Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 10

Dynamique des Milieux Physiques

Ce cours est rédigé à l’attention des étudiants de la 2ème année du Tronc Commun en
Géographie et aménagement du territoire.
Le contenue de ce module permet a l’étudiant d’acquérir des connaissances
fondamentales sur les différentes composantes du milieu physique.
Cette étude fera appel à l'analyse et l’évolution des géosystèmes.
Les TD de cet enseignement aurons pour but l'analyse pratique du milieu physique
(reconnaissance des CPMP) à savoir l'exploitation des compétences positives ou
négatives du milieu (FFOM) ce qui permettra de mettre en pratique ces compétences
dans le cadre d’un aménagement du territoire.

Cible de la formation

Comprendre la dynamique des milieux physiques et des surfaces; savoir


reconnaître et interpréter les sources potentielles des géorisques et les facteurs
de dégradation des surfaces; comprendre et évaluer l'influence humaine sur la
dynamique des processus naturels.

Interactions et contenu

Surface terrestre : interface dynamique entre forces internes (géologiques) et


forces externes (bioclimatiques).
Forces internes et matériaux : notions de stratigraphie, lithologie et
tectonique.
Forces externes : 1) météorisation et agents d'érosion sur les interfluves;
stabilité des versants et risques de glissements; 2) agents d'érosion sur les
talwegs, évolution des lits fluviaux et risques.
Formes résultantes et modelé; variations du modelé en fonction du système
morphogénique. Influence humaine sur la dynamique des processus naturels et
analyse des risques causés par ces processus sur le milieu.

Le document comprend sept chapitres :

1 - Processus dynamiques et géo systèmes


2 - Caractéristiques physiques du sol
3 - Les écoulements (notions hydrodynamiques)
4 - La dynamique érosive (quantification de l’érosion)
5 - Analyse des mouvements de masse
6 - Tectonique active et sismo-tectonique
7 - Socialisation (anthropisation) des géo systèmes.
I. Introduction
Au sens large, le milieu est l'ensemble cohérent des conditions naturelles ou sociales,
visibles ou invisibles, qui régissent ou influencent la vie des individus et des
communautés dans un espace donné. Dans ce sens on doit préférer le terme
d'environnement.

Dans une acception plus restrictive, le milieu renverra plutôt au milieu « naturel »
désignant l'ensemble des conditions naturelles dans un écosystème donné : milieu
forestier, littoral, marin, etc. Le terme « naturel » pouvant prêter à ambiguïté,
l’expression de « milieu physique » est donc souvent privilégiée. Pour le géographe,
le milieu n'existe pas en soi : il se définit par rapport à un lieu, une activité, un
groupe, un individu. Les préoccupations relatives au milieu prennent alors en compte
les relations qui s’établissent entre les données physiques d’un lieu et le groupe social
qui y vit.

Le milieu, en effet, est un construit : il est le résultat des interactions entre des
composantes naturelles et les actions des sociétés. En outre, ce résultat est dynamique
: il évolue dans le temps. Il n'existe donc pas dans un milieu d'état de référence «
avant » intervention humaine. Sociétés humaines et milieux naturels se sont
construits ensemble. Ils s'auto-organisent à travers des boucles de rétroactions
complexes d'où émerge une trajectoire évolutive parfois difficile à anticiper. La forêt
amazonienne est ainsi le résultat d'une occupation humaine ancienne, ayant conduit
des travaux de terrassement, d'hydraulique, ou encore de sélection des espèces
animales et végétales.

Telle est la spécificité de la géographie physique qui permet de cerner les aspects et la
dynamique de la surface terrestre, aux multiples facettes. Au-delà de la description de
l’explication du relief, des climats, des eaux et des couverts végétaux, elle souligne la
complexité et l'ampleur des relations qui lient ces composantes. Elle met en lumière
la " mémoire " du système : bien des traits actuels sont des héritages du passé. Elle y
ajoute les effets des aménagements qui transforment, voire dégradent le géosystème.

Cette approche ne dispense pas de poser les bases en géomorphologie, climatologie,


hydrologie, biogéographie ; mais elle analyse également les discontinuités spatiales.
Elle s'attache aux temps de la nature et des sociétés et privilégie les espaces à fort
gradiants physiques meilleurs intégrateurs des mécanismes naturels et des actions
anthropiques.

En proposant les éléments nécessaires à la compréhension du fonctionnement de la


planète aménagée, cet ouvrage montre que la géographie physique est, tout à la fois,
un savoir fondamental et un savoir applicable.
II. Définitions

II. 1. Le Milieu Physique

L'analyse du milieu physique repose sur la collecte des données relatives à la


géologie, l'hydrogéologie, la climatologie et la biogéographie.

Sur la planète terre, nous retrouvons quatre grands types de milieux physiques.

II. 1. 1. Les milieux solides (la lithosphère), géomorphologie ou géologie, constitué


des couches superficielles de l'écorce terrestre.

• Le milieu solide est constitué de deux parties: le sol, qui est la partie
superficielle (la plus proche de la surface) qui est composé de matière organique
(feuilles mortes, matière en décomposition) et de particules provenant de la
dégradation du sous-sol (sables, argiles, ...).

• Le sous-sol est composé de roches compactes (appelées roches mères).

• La différence essentielle entre sol et sous-sol est que le sol est capable
d'accueillir des vivants alors que le sous-sol (partie compacte) n'accueille pas de
vivants (sauf dans le cas des grottes, mais la roche n'est pas compacte!).
Figure 1. Couches superficielles de l'écorce terrestre (milieu solide)

II. 1. 2. Les milieux liquides (l'hydrosphère), hydrologie ou hydrogéologie,


constitué de l'ensemble des sources d'eau (douce et salée).
Figure 2. Le cycle de l'eau, processus clé de l'hydrosphère

II. 3. Les milieux aériens (l'atmosphère) ou climatologie, constitué des gaz et


particules présents dans l'air.

Figure 3. Phénomène physique dans l’atmosphère

II. 4. Les milieux de vies (biotopes) ou unité biogéographique, Espace


géographique bien déterminé contenant une communauté bien déterminée d’êtres
vivants.

Figure 4. Les différents types de biotope (milieux de vies)

II. 2. Le géosystème est un concept permettant d’analyser les combinaisons


dynamiques de facteurs biotiques, abiotiques et anthropiques associés à un territoire.
S’inscrivant dans une démarche systémique, il est utilisé en géographie pour étudier
les interactions nature-sociétés dans une dimension à la fois temporelle et spatiale.

D'autre part, le géosystème est une forme d'analyse spatiale développée par la science
géographique russe et introduite en France par Georges Bertrand (1971). Il s'inspire
des écosystèmes des biologistes mais prend en compte la place et le rôle de l'homme.
Le géosystème est un système spatialisé dynamique formé d'un ensemble d'éléments
(naturels et anthropiques) interconnectés qui sont en interrelations.

CHAPITRE I. PROCESSUS DYNAMIQUES ET GEO SYSTEMES

1. Introduction

Le passage de la description plus ou moins ordonnée et coordonnée des éléments


naturels et humains qui constituent un milieu naturel, à l'analyse scientifique de ce
même milieu naturel, n'a été effective qu'à partir du moment où ce dernier a été
considéré a priori comme un « ensemble » géographique doté d'une structure et d'un
fonctionnement propres; c'est-à-dire quand le « paysage » de réalité foisonnante et
multiforme a été érigé en concept. Le terme de géosystème a été utilisé pour la
première fois par (Sochava, 1960). Le géosystème sert à désigner un « système
géographique naturel homogène lié à un territoire ». Il se caractérise par une
morphologie, c'est-à-dire par des structures spatiales verticales (les géohorizons) et
horizontales (les géofaciès); un fonctionnement qui englobe l'ensemble des
transformations liées à l'énergie solaire ou gravitationnelle, aux cycles de l'eau, aux
biogéocycles, ainsi qu'aux mouvements des masses aériennes et aux processus de
géomorphogenèse; un comportement spécifique, c'està-dire par les changements
d'états qui interviennent dans le géosystème pour une séquence de temps donnée. Le
géosystème se différencie de l'écosystème bien qu'il s'agisse dans les deux cas d'une
application de la théorie du système général et de la modélisation systémique à la
nature (Von Bertalanffy, 1968) : le géosystème est un concept territorial, une unité
spatiale bien délimitée et analysée à une échelle donnée; le géosystème est beaucoup
plus large que l'écosystème qui devient ainsi une partie du système géographique
naturel. Mais ces deux concepts traduisent, en fait, deux approches très différentes de
la nature car leurs finalités ne sont pas les mêmes. L'écosystème représente une
approche biocentrique et métabolique dans laquelle les éléments non-vivants du
milieu sont subordonnés à l'analyse du vivant au cours du processus de la
photosynthèse et de la chaîne trophique. Dans le géosystème, il n'existe ni approche
préférentielle, ni hiérarchie a priori. L'ensemble des structures et des mécanismes sont
appréhendés globalement. C'est la hiérarchie naturelle des éléments telle qu'elle
apparaît dans l'analyse quantitative de l'espacetemps concret qui détermine les
priorités de l'analyse.

2. Les composants du géosystème


Le géosystème, volume qui s'inscrit dans les trois dimensions de l'espace, se définit
par sa masse, c'est-à-dire par une certaine quantité de matière, et par une certaine
énergie interne. On distingue trois types de composants :
• composants abiotiques (lithomasse, aéromasse, hydromasse) qui forment le
géome,
• composants biotiques, ou biomasse (phytomasse et zoomasse) qui constituent
le biome,
• composants anthropiques. Dans les interfaces apparaissent des composants de
contact comme le sol ou comme les tranches d'aéromasse qui sont fortement
influencées par la biomasse (géohorizons forestiers). Dans cette démarche
globalisante, telle qu'elle est pratiquée en Union soviétique, les caractères sectoriels,
par exemple la composition floristique, la définition génétique du relief, les paléo-
évolutions, etc., n'interviennent que très secondairement et ne constituent en aucun
cas des points de départ de l'analyse (tout particulièrement en ce qui concerne les
relevés de terrain). L'intégration des éléments est ici d'origine conceptuelle et
s'impose comme un a priori de l'analyse géosystémique.
3. La structure du géosystème : géo-horizon et géo-faciès.

La structure du géosystème correspond aux phénomènes de distribution spatiale à la


fois sur le plan vertical et sur le plan horizontal. a. Le géohorizon. La structure
verticale interne d'un géosystème est déterminée par la stratification des géohorizons.
En un moment précis, un géohorizon se caractérise par une physionomie (enveloppe,
forme, volume, texture, couleur), des masses (masse totale ou masse de chaque
composant), des énergies (énergie totale ou énergie de chaque composant). Le
géohorizon se définit par l'apparition de seuils dans la répartition verticale des masses
: par exemple, une discontinuité dans la distribution de l'aéromasse (différence de
température, d'humidité, de vitesse d'écoulement de l'air) ou de phytomasse. Les
géohorizons sont des structures verticales homogènes qui se superposent les unes aux
autres. Chaque géohorizon se différencie du géohorizon supérieur et du géohorizon
inférieur. Il ne correspond pas seulement à la strate de végétation, ou à la strate de
biomasse, mais à l'ensemble des composants (aéromasse, hydromasse, etc.). b. Le
géofaciès. La structure horizontale interne d'un géosystème est constituée, pour un
temps donné, par la mosaïque des géofaciès. Chaque géofaciès présente une structure
spécifique de géohorizons, c'est-à-dire qu'il correspond aux caractéristiques de
chaque géohorizon et aux rapports entre les différents géohorizons qui composent ce
géofaciès. Il se définit lui aussi par une certaine physionomie, une certaine masse et
une certaine énergie interne. Cette structure est variable dans le temps et son
organisation à un moment précis correspond à un « état » du géofaciès.

4. Le fonctionnement du géosystème
Par opposition avec le modèle écosystémique il ne s'agit pas seulement du
fonctionnement biologique, autrement dit du métabolisme (flux de matière et
d'énergie qui traverse la chaîne trophique), mais du fonctionnement physique globale,
à la fois biotique et abiotique. On peut distinguer :
• des transformations de l'énergie solaire, dont une très faible part seulement est
utilisée par la photosynthèse (il faut prendre en considération l'ensemble du bilan
thermique et du bilan radiatif du géosystème);
• des transformations de l'énergie gravitationnelle, qui comprend la circulation
de l'eau, la chute des feuilles, les divers processus érosifs liés à la gravité (éboulis,
etc.);
• le cycle de l'eau à l'intérieur du géosystème (précipitation, évapotranspiration,
ruissellement, etc.);
• les cycles biogéodynamiques, qui commandent les transformations et les
échanges quantitatif et qualitatif de matière, par exemple la transformation de la
matière vivante par humification et minéralisation;
• les processus géomorphogéniques, qui modifient les modelés et les volumes
rocheux; les mouvements de la masse aérienne (vent, changement de pression, etc.).
Les transformations de la surface de la Terre résultent à la fois des mouvements
profonds du globe et des transferts de matière opérés par l'eau sur les continents. La
société humaine s’inscrit dans un cadre physique qu’elle utilise et transforme par ces
mouvements et qui, à son tour agit sur elle (Reynard 2008).
Selon Arnould et Simon 2007, on peut considérer la Terre comme un système formé
par quatre sous-systèmes, qui s’organise en sphères concentriques : Géosphère,
Hydrosphère, Biosphère et Atmosphère. Le concept de sphère est apparu vers la fin
du XIXème siècle grâce au géologue autrichien Eduard Suess qui développe la vision
d’une planète composée d’enveloppes emboîtées. Cette conception du monde n’est
qu’une grossière modélisation de la réalité mais « l’homme aime les concepts qui font
image » et c’est probablement pour cette raison que l’image de la Terre divisée en
sphères a connu, depuis plus d’un siècle, un large succès.
La géosphère est formée par « l’ensemble des enveloppes concentriques formant la
Terre : le noyau, le manteau et la lithosphère 1. La lithosphère, la partie la plus étudiée
par la géographie physique, est une enveloppe solide d’environ 100 km d’épaisseur
qui constitue la tranche la plus externe de la croûte terrestre.

L’atmosphère est constituée d’une enveloppe gazeuse d’environ 100 km composée


par une douzaine de gaz, dont l’azote et l’oxygène (99%). Le fonctionnement de
celle-ci réside dans l’apport énergétique solaire qui est à la base de la circulation
verticale et horizontale dans la troposphère (les basses couches de l’atmosphère).

L’hydrosphère regroupe les eaux douces et salines de la planète, dans leurs trois
états :
solide, liquide et gazeux Cette sphère est un système ouvert (les flux d’énergie et de
matière interagissent avec
l’extérieur), mais la quantité
d’eau qui circule ans le cycle
hydrologiques est finie.

Finalement le système biosphère


se lie étroitement aux trois
précédents car il regroupe tous les
êtres vivants de la planète :
végétation, animaux et micro-
organismes. La lithosphère,
l’hydrosphère et l’atmosphère
constituent le géome du système
qui se combine avec la biocénose
(biosphère), c’est-à-dire tous les organismes végétaux et animaux qui se servent, pour
survivre, des sources énergétiques fournies par les trois autres sphères.

Figure 5. Les quatre sphères concentriques du système Terre.

Le dioxyde de carbone constitue un bon exemple de la manière dont les sphères


interagissent entre elles grâce au cycle du carbone. L’atmosphère et les océans
(hydrosphère) sont les deux plus grands réservoirs de cet élément qui est également
stocké par le vivant. La respiration et la photosynthèse, les « agents » qui
interviennent dans le cycle, permettent des échanges entre l’atmosphère et
l’hydrosphère. La première dégrade en effet les composés organiques en CO2 en
produisant de l’énergie cellulaire, tandis que la deuxième se sert du carbone présent
dans l’atmosphère et dans les océans pour le transformer en substances biochimiques.
L’équilibre de ce cycle d’échanges a été touché à partir de la révolution industrielle
où la croissance de l’utilisation d’énergies fossiles a entraîné une élévation de la
teneur en CO2 (Ciattoni, Veyret 2007).

L’ensemble du système est soumis à l’action de l’homme. Il se lie en effet


étroitement avec les sociétés qui l’occupent, qui exploitent ses ressources et qui ont
un impact sur la dynamique de ses composantes naturelles (Ciattoni, Veyret 2007).

Figure 6. Les cinq systèmes principaux de la planète Terre (Tiré et modifié à partir de
Ciattoni, Veyret 2007)
L’utilisation de ce modèle, nommé géosystème, est de plus en plus commune dans les
ouvrages de géographie car il permet de donner une vision cohérente des grands
ensembles de la planète Terre.

Vous aimerez peut-être aussi