Mesures Locales de Vitesse Dans Un Fluide: Francis DUPRIEZ

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Mesures locales de vitesse

dans un fluide

par Francis DUPRIEZ


Ingénieur de l’Institut Industriel du Nord de la France
Directeur du centre de Lille de l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales
(ONERA)
et Jean-Pierre FLODROPS
Ingénieur civil de l’aéronautique
Ingénieur de recherche à l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales
(ONERA)
Centre de Lille

1. Généralités................................................................................................. R 2 110 - 2
2. Méthodes non intrusives de mesure de vitesse .............................. — 3
2.1 Flotteurs........................................................................................................ — 3
2.2 Méthodes optiques directes ....................................................................... — 4
2.3 Mesure de vitesse à partir de mesures de masse volumique ................. — 6
2.4 Mesure par ultrasons .................................................................................. — 7
3. Méthodes de mesure par sondes autres que de pression ............ — 7
3.1 Moulinets...................................................................................................... — 7
3.2 Anémomètre thermique.............................................................................. — 10
3.3 Sondes et capteurs divers .......................................................................... — 12
4. Mesure de vitesse par sonde de pression ......................................... — 15
4.1 Rappels de mécanique des fluides............................................................. — 16
4.2 Principe de la mesure.................................................................................. — 17
4.3 Détermination du retard manométrique dans une ligne de mesure ...... — 18
4.4 Mesures du module de la vitesse en écoulement de fluide
incompressible............................................................................................ — 19
4.5 Détermination de la direction du vecteur vitesse en écoulement
de fluide incompressible............................................................................. — 24
4.6 Mesures en écoulement de fluide compressible ...................................... — 27
4.7 Détermination de la direction du vecteur vitesse en écoulement
de fluide compressible ................................................................................ — 28
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. R 2 110

es molécules qui sont, à un instant donné, au voisinage immédiat du point


L de mesure considéré vont, dans le cours du mouvement du fluide et au
moins pendant un certain temps, rester relativement « groupées ». Elles consti-
tuent alors ce que l’on peut appeler une « particule fluide » élémentaire que l’on
peut traiter comme un élément unique et dont la vitesse de déplacement est la
vitesse du fluide au point et à l’instant considérés. Cette grandeur vectorielle
dépend en général du temps. La mesure de ce vecteur consiste en la détermina-
tion simultanée de ses trois composantes ou de son module et de sa direction,
dans un repère choisi par l’expérimentateur.
Il convient, dès à présent, de remarquer que la particule fluide n’est pas identi-
fiable et que l’on ne saura donc pas mesurer sa vitesse directement : il faudra,

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soit la rendre identifiable en lui substituant des traceurs dont le comportement


sera assimilé à celui de la particule fluide, soit utiliser des méthodes indirectes
nécessitant l’introduction de sondes. Il s’ensuit à la fois des limitations dans la
possibilité de mesure et une perturbation de l’écoulement dont il faut être
conscient et qu’il convient de minimiser.
Dans le cas général d’un écoulement tridimensionnel turbulent, on conçoit que
la mesure se révèle des plus délicates. Fort heureusement, de nombreux écoule-
ments peuvent être considérés, en première approximation, comme bidimen-
sionnels plans (le vecteur vitesse est parallèle à un plan) ou de révolution (le
vecteur vitesse est contenu dans un plan radial) ou mieux encore comme mono-
directionnels. De plus, dans le domaine industriel, c’est le plus souvent à une
recherche de vitesse moyenne dans une direction donnée que l’on est conduit
(canalisation, galeries,...). Aussi, les moyens de mesure vont-ils du plus rudi-
mentaire au plus sophistiqué et dépendent-ils essentiellement soit des hypothè-
ses simplificatrices que l’on peut faire sur les écoulements, soit des besoins qui
ont motivé la mesure de vitesse.
Les méthodes de mesure peuvent être divisées en deux grandes classes, A et
B, suivant qu’il s’agit d’une méthode non intrusive (c’est-à-dire que le fait de
faire la mesure n’apporte pas une perturbation à l’écoulement) ou, au contraire,
intrusive, le principe de mesure retenu nécessitant l’introduction dans le milieu
fluide de sondes qui constituent autant d’éléments perturbateurs pour le phéno-
mène mesuré.

1. Généralités — la tolérance ou non d’une sonde pour effectuer la mesure sans


détruire localement l’écoulement.

La classe A regroupe :
— les mesures directes des vitesses de particules étrangères Tableau 1 – Principales méthodes de mesure
transportées par le fluide (groupe A1) ; de la vitesse des fluides
— les mesures optiques de grandeurs physiques caractérisant le Flotteurs § 2.1
fluide dans l’écoulement et directement liées à la vitesse (masse

Classe A
volumique, groupe A2). Chronophotographes § 2.2.1
A1
La classe B regroupe les mesures : Vélocimètres laser § 2.2.2 [34]
— de grandeurs physiques caractérisant le fluide dans l’écoule- Mesures Doppler acoustique § 2.4
ment et directement liées à la vitesse (pression, groupe B1) ; A2 Interféromètres § 2.3 [34]
— de grandeurs physiques attachées à un corps plongé dans
B1 Sondes de pression, clinomètres, §4
l’écoulement et pour lesquelles la vitesse du fluide environnant est anémoclinomètres
un paramètre principal d’évolution (échanges thermiques,
groupe B2, structure de l’écoulement, groupe B3) ; B2 Anémomètres thermiques § 3.2 [35]
— d’actions mécaniques sur un corps solide (mise en rotation, B3 Anémomètres à effet Vortex § 3.3.1

Classe B
groupe B3 ou force, moment, groupe B4 ;
Moulinets § 3.1
— d’actions mécaniques de l’écoulement sur un autre écoule-
ment (capteurs fluidiques ou ioniques, groupe B5). B4 Vélomètres, pendules § 3.3.3
anémométriques et 3.3.4
Le tableau 1 rassemble les moyens usuels de mesure correspon-
dant aux classes A et B et donne les références des articles spéciali- Capteurs à ultrasons § 3.3.2
B5
sés auxquels le lecteur pourra se reporter. Capteurs ioniques, capteurs fluidiques § 3.3.5
Le choix de la méthode de mesure et des capteurs associés
dépend essentiellement des facteurs suivants :
Les principales méthodes de mesure sont applicables aussi bien
— la nature du fluide ; aux gaz qu’aux liquides mais demandent des moyens spécifiques.
— les conditions de mesure (température, accessibilité, etc.) ; Les limitations rencontrées à l’égard de telle ou telle sonde dépen-
— la connaissance a priori du sens de l’écoulement ou de la direc- dent essentiellement de sa conception mécanique et du capteur
tion principale de mesure ; associé. Toutes les méthodes optiques ne sont applicables que dans
— la recherche d’une valeur moyenne dans le temps ou d’une des milieux transparents.
valeur instantanée et définition de la bande passante souhaitée ;
— l’étendue de mesure et précision ; Un tableau général (tableau 2) peut être établi, déterminant les
— la possibilité ou non d’effectuer localement une intégration moyens usuels de mesure les plus appropriés par rapport aux
spatiale de la vitesse (c’est-à-dire une mesure locale dans un divers facteurs énumérés précédemment. En fin de tableau, une
volume petit mais fini par rapport aux dimensions de l’espace sou- appréciation du coût d’équipement est donné, permettant ainsi
mis à la mesure) sans nuire au but recherché ; d’effectuer un premier tri en fonction de l’investissement consenti.

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Tableau 2 – Quelques critères de choix d’une méthode de mesure de la vitesse locale U d’un fluide
Tempé-
Liquide Gaz Milieu Vitesse Précision Coût
rature

Ensemencement nécessaire
Fluctuations basse fréquence
Fluctuations haute fréquence

Étalonnage fréquent
Intégration spatiale
Présence de sonde
Direction instantanée
10 m/s < U < 70 m/s
1 m/s < U < 10 m/s

Direction moyenne

Champ de vitesse
Valeur moyenne
Transparent
U > 70 m/s
U > 10 m/s
U < 10 m/s

Ambiante
U < 1 m/s
Méthodes

> 100 °C
Opaque

Moyen
Faible
<1%

>1%

Élevé
Flotteurs d d d d d d d d d

Chronophotographie (P.I.V.) d d d d d d d d d d d d d d d s d
Classe A

A1
Vélocimètre laser d d d d d d d d d s d d d d s d d

Vélocimètre Doppler acoustique d d d d d d d d

A2 Interféromètre d d d d d d s d d d d

Sondes de pression d d d s d d d s d d d d d

B1 Clinomètres d d d d d d d s d s d s d d

Anémoclinomètres d d d d d d s d s d d d s d d

Fil chaud d d d s d d d d d s s d d d d d d d
B2
Classe B

Film chaud d d d s d d d d d s s d d d d d d d

B3 Sonde à effet Vortex d d d d d s d d

Moulinets d d s d s d d d d d d s d d s

B4 Vélomètres d d d d d d s d d

Anémodynamomètres d d d d d d d s d d

B5 Capteur à ultrasons d d d s s d d d d s d

Le symbole d indique que la méthode est bien adaptée au cas considéré, s que l’utilisation est possible mais avec précaution. L’absence de symbole indique
une impossibilité.

2. Méthodes non intrusives face comme en profondeur. Deux plans de référence sont choisis,
dont on connaît avec précision la distance qui les sépare. On mesure
de mesure de vitesse le temps mis par les flotteurs pour parcourir cette distance. La
méthode est essentiellement visuelle et ne nécessite qu’un chrono-
mètre et un repérage correct des plans verticaux de passage du flot-
teur. Lorsqu’il s’agit de mesures en profondeur, un index lumineux
Comme il est dit dans l’introduction, il n’est pas possible de déter- est placé sur le flotteur pour en faciliter le suivi. Cette méthode ne
miner la vitesse propre d’une particule fluide, dans la mesure où il fournit qu’une valeur grossière de la composante moyenne de la
est impossible d’individualiser cette dernière. Cependant, il est pos- vitesse de l’écoulement perpendiculairement aux plans de réfé-
sible de caractériser la vitesse d’objets transportés par le fluide. rence.
Moyennant certaines précautions quant à la taille et la densité de
ces objets par rapport au fluide dont on veut mesurer la vitesse, on
pourra, dans bien des cas, assimiler la vitesse de ces traceurs à celle 2.1.2 Technique de mesure
des particules fluides et obtenir une mesure qui ne vienne pas per-
turber l’écoulement. 2.1.2.1 Constitution des flotteurs
Les flotteurs ne doivent pas donner trop de prise au vent.
Ils peuvent être constitués de bâtons alourdis à une extrémité, de
2.1 Flotteurs disques de liège ou de tout autre matériau léger.
La mesure de vitesse en profondeur à l’aide de flotteurs lestés
impose des types de flotteur offrant une bonne prise à l’écoulement,
2.1.1 Principe de la méthode à la profondeur où l’on désire faire la mesure [1]. On peut conseiller
le flotteur du type de la figure 1 qui a de nombreux avantages :
Cette méthode, la plus simple qui existe, est destinée aux écoule- — emploi en flotteur de surface (disque en mousse de Bakélite)
ments liquides à surface libre. La mesure peut s’effectuer en sur- ou lesté ;

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temps connus de particules ensemençant le fluide (traceur), par


Bec lumineux réglable en altitude exemple en éclairant l’écoulement par un train d’éclairs. En règle
générale, la plaque photographique n’enregistrera que la projection
des déplacements sur un plan qui lui est parallèle, avec un rapport
Flotteur de grandissement k, rapport de la taille réelle d’un objet à celle
mesurée sur le cliché. Puisque les intervalles de temps séparant
Générateur à gaz ou à pile électrique deux clichés successifs de la même particule sont connus, on
obtiendra une estimation de la projection du vecteur vitesse U de la
particule sur un plan parallèle au film par la mesure sur le support
photographique du déplacement ∆ L de la particule :

Empennage moteur réglable ∆L


U = k -------
∆t

La position dans l’espace de la particule n’est cependant pas com-


Figure 1 – Flotteur lumineux pour mesure des vitesses en profondeur plètement connue puisqu’il manque la donnée de la distance au
(Neyrtec) film. On aura alors intérêt à n’éclairer qu’une fine tranche de l’écou-
lement perpendiculaire à l’axe de prise de vue (tomoscopie).

— efficacité à la profondeur désirée de l’empennage cruciforme 2.2.1.2 Techniques de mesure


réuni au flotteur par une chaînette : chaînette et flotteur n’offrent
que très peu de résistance à l’écoulement en regard de celle de Nota : le lecteur se reportera à l’article Visualisations et mesures optiques en aérodyna-
l’empennage ; mique [34] qui traite en totalité des techniques optiques de mesure de vitesse de particules
— souplesse du dispositif : en cas de rencontre de hauts fonds, le ensemençant un écoulement.
flotteur n’est pas irrémédiablement arrêté et la mesure n’est pas
Un vaste choix de traceurs possible (tableau 3) fait que les métho-
totalement compromise ;
des de chronophotographie sont utilisables aussi bien dans des
— possibilité d’emploi de nuit, par adjonction d’une lampe.
écoulements de liquides que de gaz et dans une grande gamme de
vitesses. Il est cependant impératif d’avoir un accès visuel à l’écou-
2.1.2.2 Exécution des mesures lement, ainsi que la possibilité de l’ensemencer en particules.
Pour exécuter une mesure à l’aide de flotteurs, on choisit autant
que possible un tronçon rectiligne de chenal, de section et de pente
uniformes et exempt de toute singularité pouvant perturber la distri- Tableau 3 – Traceurs usuels utilisés dans l’eau et dans l’air
bution des vitesses et l’on marque, si possible par des repères (sur
les deux rives afin d’éviter les erreurs d’appréciation) deux ou, Eau
mieux, trois sections réparties le long de ce tronçon. Le flotteur est Nature Matière Diamètre moyen
largué suffisamment loin avant la section amont pour qu’il ait atteint des particules
une vitesse constante avant son passage à cette section. Il est sou- µm
haitable que le temps de parcours entre deux sections soit au moins Gaz air 30 à 2 000
égal à 20 s. L’utilisateur pourra se référer aux recommandations
internationales en vigueur ISO 748 pour toute précision complé- huiles 70 à 1 000
Liquide
mentaire. lait (traceur continu)
polystyrène 5 à 500
2.1.2.3 Domaine d’utilisation. Précision
aluminium 30 à 100
Ces appareils, de construction éminemment simple, ne fournis- cire 2 000 à 3 000
sent que des renseignements grossiers sur les vitesses de l’écoule- Solide
ment. La mesure s’effectue sur un tronçon de profil en long et, de ce sphères de verre creuses 500
fait, elle est susceptible d’être entachée d’erreurs pouvant être boules de plexiglas 200 à 500
importantes, dues, entre autres, à la divagation du flotteur qui ren- poussières naturelles < 50
contre ainsi des zones de vitesses variables et aux irrégularités du
profil en long du fond, irrégularités qui augmentent ou diminuent la Air
vitesse du flotteur. Nature Matière Diamètre moyen
C’est donc un procédé sommaire, à n’utiliser que lorsque l’on des particules
désire un ordre de grandeur seulement approximatif des vitesses. µm
Liquide huiles minérales 0,3 à 1
fumée de cigarette 0,2 à 0,3
2.2 Méthodes optiques directes eau 20 à 100
aluminium 2 à 100
2.2.1 Chronophotographie stéarate de zinc 5à8
poudre de lycopode 30
2.2.1.1 Principe de la méthode
Solide sphères de verre (creuses 2 à 50
Nota : le lecteur se reportera utilement à l’article Visualisations et mesures optiques en ou non)
aérodynamique [34].
chlorure d’ammonium 0,6 à 1
Cette méthode consiste à enregistrer sur une plaque photogra-
phique (ou équivalent) les positions successives à des intervalles de poussières naturelles < 50

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Suivant la densité de traceurs utilisés, on parlera de PTV (Parti-


cule Tracking Velocimetry) dans laquelle les particules seront suivies Faisceau 1
individuellement ou de PIV (Particle Image Velocimetry) où la Faisceau 2
mesure de la vitesse en un point résulte d’un traitement statistique
dans un petit domaine entourant ce point [2] [3]. Un des intérêts de
ces méthodes est que les composantes du vecteur vitesse sont obte-
nues en plusieurs endroits au même instant. Si la densité de tra-
ceurs est suffisante, il est ainsi possible de réaliser des carto-
graphies instantanées de vitesse. Par contre, l’obtention de statis-
tiques (valeur moyenne, turbulence...) nécessitera le traitement d’un
grand nombre de clichés.
D’un point de vue pratique, des mesures de vitesse par PIV ont été
réalisées dans des écoulements d’eau à quelques dizaines de cm/s,
ainsi que dans l’air jusqu’à des vitesses supérieures à 400 m/s. Bien
que théoriquement n’importe quelle source lumineuse soit utilisa- Départ
ble dans les techniques de PIV, l’utilisation de lasers (continus ou Arrêt
impulsionnels) prévaut largement, de par la facilité de faire des tran-
ches fines, tout en gardant une densité d’énergie importante, ce qui Figure 2 – Principe du vélocimètre laser L2F
fait souvent classer cette technique dans la catégorie des techniques
de vélocimétrie laser.
Par nature, les techniques de chronophotographie sont bidimen-
sionnelles (2D). Des travaux sont en cours pour les rendre capables X Franges X A
de fournir les trois composantes du vecteur vitesse, soit grâce à I1
l’utilisation de l’holographie ou d’images stéréoscopiques [4]. θn
A d
2
On peut aussi citer une technique très sophistiquée, développée
θn
en collaboration par le centre de Lille de l’ONERA, Institut de méca-
nique des fluides de Lille (IMFL) et l’Institut franco-allemand de 2 I2
Saint-Louis (ISL) : la chronoholographie. Le principe général est
X' X'
celui de la chronophotographie mais en utilisant les propriétés de
cohérence de la lumière laser, on enregistre sur le support photo-
graphique une information qui rend possible la restitution ultérieure Sens de l'écoulement
de l’image tridimensionnelle du nuage de particules (hologramme).
a schéma b vue agrandie de la zone
Avec deux hologrammes successifs enregistrés sur la même plaque
de croisement
(à l’aide d’un laser impulsionnel), on peut ainsi obtenir les trois com-
posantes du dépla-cement de chaque particule (et donc les trois Figure 3 – Vélocimétrie laser : réseau stationnaire de franges
composantes du vecteur vitesse) [5], à condition que les particules d’interférence obtenu au croisement de deux faisceaux issus
soient identifiables (ce qui suppose qu’elles soient suffisamment du même laser
grosses et pas trop nombreuses). On obtient ainsi un ensemble de
vecteurs vitesse dans un domaine, avec une précision voisine de
1 % pour les composantes parallèles à un plan normal à la direction
d’observation. La précision sur la troisième composante est moins Sur ce principe sont construits les vélocimètres dits L2F (Laser
bonne, elle dépend fortement de la qualité de la mise au point opti- Two Focus) ou encore LTA (Laser Transit Anemometer) [6] (figure 2).
que sur l’image de la particule. Ce type de vélocimètre permet des mesures d’une composante de
vitesse avec une excellent rapport signal sur bruit, mais n’est pas
bien adapté pour des mesures en écoulement très turbulent [7].
2.2.2 Vélocimétrie laser Sur ce principe de base, l’ONERA a proposé un vélocimètre dit
mosaïque, qui permet des mesures des trois composantes de la
Nota : la mesure de vitesse par vélocimétrie laser étant développée dans l’article Visua- vitesse, même dans une ambiance très turbulente [8].
lisation et mesures optiques en aérodynamique [34], nous renvoyons le lecteur à cet article
et nous nous bornerons à exposer succinctement les principes généraux des différentes
méthodes régulièrement utilisées. 2.2.2.1.2 Vélocimètre à franges
Un faisceau laser est séparé en deux faisceaux que l’on fait inter-
2.2.2.1 Principe férer dans le volume de mesure. Il se crée, dans la zone de croise-
Une vitesse est, par définition le rapport de la distance parcourue ment A, un réseau stationnaire de franges que l’on peut assimiler à
au temps mis pour la parcourir : une série de plans parallèles équidistants d’une distance d. Ces
plans sont perpendiculaires à une direction X ’X bissectrice de
l’angle extérieur des deux faisceaux laser (figure 3). Si l’on appelle
∆L n l’indice de réfraction du milieu de mesure (pratiquement égal à 1
U = -------
∆t pour l’air), θn l’angle de convergence des deux faisceaux et λ la lon-
gueur d’onde de la lumière monochromatique émise par le laser, la
Dans la technique de chronophotographie évoquée au para-
distance d entre deux plans successifs est donnée par
graphe 2.2.1, l’intervalle de temps est fixé et on mesure la distance
parcourue. On peut, en fait, combiner différemment la mesure des λ
deux paramètres distance et temps pour obtenir des principes d = -----------------------
d’appareillages différents. θn
2 n sin ------
2
2.2.2.1.1 Vélocimètre à barrières optiques Une particule animée d’une vitesse U, de composante Ux, sur
Le vélocimètre mesure le temps ∆t que met une particule à par- l’axe X ’X, passant par le volume de croisement, traverse le réseau
courir une distance ∆L donnée, matérialisée par la géométrie du de franges. Cette particule voit alternativement des franges sombres
faisceau laser dans le volume de mesure. et brillantes et diffuse un flux lumineux périodique que l’on recueille

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dans un photomultiplicateur. Ce détecteur délivre alors un signal La principale limitation provient des particules utilisées pour
alternatif de fréquence f = Ux/d directement proportionnelle à la ensemencer l’écoulement (tableau 3) : elles doivent être petites
valeur absolue de la composante Ux. pour suivre « convenablement » l’écoulement tout en étant assez
L’ambiguïté sur le signe de la vitesse est levée en créant un sys- grosses pour diffuser suffisamment de lumière. Les particules doi-
tème de franges non pas stationnaires mais défilantes. Par rapport à vent être adaptées aux conditions de l’écoulement et si la mesure
cette vitesse de défilement, la vitesse des particules va s’ajouter ou elle-même est non intrusive, il convient de prendre les précautions
se retrancher, donnant ainsi le signe par rapport à ce zéro artificiel nécessaires pour que le fait d’injecter les particules ne vienne pas
[9]. gravement perturber l’écoulement ; l’injection doit être faite loin en
amont, ce qui parfois peut poser quelques problèmes.
Le vélocimètre à franges fournit une mesure locale d’une compo-
sante de vitesse en fonction du temps. L’extension à la mesure de
plusieurs composantes est réalisable, en créant dans le volume de
mesure plusieurs réseaux de franges orientés différemment, grâce à 2.3 Mesure de vitesse à partir de mesures
la possibilité des lasers à argon ionisé de produire plusieurs radia-
tions à des longueurs d’onde différentes. de masse volumique

2.2.2.1.3 Vélocimètre à effet Doppler


Dans cette méthode, assez sophistiquée, la vitesse du traceur, Pour un fluide compressible en mouvement permanent, adia-
toujours assimilée à celle du fluide, n’est plus obtenue en mesurant batique et bidimensionnel.
un déplacement et un intervalle de temps. On remarque que la par-
ticule éclairée par une source lumineuse monochromatique à la fré-
quence f0 constitue à la fois un récepteur et une source lumineuse 2.3.1 Principe de la méthode
en mouvement et que, de ce fait, selon les lois de l’optique, la
lumière qu’elle diffuse est à une fréquence f1 différente de f0. Cet
effet, connu sous le nom d’effet Doppler-Fizeau, peut être utilisé Si l’écoulement est permanent, adiabatique et continu, la mesure
pour la mesure de la vitesse de la particule. En effet, le décalage en de la masse volumique ρ suffit pour déterminer la vitesse U. En
fréquence est donné par la relation effet, à partir des relations développées au § 4.1, on peut établir la
relation suivante :
n
∆ f = f 0 Ð f 1 = U ⋅ ( i Ð o ) f 0 ---
c γr ρ γÐ1
U 2 = 2 ------------ T i 1 Ð  ----  (1)
γÐ1 ρi
avec i vecteur unitaire selon la direction de propagation
du faisceau d’éclairage,
avec r constante dimensionnelle du gaz considéré (§ 4.1),
o vecteur unitaire selon la direction d’observation,
n indice de réfraction du milieu considéré, γ rapport des capacités thermiques massiques à
pression et à température constantes,
c vitesse de la lumière.
La mesure du décalage Doppler fournit ainsi la composante du U module de la vitesse,

vecteur vitesse dans la direction ( i Ð o ) . On conçoit aisément que, Ti température d’arrêt isentropique de l’écoulement,
puisque la vitesse de l’écoulement est très petite devant celle de la ρ masse volumique locale du gaz,
lumière ( U / c < 10 Ð5 ) , le décalage Doppler est une infime fraction
ρi masse volumique d’arrêt isentropique de l’écou-
de la fréquence du faisceau lumineux et que sa mesure reste déli-
lement, liée à la pression d’arrêt isentropique ρi par
cate. Elle peut être effectuée par méthode interférentielle [10] [11].
la relation des gaz parfaits
Ce type de vélocimètre est bien adapté aux mesures de vitesses éle-
vées, dans des écoulements fortement instationnaires et fortement
ensemencés [8]. pi
----- = rT i
Une méthode a été proposée récemment [2] qui permet d’obtenir ρi
le champ d’une composante de vitesse dans un domaine étendu, la
vélocimétrie Doppler globale (en anglais Doppler Global Veloci- Dans un gaz, milieu transparent d’indice de réfraction n, la masse
metry ou DGV) : la lumière diffusée par les particules en mouve- volumique ρ est liée à l’indice de réfraction par la relation de Glad-
ment situées dans un plan de lumière monochromatique est reçue stone-Dale :
par l’appareil de prise de vue à travers une cellule transformant les
variations de fréquence dues à l’effet Doppler en variations d’inten- ρN
sité. Cette image est comparée à celle obtenue directement pour ( n Ð 1 ) ------- = K (2)
ρ
obtenir l’information « vitesse ».
avec ρN masse volumique du fluide dans les conditions
2.2.2.2 Caractéristiques générales des vélocimètres laser normales,
Technique non intrusive, la vélocimétrie laser est précieuse K constante dépendant du gaz (K = 293 x 10−6 pour l’air
puisqu’elle ne vient pas perturber l’écoulement dans lequel la sec) [13].
mesure est faite. Elle est utilisable dans quasiment n’importe quel
milieu transparent. Le domaine de vitesse susceptible d’être couvert La détermination de l’épaisseur optique de la lame fluide en cours
est très vaste puisque des mesures ont été obtenues en aérodyna- d’étude, qui, pour un écoulement bidimensionnel de largeur e est
mique de quelques m/s jusqu’à 3 900 m/s et en hydrodynamique de E = (n − 1)e, permet d’obtenir la valeur locale de l’indice de réfrac-
quelques cm/s jusqu’à plusieurs m/s. La mesure est instantanée et, tion, puis, par application de la relation de Gladstone-Dale (2), la
sauf pour les techniques globales comme la PIV ou la DGV, locale. Il masse volumique. Enfin, dans la mesure où les conditions d’arrêt
est ainsi possible d’obtenir des corrélations temporelles mais isentropiques sont connues, la relation (1) fournit une valeur de la
l’obtention de champs de vitesse peut s’avérer fastidieuse. vitesse.

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2.3.2 Technique de mesure


Différentes techniques optiques sont applicables pour déterminer
l’épaisseur optique d’un écoulement bidimensionnel de fluide
compressible (ombroscopie, strioscopie, interférométrie).
Nota : le lecteur se reportera à l’article Visualisation et procédés optiques de mesure en U
aérodynamique [34], qui traite en totalité le sujet.
Il faut cependant remarquer que la mise en œuvre de ces tech-
niques, surtout de celles d’interférométrie, qui sont les plus suscep-
tibles de fournir des informations quantitatives, est extrêmement
délicate et que l’on ne doit considérer leur utilisation comme
méthode de mesure de vitesse que comme un sous-produit. Elles
U vitesse du fluide
donnent cependant des résultats intéressants dans l’obtention de
champs de vitesse en soufflerie bidimensionnelle [13]. Figure 4 – Roue à coupelles

2.4 Mesure par ultrasons de secondes à quelques minutes. Cette méthode est adaptée aux
écoulements à basse vitesse et à grande section (écoulements
Le principe de base de la méthode repose sur l’utilisation de l’effet météorologiques en particulier), le moulinet étant en général un
Doppler (§ 2.2.2.1.3) : un objet (particule par exemple) se déplaçant capteur de dimensions non négligeables ; néanmoins, si la dimen-
avec le fluide et recevant une impulsion (ultra) sonore de fréquence sion du capteur est petite devant l’espace où il est situé, la mesure
connue, renvoie vers la source de l’impulsion un écho à une fré- peut être considérée comme locale.
quence décalée par l’effet Doppler. La mesure de la différence de fré- Il existe deux classes de moulinets, suivant que l’axe de rotation
quence fournit ainsi une mesure de la vitesse de la particule, est perpendiculaire ou parallèle à la direction de l’écoulement.
assimilée à celle du fluide. Si à cette mesure de la différence de fré- L’action des forces créées par l’écoulement entraîne le rotor à une
quence on ajoute celle du temps de parcours (aller-retour) de vitesse angulaire ω proportionnelle à la vitesse de l’écoulement
l’impulsion et de l’écho, on connaît la position de la particule le long dans le domaine de linéarité de l’appareil, c’est-à-dire au-delà d’un
du chemin de l’onde sonore. Il est ainsi parfaitement possible de certain seuil à partir duquel les frottements sur l’axe de l’appareil ne
déterminer un profil de vitesse quasi instantané. sont plus prépondérants.
Ce type de vélocimètre peut être utilisé dans des liquides transpa- Compte tenu de l’inertie des parties tournantes, les moulinets,
rents ou opaques, à condition qu’il transportent des impuretés (par- quels qu’ils soient, sont mal adaptés à la mesure des fluctuations de
ticules solides ou bulles gazeuses) indispensables pour générer vitesse. Ils conviennent très bien, au contraire, pour la mesure de
l’écho. En outre, il ne nécessite pas d’implantation particulière et ne vitesse moyenne (dans le temps) d’écoulements dans lequel il
perturbe pas l’écoulement. n’existe qu’un faible gradient transversal de vitesse : il convient
Les caractéristiques générales d’un vélocimètre à ultrasons sont cependant de respecter une durée de mesure longue devant la
rassemblées dans le tableau 4. durée caractéristique des fluctuations.

3.1.2 Techniques de mesure


Tableau 4 – Mesure de profil de vitesse par ultrasons
Il existe trois classes de moulinets. Les deux premières, consti-
Fréquence ultrasons (MHz) 0,5 1 2 4 8 tuées par les moulinets à coupelles et à ailettes, sont essentielle-
ment destinées aux écoulements gazeux, la troisième (moulinets à
Vitesse maximale (cm/s) ± 600 ± 300 ± 150 ± 75 ± 37
hélice) est adaptée aux liquides. La première classe est à axe per-
Largeur maximale du canal 600 300 150 75 37 pendiculaire à l’écoulement, les deux autres à axe parallèle.
(cm)
Domaine d’utilisation :
Résolution en vitesse 46,9 23,4 11,7 5,9 2,9 — gaz 0,10 à 30 m/s,
(mm/s)
— liquide 0,05 à 10 m/s mesure de la vitesse moyenne.
Cadence d’acquisition Un profil toutes les 10 à 50 ms
Documentation Met-Flow SA (Dantec Measurement Technology) 3.1.2.1 Moulinet à coupelles
Le moulinet à coupelles est à axe vertical ; il porte aux extrémités
de bras horizontaux en croix, quatre coupelles hémisphériques
3. Méthodes de mesure (figure 4), tant que la vitesse du fluide est parallèle au plan de rota-
tion, la vitesse de rotation est indépendante de l’azimut. Il n’y a pas
par sondes autres de manchon autour de la roue. Pour les moulinets destinés aux
liquides, un anneau de protection entoure le rotor.
que de pression La différence entre les coefficients de traînée (cf. encadré) de deux
coupelles qui se présentent au même instant, l’une avec son coté
concave, l’autre avec son coté convexe face à la direction d’écoule-
3.1 Moulinets ment du fluide, fait que la roue tourne d’autant plus vite que la
vitesse est plus élevée. La roue est généralement associée à un
compte-tours et à un chronomètre ou à un détecteur électronique ;
3.1.1 Principe général de la méthode la rotation se fait toujours dans le même sens. La vitesse angulaire,
ou nombre de tours par unité de temps, est sensiblement propor-
Cette méthode de mesure est largement utilisée dans les écoule- tionnelle à la vitesse de l’écoulement. Usuellement, l’entr’axe de
ments liquides et gazeux pour la détermination de vitesses moyen- deux coupelles opposées est approximativement le double de leur
nées dans le temps, sur des intervalles allant de quelques dizaines diamètre [14].

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80 mm

Figure 6 – Moulinet à hélice

Le seuil de démarrage varie suivant la taille du moulinet, l’impor-


tance relative des frottements des paliers étant d’autant plus grande
que l’appareil est plus petit : environ 0,5 à 0,7 m/s pour les plus
petits dans l’air (ces chiffres passent à environ 0,04 m/s dans l’eau)
et 0,10 m/s pour les plus grands. L’étendue de mesure dépassent
Figure 5 – Moulinets à ailettes (doc. Schiltknecht (Vibrometer)) rarement 40 m/s dans l’air et environ 5 m/s dans l’eau. La plage de
température d’utilisation va de − 30 à 140 °C dans l’air (0 à 70 °C
dans l’eau) et la précision atteint 1 % de l’étendue de mesure. Citons
aussi un moulinet miniature (diamètre 30 mm) de conception IMFL
dont le système optique de détection du mouvement des ailettes
Le coefficient de traînée Cx est défini par [36] : autorise un seuil de démarrage très bas d’environ 0,05 m/s et qui
F permet des mesures jusqu’à 6 m/s.
C x = ---------------------
1 3.1.2.3 Moulinet à hélice (liquide)
--- ρU 2S
2
Le moulinet se compose essentiellement d’une hélice, tournant
avec F force de traînée, S surface du maître couple et (1/2)ρU 2 autour d’un axe qui doit être parallèle à l’écoulement et d’un corps
pression cinétique de l’écoulement relatif. renfermant le mécanisme de comptage (figure 6).
L’hélice comporte généralement deux pales. Chaque corps de
Le moulinet à coupelle a un seuil de démarrage, dû aux frotte- moulinet peut recevoir plusieurs hélices de pas ou de profil hydrau-
ments mécaniques, qui peut varier de 0,4 à 0,9 m/s pour un gaz et lique différents, ce qui permet d’adapter l’appareil aux diverses con-
est voisin de 0,05 m/s pour les liquides. ditions de mesure rencontrées. C’est ainsi qu’aux hélices classiques,
à arêtes biaises, peuvent se substituer des hélices dites autocompo-
L’avantage qu’il possède de donner une indication indépendante santes, susceptibles de mesurer la composante axiale de la vitesse
de l’azimut le rend précieux en météorologie où il est très employé tant que celle-ci n’est pas trop inclinée par rapport à l’axe de l’hélice
(il n’est pas nécessaire de le monter sur une girouette). Par son prin- (jusqu’à 30°, par exemple) ; ce type d’hélice est particulièrement
cipe, il est très robuste, car les coupelles se déforment beaucoup intéressant en cas d’écoulement non parallèle.
moins que les ailettes. Ce type de moulinet n’est usuellement pas Les moulinets sont généralement équipés d’un dispositif de
employé pour les liquides. comptage magnétique ou optique. L’étendue de mesure atteint typi-
quement une dizaine de mètres par seconde, avec une précision de
3.1.2.2 Moulinet à ailettes l’ordre de 1 %.

L’organe moteur de ce moulinet est une roue portant des ailettes


(figure 5) fixées à l’extrémité de bras normaux à un axe de rotation 3.1.3 Causes d’erreurs sur la mesure de vitesse
que l’on dispose parallèlement au courant. Cet ensemble tourne par moulinets
dans une buse cylindrique coaxiale à la roue et dont la longueur est
d’environ la moitié du diamètre (le manchon). Suivant les modèles,
3.1.3.1 Orientation du moulinet par rapport à la direction
les ailettes sont inclinées d’environ 40 à 60° sur le plan de rotation. de la vitesse
La vitesse angulaire de la roue est sensiblement proportionnelle à Lorsque la vitesse locale n’est pas orientée suivant l’axe du mou-
la vitesse de l’écoulement. La mesure de cette vitesse angulaire, ini- linet, il en résulte une erreur qui dépend du type de moulinet. Si
tialement effectuée à l’aide d’un compte-tours et d’un chronomètre, l’axe de mesure est incliné d’un angle α par rapport à la direction du
est maintenant réalisée grâce à une électronique miniaturisée, asso- vecteur vitesse, les indications des appareils ne sont pas sérieuse-
ciée à un indicateur numérique ou analogique affichant directement ment affectées tant que cet angle est inférieur à 10°. Aussi bien pour
la vitesse, la détection de la rotation se faisant sans contact (soit les moulinets à ailette que pour les moulinets à hélice, la réponse du
optiquement soit électriquement), ce qui élimine tous les problèmes rotor suit de très près la loi du cosinus (c’est effectivement la com-
(et tous les frottements) mécaniques liés aux liaisons mécaniques posante axiale du vecteur vitesse que voit le moulinet). D’une
par pignon et vis tangente. manière générale, la mesure se situe entre U et U cos α jusqu’à des
Les premiers appareils de ce type possédaient de 2 à 12 ailettes : angles proches de 60°.
moulinets Woltman, Combes, Baumgarten, Casartelli [15]. Actuelle- Sur la figure 7 sont donnés deux exemples de courbes de tarage
ment, la roue comporte en général 8 ailettes et le diamètre intérieur pour un moulinet à coupelle et pour un moulinet à ailettes dans l’air.
du manchon varie entre une centaine et une dizaine de millimètres. On constate que le moulinet à ailettes suit de beaucoup plus près la

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En effet, Ower [16] considère les fonctionnements de la roue pour


1,1 les deux gaz pour la même valeur du couple moteur ; le couple résis-

U 1,0 1
tant et partant, la poussée (proportionnelle à --- ρU 2 ) sont identi-
I 2
0,9
ques. Ces deux conditions impliquent que l’angle d’incidence du
0,8 vent relatif sur les pales soit le même.
II
Quand la densité du gaz varie de moins de 5 à 6 %, il n’est prati-
0,7
III quement pas nécessaire de faire la correction.
0,6
U α
3.1.3.3 Effet d’obstruction
0,5

0,4
Cette erreur, qui n’apparaît que dans les écoulements en charge,
0 10 20 30 40 50 60 est due à la déformation des lignes de courant lorsqu’une fraction
α (degrés) non négligeable de la section de mesure est obstruée par les mouli-
nets et leurs supports ; elle peut être évaluée très approximative-
U vitesse du fluide (module de U ) I moulinet à coupelles ment à 0,1 % par pourcent d’obstruction de la conduite. C’est la
Uα vitesse lue II moulinet à ailettes raison qui interdit l’emploi de ces appareils dans des conduites de
trop faible diamètre.
III courbe Uα = U cos α

Figure 7 – Courbes de tarage de deux moulinets en fonction 3.1.3.4 Turbulence de l’écoulement


de l’inclinaison α de leurs axes par rapport au vecteur vitesse
On sait que, dans un écoulement turbulent, les vitesses locales
sont soumises à des fluctuations rapides, tant axiales que transver-
sales [36]. La manière dont le moulinet intègre ces fluctuations
dépend essentiellement du rotor utilisé et de son inertie. On peut
Ua admettre qu’une valeur de 1 % constitue une limite maximale de
l’erreur à craindre de ce fait. Cette erreur est particulièrement sensi-
ble aux faibles vitesses [17].
I

3.1.3.5 Précision de l’étalonnage


II
Même si celui-ci a été effectué dans les meilleures conditions, on
peut admettre que la courbe d’étalonnage d’un moulinet n’est con-
nue qu’avec une précision de l’ordre de 1 %. De plus, lorsque la
P1 P2 vitesse est faible, la fidélité du moulinet diminue ; on ne doit jamais
extrapoler vers le bas la courbe d’étalonnage. Par contre, l’extrapo-
lation vers les grandes vitesses, où la réponse du moulinet est
O
linéaire, peut être tolérée en cas de nécessité.
Us

Ua vitesse lue Us vitesse réelle


3.1.4 Étalonnage des moulinets
La courbe II pour la masse volumique ρ2 se déduit de la courbe I
par homothétie :
Les moulinets doivent être étalonnés individuellement avec leurs
OP2 = OP1 ρ1 / ρ2
supports de mesure ou des supports identiques (extrémités des per-
ches support).
Figure 8 – Influence de la masse volumique du gaz
Un ré-étalonnage fréquent est d’autant plus nécessaire que
l’appareil est utilisé dans des conditions difficiles : milieu corrosif,
loi en cosinus et correspond mieux à deux mesures qui devront particules en suspension...
ensuite être intégrées pour donner un débit (obtenu par excès). En Le principe de l’étalonnage consiste, pour les liquides et pour les
effet, dans une conduite de grande dimension, la distribution de gaz (mais alors uniquement dans le domaine des basses vitesses) à
vitesse est très souvent variable en direction et la grandeur utile à déplacer le moulinet à vitesse connue dans le fluide au repos (canal
prendre en compte est la composante de vitesse normale à la sec- rectiligne ou circulaire pour les liquides, bras tournant pour les gaz).
tion de référence. Pour les gaz à vitesse élevée, l’étalonnage s’effectue en soufflerie
dans l’air et il est nécessaire d’appliquer la correction de masse
3.1.3.2 Moulinet pour les gaz : influence de la masse volumique indiquée au paragraphe 3.1.3.2.
volumique
Pour les mesures au bras tournant, il est recommandé de prendre
Les moulinets sont couramment étalonnées dans un courant d’air une durée de révolution complète de l’ordre de 4 à 5 s au moins,
atmosphérique. Leurs indications sont influencées par les variations pour permettre à l’air ambiant de se tranquilliser entre deux passa-
de masse volumique. ges successifs de l’appareil au même endroit. Autant que faire se
Si l’on a la courbe d’étalonnage I (figure 8) de la vitesse Ua lue sur peut, il est conseillé d’effectuer les mesures après une centaine de
l’anémomètre en fonction de la vitesse réelle Us du vent pour une secondes de fonctionnement.
valeur ρ1 de la masse volumique, on obtient la courbe II correspon- La courbe d’étalonnage se présente généralement sous la forme
dant à la masse volumique ρ2 en appliquant à I l’homothétie de cen- de deux courbes : U = a* + b*ω pour les vitesses proches du seuil de
démarrage et U = a + bω pour le reste du domaine de mesure, où a,
tre 0 et de rapport ρ1 / ρ2 . b, a* et b* sont des constantes.

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3.2 Anémomètre thermique


w
3.2.1 Principe de la méthode Supports

v Fil chaud
Un conducteur électrique, placé dans un écoulement et auquel on
fournit une puissance électrique P, prend une température d’équili-
bre supérieure à celle du fluide quand la quantité de chaleur dissi- u
pée par unité de temps Q est égale à P. Cette quantité de chaleur est
Figure 9 – Composantes du vecteur vitesse dans le repère lié au fil
fonction de l’écart de température entre le conducteur et le fluide,
chaud
des propriétés physiques et de la géométrie du conducteur, des pro-
priétés physiques du fluide mais aussi de la vitesse de l’écoulement.
C’est cette dernière dépendance qui permet la conception de sondes
thermiques capables de fournir une mesure de la vitesse. dent du nombre de Reynolds du fil. Le recours à l’étalonnage est
Le transfert de chaleur peut se faire par rayonnement, par conduc- indispensable.
tion vers les supports, par convection libre et par convection forcée, Deux modes de fonctionnement sont envisageables, selon que le
due à la vitesse relative du fluide. fil est alimenté à courant constant ou que l’alimentation est faite de
Si la température d’équilibre du conducteur considéré est infé- façon que la température du fil (et donc sa résistance électrique) soit
rieure à environ 300 °C, le transfert radiatif est négligeable : dans maintenue constante. Dans les deux cas, le signal fourni par l’ané-
les conditions d’emploi usuelles, les pertes par rayonnement sont momètre est la tension électrique aux bornes du fil (ou film).
estimées à moins de 0,1 % des pertes convectives [18]. L’anémomètre à courant constant est moins couramment utilisé
Les pertes par conduction sur les supports sont minimisées par la car l’inertie thermique du fil (ou film) limite considérablement la
conception des sondes dont l’allongement (rapport des dimensions bande passante. Avec une sonde sans dispositif électronique de
transversales aux dimensions longitudinales) sera choisi idéa- compensation, la fréquence de coupure est voisine de 90 Hz pour un
lement le plus grand possible : le conducteur affecte alors la forme fil de 5 µm de diamètre, elle peut atteindre 10 kHz en utilisant un fil
d’un fil allongé de très petit diamètre (quelques micromètres pour de 0,25 µm de diamètre. Pour ce type d’anémomètre, la loi de King
une longueur de quelques millimètres) fixé à des supports effilés : s’écrit, en utilisant la tension e aux bornes du capteur :
sonde à fil chaud (le conducteur est un fil cylindrique) ou sonde à
film chaud (le conducteur est un film métallique très mince déposé e
------------- = A ′ + B ′ U n
sur un support, cylindrique ou non, isolant). Le refroidissement par eÐC
convection libre peut être considéré comme du second ordre par
rapport à la convection forcée, directement liée à la vitesse du fluide, et l’étalonnage préalable du capteur fournit les constantes A’, B ’, C et
sauf dans le domaine des très faibles vitesses. n.
Dès le début du XXe siècle, L.V. King a reconnu les possibilités du L’anémomètre à température constante n’a pas cet inconvénient,
fil chaud en tant qu’instrument de mesure de vitesse d’un fluide. puisque sa température reste constante et la bande passante peut
Considérant un fil d’allongement infini placé perpendiculairement à atteindre le mégahertz. La relation qui lie la tension aux bornes du
un écoulement de fluide incompressible à la vitesse U, en suppo- capteur et la vitesse de l’écoulement (isotherme) est alors
sant des échanges thermiques purement convectifs et moyennant
certaines hypothèses concernant la physique de ces échanges, King e2 = A’’ + B’’Un
a été le premier à proposer une loi générale représentant la puis- les constantes A’’, B’’ et n étant obtenues à partir de l’étalonnage.
sance électrique fournie au fil à l’équilibre en fonction de la vitesse
U sous forme :
3.2.2 Technique de mesure
rI2
------------- = A + BU n (3)
r Ð r0
Compte tenu de l’article spécialisé Anémomètres à fil ou film
avec r résistance électrique du fil à la température chaud [35], nous ne développerons que les points suivants :
d’équilibre Tf, — l’exploitation des mesures pour la détermination du vecteur
I courant qui parcourt le fil, vitesse ;
— les bandes passantes et les étendues de mesure des sondes
r0 résistance à la température de référence T0.
usuelles, dans l’air ou dans l’eau.
La relation entre r, r0, Tf et T0 est de la forme :
r = r0 [1 + α (Tf - T0)] 3.2.2.1 Détermination du vecteur vitesse

avec α coefficient de température du matériau résistif Soit une sonde à fil chaud placée dans un écoulement. Les sup-
constituant le fil. ports du fil et le fil lui même définissent un plan P. Soit w la compo-
Dans l’expression 3, A et B sont des constantes qui dépendent des sante du vecteur vitesse normale à ce plan, u la composante de U
propriétés physiques du fluide. Il est possible de les calculer à partir normale au fil dans P et v la composante parallèle au fil (figure 9).
de grandeurs caractéristiques du fluide et du fil, dont la détermina-
tion précise est cependant difficile. En plus, en cas de réalisation Si le fil était d’allongement infini, la composante tangentielle au fil
d’une sonde, même si l’allongement du capteur est grand, il n’est du vecteur vitesse ne participerait pas à l’échange thermique et la loi
pas infini et des pertes par conduction vers les supports viennent de King, qui exprime l’égalité entre la puissance électrique fournie
modifier la loi théorique. Il paraît alors nettement préférable de au fil et celle dissipée dans le fluide par convection forcée s’écrirait
recourir à un étalonnage préalable pour leur détermination.
rI2
Différentes valeurs ont été proposées par différents auteurs pour ------------- = A + B ( U eff ) n
r Ð r0
l’exposant n de la loi dite « de King » : King [19] lui même proposait
0,5 pour des mesures dans l’air, Collis et Williams [20], Hilpert, 2 = u2 + w2
McAdams proposent des valeurs voisines de 0,5 mais qui dépen- avec U eff

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On peut dire que Ueff est la « vitesse efficace refroidissant le fil ».


b
En fait, les fils chauds n’étant jamais d’allongement infini, on α
constate que non seulement la composante tangentielle joue un
rôle, à la fois par l’effet de non-uniformité de la température du fil
qu’elle provoque et par les pertes qu’elle induit vers les supports,
mais aussi que u et w n’interviennent pas exactement de la même
façon : la composante w, normale au plan, est un peu plus U
a
« efficace » que u. Champagne et al. [21], puis Jørgensen [22] ont
proposé que soit prise comme « vitesse effective refroidissant le a, b films chauds U vitesse du fluide
fil » la quantité U* définie par
Figure 12 – Sonde à films chauds fendus
U *2 = u2 + k2v2 + h2w2 (4)

Les deux coefficients k et h dépendent de la géométrie de la sonde. U sin α est composante normale pour le fil b (figure 11), compo-
sante tangentielle pour l’autre. On a alors
h est voisin de 1, tandis que k est compris, en général, entre 0 et 0,3,
la valeur de 0,2 étant souvent admise pour un fil chaud.
U b*2 = U 2 ( h 2 sin 2 α + k 2 cos 2 α )

3.2.2.1.1 Écoulement bidimensionnel U a*2 = U 2 ( h 2 cos 2 α + k 2 sin 2 α )

En écoulement bidimensionnel plan, il est possible, en utilisant un si les deux fils sont de mêmes nature et dimensions.
fil unique situé dans le plan de l’écoulement, d’obtenir le module de Dans ces conditions, nous avons
la vitesse et une estimation de la direction : il suffit d’orienter la
sonde de façon à obtenir un maximum du signal. U a*2 + U b*2
U 2 = ---------------------------
Pour obtenir simultanément le module de la vitesse et sa direc- h2 + k2
tion, deux sondes sont généralement utilisées. La plus courante est
la sonde à fils croisés (figure 10) faisant entre eux un angle de 90°. U a*2 Ð U b*2 h 2 + k 2
Si le vecteur vitesse de l’écoulement est situé dans le plan des fils, et cos 2 α = --------------------------- ------------------
U a*2 + U b*2 h 2 Ð k 2
on a alors u = 0.
Ce type de sonde à fil croisés n’est utilisable que si l’angle entre le
vecteur vitesse et la bissectrice des fils n’excède pas 45°.
Une autre sonde également utilisée est la sonde à deux films
déposés sur le même cylindre et séparés par deux espaces isolants
diamétralement opposés (figure 12) encore appelée « split film
sensor ».
La sonde étant placée perpendiculairement au plan de l’écoule-
ment, on appelle α l’angle que fait le vecteur vitesse avec la trace du
plan de séparation des deux films dans le plan de l’écoulement. Le
transfert total des deux films donne la mesure du module du vecteur
vitesse U, tandis que la différence des deux signaux dépend de
U sin α. La formulation est cependant plus complexe que pour la
sonde à fils croisés. Ce type de sonde est utilisable si la direction de
l’écoulement est au maximum à ± 90° du plan de séparation des
films.
Notons qu’il existe des sondes à trois films déposés sur le même
cylindre, qui peuvent être utilisées en écoulement bidimensionnel
présentant des zones de recirculation.

3.2.2.1.2 Écoulement tridimensionnel

Figure 10 – Sondes usuelles à fils croisés à 90° Dans le cas général de l’écoulement tridimensionnel, il est néces-
saire d’utiliser une sonde à trois fils, formant un trièdre trirectangle
(figure 13 a).
Le vecteur vitesse à mesurer peut être caractérisé par son module
et chacun des trois angles α, β et γ qu’il forme avec chacun des fils
(figure 13 b). En admettant que le coefficient h de l’équation (4) est
égal à 1, les vitesses effectives refroidissant chaque fil sont données
U α par :

U a*2 = U 2 ( sin 2 α + k a2 cos 2 α ) ) = U 2 [ 1 + ( k a2 Ð 1 )cos 2 α ]


a b
U b*2 = U 2 ( sin 2 β + k b2 cos 2 β ) = U 2 [ 1 + ( k b2 Ð 1 )cos 2 β ]
a, b fils chauds à 90° U vitesse du fluide

Figure 11 – Sonde à fils croisés à 90° : principe


U c*2 = U 2 ( sin 2 γ + k c2 cos 2 γ ) = U 2 [ 1 + ( k c2 Ð 1 )cos 2 γ ]

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Fil c

U
γ

Fil b
α

Fil a
a schéma de principe b angles du vecteur vitesse
de la sonde et des trois fils

Figure 13 – Sonde à trois fils


a cliché strioscopique de l'écoulement autour d'un cylindre
circulaire (cliché IMFL)

Si la sonde est parfaite, c’est-à-dire que les trois fils (ou films) sont 0,20
effectivement identiques (même valeur de k) et bien à 90° les uns Sr = fD /U
des autres, on doit avoir 0,19

cos2α + cos2β + cos2γ =1 0,18

sin2α + sin2β + sin2γ =2


0,17
On a alors
0,16
U a*2 + U b*2 + U c*2
U2 = --------------------------------------------
0,15
2 + k2
0 500 1 000 1 500 2 000
U 2 Ð U a*2 Re = UD / ν
et cos 2 α = ------------------------------ b nombre de Strouhal en fonction du nombre de Reynolds
U 2 ( 1 Ð k2 ) pour un cylindre circulaire (écoulement de fluide incompressible)
d'après [23]
U 2 Ð U b*2
cos 2 β = ------------------------------
U 2 ( 1 Ð k2 ) Figure 14 – Sillage périodique en aval d’un cylindre

U 2 Ð U c*2
cos 2 γ = ------------------------------
U 2 ( 1 Ð k2 ) 3.3 Sondes et capteurs divers
Il est à noter qu’il existe une sonde omnidirectionnelle, dont l’élé-
ment sensible est un film déposé sur une sphère de petit diamètre, 3.3.1 Capteur à effet vortex
utilisable dans l’air à faible vitesse, capable de mesurer le module
de la vitesse dans un écoulement dont on ne connaît pas la direction
(Dantec et TSI). Lorsqu’un cylindre de diamètre D est placé perpendiculairement à
un écoulement de vitesse U d’un fluide dont la viscosité cinémati-
3.2.2.2 Étendues de mesure et bande passante que est ν, on constate que si le nombre de Reynolds Re = UD/ν est
supérieur à environ 70, le sillage du cylindre prend un caractère
Les principaux avantages du fil (ou film cylindrique) chaud sont : périodique : des tourbillons sont émis par les décollements qui
le faible encombrement de la sonde (des mesures quasi ponctuelles prennent naissance de part et d’autre du cylindre, formant une
sont ainsi possibles), la grande bande passante, la grande étendue « allée alternée » ou allée de Von Karman (figure 14). La fréquence f
de mesure et la possibilité de mesurer simultanément plusieurs
de l’émission tourbillonnaire, exprimée sous une forme adimen-
composantes de vitesse à l’aide de sondes spéciales.
sionnelle (nombre de Strouhal Sr = f D/U ) est fonction du nombre de
Le principal inconvénient de la sonde à fil chaud est sa relative Reynolds Re.
fragilité : la résistance mécanique d’un fil de 2,5 µm de diamètre et
d’environ 2,5 à 5 mm de long est particulièrement faible et la sonde On constate que si le nombre de Reynolds Re est supérieur à envi-
ne résiste pas beaucoup à l’impact de poussières (sans parler des ron 1 000, le nombre de Strouhal est constant : pour une géométrie
doigts de l’opérateur...). La sonde à film cylindrique est déjà plus donnée, la fréquence des tourbillons émis ne dépend que de la
résistante et d’autres types de sondes ont été réalisés, basés sur le
vitesse du fluide. Elle est en particulier indépendante des conditions
même principe d’échanges thermiques avec l’écoulement, en dépo-
sant un conducteur électrique (film) sur un substrat isolant (quartz thermodynamiques du fluide (pression, température et/ou humi-
par exemple) de formes diverses. La résistance mécanique de la dité). Pour des valeurs du nombre de Reynolds inférieures à 1 000,
sonde permet alors de l’utiliser dans un environnement qui n’aurait Lord Rayleigh [23] a proposé la loi suivante pour le sillage du cylin-
pas permis l’emploi d’une sonde à film chaud. Le tableau 5, confec- dre, à partir des observations originales de Strouhal :
tionné à partir de la documentation de la société Dantec, fournit des
valeurs typiques de l’étendue de mesure et de la bande passante
fD
Sr = ------ = 0 ,195  1 Ð ------------
20 ,1
de sondes usuelles, utilisées avec un anémomètre à température
constante. U Re

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Tableau 5 – Caractéristiques générales de capteurs thermiques


Température Vitesse minimale Vitesse maximale Fréquence Fluide
maximale maximale (1)
Type de sonde
du fluide
°C m/s m/s kHz

fil recouvert 150 0,20 200 400 air


0,01 - - eau distillée

fil miniature 150 0,20 500 400 air


0,01 - - eau distillée

film cylindrique 150 0,2 350 175 air


100 0,01 10 30 eau

split film 150 0,20 350 175 air

triple split film 150 0,20 350 175 air

film dièdre 150 0,10 500 20 air


100 0,01 25 30 eau

film conique 150 0,10 500 − air


100 0,01 25 30 eau

sonde omni- < 60 0,05 1 0,08 air


directionnelle

D’après la documentation DANTEC Measurement Technology


(1) Avec l’utilisation d’un anémomètre à température constante

Des observations plus fines et plus précises que celles de Strou- male mesurable dépend à la fois de la nature du fluide, des
hal ont été réalisées depuis, conduisant à des corrélations légère- conditions de température, pression et humidité et de la géométrie
ment différentes [33]. du capteur. Par exemple, pour de l’air sec dans les conditions
Mais on constate une dépendance du nombre de Strouhal sur le ambiantes, la vitesse minimale mesurable est d’environ 0,38 m/s
nombre de Reynolds uniquement. pour un obstacle cylindrique de diamètre 4 mm, correspondant à la
Ce principe permet de concevoir des capteurs suivant le schéma valeur 100 du nombre de Reynolds.
de principe de la figure 15 a, susceptibles de fonctionner dans une
grande gamme de température, qui ne comportent aucune pièce en Si le vecteur vitesse n’est pas normal aux génératrices du cylindre
mouvement et sont de ce fait robustes, fiables et résistants à la cor- (α ≠ 0) et/ou s’il n’est pas contenu dans le plan de symétrie du cap-
rosion. Cependant, le principe de mesure retenu pour la détermina- teur (β ≠ 0), la valeur mesurée sera erronée, par suite de l’effet d’atta-
tion de la fréquence des tourbillons peut imposer des limitations que oblique du cylindre. Cependant, la conception soignée du canal
quant à la nature du fluide et en particulier interdire le fonctionne- amenant le fluide sur le « corps tourbillonnaire » permet de minimi-
ment dans l’eau ou en présence de condensation. La vitesse mini- ser ces effets (figure 15 b).

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L 1 1
On en déduit la composante U∆ : U ∆ = ---  ------- Ð -------
2  t 12 t 21
Corps
tourbillonnaire Ce type de mesure nécessite cependant une base de mesure rela-
U
tivement grande, de façon à ne pas avoir des temps de propagation
trop petits. Il semble donc plutôt bien adapté à la mesure de vitesse
de vent en météorologie. Cependant, les deux mesures de temps ne
a schéma de principe
sont pas simultanées, et la valeur résultante correspond à une
moyenne ; la bande passante de l’appareil est forcément faible et il
est plutôt bien adapté à des mesures d’écoulements variant lente-
ment.
En associant plusieurs capteurs, on peut mesurer différentes
Uβ /Uo Uα /Uo
composantes du vecteur vitesse et en déduire le module de la
1,2 1,2 vitesse du vent et sa direction. Pour fixer les idées quant aux perfor-
mances attendues de ce type d’appareil, nous indiquons ci-dessous
les caractéristiques d’un capteur météorologique commercialisé par
1,0 1,0 la société TSI :

0,8 0,8
Vitesse Vitesse Temps
Résolution Direction
minimale maximale de réponse
0,6 0,6 0 m/s 65 m/s 0,1 m/s 0 - 360° 0,35 s
– 40 – 20 0 + 20 + 40 – 40 – 20 0 + 20 + 40
β (°) α (°)
b réponse en dérapage c réponse en incidence 3.3.3 Pendule anémométrique
Uo = 20 m / s Uo = 5 m / s Uo = 1 m / s Un corps plongé dans un écoulement est soumis à un torseur
d’efforts dépendant de la pression cinétique du fluide. Ainsi, par
Sonde exemple, une sphère de masse m suspendue à un point fixe par un
fil de traînée négligeable et soumise à un écoulement de vitesse U
+α –α
d’un fluide de masse volumique ρ prend une position d’équilibre
Soufflerie telle que (figure 16)
Uo
+β –β 1
mg sin θ = --- ρU 2SC x cos θ
2
Installation d'étalonnage
1 Cx S
Figure 15 – Capteur à effet vortex (doc. Höntzsch) soit tan θ = K --- ρU 2 avec K = -----------
2 mg

où Cx est le coefficient de traînée et S la surface du maître couple de


3.3.2 Mesure par ultrasons la sphère.

Le principe de mesure est différent de celui évoqué au La tangente de l’angle d’inclinaison est ainsi proportionnelle au
paragraphe 2.4. Il s’agit ici de tenir compte du fait que le son, pertur- carré de la vitesse.
bation de pression, se propage à partir de la source à une vitesse a, Cet appareil rudimentaire est essentiellement utilisé en météoro-
constante dans toutes les directions, par rapport au fluide. Si le logie, associé à une girouette et en hydraulique à surface libre.
fluide lui-même est animé par rapport à un repère fixe d’une vitesse
U , la vitesse de propagation du son dans une direction de vecteur

unitaire ∆ quelconque sera


l
a∆ = a + U ⋅ ∆
θ

où U ⋅ ∆ est la composante de U dans la direction ∆ .


U
f
Le temps de parcours d’une impulsion ultrasonore entre un émet-
teur et un récepteur distants de la longueur L (t = L/a∆) fournit ainsi F
une mesure de la composante de la vitesse du fluide sur la direction
reliant les deux appareils. Pour s’affranchir des variations de a avec
les conditions atmosphériques (température et humidité), on fait
jouer aux deux appareils successivement le rôle d’émetteur et de f = 1 Cx ρU 2S F = mg
récepteur et on mesure les deux temps de parcours 2

L L U vitesse du fluide
t 12 = ----------------- et t 21 = -----------------
a + U∆ a + U∆ Figure 16 – Pendule anémométrique

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H
θ
G
A D F
R
B C E
U
F O

A prise de pression amont F prise de pression aval


θ B diaphragme G jeu entre D et la chambre
m*g C et E chambre (divisée en deux parties) H échelle gradué
en forme d'anneau O axe de l'anneau
D volet métallique R ressort antagoniste
F= Cx (1/2) ρU 2S ρ masse volumique du fluide
Cx coefficient de traînée m* masse relative Dans le boîtier étanche se trouve une chambre C E en forme d'anneau
(ou de portion d'anneau) de révolution, de section rectangulaire. Autour
S section au maître couple g accélération de la pesanteur de l'axe O de l'anneau pivote une aiguille, solidaire d'un volet métallique
D, qui partage la chambre en deux parties C et E. Le volet, de dimension
U vitesse du fluide légèrement inférieure à celle de la chambre, peut tourner sans frottement :
il n'y a pas étanchéité entre C et E. L'air qui pénètre par l'orifice A, suivi
Figure 17 – Pendule hydraulique d'un diaphragme B, arrive dans C. Il exerce une pression sur la face avant
du volet D, s'écoule dans E à travers le léger espace compris entre le volet
et la chambre, et s'échappe par l'orifice aval F. Un ressort antagoniste R
maintient le volet en équilibre.
Dans ce dernier cas, il faut se souvenir que la masse apparente Pour chaque valeur de la vitesse de l'air, il existe une position
m* du corps du pendule est égale à : d'équilibre indiquée par une aiguille solidaire du volet. En changeant le
diaphragme B, on peut modifier la sensibilité de l'appareil. A chaque
m* = (σ − ρ)V sensibilité correspond en général une échelle graduée H. Certains
appareils comportent une graduation linéaire unique que l'on utilise avec
avec ρ masse volumique du liquide, différentes courbes d'étalonnage.
σ masse volumique du pendule,
V volume du corps du pendule. Figure 18 – Vélomètre
Enfin, il faut tenir compte du fait que le câble traîne et qu’ainsi, il
ne reste pas rectiligne (figure 17) : l’angle θ1 mesuré au point de
suspension est différent de l’angle θ au départ du corps immergé. flux alterné. La bande passante peut atteindre 500 Hz. Cependant,
Un étalonnage préalable est donc à faire en fonction de la profon- les problèmes posés par l’humidité du milieu de mesure font que le
deur d’immersion. Enfin, pour augmenter la stabilité du pendule, on principe de ce capteur a été abandonné par la société qui en avait
utilisera des corps prismatiques qui fixent les points de décollement tenté une mise sur le marché.
et dont le coefficient de traînée Cx est important.
Le principe du capteur fluidique repose sur le fait que, si le jet
Ce dispositif, très élémentaire, conduit à des précisions de l’ordre
transversal est beaucoup plus rapide que l’écoulement à mesurer, la
de 5 à 10 % de la vitesse moyenne, pour un coût quasi nul.
déviation qu’il subit est faible et qu’ainsi la structure propre du jet
n’est pas modifiée. Des capteurs de pression d’arrêt situés symétri-
quement par rapport à l’axe du jet non dévié fournissent alors une
3.3.4 Vélomètre différence de pression qui dépend de la déviation (avec son signe) et
donc de la vitesse de l’écoulement principal [24]. Dans son principe,
Le vélomètre est un appareil destiné à la mesure des faibles vites- ce capteur donne le signe de la composante de vitesse mesurée. En
ses dans un gaz. outre, on peut aisément concevoir le principe d’un capteur bidirec-
C’est le boîtier même de l’appareil (figure 18) qui porte, sur deux tionnel, dont la bande passante resterait cependant faible. Il ne sem-
de ses faces opposées les prises de pression A et F qui jouent le rôle ble pas que ce type de capteur fasse encore l’objet d’une commer-
des prises de pression d’un tube de Recknagel. Le reste de l’appareil cialisation.
est analogue à un manomètre particulièrement sensible.

3.3.5 Capteurs ioniques – Capteurs fluidiques


4. Mesure de vitesse
Pour être le plus exhaustif possible, il convient de mentionner ce par sonde de pression
type de capteurs, bien qu’ils ne semblent plus être commercialisés.
Il s’agit de mettre à profit le fait que l’écoulement dont on cherche
à mesurer la vitesse provoque la déviation, soit d’un faisceau d’ions L’utilisation des sondes de pression pour la mesure de la vitesse
émis perpendiculairement (capteur ionique), soit d’un autre écoule- d’un fluide est couramment pratiquée. On distingue deux classes de
ment perpendiculaire (jet). sondes, suivant qu’elles permettent la mesure du module
Dans le cas d’un capteur ionique cylindrique, de géométrie don- uniquement ou du module et de la direction. Dans le premier cas, on
née, on montre que la déviation du faisceau est directement propor- exploite la caractéristique d’une prise de pression d’être insensible,
tionnelle au débit-masse du fluide qui le traverse, soit pour un fluide dans un domaine angulaire donné, à la direction de la vitesse et,
incompressible, à la vitesse moyenne spatiale. Dans son principe, dans le second cas, on met à profit la sensibilité des sondes dans un
un tel capteur est réversible, c’est-à-dire qu’il permet la mesure d’un autre domaine angulaire.

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4.1 Rappels de mécanique des fluides 4.1.1 Fluide incompressible en écoulement


permanent continu
Nota : le lecteur se reportera utilement à l’article Mécanique des fluides [36].
Si le fluide est incompressible, l’équation (6) peut être intégrée
Dans un fluide en mouvement continu, l’équation de l’impulsion entre deux points M et N quelconques de la même ligne de courant
(ou équation générale de la dynamique) s’écrit sous la forme sui- pour donner la relation connue sous le nom de théorème de Ber-
vante, en projection sur la tangente à la trajectoire d’une particule noulli
fluide (équation intrinsèque) :
1 1
p M + ρgz M + --- ρU M
2
= p N + ρgz N + --- ρU N2 (8)
∂U ∂U 1 ∂p 2 2
-------- + U -------- = Ð --- ------- + g s + f s (5)
∂t ∂s ρ ∂s
avec g accélération de la pesanteur,
avec fs projection sur la tangente des forces de p pression statique locale,
frottement par unité de masse,
U module de la vitesse,
gs composante sur la tangente des forces de gravité
par unité de masse, z altitude, comptée positivement vers le haut,

p pression statique, ρ masse volumique du fluide.

U module de la vitesse, Le terme (1/2)ρU 2 est la pression cinétique, pö = p + ρgz est la


pression motrice, utile à considérer quand le fluide est pesant
s abscisse curviligne le long de la trajectoire, (liquide). Pour un gaz que l’on pourrait considérer comme incom-
ρ masse volumique. pressible, la pression motrice est identique à la pression statique
(fluide non pesant).
On peut immédiatement remarquer que dans le cas de liquides, le
terme de force de pesanteur est important : un liquide est un fluide La quantité pi = p + (1/2)ρU 2 s’appelle la pression d’arrêt.
pesant. Un gaz a une masse volumique environ 1 000 fois plus faible
et on pourra en général négliger le terme de pesanteur par rapport
au terme de pression, ce qui revient à poser gs = 0 dans l’équation 4.1.2 Fluide compressible, non visqueux,
(5) (fluide non pesant). non pesant en écoulement permanent
Si le fluide est non visqueux (fluide parfait), fs = 0. Si, en outre, le
continu et adiabatique
mouvement est permanent, ∂U/ ∂t ≡ 0 et l’équation (5) s’écrit :
Dans les développements qui vont suivre, on admettra que le gaz
∂U 1 ∂p (fluide non pesant compressible) se comporte comme un gaz
U -------- + --- ------- Ð g s = 0 (6) parfait à capacités thermiques massiques constantes, ce qui consti-
∂s ρ ∂s
tue une excellente approximation pour les gaz usuels au voisinage
On voit ainsi apparaître une relation entre le module de la vitesse, de l’ambiante.
la masse volumique, la pression et l’accélération de la pesanteur, Le fluide étant compressible, l’équation de Bernoulli (8) n’est plus
qui est à la base des méthodes de mesure de vitesse à partir de applicable. On peut cependant montrer aisément que, l’écoulement
mesures de pression. étant supposé adiabatique et continu, l’évolution du gaz est isentro-
Un paramètre qui joue un rôle important en mécanique des flui- pique. La pression et la masse volumique sont reliées par la relation
des est la vitesse du son, vitesse de propagation de perturbations de Laplace (7) et l’équation (6) peut encore être intégrée le long de
très petites de pression. Sans vouloir entrer dans les détails de la la trajectoire de la particule pour donner
thermodynamique, disons que la vitesse du son est liée à la dérivée
2
partielle de la pression par rapport à la masse volumique à entropie UM 2 γ pM UN γ pN
--------- + ------------ -------- = -------- + ------------ ------- (9)
constante. Pour un fluide incompressible, la masse volumique est 2 γÐ1 M ρ 2 γ Ð 1 ρN
constante et cette dérivée et la vitesse du son sont infinies. Pour un
gaz parfait à capacités thermiques massiques constantes, l’isentro- Le fluide étant compressible, la vitesse du son va jouer un rôle
pique s’exprime par la loi de Laplace important et on montre qu’elle intervient par son rapport M au
module de la vitesse de l’écoulement, rapport appelé nombre de
p Mach
----γ- = Cste (7)
ρ
U
et la vitesse du son devient M = ----
a
p En faisant intervenir ce nombre de Mach, et en remarquant que
a 2 = γ --- = γrT
ρ pour un gaz parfait à capacités thermiques massiques constantes, la
vitesse du son « a » est égale à γrT , l’équation (9) devient
avec γ rapport des capacités thermiques massiques à
pression et à température constantes, γÐ1 2 γ Ð 1 2
T M  1 + ------------ M M 
= T N  1 + ------------ M N
 
(10)
r constante dimensionnelle du gaz considéré 2 2
(rapport de la constante universelle des gaz
parfaits à la masse molaire du gaz), soit encore, compte tenu de la relation de Laplace
T température absolue locale de l’écoulement. γ γ
γÐ1 γÐ1
p M  1 + ------------ M M
2  γ Ð 1 = p  1 + ------------ M 2  γ Ð 1
------------ ------------
(11)
On peut considérer, en général, que les liquides sont des fluides 2  N 
2 N
incompressibles : leur masse volumique varie peu en fonction de la
pression et la vitesse du son y est grande (≈ 1 500 m/s dans l’eau). Les relations (10) et (11) restent valables si le point N est un point
Les gaz sont, au contraire, en général considérés comme des fluides d’arrêt de l’écoulement, à la simple condition que l’arrêt se fasse de
compressibles (sauf dans les conditions explicitées à la fin du façon isentropique. En ce point d’arrêt, les température et pression
paragraphe 4.1.2). prennent respectivement les valeurs Ti et pi (température et pres-

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sion d’arrêt isentropique) et les équations (10) et (11) peuvent


s’écrire :
γ Ligne de courant Ligne de courant
γÐ1 γÐ1 M>1
T i = T  1 + ------------ M 2 et p i = p  1 + ------------ M 2 γ Ð 1
------------ U, p, pi constants U, p, pi et M constants
(12)
2 2 M<1

où M, p, T sont les valeurs au point courant de la ligne de courant et


I J J'
pi et Ti les conditions d’arrêt isentropique sur cette même ligne de I
courant.
Cette dernière équation peut être développée en série de M pour En I , U = 0 et p = pi M>1
donner

γ 1 2Ðγ
p i = p + --- pM 2  1 + --- M 2 + ------------ M 4 + ... ∆
2 4 24
∆ Onde de choc détachée en amont
soit encore de l'objet

1 1 2Ðγ En J', la pression d'arrêt est pi',


p i = p + --- ρU 2  1 + --- M 2 + ------------ M 4 + ...
a fluide incompressible
(13) ou écoulement subsonique la pression statique p' et le nombre
2 4 24 de Mach M '. p'i est constant entre
J ' et I, mais p ' et M ' varient
Si l’écoulement est tel que partout le nombre de Mach est petit
devant 1, les termes d’ordre supérieur ou égal à 2 du développe- b écoulement supersonique
ment sont négligeable et l’équation (13) se réduit à l’équation de
Bernoulli : le fluide peut être considéré comme incompressible. Le Figure 19 – Contournement d’un obstacle émoussé
nombre de Mach est, ainsi, une certaine mesure de la compressibi- par un écoulement
lité du fluide. D’après sa définition, on peut constater que la vitesse
du son est infinie dans un fluide incompressible et que, donc, le
nombre de Mach y est toujours nul, quelle que soit la vitesse ! sondes spécifiques, les clinomètres, utilisent cette sensibilité à la
direction et l’amplifient pour donner un instrument de mesure
adapté à la déter-mination de la direction du vecteur vitesse. Les
autres sondes, au contraire, ont un domaine de mesure dans lequel
4.2 Principe de la mesure la valeur de la pression mesurée est indépendante (erreur inférieure
à 1 %) de la direction de la vitesse.
Lorsque l’on place un objet dans un écoulement permanent, une
ligne de courant particulière sépare le fluide qui passe « d’un coté » 4.2.2 Cas du fluide compressible non visqueux
de celui qui passe « de l’autre coté » de l’obstacle. Cette ligne de
courant intercepte la paroi de l’obstacle au point I (figure 19 a). En
ce point, le vecteur vitesse devrait avoir plusieurs directions simul- L’expérience montre que le ralentissement le long de la ligne de
tanées, ce qui n’est possible que dans la mesure où son module est courant depuis la vitesse U jusqu’à la vitesse nulle se fait de façon
nul : le point I est un point d’arrêt de l’écoulement. En ce point, la différente suivant que le nombre de Mach (U/a) est inférieur à 1
pression prend une valeur particulière qui est la pression d’arrêt pi. (écoulement subsonique) ou supérieur à 1 (écoulement supersoni-
Au loin, la pression est p et la vitesse est U. Les équations obtenues que). Cependant, quel que soit le régime de l’écoulement, au point
au paragraphe précédent peuvent être utilisées pour obtenir une I, la vitesse est nulle mais la vitesse du son est finie. On en déduit
valeur de la vitesse, à partir de mesures de pression. que le nombre de Mach y est nul.

4.2.2.1 Écoulement subsonique


4.2.1 Fluide incompressible L’arrêt se fait, comme en écoulement de fluide incompressible, de
façon continue et la relation (11) est applicable entre le point d’arrêt,
Si le fluide est incompressible, l’équation de Bernoulli (8) est où la pression est pi et un point situé en amont où la vitesse est U,
applicable entre le point I (où la pression est pi) et un point situé sur le nombre de Mach M et la pression p
la ligne de courant du point d’arrêt, placé suffisamment loin en
γ
amont de l’obstacle pour que la pression et la vitesse y prennent les γÐ1
p i = p  1 + ------------ M 2 γ Ð 1
------------
valeurs de l’écoulement non perturbé par l’obstacle (p et U ), mais (15)
suffisamment près pour être à la même altitude que I. 2
On a alors La connaissance de pi et p permet de déterminer sans ambiguïté
le nombre de Mach M de l’écoulement, γ ne dépendant que de la
1 nature du gaz : pour un gaz monoatomique (hélium par exemple) on
p + --- ρU 2 = p i prendra γ = 1,66, tandis que pour un gaz biatomique (azote, oxy-
2
gène,... air) on prendra la valeur 1,4.
On en déduit que si on connaît p et pi on détermine U par Le nombre de Mach local étant déterminé, le module de la vitesse
sera donné par
2 ( pi Ð p )
U = ------------------------- (14)
ρ U = Ma = M γrT
De par son principe, cette méthode ne permet pas de déterminer La mesure de la température locale est délicate et il est préférable
la direction du vecteur vitesse mais seulement son module. Cepen- de passer par la détermination de la température d’arrêt Ti, soit à
dant, les mesures des différentes pressions s’effectuent avec des l’aide d’un thermocouple ou d’une thermistance intégrés dans une
sondes dont la réponse est fonction, dans un certain domaine angu- sonde d’arrêt, soit si cela est possible à l’aide d’un thermomètre
laire, de l’angle d’inclinaison entre sonde et vecteur vitesse. Des situé dans une zone à faible vitesse de l’écoulement, pourvu qu’il n’y

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ait pas d’échangeur de chaleur entre cette zone et la section de 4.3 Détermination du retard
mesure. La température d’arrêt est liée à la température locale par la
relation manométrique dans une ligne
de mesure
(γ Ð 1)
Ti pi -----------------
γ
γÐ1
----- = ----- = 1 + ------------ M 2 (16)
T p 2
L’utilisation de prises de pression s’accompagne, dans la quasi-
4.2.2.2 Cas supersonique totalité des cas, de longues tuyauteries reliant les prises aux mano-
mètres correspondants ; l’un des points importants est la détermi-
Pour la démonstration des formules de ce paragraphe, le lecteur nation, si l’on s’intéresse aux valeurs instantanées, de la bande
se reportera à la référence [25]. passante de l’ensemble ou du retard manométrique. Inversement, si
Dans le cas d’un écoulement supersonique, la situation se compli- seule la valeur moyenne est utile, on place dans le circuit une ou
que dans la mesure où l’arrêt ne se fait plus de façon isentropique : plusieurs résistances fluides constituées de tubes capillaires (norme
il y a en effet en amont de la sonde (ou en l’espèce de n’importe quel AFNOR NF X 10-112) dont on règle les caractéristiques dimension-
obstacle) une discontinuité qui fait brutalement passer l’écoulement nelles en fonction de l’intégration souhaitée.
d’un régime supersonique à un régime subsonique (figure 19 b). Ce
ralentissement brutal à travers ce que l’on appelle une onde de choc Pour la détermination théorique de la fonction de transfert entre
n’est pas isentropique et les relations du paragraphe précédent ne l’entrée du circuit et un point quelconque à une abscisse x, on fait
s’appliquent plus. les hypothèses suivantes :
Soient p, ρ, T, M les caractéristiques de l’écoulement en amont de — l’écoulement se produit par tranches et les forces de viscosité
l’onde de choc, qui localement, au voisinage de la sonde est assimi- sont proportionnelles à la vitesse U de la tranche considérée ;
lable à un plan normal au vecteur vitesse. On peut définir une pres-
sion d’arrêt isentropique de l’écoulement en amont du choc pi par — les variations de pression δp et de masse volumique δρ dues à
la perturbation à l’entrée de la canalisation restent faibles devant
γ leurs valeurs moyennes ;
γÐ1 ------------
p i = p 1 + ------------ M 2 γÐ1 (17)
2 — les relations isentropiques peuvent s’appliquer dans le fluide ;

Immédiatement en aval de l’onde, les pressions, masse volumi- — la conduite est indéformable.
que, température et nombre de Mach deviennent p’, ρ’, T ’ et M ’.
Soient donc les perturbations p + δp et ρ + δρ à une distance x
L’écoulement y étant subsonique, on est ramené au cas du paragra-
dans une tuyauterie indéformable et U la vitesse du fluide à cette
phe précédent, l’écoulement s’arrête sur la sonde de façon isentro-
même abscisse. Au bout d’une distance x + dx, les perturbations et
pique et l’on mesure une pression d’arrêt p i′
la vitesse sont données par les expressions différentielles
γ suivantes :
γÐ1 ------------
p i′ = p ′ 1 + ------------ M ′2 γÐ1
2 x → x +dx
À partir de l’application des différentes équations de conservation
à l’écoulement au voisinage du choc normal, on peut établir les dif- ∂δ p
p + δ p → p + δ p + ---------- dx
férentes relations qui existent entre les différents paramètres de part ∂x
et d’autre de l’onde de choc. Nous n’en retiendrons que celles qui
peuvent servir notre but de mesurer la vitesse de l’écoulement.
∂δ ρ
Ainsi, entre les pressions p et p’, on obtient ρ + δ ρ → ρ + δ ρ + ---------- dx
∂x
p′ Ð p 2γ
--------------- = ------------ [ M 2 Ð 1 ] (18)
p γ+1 ∂U
U → U + -------- dx
tandis qu’entre les pressions d’arrêt pi et p i′ on a ∂x

γ
1
γÐ1 ------------ Les équations de l’impulsion, de continuité et la relation de
pi 2γ γÐ1 ------------ 1 + ------------ M 2
2
γÐ1 Laplace (7) s’écrivent sous les formes suivantes en négligeant les
------- = ------------ M 2 Ð ------------ γÐ1 (19)
--------------------------------- infiniment petits du deuxième ordre :
p i′ γ+1 γ+1 γ+1
------------ M 2
2
∂U 4f ∂δ p
Enfin, on peut combiner (17), (18) et (19) pour obtenir une relation ρ -------- + ----- U + ---------- = 0
∂t D ∂x
entre p i′ et p

p 2γ γÐ1
1
γ+1
γ ∂δ ρ ∂U
------- = ------------ M 2 Ð ------------
------------
γÐ1 ------------ M 2
------------
γÐ1 (20) ---------- + ρ -------- = 0
p i′ γ+1 γ+1 2 ∂t ∂x

Les relations (19) et (20) sont commodes pour la détermination δp δρ


expérimentale du nombre de Mach de l’écoulement. Il suffit de ------- = γ -----
ρ-
p
mesurer pi et p i′ ou p et p i′ .
Comme au paragraphe précédent, on déterminera la vitesse U à avec D diamètre de la conduite de la ligne de mesure,
partir des valeurs du nombre de Mach et de la température d’arrêt
Ti. Il faut remarquer que l’évolution du fluide à travers l’onde de f coefficient de frottement par unité de surface et
choc située en amont de n’importe quelle sonde est adiabatique et par unité de vitesse,
qu’ainsi la température d’arrêt est conservée à la traversée du choc ;
la mesure effectuée avec une sonde de température d’arrêt fournit la γ rapport des capacités thermiques massiques à
valeur nécessaire, même en régime supersonique. pression et volume constants.

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Combinant ces trois équations, on obtient, après élimination de Le retard manométrique est donné par l’expression :
∂U ∂ρ
-------- et ------ : 1
∂t ∂t ε ( t ) = lim --- [ 1 Ð F ( ξ ) ]
ξ→0 ξ

∂2 δ p ρ ∂2 δ p 4 f ∂δ p soit
------------- = ------ ------------- + ----------- ---------- (21)
∂ x2 γp ∂ t 2 Dγp ∂ t 2 l2 f
ε ( t ) = -----------
Dγp
On reconnaît l’équation des télégraphistes, qui régit la propa- En appliquant la loi de Poiseuille [35] pour le calcul du terme de
gation des courants dans les lignes et dans laquelle on aurait frottement :
fait :
— perditance G = 0, 8µ
— tension V = ∂p, f = -------
D
π D2
— courant I = ---------- U = SU avec S section de la conduite, avec µ viscosité dynamique du fluide, le retard manométrique est
4 donné par l’expression :
4f
— résistance par unité de longueur r * = -------- , 16 µ l 2
DS ε ( t ) = ---------- ------2- (22)
γp D
S
— capacité par unité de longueur C * = ------ ,
γp L’expérience montre que, pour des perturbations lentes, de fré-
ρ quence inférieure à 10 Hz, l’hypothèse de compressibilité est trop
— inductance par unité de longueur L * = ---- , favorable et qu’il vaut mieux considérer le fluide comme
S isotherme (γ = 1). Dans ces conditions :
V δp
— impédance Z = ---- = --------- . 16 µ l 2
I SU ε ( t ) = ---------- ------2-
Cette analogie électrique permet, dans les cas difficiles, p D
l’étude sur simulateur du circuit fluide.
Exemple : soit une canalisation métallique de 10 m de longueur et
de diamètre 2 mm reliant la prise de pression de même diamètre à la
Le traitement mathématique de l’équation (21) s’effectue après capsule manométrique, le fluide considéré est de l’air à la température
transformation de Laplace. Soit ∆p (ξ, x) et U (ξ, x) les transformées ambiante ; La pression statique moyenne est la pression atmosphé-
de Laplace de δp (t, x) et U (t, x), l’équation (21) devient : rique. On a p = 1,013 x 105 Pa et µ = 17,9 x 10−6 Pa.s.
La relation (22) donne :
d2 ∆ p ρ 4f
-------------- = ------ ξ 2 + ----------- ξ ∆ p = K 2 ∆ p 16 × 17 ,9 × 10 Ð6 100
d x2 γp Dγp ε ( t ) = --------------------------------------------------- × -------------------------
γ × 1 ,013 × 10 5 4 × 10 Ð6
ρ 4f Pour un écoulement adiabatique (γ = 1,4), le retard manométrique
avec K 2 = ------ ξ 2 + ----------- ξ ,
γp Dγp vaut :

dont la solution est de la forme : ε (t) = 0,05s


tandis qu’en écoulement isotherme, (γ = 1) il est de :
∆p = αeKx + βe−Kx
ε (t) = 0,07s
où α et β sont déterminés par les conditions aux extrémités de ligne
(impédances fluides Ze et Zs à l’entrée et à la sortie), Dans le cas d’une canalisation non homogène, pour autant qu’il
n’existe pas de rétrécissement ou d’élargissement brusques, on
∆ p ( ξ, x ) peut considérer que les retards manométriques calculés, partie par
Z = -------------------------- partie, s’ajoutent. Les retards obtenus par cette formulation sont
SU ( ξ, x ) très inférieurs aux retards réels dans le cas de canalisations consti-
tuées en matériaux élastiques, comme le caoutchouc. Autant que
Le cas le plus couramment rencontré est celui d’une prise de pres- possible, on aura intérêt à tuyauter avec du tube métallique.
sion d’un assez grand diamètre (quelques millimètres) reliée à une
capsule manométrique de faible volume mort et de grande rigidité
par une canalisation de diamètre constant et de même valeur que
celui de la prise, d’une longueur l. 4.4 Mesures du module de la vitesse
Dans ces conditions, l’impédance d’entrée Ze est nulle et l’impé- en écoulement de fluide
dance de sortie Zs est infinie. La transformée de Laplace de la fonc- incompressible
tion de transfert prend une expression très simple :

∆ ps 1
4.4.1 Mesure de la pression d’arrêt
---------- = ------------- = F ( ξ )
∆ pe ch Kl La sonde de pression d’arrêt la plus simple a été découverte en
1732 par Pitot, qui a donné son nom à ce genre de sonde (figure 20).
Développée en série des puissances croissantes de ξ, elle donne : Elle est formée par un tube ABCD coudé en C, avec la portion rectili-
gne ABC parallèle au courant, et l’extrémité A (ou nez) ouverte face
1 au courant ; la portion CD sert de hampe et de canalisation vers le
F ( ξ ) = -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- manomètre. L’expérience vérifie, pour un fluide visqueux, ce que
l2 4 f l2 ρ l4  4 f  2
1 + ξ ----- ----------- + ξ 2 ----- ------ + -----  ----------- + ... suggère l’équation de Bernoulli, à savoir que la pression dans le gaz
2! Dγp 2! γp 4! Dγp immobilisé est égale à la pression d’arrêt.

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0,3 à 0,5d
U
d
α
U A B C
L > 10d C M

D C col du manchon
I Point d'arrêt U vitesse du fluide M manchon convergent-divergent
L longueur de la partie rectiligne
α angle de la vitesse U avec ABC Figure 22 – Sonde de pression d’arrêt avec manchon

Figure 20 – Sonde de pression d’arrêt

pm Ð p
----------------- = C p  Re, Sh, ---
d
1  -
--- ρU 2 D
2
U avec Cp coefficient de pression,
Sh paramètre décrivant la forme du nez de la sonde,
d diamètre intérieur de la sonde,
D diamètre extérieur de la sonde,
Re nombre de Reynolds.
U vitesse du fluide on a dessiné, à gauche de la sonde,
la section rabattue. Ce coefficient de pression tend vers 1 quand le nombre de Rey-
nolds est suffisamment grand. Chue [27] a montré que, si on calcule
Figure 21 – Sonde de pression d’arrêt à nez rectangulaire effilé le nombre de Reynolds avec le rayon interne de la sonde, les résul-
tats pour différents rapports de diamètres et formes de nez peuvent
être représentés par une courbe universelle. Partant de ces résul-
Pour des explorations très fines, on utilise des sondes en verre tats, Emrich [28] propose les corrélations suivantes :
effilé, ou en tube de nickel (tube pour injections hypodermiques), de
4 ,1 ρUd
C p = ---------------- pour Re d ⁄ 2 =  ------------ < 0 ,7
0,5 à 2 mm de diamètre. Le diamètre intérieur doit être assez grand
pour que l’équilibre de pression s’établisse rapidement entre l’ori- Re d ⁄ 2 2µ
fice et le manomètre (§ 4.3).
2 ,8
Le diamètre extérieur d doit être assez petit pour que la sonde C p = 1 + ---------------- pour 0,7<Red/2 < 30
modifie le moins possible l’écoulement ; d’où pratiquement, en ven- Re d1 ,⁄62
tilation, des tubes de Pitot de diamètre extérieur de l’ordre de 6 à
20 mm. En laboratoire, d peut diminuer jusqu’à 1 mm environ. Cp = 1 à 2 % près pour Red/2 > 30
Outre que la sonde modifie l’écoulement à son voisinage, la hampe
Exemple : pour fixer les idées, dans un écoulement d’air à 10 m/s
peut diminuer le débit d’ensemble de la conduite (effet
dans les conditions ambiantes, le nombre de Reynolds Red/2 de 30 cor-
d’obstruction) ; il est avantageux d’habiller la hampe d’un profil, ce
respond à un diamètre intérieur du tube de Pitot d’environ 0,1 mm.
qui contribue en même temps à sa robustesse.

Pour explorer un courant très près de la paroi d’un solide (étude


de la couche limite), on écrase le nez de la sonde en forme de 4.4.2 Mesure de la pression statique
rectangle : par exemple, d’un tube de 1 mm de diamètre, on passe à
un rectangle d’environ 2 mm sur 0,2 mm (figure 21). Une sonde, qui serait un corps de petites dimensions entraîné
avec la même vitesse que le fluide qui l’entoure, serait soumise à la
Influence de l’orientation : la sonde ABCD avec nez en cylindre cir- pression statique. Sur une sonde fixe, on aura la pression statique à
culaire coupé franc ou avec nez arrondi (figure 20) est peu influen- un orifice percé dans une paroi telle que les lignes de courant à son
cée par un écart d’orientation. L’erreur est par défaut, de sorte que voisinage et jusqu’en amont soient parallèles à la vitesse en amont ;
l’on aura l’orientation correcte en cherchant le maximum de la gran- c’est une conséquence de l’équation fondamentale de la dynamique
deur lue. L’erreur est inférieure à 1 % de la pression cinétique pour qui, en projection cette fois sur la normale à la ligne de courant
un écart de 10°. s’écrit, pour un fluide incompressible :
Si l’on place la sonde dans un manchon (lui-même petit par rap-
U2 ∂ pö
port au domaine fluide étudié), ce manchon étant formé par un ρ ------- = Ð -------
tuyau convergent-divergent et la sonde étant au col (figure 22), la R ∂n
pression lue est indépendante de l’orientation jusqu’à un écart
d’environ 45° [26].
avec R rayon de courbure de la trajectoire,
∂ pö ⁄ ∂ n composante sur la normale principale à la ligne
Influence de la viscosité : l’équation de Bernoulli (4) est établie de courant du gradient de pression motrice.
pour un fluide non visqueux. En réalité, tous les fluides réels sont
visqueux et en toute rigueur, le terme fs de l’équation générale de la 4.4.2.1 Sonde de pression statique
dynamique (5) ne devrait pas être négligé. La pression d’arrêt
mesurée par un tube de Pitot, pm, diffère de la valeur théorique Soit un tube cylindrique circulaire ABCD (figure 23 a) fermé en A
p + (1/2)ρU2. Par analyse dimensionnelle, on déduit que, en par un embout hémisphérique et portant des orifices latéraux en B.
l’absence d’incidence et en écoulement uniforme, on peut écrire : Ces orifices donnent la pression statique s’ils sont au moins à 3d en

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A B U δ δ δ
d C
α
0,1d d'
U
x > 3d L > 8d' a b c
K D
1,0
a schéma d'une sonde U vitesse du fluide δ diamètre de l'orifice

0,5 B' B" a orifice correct b et c orifices défectueux


0
1 2 3 4 5 6 7 8 x /d Figure 24 – Prise de pression à la paroi
– 0,5

– 1,0

b diagramme donnant la pression sur la sonde


12°
2
ABCD tube cylindrique circulaire d' diamètre de la hampe
2
A nez L distance de B à la hampe d = 0,5
B orifices latéraux U vitesse du fluide
3
C partie coudée x distance de B au nez A
CD hampe α angle que fait U avec ABC
9,5
d diamètre de la sonde
Les cotes sont en millimètres
Figure 23 – Sonde de pression statique

Figure 25 – Sonde lécheuse de Girerd-Guienne

aval de l’hémisphère A et à 8d ’en amont de la hampe CD. La pres-


sion ps sur la sonde à partir du nez A, pris comme origine, est don-
née par la figure 23 b où le coefficient porté en ordonnée est : 4.4.2.4 Sonde de Dines (gaz)
Le but de cette sonde est de fournir une pression repère pr indé-
ps Ð p
K = ----------------- pendante de l’azimut du vent dans un plan donné P ; cette pression
1 peut être différente de la pression statique cherchée p mais permet
--- ρU 2 de calculer p quand on mesure par ailleurs la pression d’arrêt pi.
2
Soit un cylindre circulaire creux d’axe perpendiculaire à P et percé
avec p pression en amont cherchée, d’une couronne d’orifices. La pression pr qui s’établit dans la cavité
U vitesse en amont. est :
L’orifice doit être dans le domaine désigné par B’B’’ sur la
1
figure 23 b. p r = p Ð K  --- ρU 2
L’influence de l’inclinaison est plus grande que pour la sonde 2
d’arrêt ; l’erreur est également par défaut et atteint 1 % de (1/2)ρU2
Le coefficient K est de l’ordre de 0,46, mais il dépend du nombre
pour un écart de 5°.
de Reynolds Re = Ud/ν (où d est le diamètre du cylindre et ν la visco-
En fait, on utilise comme orifice soit deux fentes, soit quatre à huit sité cinématique du fluide). Un étalonnage dans les conditions
trous de diamètre environ 0,1d. d’essais est donc nécessaire [29].
On peut également obtenir une pression repère à l’intérieur d’une
4.4.2.2 Prise de pression à la paroi sphère creuse percée uniformément d’un grand nombre de trous.
La paroi même d’un tuyau est le solide qui remplit le mieux les
conditions pour obtenir la pression statique. Le diamètre δ des ori-
fices est usuellement de l’ordre de 1 à 2 mm. La précaution essen- 4.4.3 Mesure de la pression cinétique
tielle à prendre est que le bord intérieur de l’orifice soit sans bavure ;
l’orifice (figure 24 a) est correct, les deux autres sont défectueux. 4.4.3.1 Pitot double classique
La sonde la plus usuelle pour mesurer la pression cinétique
4.4.2.3 Sonde lécheuse Girerd-Guienne (GG) (gaz)
1
Ce type de sonde est destiné à mesurer la pression statique à la --- ρ U 2 est une combinaison de la sonde de pression d’arrêt et de la
paroi d’un solide immergé dans un gaz sans que l’on ait à percer des 2
orifices dans le solide. Elle est construite de façon que son interac- sonde de pression statique. Elle est constituée par deux tubes
tion avec le corps soit négligeable. coaxiaux. Le tube intérieur, ouvert à l’avant, transmet la pression
d’arrêt et le tube extérieur, qui porte des orifices latéraux, donne la
La sonde lécheuse GG [25] a la forme d’un dièdre dont l’arête est pression statique. En reliant les deux prises à chacune des branches
perpendiculaire à la paroi du solide et les deux faces percées d’un d’un manomètre, on obtient une différence de pression proportion-
trou très petit. Les cotes sont données sur la figure 25. Elle donne
nelle à (1/2)ρU2. Dans les sondes courantes, ce facteur de propor-
des indications exactes, à 1 % près, de la pression statique quand la
tionnalité est très voisin de 1. Il est déterminé par étalonnage.
vitesse fait avec le plan bissecteur du dièdre un angle inférieur à
10° ; cela résulte d’une compensation qui s’établit entre les deux Il existe de nombreux modèles de sondes de Pitot doubles, dont
trous. Étant donné la difficulté de réalisation fidèle, on devra préala- trois sont donnés dans les normes françaises (NF X 10-112) : les son-
blement vérifier chaque sonde. des AMCA, NPL et CETIAT (figure 26). L’erreur sur la pression cinéti-

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∅ = 0,4d
0,2d
8d 16d

∅=d
U U d

A 3d

A huit prises de pression statique, diamètre 0,13 d (1 mm au maximum)


a type AMCA

∅ = df
8d 16d

∅=d
a sonde tubulaire b sonde à disque
B 3d
d diamètre du disque U vitesse du fluide

Figure 27 – Sondes de Recknagel


B au moins 6 prises de pression statique, diamètre 1 mm
0,1 d < d1 < 0,35 d

b type NPL — air : U < 10 m/s ;


— eau : U < 0,3 m/s.

∅ = 0,429d

∅ = 0,125d
L’étalonnage d’un tube de Pitot se fait généralement en soufflerie
6d 14d à air. Si la sonde doit être utilisée dans un liquide, la transposition de
l’air au liquide n’introduit pas de modification du coefficient d’éta-
30° lonnage, pourvu que le nombre de Reynolds soit du même ordre de
∅=d

grandeur. Si ce nombre, rapporté au diamètre du tube, est supérieur


à 500, le coefficient d’étalonnage est indépendant du nombre de
0,25d 0,25d Reynolds.
3d
C 4.4.3.2 Sondes de Recknagel
On appelle ainsi des sondes doubles ayant un plan de symétrie
C seize prises de pression statique en deux rangées de huit, décalées
l'une part rapport à l'autre d'un angle de 22° 30' entre l’amont et l’aval. Leur facteur de proportionnalité est différent
de 1, mais elles ont l’avantage de pouvoir fonctionner pour les deux
c type CETIAT sens opposés du courant (elles servent à déceler les courants de
retour) et d’avoir des orifices plus grands que ceux rencontrés sur
Figure 26 – Pitots doubles usuels
des sondes de Pitot de même dimension donc moins de risques
de se boucher).
On utilise en particulier la sonde tubulaire, formée de deux son-
que est intérieure à 1 % jusqu’à une inclinaison de 15° par rapport
des de pression d’arrêt accolées (figure 27 a) donnant une diffé-
au vecteur vitesse.
rence de pression :
Nota : AMCA : Air Moving and Conditioning Association.
NPL : National Physical Laboratory.
1
∆ p = 1 ,15  --- ρU 2
CETIAT : Centre technique des industries aérauliques et thermiques. 2 
L’influence de la turbulence sur la mesure de la pression cinétique
est généralement négligeable. et la sonde à disque (figure 27 b) donnant une différence de
pression :
En effet, l’erreur de lecture est, en première approximation, égale
à ( 1 ⁄ 2 ) ρU ′ 2 où U ’ est la composante d’agitation longitudinale ins-
1
tantanée et U ′ la valeur moyenne de U ’). ∆ p = 1 ,40  --- ρU 2
2 
Pour un écoulement très turbulent, l’écart type U ′ 2 (racine car-
rée du carré moyen de la vitesse d’agitation) est d’environ 10 % de 4.4.3.3 Sondes de Venturi
la vitesse moyenne. L’erreur ( 1 ⁄ 2 ) ρU ′ 2 est donc au plus de 1 % de
Ce sont des sondes amplificatrices. Elles fournissent, comme les
la pression cinétique. autres sondes, une différence de pression proportionnelle à (1/2)ρU2
L’influence de l’obstruction peut être négligée dans le cas d’une mais nettement plus grande. On les utilise pour la mesure de vites-
conduite si le rapport entre la surface frontale du tube de Pitot et la ses faibles (inférieures à 1 m/s pour les liquides, inférieures à 10 m/
surface de la conduite est inférieur ou égal à 4 x 10−4. Dans le cas s pour les gaz).
contraire, la correction à apporter dépend de ce rapport et de la posi- On appelle Venturi l’ensemble d’un convergent suivi d’un diver-
tion des prises de pression statique (NF X 10-112). gent (figure 28). Selon le théorème de Bernoulli, la vitesse étant
Il est recommandé de ne pas utiliser industriellement le tube de plus grande dans la section la plus étroite Sc, la pression y prend
Pitot pour les vitesses inférieures aux valeurs suivantes : une valeur pc inférieure à la pression statique en amont p. On peut

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S S 60° B
U A
U α1 Sc α2

60° B'

pc < p

Figure 28 – Venturi

6
K
5 pB pB'
pA
B
4 A, B, B' trous percés à 60° l'un de l'autre
3 U U vitesse du fluide

2 Figure 30 – Sonde cylindrique à trois trous Neyrpic


1

0
0 1 3 4 5 4.4.3.4 Autres sondes
ρU 2
(en 103 Pa) Il existe de nombreuses sondes plus ou moins dérivées des pré-
2
cédentes, et adaptées à des conditions particulières : proximité
d’une paroi, existence de forts remous, difficultés d’accès du point
pc pr de mesure, vitesse d’écoulement faible. Nous en décrivons deux
types ci-après.

K coefficient sans dimension


4.4.3.4.1 Sonde Neyrpic à trois trous
pr – pc
K = Si, pour une exploration dans une conduite, on ne dispose que
ρU 2 / 2
d’un accès constitué par un orifice circulaire obtenu par perçage, de
Figure 29 – Venturi à fente annulaire faible dimension (6 à 20 mm), on peut utiliser la sonde cylindrique à
trois trous Neyrpic [30] ayant sensiblement le diamètre de l’orifice
précédent ; trois trous, B, A, B’, sont percés à 60° l’un de l’autre
calculer pc connaissant le coefficient de perte de charge du diver- (figure 30). Les trous B et B’ sont reliés à un manomètre différentiel.
gent précédé d’un convergent. On fait tourner le tube autour de son axe jusqu’à ce que les pres-
sions en B et B’ soient égales ; le trou central A donne alors la pres-
On a : sion d’arrêt. On a :
p Ð pc 1
K = ----------------- =  ----------------- Ð 1 1
1 ζ + m2 p A Ð p B = K  --- ρU 2
--- ρU 2 2
2
avec S section d’entrée, égale à la section de sortie, avec K voisin de 0,4.
Sc = mS section du col, Un étalonnage est nécessaire, car K est fonction du nombre de
ζ rapport de la perte de charge du divergent à la Reynolds.
pression cinétique au col.
Pour les modèles courants, m = 0,25 ; l’angle d’ouverture α2 du 4.4.3.4.2 Tube statique de Nipher
divergent doit être de l’ordre de 8° pour que ζ soit petit, de l’ordre de
0,1 [36]. L’angle α1 du convergent a moins d’importance (ordre de Dans un gaz animé de remous de direction inconnue, on peut uti-
grandeur 20°). L’expérience donne pour K des valeurs de l’ordre de liser le tube statique de Nipher, dans lequel des toiles métalliques A
3 à 5 ; K dépend du nombre de Reynolds, de la rugosité et de la très fines sont serrées entre deux disques B et B’ (figure 31). Mais
forme du divergent. c’est un appareil peu précis : l’écart avec la pression statique peut
atteindre 5 à 10 % de la pression cinétique.
Les venturis courants possèdent vers l’arrière une chambre ali-
mentée par une fente annulaire extérieure B (figure 29) ; celle-ci
prend une pression repère pr voisine de la pression statique p. Le col
n’est pas anguleux mais présente une petite partie cylindrique per- 4.4.4 Précautions de réalisation et d’emploi
cée de trous ou munie de fentes qui débouchent dans une seconde
chambre annulaire. On peut augmenter l’amplification en rempla- Pour réaliser une prise de pression statique correcte, il faut percer
çant la prise B par une prise de pression d’arrêt placée soit au col du un trou de petit diamètre, bien normal à la paroi et sans bavure exté-
venturi, soit directement sur la hampe. Le coefficient passe, à peu rieure. Une bavure peut provoquer le décollement de la couche
près, de K à K + 1 . En disposant le venturi à l’intérieur d’un second limite à travers laquelle se transmet la pression statique. Le gradient
venturi, tel que le divergent du premier se termine sensiblement au de pression normal n’est alors plus nul et la mesure est faussée.
col du second, on obtient K voisin de 10. Les venturis sont relative-
ment sensibles à l’orientation. Il ne faut pas dépasser des inclinai- Le corps de la sonde doit être tenu en partait état de propreté. La
sons d’environ 5 à 6°. L’erreur relative sur K atteint 3 % pour 10° moindre modification de l’état de surface, surtout au voisinage du
environ . nez peut modifier le coefficient de tarage (facteur K).

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A B
x
U
2

B' O v
u y

α
75
U
100 w U' β
z
A ensemble de toiles métalliques très fines
B, B' disques de serrage
Figure 32 – Représentation du vecteur vitesse U dans le repère
U vitesse du gaz Oxyz lié à la sonde
Les cotes sont en millimètres

Figure 31 – Tube statique de Nipher Pour les surfaces sphériques et cylindriques, en fluide non vis-
queux et sans décollement [25], le coefficient de pression Kp serait :

Le diamètre d, d’une sonde est choisi d’autant plus petit que le pm Ð p


diamètre D de la conduite à explorer est petit. On peut admettre un K p = ----------------- = 1 Ð A sin 2 α
1
rapport d/D inférieur à 1 %. --- ρU 2
2
Le voisinage d’une paroi peut fausser les indications de l’appareil
de mesure. En pratique, cette interaction est négligeable si la sonde avec pm pression mesurée,
est à plus de 6d de la paroi pour un gaz et à plus de 2d pour un p pression statique du fluide en amont,
liquide.
U vitesse du fluide en amont,
Il est recommandé de vérifier l’étanchéité des canalisations qui A=4 pour le cylindre, A = 9/4 pour le sphère.
transmettent les pressions : absence de mauvaise soudure ou de fis-
sure dans le tube. Dans le cas de fluide gazeux, il faut s’assurer qu’il Dans un fluide réel, on obtient un résultat qui dépend du nombre
n’y a pas de condensation dans les tuyaux, ce qui est fréquent pour de Reynolds Re = Ud/ν, où d est le diamètre du cylindre ou de la
les sondes de petites dimensions. sphère. Les valeurs expérimentales restent cependant très voisines
des valeurs théoriques tant que l’angle α est inférieur à 80°.
Sur certaines sondes destinées à faire des mesures dans des gaz On peut en déduire qu’un clinomètre avec deux orifices, fondé
chargés d’humidité, il est quelquefois utile de prévoir des pièges à sur ce principe, donne une différence de pression ∆p fonction de
eau, qui évitent ainsi d’obturer la canalisation. On place des purges l’inclinaison du vecteur vitesse, avec une sensibilité :
aux points bas de la sonde. Dans le cas des liquides, il faut vérifier
que les canalisations sont bien remplies ; à cet effet, on place des 1 d (∆p)
purges d’air aux points hauts. En aéronautique se présente le dan- K = ----------------- ------------------
1 dα
ger du givrage. On prévoit dans ce cas un logement à l’intérieur de --- ρU 2
la sonde pour installer une résistance chauffante. 2
de l’ordre de 4 à 9 % par degré.
Pour définir la direction du vecteur vitesse dans l’espace, il faut
4.5 Détermination de la direction deux angles. Soit, pour fixer les idées, une sonde horizontale, un
trièdre Oxyz lié à la sonde, avec Ox parallèle à l’axe de la sonde de
du vecteur vitesse en écoulement l’avant vers l’arrière de la sonde et Oz vertical vers le bas. Soit u, v,
de fluide incompressible
w les projections du vecteur vitesse U (figure 32). On appelle :
— (angle d’incidence) l’angle α que fait la projection U ′ de U sur
4.5.1 Principe le plan xOz avec l’axe Ox (par convention, il est positif s’il est au-des-
sous du plan xOy ; la sonde est attaquée par le bas) ;
— (angle de dérapage) l’angle β de U avec U ′ (par convention, il
Les indicateurs de direction de la vitesse appelés clinomètres est positif si la sonde est attaquée par la gauche pour un observa-
sont fondés sur les deux résultats classiques suivants : teur face au vent) .
— une sonde de pression totale devient très sensible à l’angle Sur la figure 32, α et β sont positifs. Les clinomètres comportent
d’inclinaison quand cet angle est voisin de 45° ; en général deux prises de pression pour mesurer un angle, quatre
— le taux de variation de la pression autour d’un cylindre ou pour en mesurer deux.
d’une sphère devient important quand l’orifice de pression fait, avec
la direction de l’écoulement, un angle polaire voisin de 45°.
4.5.2 Techniques usuelles de mesure
Comme orifice de prise de pression pour déterminer la direction
de la vitesse, on prend le plus souvent l’orifice à l’extrémité d’un 4.5.2.1 Méthode de zéro
tube coupé franc, comme une prise de pression d’arrêt, ou bien un
orifice sur une surface sphérique ou sur un cylindre circulaire. On cherche à orienter la sonde dans la direction de l’écoulement.
Ce résultat est atteint quand la différence de pression relevée entre
Ces trois types d’orifice sont particulièrement sensibles à chaque paire de trous est nulle. Cette mesure est rigoureuse et indé-
l’influence de la direction lorsque l’angle α entre l’axe de l’orifice et pendante du nombre de Reynolds. Malheureusement, il est souvent
la direction de la vitesse en amont est voisin de 45°. difficile de repérer l’orientation de la sonde. Ce repérage nécessite

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en effet un mécanisme assez compliqué, surtout si l’on veut mesu-


rer à la fois l’angle α et l’angle β.
α
U
4.5.2.2 Méthode de déviation
Dans ce cas, la sonde reste fixe. Elle est orientée initialement sui-
vant une direction de référence : l’axe de la conduite par exemple.
On détermine la direction de l’écoulement à partir des différences
des pressions relevées à chaque paire de trous. C’est une méthode
U vitesse du fluide (écoulement bidimensionnel)
rapide. Mais si l’on détermine un angle, on doit se reporter à la
courbe d’étalonnage ; si l’on cherche deux angles, on se reporte à un α angle que fait l'axe du trou de la sonde avec la direction
abaque qui donne les deux angles en fonction des deux différences de l'écoulement
de pression observées ∆p1 et ∆p2 :
Figure 33 – Clinomètre cylindrique à un trou
α = F1 (∆p1, ∆p2) ; β = F2 (∆p1, ∆p2)
Ces courbes ou abaques varient avec le nombre de Reynolds et,
pour un gaz, avec le nombre de Mach. Elles sont en général fournies
z
par le constructeur.
0 x

45°
4.5.2.3 Méthode mixte H H

δ=
La méthode mixte est commode pour les écoulements à trois a D G
dimensions : on obtient l’un des angles par la méthode de zéro, on
mesure une seule différence de pression, d’où l’on déduit le second G
B B
angle à l’aide de la courbe d’étalonnage. I ou J K (degrés–1)
1,50 0,060

4.5.3 Clinomètre cylindrique 1,25 0,058


1,00 0,056
4.5.3.1 Clinomètre à un trou δ = 45°
0,75 0,054
Cet appareil est surtout utilisé pour l’étude des écoulements
plans. Dans sa forme la plus simple, il se compose d’un cylindre 0,50 0,052
δ = 30°
creux, d’axe perpendiculaire à la direction de l’écoulement 0,25 0,050
(figure 33). Il est percé d’un trou de pression relié à une branche
d’un manomètre différentiel, l’autre branche étant reliée à une prise 0 0,048
de pression statique. Pour déterminer la direction de la vitesse, on 0 5 10 15 20 25 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
fait tourner la sonde autour de son axe et l’on cherche les deux α ou β (degrés) M
orientations du trou pour lesquelles l’indication du manomètre est b c
nulle. La direction de la vitesse est donnée par la bissectrice de ces
deux positions. Cette méthode permet d’employer une sonde très a principe
fine perturbant très peu l’écoulement (cylindre de diamètre 2 mm, b courbes I (ou J ) permettant de trouver α ou β suivant δ
avec trou de 0,1 à 0,2 mm, par exemple). On peut aussi maintenir la c courbe de la sensibilité K en fonction du nombre de Mach M,
sonde fixe et relier la seconde branche du manomètre à la pression pour un clinomètre dont l'angle polaire δ des trous est 30°
d’arrêt de l’écoulement. Soit ∆p la différence de pression obtenue ;
on calcule le coefficient local de pression : Figure 34 – Clinomètre cylindrico-sphérique

∆p
C p = -----------------
1 miné par un nez hémisphérique percé de quatre trous d’angle
--- ρU 2
2 polaire δ = 45° situés par paires dans deux plans perpendiculaires
passant par l’axe du cylindre (figure 34 a). Cet axe est placé suivant
et l’on se reporte à la courbe d’étalonnage Cp = F (α) pour avoir l’inci- l’axe de référence Ox. Deux trous B et H (bas et haut) sont situés
dence α. dans le plan vertical xOz ; deux autres trous G et D (gauche et droite
La sensibilité de l’appareil est fonction de la position du trou, défi- pour un observateur face au vent) sont dans le plan xOy.
nie par son angle polaire δ avec un plan repère, et aussi, pour les On mesure les deux différences de pression :
fluides compressibles, du nombre de Mach.
∆p1 = pB - pH
4.5.3.2 Clinomètre à deux trous ∆p2 = pG - pD
On réalise, dans une section droite du cylindre, deux prises de et l’on mesure par ailleurs la pression cinétique pour calculer les
pression symétriques, orientées à 2α = 90° l’une de l’autre. En fluide deux rapports :
incompressible, cet angle α de 45° correspond à la plus grande sen-
sibilité de l’appareil. La sensibilité est double de celle du clinomètre ∆ p1
à un trou (de l’ordre de 9 % de la pression cinétique par degré). I = -----------------
1
--- ρU 2
2
4.5.4 Clinomètre cylindro-sphérique ∆ p2
J = -----------------
1
Cet appareil est généralement réalisé à quatre trous pour l’étude --- ρU 2
des écoulements tridimensionnels. Il se compose d’un cylindre ter- 2

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action d’une paire de tubes sur l’autre, la sensibilité reste du même


45° 45° ordre de grandeur.
45°
α
U 4.5.6 Anémoclinomètre
a b c
I ou J K (degrés) 4.5.6.1 Sonde cylindrique à trois trous
1,0 0,08
Au voisinage de l’extrémité d’un tube cylindrique, trois orifices
0,8 0,07 sont percés dans la paroi du tube, leurs axes faisant entre eux un
c a c
0,6 0,06 angle déterminé (30 à 60°). Chaque orifice est en liaison avec un
tube manométrique (§ 4.4.3.4.1).
0,4 0,05

0,2 0,04 4.5.6.2 Anémoclinomètre IMFL


b
0,03 L’anémoclinomètre IMFL (Institut de mécanique des fluides de
0 4 8 12 16 20 24 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 Lille) est une sonde de forme sphérique, qui permet la mesure de la
α (degrés) M vitesse locale en module et en direction. C’est donc à la fois une
d e sonde de vitesse et un clinomètre double [31] [32].
a b c trois types de clinomètre à tubes Il nécessite la mesure de trois différences de pression. Son avan-
courbes d'étalonnage des clinomètres a et c en fluide
tage essentiel est que l’une des différences de pression n’est pas
d
incompressible pour M = 0,1 influencée par les angles α et β (définis au paragraphe 4.5.1) ; elle
donne directement le module de la vitesse. Sur l’avant de la sphère
c sensibilité K des clinomètres b et c en fonction du nombre
on trouve (figure 36), sur une couronne d’angle polaire 45°, les
de Mach M
∆p deux trous B et H, pour la mesure de l’incidence et les deux trous G
I=J= et D, pour la mesure du dérapage (§ 4.5.4). La pression cinétique
1/2 ρU 2
locale est donnée par la différence de pression
∆p étant la différence de pression des deux tubes
pi − pr
Figure 35 – Clinomètres à deux tubes
avec pi pression d’arrêt prise au col A d’un venturi LM
creusé dans la sphère,
α et β étant les angles définis au paragraphe 4.5.1. pr pression repère prise dans la cavité torique T de
la sphère percée en surface d’un grand nombre
En première approximation, ∆p1 ne dépend que de α et ∆p2 ne de trous C.
dépend que de β si α et β sont assez petits (de l’ordre de 10 à 15° au
L’expérience montre que :
plus). Des courbes I = F (α) et J = F (β), on déduit les valeurs de α et
β (figure 34 b).
1
Avec δ = 45° la sensibilité p i Ð p r = 1 ,39  --- ρU 2
2
dI dJ quels que soient α et β tant que l’angle entre l’axe et la direction du
K = ------- = ------- vecteur vitesse est inférieur à 50°. La sensibilité de l’appareil dI/dα
dα dβ
ou dJ/dβ (définie comme au paragraphe 4.5.4) est de l’ordre de 5 à
de cet appareil est de 0,075 par degré ; avec δ = 30°, elle est d’envi- 7 % par degré.
ron 0,06. La sensibilité décroît avec le nombre de Mach (figure 34 c)
pour les fluides compressibles.
Si α et β sont plus grands (> 25°), on devra utiliser un abaque don-
H C
nant α = F1(I, J) et β = F2 (I, J). Cet abaque est analogue à celui qui est
décrit pour l’anémoclinomètre (§ 4.5.6). C T
45° L
D H
M
4.5.5 Clinomètre à tubes B G α
A

45° T
Le clinomètre à tubes le plus simple est constitué par deux tubes U
B
accolés, ouverts à l’avant, mais dont les sections d’entrée sont incli-
nées symétriquement de 45° sur l’axe de l’appareil. Il en existe de
nombreuses variantes (figures 35 a, b et c).
A col du venturi, où est prise la pression d'arrêt
En fluide incompressible, la sensibilité est de l’ordre de 0,04 à 0,06 C trous débouchant dans la cavité torique
par degré, suivant le type d’appareil (figure 35 d ). En fluide com-
pressible, la sensibilité décroît avec le nombre de Mach B et H trous pour la mesure de l'incidence
(figure 35 e). G et D trous pour la mesure du dérapage
Le clinomètre à deux tubes est surtout utilisé pour l’étude des LM venturi
écoulements plans. Cependant, on peut l’utiliser en écoulement tri- T cavité torique
dimensionnel si α et β sont assez petits : avec une première orienta-
tion de l’appareil, on détermine l’incidence, puis on le fait tourner de U vitesse à mesurer
90° autour de son axe, et une nouvelle mesure permet de connaître α angle d'incidence du courant par rapport à l'axe de la sonde
le dérapage. On peut éviter cette manœuvre en réalisant un clino-
mètre à quatre tubes, ou clinomètre double. Malgré la légère inter- Figure 36 – Anémoclinomètre IMFL

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4.5.8 Précautions de réalisation et d’emploi


α = 5° 10°
15°
1,2 20° Les précautions déjà indiquées au paragraphe 4.4.4 s’appliquent
25° également aux clinomètres : perçage des orifices, interaction, étan-
1,0 30° chéité, condensation, etc.

0,8 β = 30° Il est nécessaire d’avoir un niveau très précis pour effectuer
25° l’orientation initiale de la sonde. De plus, le choix du manomètre est
0,6 20° imposé par la précision de la mesure.
15° Exemple : on veut faire des mesures à 0,1° dans un courant d’air
0,4 de vitesse moyenne 40 m/s [(1/2)ρU2 =1 035 Pa dans les conditions
10° normales de pression et de température] avec un clinomètre de sensi-
0,2
bilité K = 0,06 par degré. Si l’on prend pour la mesure un manomètre

0
d’amplification 10, une variation angulaire de 0,1° correspond à une
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
1,4 variation de pression au clinomètre de 6,21 Pa :
I
α angle d'incidence β angle de dérapage 1 1
∆ ( ∆ p ) = ∆I ---- ρU 2 = K ∆ α ---- ρU 2 = 0 ,06 × 0 ,1 × 1 035 = 6 ,21 Pa
2 2
Figure 37 – Abaque d’étalonnage de l’anémoclinomètre IMFL
pour un écoulement tridimensionnel
Cela revient à apprécier une variation de lecture de l’ordre de 0,6 mm
sur le manomètre à eau (graduation en millimètres d’eau, 1 mm
H2O = 9,80 Pa). Si l’on admet une précision de lecture de l’ordre de
1/2 mm, on doit effectuer un précalage de l’appareil à 0,01 degré près.
L’anémoclinomètre normal est surtout d’un emploi commode si
l’on reste dans un domaine de nombres de Reynolds Re inférieurs à
200 000 environ (le nombre de Reynolds étant calculé avec le dia-
mètre de la sphère). Toutes les courbes d’étalonnage (module, inci- 4.6 Mesures en écoulement de fluide
dence, dérapage), varient légèrement avec Re. compressible
En écoulement plan, il suffit de connaître la courbe d’étalonnage
donnant I en fonction de α pour β = 0. 4.6.1 Sonde de pression d’arrêt
En écoulement tridimensionnel, on y adjoint une série de courbes En écoulement subsonique ( M < 0 ,95 ) , le tube de Pitot à pression
I = F (α) correspondant chacune à un dérapage β déterminé, ou bien d’arrêt avec nez hémisphérique donne une indication exacte de la
l’on trace les courbes J = F (β) pour différentes valeurs de l’inci- pression d’arrêt. Pour une inclinaison faible de l’écoulement, (infé-
dence. Pratiquement, on trace un abaque sous forme d’un réseau de rieure à 15°), l’erreur relative est inférieure à 1 %. Lorsque M varie de
courbes J = F (I) (figure 37), à α constant ou à β constant. 0,95 à 1, de petites ondes de choc locales apparaissent sur le nez de
la sonde et faussent légèrement la mesure.
En écoulement supersonique (M > 1), il se forme devant le nez du
4.5.7 Étalonnage des clinomètres tube de Pitot une onde détachée, mais le trou de pression est en
écoulement subsonique. La pression relevée au nez de la sonde est
la pression d’arrêt p i′ de l’écoulement en aval de cette onde. On
Malgré tout le soin apporté à la réalisation des différents types de revient au cas précédent de fonctionnement d’une sonde de Pitot en
clinomètre, il subsiste quelque imprécision sur leur forme ou sur la écoulement subsonique.
position des trous. Par ailleurs, il existe une certaine influence du
nombre de Reynolds sur les caractéristiques de l’écoulement autour Une sonde avec un nez à arête vive, et de forme intérieure tronco-
de la sonde, surtout si celle-ci est de forme arrondie. Les valeurs de nique, est moins influencée par l’inclinaison que la sonde classique
la sensibilité données pour chaque type de clinomètre doivent être à nez hémisphérique. Pour la même erreur, on peut pratiquement
considérées comme un ordre de grandeur. Il est donc indispensable doubler l’inclinaison qui peut ainsi avoisiner les 30°. L’influence de
de procéder à l’étalonnage de chaque appareil. l’orientation diminue quand le nombre de Mach augmente.

L’étalonnage se fait généralement dans la veine d’une soufflerie à


axe horizontal, présentant une très bonne distribution des vitesses. 4.6.2 Sonde de pression statique
La transposition du gaz au liquide est immédiate si l’on conserve le
même nombre de Reynolds. La sonde étant placée dans la veine, En écoulement subsonique (M < 0,9), on peut mesurer la pression
l’essai d’étalonnage est effectué dans la gamme des vitesses pré- statique avec la sonde statique classique à nez hémisphérique.
vues pour l’utilisation de l’appareil. Le processus d’étalonnage est L’erreur due à l’inclinaison est négligeable si l’angle est inférieur à 5°
sensiblement le même pour tous les clinomètres. environ.
Lorsque M varie de 0,9 à 1, l’écoulement devient localement
Une difficulté se présente au réglage initial, pour aligner la sonde
supersonique sur le nez de la sonde, où de petites ondes de choc
dans le vent de la soufflerie. En effet, le courant peut présenter par
prennent naissance. À partir de M = 0,97 environ, l’allure des cour-
exemple une légère ascendance, l’axe géométrique du corps de
bes dépend des dimensions relatives de la sonde et de la veine. En
sonde peut être différent de son axe aérodynamique, etc. La sonde
effet, la petite onde de choc qui se forme au nez s’étend plus ou
étant fixée sur le support on cherche à obtenir pB − pH = 0, ce qui cor-
moins loin dans la veine. Le rapport pA/p est donné en fonction de
respond à l’incidence aérodynamique nulle, et c’est à partir de ce
M pour différentes inclinaisons d de 0 à 20° (figure 38, avec pA, indi-
zéro que les mesures peuvent être faites. Lorsque la sonde a été ali-
cation du Pitot incliné et p pression statique correcte).
gnée dans le vent de la soufflerie, il ne faut pas oublier de relever,
avec un niveau sensible, l’angle d’inclinaison α0 de la hampe sur En écoulement subsonique élevé (1 > M > 0,9), on utilise de préfé-
l’horizontale. Cet angle, généralement différent de zéro, est appelé rence une sonde à nez conique ou de forme ogivale, qui retarde la
zéro des incidences. De la même manière, on détermine un zéro des formation des ondes locales et, par suite, donne une pression stati-
dérapages. que exacte, jusqu’à M = 0,97 environ [13].

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p A /p H
1,05 0°
5° 2δ D
10° G
1,00
B
15° a clinomètre conique
0,95
∆p
(Pa/°)
∆α
0,90
α = 20° 3 000
2δ = 90°
0,85
2δ = 60°
0,80 2 000
0,6 0,7 0,8 0,9 1 2δ = 30°
M

Figure 38 – Rapport des pressions statiques lues pA et réelles p


pour une sonde à nez hémisphérique, en fonction du nombre de Mach 1 000
M et de l’inclinaison de la sonde

0
1 2 3 4 5
M
b courbes de sensibilité dans l'air en fonction du nombre de Mach M
2δ d
B, H, D, G Trous symétriques
Au-delà de la limite indiquée en hachures, la mesure n'a plus de sens.
6d < L < 12d ∆p = p B – p H

Figure 40 – Courbes de sensibilité de clinomètres coniques d’angle


Figure 39 – Sonde statique à nez conique pour écoulement 30, 60 et 90°
transsonique

lise de préférence le clinomètre conique ou le clinomètre plat à bord


Cette sonde conique est également utilisée en supersonique. Elle d’attaque en biseau symétrique.
donne la pression statique avec une bonne approximation, si l’angle
2δ du cône ne dépasse pas 10°, et si l’inclinaison α est inférieure à
10°. Dans ce cas, les orifices de pression sont réalisés à une distance 4.7.1 Clinomètre conique
L de la pointe comprise entre 6 et 12 fois le diamètre d de la sonde
(figure 39). Ce clinomètre porte, sur la partie conique du nez, deux ou quatre
trous symétriques (figure 40 a). Sa sensibilité augmente avec
l’angle au sommet 2δ du cône et diminue avec le nombre de Mach
4.6.3 Sonde de pression cinétique [25] (figure 40 b).
La courbe d’étalonnage ∆p = F (α) relevée pour un nombre de
En écoulement subsonique, la sonde cinétique classique ou Mach donné est linéaire.
sonde double avec bout hémisphérique donne une indication
exacte jusqu’à M = 0,85, alors que la prise statique ou la prise
d’arrêt, séparément, permettaient d’aller respectivement jusqu’à M 4.7.2 Clinomètre à biseau
= 0,95 et 0,90.
Ce type d’appareil (figure 41) est utilisé pour la détermination de
Aux vitesses subsoniques supérieures à M = 0,85, on utilise de l’incidence de la vitesse en écoulement plan. Comme pour le clino-
préférence des sondes doubles dont l’extrémité est définie par une mètre conique, son utilisation nécessite un étalonnage préalable
demi-ellipse. On réduit ainsi les survitesses au nez de la sonde, et le [25].
fonctionnement reste correct jusqu’à un nombre de Mach un peu
plus grand (compris entre 0,90 et 0,95).
En supersonique, la sonde double n’est pratiquement pas utilisée.
(1) O

4.7 Détermination de la direction O


C'est une plaque plane,
du vecteur vitesse en écoulement comportant un bord d'attaque
(1) pointu en biseau symétrique.
de fluide compressible Deux orifices de pression
O sont placés symétriquement
sur le biseau, exactement dans l'axe
En écoulement subsonique, les différents types de clinomètre O
de la sonde, à l'intérieur du triangle
déjà décrits (§ 4.5) sont utilisables directement si la mesure est faite formé par les ondes de choc
par la méthode du zéro (§ 4.5.2.1). Par contre, par la méthode avec obliques (1).
sonde fixe, un tarage préalable de l’appareil doit être fait à un nom-
bre de Mach voisin de celui correspondant aux essais. En écoule- (1)
ment supersonique, il faut prendre de grandes précautions, à cause
des perturbations qui prennent naissance au nez de la sonde. On uti- Figure 41 – Clinomètre à biseau (symétrique)

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