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B] Les garanties cambiaires conventionnelles

L’acceptation

L’aval

I L’acceptation comme garantie conventionnelle

I) Définition

L’acceptation se définit comme l’engagement pris par le tiré de payer la lettre de change à
l’échéance. Plus qu’une reconnaissance de dette, par son acceptation le tiré devient le débiteur
principal de la traite.

Il en résulte que le tiré s’engage cambiairement :

 à l’égard du porteur de la traite

 à l’égard du tireur de la traite

==> L’engagement cambiaire du tiré à l’égard du porteur de la traite

Au même au même titre que le tireur, le tiré est engagé cambiairement à l’égard du porteur, lequel
dispose, désormais, de deux créanciers cambiaires :

 Le tireur

 Le porteur

Tant que le tiré n’avait pas accepté la traite, le porteur ne pouvait agir contre lui qu’au moyen de
l’action née de la provision.

Si, dès lors, la provision disparaissait ou que le tiré se libérait, avant l’échéance, entre les mains du
tireur, le porteur ne disposait d’aucune action contre le tiré, sinon celle fondée sur la provision.

Aussi, en acceptant la lettre de change, le tiré pourra-t-il être actionné en paiement par le
bénéficiaire de l’effet sur le fondement de son nouvel engagement : l’obligation cambiaire.

Le tiré s’engage également cambiairement à l’égard de tous les endosseurs de la lettre de change.

==> L’engagement cambiaire du tiré à l’égard du tireur de la traite

L’acceptation par le tiré de la lettre de change fait présumer l’existence de la provision.

Cette présomption repose sur l’idée qu’il est très peu probable que le tiré s’engage sans cause, sauf à
souscrire à un effet de complaisance.

La conséquence en est qu’en acceptant la traite, l’engagement cambiaire contracté par le tiré ne
profite pas seulement au porteur de la traite, il bénéficie également au tireur.

Cet engagement cambiaire est néanmoins plus fragile que celui pris à la faveur du porteur, dans la
mesure où le tiré sera toujours fondé à opposer au tireur les exceptions issues de leur rapport
fondamental et, notamment, le défaut de provision.

II) La présentation à l’acceptation


==> La présentation à l’acceptation par le porteur

Alors que l'émission de la lettre de change entraîne l'engagement cambiaire du tireur mais non celui
de son débiteur (le tiré), l'acceptation, régie par les articles 174 et suivants du code de commerce,
implique le tiré dans les liens du change. L'acceptation est l'engagement cambiaire que prend le tiré
de payer la traite à l'échéance. L'acceptation présente des avantages considérables : pour le tireur
qui cesse d'être le principal débiteur de la traite et qui peut plus facilement escompter ; elle est
également profitable au porteur qui a un débiteur cambiaire supplémentaire, et voit ses droits sur la
provision renforcés.

 Principe: la présentation à l’acceptation constitue une simple faculté

o Conformément à l’article 174 du Code de commerce, le porteur a la possibilité de


présenter la lettre de change à l’acceptation.

o L’exercice de ce droit n’est cependant qu’une simple faculté.

o Le porteur est libre de ne pas présenter la traite à l’acceptation.

o Dans cette hypothèse, il n’encourt aucune déchéance, ni ne perd ses recours


cambiaires contre le tireur ou contre les endosseurs en cas de défaut de paiement du
tiré

 Exception: la présentation à l’acceptation est tantôt obligatoire, tantôt interdite

La présentation obligatoire

 L’obligation légale:

o L’article L. 511-15, alinéa 6, du Code de commerce prévoit que « les lettres de change
à un certain délai de vue doivent être présentées à l’acceptation dans le délai d’un an
à partir de leur date»

o Ainsi, pour l’effet payable à un certain délai à vue, la présentation est obligatoire

 L’obligation conventionnelle:

o Le tireur peut, afin d’être rapidement fixé sur les intentions du tiré, stipuler sur la
lettre de change une obligation pour le porteur de présenter la traite dans un certain
délai.

La présentation interdire

 Conformément à l’article Article 174 du code de commerce, le tireur peut interdire dans la
lettre la présentation à l'acceptation ( la traite non acceptable). Si cette clause est portée
sur la traite, elle est opposable à tous les endosseurs

 , néanmoins le même texte prévoit trois exceptions :

o La traite est payable chez un tiers

o La traite est payable dans une localité autre que celle du domicile du tiré

o La traite est payable à un certain délai de vue.

 Cette clause se justifie, le plus souvent, par la volonté du tiré de garder le secret sur ses
relations d’affaires ou parce qu’il ne souhaite pas être importuné en raison de sa solvabilité
évidente. En cas de violation de la clause par le porteur, si le tiré accepte la traite, son
acceptation produira, malgré tout, son plein effet

==> L’acceptation de la traite par le tiré

 Principe: l’acceptation de la traite par le tiré est facultative

L'acceptation est en principe facultative pour le tiré, même s'il a reçu provision, parce qu'en
devenant débiteur cambiaire, il aggrave sa situation. Le tiré est, jusqu’à son acceptation, un tiers à la
lettre de change. On ne saurait, en conséquence, mettre à sa charge une obligation trouvant sa
source dans le titre. Si pareille obligation existe, son fait générateur est nécessairement extérieur à la
lettre de change.

L'acceptation peut être rendue obligatoire par convention dite de bon accueil. Il s'agit d'une
convention extra-cambiaire entre tireur et tiré par laquelle celui-ci promet d'accepter, selon les
modalités et conditions convenues, les traites tirées par celui-là.

L'usage commercial veut qu'entre commerçants pour des dettes commerciales, l'acceptation soit
donnée puisque la traite est un procédé normal de paiement. Il a acquis force légale. L’article 174 du
code de commerce dispose que : "« lorsque la lettre de change est créée en exécution d'une
convention relative à des fournitures de marchandises et passée entre commerçants, et que le tireur
a satisfait aux obligations résultant pour lui du contrat, le tiré ne peut se refuser à donner son
acceptation dès l'expiration d'un délai conforme aux usages normaux du commerce en matière de
reconnaissance marchandises.

Exceptions : le tiré peut refuser d’accepter la lettre de change qui lui est présentée si

 l’une des deux parties n’est pas commerçante

 le montant de la traite est différent du prix des marchandises fournies au tiré

 le tireur n’est pas satisfait à ses obligations résultant du rapport fondamental


qui le lie avec le tiré

 défaut de livraison

 non-conformité des marchandises

 La présentation de la traite n’a pas lieu dans un délai permettant au tiré de


vérifier la conformité des marchandises

o Sanction:

 En cas de refus par le tiré d’accepter la traite, le porteur ne dispose d’aucun


moyen pour l’y contraindre. On ne saurait aggraver la situation de ce dernier
contre son gré.

 Toutefois, le porteur pourrait rechercher la responsabilité civile du tiré pour


violation d’une obligation légale.

 Par ailleurs, le refus d’acceptation ne sera pas dépourvu de tout effet :

 Déchéance du terme de l’obligation commerciale dont est débiteur


le tiré dans le cadre du rapport fondamental qui le lie au tireur
 Ouverture de l’exercice des recours cambiaires contre les signataires
de la traite

III) Le refus d’acceptation

Le tiré peut toujours, même lorsqu’une obligation légale pèse sur lui, refuser d’accepter la traite qui
lui est présentée.

Plusieurs raisons peuvent présider au refus du tiré d’accepter la traite :

 Le tireur n’a pas exécuté la prestation promise

 Le tiré ne se reconnaît pas débiteur du tireur

 Le tiré rencontre des difficultés de trésorerie

 Le tiré fait l’objet d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire

En toute hypothèse, le refus d’acceptation s’apparentera toujours à l’un des trois cas suivants :

 Le tiré refuse TOTALEMENT d’accepter la traite

 Le tiré accepte PARTIELLEMENT la traite

 Le tiré subordonne son acceptation à la réalisation d’une condition

Lorsque l’une de ces trois hypothèses est caractérisée, le titre émis devient alors suspect. Le porteur
est, en effet, légitimement en droit de penser que l’effet ne sera pas payé à l’échéance.

Aussi, plusieurs conséquences ont été attachées par le législateur et la jurisprudence au refus total
ou partiel d’acceptation :

==> L’obligation de retourner la traite non-acceptée au porteur dans les meilleurs délais

 La Cour de cassation impose au tiré non-accepteur de retourner la traite au porteur dans les
meilleurs délais ( com., 12 févr. 1974 : Bull. civ. 1974, IV, n° 55 ; RTD com. 1974, p. 556, n° 2,
obs. M. Cabrillac et J.-L. Rives-Lange)

 Il appartient aux juges du fond dans l’exercice de leur pouvoir souverain de déterminer le
délai à l’expiration duquel le retour de l’effet non-accepté devient fautif

 En cas de manquement à cette obligation, le tiré engage sa responsabilité délictuelle

==> L’ouverture des recours cambiaires avant l’échéance

Principe:

 Le Code de commerce prévoit que, en cas de refus total ou partiel d’acceptation, le porteur
peut exercer, avant l’échéance, des recours cambiaires contre tous les signataires de la
traite, soit contre :

o Le tireur

o Les endosseurs

o L’avaliste

 Aucun ordre n’est imposé quant à l’exercice des recours cambiaires ouverts au porteur
contre les signataires de la traite
V) Les conditions de l’acceptation

A) Les conditions de fond

Les conditions de fond de l'acceptation sont identiques à celles de l'émission, notamment à propos
du consentement, de la capacité et des pouvoirs. Un usage bancaire constant dispense le banquier,
escompteur d'une traite acceptée par une personne morale, d'exiger la justification des pouvoirs de
celui qui a donné l'acceptation (Cass. com., 23 mai 1989 ; la même solution a été donnée à propos
d'un syndicat, Cass. com., 13 déc. 1994,

B) Les conditions de forme

==> L’acceptation apposée sur le titre

 Aux termes de l’article 176 du Code de commerce « l’acceptation est écrite sur la lettre de
change. Elle est exprimée par le mot » accepté » ou tout autre mot équivalent et est signée
du tiré. La simple signature du tiré apposée au recto de la lettre vaut acceptation.»

L'acceptation peut être donnée dans une autre langue que celle de la lettre. Elle est
généralement exprimée par le mot « accepté » mais tout équivalent est admis . La simple
signature du tiré au recto de la lettre suffit . Il importe peu qu'elle soit apposée en dehors du
cadre pré-imprimé destiné à les recevoir (Cass. com., 3 mai 2006). Elle peut être déniée en
application du droit commun de la preuve, la charge de la preuve portant sur le tiré (Cass. com.,
16 janv. 2001). Cette dénégation est opposable même au porteur de bonne foi (elle n'empêche
d'ailleurs pasle porteur de l'emporter en se plaçant sur le terrain du rapport fondamental : Cass.
com., 16 janv. 2001.).

Naturellement la fausse signature d'acceptation ne fait naître aucun engagement (Cass. com., 1er
avr. 2014). Si la signature est au verso, une mention est nécessaire, faute de quoi la signature
passerait pour un endossement. La signature, qui n'est pas accompagnée de la mention de la
qualité de mandataire de son auteur, l'engage comme tiré (Cass. com., 18 janv. 1994).

La formule d'acceptation peut être apposée par un procédé quelconque mais la signature doit
être manuscrite faute de texte en dispensant.

L'acceptation par acte séparé n'est pas nulle mais n'est pas un engagement cambiaire ; elle vaut
simplement comme promesse de paiement (Cass. com., 22 févr. 1954) Il n'est pas nécessaire que
soit indiqué le montant de la lettre acceptée, sauf si l'acceptation n'est que partielle.

La date de l'acceptation n'est pas, en principe, obligatoire et celui qui prétend qu'elle a été
donnée à un moment où le tiré ne pouvait s'engager doit le prouver. Il faut cependant que
l'acceptation soit datée si la traite est à un certain délai de vue ou s'il y a une clause
d'acceptation dans un délai déterminé. En cas de refus, le porteur doit faire constater l'omission
par un protêt dressé en temps utile pour conserver ses recours contre les endosseurs et le tireur.

VI) Les caractères de l’acceptation

Selon l'article 176 du code de commerce, l'acceptation est pure et simple mais le tiré peut la
restreindre à une partie de la somme.
a) Réserves, conditions et modifications
Une acceptation ne peut être faite sous condition suspensive ou résolutoire, avec des réserves ou
des modifications. De telles acceptations équivalent à un refus mais l'accepteur reste tenu dans les
termes de son acceptation
Le porteur peut donc soit considérer qu'il y a refus et agir contre les garants, soit attendre l'échéance
de la traite pour demander paiement au tireur ou à ses garants dans les termes de la lettre, soit
poursuivre le tiré dans les termes de son acceptation
b) Acceptation partielle
L'article 176 du code de commerce autorise le tiré à restreindre son acceptation à une partie de la
somme portée sur la traite, ce qu'il fait quand il ne doit pas le tout

Le porteur ne peut refuser cette acceptation mais n'a pas à en subir les conséquences. Il peut donc
faire dresser protêt de la différence et recourir pour cette somme contre les garants.

VII) Les effets de l’acceptation

L'article 176, du code de commerce dispose : "« Par l'acceptation, le tiré s'oblige à payer la lettre de
change à l'échéance»". Le tiré est désormais engagé cambiairement. Il doit payer, même s'il n'a pas
reçu provision.
Il est tenu solidairement avec les autres signataires, mais c'est à lui que le paiement doit être
demandé en premier. Si la lettre de change porte la clause « non à ordre », l'acceptation par le tiré ne
vaut pas renonciation à invoquer cette clause (Cass. com., 9 avr. 2013).
L'accepteur est soumis à l'inopposabilité des exceptions. Il ne peut invoquer, à l'encontre du
porteur, les exceptions qu'il pourrait opposer au tireur, sauf à démontrer que le porteur, en
acquérant la lettre, a agi sciemment à son détriment.
À l'égard de la provision, l'acceptation n'est pas sans effets. Non seulement elle la laisse subsister
puisqu'elle ne vaut pas paiement, mais encore elle en fait présumer l'existence et conforte les droits
du porteur à son égard.

Exceptions :

Le tiré aura toujours la faculté d’opposer les exceptions au porteur de mauvaise foi, soit si celui-ci a
agi sciemment au détriment du tiré

Dans l’hypothèse où le tireur est aussi porteur de l’effet, le tiré pourra toujours lui opposer les
exceptions issues de leur rapport personnel, soit dans le cadre de la fourniture de la provision ( com.,
22 mai 1991 : Bull. civ. 1991, IV, n° 170)

II L’aval comme garantie conventionnelle

Aux termes de l’article 180, al. 1erdu Code de commerce « le paiement d’une lettre de change peut
être garanti pour tout ou partie de son montant par un aval. »

Ainsi, l’aval se définit-il comme l’engagement pris par une personne de régler tout ou partie d’une
lettre de change, à l’échéance, en cas de défaut de paiement du débiteur garanti.

L'aval est un engagement commercial par la forme (Cass. com., 1er oct. 1996). Il est proche du
cautionnement, au régime duquel il combine les règles du droit cambiaire. L'aval ne doit pas être
confondu avec d'autres institutions cambiaires. Il se distingue de l'acceptation par intervention où
l'intervenant ne garantit pas le tiré mais prend sa place. Il se différencie également de l'endossement
pignoratif qui constitue l'effet en gage. Il ne doit pas être confondu avec « l'aval en pension »,
endossement en blanc d'un effet servant de gage. Le donneur d'aval n'est pas un recommandataire
désigné par un signataire pour accepter ou payer à la place du tiré. L'aval est enfin différent de l'effet
de cautionnement qui voit un tiers donner sa caution en acceptant un effet tiré sur lui.
L'aval est utilisé en pratique. C'est souvent en avalisant une traite que le dirigeant (ou la société
mère) garantit les dettes de la société (ou de l'une de ses filiales). Le crédit par signature est parfois
donné sous forme d'aval, les établissements de crédit facilitant ainsi l'escompte des effets émis par
leurs clients. Il est encore l'un des instruments de l'assurance-crédit. Plus concrètement, l’aval
s’apparente à une sorte de cautionnement cambiaire. Il s’agit d’une sûreté conventionnelle et
personnelle.

Le plus souvent, c’est le banquier escompteur qui exigera de l’associé ou du dirigeant qu’il donne son
aval afin de garantir la société signataire de la traite.

La personne dont l’aval émane est appelée « donneur d’aval », « avaliseur » ou encore « avaliste ».

Quant au débiteur garanti, il est qualifié d’« avalisé »

Qui peut donner l’aval ?

L’article L. 180, alinéa 2edu Code de commerce dispose que l’aval peut être fourni « par un tiers ou
même par un signataire de la lettre ».En toute logique, l’aval ne devrait être donné que par une
personne non obligée cambiairement à l’égard du porteur. Dans le cas contraire, cela n’aurait pas
grand sens, dans la mesure où le porteur n’en retirerait aucun avantage.

On peut toutefois parfaitement concevoir que l’aval soit donné par une partie à l’opération de
change au profit d’un signataire de la traite dont l’engagement cambiaire serait plus rigoureux. Cette
hypothèse se rencontrera lorsqu’un endosseur donnera son aval au bénéfice du tireur ou d’un
endosseur antérieur.

==> Exception : le tiré-accepteur

 Selon la doctrine, le tiré-accepteur ne saurait donner son aval au profit d’un autre signataire
de la lettre de change

 Cette impossibilité pour le tiré-accepteur à donner son aval se justifie par sa qualité de
débiteur principal de l’effet

 En tant que principal obligé, le tiré-accepteur ne dispose, en effet, d’aucun recours cambiaire
contre les autres signataires.

 Si, le tiré-accepteur jouissait de la faculté de donner son aval cela reviendrait à admettre qu’il
se « garantisse lui-même», de sorte qu’il jouerait tout à la fois le rôle de garant et de
débiteur-garanti

Au bénéfice de qui peut être donné l’aval ?

L’article L. 180, al. 6edu Code de commerce prévoit que « l’aval doit indiquer pour le compte de qui il
est donné. A défaut de cette indication, il est réputé donné pour le tireur. »

L'aval peut être donné au profit de toute personne obligée par les liens du change. L'aval peut ainsi
garantir l'engagement du tiré accepteur, du tireur, d'un endosseur, d'un autre avaliseur. L'aval ne se
conçoit pas en faveur d'un tiré qui a refusé d'accepter mais serait possible en faveur d'un tiré qui ne
s'est pas encore prononcé. En général, l'avaliseur agit à la demande du tireur ou du tiré pour faciliter
l'escompte ou l'octroi du crédit mais l'avaliseur peut limiter sa garantie au porteur actuel de l'effet.
L'aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné. À défaut d'indication, l'article 180, alinéa 6,
du code de commerce dispose qu'il est réputé donné pour le tireur. Le sens de cette disposition a
prêté à controverse. Il a été soutenu qu'il s'agirait d'une présomption simple et que le porteur
pourrait démontrer que l'aval a été donné pour le tiré accepteur, par exemple lorsque la traite est à
l'ordre du tireur. La Cour de cassation a condamné cette solution et a déclaré la présomption
irréfragable (Cass. com., 23 janv. 1956)
==> L’avalisé est désigné dans le titre

 Limitation aux débiteurs cambiaires

L’article L. 180, al. 6e du Code de commerce ne pose aucune restriction quant aux personnes
susceptibles d’être garanties par l’avaliste. Toutefois, en réalité, l’aval ne pourra être donné que pour
les seuls débiteurs obligés cambiairement à l’effet. Cela s’explique par le fait que l’aval consiste en un
engagement accessoire. Or, de par son objet, il se rattache nécessairement à un engagement
principal qui n’est autre que l’obligation cambiaire

 Exclusion du tiré non-accepteur

Pour être valide, l’aval ne peut donc être donné que pour une personne engagée cambiairement à
l’effet L’avaliste ne pourra, en conséquence,jamais donner son aval pour le tiré non-accepteur

les conditions de validité de l’aval

==> Conditions de fond L’avaliste s’engageant cambiairement en garantie de l’exécution de


l’obligation de l’avalisé, il est soumis aux mêmes conditions de validité que les autres signataires de
l’effet, à savoir :

o Consentement

 Le consentement doit exister et n’être affecté d’aucun vice

o Cause

 La cause doit être réelle et licite

o Capacité

 L’aval n’est valable que s’il émane d’une personne capable de s’obliger
cambiairement

 L’avaliste doit, autrement dit, être pourvu d’une capacité commerciale

o Pouvoir

 L’aval peut valablement être donné par un mandataire.

 Dans cette hypothèse, il n’engagera que le mandant

Les conditions de capacité et de pouvoirs exigées du donneur d'aval sont les mêmes que celles vues à
propos de l'émission de la traite puisque l'avaliste devient un débiteur cambiaire (voir no3129).
L'engagement d'aval étant de nature commerciale, la capacité pour faire un acte de commerce est
nécessaire même si l'avaliste n'a pas d'intérêt patrimonial à l'opération. Il a été jugé que le secrétaire
général d'une société de caution mutuelle ne pouvait l'engager par un aval (Cass. com., 18 oct. 1994).

L'aval donné pour le compte d'une société anonyme doit être autorisé par le conseil
d'administration ou de surveillance. Peu importe en revanche la solidité financière de l'avaliseur ;

==> Conditions de forme

L’article L. 180, al. 3du Code de commerce prévoit que pour valoir engagement cambiaire, l’aval peut
être donné « soit sur la lettre de change ou sur une allonge, soit par un acte séparé indiquant le lieu
où il est intervenu »
 L’aval donné sur la lettre de change elle-même ou sur une allonge

o La mention « bon pour aval» ou toute formule équivalente peut indifféremment être
portée au recto ou au verso du titre

o En tout état de cause, elle doit être assortie de la signature de l’avaliste

 La signature doit être manuscrite

 Lorsqu’elle émane d’une personne autre qu’un signataire de la traite, la


seule signature de l’avaliste vaut aval ( com., 2 févr. 1981: Gaz. Pal. 1981, 2,
p. 423, note J. Dupichot)

 L’aval donné par acte séparé

Conformément à l’article L. 180, al. 3du Code de commerce, l’aval donné par acte séparé possède la
même valeur que l’aval porté sur la lettre de change elle-même

L’aval donné par acte séparé doit néanmoins être assorti de l’indication « du lieu où il est intervenu»

 À défaut, il sera dépourvu de valeur cambiaire

 Il ne vaudra plus que comme cautionnement ou comme


commencement de preuve par écrit

 L’aval donné par acte séparé doit expressément viser :

 les traites qu’il a vocation à garantir

 le montant de la garantie

 la durée de l’engagement de l’avaliste

 L’aval donné par acte séparé doit également satisfaire aux exigences posées
à l’article 1326 du Code civil

V) Quel est l’objet de l’aval ?

 La garantie du paiement:

o Aux termes de l’article L. 180, al. 1 du Code de commerce « le paiement d’une lettre
de change peut être garanti pour tout ou partie de son montant par un aval.»

o Deux enseignements peuvent immédiatement être tirés de cette disposition :

 L’aval a pour fonction de garantir le paiement de la lettre de change

 L’aval peut être total ou partiel

 La garantie de l’acceptation

o L’article L. 180, al. 1 du Code de commerce ne vise, manifestement, que le paiement


comme objet de la garantie de l’aval.

o Est-ce à dire que l’aval n’a pas vocation à garantir l’acceptation de la lettre de
change ?

o L’alinéa 8 de l’article L. 511-21 nous invite à ne pas retenir cette interprétation.


 Cette disposition dispose en ce sens que « le donneur d’aval est tenu de la
même manière que celui dont il s’est porté garant. »
 L’article L. 511-38 du Code de commerce prévoit également qu’en cas de
refus d’acceptation « le porteur peut exercer ses recours contre les
endosseurs, le tireur et les autres obligés»

VI) Quels sont les effets de l’aval ?

Il ressort de l’article 180 du Code de commerce que l’avaliste est, tout à la fois garant de l’avalisé et
débiteur cambiaire au même titre que les autres signataires de la traite.

Ainsi, l’aval produit-il deux sortes d’effets à l’égard de l’avaliste :

 les premiers tiennent à sa qualité de garant

 les seconds tiennent à sa qualité de débiteur cambiaire

Le donneur d'aval prend un engagement de nature cambiaire, même si l'aval est donné par acte
séparé (Cass. com., 25 nov. 1974,) mais il est en même temps une caution solidaire soumis au régime
de cette sûreté lorsqu'il n'est pas contraire à la loi du change, d'où une certaine ambiguïté de sa
situation.

Le donneur d'aval est tenu dans les termes du droit commun à l'égard des porteurs auxquels il a
promis un cautionnement. Cette action est utile lorsque les recours cambiaires sont paralysés, par
exemple, par la prescription mais ne présente guère de spécificité par rapport au régime du
cautionnement.
Débiteur cambiaire, l'avaliseur est obligé, à l'égard du porteur, comme tout signataire de la traite. Il
est soumis aux procédures d'exécution de la matière. Le bénéficiaire d'un effet impayé peut prendre
une mesure conservatoire sur les biens de l'avaliste

L'avaliste est garant solidaire de l'acceptation et du paiement. Il ne peut invoquer ni bénéfice de


division ni bénéfice de discussion. L'indépendance des signatures lui est applicable, sauf mauvaise foi
du porteur. L'inopposabilité des exceptions joue à son encontre sauf si le porteur est de mauvaise foi.
Tenu de la même façon que le tiré qu'il garantit, l'avaliste peut se voir opposer la présomption de
provision par le tireur et il lui appartient alors d'établir le défaut de provision (Cass. com., 1er avr.
2014).

Débiteur cambiaire, l'avaliseur est également soumis aux mêmes recours que le signataire qu'il
garantit de la part des autres obligés dans les liens du change.

Le caractère accessoire de l'engagement du donneur d'aval se manifeste dès lors que les exigences
de la circulation du titre sont satisfaites. Selon l'article 180, alinéa 7, du code de commerce, le
donneur d'aval est tenu de la même manière que celui dont il s'est porté garant. Il en résulte des
conséquences importantes.

L'avaliseur peut opposer au porteur la prescription que pourrait invoquer le débiteur garanti ; mais il
peut rester tenu en tant que caution Il peut se prévaloir des causes de déchéance que le bénéficiaire
de l'aval pourrait invoquer, mais seulement celles-là ; ainsi, sauf s'il a avalisé le tiré, peut-il invoquer
l'absence de notification du défaut de paiement
L'avaliseur peut opposer au porteur, non seulement les exceptions résultant de leurs relations
propres (Cass. com., 12 mars 1969
.), mais encore celles que le débiteur garanti aurait pu invoquer contre le porteur, par exemple le
caractère illicite de la cause (Cass. com., 30 mars 1978).
Le donneur d'aval qui a payé acquiert les droits résultants de la traite (C. com., art. L. 511-21, al. 9 ;
Cass. 1re civ., 1er juin 1983,). Il peut recourir contre le débiteur garanti et ceux qui sont engagés
envers lui (les signataires antérieurs) en vertu de la lettre de change pour réclamer la somme versée,
les intérêts légaux et les frais). Dans cette action, il bénéficie de l'inopposabilité des exceptions ; ainsi
le tiré accepteur ne peut-il opposer l'absence de provision à l'avaliseur de bonne foi (Cass. com., 23
nov. 1959, Bull. civ. III, no 393).

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