laquelle on s'évade ». Pour mettre l'accent sur le divertissement que nous pouvons retrouver
dans une œuvre romanesque. En ce sens, on considère que l'intérêt de l'écriture romanesque
ne se trouve pas que dans l'engagement mais aussi dans son aptitude à nous apporter un peu
de quiétude et ceci grâce au merveilleux qui s'y trouve. L'écrivain devient dans ce cas un
thérapeute car adoucissant à travers les lignes nos souffrances comme une douce chanson ou
comme un vent frais au sortir d'un simulacre d'enfer.
La lecture d'un roman devient dans cette suite d'idées une manière de combattre la peine, la
crispation à l'image de ce que stipulait Montesquieu : « je n'ai jamais eu de chagrin qu'une
heure de lecture ne m'ait ôté ». C'est dire que lire un roman, c'est apprendre à faire
disparaitre le désespoir, l'ennui ainsi que tout ce qui peut constituer un obstacle à
l'épanouissement des hommes. Une manière de mettre l'accent, en fin de compte, sur la
distraction qui peut constituer une vocation artistique dans la mesure où le roman peut être un
compagnon pour l'homme, son consolateur et, surtout quand il y retrouve son divertissement.
Mariama Ba déclarait à ce propos: « ce que les hommes refusent à leurs semblables, les
livres nous le procurent ».
Au-delà de ces caractéristiques, nous pouvons dire que du moment où le roman est par
essence une œuvre fictive, où l'on découvre l'extraordinaire, il ne saurait se séparer de
l'évasion. Green considérait que « s'il n'est pas songe, le roman est mensonge ». C'est dire
que la fiction romanesque peut exclure toute conviction politique dans l'écriture.

B) La fonction didactique : Le roman est un instrument d’éducation


Elle assigne au roman un rôle instructif et éducatif. Les lecteurs découvrent dans la narration
romanesque de bonnes actions et de nobles attitudes qui influencent la morale et les
conceptions philosophiques du lecteur. Ce dernier s’inspire du geste des héros de roman pour
accomplir ses projets ou modifier ses comportements. Cet objectif du roman s’est surtout
manifesté au XVIII° siècle et dans une certaine mesure au XIX° siècle. C’est dans ce sillage
que Claude Roy estime : « Avant d’être une fable ou un passe temps, un document ou
une simulation du vrai, le roman est une leçon de conduite ». Cette fonction didactique
permet d'éduquer les lecteurs. En effet, les productions romanesques, même dans leur
diversité, ne sont pas gratuites, elles cachent des messages que le lecteur est chargé de
décrypter. Ainsi le roman prêche la morale. Dans ce cas d'espèce, le héros nous est présenté
comme un modèle auquel le lecteur a tendance à s'assimiler. Le héros devient ainsi un porteur
de vertu. Par la parole et l'exemple, il incarne une certaine éthique, un code de bonne
conduite. C'est le cas de certains romans historiques tels que Soundjata ou L'épopée
mandingue de Djibril Tamsir Niane. Dans ce livre, le héros nous apparait de la manière la
plus parfaite, imbu de vertus tels que la sagesse, la bravoure, la fidélité a la parole donnée, le
sens de l'honneur et de la dignité, le haute degré du patriotisme.
Le roman peur même dépasser le code de conduite dont parle Le Roy pour devenir une leçon
de vie dans la mesure où le héros est un guide qui montre une façon pratique de se conduire.
C'est le cas du docteur Rieux dans La Peste d'Albert Camus. Son comportement, son
abnégation, sa générosité dans la lutte farouche et parfois sans espoir contre la terrible
maladie qui sévit sur la petite ville d'Oran, n'est plus seulement un code de bonne conduite,
mais une façon très pratique de partager la souffrance, d'être solitaire, d'être humain. C'est cet
humanisme que nous enseigne Antoine de St Exupery dans Terre des hommes ou il prône
une conduite exemplaire fondée sur le sens de la responsabilité et de ce que doit être la
fraternité entre les hommes. «Etre homme c'est être responsable; c'est connaitre la honte en

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face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soit. C'est être fier d'une victoire que les
camarades ont remportés, c'est sentir en posant sa pierre que l'on contribue à bâtir le monde».

C) La fonction militante : Le roman est un outil de propagande


Le romancier, a travers son oeuvre cherche à se mettre au service du peuple, a remplir des
missions, a défendre des causes nobles. Il écourte religieusement sa communauté dont il est
l'avocat, le porte-parole. Il représente par conséquent les exclus, les damnes, les victimes
d'injustice, de domination, d'exploitation comme les ouvriers, les mendiants, les pauvres qui
représentent la couche marginalisée.
NB : Voir la partie sur le roman négro-africain

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