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Texte 2 - Le Malade Imaginaire, Molière : Acte III, scène 10

Introduction :

Ce texte appartient au parcours Spectacle et Comédie. Il s'agit d'un extrait de scène 10 de l'acte III
du Malade Imaginaire de Molière publié en 1673. Dans ce passage, 3 personnages sont présentés
sur scène :Argan, Béralde et Toinette en médecin. En effet, après que Mr Purgon, aie abandonné
Argan,Toinette décide de se faire passer pour un médecin. Déguisée, elle essaie de ramener son
maître à la raison. C'est l'occasion pour Molière de singer de manière burlesque les pratiques de la
médecine de son temps.

A présent je vais procéder à la lecture. Souhaitez-vous que je lise les didascalies ?

Dernière pièce de théâtre de Molière écrite en 1673, le Malade Imaginaire a été conçue dans le but
de divertir Louis XIV. Comédie-ballet, la pièce met également en scène les comportements de ses
contemporains. Ce texte se découpe en deux mouvements littéraires :

➢ L’autoportrait satirique d’un médecin charlatan : ligne 1 à 12


➢ L’efficacité comique du faux diagnostic médical : ligne 12 à la fin

En quoi cette scène comique critique t-elle la médecine ?

Explication linéaire :

Ce passage s'ouvre sur une didascalie importante : « Toinette en médecin », soulignant un ressort comique
très utilisé au théâtre : le déguisement.Toinette, déguisée, se fait passer pour un médecin : « je suis un
médecin passager ». Le parallèle de construction, la gradation avec les groupes nominaux : « de ville en ville,
de province en province, de royaume en royaume » , ainsi que le terme : « passager » , discréditent la
profession de médecin puisque celui -ci est assimilé à un charlatan ambulant, à un saltimbanque. Les verbes
de mouvement tels que : « je vais », et les prépositions, contribuent également à accentuer cette idée. Les
termes : « illustres, ma capacité, dignes, et que j'ai trouvé dans la médecine », témoignent de la prétention du
médecin imbu de lui-même. L'assimilation de l'expression : « grands et beaux secrets » au domaine médical,
discrédite également la médecine qui n'est plus considérée comme une discipline scientifique, mais
ésotérique. À travers le verbe dédaigner à la ligne suivante, le spectateur assiste à un mépris du médecin pour
la véritable médecine et pour les maladies les plus courantes. Les termes à connotation péjorative tels que :
« menu fatras, bagatelles... », ainsi que le suffixe dévalorisant de l'adjectif : « fièvrottes » et des déterminants
démonstratifs péjoratifs comme « ces », du latin iste, accentuent une nouvelle fois le dédain du médecin pour
les maladies ordinaires qui sont mises en valeur par le vocabulaire médical technique et savant (ligne 5-6).
Dans les lignes qui suivent, le médecin montre son intérêt pour les maladies strictement importantes et
graves. Quelles sont-elles ? Et comment sont-elles présentées dans le texte par Toinette ? Tout d'abord, il faut
noter qu'il ne mentionne que des maladies qui ne peuvent être soignées au XVIIe siècle. Il est en cela la
parfaite allégorie du médecin prétentieux qui cherche à étaler son savoir mais qui est ridicule puisque les
maladies qu'il dit vouloir soigner, sont incurables . Par ailleurs, la répétition de l'adjectif mélioratif :
« bonne » des lignes 6 à 8, contribue au comique de répétition de la scène. L'oxymore produite, souligne
alors l'éloge paradoxale qu'il fait des maladies évoquées. De plus, toutes ces maladies sont citées au pluriel,
ce qui crée un effet de foisonnement. Le médecin semble heureux d'en parler.
À la ligne suivante, on a un parallélisme de construction : « c'est là que » et un procédé d'emphase qui met en
valeur les maladies désignées par le terme : « là ». Le comique est accentué par la répétition des verbes plaire
et triompher soulignant la cruauté du médecin qui affirme son bonheur devant la souffrance d'autrui. Ligne 9,
le terme : « je voudrais », fait écho au terme : « je veux » ligne 6 qui met en exergue la volonté et le plaisir
du médecin d'avoir des patients très malades. Les lignes 9 et 10 renvoient à l'accumulation de la phrase
précédente et à la cruauté du médecin. Sa cruauté est renforcée par la gradation de la seconde proposition en
rythme ternaire mettant l'accent sur la souffrance du patient. Le terme : « excellence », connoté positivement
est hyperbolique et souligne la prétention du médecin imbu de lui-même. L'obséquiosité à la fin de la phrase
devient ironique et comique pour le spectateur. Dans la ligne qui suit, la réponse d'Argan, suis la même
logique avec sa politesse excessive. En revanche, le groupe nominal : « des bontés » revêt un sens très
ironique pour le spectateur. Une ambiguïté est alors créé :Argan est-il réellement naïf ? Ou serait-il lui aussi
ironique ? À partir de la ligne 13,Toinette imite le déroulé traditionnel du diagnostic médical comme en
témoigne l'expression : « donnez-moi votre pouls ».Toutefois, le diagnostic bascule tout de suite dans le
comique avec la présence des onomatopées : « Ahy, Hoy » ou encore des expressions imagée comme :
« allons donc ». Par ailleurs, les remarques de Toinette sont amusantes puisque le médecin ne peut pas
commander le corps du patient ce qui témoigne d'une absence de logique. Le terme : « impertinent ligne 14,
crée également un effet comique.
La deuxième partie de la phrase marque une ambiguïté sur le : « vous ». Est ce le pouls ? Ou Argan qui est
désigné ? À partir de la ligne 16,Argan donne le nom de son médecin ce qui donne l'occasion à Toinette de se
moquer. Elle affiche son mépris vis-à-vis des médecins à travers le déterminant péjoratif : « cet », mais aussi
à travers l'expression : « les grands médecins » dont elle exclut Purgon. C'est l'occasion ici pour Molière de
critiquer le sentiment de supériorité des médecins d'appartenir à une élite. À partir de la ligne 18, Molière
critique également les erreurs de diagnostic et l'incompétence des médecins. Cette incompétence est
soulignée par des parallélismes de construction et des répétitions qui mettent en valeur des organes différents
: le foie la rate ou encore le poumon. D'autres part, le fait d'avoir un rythme binaire voire un rythme ternaire
avec l'avis de Toinette , crée un effet comique.

À travers l'expression : « ce sont tous des ignorants » Toinette dénigre encore les médecins pour se mettre en
avant. L'évocation du poumon, elle, suivie du point d'interrogation, suggère la surprise d'Argan. De la ligne
22 à 32, la scène est marquée par la répétition incessante du terme : « poumon » qui martelle le diagnostic et
crée un effet comique. Le spectateur assiste ensuite à l'évocation de la question traditionnelle propre au
médecin : « que sentez-vous ? ». Dans ses réponses,Argan fait comprendre qu'il ne souffre que de maux
quotidiens : ligne 23, de la fatigue, ligne 25 de l'écœurement ligne 29 de l'engourdissement et ligne 31 de
maux de ventre qui ne sont que des maux quotidiens, dépourvus d'importance et qui ne nécessitent pas de
traitements longs. Par ailleurs, les adverbes de fréquence :
« quelques fois, parfois,... » viennent davantage renforcer cette idée de maux occasionnels.
Or, la réponse de Toinette à chaque fois, présente un décalage avec les maux d'Argan et la répétition du terme
« poumon » crée un effet comique. Le jeu de l'acteur notamment à travers ses intonations, peut également
l'accentuer. Molière critique ainsi l'obstination butée du médecin qui est sourd face aux problèmes de son
patient.
Par ailleurs, toutes les réponses d'Argan aux questions de Toinette, dans les lignes suivantes, témoignent de
sa bonne santé : il a de l'appétit, il aime boire modérément et il aime faire la sieste. Le comique est créé par
les réponses laconiques d'Argan qui se répète et par le diagnostic du médecin en totale décalage avec les
réponses du patient. Enfin, dans la dernière phrase de ce passage,Toinette scande le poumon deux fois de
suite en rythme binaire pour accentuer le comique. La bonne santé d'Argan devient paradoxalement une
maladie du poumon. L'ironie de Toinette souligne alors l'hypocondrie de son maître.

Conclusion :

Le ressort comique du déguisement permet de singer de manière grotesque les médecins pour
dénoncer leurs pratiques absurde et confronter Argan au paradoxe de son hypocondrie.

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