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Réfractométrie et interférométrie

en analyse chimique

par Claude VÉRET


Ingénieur diplômé de l’École supérieure d’optique
Docteur-ingénieur de la faculté des sciences de Paris

1. Rappels théoriques .................................................................................. P 500 - 2


2. Métrologie des indices de réfraction ................................................. — 2
2.1 Méthodes de réfraction ............................................................................... — 2
2.1.1 Lois de la réfraction ............................................................................ — 2
2.1.2 Les réfractomètres.............................................................................. — 3
2.2 Méthodes interférométriques..................................................................... — 5
2.2.1 Propagation du rayonnement électromagnétique........................... — 5
2.2.2 Mesures interférométriques des indices de réfraction.................... — 5
3. Utilisation en analyse chimique .......................................................... — 7
3.1 Substances analysables par réfractométrie .............................................. — 7
3.2 Exemples de mise en œuvre de la réfractométrie .................................... — 8
3.2.1 Élaboration de matériaux solides transparents ............................... — 8
3.2.2 Substances liquides et visqueuses ................................................... — 8
3.2.3 Milieux gazeux .................................................................................... — 9
3.3 Principaux domaines d’application............................................................ — 9
3.3.1 Industries chimiques et pharmaceutiques ....................................... — 9
3.3.2 Analyse médicale................................................................................ — 10
3.3.3 Industries pétrolières et produits pour l’automobile....................... — 10
3.3.4 Industries agroalimentaires ............................................................... — 10
3.3.5 Laboratoires de contrôle d’environnement...................................... — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. P 500

D ans le vide, le rayonnement électromagnétique, quelle que soit sa fré-


quence (ou sa longueur d’onde), se propage à vitesse constante.
Mais, lorsqu’il doit traverser un milieu matériel, il subit des interactions de
diverses natures qui entraînent des modifications à sa propagation telles que :
— atténuation en fonction de la distance traversée : absorption ;
— modification de sa répartition spatiale : diffusion ;
— réduction ou dédoublement de sa vitesse de propagation : réfraction,
polarisation ;
— variation de la vitesse de propagation avec la fréquence : dispersion ;
— changement de fréquence : fluorescence ;
et autres effets secondaires.
Dans les domaines de fréquence du rayonnement pour lesquels l’absorption
est peu importante, les modifications de la vitesse de propagation d’un rayon-
nement sont susceptibles d’apporter des informations sur la nature et/ou les
conditions physiques (pression, température) d’un milieu traversé, quel qu’en
soit son état (gazeux, liquide ou solide).
C’est ainsi que l’indice de réfraction absolu n d’un milieu par rapport au vide
est défini comme le rapport c/v de la vitesse de propagation c d’un rayonne-

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ment électromagnétique monochromatique dans le vide à sa vitesse v dans


ce milieu.
La réfractométrie photonique (domaines des radiations ultraviolettes, visi-
bles et infrarouges) est l’ensemble des techniques de mesure des indices de
réfraction, susceptibles de jouer un rôle en analyse chimique.
Les mesures réfractométriques ne sont applicables qu’à des milieux optique-
ment transparents. Cependant, les gels et les liquides opaques ou fortement
teintés peuvent être analysés par certaines méthodes ne nécessitant qu’une
très petite quantité de produit.

1. Rappels théoriques Par ailleurs, les corps à l’état gazeux ont pour particularité
d’avoir un indice de réfraction n très voisin de l’unité ; ils n’en dif-
fèrent que sur la troisième ou la quatrième décimale. En ce cas, la
L’onde électromagnétique du rayonnement incident sur les quantité (n 2 – 1)/(n 2 + 2) a une valeur très proche de celle de n – 1.
molécules exerce, sur les électrons des atomes constituants, des Ainsi, c’est la quantité (n – 1)/d dont la valeur devient quasi
forces qui les mettent en mouvement. Ces forces communiquent à constante (relation de Gladstone-Dale) et la réfractivité moléculaire
ces électrons des accélérations de sorte que les molécules se trou- R devient, pour un corps simple :
vent dans des conditions d’émettre, à leur tour, un rayonnement.
C’est ainsi que, au cours de la traversée d’un milieu matériel, tout R = (n – 1)(M /d ) (4)
un ensemble d’ondes secondaires en très grand nombre se super- En désignant par co-indice N la quantité (n – 1) × 106, on en tire,
pose à l’onde incidente. Il en résulte les phénomènes complexes pour un gaz ou une vapeur, la relation suivante :
observés d’absorption, de diffusion, de réfraction, de fluores-
cence... N = (R /M )d × 106 (5)
Pour tenter d’expliciter ces phénomènes d’interaction lumière-
qui, si le gaz est un mélange de divers composants, devient :
matière, une théorie a été établie, en admettant l’hypothèse simpli-
ficatrice impliquant que l’électron mobile n’est soumis qu’au N = Σ[(Ri /Mi)di] × 106 (6)
champ électrique produit par l’onde excitatrice, en négligeant les
champs produits par les molécules environnantes, elles-mêmes la sommation Σ portant sur les i composants du mélange ayant
éclairées par l’onde incidente. Cette théorie aboutit à l’établisse- chacun leur réfractivité moléculaire Ri , leur masse molaire Mi et
ment d’une relation fondamentale, dite de Lorentz-Lorenz. La leur densité partielle di correspondant à leur proportion dans le
quantité : mélange.
(n 2 – 1)/(n 2 + 2) Toutes ces relations montrent que, en présence d’un milieu
avec n indice de réfraction du milieu traversé, contenant plusieurs composants chimiques, la mesure de l’indice
de réfraction constitue un moyen de déterminer les changements
est proportionnelle à la densité d de ce milieu.
de la teneur de l’un des constituants du mélange, à condition que
Si l’hypothèse est proche de la réalité lorsque les molécules du les autres constituants ne changent pas eux-mêmes de quantité ou
milieu traversé sont assez distantes les unes des autres, comme que d’autres ne viennent s’ajouter.
c’est quasiment le cas des milieux gazeux, il n’en est pas de même À noter aussi que l’indice de réfraction étant fonction de la den-
dans les milieux denses, solides et liquides. En conséquence, il ne sité du milieu, il varie avec température et pression. Cela permet
faut pas s’étonner que, dans ces milieux denses, l’application de la d’envisager la mesure des variations de l’un ou l’autre de ces para-
relation de Lorentz-Lorenz conduise à des écarts sur les valeurs mètres dans un milieu à composition chimique constante, mais
d’indice, pouvant dépasser 10 % pour des liquides, par rapport à implique aussi la nécessité de les maintenir constants dans l’usage
des valeurs expérimentales. de la réfractométrie à l’analyse chimique.
Pour un corps simple, contenant des molécules d’une seule
espèce, on définit la réfractivité moléculaire R comme le produit de
sa constante de réfraction par sa masse moléculaire M :
R = [(n 2 – 1)/(n 2 + 2)] (M/d ) (1)
Pour un corps composé, la réfractivité moléculaire est, tout au
2. Métrologie des indices
moins en première approximation, égale à la somme des réfracti- de réfraction
vités atomiques, pour la même radiation, des éléments qui le
constituent.
La relation (1) permet de déterminer l’indice d’un corps connais-
sant sa réfractivité moléculaire R, sa masse molaire M et sa 2.1 Méthodes de réfraction
densité d :
(n 2 – 1)/(n 2 + 2) = (R/M )d (2)
Lorsque le milieu est un mélange homogène de i corps, ayant 2.1.1 Lois de la réfraction
chacun leur réfractivité moléculaire Ri , leur masse molaire Mi et
leur densité partielle di fonction de leur proportion dans le L’étude de l’optique géométrique conduit à la notion de rayons
mélange, l’indice de réfraction n est déterminé par : lumineux se propageant en ligne droite, à vitesse constante, dans
la traversée de milieux homogènes. Elle a permis d’établir les lois
(n 2 – 1)/(n 2 + 2) = Σ[(Ri /Mi )di] (3) simples de réflexion et de réfraction dites de Snell-Descartes.

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Considérons un rayon lumineux incident à l’interface de deux ■ n2 > n1 (figure 2a )


milieux d’indices respectifs n1 et n2 (figure 1) : L’indice n1 du milieu d’incidence est inférieur à celui n2 du milieu
— en réflexion : un rayon lumineux incident sous l’angle i1 , par de réfraction. Au domaine d’incidence i1 entre 0 et 90o correspond
rapport à la normale à la surface de séparation, est réfléchi sous un un domaine de réflexion partielle aussi entre 0 et 90o, mais situé
angle r1 égal à i1 de l’autre côté de la normale ; de l’autre côté de la normale NN’ et un domaine de réfraction par-
— en réfraction : le rayon lumineux pénétrant dans le second tielle i2 entre 0 et λ2 , où l’angle limite l 2 , correspondant à un angle
milieu s’y propage sous un angle i2 par rapport à la normale, dont i1 de 90o, a pour valeur, d’après (7) :
la valeur est déterminée en appliquant la relation :
λ2 = arcsin n1, 2 (8)
n1 sin i1 = n2 sin i2 (7)
avec n1, 2 indice de réfraction relatif du milieu 1 par rapport
au milieu 2, égal à n1/n2 .
En réalité, une partie de la lumière est réfléchie et une autre par-
tie est transmise, les intensités respectives de chacune de ces deux ■ n2 < n1 (figure 2b )
parties dépendant de la valeur de l’angle d’incidence et de l’état de
polarisation de la lumière incidente. L’indice n1 du milieu d’entrée est supérieur à celui n2 du milieu
de réfraction. Au domaine d’incidence entre 0 et 90o correspond
La figure 2 montre les deux cas qui peuvent se présenter. encore un domaine de réflexion entre 0 et 90o de l’autre côté de la
normale mais aux seuls rayons du domaine d’incidence i1 entre 0
et l’angle limite λ1 correspondent des rayons du domaine de
réfraction partielle entre 0 et 90o, l’angle λ1 ayant pour valeur,
d’après (7) :
λ1 = arcsin n2, 1 (9)
N
avec n2, 1 indice de réfraction relatif du milieu 2 par rapport
au milieu 1, égal à n2/n1 .
Ainsi, pour les rayons du domaine d’incidence entre λ1 et 90o, la
r1 totalité de la lumière est réfléchie ; il y a réflexion totale ; aucune
i1 lumière ne sort dans le domaine de réfraction.

n1 Les relations (8) et (9) montrent que la mesure des angles


n2 limites λ1 ou λ2 conduit à la détermination de l’indice de réfrac-
tion relatif entre les milieux situés de part et d’autre de la sur-
face qui les sépare.
i2 C’est sur la mesure de l’un ou l’autre de ces angles limites
que reposent les techniques de réfraction.

N' 2.1.2 Les réfractomètres


On trouvera traités en détail les principes physiques de fonction-
nement des réfractomètres optiques du commerce, principalement
Figure 1 – Réflexion et réfraction d’un rayon lumineux, les appareils de Pulfrich et d’Abbe, dans les références [1] et [2].
selon les lois de Snell-Descartes
Ces appareils utilisent des prismes particuliers, taillés dans du
verre d’optique très homogène, d’indices de réfraction connus
avec précision (à mieux que l’unité de la quatrième décimale). La
substance, à l’état liquide ou visqueux, dont on veut mesurer
l’indice de réfraction, est déposée ou mise en circulation sur l’une
des faces du prisme et l’indice de réfraction de la substance est
N N
déterminé d’après la mesure de l’un des angles limites λ1 ou λ2 .

Domaine Domaine de ■ Prenons, pour exemple, le réfractomètre d’Abbe, qui est d’un
Domaine Domaine de d'incidence réflexion usage répandu (cf. liste des fabricants et distributeurs en [doc.
d'incidence réflexion λ1 partielle P 500]).
partielle
Domaine de L’élément de base de ce type de réfractomètre est un prisme de
n1 n1 réflexion totale
mesure Pm en verre dont la section est un triangle rectangle
n2 n2
λ2 (figure 3). Ce prisme est disposé de manière que sa face hypo-
ténuse soit approximativement horizontale afin que l’on puisse
Domaine de Domaine de déposer sur elle une petite quantité de la substance à mesurer, à
réfraction réfraction l’état liquide ou visqueux, sans qu’elle ne coule rapidement. Un
partielle partielle
second prisme Pe , dit d’éclairage, vient recouvrir la substance pour
la répartir uniformément sur la surface de Pm . Le prisme d’éclai-
N' N' rage Pe a ses faces dépolies de manière à réaliser un éclairage
multidirectionnel. Ainsi, à l’intérieur du prisme de mesure Pm ,
a n2 > n1 b n2 < n1
choisi de manière que son indice de réfraction soit supérieur à
celui de la substance, le faisceau réfracté contient des rayons diri-
gés entre la direction limite λ2 et la normale à la surface. À la sortie
Figure 2 – Domaines de réflexion et de réfraction pour un domaine du prisme, le faisceau émergent est réfléchi par un miroir plan M
d’incidence donné, selon que l’indice de réfraction n1 est inférieur qui le dirige vers une lunette collimatrice L (figure 4a ). On observe
ou supérieur à celui du milieu de réfraction alors, dans l’oculaire de cette lunette, une ligne de séparation entre

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Lumière réfléchie
partiellement totalement

Lumière
incidente
Pe

Pm
λ2

a vue générale

Couvercle translucide Réticule


Lumière
partiellement
transmise Substance

λ
Figure 3 – Réflexion et réfraction dans un jeu de prismes
d’un réfractomètre d’Abbe
Prisme Lunette

b schéma optique

Brix
%
L

,,
Pe

Pm c réticule de mesure
M
Figure 5 – Réfractomètre à main (doc. Schmidt + Haensch)
a schéma optique b réticule de pointé

Figure 4 – Réfractomètre d’Abbe Comme le réfractomètre d’Abbe, la pièce principale est un


prisme en verre à section triangle rectangle, d’indice de réfraction
connu (figure 5b ). La substance à mesurer est aussi déposée sur
une plage sombre et une plage claire ; c’est à cette ligne que cor- la surface hypoténuse mais, pour répartir la substance, elle est
respond l’angle limite. Cet oculaire contient un réticule placé dans recouverte, non plus par un second prisme, mais par une lame de
son plan focal objet sur lequel est tracé un trait rectiligne parallèle verre à faces diffusantes. L’ensemble prisme-lame est solidaire
à la ligne de séparation ombre-lumière (figure 4b ). Par rotation du d’une lunette contenant un réticule. Ce réticule comprend une ou
prisme autour d’un axe parallèle à ses arêtes (perpendiculaires au plusieurs graduations devant lesquelles se déplace la limite de
plan de figure), on amène la ligne de séparation des plages claires séparation plage claire-plage sombre correspondant à l’angle
et sombres à coïncider avec la ligne du réticule. De la rotation du limite entre le prisme et la substance (figure 5c ). Les graduations
prisme on déduit la valeur de l’angle limite et, l’indice du prisme du réticule peuvent correspondre soit à une échelle arbitraire, soit,
de mesure étant connu avec précision (à mieux que l’unité de la pour un prisme donné, à la valeur angulaire de l’angle limite, ou à
quatrième décimale près), l’indice de réfraction de la substance en la valeur de l’indice de réfraction de la substance, ou encore, pour
est déduit. une substance contenant un composant en proportion variable, à
la valeur de la proportion de ce composant.
Pour des mesures de précision, il est nécessaire de fixer la tem-
pérature de la substance car son indice de réfraction change rela- ■ Aux appareils optiques à observation visuelle dans un oculaire
tivement rapidement avec la température. Pour cela, les deux s’ajoutent maintenant d’autres modèles d’instruments à lecture
prismes entre lesquels se trouve la substance sont placés dans une numérique, affichant directement la valeur de l’indice de réfraction
enceinte à l’intérieur de laquelle circule un liquide thermostaté. d’une substance, ou même la proportion d’un de ses composants.
Pour certaines utilisations industrielles, les données de sortie de ces
appareils peuvent être adressées à un ordinateur capable de
Dans ces conditions, l’exactitude sur la mesure de l’indice de commander différentes opérations telles que le réglage du débit
réfraction est meilleure que l’unité de la quatrième décimale. d’un composant particulier dans un mélange afin d’assurer qu’il
reste en proportion constante. Comme les réfractomètres à visée
■ Un autre appareil, plus rudimentaire mais encore plus répandu, optique, ces appareils contiennent un prisme de verre d’indice
est le réfractomètre à main (figure 5a ). connu dont la forme peut être la même ou différer de celle d’un

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Substance

λ Barrette CCD
Source de
lumière

Prisme

Source Rayons
lumineuse lumineux
Figure 6 – Schéma optique d’un réfractomètre à lecture
par barrette CCD de détecteurs photoélectriques

Surface d'onde

PRODUIT-01 Ver. 022096 05/04/95


POMME 14:20:15
BRIX = 54.6
DEG. C = 024.4
DEG. F = 075.9
NIVEAUX ALARMES :
Figure 8 – Rayons lumineux et surface d’onde en provenance d’une
source lumineuse ponctuelle
Alarms M. O.K. M. Basse : 05.00
Alarms T. O.K. M. Haute : 60.00
Tension O.K. T. Basse : +010.0
T. Haute : +010.0

G - Produit G - Calibr. G - Config.


G - Imprim. G - Diagn. G - Offset

PgUn Menu

ENTER
Si un rayonnement se propage dans le vide à la vitesse c, ou
+/- Esc PgDn dans un milieu homogène à la vitesse v, à partir d’une source
ponctuelle, les rayons lumineux qui en proviennent sont des droi-
tes divergentes et les surfaces d’onde sont des cercles centrés sur
Microprocesseur elle (figure 8). Pour deux surfaces d’onde Σ1 et Σ2 , distantes géo-
métriquement de e, le temps ∆t mis par l’onde pour passer de l’une
Câble de liaison à l’autre, égal à e/c pour une propagation dans le vide, est donné,
pour une propagation à la vitesse v dans un milieu homogène
d’indice de réfraction n, par :
Tête de
mesure ∆t = e /v = en /c = δ /c (10)
Courant avec δ distance qu’aurait parcourue l’onde pendant le temps
∆t si elle s’était propagée dans le vide, désignée par
chemin optique.
Adaptateur Comme pour toute propagation d’onde, la différence de phase φ
de l’onde correspondant au chemin optique δ est, pour un rayon-
Figure 7 – Appareil pour contrôle de processus (doc Rütter) nement de longueur d’onde λ, donnée par :
φ = 2π δ /λ = 2π n e /λ (11)
prisme d’Abbe. Dans tous les cas, cependant, la substance est dépo- Il en résulte que la mesure de la différence de phase φ doit per-
sée ou est amenée à circuler sur l’une des faces du prisme (figure 6) mettre de déduire la valeur de l’indice n.
et c’est la position de la limite de séparation ombre-lumière corres- Ce sont ainsi des techniques interférométriques qui permettent
pondant à l’angle limite, projetée dans le plan focal image d’un de déterminer phases et indices avec une très grande exactitude.
objectif, qui est mesurée. Mais, à la place du réticule gravé, on ins-
talle une barrette linéaire de photodétecteurs. Le signal électrique
de sortie de cette barrette permet ainsi de déterminer la position de 2.2.2 Mesures interférométriques
la limite ombre-lumière et d’en déduire angle limite, indice de des indices de réfraction
réfraction de la substance et tout autre paramètre qui en découle
(figure 7). ■ Considérons (figure 9) un type d’instrument pour mesure
d’indices désigné par interféromètre de Rayleigh [2].
Une fente fine F éclairée en lumière blanche est placée dans le
2.2 Méthodes interférométriques plan focal objet d’un objectif achromatique O1 . Deux autres fentes
F1 et F2 ,parallèles à F mais plus larges qu’elle, sont placées dans
le faisceau de lumière parallèle sortant de l’objectif O1 ; puis un
2.2.1 Propagation du rayonnement second objectif O2 forme l’image de la fente d’entrée F dans son
électromagnétique plan focal image, en M. En grossissant cette image de la fente, au
moyen d’une loupe ou d’une lentille cylindrique, on peut observer,
La surface d’onde d’une onde lumineuse est une surface équi- dans ce plan, un système de franges d’interférence linéaires, paral-
phase d’un rayonnement lumineux au cours de sa propagation. lèles à la direction de la fente. Comme la fente d’entrée F est éclai-
Les rayons lumineux d’un faisceau correspondent aux normales à rée en lumière blanche, le système de franges comprend une
cette surface. bande centrale de couleur blanche, la frange centrale, suivie, de

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soit égale à un nombre entier de demi-longueurs d’onde, c’est-à-


F1 dire lorsque l’ordre d’interférence p prend les valeurs :

α M' p = ± (2k + 1)/2


F
Les positions ms des franges sombres par rapport à la frange
M centrale sont donc :
O1 F2 O2 ms = ± (2k + 1)λf2/2d (17)
● L’interfrange, distance mi entre deux franges brillantes ou deux
Figure 9 – Schéma optique d’un interféromètre de Rayleigh franges sombres successives, s’obtient pour ± k = 1 dans (16), soit :
m i = ( λ /d ) f2 (18)
chaque côté, symétriquement par rapport à elle, de bandes alter- Exemple : donnons quelques ordres de grandeur :
nativement noires et blanches dont les premières ont les bords iri-
sés, puis les suivantes sont colorées mais de contraste rapidement f1 = f2 = 500 mm ; λ = 0,5 × 10–3 mm ; d = 20 mm
décroissant. Le nombre des franges visibles du système se limite
à une dizaine, ce nombre dépendant de la composition spectrale On en déduit, d’après (18), la valeur de l’interfrange mi :
de la source de lumière blanche éclairant la fente d’entrée.
mi = 12,5 × 10–3 mm, soit 12,5 µm
À noter que, si la lumière d’éclairage était monochromatique, on
observerait un plus grand nombre de franges bien contrastées Par ailleurs, comme les distances focales des deux objectifs O1 et
mais, alors, il deviendrait impossible d’identifier la frange centrale O2 sont égales, le grandissement entre la fente F et son image en M,
parmi elles. au foyer de O2 , est égal à l’unité. La largeur de cette fente F doit donc
être limitée à quelques centièmes de millimètre pour conserver un
■ Déterminons maintenant les caractéristiques du système de fran- contraste convenable du système de franges en MM’.
ges d’interférence observé dans le plan focal image de l’objectif O2 .
● Il reste encore à déterminer l’étendue de la zone MM’ éclairée,
Les deux fentes F1 et F2 sont toutes deux éclairées par la même
fente fine F de sorte qu’elles sont éclairées en lumière cohérente qui dépend des largeurs a des fentes F1 et F2 . Cette étendue est, en
(il y a corrélation de phase entre les rayonnements qu’elles reçoi- effet, déterminée par la figure de diffraction des fentes dans le plan
vent). Les lumières issues de ces deux fentes sont donc suscepti- image de la fente d’entrée F. La largeur de la partie centrale de cette
bles d’interférer entre elles. Les rayons lumineux issus de ces figure, centrée sur l’image géométrique de la fente F en M, a pour
fentes (figure 9) qui sont parallèles à l’axe optique se rencontrent valeur :
au foyer image M de O2 après avoir effectué des trajets optiques mdif = 2 (λ /a) f2 (19)
égaux ; les ondes lumineuses correspondantes présentent donc Exemple : avec les données de l’exemple précédent, prenons pour
une différence de phase nulle en ce point, ce qui correspond à largeur a des fentes F1 et F2 une valeur de 0,1 mm ; la bande centrale
l’emplacement de la frange centrale. Par contre, les rayons faisant de la figure de diffraction a, d’après (19), une largeur de 50 µm.
un angle α avec l’axe optique aboutissent, dans le plan focal de O2, Comme l’interfrange mi est de 12,5 µm, on voit 4 franges d’interfé-
au point M’, dont la distance m à M a pour valeur : rence dans la largeur de la bande centrale de diffraction. En fait, la
MM’ = m = αf2 (12) figure de diffraction est plus large que cette bande centrale car elle pré-
sente, en dehors de cette bande, des maximums secondaires, mais
avec f2 distance focale de l’objectif O2 . leur intensité décroît très rapidement. Ainsi, l’intensité du premier
maximum secondaire ne dépasse pas le vingtième de celle du maxi-
Mais, en ce point M’, les ondes issues des fentes F1 et F2 , dis-
mum central.
tantes l’une de l’autre de d, se sont propagées sur des trajets opti-
ques de longueurs différentes, dont la différence ∆δ est donnée
par : ■ Examinons maintenant comment utiliser cet interféromètre pour
des mesures d’indices de réfraction.
∆δ = d sinα Q dα (13)
Introduisons (figure 10), sur le trajet entre les fentes F1 , F2 et
Prenant pour échelle la longueur d’onde λ du rayonnement, avec l’objectif O2 , deux cuves, l’une Céch contenant l’échantillon gazeux
un facteur d’échelle p, la différence des chemins optiques ou liquide dont l’indice néch est à mesurer et l’autre Créf remplie
s’exprime ainsi par : d’un fluide de référence d’indice connu nréf (cette cuve peut
∆δ = pλ = dα = dm/f2 (14) d’ailleurs être vide, son indice est alors égal à 1). Les deux cuves
ont la même longueur , sur chacun des trajets du rayonnement de
avec p ordre d’interférence en M’, cet ordre étant nul sur la sorte que leur traversée entraîne une différence de chemins opti-
frange centrale en M. ques ∆δ entre les deux rayonnements qui interfèrent en M, donnée,
d’après (14), par :
On tire de (14) la valeur de m pour un ordre d’interférence p
∆δ = (néch – nréf) , = p λ (20)
donné :
m = pλf2/d (15) Il en résulte un décalage md de la frange centrale dans le plan
focal de O2 dont la valeur est, en tenant compte de (15), donnée
● Il y a interférence constructive, donc franges brillantes, pour
par :
toutes les valeurs de m pour lesquelles l’ordre d’interférence p
prend une valeur entière : md = (néch – nréf) , f2/d (21)
p=±k ● La mesure de la différence des indices peut ainsi se déduire de
avec k entiers successifs (0, 1, 2, 3...). celle du décalage md de la frange centrale dans le plan focal image
de l’objectif O2 . Cependant, cette méthode n’est pas la plus pratique
Les positions mb des franges brillantes par rapport à la frange car, du fait que le nombre de franges visibles est limité par la largeur
centrale sont donc données par : mdif de la figure de diffraction dans l’image de la fente, cette frange
mb = ± kλf2/d (16) centrale décalée ne se voit plus. Il est alors préférable d’introduire,
sur le trajet de l’un des faisceaux, un dispositif permettant de rame-
● Il y a interférence destructive, donc franges sombres, pour tou- ner la frange centrale à la position qu’elle occupe en l’absence des
tes les valeurs de m telles que la différence de chemins optiques ∆δ cuves. Ce dispositif a ainsi pour rôle de compenser exactement la

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Notons ensuite que la méthode à utiliser pour mesurer l’indice


d’un corps dépend de l’état dans lequel il se trouve.
Fluide à mesurer

■ Solides
Dmes
Céch
Les matériaux solides transparents (verres d’optique, cristaux
F1 naturels ou artificiels) ont des indices de réfraction qui se situent
entre 1,3 et plus de 2 [1]. En ce cas, ce sont les méthodes de réfrac-
tion (réfractomètres d’Abbe et de Pulfrich) et celles d’immersion [1]
F M
qui sont les plus utilisées.
O1 F2 O2
Créf Dcomp ■ Liquides
Les liquides et les substances gélifiées ont des indices de réfrac-
Figure 10 – Dispositifs introduits dans un interféromètre de Rayleigh tion se situant en majorité dans la gamme 1,3 à 1,7 (tableau 1),
en vue de la mesure d’indices de réfraction celui de plus fort indice étant le bromonaphtalène d’indice égal
à 1,658.

différence de chemins optiques en présence des cuves. Étalonné, il


permet de déterminer la différence de chemins optiques introduite
par les cuves et, connaissant la longueur , des cuves, d’en déduire
la différence des indices de réfraction. Tableau 1 – Indices de réfraction nd de divers liquides,
pour la longueur d’onde 587,6 nm de la raie jaune
Exemple : pour donner un ordre de grandeur de la précision d’une de l’hydrogène
telle méthode de mesure, notons qu’il est aisé de ramener la frange
centrale sur sa position d’origine à un dixième de frange près. Avec les Indices nd
Corps
valeurs données précédemment pour lesquelles l’interfrange est de
12,5 µm, cela correspond à une incertitude de 1,25 µm et, pour une
Alcool méthylique 1,329 0
longueur , des cuves de 50 mm, à une incertitude sur la différence
des indices de l’échantillon et de la référence d’une unité de la sixième Eau pure 1,333 0
décimale (10–6).
● Les dispositifs de mesure Dmes introduits sur les faisceaux peu-
Eau de mer 1,338 0
vent être de différents types tels que lame de verre à faces parallèles
Éther ordinaire 1,353 8
rotatives, prisme de petit angle mobile en translation associé à un
prisme fixe de même angle pour créer une lame à faces parallèles
Alcool éthylique 1,361 7
d’épaisseur variable... Ces systèmes sont placés sur l’un des fais-
ceaux et un dispositif compensateur Dcomp , tel qu’une lame à faces Chloroforme 1,447 2
parallèles, est introduit sur l’autre faisceau pour compenser le che-
min optique moyen et rétablir la position de la frange centrale au Benzène 1,501 4
foyer de l’objectif de sortie en l’absence des cuves. Le mouvement
de rotation ou de translation du dispositif de mesure est gradué en Aniline 1,586 3
valeurs de l’indice de réfraction ou même, directement, en propor-
tion d’un composant chimique de la substance introduite dans la Sulfure de carbone 1,627 6
cuve d’échantillon, la graduation étant alors établie par étalonnage.
Bromonaphtalène 1,658 2
■ D’autres modèles d’instruments, tels que l’interféromètre de
Jamin, de Michelson ou de Mach-Zehnder sont aussi utilisables
pour mesurer des indices de réfraction avec, pour principal avan-
tage, une meilleure luminosité. On trouvera une description de cer-
tains d’entre eux dans la référence [1]. Mais l’indice d’une substance pure liquide ou gélifiée varie, à la
fois, avec la longueur d’onde λ du rayonnement qui le traverse et
avec les conditions physiques de température T et de pression p
dans lesquelles il se trouve. Ainsi, lorsque l’on donne la valeur de
l’indice de réfraction d’un liquide ou d’un gel, il est nécessaire
3. Utilisation d’indiquer les valeurs de ces trois paramètres λ, T et p. De plus,
comme les relations entre l’indice et l’un de ces paramètres ne
en analyse chimique sont pas toujours linéaires, il pourra être utile d’ajouter aux don-
nées les valeurs des variations relatives dn /dλ, dn /dT et dn /dp.
Enfin, lorsque la substance est un mélange de plusieurs compo-
3.1 Substances analysables sants chimiques, l’indice de réfraction varie selon la proportion de
par réfractométrie ces composants. C’est cette propriété qui est, dans certains cas,
utilisée par les chimistes comme moyen d’analyse d’une subs-
tance.
En premier lieu, les mesures réfractométriques ne sont applica-
bles qu’à des milieux optiquement transparents. Cependant, pour
certaines méthodes telles que celle de l’angle limite, il suffit d’une Exemple : solution aqueuse sucrée.
très faible quantité de matière pour effectuer une mesure convena- Le tableau 2 donne les valeurs de l’indice de réfraction de la solution,
ble. Ainsi, même si un liquide ou un gel ont, en masse, un aspect en fonction de la concentration de sucrose (saccharose) en pour-cent,
opaque ou fortement teinté, une goutte ou une lame mince de la pour un rayonnement de longueur d’onde égale à 589,3 nm (raie jaune
substance seront suffisamment transparentes pour qu’il soit possi- du sodium) à la pression atmosphérique normale et pour une tempéra-
ble d’effectuer des mesures significatives. ture de 20 oC.

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Une solution aqueuse peut contenir plusieurs composants solu-


Tableau 2 – Indices de réfraction nD à 20 oC bles tels que sucre, sel, protéines, acides... L’indice de réfraction est
d’une solution aqueuse de sucrose en fonction alors différent de celui d’une solution d’un seul de ces corps et il
de la concentration en sucre (1) (2) varie avec le changement de concentration d’un ou de plusieurs
d’entre eux. Cependant, lorsque la proportion d’un seul des corps
% BRIX nD % BRIX nD % BRIX nD est changée, les autres restant en même quantité, il est possible
d’établir une échelle de mesure donnant la concentration de ce
0 1,332 99 29 1,379 36 58 1,437 43 seul corps en fonction de l’indice de réfraction mesuré. Dans ce
cas, on désigne par BRIX, la proportion (en %) du seul corps en
1 1,334 42 30 1,381 15 59 1,439 67 quantité variable dans le mélange. Pour cette solution, on peut,
dans un réfractomètre, adjoindre, à l’échelle graduée en indices,
2 1,335 86 31 1,382 96 60 1,441 93
une seconde échelle graduée en % BRIX donnant la proportion du
3 1,337 32 32 1,384 78 61 1,444 20 composant dans le mélange.

4 1,338 79 33 1,386 61 62 1,446 50 Exemple : on peut établir une échelle % BRIX de sucre dans un jus
d’orange, mais cette échelle ne sera pas valable pour déterminer la pro-
5 1,340 26 34 1,388 46 63 1,448 81 portion de sucre dans un jus de tomate.
6 1,341 75 35 1,390 32 64 1,451 13
7 1,343 25 36 1,392 20 65 1,453 48 Les échelles % BRIX sont établies par étalonnage sur des
échantillons de la solution concernée à laquelle on ajoute pro-
8 1,344 76 37 1,394 09 66 1,455 84 gressivement des quantités connues du composant variable.
9 1,346 29 38 1,396 00 67 1,458 22
10 1,347 82 39 1,397 92 68 1,460 61 ■ Gaz
La particularité des gaz est que, du fait de leur faible densité, les
11 1,349 37 40 1,399 86 69 1,463 03
valeurs de l’indice de réfraction restent proches de l’unité ; elles
12 1,350 93 41 1,401 81 70 1,465 46 n’en diffèrent qu’à partir de la troisième ou quatrième décimale
comme le montre le tableau 3. En conséquence, les méthodes par
13 1,352 50 42 1,403 78 71 1,467 90 réfraction deviennent insuffisamment précises, de sorte que les
mesures doivent être effectuées principalement par interféro-
14 1,354 08 43 1,405 76 72 1,470 37 métrie.
15 1,355 68 44 1,407 76 73 1,472 85
16 1,357 29 45 1,409 78 74 1,475 35
3.2 Exemples de mise en œuvre
17 1,358 91 46 1,411 81 75 1,477 87
de la réfractométrie
18 1,360 54 47 1,413 85 76 1,480 40
19 1,362 18 48 1,415 92 77 1,482 95
3.2.1 Élaboration de matériaux solides
20 1,363 84 49 1,417 99 78 1,485 52 transparents
21 1,365 51 50 1,420 09 79 1,488 10
Les industries qui élaborent des matériaux solides transparents,
22 1,367 20 51 1,422 20 80 1,490 71 en verre ou en plastique, ont besoin de connaître, non seulement
la valeur de l’indice de réfraction mais aussi l’homogénéité de cet
23 1,368 89 52 1,424 32 81 1,493 33 indice dans toute la masse du matériau élaboré.
24 1,370 60 53 1,426 47 82 1,495 97 La précision requise sur la valeur de l’indice et son homogénéité
dépend de l’usage auquel est destiné le matériau. S’il est toléré des
25 1,372 33 54 1,428 62 83 1,498 62 défauts résiduels dans une vitre d’appartement ou une vitrine de
magasin, une plus grande exigence est requise pour un pare-brise
26 1,374 06 55 1,430 80 84 1,501 29 de véhicule automobile ou d’avion car il en va de la sécurité des
27 1,375 82 56 1,432 99 85 1,503 98 passagers.
Mais ce sont les industries d’optique qui exigent des matériaux,
28 1,377 58 57 1,435 20
verres ou plastiques, de très bonnes homogénéités et d’indices
(1) Concentration en g de sucre pour 100 g de solution. reproductibles, car ces deux paramètres contribuent à la qualité du
(2) Ces valeurs servent aux étalonnages des appareils. produit fini entrant dans la constitution de leurs instruments.

Exemple : comme ordre de grandeur, indiquons que, pour obtenir


de bons objectifs tels que ceux utilisés dans les appareils photographi-
ques et les caméras, homogénéité et valeur de l’indice des éléments
Les données du tableau 2 ont été établies avec la plus petite constituants doivent être réalisées avec une incertitude de l’ordre de
incertitude de quelques unités de la cinquième décimale et sont quelques unités de la cinquième décimale.
reconnues pour être utilisables pour l’étalonnage des réfracto-
mètres. Ainsi, pour une faible concentration de quelques pour-
cent, l’indice varie de 1,5 × 10–3 par pour-cent, de sorte qu’à une 3.2.2 Substances liquides et visqueuses
incertitude sur l’indice d’une unité de la quatrième décimale
correspond une incertitude de 6 centièmes de pour-cent sur la
concentration. C’est pour les substances à l’état liquide ou visqueux que l’utili-
sation des réfractomètres est la plus fréquente [3].

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Tableau 3 – Caractéristiques physico-chimiques de quelques gaz à la température normale,


classés par valeurs croissantes de leurs indices de réfraction

Masse molaire Masse volumique Réfractivité Co-indice


Corps Formule chimique
(g/mol) (kg/m3) moléculaire N = (n – 1) × 106

Hydrogène H2 2,0 0,09 1,557 139

Oxygène O2 32,0 1,43 0,19 271

Argon Ar 39,9 1,78 0,157 280

Air sec N 2 + O2 28,9 1,29 0,227 293

Azote N2 28,0 1,25 0,238 298

Monoxyde d’azote NO 30,0 1,34 0,222 297

Dioxyde de carbone CO2 44,0 1,96 0,231 454

Acétylène C 2 H2 26 1,16 0,523 607

Dioxyde de soufre SO2 64,0 2,86 0,246 704

Fréon 12 CCl2F2 121,0 5,40 0,207 1 120

Nombreux sont les domaines d’application car, dès qu’un électronique peut aussi être utilisé pour réguler l’admission d’un
composant dissous dans un liquide ou un gel est en quantité varia- des composants en fonction de l’indice de réfraction du mélange,
ble, il entraîne une variation de l’indice de réfraction du mélange. donc de la concentration de ce composant dans le mélange.
Ainsi, un réfractomètre permet de mesurer la concentration d’un
composant déterminé dans un mélange d’après la valeur de son
indice de réfraction. 3.2.3 Milieux gazeux
La conversion indice de réfraction-concentration s’effectue, On a vu précédemment au paragraphe 3.1 et au tableau 3, que
d’une manière générale, par étalonnage. On peut ainsi disposer les gaz ont des indices de réfraction faibles, leurs valeurs ne diffé-
d’une échelle de conversion qui permet le plus souvent de placer, rant de 1 que par une unité de la troisième ou quatrième décimale.
dans l’appareil de mesure, une graduation en % BRIX en regard de Il en résulte que les appareils basés sur les lois de la réfraction ont,
la graduation en indice de réfraction. en général, une précision insuffisante pour une utilisation pratique.
L’étalonnage d’un appareil en indices de réfraction s’effectue à C’est donc, la plupart du temps, pour les mesures sur les gaz, que
l’aide d’une solution de sucrose dans de l’eau pure, conformément sont utilisés les interféromètres des différents types. Cependant,
aux valeurs du tableau 2. ces interféromètres sont aussi parfois utilisés pour des milieux
liquides lorsqu’il s’agit de mesurer de très faibles variations d’indi-
Pour les applications courantes de la réfractométrie, dont les
ces de réfraction dues, par exemple, à la présence d’une impureté
principaux domaines d’application sont indiqués au paragra-
en faible quantité dans un mélange.
phe 3.3, les trois types les plus courants d’appareils en usage sont :
— les réfractomètres d’Abbe : d’usage courant dans les labora-
toires de mesure, ils permettent une gamme étendue de mesure Contrairement à ce qu’il est possible de faire avec un appareil
(valeurs d’indices entre 1,3 et plus de 1,8) avec une incertitude à réfraction, l’usage des interféromètres ne peut se faire qu’à
d’une unité de la quatrième décimale. En conséquence, l’échan- l’intérieur de locaux isolés dans des laboratoires de métrologie
tillon liquide ou visqueux est déposé sur la face d’un prisme dont ou de contrôle dans lesquels les vibrations et les variations de
la température est régulée au degré près ; température sont, pour le moins, atténuées.
— les réfractomètres à main : facilement transportables et de
mise en œuvre simple et rapide, ces appareils sont en usage dans
les ateliers et sur le terrain, l’opérateur en ayant un en permanence
à disposition sous la main, car ils sont faciles à mettre dans une 3.3 Principaux domaines d’application
poche. Ces appareils sont souvent spécifiques d’un composant
recherché dans un produit et sont utilisables sur une gamme de
mesure limitée avec une incertitude sur l’indice de plusieurs unités 3.3.1 Industries chimiques et pharmaceutiques
de la quatrième décimale ;
— les appareils à lecture digitale et/ou à contrôle de processus. Les industries chimiques ont pour tâche d’élaborer des produits
Le liquide ou le gel dont l’indice est à mesurer est amené au de grande pureté aussi divers que des matériaux pour la construc-
contact ou même circule sur la face d’un prisme. La ligne de sépa- tion de bâtiments, de machines ou d’instruments, des produits
ration ombre-lumière correspondant à l’angle limite se déplace sur pharmaceutiques, des produits pour l’agriculture (engrais, pestici-
une barrette de photodétecteurs dont les signaux électroniques de des...), des produits pour usage domestique d’entretien et de
sortie sont convertis en valeurs numériques de l’indice de réfrac- désinfection (détergents, lessives et savons liquides...), des peintu-
tion ainsi qu’éventuellement en valeurs de la concentration d’un res et des produits liquides de revêtement, des essences aromati-
élément donné. Au cours de l’élaboration d’un produit, le signal ques, des parfums, des produits capillaires et de beauté...

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Pour assurer la permanence de la composition d’un produit en


cours d’élaboration, des prélèvements sont effectués périodique- Encadré 1 – Exemple d’utilisation en agroalimentaire
ment pour les envoyer au laboratoire en vue d’analyse. Parmi
d’autres méthodes, des mesures au réfractomètre d’Abbe sont L’été s’achève. De jour en jour, le vigneron arpente son vignoble,
effectuées en vue d’alerter l’atelier pour que des modifications cueille un grain de raisin par-ci, un grain par-là, le goutte ! Le sucre se
dans la proportion des constituants soient apportées si la compo- développe ! Aujourd’hui, il est temps de voir où nous en sommes. Il sort
de sa poche son réfractomètre à main, écrase un grain sur le prisme,
sition du produit en cours de fabrication a changé. referme le couvercle, le met à son œil, le pointe vers la lumière et regarde
la position de la ligne de séparation ombre-lumière sur l’échelle en
Depuis l’apparition des réfractomètres à lecture directe et à % BRIX de sucre. C’est encore un peu juste mais, dans quelques jours, ce
contrôle de processus par l’intermédiaire d’un ordinateur, la cor- sera bon pour la vendange. Il est grand temps d’alerter l’équipe des
rection d’introduction des produits dans le mélange peut s’effec- aides-vendangeurs et d’amener le matériel sur place. Maintenant, la
tuer automatiquement, en temps quasi réel, ce qui évite tâche est rude et il faut faire vite avant que le temps qui se couvre ne
tourne à la pluie.
d’interrompre la fabrication pour la correction et constitue ainsi un
Les cueilleurs remplissent leurs seaux puis les vident dans la hotte du
important gain dans le total des temps d’élaboration. porteur ; lorsqu’elle est pleine, celui-ci va la vider dans la benne du trac-
teur. Elle est pleine ! le tracteur démarre, traverse le vignoble, prend la
route puis s’arrête devant la coopérative où se trouve le pressoir.
La benne s’est arrêtée sur la plaque de la bascule ; elle est pesée et
3.3.2 Analyse médicale connaissant son poids à vide, on en déduit le poids du raisin qu’elle
contient. En même temps, un tube souple contenant une vis sans fin en
rotation vient prélever des grains de raisin, les écraser et conduire le jus
Des échelles spécifiques sont placées dans des réfractomètres dans un appareil où il coule sur le prisme d’un réfractomètre pour mesu-
rer son taux de sucre en % BRIX. Les deux mesures, poids et taux de
d’Abbe ou à main pour l’analyse de prélèvements de liquides phy- sucre sont importantes car ces données vont permettre de déterminer le
siologiques en très petites quantités (quelques gouttes). On obtient montant dû au vigneron.
ainsi aisément la teneur en protéines d’un sérum à quelques dixiè- Après passage du raisin à la presse, le jus est mis à fermenter en cuve
mes de g/dL près, la densité de l’urine, etc. à température régulée. La fermentation est-elle achevée ? C’est encore
un réfractomètre qui, en complément du pèse-alcool mesurant la densité
du liquide, permet de déterminer le titre d’alcool du vin. Quant au goût de
ce vin, c’est une question d’appréciation subjective !
3.3.3 Industries pétrolières et produits
pour l’automobile
Pour d’autres produits alimentaires, le tableau 4 indique la pro-
Le pétrole brut, arrivant des lieux d’extraction par bateaux ou portion de sucre (en % BRIX) qu’ils contiennent. Pour les mesures
pipelines, contient de nombreux composants qui le rendent impro- sur ces produits, on trouve, dans le commerce, toute une série de
pre à son usage le plus général de combustible. Les raffineries qui réfractomètres d’Abbe ou à main, contenant des échelles adaptées
entreprennent d’épurer ce corps souhaitent, pour le rentabiliser au à chacun d’eux.
mieux, récupérer les produits qu’elles vont en extraire car ils ont,
par eux-mêmes, d’autres usages. Nota : pour le domaine d’incertitude, se reporter à l’encadré de la page 8 concernant les
valeurs du tableau 2.
Ainsi, comme les industries chimiques, les industries du pétrole
ont besoin de connaître, en permanence, pendant les opérations Il existe aussi d’autres appareils avec des échelles donnant la
de raffinage et de récolte des sous-produits, la composition des proportion de sel dans des produits naturels (contenant de l’eau de
corps élaborés. Là encore, les réfractomètres contribuent, parmi mer) ou préparés tels que sauces diverses ou conserves (corni-
d’autres appareils, à l’analyse permanente de chacun de ces corps, chons, pickles, plats cuisinés...).
et les nouveaux appareils sont maintenant très appréciés pour
leurs possibilités de contrôle permanent. Pour citer quelques-uns
des corps analysés par réfractométrie, indiquons la pureté (en par- Pour une échelle de 0 à 10 % en chlorure de sodium, l’incerti-
ticulier la teneur en eau) des huiles, des graisses et des paraffines tude est de l’ordre de 0,1 %. Pour les produits les plus salés, cer-
extraites. tains appareils ont des échelles de 0 à 28 %, à quelques
Dans le domaine des produits pour l’automobile, une application dixièmes de pour-cent près.
importante des réfractomètres est à noter concernant la concentra-
tion des éléments actifs dans les liquides antigels pour moteurs de
voitures. La teneur de ces éléments (tels que propylèneglycol ou
éthylèneglycol) dans le produit, qui conditionne la température de 3.3.5 Laboratoires de contrôle d’environnement
congélation, modifie son indice de réfraction. En conséquence, la
mesure de cet indice donne la valeur de cette température. Pour un
produit donné, le réticule du réfractomètre est gradué en tempéra- Il devient de plus en plus nécessaire d’effectuer des contrôles
ture de congélation permettant de déterminer sa valeur à quelques permanents sur le milieu de l’environnement terrestre dans lequel
degrés près. nous nous trouvons immergés en permanence ou sur les produits
D’autres réfractomètres sont aussi fournis avec des échelles gra- que nous consommons.
duées donnant le degré de charge d’une batterie d’accumulateurs L’évolution de la civilisation a pour contrepartie l’introduction,
d’après l’indice de réfraction du liquide de remplissage dont une dans les fluides vitaux courants comme l’eau et l’air, de compo-
goutte est prélevée. sés chimiques dont la présence est, pour le moins, peu souhaita-
ble pour la santé, sinon nocive. Ainsi, des organismes ont été
créés pour effectuer des prélèvements périodiques afin de déter-
miner la présence éventuelle d’éléments nocifs et d’en mesurer
3.3.4 Industries agroalimentaires la teneur. Parmi d’autres instruments de mesure comme les
spectromètres de différents types, les réfractomètres contribuent
L’exploitation de la vigne et du vin prise comme exemple remar- à ces déterminations. Si les appareils à réfraction sont, là aussi,
quable dans l’encadré 1, n’est pas la seule des industries agro- d’usage courant pour les mesures sur les liquides, les interféro-
alimentaires pour laquelle la réfractométrie joue un rôle dans le mètres sont indispensables pour les mesures sur des prélève-
contrôle des produits en cours d’élaboration ou achevés. ments gazeux.

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Tableau 4 – Exemples de composants faisant l’objet de mesures par réfractométrie


pour déterminer leur teneur en sucre ou en sel, pour des produits alimentaires, ou en eau, pour des produits industriels

Concentrations (en %) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Produits sucrés (% sucre)


Fraises, pêches, oranges
Fruits Melons, pommes
Raisin
Jus de tomate
Boissons Jus de fruits
Gazeuses
Jus de fruits
Liquides concentrés Lait
Sirop de sucre
Ketchup
Confitures, miel
Aliments divers
Huile alimentaire
Jaune d’œuf
Produits salés (% sel (NaCl))
Eau de mer naturelle ou artificielle
Préparations alimentaires
Huiles et produits industriels : teneur dans l’eau
Émulsifiants
Huiles de coupe
Huiles de trempe
Liquides antigels
Pétrole brut

Indices de réfraction (1) 1,333 1,381 1,442 1,520

(1) L’échelle des indices de réfraction est celle correspondant à une solution de sucre de canne ; elle sert à l’étalonnage en indices des réfractomètres. Les valeurs
correspondent à celles du tableau 2.

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